L’institut civitas ne bénéficiera plus de l’avantage fiscal qu’il avait usurpé

"L'institut" (!!!) civitas ne bénéficiera plus de l'avantage fiscal qu'il avait usurpé.

Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes pour que nous boudions notre joie : l’avantage fiscal (réduction d’impôt de 66% des sommes versées à l’association par des particuliers, 60% par des entreprises) que « civitas », officine catholique intégriste, anti-avortement, raciste, xénophobe, homophobe… va devoir rembourser  55.000€ au fisc, et n’a plus désormais le droit de délivrer des reçus fiscaux à ses donateurs. Une pétition, qui demandait la suppression de cet avantage fiscal pour ce ramassis de réactionnaires avait réuni quelque 16.000 noms. Il était effectivement insupportable que nos impôts servent à subventionner une association qui troublait gravement l’ordre public, en faisant le siège des établissements pratiquant l’interruption volontaire de grossesse (contribuant donc activement à la diminution dramatique pour les femmes du nombre de centre de ce type, et à l’augmentation des difficultés pour elles de se faire avorter), pratiquant les prières de rues, participant à des manifestations violentes, notamment pendant le vote de la loi sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Il en aura fallu du temps, pour que la raison l’emporte dans cette histoire ! Mais il reste du pain sur la planche : à quand la même mesure pour des officines telles que la fondation Lejeune, « laissez-les-vivres », et tant d’autres ? Lire ici le communiqué de l’Union des familles laïques, qui a contribué activement à cette victoire.

En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite : un livre militant indispensable !

Les mensonges assénés à longueur de discours par les dirigeants du front national sont tellement énormes qu’on est parfois désarçonnés pour prouver leur inanité à nos interlocuteurs, souvent sincèrement ébranlés par ce qu’ils ont lu ou entendu.

C’est dire si le petit livre « Pour en finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite » était attendu. Certes, il y a eu ici où là des tentatives pour mettre au point un outil militant permettant de réagir à la fois correctement (c’est-à-dire sans faire d’erreur) et rapidement.

Ecrit par Pierre-Yves Bulteau, un journaliste qui a su s’entourer de syndicalistes et de militants associatifs (liste ci-dessous), il recense pas moins de 73 « idées reçues », qui constituent l’essentiel de l’argumentaire des partis d’extrême droite, front national et autres. Les sujets ne sont pas très variés : immigration, pression fiscale, insécurité, islam, Europe, identité nationale, nationalisme… et les techniques non plus : on est généralement en face d’une sorte de friche intellectuelle, dans laquelle les chiffres et les statistiques ne sont qu’inventions ou déformations et interprétation stupide de données officielles. Chiffres qui, curieusement, sont souvent acceptés sans réaction par des journalistes, parfois spécialisés, qui ne prennent pas la peine de réagir pendant les interviews (on se souvient des premiers passages du père Le Pen dans les émissions télévisées du type « la marche du siècle », où les affirmations qu’il assénait étaient rarement contestées).

Le livre commence par une  introduction de Gérard Aschieri, président de l’Institut de recherches du syndicat enseignant FSU (et membre de la Ligue des droits de l’Homme), Frédéric Bodin, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires, Agnès Naton, directrice de la Vie ouvrière (CGT) et Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme. Sa parution a été saluée par le journal Libération, et il est en vente dans les bonnes librairies, et à la boutique de la Ligue des droits de l’Homme. Il le sera également sur le stand de Leclerc culture, pendant les Droits en fête, samedi 26 avril, à la salle des fêtes de Plémet.

Un livre indispensable !

Les partenaires : des syndicats, CGT, FIDL, FSU, Solidaires, UNEF, UNL ; des associations, Ligue des droits de l’Homme, JOC, MRAP. ISBN 978-2-7082-4265-4. Les éditions de l’Atelier, www.editionsatelier.com. 5€

Fontgombault, le village dont l’abbaye a caché Paul Touvier, et dont le maire est homophobe

Le nazi Paul Touvier a été caché dans l'abbaye de Fontgombault dans les années 1970.

Le maire de Fontgombault et la majorité de son conseil municipal viennent de se faire remarquer en affirmant que « la loi naturelle est supérieure aux lois humaines ». Et que, par conséquent, c’est la dite loi « naturelle » qui va guider leur action. Ce qui se traduit par le refus du maire et des adjoints de célébrer tout mariage entre personne du même sexe.

Contrairement à ce que cette déclaration pourrait laisser croire, ni le maire, ni le conseil municipal de Fontgombault ne sont des comiques. On peut même à raison supposer que ce sont de tristes sires.

Le problème, c’est qu’ils se sont sentis autorisés à exprimer cette ânerie. A l’UMP, on appelle ça la décomplexitude.

Ne nous trompons pas : ce sont les mêmes, qui ne craignent pas le ridicule qui envoient leurs enfants traiter la ministre de la justice de guenon dans leurs manifestations. Ce sont aussi ceux-là qui dénoncent les prières de rue quand elles sont faites par des musulmans: s’il s’agit de processions catholique, ils deviennent beaucoup plus tolérants. Là encore, décomplexitude.

Le journal Libération rappelle le curriculum-vitae du maire de Fontgombault : Jacques Tissier, régulièrement cité par le très catholique site « Le salon beige », est porte-parole du « collectif des maires pour le droit familial ». Par ailleurs, l’abbaye de Fontgombault a hébergé, et surtout caché le nazi Paul Touvier pendant sa cavale dans les années 1970. Ceci explique cela. L’article se trouve ici.

La section de la Ligue des droits de l’Homme de Chateauroux, dans l’Indre, département où se trouve le village de Fontgombault, a publié le communiqué ci-dessous à la suite de la parution de la délibération de son conseil municipal.

Le conseil municipal de Fontgombault est-il dans la République ?

Le paragraphe 8 du compte rendu mensuel de la dernière réunion du Conseil municipal de Fontgombault, validé par 7 voix sur 10, est proprement accablant : « Considérant qu’il existe une loi naturelle, supérieure aux lois humaines d’après laquelle depuis les origines du monde aucune union n’a été célébrée officiellement entre deux personnes du même sexe au titre d’un « mariage »…  »

La laïcité est pour le moins mise à rude épreuve, et l’on sait ici que ce n’est pas la première fois. C’est aussi un discours homophobe à peine masqué (« quelle que soit leur dignité d’être humain qu’il y a eu lieu de reconnaître par ailleurs [sic] »). Ce sont des élus de la République qui tiennent de tels propos, prétendant en faire une loi générale au mépris de la conscience de leurs concitoyens quels qu’ils soient. Ce discours d’arrière-garde, fondé sur des présupposés discutables, qui n’appartiennent qu’à la conviction de ces élus, est aussi un vecteur de haine.

Ces élus ont-ils oublié la loi fondamentale, alors qu’ils portent les couleurs de la République ? « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances » (article 1 de la Constitution).
Ont-ils oublié qu’un conseil municipal, parce qu’il est élu du peuple, se doit d’appliquer toutes les lois de la République sans exception ? Ont-ils oublié que le Conseil constitutionnel a écarté, le 18 octobre dernier, la clause de conscience des maires ? Savent-ils que le seul mariage légal est l’union civile ? Savent-ils que l’homophobie n’est pas une opinion mais un délit puni par la loi.

La LDH se tient aux côtés des citoyens de Fontgombault outragés par ces propos. Elle interroge les autorités préfectorales sur la légalité de la délibération en question. Elle appelle les citoyennes et citoyens à se mobiliser pour faire échec aux campagnes de haine et d’exclusion.

Le 8 novembre 2013

Ch. Véron, Présidente de la section LDH

 

M.-Cl. Bompard contrainte de laisser le mariage de deux jeunes femmes être célébré par une adjointe

Pour une fois que l’extrême droite nous fait rigoler, ne boudons pas notre plaisir.

Résumé des épisodes précédents. La très catholique Marie-Claude Bompard, maire de Bollène, et épouse du député maire d’Oranges, Jacques Bompard, refuse de marier deux jeunes femmes, au nom de ses croyances religieuses. Et elle interdit à ses adjoints de célébrer ce mariage à sa place. Célébrer un tel mariage dans une ville « consacrée au sacré cœur de Jésus », vous n’y pensez pas. La situation est bloquée et on ne voit pas ce qui pourrait la débloquer.

En fait si, on voit bien. Un peu de patience.

Le préfet essaye de convaincre l’élue, rien n’y fait. Le procureur engage donc une enquête préliminaire. Et dans la foulée, un des amis politiques de Mme Bompard, Florian Philippot, n°2 du front national, condamne son attitude !

Et puis voilà que mardi soir, on apprend, par la préfecture du Vaucluse, que le mariage sera finalement célébré par l’adjointe à la culture de Bollène…

Le déclenchement de l’enquête préliminaire donnait consistance à une menace qui a eu raison de la courageuse ( !!!) détermination de l’élue : elle risquait une amende, et la révocation… On a touché où ça fait mal : le fric et le pouvoir. Mme Bompard a donc piteusement rendu les armes, comme l’avaient fait ses quelques collègues « objecteurs de conscience » ces dernières semaines. Et comme feront les prochains, s’il y en a !

Angélique Le Roux et Amandine Gilles vont donc pouvoir se marier, et on leur souhaite beaucoup de bonheur !

 

 

Marie-Claude Bompard se prend pour la mère supérieure de Bollène et refuse de marier de deux femmes

Marie-Claude Bompard est maire de Bollène (Vaucluse). Elue sous l’étiquette de la ligue du sud, fondée par son mari, Jacques Bompart, maire d’Orange, conseiller général et député, cofondateur en 1972 du front national.

Marie Claude Bompard est aussi catholique. C’est à ce titre qu’elle a « consacré » sa ville au « cœur sacré de Jésus » ; elle ne comprend pas que ce geste puisse soulever quelques critiques…

Alors, évidemment, le mariage pour tous, elle n’aime pas. Et ne se prive pas pour le dire. C’est ainsi que cette année, elle a utilisé la cérémonie commémorative du 8-mai pour en faire une tribune contre le mariage étendu aux personnes de même sexe.

Elle a aussi à plusieurs reprises annoncé qu’elle refuserait de célébrer ces mariages.

Elle vient de passer au travaux pratiques.

Deux jeunes femmes, Amandine Gilles et Angélique Leroux avaient projeté de se marier à Bollène. La maire les a reçues hier, vendredi 23 août, et leur a signifié qu’elle refusait de célébrer leur mariage : « Marie-Claude Bompard nous a dit qu’elle respectait les couples homosexuels mais que par rapport à ses convictions religieuses, il lui était impossible de nous unir », expliquent-elles. Les jeunes femmes lui ont alors demander de demander à un de ses adjoints de le faire : « On lui a alors dit de déléguer le pouvoir à un adjoint mais elle a refusé ». Mais n’allez pas supposer que Marie-Claude Bompard soit le moins du monde homophobe : elle n’est pas opposée « à une personne, mais à une loi » ! (source : article de Vauclusematin.com).

Les jeunes femmes ont décidé de s’adresser au préfet du Vaucluse.

Curieusement, la presse ne semble pas avoir repris cette information diffusée par Vaucluse matin, à part Europe 1 qui en a fait un flash.

Les refus de célébrations qu’on redoutait ont finalement été marginaux, et le fait de quelques illuminés seulement. Il y a eu le maire de Mésanger en Loire-Atlantique, celui d’Arcangues (Pyrénées-Atlantiques). Il est bon de rappeler que ce que ces maires baptisent abusivement « objection de conscience » n’est en fait que de la foutaise.

Comme on pouvait l’imaginer, ces mariages vont rapidement être banalisés. Sur son compte tweeter, Jean-Luc Moreno signale :

Déjà 148 #mariagepourtous célébrés a Paris et 558 dossiers déposés – dont le mien ! Qui a dit que les #gays ne veulent pas se marier ?

Quelqu’un pourrait-il signaler à Marie-Claude Bompard qu’elle est maire de Bollène, et non « mère supérieure » ?

 

Objection de conscience des maires au mariage entre personnes de même sexe : foutaise !

Quelques maires se font en ce moment remarquer par leur refus de célébrer des mariages entre personnes de même sexe dans leur commune. Au nom d’une prétendue « objection de conscience ». On peut tout d’abord noter que l’objection de conscience n’existe, en droit, que dans le domaine militaire, et qu’elle n’a de fait plus d’existence puisque le service national obligatoire n’existe plus. Et elle ne concernait que des personnes refusant d’effectuer leur service militaire, pas des élus chargés d’appliquer les lois. Cette notion n’existe dans aucun autre domaine du droit : ces maires se mettent donc hors la loi en refusant de célébrer ces unions.

Les plus intelligents d’entre eux résoudront facilement le problème en confiant à un adjoint, ou éventuellement, par délégation, à un conseiller municipal, le soin de célébrer ces unions. Les plus obtus feront vraisemblablement tout pour empêcher les unions d’avoir lieu. Certains refuseront sans doute d’enregistrer le dossier, ou de publier les bans… : ceux-là se placeront hors la loi, et pourront être traduits en justice. Pour le moment, les préfets semblent jouer la carte de la conciliation, redoutant sans doute une nouvelle crispation contagieuse.

Un mouvement est en train de se mettre en place. Il est lancé par Jean-Yves Clouet, maire de Mésanger, une commune de 4500 habitants de Loire-Atlantique. Il a adressé un courrier à ses collègues maires, les incitant à le rejoindre le dimanche 7 juillet, place de la Madeleine, à Paris, pour demander une audience au président de la République, à qui il demande d’introduire cette notion d’objection de conscience.

Ses arguments se résument à peu de choses. Il écrit notamment : « Le Ministre de l’intérieur prétend m’imposer, sous peine de prison, d’appliquer une loi qui heurte ma conscience de citoyen et d’élu. Selon la conception du gouvernement, ma conscience n’est pas cette faculté éminente qui distingue l’homme de l’animal, elle n’est qu’un « sentiment » comme un autre. C’est pourquoi il prétend dissocier en moi l’obéissance et la conscience. En me présentant aux élections municipales, je n’ai jamais eu l’intention de mettre ma fonction au service d’intérêts minoritaires et gravement contraires à la conception de la famille que je voulais servir. »

Arguments bien pauvres, qui cachent mal l’idéologie qui les sous-tend, et qui est confirmée par la nature des sites qui relayent cet appel (site d’extrême droite et/ou catholiques  intégristes). Un autre maire s’est illustré également par un refus ce célébrer un mariage : Jean-Michel Colo, maire d’Arcanges, dans les Pyrénées –Atlantiques. Mais sa décision ne fait pas l’unanimité dans son conseil municipal : une conseillère municipale, Arbella d’Arcanges, a démissionné pour protester contre ce refus, non seulement de célébrer, mais aussi de laisser célébrer ce mariage. Elle écrit : «Je me sens trop « libérale » pour vivre cette situation sereinement et en silence avec toi et le reste de l’équipe», (Source, Libération). Elle avait en effet manifesté le souhait de célébrer le mariage avec une autre conseillère.

La Ligue des droits de l’Homme va être vigilante dans ce domaine dans les semaines et les mois qui viennent.

 

Marche des fiertés 2013 : s’opposer à l’homophobie, garantir l’égalité des droits

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme

La Ligue des droits de l’Homme apporte son soutien à la Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans, qui se tiendra, le 29 juin 2013, à Paris.

Elle invite chacune et chacun à y participer pour affirmer, ensemble, le refus de l’homophobie, de la haine, de la violence, des discriminations dont sont victimes les femmes et les hommes en raison de leur orientation sexuelle. La loi « Mariage pour tous » a été l’occasion pour nombre de ses opposants de faire l’étalage, d’une part de leur intolérance patriarcale, et d’autre part de leur volonté d’en découdre avec le gouvernement au prétendu nom de la famille française. Et parce que des fantasmes à la violence physique, il n’y a qu’un pas que les groupes des droites extrêmes franchissent toujours, les coups, au sens propre du terme, se sont abattus sur les personnes qui exprimaient leur identité ou leurs droits. Bars gays saccagés, « chasse à l’homo », organisation systématique d’affrontements avec les forces de l’ordre, prise à partie personnelle des parlementaires, débats publics sabotés…

La Ligue des droits de l’Homme a toujours soutenu le droit au mariage pour tous et l’adoption sans considération de l’orientation sexuelle comme des avancées fortes de l’égalité des droits. Il est normal que les enjeux de société fassent débat, que les craintes et les refus s’expriment, et que la protestation s’inscrive dans l’espace public. En revanche, la Ligue des droits de l’Homme appelle à la plus grande vigilance face à cette explosion de violences.

La lutte contre les discriminations doit à la fois s’appuyer sur des sanctions fermes des actes et propos homophobes, sur le soutien aux victimes par l’accès plus large à des lieux d’écoute et de soutien, particulièrement pour les adolescent(e)s et, enfin, sur l’éducation aux différentes sexualités.

Dans de trop nombreux pays du monde, l’homosexualité est encore un délit ou un crime puni de sanction pouvant aller jusqu’à la peine de mort : il est urgent d’obtenir l’abrogation universelle des lois homophobes, conformément à la déclaration présentée aux Nations unies en 2009. La France se doit d’être exemplaire en la matière, en permettant l’accueil des personnes menacées en raison de leur homosexualité ou transsexualité, accompagné d’une véritable politique de l’asile fondée sur les droits de l’Homme.

Comme l’origine, le sexe, l’appartenance religieuse ou encore le handicap, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ne peuvent justifier ni violence, ni rejet. C’est une évidence à défendre chaque jour et partout.

Cette année, en juin 2013, la LDH appelle à participer à la Marche des fiertés qui prend tout son sens de défense de tous les droits.

L’extrême droite n’aime pas qu’on parle de la Résistance

 

Jean Moulin.

Incidents pendant l’hommage à Jean Moulin, vendredi 21 juin à Lyon, provoqués par des anti-mariage pour tous, qui ont notamment sifflé le « chant des partisans »… Le même chant des partisans interdit à Bollène par la maire elle-même… Marie-Claude Bompard est coutumière du fait : elle avait déjà empêché la diffusion de la version chantée de ce chant symbole de la Résistance en 2012, n’autorisant que sa version instrumentale. Il y a dans ce texte des mots qui choquent la maire extrême droite de Bollène qui « consacre » chaque année « sa » ville au sacré cœur de Jésus ! ça ne s’invente pas : elle s’en justifie ici.

Ces incidents lamentables ont au moins un mérite : ils confirment à quel camp appartiennent les opposants au mariage pour tous, et jusqu’où l’extrême droite est capable d’aller.

 

P. Tartakowsky : du mariage pour tous aux cartes rebattues à droite

Pierre Tartakowsky a été réélu président de la Ligue des droits de l'Homme par le congrès de Niort.son rapport moral.

Dans l’éditorial qui ouvre le dernier numéro du bulletin mensuel de la Ligue des droits de l’Homme, son président, Pierre Tartakowsky, revient sur les débats autour du mariage pour tous qui ont occupé tout (ou presque) l’espace médiatique pendant ces derniers mois. Il en tire les leçons, politiques et sociétales.

La célébration du premier mariage entre deux personnes de même sexe à Montpellier aura heureusement marqué la fin d’une mobilisation politique intense autour de l’élargissement d’un droit. Il est, de fait, peu probable qu’une majorité de droite de retour aux affaires ose jamais revenir sur cette avancée et sur des actes d’état civil. Au plan politique pourtant, le sujet va rester présent, comme va prolonger l’onde de choc des mobilisations des droites durant toute la période écoulée.

Revenons sur cette séquence, ses évolutions et ce qu’elles révèlent. Dès le départ, ce sont davantage des acteurs idéologiques que partidaires qui sont à la manœuvre ; la droite classique, mais également le FN apparaissent mal à l’aise sur le mariage pour tous, car divisés et hésitants sur les bénéfices à en tirer. L’UMP est en pleine guerre des chefs et ne compte sans doute pas moins de gays dans ses rangs que le FN, ce qui se résout par une sorte de neutralité agressive, focalisée sur l’adoption et la GPA, laquelle, rappelons-le, ne fait pas partie du projet gouvernemental. Les courants cathos tradis et autres identitaires sont quant à eux franchement homophobes, même avec des approches diverses et nuancées. Tous ces gens se rassemblent sous le drapeau consensuel de la famille et des enfants, lesquels méritent « un papa, une maman ».

Cette mobilisation se nourrit de ce qu’il faut bien appeler un pas de clerc du président de la République, lequel a évoqué une possible objection de conscience des maires appelés à célébrer les mariages gays. Le gouvernement saura rectifier le cap et tenir bon jusqu’au vote de la loi, ce dont il faut se féliciter. Mais cette défaillance énorme – l’état civil n’a rien à voir avec la conscience de qui que ce soit –, qui appelle immédiatement une réaction de l’Inter-LGBT et des associations de défense des droits, est évidemment interprétée comme une hésitation. Et lorsque l’adversaire hésite, il faut augmenter la pression. Les organisations à la manœuvre le font d’autant plus qu’elles bénéficient de l’engagement de l’UMP, Jean-François Copé voyant là l’occasion de marquer sa différence d’avec son rival François Fillon, et d’exprimer sa vraie nature. Cet apport se double de celui d’une véritable galaxie de réseaux, fondations et autres clubs historiquement ancrés à l’extrême droite, et qui voient dans ce mouvement « apolitique » et « populaire » l’occasion rêvée d’échapper à l’ostracisme qui les frappe depuis la Libération et la guerre d’Algérie.

C’est en effet la première fois que ces groupuscules – toutes tendances confondues – peuvent occuper un espace politique partagé avec les droites dites républicaines, en phase avec une partie de l’opinion publique allant bien au-delà des cercles militants habituels, mordant même sur des électeurs de gauche émus et troublés par un sujet qui touche à l’intime. Nicolas Sarkozy a fourni le cadre idéologique à cette parade nuptiale des droites et de leurs extrêmes. Sa défaite, d’autant plus frustrante que courte, a accéléré cette chorégraphie de séduction tout en accentuant son côté dispersé, concurrences internes obligent.

Cette dynamique de concurrence pour le leadership s’est traduite, dans les derniers jours de la mobilisation, par des exclusives, des appels à la violence, et la résurgence d’un vocable utilisant pêle-mêle le vocabulaire des généraux putschistes de l’Algérie française, la dénonciation de la franc-maçonnerie, des appels à la « résistance », le tout en assimilant la police – coupable de s’en prendre à « la France bien élevée » –, à la Gestapo… Cette confusion des termes ne doit rien au hasard mais traduit une stratégie d’effacement, par banalisation, des réalités historiques qui ont battu et stigmatisé ces courants d’idées englués dans la collaboration avec l’occupant nazi.

Au-delà, cette agitation verbale indique une circulation de la pensée réactionnaire, en recherche d’elle-même, et de repositionnements possibles. De fait, elle est passée en peu de temps – toutes organisations confondues – de la stigmatisation des « islamistes » à l’exaltation du peuple de France, puis à la chasse aux homosexuels. Ainsi de la dénonciation d’un ennemi extérieur « infiltré », les droites extrêmes se repositionnent sur la dénonciation et la chasse d’un ennemi « intérieur ». Homo aujourd’hui. Demain…

Cette inquiétante évolution participe d’un élargissement conséquent du champ d’action et de prétention des extrémismes droitiers : d’un vieil ordre racial à un nouvel ordre moral, patriarcal et porteur, hélas, d’illusions de changement. Illusions, car une mobilisation basée sur la ségrégation et la discrimination porte inéluctablement en elle des dynamiques d’exclusion et de violence. Illusions, car loin de répondre aux besoins d’épanouissement et de bien-être des individus, cette mobilisation n’envisage leur avenir qu’au prisme d’allégeances rancies dans un passé mythique.

Reste posée une question essentielle : une recomposition profonde des forces de droite est en cours, dont il n’est pas aisé de dire ce qu’il en résultera, même s’il est certain que ce ne sera bon ni pour les droits, ni pour les libertés, ni pour la démocratie. La société civile, les organisations syndicales, les associations ne peuvent donc évidemment pas se désintéresser de l’enjeu, singulièrement dans la perspective des élections municipales. Nous y reviendrons.

Le conseil constitutionnel valide la loi autorisant le mariage entre personnes du même sexe !

17 mai 2013, 17h03 : un article de Libération annonce que le Conseil constitutionnel a validé la loi légalisant le mariage entre personnes du même sexe !

« Les Sages ont validé l’intégralité du texte tout en soulignant que il ne reconnaissait pas un «droit à l’enfant» et que toute adoption doit se faire dans l’intérêt de l’enfant (…) ».

C’est une date qui restera sans doute dans l’histoire, et dans quelques années, voire dans quelques mois, on rigolera bien dans les familles des gesticulations ridicules et grotesques du type « manif pour tous ».

Les premiers mariages vont être rapidement célébrés, puisque le président de la République et le gouvernement ont assuré que les décrets d’application sont prêts et vont être publiés très rapidement.

Il faudra, dans les premières semaines, être attentif à l’attitude de quelques excités capables de tout pour déstabiliser la République ; veiller à ce qu’aucun maire ne soit tenté de refuser ces mariages, et si cela arrivait, se préparer à riposter vigoureusement et rapidement.

Cette validation par le conseil constitutionnel va mettre fin à plusieurs mois d’hystérie homophobe, qui a fait des dégâts, parfois dramatiques, chez les homosexuels et leurs famille. C’est désormais, espérons-le, le temps de l’apaisement. Cela n’empêchera sans doute pas les réactionnaires de tous poils (politiques, religieux) de manifester comme ils l’ont prévu fin mai. Ils n’en seront qu’un peu plus ridicules.

Au fait, M. Sarkozy siégeait-il à cette séance ?

Dernière minute: le Nouvel Observateur annonce que le président de la République promulguera la loi dès demain, samedi !