Economies budgétaires : la transition écologique encore amputée d’un milliard d’euros  

Le ministère de la Transition écologique, déjà réduit de deux milliards d’euros de budget en février, risque de perdre au moins un milliard supplémentaire alors que Bercy prépare un nouveau coup de rabot pour réduire le déficit public, a appris l’AFP mardi de source gouvernementale.

Publié le 7 mai 2024 sur la Tribune.fr

Nouvelle coupe budgétaire sur l’écologie. Déjà amputé de deux milliards d’euros de budget en février, le ministère de la Transition écologique risque de perdre au moins un milliard supplémentaire alors que Bercy prépare un nouveau coup de rabot pour réduire le déficit public, a appris l’AFP mardi de source gouvernementale.

Le montant exact, qui tourne actuellement entre 1 et 1,4 milliard d’euros, est encore en cours de négociations entre Bercy et le ministère de la Transition écologique, selon cette source.

Au cabinet de Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, on ne confirme pas l’ordre de grandeur, mais on assure que le montant sera « très inférieur » à l’effort précédent, de plus de 2 milliards. Bercy a indiqué à l’AFP que le travail sur les pistes d’économies « était toujours en cours » et « qu’aucun arbitrage n’avait été rendu » pour l’instant.

2 milliards d’économies sur la transition énergétique en février

L’état des finances publiques — le déficit public a atteint 5,5% du PIB en 2023, sur fond de croissance ralentie — avait provoqué en février une première annonce de 10 milliards d’euros d’économies sur le budget de l’État en 2024.

Le budget alloué aux différentes dépenses de la transition écologique, érigé en septembre au rang de « priorité absolue », avait alors perdu plus de 2 milliards d’euros environ, sur les 7 milliards de hausse initialement obtenus pour 2024.

En annonçant que le déficit serait encore de 5,1% cette année, au lieu de 4,4% espérés, Bercy a annoncé début avril un nouvel effort de dix milliards d’euros. Cinq milliards seront pris sur les sept milliards de réserves de précaution des ministères, a détaillé mi-avril le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave.

Par ailleurs, 2,5 milliards sont attendus sur les efforts des collectivités locales et le reste doit venir notamment du résultat des travaux de quatre députés sur la « taxation des rentes », visant en particulier les énergéticiens et les rachats d’actions, avait indiqué le ministre.

Associations et grands patrons dénoncent les coupes budgétaires

L’association Notre Affaire à Tous et l’université Lyon 3 ont saisi le Conseil d’État pour contester les premières coupes actées en février, affirmant qu’elles auraient « dû faire l’objet d’un débat parlementaire ».

Notre Affaire à Tous dénonce en particulier que la protection de l’environnement et la transition écologique constituent « la mission la plus touchée quantitativement par les annulations de crédits ». « Parmi les programmes les plus touchés, le programme MaPrimeRénov’ est ciblé par le gouvernement à hauteur de 1 milliard d’euros environ », critiquait l’association.

Cette nouvelle coupe budgétaire intervient alors que de grands patrons français appellent ce mardi à « ne pas dévier » de la transition écologique. Ces derniers demandent à la France et à l’Europe de réaffirmer « une volonté politique qui soutienne indiscutablement » cette démarche, dans une tribune publiée mardi par Le Figaro.

A quelques semaines des élections européennes, Christel Heydemann, directrice générale de l’opérateur de télécoms Orange, Catherine MacGregor, directrice générale de l’énergéticien Engie, Benoît Bazin, directeur général du géant des matériaux de construction Saint-Gobain et Thomas Buberl, directeur général de l’assureur AXA, ont pris la plume pour enjoindre à l’Europe de rester le « fer de lance de la décarbonation ».

La crainte d’une série de vents contraires

Ils craignent que cette ambition, qui avait tenu lors de la crise énergétique provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine, ne soit remise en cause, et avec elle l’accélération de la réduction des gaz à effet de serre, par une série de vents contraires, dont « l’instabilité géopolitique, les déficits publics, l’inflation et le pouvoir d’achat ».

Pour que cette « décennie décisive » sur le chemin de l’accord de Paris de 2015 sur le climat « ne soit pas une décennie perdue, il ne faut pas dévier du cap que nous nous sommes collectivement fixé », déclarent ces dirigeants du CAC 40.

« Nous avons besoin, aux niveaux national et européen, d’une volonté politique qui soutienne indiscutablement la transition », laquelle « doit être une priorité de l’action publique car elle constitue une réponse à nos défis économiques et sociétaux », concluent les auteurs de ce texte, plaidant pour que les élections européennes du 9 juin soient « l’occasion de réaffirmer un soutien massif à cet enjeu vital, en conciliant avancées sociales et impact environnemental ».

(Avec AFP)

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Pour ce 1er mai 2024, le rendez-vous était fixé place Catalogne à partir de 10h30. Après un 1er mai 2023 boosté par l’opposition à la réforme des retraites, sous une pluie exceptionnelle à Perpignan, la fête du travail 2024 a moins mobilisé.

Front désuni, les forces politiques et syndicales ont défilé derrière plusieurs banderoles unitaires. La première, « Ensemble pour les droits des travailleurs et des travailleuses » mettait en tête du défilé les revendications portées par les forces syndicales. Derrière cette bannière blanche aux lettres sobres en rouge, la CGT, la CFDT, Sud, Solidaires ou l’Unsa. La seconde banderole « Ensemble contre l’extrême droite » était portée par les partis de gauche.

Quant aux drapeaux de Force Ouvrière 66, ils sont restés au placard ce 1er mai 2024. FO66, majoritaire dans la fonction publique territoriale et notamment à la mairie de Perpignan, dirigée par un maire RN, expliquait son refus de participer à cette mobilisation via un communiqué de presse.

Sur fond de meeting du Rassemblement National à Perpignan, le syndicat invoque la période électorale et qu’il « rejette toute forme de racisme, antisémitisme, de xénophobie, de discrimination de race, de religion, de sexe et réaffirme avec force que les principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité ainsi que la démocratie sont des valeurs incontournables. » Avant de lister quelques-unes des revendications portées par FO66 : « Pain, paix, liberté partout dans le monde. Augmentation générale des salaires. Réforme des retraites et de l’assurance chômage. Sauvegarde de la protection sociale… »

Rachats d’actions : comment les multinationales confisquent les richesses

Publié le 18 avril 2024 dans l’Humanité.fr

Ils font jaser, les rachats d’actions, qui battent de nouveaux records chaque année en France comme dans le monde. Les entreprises du CAC 40 ont dépensé en 2023 30 milliards d’euros pour racheter et détruire leurs propres titres, pour faire monter leur cours. Si bien que Gabriel Attal a avoué au Monde fin mars envisager de taxer « ces opérations type rachats d’actions (que mènent) des grands groupes plutôt que d’investir et de mieux rémunérer leurs salariés ».

Les nouvelles mesures d’économies – les 10 milliards annoncés – vont imposer la rédaction d’un projet de loi de finances rectificative, et ce nouvel impôt sur les rémunérations des actionnaires pourrait y trouver sa place, même s’il commence à prendre des airs d’Arlésienne : Emmanuel Macron avait promis de sévir contre la pratique, il y a déjà un an. « Dans la loi sur le partage de la valeur, il y a inscrit qu’en cas de bénéfices extraordinaires dans une entreprise, s’il y a rachat d’actions, la direction doit ouvrir une négociation sur l’intéressement. Mais personne ne s’est accordé sur la définition de bénéfice extraordinaire », soupire Laurent Perin, de la CGT finances.

Jusqu’à ce qu’elle se banalise, la pratique avait vraiment mauvaise presse. « Racheter ses propres actions pour les détruire envoie le signal qu’on n’a pas de projet, de vision, de perspective, qu’on arrive au bout d’un processus, qu’on profite d’une situation de rente », résume de son côté Vincent Drezet, fiscaliste et membre du conseil scientifique d’Attac. La doxa libérale défend plutôt les dividendes, qui permettraient, selon elle, de faire circuler et de réinvestir l’argent.