Gens du voyage à Loudéac : la LDH condamne les propos du maire

De gauche à droite, Nadia Doghramadjian, Jean-Yves Varin et Gérard Le Ny,.

La section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme accueillait, ce samedi 14 décembre, l’assemblée générale du comité régional de la Ligue des droits de l’Homme. L’assemblée générale a été scandalisée par les propos tenus par le maire de Loudéac le 14 novembre dernier en conseil municipal au sujet des gens du voyage. Une délagation s’est rendue sur place, et un communiqué, reproduit ci-dessous,  a été transmis aux quotidiens Ouest-France et Le Télégramme.

La ligue des droits de l’Homme condamne les propos du maire de Loudéac au sujet de gens du voyage

Le comité régional de la Ligue des droits de l’Homme dénonce les propos scandaleux tenus par le maire de Loudéac au sujet des gens du voyage lors la réunion du conseil municipal du 14 novembre dernier. Pour Gérard Le Ny, délégué régional, Jean-Yves Varin, responsable du groupe de travail sur les gens du voyage, et Nadia Doghramadjian, membre du bureau national de la Ligue  et responsable du groupe de travail sur les discriminations et le racisme, « ces propos sont un véritable appel à la haine » : comparaison indigne des sépultures des gens du voyage avec le cimetière des chiens d’Aubervilliers, accusations de vandalisme et de vol sans aucun fondement… ces propos, indignes d’un élu de la République, visent à dresser une partie de la population contre une autre. Une délégation du comité régional s’est rendue sur place, et a pu constater l’état lamentable dans lequel se trouve cette aire, état qui manifestement ne date pas d’hier. Si les prises électriques ont été changées, l’ampérage de l’installation est toujours insuffisant et les coupures électriques fréquentes ; le bloc sanitaire est une véritable infection. Le comité régional de la LDH rappelle que les gens du voyage sont des citoyens à part entière, qui méritent autant de respect que n’importe quels autres.

Une délégation du comité régional de la Ligue des droits de l’Homme s’est rendue sur l’aire d’accueil des gens

Journée d’hommage à Victor et Ilona Basch le 10 janvier à Rennes (35)

La section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes présente une particularité : elle a été la première section créée en province. Et une deuxième : elle a été créée par Victor Basch, figure emblématique de la lutte pour la reconnaissance de l’innocence d’Alfred Dreyfus, et qui devint, en 1926 et jusqu’à son assassinat par la milice le 10 janvier 1944, président national de la Ligue de droits de l’Homme.

Pour André Hélard, membre de la section de Rennes et qui a beaucoup travaillé et écrit sur son histoire et celle de Victor Basch, une autre singularité réside dans le fait que  cette histoire est particulièrement bien documentée. Il raconte avec humour qu’une des raisons de la richesse des archives concernant cette section est qu’elle était suivie par un « indicateur » particulièrement zélé et méticuleux, qui notait jusque dans les moindres détails ce qui se disait, se discutait et se décidait dans les réunions.

Autre raison de cette richesse : que Victor Basch a eu la lourde charge d’organiser l’accueil des Dreyfusards à Rennes pendant le deuxième procès du capitaine, et a donc beaucoup écrit aux responsables parisiens de la Ligue des droits de l’Homme, aux hommes politiques, et à son épouse lorsqu’elle était absente. Et cette correspondance est évidemment une mine pour l’historien.

Pas étonnant donc que pendant la journée du 10 janvier 2014, que la section de Rennes va consacrer à un hommage à Victor Basch, les historiens vont se bousculer au lycée qui porte aujourd’hui son nom : il s’agit du jour anniversaire de l’assassinat du couple Victor et son épouse Ilona par la milice. Le programme de la journée est particulièrement riche. L’hommage ne sera pas confié aux seuls historiens : des personnalités politiques y participeront également, ainsi que le président de la Ligue des droits de l’Homme, Pierre Tartakowsky.

Retenez donc tout de suite la date, de cet événement exceptionnel !

Le programme de la journée, qui aura lieu au lycée Victor-et-Hélène-Basch, 15 rue Charles-Tillon à Rennes (35)

Vendredi 10 janvier 2014

Journée d’hommage à Victor et Ilona Basch

 Présidée par leur petite-fille

Madame Françoise Basch,

9h00 – 10h00   Accueil du public et discours d’ouverture

10h00- 13h00 :

  • À  Rennes au temps de l’affaire Dreyfus, par André Hélard, auteur de L’Honneur d’une ville, la naissance de la section rennaise de la Ligue des droits de l’homme.
  • Ilona Fürth, MADAME Victor Basch, par Colette Cosnier, maître de conférences en littérature comparée, Université du Maine.
  • « Ligueur, rien que Ligueur, depuis toujours et pour toujours » : Victor Basch, président de la Ligue des droits de l’homme, 1926-1944, par Emmanuel Naquet, Centre d’histoire de Sciences Po-Paris, co-responsable du groupe de travail « Mémoires, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’homme
  • L’Assassinat, par Pascal Ory, Professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne-Paris 1.

14h00 Dévoilement de la plaque en hommage à Victor et Ilona Basch

 

14h30 – 18h00 :

  • Victor Basch, dreyfusard de combat (2006), film de Vincent Lowy, Université de Lorraine, directeur de l’Institut européen du Cinéma et de l’Audiovisuel
  • Victor Basch – un engagement citoyen, par Edmond Hervé, ancien ministre, sénateur, maire de Rennes de 1977 à 2008
  • Table ronde, animée par Gilles Manceron, historien, co-responsable du groupe de travail « Mémoires, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’homme :
  • Victor Basch, modèle pour un engagement d’aujourd’hui ? Avec Edmond Hervé, Pierre Tartakowsky, Pascal Ory, Emmanuel Naquet et Vincent Lowy 
  • Conclusion de la journée : Militer hier, aujourd’hui ? Par Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’homme

 

 Des textes de Victor Basch lus par les élèves du lycée et des auditions d’archives sonores ponctueront la journée

 

Il faut rendre hommage à Ilona et Victor Basch, assassinés par la milice le 10 janvier 1944

Crédit photographique : © Photo RAP/ Roger Viollet.

Fondateur de la section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme pendant l’affaire Dreyfus (André Hélard, spécialiste de l’affaire Dreyfus, évoque son rôle éminent dans une vidéo mise en ligne ici), président de la Ligue des droits de l’Homme de 1926 jusqu’à son assassinat par la milice en 1944, Victor Basch est une des grandes figures non seulement de la Ligue des droits de l’Homme, mais simplement de l’Histoire de France. En dehors de son attachement indéflectible à la Ligue, Victor Basch a joué un rôle majeur pendant le Front populaire et dans la Résistance, notamment en tant que membre du comité directeur du Front national pour la zone sud (à ne pas confondre avec le groupe d’extrême droite qui en a volé le nom).

Consultée par la mission de réflexion sur le Panthéon, chargée de proposer des noms de personnes méritant de reposer dans la nécropole nationale, la Ligue des droits de l’Homme a proposé les noms de Victor Basch et de son épouse Ilona, assassinés par la milice le 10 janvier 1944. Le 10 janvier 2014 sera l’occasion pour la section de Rennes de la LDH d’honnorer son fondateur, en collaboration avec le lycée Victor Basch et  du conseil régional de Bretagne. Plusieurs historiens et personnalités politiques interviendront pendant cette journée dont nous vous détaillerons le programme prochainement. Les sections LDH de Montrouge (92) et Villeurbanne (69) s’associeront à cet hommage, et cosignent avec la section de Rennes un appel en faveur de la proposition de la Ligue des droits de l’Homme de faire entrer au Panthéon le couple Victor et Ilona Basch. Voici, ci-dessous, l’appel commun qu’elles lancent.

Victor Basch, 70 ans après son assassinat

Ancien président de la Ligue des droits de l’Homme, Victor Basch est assassiné avec son épouse Ilona, le 10 janvier 1944 près de Lyon par la milice française et la Gestapo. Des commémorations sont d’ores et déjà programmées à Rennes (35), à Villeurbanne (69) et à Montrouge (92) en l’honneur de cet homme d’action, fervent dreyfusard, militant acharné de la défense du droit et de la justice.

La Ligue des droits de l’Homme et du citoyen, tout en appuyant récemment l’entrée simultanée de plusieurs femmes au Panthéon, estimait également « que le rôle de Victor Basch mérite lui aussi d’être honoré par la République et que celui-ci pourrait, avec sa femme Ilona, être inhumé dans le haut lieu de la République que constitue le Panthéon ».

C’est à Rennes, à l’occasion de l’affaire Dreyfus, que débute l’engagement politique de Victor Basch. Ce combat l’amène à faire partie dès juin 1898 des premiers adhérents de la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen dont il assurera la présidence de 1926 jusqu’à sa mort, et à jouer un rôle essentiel dans la fondation de la section de Rennes, une des premières à voir le jour. En sa mémoire, la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes organisera le vendredi 10 janvier 2014 une journée d’hommage sur le thème « Militer hier et aujourd’hui » avec la participation d’historiens et de responsables associatifs et politiques.

L’engagement militant de Victor Basch l’amène à être également un acteur important du Front populaire. C’est ainsi qu’il préside à Montrouge, le 14 juillet 1935, au vélodrome Buffalo, les « Assises de la paix et de la liberté », évènement fondateur du Front populaire et de ses avancées sociales. La section de la Ligue des droits de l’Homme de Montrouge dévoilera une plaque rappelant cet événement, le mercredi 16 avril 2014, rue Victor Basch à Montrouge.

Réfugié pendant la guerre, avec son épouse Ilona, à Caluire-et-Cuire (69), Victor Basch devient membre du comité directeur du mouvement de résistance Front national pour la zone sud. Arrêtés tous les deux le 10 janvier 1944 par la milice française et la Gestapo, ils sont assassinés à Neyron (01) et sont inhumés à la Nécropole nationale de la Doua, à Villeurbanne (69). La Fédération de la Ligue des droits de l’Homme du Rhône invitera à se recueillir sur leur tombe le vendredi 10 janvier 2014 et proposera une projection-débat autour du film documentaire « Victor Basch, dreyfusard de combat ».

Le 10 janvier 2014, cela fera 70 ans que Victor Basch fut tué, avec son épouse Ilona, pour ses engagements et du fait de ses origines. Les assassins déposèrent sur leurs corps l’inscription « Terreur contre terreur : le juif paye toujours ». Alors qu’en France les propos racistes se multiplient, les diverses commémorations qui se dérouleront autour de l’action militante et de l’assassinat de Victor Basch appuieront la volonté de la Ligue des droits de l’Homme de dénoncer sans relâche et sans complaisance les incitations actuelles à la haine et de refuser que la brutalité verbale toujours annonciatrice de passages à l’acte dramatiques envahisse l’espace démocratique.

 

L’Affaire Dreyfus et la Ligue des droits de l’Homme : quatre vidéos

André Hélard à gauche, et Emmanuel Naquet.

L’histoire de la Ligue des droits de l’Homme est indissociable de celle de l’affaire Dreyfus, puisque c’est « l’affaire » qui a suscité la création de la Ligue. C’était le thème de la journée de formation organisée par le comité régional Bretagne de la Ligue, samedi 7 décembre à Rennes.

Cette formation, animée par André Hélard, de la section rennaise de la LDH et spécialiste de l’affaire Dreyfus, et Emmanuel Naquet, historien et auteur de plusieurs ouvrages sur l’affaire Dreyfus, s’est déroulée en quatre modules, dont vous pouvez voir ci-dessous les captations vidéo.

1er volet, l’Affaire Dreyfus, par André Hélard.

httpv://youtu.be/1761peHnOho

2ème volet, la création de la Ligue des droits de l’Homme et l’affaire Dreyfus, par Emmanuel Naquet.

httpv://youtu.be/0K1LaMYOg6Q

3ème volet, la naissance de la section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme, par André Hélard.

httpv://youtu.be/DYE2Cs53S6Q

4ème volet, l’histoire de la Ligue des droits de l’Homme, depuis 1906, par Emmanuel Naquet.

httpv://youtu.be/lnTPEtXzEho

 

Vidéo : l’affaire Dreyfus, par André Hélard

André Hélard, à gauche, en compagnie d'Emmanuel Naquet.

Décidément, les conservateurs conservent… Ils conservent même leurs arguments, y compris les plus stupides et les plus odieux ; et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne se renouvellent pas beaucoup ! Remplacez Juifs par Rroms, étrangers, immigrés, manouches… et vous retrouvez en 2013 strictement les mêmes slogangs  racistes et xénophobes qu’à la fin du XIXème siècle, pendant l’affaire Dreyfus. Pendant l’exposé d’André Hélard, de la section LDH de Rennes, et spécialiste de l’affaire Dreyfus, on avait devant les yeux les pitoyables aboyeurs de la « manif pour tous »…

Cet exposé d’André Hélard sur l’affaire Dreyfus faisait partie d’une journée de formation organisée par le comité régional Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme à la MJC du Grand-Cordel, à Rennes. Une formation sur l’histoire de la Ligue des droits de l’Homme, qui a permis d’entendre successivement :

  • André Hélard, l’affaire Dreyfus ;
  • Emmanuel Naquet, historien, l’affaire Dreyfus et la création de la Ligue de droits de l’Homme ;
  • André Hélard, la naissance de la section LDH de Rennes
  • Emmanuel Naquet, histoire de la Ligue des droits de l’Homme depuis 1906.

Les captations vidéo de ces 4 modules vont être mis en ligne dans les heures qui viennent. Elles ont été tournée en « full HD », vous pouvez demander à votre lecture de passer en 1080 points, ce qu’il ne fait pas par défaut.

Cliquer sur la vignette ci-dessous pour lire la vidéo.

httpv://youtu.be/1761peHnOho

Sandalisé par les propos du maire de Loudéac, le délégué général de l’association des Gens du voyage catholiques lui écrit

L’hebdomadaire Le Courrier indépendant a consacré une page de son édition du 22 novembre 2013 à l’aire d’accueil des Gens du voyage, après les propos scandaleux tenus par le maire de Loudéac (22). Propos qu’on peut vérifier sur la captation vidéo du conseil municipal mise en ligne sur le site de la mairie (séquence 5, à partir de 6’50’’ et début de la séquence 7). L’élu n’a en effet notamment pas hésité à faire le parallèle entre le cimetière pour chiens d’Aubervilliers et les monuments funéraires fréquemment érigés par les familles de Voyageurs, pour qui le culte des morts a une grande importance.

Dans l’édition du 29 novembre du Courrier indépendant, un Voyageur a réagi, par un courrier publié par le journal et dans lequel il précise : « je ne suis pas un voleur », rappelant par exemple que lorsque la robinetterie de l’aire de Cojean a été dérobée, les Gens du voyage n’étaient pas là, puisque l’aire était « en fermeture administrative ».

Marc Béziat, délégué général de l’Association catholique des Gens du voyage a, comme beaucoup d’autres, été profondément choqué par ces propos, et a écrit au maire et aux conseillers municipaux pour leur donner son sentiment. Il nous a autorisés à publier sa lettre, qui est par ailleurs publiée dans le Courrier indépendant ce vendredi 6 décembre. Nous la reproduisons ci-dessous.

À l’attention des membres du Conseil municipal

Monsieur le Maire,

Mesdames, Messieurs,

L’hebdomadaire « Le Courrier indépendant » du 22 novembre 2013 relate les débats du dernier Conseil municipal de Loudéac du 14 novembre. Nous en avons été alertés par notre fonction de vigilance, exercée sur les médias via Internet, afin de nous tenir informés des questions qui relèvent de notre objet statutaire. En page 8 de l’édition citée, il est relaté avec maints détails les propos des uns et des autres concernant le projet social à mettre en œuvre sur l’aire d’accueil de la commune. C’est donc avec un certain effarement, et sans angélisme, que nous avons pu lire « qu’il faut qu’ils nous respectent », parlant des Gens du voyage comme une entité une et indivisible, alors que rien dans ce qui nous est donné à lire ne laisse percer la moindre once de respect à qui que ce soit !

Nous entendons bien, sans les cautionner pour autant, les dégradations répétées sur cet équipement public dont les réparations coûtent toujours trop cher aux contribuables. Cela dénote plutôt à notre sens de la gestion déficiente, jamais revisitée au vu de l’expérience, d’un site dont la population est a priori à la fois globalement mal considérée par les édiles de la ville, mais aussi regardé comme un lieu de relégation « hors la ville ». Est-ce finalement un hasard, renseignement pris, si les aides à la gestion de l’aire ont été suspendues par l’autorité publique?

Dans un encadré de cette même page, toujours consacrée au débat de projet social sur l’aire d’accueil du Conseil municipal, une anecdote intemporelle (« l’autre jour ») relate le refus du « on » municipal (qui ?) à un projet de monument funéraire d’une famille dans le cimetière. Moquant le projet dans l’irrespect évident de la famille requérante – une connaissance des valeurs attachées aux morts et à leur mémoire chez les Gens du voyage aurait sans doute évité de digresser sur ce thème – le propos reflète l’aversion ressentie par son auteur tant il ne peut la dissimuler. Consultés par la famille, nous l’aurions sans doute incitée à exercer un recours contre une telle décision si mal motivée que par la « vocation » du cimetière communal qui serait contrariée (sic !).

Et quid du projet social à proprement parlé pour accompagner des familles sur un lieu de vie et d’habitat qui ne vaudrait pas la dépense évoquée par la Préfecture pour une remise aux normes ? Vous savez bien entendu desquelles il est question ? Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s’agit des normes de décence dévolues à un lieu d’habitat. L’aveu est implicite que l’aire n’est plus aux normes. Comment imaginer que des sanitaires, collectifs de surcroit et non entretenus au vu des photos publiées, puissent satisfaire aux exigences du respect de l’intimité d’une vie familiale ? Comment attendre alors de quiconque le devoir de respect alors que « rien n’a été fait depuis 25 ans », dit un usager, pour un cadre de vie plus digne ?

Nous pourrions poursuivre et peser les termes et le ton usités pendant cette dernière séance du Conseil… Entre humour douteux, ironie et invectives à ceux qui ne pensent pas comme le maitre de céans, la posture adoptée porte une étiquette : celle du mépris. Et nous ne pensons pas que le mépris fasse partie des valeurs de la République auxquelles un mandat d’élu est attaché.

Bien à vous.

Monsieur Marc BEZIAT, le Délégué Général de l’ANGVC 

V. Rébérioux : « halte au racisme ! halte à l’ethnicisation du débat public ! »

Un problème technique dans l’éditeur de texte du site a fait que cet article est paru dans un corps de caractère miniscule, et que le texte dépassait largement l’espace qui lui est réservé sur la page, rendant la lecture très difficile sinon impossible. Les choses sont rentrées dans l’ordre : nou publions donc cet article à nouveau, dans une version plus lisible.

L’opération « marchons contre le racisme » du samedi 30 novembre a mobilisé plus de cent villes à travers le pays. Dans chaque ville, la Ligue des droits de l’Homme figurait en bonne place. A Paris, place de la Bastille, c’est Vincent Rébérioux, historien et vice-président de la Ligue des droits de l’Homme, qui a conclu la manifestation par deux mots d’ordre : halte au racisme, halt e à l’ethnicisation du débat public.

La Ligue appelle par ailleurs à répondre aux prochains rendez-vous :

• « Rassemblement unitaire pour transmettre le message des marcheurs d’il y a trente ans et continuer à mener le combat qui fut le leur », mardi 3 décembre, à 18h30, à Paris, devant la gare Montparnasse (là où est arrivée la Marche de 1983). Premiers signataires : Ligue des droits de l’Homme, Collectif ACLefeu, association Au Nom de la Mémoire ;

• manifestation nationale contre le racisme et pour l’égalité des droits, samedi 7 décembre, à Paris, à 14h, au départ du square Saïd Bouziri, devant l’église Saint-Bernard (métro Barbès) à l’appel du collectif national « Egalité des droits – Justice pour tous » (dont la LDH est membre) ;

• et également le mercredi 18 décembre, à Paris, à 18h, du métro Belleville à République, pour une manifestation pour la Journée internationale de défense des droits des travailleuses et travailleurs migrants et de leurs familles à l’appel d’Uni(e)s contre une immigration jetable – Ucij (dont la LDH est membre).

Ci-dessous, le texte de l’intervention de Vincent Rébérioux à l’issue de la marche parisienne.

Halte au racisme, halte à l’ethnicisation du débat public

Intervention de la LDH à la fin de la marche contre le racisme, samedi 30 novembre à Paris, place de la Bastille, par Vincent Rébérioux

Cette journée était nécessaire, elle était utile. Le défi a été relevé. Dans plus d’une centaine de villes, des manifestations se sont tenues, très largement unitaires, pour dire « halte au racisme, halte à l’ethnicisation du débat public ».

Depuis plusieurs mois, les provocations se succèdent, les stigmatisations verbales sont suivies d’effets, des populations entières se voient désignées comme responsables des maux qui accablent la France.

Les insultes dont la ministre de la Justice, garde des Sceaux, Christiane Taubira a été la cible, s’inscrivent dans ce contexte nauséabond où chacune, chacun court le risque de se voir ramené à son origine, réelle ou supposée, à sa couleur, à sa religion. Ces assignations à résidence sont la négation même de l’humanité, elles s’attaquent au cœur de la République et de sa promesse d’égalité.

C’est pourquoi la Ligue des droits de l’Homme s’est engagée résolument dans le processus de mobilisation qui nous rassemble aujourd’hui. Ce mouvement, démarré à Angers le 11 novembre dernier, s’est poursuivi et a pris toute son ampleur grâce à l’engagement des collectifs Antillais et Ultramarins, que nous saluons ici pour leur détermination ; mais aussi avec le concours des grandes organisations syndicales attentives à combattre, au travail comme dans la vie, les expressions multiples du racisme, qui ne visent qu’à opposer entre eux toutes celles et tous ceux qui ont de bonnes raisons de vouloir construire un avenir commun, un avenir meilleur, fondé sur l’égalité et la fraternité.

Nous avons su, au-delà de nos histoires, de nos différences, nous regrouper pour affronter la bête immonde.

Il nous faut continuer, car elle est désormais déchaînée : il y a quelques jours encore, sur une chaîne de télévision, le maire de Marseille tenait, sur un mode ironique, des propos aux relents antisémites, à l’endroit d’un responsable politique…

Il nous faut continuer, car cette union n’est qu’ébauchée ; de larges secteurs de la société française restent encore à la lisière de mobilisations dont ils pensent qu’elles excluent leur situation propre, qu’elles excluent leurs identités et leur citoyenneté pleine et entière.

La conviction de la Ligue des droits de l’Homme est simple : « le racisme n’a qu’une stratégie, diviser, diviser à l’infini, dresser les uns contre les autres ». Cela nous dicte notre stratégie qui est de rassembler, rassembler encore et toujours, inlassablement.

C’est pourquoi nous sommes aux côtés des organisateurs de la marche du samedi 7 décembre, à Paris, pour l’égalité des droits et la justice pour tous. C’est pourquoi nous sommes aux côtés des travailleurs sans papiers pour la défense des droits des migrants, le 18 décembre. C’est pourquoi, dans trois jours, mardi 3 décembre, date anniversaire de l’arrivée de la Marche pour l’égalité de 1983, nous nous rassemblerons, à Paris, à 18h30, sur le parvis de la gare Montparnasse.

Au soir de cette belle journée de mobilisation, nous nous tournons vers les pouvoirs publics, vers les élus et, puisque nous allons vers des élections, vers les candidats, pour leur dire : il vous revient de veiller à ce que le débat public s’épanouisse dans le cadre du pacte républicain ; il vous revient de bannir les ententes ignobles avec toutes les manifestations de racisme, avec toutes les dérives d’extrême droite ; il vous revient de veiller à ce que l’Etat, à ce que la République n’en adoptent ni le ton ni les méthodes !

Soyez donc vigilants, soyez courageux.

Nous entendons, pour notre part, rester mobilisés autour des valeurs de la République telle que nous l’aimons : libre, égale et fraternelle.

Je vous remercie.

 

Quimper et Rennes : succès des marches contre le racisme

Photo Ouest-France

Les sections de Quimper (29) et Rennes (35) de la Ligue des droits de l’Homme ont organisé des marches contre le racisme, samedi 30 novembre.

A Quimper, le rendez-vous était aussi festif  avec des groupes musicaux. Des personnalités politiques se sont joints aux 500 personnes qui ont participé à la manifestation, pour dénoncer la banalisation du racisme. Même ambiance à Rennes, où 600 personnes s’étaient rassemblées.

Articles à lire dans Ouest-France et Le Télégramme :

http://www.ouest-france.fr/rennes-600-personnes-marchent-contre-le-racisme-1752539

http://www.ouest-france.fr/quimper-plus-de-500-marcheurs-republicains-1752610

http://quimper.letelegramme.fr/local/finistere-sud/quimper/ville/marche-pour-l-egalite-500-personnes-a-quimper-30-11-2013-2321807.php

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/bretagne/racisme-plus-d-un-millier-de-manifestants-en-bretagne-01-12-2013-2321940.php

 

Des dizaines de marches contre le racisme

Le journal Le Monde annonce 25.000 personnes à la marche parisienne contre le racisme. Dans toute la France, des dizaines de marches ont été organisée pour refuser cette aberrante régression qui nous ferait revenir des dizaines d’années en arrière.

A Dinan (22), c’est Patrick Briend, de la section dinanaise de la Ligue des droits de l’Homme, qui a lu la déclaration commune des associations ayant participé au collectif d’organisation de ces marches. Pour voir la vidéo (3’02), cliquer ci-dessous.

httpv://youtu.be/4KRNiAx72Ks

Samedi 30 novembre 2013 : c’est aujourd’hui qu’on marche, pour « laver l’affront »

C’est aujourd’hui, samedi 30 novembre 2012, que les démocrates, les républicains, les humanistes, ceux qui ne se résignent pas à voir la société française s’engluer dans la fange raciste, marcheront ensemble dans des dizaines et des dizaines de villes. Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, rappelle, dans une tribune publiée par le site d’information Médiapart, les enjeux de cette journée : ils s’agit tout simplement « de laver l’affront ».

Le 30 novembre, dans les villes, petites et grandes, nous allons manifester contre le racisme dont la ministre de la justice, Garde des sceaux, Christiane Taubira, a été la cible.

Le 30 novembre au soir, nous aurons lavé l’affront. Et nous serons d’autant plus forts pour poursuivre notre combat contre le racisme et ses trop nombreux compagnons de route, la xénophobie, les discriminations…

Pour ce faire, et cela dépend pour une part de chacune et chacun d’entre nous, il nous faut contribuer au succès de cette journée de marches tenues dans la France entière. Car pour réussir, créer ensemble une dynamique forte, porter un coup d’arrêt aux droites extrêmes et aux désignations de boucs émissaires, il convient de se rassembler, le plus largement possible.

Car notre ambition va au-delà de la simple expression de notre dégoût. Nous voulons mettre un terme à toutes les dérives, rétablir une norme républicaine de débat et, à cette fin, faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore : nous voulons redonner souffle et allant à l’utopie magnifique de la fraternité et à l’égalité, sa sœur jumelle.

Il n’est que temps. Une ministre de la République traitée de singe, la prise à partie lancinante des étrangers, un autre ministre qui décrète l’incapacité à s’intégrer de telle catégorie de population… Avec cette incroyable dégradation du débat public, dont les exemples hélas, foisonnent, des millions d’entre nous se retrouvent déniés dans leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture et de leur religion.

Il n’est que temps. Car une partie des hommes et des femmes politiques de notre pays s’en contentent ou, pire, exploitent cette situation. De boucs émissaires extérieurs en ennemis de l’intérieur, les doigts se tendent pour désigner les coupables qui seraient à l’origine de nos maux, qui détruiraient notre pays et ruineraient notre avenir.

Ce projet de division et d’exclusion vise la République en son cœur. Il est destructeur non seulement pour celles et ceux qui le subissent mais pour la société toute entière. La haine générée grandit, nourrie par la bêtise et l’ignorance, infiltrant tous les rouages de la vie sociale par une explosion numérique nauséeuse, générant conflits et violences, rancœurs et esprit de revanche, assignations à résidence et replis communautaires.

C’est la démocratie elle-même, au plus profond de ses ressorts, celle que nous avons mis plus de deux siècles à construire, qui est atteinte. C’est la France républicaine en ce qu’elle représente à la face du monde d’espoir d’un monde solidaire qui est rabaissée.

Voilà pourquoi il nous faut être nombreux à le réaffirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

Contexte de crise aidant, ces valeurs sont agressées par une extrême droite qui se sent des ailes, méprisées par une partie de la droite, minées par les inégalités sociales et trop souvent abandonnés par ceux là même qui devraient les graver au plus profond de notre pacte citoyen.

La mobilisation qui s’opère autour du 30 novembre montre que ces défis sont identifiés: elle porte la volonté de leur opposer une fraternité de combat, une égalité effective, pétrie de dignité et de droits concrets. Elle permet de faire entendre une exigence, de faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore, elle permet de redonner souffle à l’utopie magnifique de la fraternité et allant à l’égalité, sa sœur jumelle.

Elle inaugure de fait un agenda de rencontres qui peut s’avérer fructueux si chacun y travaille et – pourquoi pas ? – ensemble. La Ligue des droits de l’Homme entend ainsi commémorer solennellement la marche pour l’égalité d’il y a trente ans ce 3 décembre place de la République à Paris ; elle manifestera le 7 décembre pour rappeler que les mesures d’égalité réclamées il y a trente ans sont hélas des revendications toujours d’actualité ; et le 18 décembre elle défilera pour le respect des droits des migrants dans notre pays.

Cet agenda n’est-il pas mobilisateur et possiblement  rassembleur autour de l’égalité des droits ?

Il nous permet d’inscrire le refus de la haine au cœur des débat publics à venir, de rappeler à tous ceux qui seraient tentés par un dialogue avec les « bonnes questions» de l’extrême droite que les seules bonnes réponses qui vaillent sont, résolument, enracinées dans la justice sociale et son indispensable corollaire, l’égalité.

 Pierre Tartakowsky