Valls découvre son vrai visage

Manuel Valls nous livre au fil des jours son véritable visage : il est un homme de droite, et il ne s’en cache plus.

Son attaque contre le projet de réforme pénale présenté par le ministère de la justice éclaire tristement cette position. Cette attaque aurait pu être effectuée par Sarkozy et ses ministres de l’intérieur successifs : on y trouve les mêmes fantasmes, les mêmes mensonges (interprétations éhontées de statistiques sorties de leur contexte notamment).

Christiane Taubira a réagi à cette attaque en mettant justement en lumière une des manipulations contenues dans la lettre de Valls à Hollande. Le ministre de l’intérieur se réfère à une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), pour justifier le maintien des « peines plancher » introduites par Sarkozy, et pour faire le procès des mesures de probation, inefficaces selon lui.

Sauf que le président de cet observatoire met lui-même en garde contre une utilisation abusive de ce rapport : il écrit en effet, « Ces données sont inédites, puisqu’elles permettent de déterminer pour toutes les personnes de l’échantillon le type et le nombre d’infractions pour lesquelles elles ont été mises en cause. Leur champ n’en est pas moins restreint dans le temps, dans l’espace mais surtout par rapport à l’ensemble des personnes mises en cause en raison du seuil de cinq infractions qui a été appliqué ».

Évidemment, Valls s’est bien gardé de tenir compte de cet avertissement.

Comme le disait en substance Rebsamen, président du groupe socialiste au Sénat, les jours derniers, le ministre de l’intérieur met un soin particulier à l’entretien de sa popularité… Sauf qu’il le fait en utilisant les mêmes grosses ficelles que la droite : utilisation des tendances xénophobes d’une partie de l’électorat telles que l’islamophobie, la peur de la « délinquance », populisme.

Le plus triste dans l’affaire, c’est que ça fonctionne bien, même très bien, y compris à gauche : rappelons-nous l’ovation que Valls a reçue à l’université d’été du PS en 2012 !

Ce n’est pas un hasard qu’il ait choisi de s’attaquer à Christiane Taubira. Elle représente sans doute ce que Valls déteste le plus : le courage politique. S’il y a dans ce gouvernement un ministre qui a fait preuve, et continue de faire preuve de courage politique, c’est bien Christiane Taubira, qui a été et continue d’être attaquée par la droite, avec des arguments qui peuvent aller jusqu’à la haine raciale, on l’a encore vu récemment.

A lire cet excellent billet :

http://lelab.europe1.fr/t/pour-discrediter-manuel-valls-aupres-de-francois-hollande-christiane-taubira-l-accuse-d-instrumentalisation-des-statistiques-10488