Salauds de malades

On avait eu, et on a toujours (en cette fin d’année, l’acharnement des préfectures prend des proportions scandaleuses, et la plupart du temps absurdes : il faut atteindre les objectifs chiffrés…) les salauds d’étrangers. Puis on a eu les salauds de pauvres : vous savez, ces tricheurs, ces fraudeurs, qui ne pensent qu’à contourner les règles. Les salauds de chômeurs : ils osent demander des aides au détriment des travailleurs ? Interdisons la cantine à leurs enfants, et les logements sociaux à leurs familles. Les salauds de plaideurs : ton patron te doit de l’argent ? Tu commences par payer 35€ pour engager la procédure (le Sénat vient de voter un amendement pour abroger cette mesure).

La liste est longue.

Et on en rajoute tous les jours. Derniers salauds en date : les salauds de malades. Classés en deux catégories : les salauds de fonctionnaires, qui n’avaient pas de jour de carence pour les indemnités journalières, c’est insupportable, on leur en colle un ; et les salauds de salariés du privé, qui n’avaient que 3 jours de carence : c’est immoral, on leur en colle un quatrième (curieusement, on en parle beaucoup moins).

Sauf que dans l’immense majorité des cas, ces mesures sont, dans le meilleur des cas, inefficaces, dans le pire, nuisibles. Prenons l’exemple des jours de carence. Le syndicat des médecins généralistes MG France, qui n’a pas la réputation d’être particulièrement subversif, vient de publier un communiqué dénonçant « des mesures contre-productives ». « Il ne faut pas oublier que lorsqu’on a mis en place ce système de remboursement des arrêts maladie, un des objectifs était de permettre aux gens de reprendre leur activité le plus vite possible », indique ce syndicat. Voici ci-dessous l’intégralité du communiqué du syndicat, repris par Libération et Le Monde, et consultable sur son site.

La Ligue des droits de l’Homme s’élève bien entendu contre ces attaques incessantes et tous azimuths contre les droits sociaux acquis de haute lutte par les classes populaires et qui, jusqu’à un passé récent, faisaient la fierté de la France.

Fraudes à la Sécurité Sociale et arrêts de travail : MG France refuse un amalgame inacceptable

Depuis quelques jours se développe un discours mélangeant fraudes et prescriptions d’arrêts de travail.
MG France refuse cet amalgame très mal vécu par les professionnels de santé.

Dans les faits :

En France, le taux d’absence au travail est un des plus faibles de l’Union Européenne.

La réglementation française est rigoureuse, la surveillance des médecins et des patients par l’Assurance Maladie est permanente.

Dans près de 90% des cas, le contrôle de l’Assurance Maladie approuve la prescription du médecin.

Quand la durée de l’arrêt de travail est l’objet d’un désaccord :

  • il s’agit le plus souvent d’un arrêt d’une durée supérieure à 3 mois.
  • ce désaccord ne porte que sur la date de reprise du travail, et non sur sa justification.
  • ce contrôle a posteriori, est subjectif, contestable, et souvent contesté par une expertise.

Tous les jours, des patients dont l’état de santé le justifie refusent un arrêt de travail pour des raisons financières ou par crainte de perdre leur emploi.

Lutter contre la fraude est une exigence partagée par les citoyens et par les professionnels de santé. Mais introduire un doute systématique sur les arrêts de travail risque de pénaliser en priorité les salariés les plus fragiles.

Les médecins généralistes ne revendiquent pas l’exclusivité de la prescription des arrêts de travail.

Mais qui d’autre voudrait s’en charger ?

Les intégrismes religieux se déchaînent

Après l’attentat criminel contre le siège de l’hebdomadaire Charlie-Hebdo, après les manifestations à Paris et à Rennes (encouragés dans cette ville par l’évêque de Vannes) contre la pièce de théâtre « Sur le concept du visage du Christ », les intégristes remontent au front. A Toulouse, de nouveau pour tenter d’empêcher que soit jouée la pièce de théâtre « Golgotha picnic », le mercredi 16 novembre, et à Grenoble, où le préfet vient d’autoriser une manifestation, qui doit avoir lieu samedi 19 novembre, contre l’interruption volontaire de grossesse. Avec cette particularité, à Grenoble, qu’il s’agit bel et bien de prières de rues, prévues devant un hôpital. Ce sont les mêmes qui s’offusquent des prières des musulmans qui ne trouvent pas de place dans les mosquées et sont contraints d’occuper l’espace public pour exercer paisiblement leur culte, et qui autorisent des militants d’extrême droite, intégristes catholiques, à troubler l’ordre public et contestant une loi votée par les élus de la république, le droit à l’IVG.

La réaction ne s’est pas faite attendre à Toulouse, où la mobilisation a permis à la pièce de théâtre d’être jouée : trois cents personnes se sont regroupées devant le théâtre dès 7h. A Grenoble, les militants « féministes, laïques, progressistes, syndicalistes, militants politique et associatifs » appellent aussi à un regroupement devant l’hôpital.

Ci-dessous, les communiqués des deux sections.

Communiqué de la section LDH Grenoble

Communiqué de presse

17/11/2011

Le préfet autorise les prières de rue !

Samedi 19 novembre, la préfecture a de nouveau autorisé les catholiques intégristes anti-IVG à faire des prières de rue devant l’hôpital public de Grenoble. Deux poids, deux mesures ?

Depuis plusieurs mois, les catholiques intégristes multiplient les actions violentes, soutenus par des mouvements d’extrême droite (destructions d’œuvres d’art à Avignon, intimidation contre une pièce de théâtre à Paris, etc.).

La plate forme IVG- contraception – information rappelle que l’Ivg est un droit acquis par les luttes féministes et demande à Monsieur le préfet d’interdire ce rassemblement qui manifestement est un trouble à l’ordre public et contrevient aux lois de la république, notamment celles définissant la laïcité.

Nous, militant-e-s féministes, laïques, progressistes, syndicalistes, militants politique et associatifs , appelons l’ensemble des grenoblois-e-s à venir massivement défendre le droit a l’Ivg et la laïcité dès 13H30 à l’arrêt tram de La Tronche Hôpital, sur le pont.

Nous n’accepterons jamais la remise en cause des lois portant sur le droit des femmes et les conquêtes sociales !

La Plateforme IVG, collectif Isérois de défense de l’avortement, de la contraception et des sexualités.

Communiqué de la section de Toulouse :

AVEC LE SOUTIEN DE LA LDH TOULOUSE

Collectif des organisations signataires de l’appel unitaire aux initiatives

des 16 et 19 novembre pour la liberté d’expression contre les intégrismes.

Ligue des Droits de l’Homme Toulouse et Colomiers-Ouest toulousain – AAEL – Aget UNEF – Attac Toulouse – Cercle Condorcet Midi Toulousain – CGT Pôle Emploi – CGT 31- Collectif Résistance à la Délation – Convergences et Alternative – COUAC – Culture en Mouvements – Europe Ecologie/Les Verts – CnR 31 – FSU 31 – Gauche Unitaire – Le Bijou – Ligue de l’Enseignement 31 – Le Bikini – Le Cri – NPA 31 – Parti de gauche – PCF – PS 31 – Solidaire 31 –– Maison de quartier de Bagatelle – Mix-Cité 31 – Music-Halle – Pyramid (Fédération régionale des structures de spectacles) –– Sud Cultures Solidaires –– Sud Etudiants – Partenia 31 – Théâtre du Grand Rond …

COMMUNIQUE DE PRESSE

UNE VICTOIRE DE LA LIBERTE DE CREATION ET D’EXPRESSION AU THEATRE GARONNE

Toulouse, le 17 novembre 2011

Pour la première de Golgota Picnic, mercredi soir 16 novembre, le libre accès au Théâtre Garonne et la liberté d’expression ont été garantis par une forte présence citoyenne qui a permis la tenue de la représentation menacée par la nébuleuse intégriste catholique, après de longues semaines de menaces et de pressions continues vis à vis de la direction du théâtre.

Ce sont 300 personnes et des représentants de nombreuses organisations et des milieux culturels toulousains qui se sont regroupés devant le théâtre dès la fin de l’après midi et ont manifesté leur refus d’une police de la pensée qui voudrait limiter la liberté de création.

En face, les masques sont tombés. Chants pétainistes, forte présence de militants du bloc identitaire signent le caractère très marqué idéologiquement à l’extrême droite du regroupement de la centaine de personnes qui ont tenté de troubler le spectacle.

Les Toulousaines et Toulousains qui ont tenu à distance les tenants de la censure, porteurs d’une idéologie dépassée et liberticide, resteront mobilisés samedi 19 novembre à 18h en se réunissant devant le théâtre pour former une chaine de solidarité avec les créateurs et le acteurs culturels entre le Théâtre Garonne et le Musée des Abattoirs.

Appel à mobilisation

Nous appelons les citoyennes et les citoyens, les organisations voulant défendre la liberté d’expression à se joindre à la chaîne de solidarité qui sera organisée samedi 19 novembre à partir de 18h, du Théâtre Garonne au Musée des Abattoirs, passant par l’avenue du Château d’eau.

Il faut sauver Hank Skinner

Hank Skinner et son épouse Sandrine Ageorges.

Une pétition est en ligne pour demander à la justice texane d’accéder à la demande d’Hank Skinner de procéder à des analyses ADN sur les pièces à conviction de son dossier. L’exécution d’Hank Skinner est prévue mercredi 9 novembre : il y a urgence. La pétition se trouve ici.

En lien, une interview de son épouse, Sandrine Ageorges, par le journal Le Monde.

Ci-dessous, la traduction du texte de la pétition :

Chère Madame Switzer,

Nous, soussignés, vous demandons d’agir dans l’intérêt de la justice en accordant des tests ADN à Hank Skinner.

Il n’y a aucunes raisons valables de s’opposer à des tests scientifiques qui peuvent enfin établir la vérité.

La défense a proposé de prendre à sa charge le coût des tests. En revanche, l’État du Texas a imposé depuis dix ans à ses contribuables les frais de procédures judiciaires pour s’opposer à ces tests.

En tant que Procureur du district, votre responsabilité est de respecter la loi, de rechercher la vérité et de rendre justice pour toutes les parties en cause. Cela inclut non seulement M. Skinner, dont la vie est en jeu, mais aussi la famille de la victime qui a droit à la vérité.

En dépit de la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis, accordant à M. Skinner le droit de poursuivre ses recours au civil afin d’obtenir le droit d’effectuer des tests ADN, l’État du Texas a programmé son exécution pour le 9 novembre 2011.

Au nom de la justice, nous vous demandons d’autoriser l’analyse ADN des scellés avant qu’il ne soit trop tard !

Respectueusement vôtre,

Intégrismes religieux : la Ligue des droits de l’Homme se mobilise

Face aux attaques insupportables des intégrismes religieux, islamistes ou christianistes, la Ligue des droits de l’Homme appelle à participer au rassemblement prévu dimanche 6 novembre à Paris, et publie, avec d’autres associations, organisations et partis politiques, le communiqué suivant :

Attachés à la démocratie, à la laïcité et au vivre ensemble, nous disons « non » aux intégrismes religieux

Ces dernières semaines ont été marquées par une offensive des extrémismes religieux dans notre pays. Depuis le 20 octobre, le Théâtre de la Ville à Paris a ainsi vu les représentations d’une pièce de l’Italien Roméo Castellucci (« Sur le concept du visage du fils de Dieu ») être fortement perturbées par des manifestations appelées par la mouvance catholique intégriste qui jugeait cette pièce blasphématoire. Les associations à la manœuvre (Civitas, l’AGRIF,… qui appartiennent à l’extrême droite traditionnelle) essaient de poursuivre cette offensive en suscitant ou en proférant des menaces à l’encontre d’une pièce qui sera prochainement donnée au Théâtre Garonne à Toulouse (« Golgota Picnic » de l’Argentin Rodrigo Garcia). Volontiers matinées d’antisémitisme et de haine des étrangers, les manifestations, déclarations et menaces qui se sont succédé sont des attaques contre le vivre ensemble auquel nous sommes attachés.

Ces derniers jours, la sortie du numéro de Charlie Hebdo en date du 2 novembre, représentant Mahomet et rebaptisé « Charia Hebdo », a été l’occasion de nouveaux appels à la haine et à la violence (site du journal hacké par des réseaux vraisemblablement islamistes, messages de menaces en cascade visant à remettre en cause le droit au blasphème,…). Ce 2 novembre, l’incendie criminel des locaux de Charlie Hebdo montrent qu’un palier a été franchi. Cet acte, qui n’est pas sans rappeler les sinistres autodafés, vise à faire taire un hebdomadaire au ton incisif et provocateur, c’est-à-dire une presse dont on connaît l’importance pour la vitalité de la démocratie. Qu’il soit le fait de personnes mues par une vision islamiste de la société ou qu’il relève d’une provocation de l’extrême droite, cet acte renvoie à une certitude : leurs auteurs sont, à l’instar des catholiques intégristes, des ennemis du vivre ensemble puisque l’effet, sinon le but, de leur acte favorise les tensions entre les citoyens, appelés à rejoindre, chacun avec sa religion en bandoulière, le camp de la haine, de l’intolérance et de la stigmatisation.

Les intégrismes religieux ont montré avec éclat ces dernières semaines à quel point ils étaient les ennemis de trois combats qui sont les nôtres :

  • Le combat pour la démocratie, cette dernière étant indissociable du droit absolu au blasphème, c’est-à-dire le droit de critiquer les dogmes sacrés. Si ces dogmes devaient régler la vie sociale, l’espace de la libre discussion démocratique serait en effet tout bonnement impossible.
  • Le combat pour la laïcité qui ne peut se marier avec le partage de l’espace public entre les différents dogmes et qui, au contraire, nécessite le refus de voir les religions être manipulées à des fins politiques.
  • Le combat pour le vivre ensemble, incompatible avec les combats visant à intimer à chacun le devoir et l’ordre de rejoindre des communautés religieuses fermées et vivant de la haine de la religion ou de l’athéisme de l’autre.

Bien loin de nous intimider ou de nous faire vaciller sur nos convictions, les actes de ces dernières semaines ne font que renforcer notre détermination à poursuivre avec force et ténacité ces  trois combats essentiels dans notre République.

Nous appelons tous les citoyens attachés comme nous à la démocratie, à la laïcité et au vivre ensemble à se rassembler ce dimanche 6 novembre à 15h00 sur le Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.

Premier signataires : LDH et  SOS Racisme la CGT, la FSU, l’Unsa Educ, la FIDL, la Confédération Etudiante, Cap 21, le PCF, le PG, le MRAP, les JRG, NPNS, l’UEJF

La confédération nationale du logement perd son agrément

Nouvelle attaque du gouvernement contre les locataires modestes : la confédération nationale du logement, association de défense des locataires, vient de perdre son agrément en tant que « association de consommateurs », et avec lui, la subvention qu’elle recevait, à ce titre. Cette décision politique arrive quelques jours après les déclarations de Laurent Wauquiez, qui souhaite réserver les logements HLM aux travailleurs. Cette fois, c’est un autre ministre qui est à la barre : le délicieux Frédéric Lefebvre, secrétaire d’État au commerce, artisanat, PME, tourisme et consommation. Lire aussi ici.

La Ligue des droits de l’Homme vient de publier un communiqué qui dénonce cette nouvelle attaque contre le logement social :

La Ligue des droits de l’Homme proteste contre le sort fait  à la Confédération nationale du logement

Le gouvernement vient de prendre des décisions graves à l’encontre de la CNL, association de défense de locataires : la suppression de l’agrément « d’association de consommateurs » et l’annulation de la subvention d’Etat qui lui était allouée. Ces mesures sont graves, tant sur le fond que sur la méthode employée.

Sur le fond, la CNL se voit désormais dans l’impossibilité d’assurer la défense en justice des locataires. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour tous ceux qui entendent bafouer les droits des locataires. Au même moment, Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur, après s’être illustré dans sa précédente fonction dans la dénonciation des « assistés sociaux », récidive en déclarant que les logements sociaux doivent être « réservés à ceux qui travaillent ». Ainsi contextualisée, la coercition subie par la CNL prend sa véritable dimension, extrêmement inquiétante : ce qui est visé, c’est le caractère collectif et solidaire de l’activité associative.

Sur la forme, la méthode suivie, les prétextes avancés – par exemple, l’organisation n’aurait pas les 10 000 membres cotisants indispensables, alors qu’elle en compte 70 000 – confirment la subordination que le gouvernement entend imposer aux organisations de la société civile. L’agression contre le logement social s’inscrit de fait dans une attaque beaucoup plus large contre la démocratie et le dialogue civil.

La Ligue des droits de l’Homme demande instamment au gouvernement de revenir sur sa décision et soutient la CNL dans la demande de renouvellement de son agrément.

Philippe Bilger à Saint-Malo vendredi 4 novembre

La section de Saint-Malo vous invite à une conférence – débat autour du thème : « Une justice politique ? »

Avec Philippe Bilger

Avocat général honoraire près la Cour d’appel de Paris

vendredi  4 novembre 2011 à  20 heures

Maison des Associations

35 rue Ernest Renan  Saint-Malo

Entrée libre et gratuite

Voir le blog de Philippe Bilger.

Paul Rousseau à l’honneur aux cérémonies de Clichy

Paul Rousseau reçoit la médaille du mérite national du gouvernement algérien des mains de Halim Benatallah, secrétaire d'Etat (photo : blog de Gilles Catoire, maire de Clichy)

Paul Rousseau, cet ancien policier qui a été un des premiers à dénoncer le massacre des Algériens le 17 octobre 1961, était invité aux cérémonies commémoratives de cet événement à Clichy, lundi 17. Il y a reçu la médaille d’honneur de la Ville de Clichy, des mains de son lmaire, Gilles Catoire. Il a également  reçu la médaille de l’ordre du mérite national algérien, qui lui a été remise par Halim Benatallah, secrétaire d’État algérien chargé de la Communauté nationale à l’étranger. En remettant cette médaille à Paul Rousseau, Halim Benatallah a déclaré : « M. Paul Rousseau reçoit la médaille du mérite du gouvernement algérien en reconnaissance du rôle qu’il a assumé. Il figure parmi les héros anonymes de l’époque qui ont soutenu la communauté algérienne et le combat pour l’indépendance du pays. Son rôle a été éminemment important, nous lui reconnaissons un courage exceptionnel » (source : blog de Gilles Catoire, maire de Clichy).

Le quotidien national algérien « Liberté » relate la cérémonie.

Rappelons que Paul Rousseau a présidé la section de la Ligue des droits de l’Homme de Concarneau pendant de longues années. Vous pouvez voir ci-dessous son intervention au cours de la conférence de Michel Tubiana, à Quimperlé, le 14 octobre dernier.

httpv://www.youtube.com/watch?v=Rs3qlIwvQ8o

Débat entre P. Tartakawsky et A. Klasfeld

Pierre Tartakowsky est intervenu samedi 15 octobre dans l’émission de Paul Amar « Revu et corrigé », face à Arno Klarsfeld, au sujet des critères de naturalisation (obligation de réussir une épreuve de langue française pour les candidats à la naturalisation).

Vous pouvez voir cette émission sur le site de la 5,(aller à 57’20 ») à cette adresse :

Débat Tartakowsky Klarsfeld

Elections en Tunisie : Kamel Jendoubi président de l’ISIE

Kamel Jendoubi, président du Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme a été nommé président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) en Tunisie.

Les Ligueurs français connaissent bien Kamel Jendoubi : il est venu témoigner au congrès de Reims, le 12 juin dernier, en compagnie de nombreux autres défenseurs des droits des cinq continents.

Le fait que le gouvernement provisoire tunisien lui ait confié la présidence de cet organisme prouve la volonté de faire en sorte que ces élections se déroulent dans la légalité.

Voici quelques éléments de sa biographie (source : site de la Ligue des droits de l’Homme), et plus bas, la vidéo de son intervention au congrès de Reims.

Empêché par les autorités tunisiennes de fouler le sol de sa terre natale depuis 1994 du fait de ses activités de défense des droits humains, M. Jendoubi a été arbitrairement privé de son passeport tunisien depuis 2000. En 2005, il n’avait pas été autorisé à assister aux funérailles de son père.

Kamel Jendoubi a également été ces dernières années la cible de menaces et d’attaques de toutes sortes de la part des autorités tunisiennes, et notamment de violentes campagnes de diffamation dans les organes de presse contrôlés par le parti présidentiel.

M. Jendoubi a porté inlassablement les aspirations de la société tunisienne à la justice sociale et à des réformes démocratique auprès des instances internationales et de l’opinion publique. Depuis la répression du mouvement de contestation pacifique du bassin minier de Gafsa-Redeyef en 2008, qui préfigurait le mouvement initié en décembre 2010 à Sidi Bouzid, il ne cessait de rappeler que « Le dossier du bassin minier n’est pas clôt ».

Kamel Jendoubi est président du REMDH depuis 2003. Membre fondateur de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) et du CRLDHT -dont il est l’actuel président- Kamel Jendoubi est également membre du conseil exécutif de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), président de l’Institut du Caire pour les Etudes des droits de l’Homme (CIHRS) et membre du bureau de la Fondation Euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme (FEMDH).

L’intervention de Kamel Jendoubi au congrès de Reims (il est intervenu après Pierre Barge, président de l’Association Européenne des droits de l’Homme (AEDH) et avant Souhaïr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) :

httpv://www.youtube.com/watch?v=TC0z2Ifsloc

Libérez Leonard Peltier !

Ceci a été la première décision prise par Pierre Tartakowsky après son élection à la présidence de la Ligue des droits de l’Homme, au congrès de Reims, le 13 juin 2011 : écrire au Président Obama pour lui demander de libérer Leonard Peltier, le plus ancien prisonnier politique du monde, emprisonné aux Etats-Unis. Accusé du meurtre de policiers, en 1975, il a été condamné à la prison à vie en 1977, n’échappant à la peine de mort que grâce au moratoire qui était en vigueur à ce moment-là aux Etats-Unis.

Pendant le congrès de Reims, l’avocat de Leonard Peltier, Robert Bryan, et l’acteur George Agguilar, qui, comme Peltier, est un « Native American », sont venus témoigner (voir la vidéo ici) en faveur du prisonnier dont l’innocence ne fait aujourd’hui plus aucun doute.

Ci-dessous, voici la lettre ouverte adressée par la Ligue des droits de l’Homme à Barak Obama.

Lettre ouverte de la LDH à Barack Obama, président des Etats-Unis d’Amérique

Monsieur le Président,

Lors de son 86e congrès, la Ligue des droits de l’Homme française, qui est la plus ancienne organisation de défense des droits de l’Homme au monde, a décidé de vous écrire au sujet du cas du plus ancien prisonnier politique du monde, M. Leonard Peltier.

Comme vous le savez certainement, M. Peltier est l’un des membres fondateurs de l’American Indian Movement (AIM), qui lutte pour les droits des Native Americans en s’inspirant du mouvement des droits civiques des années 1960.

M. Peltier a été une première fois accusé d’agression contre des agents du FBI en novembre 1972 et emprisonné pendant cinq mois… puis acquitté car il a été prouvé que l’affaire avait été montée de toutes pièces par le FBI, qui considérait l’AIM comme une organisation « subersive », pour le compromettre.

M. Peltier a été condamné à la prison à vie en 1977 à Fargo (North Dakota) pour le meurtre de deux agents fédéraux en juin 1975 à Pine Ridge, meurtre qu’il a toujours nié. Les conditions de ce procès n’ont pas été équitables : le juge a déclaré irrecevables tous les témoignages de la défense et a admis de faux témoignages d’agents fédéraux, qui prétendaient avoir identifié M. Peltier alors qu’il a été formellement démontré qu’ils ne le pouvaient pas depuis le lieu où ils se trouvaient. Ce jugement a été une première fois confirmé en appel mais, en 1981, sur la base de nouveaux éléments, un nouveau procès en appel a permis d’établir par un rapport balistique que le fusil ayant servi à accuser M. Peltier ne pouvait être l’arme du crime. Le 22 septembre 1986, la cour d’appel en a conclu que le rapport balistique produit au premier procès était « suspect » et que la nouvelle preuve « aurait pu changer le verdict du premier procès »… mais elle a confirmé la sentence !

En 1995, alors que M. Peltier était défendu par l’ancien attorney général Ramsay Clark, le procureur Lynn Crook a admis dans une nouvelle audience qu’« aucune preuve n’existe contre Leonard Peltier », a déclaré que le gouvernement ne l’avait « jamais réellement accusé de meurtre direct » (ce pour quoi il a été condamné en 1977) et qu’en cas de nouveau procès « la justice ne pourrait pas le recondamner ». Mais le Conseil de liberté conditionnelle a refusé de le libérer pour la seule raison qu’il continuait à se dire innocent… ce qui allait à l’encontre de la décision de justice initiale.

En 1996, le président William Jefferson Clinton affirma : « Je n’oublierai pas Leonard ». Mais il ne répondit pas à la demande de grâce en 2000, le dernier jour de son mandat présidentiel… Il y a aujourd’hui plus de 35 ans que M. Peltier est en prison. Il a été formellement établi qu’il ne peut être l’auteur du meurtre pour lequel il a été condamné. Il est évident pour tout observateur de bonne foi qu’il a été accusé uniquement en raison de son engagement pour les droits des Native Americans et de son activité militante.

Les USA détiennent ainsi le plus ancien prisonnier politique du monde, victime d’une insupportable erreur judiciaire et du refus systématique de la réparer, soit par mépris de la justice, soit par lâcheté politique.

La Ligue des droits de l’Homme française, qui a été fondée en 1898 à cause de l’affaire Dreyfus dans laquelle déjà un innocent avait été condamné pour des raisons insupportables et discriminatoires, vous demande aujourd’hui, Monsieur le Président, de mettre fin à cette situation qui est en opposition totale avec les valeurs et les principes que vous proclamez depuis le début de votre carrière politique. Elle vous demande de faire immédiatement libérer M. Peltier, dont la vie a été brisée par l’injustice et la discrimination et qui subit, depuis plus d’un tiers de siècle, une forme de mort lente dans les prisons de votre pays.

Vous comprendrez que, par respect pour la lutte des peuples de Native Americans et des militants qui défendent leurs droits, nous rendions publique cette lettre.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma haute considération.

Pierre Tartakowsky Président de la LDH

Paris, le 26 septembre 2011