Le 12 novembre 2010, une stèle a été inaugurée à Plénée-Jugon, à la mémoire des tsiganes internés au château de la Villeneuve, par le préfet des Côtes du Nord, qui obéissait aux ordres de la Kreiskommandantur de Saint-Brieuc.
Annick Audoux, présidente de la section LDH de Saint-Brieuc, a largement contribué à l’érection de cette stèle, en collaboration avec les associations Itinérance et les Bristrots de l’histoire, et la commune de Plénée-Jugon. Elle rappelle que « De nombreuses familles ont été pourchassées et internées dans des camps sur l’ordre de l’administration française dans des conditions inhumaines ».
Monique et Bernadette Mouvaux ont évoqué à cette occasion, aujourd’hui, un épisode douloureux de la vie de leur maman, Rachel Lainenn : « Elle n’avait que quatre ans quand elle a été internée au château de Villeneuve, avec son frère Albert et ses parents, Charles et Alphonsine. »
Comme la famille Lainenn, 6 000 Tsiganes ont ainsi été privés de leur liberté pendant la Seconde Guerre mondiale. « Dans ledépartement, le préfet a interdit la libre circulation des nomades en octobre 1940 », a rappelé Gérard Le Cam, sénateur-maire de Plénée-Jugon. « Tous les Tsiganes des Côtes-du Nord ont été rassemblés au château de Villeneuve à Plénée-Jugon, réquisitionné ».
« Nous avons toujours évité de parler de ce sujet avec notre mère. Il y avait trop de souffrance, poursuit Monique Mouvaux. Le film de Tony Gatlif « Liberté » a été pour nous un véritable déclic. C’est à ce moment que nous avons entrepris des recherches sur l’histoire de notre famille et sur l’internement administratif des gens du voyage ».
Aujourd’hui, à Plénée-Jugon, Monique Mouvaux a pris la parole pour dénoncer les six années d’internement arbitraire de sa maman dans plusieurs camps. Elle s’est également indignée contre ceux qui « utilisent la peur de la différence, la culpabilisation de la pauvreté, le spectre de la délinquance et de l’insécurité pour opposer les hommes entre eux ».
« Pourquoi l’Histoire n’a rien retenu de cette chasse aux nomades ? Pourquoi ce silence ?, s’est interrogée Annick Audoux, de la Ligue des droits de l’homme. Aujourd’hui, nous avons un devoir de mémoire envers ces Tsiganes ».
(Source : article du Télégramme du 12 novembre 2010)
Vous trouverez dans les pages qui suivent, des documents de l’époque, sur l’aménagement du camp et le processus d’internement des nomades.
Un grand merci à Annick Audoux, présidente de la section LDH de Saint-Brieuc et membre de l’association Itinérance, qui nous a procuré ces documents !
A la suite de la parution de cet article, nous avons reçu ce commentaire :
Un grand merci pour ces documents qui redonnent vie à ce triste passé. Je connaissais depuis longtemps ce camp, mais seulement parce que ses internés étaient passés par celui de ma petite ville. Ils confirment le rôle joué par nos concitoyens, et c’est sans doute pour cela qu’il ne fallait pas trop soulever le voile.
Continuez vos recherches que je serais heureux de partager.
Jacques, dit Tchopa
Un message émouvant, signé de Jacques Sigot, dit « Tchopa », à qui l’on doit les recherches sur le camp de Montreuil-Bellay (49).