Violences policières : la LDH demande la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire

2016_04_18_Affiche_Police_violence_500pxDes violences ont perturbé les récentes manifestations contre la loi « Travail », et les regroupements organisés dans le cadre du mouvement « Nuit debout ». Certaines sont le fait de « casseurs », déterminés à semer le trouble et font preuve de violences inacceptables. Les services d’ordre des organisateurs de manifestations peinent à neutraliser ces individus. Le problème, c’est que ces violences permettent d’en cacher ou d’en nier d’autres, tout aussi graves, et tout aussi lourdes de conséquences, puisqu’il s’agit d’intégrité physique. Ce sont les violences commises par les forces de l’ordre, dont de nombreuses photographies et vidéos témoignent de façon difficilement contestable.

La Ligue des droits de l’Homme, devant ces événements désolants, a publié le communiqué suivant:

Violences policières : la LDH demande la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire

Depuis plusieurs semaines, un peu partout en France, les manifestations contre la loi travail ou les initiatives prises dans le cadre du mouvement « Nuit debout » donnent lieu à des incidents souvent violents impliquant les forces de police, dans une escalade de la violence.

Quel que soit le contexte, quelquefois marqué par la présence de groupes cherchant l’affrontement, rien ne saurait justifier les débordements auxquels se livrent régulièrement les forces de l’ordre en faisant un usage disproportionné de la force vis-à-vis de citoyens, souvent jeunes, qui manifestent pacifiquement leur opposition au projet de loi travail ou qui se réunissent pour échanger, discuter, imaginer d’autres façons de préparer l’avenir.

De nombreux témoignages, de multiples vidéos qui montrent de façon répétée des coups portés à des personnes déjà entravées interrogent sur les objectifs des stratégies mises en place par les instances de commandement de fonctionnaires de police qui n’hésitent pas, par ailleurs, à utiliser des balles de défense, arme qui a fait perdre un œil à un jeune manifestant de Rennes.

La LDH rappelle aux responsables de police et aux fonctionnaires sur le terrain que l’article R.434-17 du Code de la sécurité intérieure dispose que « Toute personne appréhendée est placée sous la protection des policiers ou des gendarmes et préservée de toute forme de violence ou de tout traitement inhumain ou dégradant ». Face à la gravité avérée des faits, elle demande la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire afin que toute la lumière soit faite sur des événements qui, y compris chez les policiers et les gendarmes, ont déjà fait plusieurs victimes et qui ont entraîné par ailleurs des peines de prison ferme.

Dans un contexte de montées de tensions sociales aussi fortes que préoccupantes, le droit de manifester pacifiquement et contester collectivement ce qu’on estime injuste, le droit de se réunir dans l’espace public constituent des libertés fondamentales. Les exercer est un acte de citoyenneté.

Il appartient aux pouvoirs publics de les garantir. Il nous appartient de les défendre : nous n’y manquerons pas.

Refugiés : Les pays de l’Union européenne délèguent à la Turquie le soin (et l’argent) de s’en occuper

aedhOn a beaucoup parlé ces derniers temps de l’accord scandaleux passé entre l’Union européenne et la Turquie sur les réfugiés. Mais on a peu entendu ou lu de présentation claire des termes de cet accord.

Le communiqué que vient de publier l’Association européenne de défense de droits de l’Homme (AEDH) présidée par le Français Dominique Guibert (ancien secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme), vient à point nommé. Et permet de mesurer à quel point ce marché (il s’agit en effet d’avantage d’un marché que d’un accord) est effectivement scandaleux. On peut aujourd’hui affirmer que le morts qui se multiplient en Méditerranée sont de la responsabilité de l’Europe. Et encore ne  connaîtrons-nous sans doute jamais le nombre de victimes que feront les renvois de personnes fuyant les persécutions vers leurs pays d’origine, qui auront été classés dans les « pays sûrs » par cette même Europe. Et les Européens ne pourront pas dire « nous ne savions pas ».

Communiqué de l’AEDH

Refugiés : Les pays de l’Union européenne délèguent à la Turquie le soin (et l’argent) de s’en occuper

La venue de demandeurs d’asile restera le moment où les pays de l’UE se sont dérobés à leurs responsabilités en sous-traitant moyennant finances à la Turquie l’accueil, le confinement et la réadmission des réfugiés parvenus en Grèce. Pourtant, selon le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des migrants, François Crépeau, dans une interview à Mediapart, cet accord est illégal : « Je suis convaincu qu’il va être cassé par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui ne manqueront pas d’être saisies par un ou plusieurs des migrants renvoyés de Grèce en Turquie ». La principale faille de ce texte est de définir a priori la Turquie comme un « pays tiers sûr ». Le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe vient de renforcer cette appréciation. En effet, après une visite de 9 jours en Turquie, Nils Muizniks vient de faire part de sa préoccupation quant au respect des principes relatifs à un Etat de droit et aux droits de l’Homme. Aussi, tenant compte de sa jurisprudence, la CEDH a jugé, dans le cadre des renvois prévus par le règlement de Dublin, que la Grèce ne pouvait être prédéfinie comme un « pays sûr » pour l’ensemble des migrants et qu’une analyse personnalisée s’imposait avant chaque renvoi. Ce qui vaut pour la Grèce vaut aussi pour la Turquie. Dans le cas présent, les États membres de l’UE veulent éviter les examens individuels qui, étant donné le nombre de personnes concernées, empêchent de pouvoir les renvoyer rapidement et massivement alors que cette procédure est contraire aux principes du droit d’asile qui prévoit un examen individuel de chaque demande d’un côté et interdit le renvoi groupé de l’autre. Il convient d’ajouter que l’accord UE – Turquie se limite à l’échange de 72 000 personnes entrées « illégalement » en Grèce contre des réfugiés syriens enregistrés en Turquie. Reste la question embarrassante que la Turquie, déclarée pays sûr, organise des retours forcés de ressortissants iraquiens, afghans, etc. Nous assistons donc à des «renvois massifs » en chaine. Le Rapporteur spécial des Nations unies ajoute : « Plutôt que de sauver des vies, [cet accord] va mettre davantage de gens en danger » en provoquant l’ouverture de nouvelles routes migratoires plus dangereuses et plus coûteuses. Il poursuit :« Les politiques migratoires fondées sur la répression créent un marché pour les passeurs. » La solidarité entre États membres qui devrait être la règle pour l’accueil des réfugiés, comme le prévoient les conventions internationales, s’effondre sous la surenchère de mesures répressives et de fermeture des frontières. Les gouvernements plient sous la pression des fractions les plus populistes et de leurs raisonnements simplistes auxquels ils ne parviennent pas à apporter des réponses politiques basées sur les valeurs qui fondent l’UE. C’est d’ailleurs le plus petit dénominateur commun négocié entre les pays qui semble être dorénavant le fil rouge de la politique européenne de migration et d’asile. La Commission européenne, dans sa communication présentée la semaine dernière, a pris acte de ces rapports de force entre les États-membres en restant modeste quant à ses ambitions et refusant de faire des propositions à la mesure des défis actuels. Au contraire de cette politique de fermeture aux êtres humains en détresse, nos organisations signataires veulent une politique de solidarité et de responsabilité. Pour nos organisations, l’ouverture de voies légales d’immigration est à court terme la seule alternative au commerce des passeurs. L’ouverture de voies sûres et légales d’immigration est la seule alternative au commerce des passeurs. Il faut agir aussi pour une solution politique du conflit en Syrie et Iraq et pour la reconstruction qui, elles, prendront du temps. La répartition des 160 000 réfugiés entre les Etats membres décidée en automne dernier sous présidence luxembourgeoise, selon un schéma convenu, aurait pu être le premier pas vers une politique d’accueil, alors que maintenant les États-membres veulent imposer la fermeture absolue des frontières et le renvoi immédiat et brutal vers les pays de transit ou d’origine. Cette insupportable décision s’accompagnera d’une indécente liste de pays dits sûrs où les ressortissants originaires seront renvoyés au risque de leur vie. Des Etats-membres de l’UE dévient une part croissante de leurs budgets de coopération au développement pour la consacrer à l’accueil des réfugiés. Ces fonds font défaut pour agir sur les causes des migrations dites économiques : incohérence et myopie ! Nos organisations attendent du Conseil des ministres JAI de jeudi qu’il prenne la mesure de la situation. Il ne s’agit pas d’une « crise des réfugiés » qu’il suffirait de contenir en les éloignant par tous les moyens du territoire de l’UE. Il s’agit des conséquences de l’instabilité du monde dont les pays de l’UE ne se soustrairont pas en déléguant leurs responsabilités à d’autres. La participation du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés au Conseil des Ministres Affaires Générales ce lundi au Luxembourg sera–telle l’occasion pour les 28 Etats membres de répondre aux graves critiques émises par Monsieur Filippo Grandi ? Luxembourg et Bruxelles, le 17 avril 2016 AEDH, association européenne de défense des droits de l’Homme ALOS- LDH, action Luxembourg ouvert et solidaire – ligue des droits de l’Homme ASTI, association de soutien aux travailleurs immigrés Cercle de Coopération MSF, médecins sans frontières

#StopTradeSecret : halte au secret d’affaire !

stoptradesecrets      #StopTradeSecrets

Paris, le 26 avril 2016

Alors que le président de la République affirmait le rôle essentiel des « lanceurs d’alerte » dans l’information du public, le procès de deux d’entre eux (Antoine Deltour et Edouard Perrin qui ont déclenché l’affaire du LuxLeaks) s’ouvrait à Luxembourg, et les sénateurs adoptaient en commission des affaires sociales un amendement introduisant le secret d’affaires dans le projet de loi dite « Numérique ». Un amendement particulièrement dangereux, qui, s’il avait existé, aurait empêché que soient dévoilés de nombreux scandales, tels que le dernier d’entre connu sous le nom de « Panama papers ». Ceci fait écho au projet de directive européenne qui doit être validé le 17 mai par le Conseil de l’Union européenne qui définit justement la notion de « secret d’affaire », tout en la laissant suffisamment floue pour pouvoir l’utiliser sous n’importe quel prétexte. Il deviendrait alors difficile, voire impossible d’accéder à des « informations sur les conséquences sociales, environnementales ou sanitaires des pratiques des entreprises. Il est donc urgent de se mobiliser pour empêcher cette dérive libérale, comme l’explique le communiqué ci-dessous, publié par la Ligue des droits de l’Homme.

Communiqué

Avant même l’adoption de la directive européenne, des sénateurs tentent d’introduire le secret des affaires dans la loi « Numérique »

Les sénateurs ont adopté en commission des affaires sociales, mercredi 20 avril, un amendement introduisant la notion de secret d’affaires dans le projet de loi sur la République numérique. Ce projet de loi, supposé notamment garantir l’accès des citoyens aux données publiques, crée ainsi un droit discrétionnaire à l’opacité.

En effet actuellement, la communication des données publiques (notamment celles ayant trait aux marchés publics) est limitée par la protection du secret en matière commerciale et industrielle, lequel recouvre « le secret des procédés, le secret des informations économiques et financières et le secret des stratégies commerciales [1] ». Cette définition très large permet déjà de refuser de très nombreuses communications d’informations et s’appuie sur une jurisprudence fournie. Cependant, la commission des affaires sociales du Sénat a fait le choix d’élargir considérablement la définition du secret en matière commerciale et industrielle, en précisant dans l’article L311-6 du projet de loi qu’il comprend aussi le secret des affaires. L’exposé des motifs de l’amendement 233 indique ainsi qu’il est inutile « de préciser les modalités d’appréciation de ce secret, étant entendu qu’il ne peut s’agir que d’une appréciation au cas par cas prenant en compte le contexte dans lequel s’inscrit chaque demande de communication [2] ».

Et pour cause : la notion de secret des affaires n’est absolument pas définie dans le droit français. Une telle définition est proposée par la directive européenne  approuvée par les eurodéputés le 14 avril dernier, malgré une très large contestation citoyenne et syndicale, laquelle doit, avant d’être adaptée en droit national, être encore validée par le Conseil de l’Union Européenne le 17 mai prochain. Nous considérons que cette directive est dangereuse pour les libertés notamment parce que sa définition du secret des affaires est large et floue – ce qui permet de recouvrir la quasi-totalité des informations internes de l’entreprise – et parce qu’elle permet à l’entreprise de poursuivre toute personne qui divulguerait un secret d’affaires, même s’il n’y a aucune utilisation de ce secret à des fins commerciales. Le projet de directive menace donc gravement la liberté d’expression sur les entreprises et la capacité des citoyens à accéder aux informations sur les conséquences sociales, environnementales ou sanitaires des pratiques des entreprises. Mais aussi à des informations de base sur les conséquences budgétaires de contrats signés par les élus, notamment les partenariats public-privés, qui peuvent engager la puissance publique pour des délais et des montants très significatifs. Une coalition européenne de 54 organisations appelle au rejet cette directive [3].

L’examen du projet de loi débute en séance plénière au Sénat ce mardi 26 avril. Nous appelons les sénateurs à rejeter l’amendement introduisant la notion de secret d’affaires dans le projet de loi sur la République Numérique, car il limitera sans aucune justification valable la capacité des administrations publiques à communiquer des informations essentielles pour l’intérêt général. Nous appelons également le gouvernement à prendre position sur ce dossier et à refuser aussi bien cet amendement sur le secret des affaires que la directive sur laquelle il doit formellement se prononcer à Bruxelles le 17 mai prochain. Le procès d’Antoine Deltour et d’Edouard Perrin, lanceur d’alerte et journaliste à l’origine de l’affaire LuxLeaks et poursuivis au Luxembourg au nom de la protection du secret d’affaires, débute ce mardi 26 avril. Il y a deux semaines, François Hollande félicitait journalistes et lanceurs d’alerte pour leur courage dans l’affaire Panama Papers : «Je remercie les lanceurs d’alerte, je remercie la presse qui s’est mobilisée (…) c’est grâce à un lanceur d’alerte que nous avons ces informations (…) ils prennent des risques, ils doivent être protégés ».

Quelle politique le gouvernement et le Sénat veulent-ils aujourd’hui défendre, la défense du droit d’informer ou sa répression ?

 

[1]              http://www.cada.fr/le-secret-en-matiere-commerciale-et-industrielle,6239.html

[2]              http://www.nossenateurs.fr/amendement/20152016-325/COM-233

[3] https://act.wemove.eu/campaigns/les-lanceurs-d-alerte-en-danger

Succès total des Droits en fête 2016 sur les migrations

Une partie de l'assistance de Droits en fête 2016.

Une partie de l’assistance de Droits en fête 2016.

La grande migration a bien eu lieu au foyer municipal de Loudéac, ce samedi 23 avril ! Un après-midi de fraternité, avec ses moments d’émotion intense, pendant les témoignages vidéo des migrants installés dans la région depuis de longues années pour certains ; mais aussi des moments de franche rigolade, quand Paul a raconté l’entretien d’embauche de sa sœur, ou quand Tarik a rappelé Dieu a ses responsablités…

Vous ne verrez pas ces vidéos sur Internet. Pour des raisons de sécurité. Les régimes politiques mis en cause sont capables de tout, et notamment de représailles sur les familles restées au pays de ceux qui ont eu le courage de témoigner.

Ces témoignages ont été commentés, analysés, avec brio mais surtout avec pudeur et sensibilité par Didier Urschitz, connu aussi sous le surnom de Laké. Laké, ce Roumain pour qui tant de Costarmoricains s’étaient mobilisés en 1991 pour lui faire obtenir des papiers, ainsi qu’à ses compagnons d’infortune, Amadou, maintenant installé dans la région de Loudéac, et qui était là samedi, et à Constantin, qu’on a perdu de vue. Les retrouvailles, 25 ans après, entre ces trois-là et ceux qui avaient créé et animé leur comité de soutien étaient poignantes.

Pendant ce débat sur les migrations internationales dont Laké était médiateur avec Daniel Bessonnat, Catherine Wihtol de Wenden, professeur à Sciences po, a rebondi, après un exposé théorique passionnant, sur les huit témoignages vidéo, qui ont donné chair à son exposé.

Auparavant, Roger Toinard, agrégé de géographie, avait raconté et analysé les migrations bretonnes des XIXème et XXème siècles, et singulièrement celles des Côtes du Nord de l’époque : leur mise en perspective avec ce qu’on appelle maintenant la « crise migratoire » actuelle était riche d’enseignements.

Les photos commentées de Pascale Thoraval et Franck Perrin ont elles aussi donné chair aux drames qui se jouent à côté de chez nous : Calais n’est pas si loin. La Méditerranée non plus, et Bérangère Matta, administratrice de l’association SOS Méditerranée, qui affrète le bateau Aquarius qui sauve jour après jour des centaines de migrants de la noyade, en a fait une présentation saisissante. Le magazine « Interception » de France-Inter, dont les journalistes ont passé une semaine sur l’Aquarius, consacrera son prochain numéro, dimanche 1er mai de 9h10 à 10h, à SOS Méditerranée. C’est un bateau de ce type qui avait sauvé Hang, petite Vietnammiene de 12ans, en 1987, lorsqu’elle est arrivée en France. Sauf que son bateau avait été affrété par, ou au moins avec l’aide du gouvernement de l’époque… Autre époque, autres moeurs…

Un programme pas très joyeux pour une fête ! mais ceci s’est déroulé sans pathos, et le soir, l’humour d’un Jean Kergrist très en forme a permis de décompresser, grâce aux rires qu’il a su provoquer !

Une belle journée, qui a permis de balayer toutes les âneries propagées par l’extrême droite sur les migrations, et qui a redonné un peu d’espoir à tous ses participants !

 

« Merci patron » de François Ruffin projeté jeudi 28 avril au Rex à Pontivy (56)

merci-patron-affiche3« Merci Patron » est un film militant. Réalisé par François Ruffin, qu’on a connu chez Daniel Mermet à France-Inter, et au journal Fakir où il écrit, ce film est distribué dans quelques salles, mais il bénéficie également d’une distribution militante : chaque projection est accompagnée d’un débat avec souvent le réalisateur ou des journalistes de Fakir.

Une sacrée bonne nouvelle : « Merci Patron » sera projeté ce jeudi 28 avril à 20h30, au cinéma le Rex de Pontivy (entrée, 5€). Et la projection, organisée par Attac 56  sera suivie d’une discussion en présence de Youenn Le Flao (journaliste chez FAKIR), de membres d’ATTAC et de syndicalistes.

En voici le synopsis :

Merci Patron,  réalisé par François Ruffin

Jocelyne et Serge Klur travaillaient depuis des années dans une usine qui fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes. Bernard Arnault, qui a demandé la nationalité belge, a décidé de délocaliser la production en Pologne. Pour le couple, désormais au chômage, c’est la catastrophe. Lourdement endetté, il risque de perdre sa maison. François Ruffin, fondateur du journal Fakir, se met en tête de le sauver. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne sœur rouge, de la déléguée CGT, et d’ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira défendre sa cause à l’assemblée générale de LVMH…

Les Droits en fête : des ajouts au programme du 23 avril à Loudéac

De gauche à droite au premier plan, Mamadou Baguiri, Constantin Aldea, Dezideriu Urshitz et Michel Rault, à la fête de l'intégration, le 7 décembre 1991 (Collection Michel Rault)

De gauche à droite au premier plan, Mamadou Baguiri, Constantin Aldea, Dezideriu Urshitz et Michel Rault, à la fête de l’intégration, le 7 décembre 1991 (Collection Michel Rault)

Les Droits en fête, ça approche !

D’un jour à l’autre, le programme s’enrichit : des associations, alertées par les articles de presse qui nous ont annoncés, nous contactent pour participer à la manifestation. Trop tard pour certaines, malheureusement, mais ça n’est que partie remise.

Mais on a cependant réussi à proposer un accueil à certaines autres. C’est le cas de SOS Méditerranée, dont Bérangère Tara, la représentante dans la région, viendra projeter un diaporama sur son association, qui a hélas fort à faire en ce moment avec les naufrages qui se multiplient (lire ici).

Ce sera le cas également de l’association culturelle Nurhak, qui rassemble les Kurdes de la région de Saint-Brieuc. Un de leurs musiciens viendra jouer à l’ouverture et pendant la pause repas, avec Paul Rousseau (tambour de Guadeloupe), tandis que ses camarades vendront les spécialités pâtissières du Kurdistan qu’ils auront fabriquées.

Il y a 25 ans : la fête de l’intégration à Bon-Repos

Michel Rault, un des organisateurs de la mobilisation qui avait eu lieu en 1991 pour obtenir des papiers à Dezideriou, Constantin et Amadou, viendra évoquer ce souvenir, avec Dezideriou et Amadou, présents à la fête. Une exposition d’articles et de photos de l’époque rappellera cette histoire qui a donné lieu à l’organisation d’un grand repas à Bon-Repos et d’une course relais de Bon-Repos à Saint-Brieuc. Une mobilisation qui, une fois n’est pas coutume, s’est bien terminée : ils ont tous les trois obtenu des titres de séjour. De nombreux membres du collectif sont toujours militants dans des associations de défense des droits de l’Homme comme l’ASTI, la CIMADE, la LDH…

Dans la petite salle du foyer municipal, une cabine sonore, installée par les Bistrots de l’Histoire, proposera une bande sonore sur l’histoire des réfugiés espagnols arrivés à Saint-Brieuc pendant la guerre d’Espagne, et accueillis par le Secours rouge, organisation dans laquelle l’écrivain Louis Guilloux était très engage. Un atelier proposera des jeux et des petits films aux enfants, et pendant la pose repas (apéritif, sandwiches variés, buvette sur place), le film « Paroles de migrants » sera projeté à l’intention de ceux qui n’auront pas pu le voir l’après-midi.

SOS Méditerranée à Droits en fête : « Sauver des vies, maintenant ! »

SOS Méditerranée est une organisation non gouvernementale créée pour porter secours aux migrants qui traversent la Méditerranée dans des conditions effroyables. Devant l’ampleur et l’extrême gravité du problème, une telle association ne pouvait se concevoir qu’à l’échelle européenne, ne serait-ce que pour rassembler la somme nécessaire à sa réalisation. C’est le cas.

L'Aquarius, affrété par SOS Méditerranée, a déjà sauvé des centaines de vies en Méditerranée.

L’Aquarius, affrété par SOS Méditerranée, a déjà sauvé des centaines de vies en Méditerranée.

Créée fin 2015, après une campagne de « crowfunding » très efficace, complétée par  de nombreux mécénats, elle a loué l’Aquarius, un bateau de secours en mer, auquel l’émission « 13.15 le samedi » a consacré un numéro, encore visible ici.

Cette première opération de secours, commencée en février 2016, qui doit s’achever fin avril, devrait être prolongée si le deuxième appel à dons fonctionne. Une telle campagne coûte une fortune : 11.000€ par jour, soit 330.000€ par mois.

Le volet maritime de l’opération est évident, mais le volet médical est lui aussi essentiel. C’est la raison pour laquel SOS Méditerranée travaille en partenariat avec Médecins du monde, qui envisage, à terme, de créer une flotte de secours pérenne.

Le site de l’association présente en détail le projet et le carnet de bord du bateau, qui a déjà sauvé des centaines de vies humaines sur son site.

Le comité de soutien de SOS Méditerranée rassemble dans chaque pays européens des noms illustres, et parmi ses soutiens français on trouve, à côté de Philippe Toreton, Eric Orsenna ou Thomas Piketti, Catherine Wihtol de Wenden, qui interviendra à droits en fête sur le volet des migrations internationales (lire le dossier de presse de l’association ici). Ce qui, entre parenthèses, privera l’extrême droite de son argument préféré : « et vous, vous faites quelque chose pour les aider ? »

Bérangère, membre de SOS Méditerranée, viendra présenter l’association à Droits en fête, après le diaporama sur la Jungle de Calais de Pascale Thoraval et Franck Perrin (soit vers 18h45). Et l’argent recueilli dans l’urne qui sera installée au foyer municipal pendant la totalité de la fête sera partagé entre SOS Méditerranée et le comité de soutien à une famille de demandeurs d’asile dont la demande a été refusée et qui va se trouver dans une situation dramatique, sans logement, dès le mois de juillet à Saint-Brieuc.

Pratique : http://www.sosmediterranee.fr/#

La fête de l’intégration, à Bon-Repos, en décembre 1991

Fête intégration blog

La fête de l’intégration, le 7 décembre 1991. Y étiez-vous ? (Photo Pierre Fénard)

La fête de l’intégration organisée à Bon-Repos en décembre 1991 a laissé de beaux souvenirs à ceux qui l’ont organisée ou simplement participé. Nombre d’entre eux participeront aux Droits en fête, samedi 23 avril au foyer municipal de Loudéac, notamment Desideriu Urschitz, qui sera le médiateurs des deux débats sur l’immigration à partir de 15h.

On le connaît dans la région sous le prénom de Dezideriu (son prénom roumain), Didier (traduction française), Dezsö (prénom hongrois) ou Laké (surnom). Il faisait partie, en 1991 de ce groupe de trois étrangers (avec Constantin, un autre Roumain, et Amadou, Béninois) qui étaient menacés d’expulsion après plusieurs mois de séjour en France (3 ans pour Amadou) où ils étaient arrvés légalement. Leur cause a rapidement ému la population : tous les trois étaient parfaitement intégrés et appréciés. Un collectif, le « collectif contre le racisme s’est constitué, rassemblant des militants de diverses associations. Des pétitions sont lancées, et, en octobre 1991, des représentants du collectif sont reçus à la mairie de Saint-Coulite (29) par le maire, qui est également secrétaire d’Etat à l’intégration, Kofi Yamgnane. Celui-ci décide d’intervenir, tout en prévenant le collectif : « j’ai peu de temps pour réagir, et je ne sais pas encore si on peut arrêter la machine ».

Le point d’orgue de cette lutte a sans nul doute été la « Fête de l’intégration », organisée le samedi 7 décembre 1991 à Bon-repos. Le repas du midi est animé par de nombreux groupes de musiciens, et rassemble plusieurs centaines de personnes. Et, la veille de la fête, le tribunal administratif décidait d’annuler l’arrêté de reconduite à la frontière de Desideriu Urschitz.

La mobilisation ne faiblit pas, le collectif est sollicité pour de nouveaux cas d’expulsions, notamment un couple de Turcs vivant à Plessala avec ses enfants. Un « relais de l’intégration » est organisé de Bon-Repos à Saint-Brieuc.

Cette mobilisation a marqué les esprits de ceux qui y ont participé. Michel Rault, un des responsables du collectif, en a retracé l’histoire au « Printemps de la solidarité », dimanche 20 mars à Saint-Brieuc. Et nous l’évoquerons samedi 23 avril aux Droits en fête, à Loudéac : Didier – Dezideriu – Laké Urschitz y participera, et sera le médiateur des débats sur les migrations bretonnes et internationales. Amadou, son camarade d’infortune, qui vit aujourd’hui dans la région de Loudéac, a également annoncé sa présence, ainsi que de nombreux militants du collectif contre le racisme. Ces retrouvailes seront certainement un grand moment d’émotion !

 

L’étranger, c’est celui, ou celle, que je ne connais pas

Commentaire Facebook copieCommentaire trouvé sur la page Facebook de lycéens dont une camarade d’origine africaine, sans papier, vient de recevoir une « obligation de quitter le territoire français » (OQTF) :

Je suis pour l’expulsion d’etranger qui n’ont rien a faire en france. Mais cette jeune fille fait des etudes!!! En quoi ca gene le gouvernement si elle etudie bien qu’elle est assidu et que plus tard elle se trouve un travail qui va lui permettre de participer a l’economie francaise. On ferait mieux d’expulser ceux qui s’assoient sur les allocations en tout genre

Ça n’est pas Nadine Morano qui écrit ça (vous vous rappelez, quand-même, figurez-vous qu’elle a un copain noir !), c’est une lycéenne.

On passe sur les fautes d’orthographe, intéressons-nous au message.

Ça ne démarre pas très bien : cette jeune fille avoue ne pas aimer les étrangers, qui « s’assoient sur les allocations en tout genre ». A-t-elle seulement une idée des « allocations en tout genre » auxquelles ils ont droit ? Sait-elle que la seule indemnité à laquelle sa copine pourrait avoir droit est l’allocation temporaire d’attente (ATA), d’un montant, en 2016, de11,45€ par jour, soit 343,50€ pour un mois de 30 jours, qui n’est versée que pendant un an maximum ? et que, pour y prétendre, il faut que le dossier de demande d’asile de la personne ait été accepté (pas l’asile, seulement le dépôt de la demande d’asile), ce qui n’est manifestement pas le cas de sa copine puisqu’elle a une OQTF.

Justement, revenons à sa copine. Son problème, c’est qu’elle est passée du statut de mineure à majeure, et que par conséquent elle relève désormais du droit commun des majeurs, plus sévère.

Alors, quelle différence y-a-t-il entre cette copine et les autres étrangers dont parle cette lycéenne ? Une seule : elle la connaît, et elle ne connaît pas les autres. Donc les autres sont des étrangers, synonymes de profiteurs etc… Pour cette lycéenne, « étranger » signifie « quelqu’un que je ne connais pas ».

On remarquera que jusqu’au dessus de ce commentaire, il y en a un autre du même acabit…

Une précision, ce lycée n’est pas un lycée de « banlieue » : c’est un lycée rural, dans une région où les étrangers présents sont dans leur immense majorité des gens qui ont répondu à l’appel des industries agro-alimentaires qui les exploitent tant qu’elles peuvent, avec des horaires et des conditions de travail épouvantables, et embauchées souvent dans des conditions très particulières.

Une raison de plus, pour se remettre les idées en place, de venir à Droits en fête, samedi 23 avril, à partir de 15h, au foyer municipal de Loudéac (22) !  L’édition 2016 traite précisément des migrations. Voir programme ici.