Gilles Manceron : « réagir aux résurgences du racisme colonial »

Gilles Manceron

Le dernier exemplaire de la Lettre d’information électronique de la Ligue des droits de l’Homme consacre un dossier au racisme, dont on pensait qu’il avait été éradiqué, et qui s’est exprimé à nouveau violemment ces dernières semaines.

Nous reproduisons ici un article de Gilles Manceron, intitulé « réagir aux résurgences du racisme colonial ». Gilles Manceron, membre du Comité central de la LDH, est historien, auteur notamment de Marianne et les colonies (2003), Droits de l’Homme. Combat du siècle (avec Madeleine Rebérioux, 2004), La Colonisation, la loi et l’histoire (avec Claude Liauzu, 2006) et 1885, le tournant colonial de la République (2007).

On peut parler en France d’un refoulement puis d’un rejaillissement de la mémoire coloniale. La violence des insultes à Christiane Taubira comme la multiplication dans la période récente d’actes islamophobes contre des femmes portant foulard ou des lieux de culte musulman sont autant de manifestations d’un retour du racisme colonial. Mais à l’ère post-coloniale, ce racisme a souvent tendance à revêtir un habillage nouveau, d’apparence humaniste et progressiste, à substituer, par exemple, au discours nationaliste d’hier un discours souverainiste, voire à se livrer à un détournement à son profit de notions comme le féminisme ou la laïcité.

En France, au lendemain des indépendances, les mentalités forgées durant l’époque coloniale, les représentations qu’elle a encouragées et sur lesquelles elle s’est appuyée n’ont pas disparu du jour au lendemain. Il y a eu dans l’opinion comme une période de doute à leur égard quand on a constaté que les représentations d’hier avaient été démenties par les faits. Mais un certain nombre de dictatures dans des pays anciennement colonisés devenus indépendants, de crises dans certains d’entre eux et de phénomènes violents aux conséquences internationales tragiques, ont encouragé une sorte de retour de la bonne conscience coloniale et aux préjugés qui l’ont marquée et qui, en réalité, n’avaient jamais disparu.

La vision d’un « Autre » différent d’un « Nous », produite par cette histoire, n’est jamais entièrement sortie des esprits. L’impensé colonial, faute d’être analysé, n’a cessé de hanter une partie de la société française, et, depuis le début des années 2000, il a eu tendance à s’exprimer de nouveau à visage découvert. La loi du 23 février 2005 qui stipulait que les programmes scolaires reconnaissaient « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », c’est-à-dire de la colonisation, a suscité un mouvement de protestation, chez les historiens, les enseignants et dans les départements d’outre-mer, qui a conduit au retrait de la phrase en question. Mais, en 2007, Nicolas Sarkozy a fait du « refus de la repentance » un des thèmes majeurs de sa campagne électorale, et, devenu président, ce fut son discours de Dakar sur l’homme africain qui ne serait jamais « entré dans l’Histoire », la création d’un « ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale », puis la funeste opération d’apprenti sorcier du « débat sur l’identité nationale ». Avec une telle politique, la pensée coloniale, toujours présente dans l’inconscient collectif, n’a cessé d’être ravivée, y compris dans ses aspects les plus caricaturaux. On a même vu le retour d’un racisme biologique, avec des références animalières qui étaient banales à l’époque coloniale et semblaient avoir disparu des discours publics après la Deuxième Guerre mondiale et la décolonisation.

Si Christiane Taubira cristallise aujourd’hui les haines, si une candidate du Front national a pu écrire sur son site qu’elle préférait la voir « dans les branches de son arbre plutôt qu’au gouvernement », si des catholiques intégristes de Civitas ont manifesté contre le mariage pour tous aux cris de « Y a bon Banania, y a pas bon Taubira », et si une enfant de 11 ans lui a lancé « Elle est pour qui la banane ? La banane est pour la guenon », c’est la conséquence de ce phénomène. Comme l’est aussi le fait que l’hostilité à l’encontre des musulmans s’est traduite dans la dernière période par des discours stigmatisants, des pratiques discriminatoires et des agressions physiques.

La riposte à ces phénomènes ne peut résider simplement dans un « sursaut républicain » appelant à combattre le racisme en général. On ne peut y réagir avec quelque efficacité que si l’on prend conscience qu’il ne s’agit pas seulement de défendre la République, mais de questionner la page coloniale de son histoire. Si l’on prend conscience de ce que la République n’a pas toujours été exemplaire, elle a aussi trahi ses valeurs dans sa politique coloniale. Qu’elle s’est aussi illustrée, par exemple, il y a un siècle, en exhibant des personnes venues des colonies devant des spectateurs de Paris ou d’autres villes qui leur lançaient des aliments. Par cette violence symbolique, écho édulcoré mais emblématique de celle de la conquête et de la domination coloniale, elle s’est aussi employée à légitimer l’entreprise « civilisatrice » qu’elle conduisait aux colonies, y compris en allant jusqu’à animaliser ainsi les populations des colonies. Lors des matchs de football d’aujourd’hui, les « cris de singes » lancés dans les tribunes et certaines insultes sur les pelouses ont une histoire.

Il ne suffit pas de parler aujourd’hui d’une résurgence du racisme en général sans pointer les origines de ce racisme particulier, dont les agressions verbales contre Christiane Taubira et physiques contre des femmes portant un voile sont la conséquence. Les différentes formes de racisme n’obéissent pas aux mêmes mécanismes ni aux mêmes ressorts. Tout en restant en éveil face aux nouveaux avatars de la xénophobie et de l’antisémitisme, il s’agit de prendre conscience de cette forme spécifique de racisme. Et de se livrer à un patient travail de déconstruction pour défaire l’imaginaire colonial, ses stéréotypes comme son lot de plaisanteries redoutables, afin de faire place à un autre état d’esprit. Comme le fait, par exemple, en ce moment, l’exposition « Kanak, l’art est une parole » montrée à Paris, au musée du Quai Branly.

L’histoire de la colonisation a longtemps été un point aveugle de la conscience française. Cela a été vrai non seulement pour la colonisation des XIXe et XXe siècles, qui va de la prise d’Alger en 1830 aux indépendances de 1960-1962, mais aussi pour la première phase de celle-ci, celle des XVIIe et du XVIIIe siècles, marquée par la colonisation des îles des Antilles et de l’Océan indien fondée sur l’esclavage et l’économie de plantations. L’une et l’autre ont été longtemps absentes en France de la mémoire collective comme de l’enseignement de l’histoire à l’école. Combien de Français savent que la traite et l’esclavage ont été organisés par la monarchie absolue, avec la création de compagnies d’État (Compagnies des Indes occidentales et des Indes orientales, Compagnie du Sénégal, etc.), et l’encouragement de la traite privée par le versement aux négriers d’une prime par « tête de nègre » importée dans les colonies ? Combien savent qu’on comptait au XVIIIe siècle plus de 3 300 navires spécialisés, à partir de Bordeaux, Nantes, Le Havre et pratiquement tous les autres ports de mer français ?

Des voix se sont fait entendre dans la société française et les départements d’outre-mer pour ne plus occulter cette histoire. Cela a abouti, en 2001, à la loi, précisément défendue par Christiane Taubira, reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité. Cela explique probablement en partie les attaques dont elle est l’objet. Mais un travail important reste à faire pour que cette page d’histoire retrouve sa place dans notre histoire nationale.

D’autant que le plus dur travail qui reste à faire concerne sur la seconde phase de la colonisation, celle des XIXe et XXe siècles. Car c’est à ce moment qu’à l’aide de références républicaines, un discours raciste s’est développé en France quand on a cherché à justifier le droit des nations européennes à conquérir des territoires lointains en affirmant leur « mission civilisatrice » et qu’a été introduite une distinction entre un « monde civilisé », blanc et européen, et un « monde barbare », extérieur à l’Europe. Cela a conduit à diviser l’humanité entre la race blanche « la plus parfaite des races humaines » et les races « de couleur » considérées comme inférieures et placées sur une sorte d’échelle hiérarchique en fonction de leur niveau supposé de civilisation. Et cela s’est produit sous la IIIe République, en invoquant le progrès et les idées républicaines.

Avant même qu’en 1885 la République approuve explicitement la politique coloniale prônée par Jules Ferry au nom de l’idée que les indigènes des colonies n’ont pas les mêmes droits que les autres hommes, le théoricien de la démocratie qu’est Alexis de Tocqueville, par exemple, avait, au milieu du siècle, esquissé cette théorie de l’« exception coloniale ». Bien que reconnaissant les effets désastreux de la colonisation de l’Algérie où « nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare quelle n’était avant de nous connaître », il admettait que les règles qui devaient s’appliquer en Europe puissent être violées là-bas. Et en déduisait notamment que les violences contre les populations étaient, dans ce cas, légitimes. Puisque implicitement les « indigènes » n’étaient pas considérés comme étant vraiment des hommes, on pouvait recourir sans scrupules à des moyens que les droits de l’Homme condamnaient.

Avec Jules Ferry, l’aveu a été plus net encore : « Si nous avons le droit d’aller chez ces barbares, c’est parce que nous avons le devoir de les civiliser. […] Il faut non pas les traiter en égaux, mais se placer au point de vue d’une race supérieure qui conquiert », déclarait-il, par exemple, à la Chambre en 1884. Et, l’année suivante : « Il faut le dire nettement : oui, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Comment justifier, sinon, notre présence aux colonies : elles ne nous demandent pas ! » C’est pour nous un défi que de penser cette distinction porteuse de racisme tout en sachant qu’elle émane des penseurs importants de la démocratie comme Tocqueville ou Ferry. Face à leurs opposants républicains qui invoquaient l’universalité des droits de l’Homme, ils ont compris qu’il valait mieux éviter le débat sur les principes et chercher plutôt à mettre l’opinion de leur côté en recourant à des images et des plaisanteries qui instituaient comme une évidence la supériorité des Blancs sur les « sauvages ». Des représentations, des récits et toutes sortes de mises en scène ont contribué à faire entrer dans les esprits cette division « de bon sens » de l’humanité entre « Nous » et ces « Autres ».

Si on ne déconstruit pas cela, comment faire reculer aujourd’hui les préjugés à la source des divers rejets et discriminations qui minent la société française ? Notamment au détriment des personnes « d’origine maghrébine », des « musulmans d’apparence ou de patronyme », de celles venant des départements d’outre-mer ou d’Afrique, qui sont, du fait des mouvements migratoires, de plus en plus nombreuses dans la société française. De la même manière qu’on dit que ces personnes, dans leur vie sociale et professionnelle, se heurtent à un « plafond de verre », obstacle invisible mais bien réel, que n’institue souvent aucune loi écrite, on peut dire que ce processus s’enracine profondément dans un « socle de verre » constitué par les mentalités et représentations forgées à l’époque des colonies. Il est clair, dans ces conditions, que l’interrogation de la société française sur cette page de son histoire est une nécessité pour aujourd’hui. La société française vit un moment où le détour par ce passé est pour elle un passage obligé pour répondre à un certain nombre de questions sur son présent, et réagir aux divisions qui la menacent.

Marchons contre le racisme : 10 nouvelles marches programmées

Dix nouvelles marches contre le racisme sont programmées pour le samedi 30 novembre : l’appel de la Ligue des droits de l’Homme est bien reçu par tous les militants des droits, et les nombreuses associations (voir la liste ici) qui s’y sont associées mobilisent aussi de leur côté. En Bretagne, deux marches sont prévues : Quimper et Rennes (lire ici).

Les formes que prennent ces marches sont diverses, elles prévoient généralement des animations musicales, du théâtre, de la danse (notamment place Saint-Corentin à Quimper). A Dijon, une déclaration commune des associations et des syndicats signataires de l’appel est diffusé et sera lu pendant la manifestation. En voici le texte :

Les associations : AODOMAB (association des Originaires d’Outre-mer et amis en Bourgogne), ATMF(Association des Travailleurs Maghrébins de France) Cimade, FCPE, Ligue des droits de l’Homme, Ligue de l’Enseignement, Maison de la Méditerranée, Mouvement de la Paix, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) Ras le front, SOS racisme,

Les organisations syndicales : CGT 21, CFDT Côte-d’Or, CNT, FSU 21, Solidaires 21, SGEN-CFDT, UNEF, répondent à l’appel initié nationalement par de nombreuses associations et organisations syndicales afin d’alerter sur l’ampleur et la gravité que prennent dans notre pays les dérives racistes ; les attaques récentes qui, au travers d’une ministre de la République, ministre de la Justice et Garde des sceaux, visent à dénier l’appartenance humaine à des millions de personnes,  sont l’expression d’un racisme urgent à combattre  car il met en danger la société :

Le racisme stigmatise des groupes entiers à partir de préjugés sur des apparences, niant à la personnalité individuelle sa capacité à évoluer librement ; le racisme enferme condamne et exclut des individus par des jugements globaux et définitifs totalement arbitraires : ainsi il contredit le principe républicain de liberté.

Le racisme installe dans les têtes l’idée d’une hiérarchie entre les êtres humains, en contradiction totale avec le principe républicain d‘égalité

Le racisme vise la division et sème la haine : il est en contradiction avec le principe républicain de fraternité qui, seul, peut garantir un avenir de paix et de justice

Le racisme prend ses racines dans les pages sombres de l’Histoire :

  • Durant des siècles, en Europe et en France il y a eu des tentatives de justification des guerres et de l’exploitation des vaincus à partir de l’origine, de la couleur de peau, du sexe, de la religion ou du mode de vie,
  • La traite esclavagiste puis la domination coloniale, au nom d’une supériorité supposée et totalement inepte d’un « homme blanc » ont laissé des plaies profondes , toujours vivantes.
  • Le nazisme a voulu exterminer des populations pour faire règner sur l’Europe l’imposture d’une « race supérieure » pourchassant particulièrement Juifs et Tsiganes avec la complicité, en France  du régime de Vichy et dont d’aucuns, à l’extrême-droite, se reconnaissent ouvertement les héritiers.

Nous tenons à rappeler qu’au-delà des innombrables diversités physiques il n’existe qu’une seule espèce humaine et que dans une société démocratique, pas plus que l’apparence physique, le genre, les choix spirituels, les origines, le mode de vie ne peuvent être des facteurs de discriminations et conduire à des persécutions, c’est pourquoi le racisme n’est pas une opinion mais un délit, devant la loi de la République.  

A présent dans nos sociétés en crise, le désarroi et la colère sont exploités par tous ceux qui désignent à la vindicte populaire des populations qui ne sont pas responsables de cette crise et qui au contraire en sont souvent les premières victimes : simpliste, commode pour éviter de poser les vraies questions mais injuste et dangereux , porteur de menaces sur  l’avenir commun : le racisme mine la société, à chacun, chacune d’en prendre conscience pour s’en délivrer et en débarrasser la société : le combat est à mener ensemble et individuellement, c’est notre responsabilité de citoyen (ne)s.

C’est pourquoi ces organisations appellent, en écho à la Marche contre le racisme qui aura lieu à Paris le même jour, à exprimer une condamnation collective du racisme par un rassemblement citoyen à Dijon ce samedi 30 novembre place François Rude à 11h30

La Saga des Contis au Cithéa : Jérôme Palteau en visio-conférence

C’était une première pour le cinéma le Cithéa de Plouguenast, ça l’était aussi pour le mois du film documentaire dans la région, et c’en était une également pour la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme : Jérôme Palteau, réalisateur du film La Saga des Contis n’a pas pu se déplacer pour animer le débat qui a suivi le film. Mais il y a tout de même participé, grâce à une connexion par Skype, retransmise via le projecteur de la salle sur le grand écran. Résultat : remarquable ! Un confort même supérieur pour les spectateurs qui ont bénéficié d’une image certes un peu saccadée (connexion wifi un peu éloignée), mais tout à fait correct, et un son de très bonne qualité.

Une idée à retenir pour vos débats futurs, à condition bien entendu de disposer d’une connexion Internet dans la salle.

Et il aurait été dommage que ce débat n’ait pas pu avoir lieu. Jérôme Palteau a répondu avec intelligence et sensibilité aux nombreuses questions des spectateurs, qui avaient déjà été conquis par la qualité exceptionnelle du film, aussi bien sur le fond que la forme !

Un grand film, que toutes les sections de la Ligue des droits de l’Homme devraient projeter !

 

La Saga des Contis au Cithéa de Plouguenast c’est demain, dimanche 24

L’information n’a pas fait la une des journaux, elle est pourtant d’importance : Xavier Mathieu, figure charismatique de la révolte des Contis, les ouvriers de l’usine Continental de Clairoix contre la fermeture du site pour des raisons de profit des actionnaires, vient de remporter une nouvelle victoire.

Continental tentait de le licencier alors qu’il n’a jamais été réintégré, contrairement à ses collègues représentants du personnel, comme lui, l’inspection du travail vient de dresser un procès-verbal constatant la discrimination dont il est victime de la part de la direction de l’entreprise.

Cela peut sembler anecdotique, mais c’est loin de l’être. Parce que derrière cela, se cache un projet inavoué de la direction, comme l’explique Xavier Mathieu : il s’agit ni plus ni moins de faire disparaître le plus rapidement possible le comité d’entreprise, qui continue de venir en aide aux 500 salariés qui sont toujours à Pôle emploi. « Les autres délégués seront en fin de droits en février. Ils ne seront plus là pour entretenir le lien social. Moi, je pourrai servir de relais pour continuer l’action et ça, la direction ne le veut pas. Elle veut gagner du temps. », explique Xavier Mathieu (Source : Le Parisien et le bulletin du PCF de l’Oise).

Cette victoire intervient plusieurs semaine après une autre : fin août, les prudhommes avaient constaté l’illégalité des licenciements, qu’aucun problème économique ne justifiait, contrairement à ce que prétendait la direction. Et l’entreprise va donc devoir indemniser les salariés licencier beaucoup plus largement qu’elle ne l’avait prévu. Elle a bien entendu fait appel, mais on voit mal comment la justice pourrait contredire cette décision.

Jérôme Palteau, réalisateur du film « La Saga des Contis », que la section Loudéac centre Bretagne projette dimanche 24 novembre au cinéma le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du film documentaire, avec Cac sud 22, sera certainement en mesure de nous donner des informations plus précises sur l’évolution de ce dossier, pendant le débat auquel il participera après la projection en visio-conférence, puisqu’il ne peut pas faire le déplacement.

Dimanche 24 novembre, Le Cithéa à Plouguenast, à 14h30, la Saga des Contis avec Jérôme Palteau

La Saga des Contis, c’est une fresque, cinématographique, réalisée par Jérôme Palteau. Le film, comme son titre l’indique, retrace les années de lutte des salariés de l’usine de pneus Continental, de Clairoix, licenciés par la multinationale dont le seul souci est de faire gagner encore davantage d’argent à ses actionnaires : le motif prétendument « économique » des quelque 700 licenciements a été rejeté par les Prudhommes, qui ont condamné l’entreprise à réintégrer les salariés : elle devra donc les licencier selon la procédure normale, et les indemniser en conséquence. Quand ce jugement est tombé, en août 2013, Xavier Mathieu, le leader charismatique de cette lutte, déclarait : « c’est une victoire, mais c’est une victoire amère »… Et pour cause : on reconnaissait le caractère abusif des licenciements, sans pouvoir les empêcher. Et, ajoutait Xavier Mathieu, le pire dans l’histoire, c’est que malgré les sommes astronomiques que l’entreprise va devoir débourser, l’opération reste rentable pour elle.

À l’heure où certains récupèrent la détresse ouvrière, et réussissent le tour de force de faire défiler  patrons et ouvriers dans la même manifestation, où la peur du chômage est telle que des ouvriers licenciés se font agresser par leurs collègues qui ont conservé leur emploi, la Saga des Contis, malgré l’issue dramatique du conflit, apporte une lueur d’espoir : la capacité de révolte est encore intacte , et la solidarité existe toujours. D’autres informations ici:

Continental s’acharne contre Xavier Mathieu.

680 licenciements annulés par les Prudhommes : la belle victoire des Contis.

Emission Là-bas si j’y suis du 12 septembre 2013, « l’amère victoire des Contis ».

A noter que le film a reçu le prix du film documentaire décerné par le journal La Croix, en octobre dernier (lire ici).

La projection du film sera suivie d’un débat, avec la participation de Jérôme Palteau, réalisateur.

Pratique

Organisé par la section Loudéac centre Bretagne, en partenariat avec le cinéma Le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du film documentaire, organisé par CAC Sud 22 Marc Le Bris, Double Vue, et le Conseil général des Côtes d’Armor.

Au cinéma Le Cithéa, à Plouguenast, à 14h30. Entrée, 4€.

La bande annonce du film.

httpv://youtu.be/btX3Z5D_eEo

Le lipdub d’Adalea 1er exæquo du concours vidéo de la section LDH de Quimper

Le Lipdub (clip promotionnel chantant) réalisé par l’association costarmoricaine Adalea, et intitulé « pour changer le regard sur l’exclusion », et « le poids des maux », un film de Sébastien Bélier sur l’homophobie n’ont pu être départagés à la deuxième édition du concours de la vidéo engagée, organisé par la section de Quimper de la Ligue des droits de l’Homme : ils ont tous deux obtenu le premier prix, ex-æquo.  Deux films remarquables par leurs scénarios, leurs qualités techniques, et les sujets traités.

La section Loudéac centre Bretagne de la LDH avait remarqué le lipdub d’Adalea dès sa sortie, au mois de janvier 2013, et l’avait diffusé lors la première édition des Droits en fête, à La Motte, fin mars, où il avait remporté un beau succès. Réalisé à partir de la version rappée du chant des partisan, le clip met en scène tous les acteurs d’ADALEA : bénéficiaires  de l’association, salariés, administrateurs, bénévoles, et il est le résultat d’un travail collectif, notamment pour la réécriture des paroles. Vous trouverez à ces trois adresses davantage d’informations sur cette réalisation remarquable.

Ce site : http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2013/03/23/adalea-un-lip-dub-pour-modifier-le-regard-sur-lexclusion/

Le blog d’Adalea 22 : http://adalea.fr/Lipdub-pour-modifier-le-regard-sur.html

Le blog de la section LDH de Quimper avec les adresses des vidéos: http://ldh-quimper.hautetfort.com/

Et le lipdub :

 httpv://youtu.be/asrJCdXz0Kc

La Saga des Contis, prix La Croix du documentaire, projeté le 24 novembre à Plouguenast (22) en présence du réalisateur

Dominique Quinio, directrice du journal La Croix, remet le prix La Croix du film documentaire à Jérôme Palteau, réalisateur de la Saga des Contis. (photo La Croix)

La Ligue des droits de l’Homme s’occupe de tous les droits, et parmi eux, il en est qui sont plus particulièrement menacés en ce moment : ce sont les droits économiques et sociaux. C’est la raison pour laquelle la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme a décidé de projeter le film La Saga des Contis, dimanche 24 novembre à 14h30, au cinéma Le Cithéa de Plouguenast, en présence de son réalisateur, Jérôme Palteau, qui participera au débat qui suivra la projection.

La Saga des Contis, c’est l’histoire d’une lutte ouvrière, celle des salariés de l’usine Continental de Clairoix, licenciés pour un seul et unique motif, scandaleux : le profit. Les Prudhommes l’ont d’ailleurs reconnu fin août, en déclarant les quelque 700 licenciements illégaux, parce que ne répondant à aucune nécessité économique.

Le film a été récompensé au mois d’octobre par l’obtention du prix La Croix du film documentaire, décerné pour la première fois par le journal La Croix (parmi les films sélectionnés figurait également un film dont nous avons parlé sur ce site, « Entrée du personnel », de Manuela Frésil). Pour le cinéaste Raoul Peck, qui parrainait ce prix, « Au cœur d’une sélection d’un excellent niveau, La Saga des Conti possédait une qualité rare. Jérôme Palteau est parvenu à capter une bataille collective et à la restituer au spectateur sous une forme narrative, avec ses rebondissements, ses personnages forts. Ce film est un petit bijou qui s’inscrit dans la lignée d’autres films de combat collectif comme Harlan County, USA ou Les Lip, l’imagination au pouvoir. Autant d’œuvres qui conservent leur force, parce qu’elles racontent une vraie histoire. » 

Dominique Quinio, directrice du journal La Croix, précise la démarche qui a présidé au choix de la Saga des Contis pour ce premier prix : « les documentaristes et les journalistes sont, les uns et les autres, des témoins et des passeurs du réel. Mais chacun à leur manière. Le documentaire que notre nouveau prix veut promouvoir n’est pas du reportage : il apporte le regard d’un créateur, d’un artiste. »

Jérôme Palteau, réalisateur du film, le considère comme « un film citoyen » : « c’est une histoire humaine qui va au-delà des sensibilités politiques », ajoute-t-il.

Cette projection est organisée dans le cadre du Mois du film documentaire, en partenariat avec Cac Sud 22 et le Cithéa.

Lire aussi ici, et .Ci-dessous, la bande annonce du film.

httpv://youtu.be/btX3Z5D_eEo

 

Fusillés pour l’exemple : à quand la réhabilitation ?

L’approche de la commémoration du centenaire du début de la première guerre mondiale fait revenir au premier plan de l’actualité le dossier douloureux des « fusillés pour l’exemple », ces soldats qui, jugés sommairement par des tribunaux militaires qui n’avaient de tribunal que le nom. Ce dossier est un des grands combats de la Ligue des droits de l’Homme, dès la signature de l’armistice en 1918. Et il n’a guère avancé depuis.

La fédération de la libre pensée est elle aussi fortement engagée dans ce combat, comme le sont d’autres associations. Deux tendances se côtoient : certains souhaitent une réhabilitation collective, globale, de l’ensemble de ces soldats ; d’autres préfèreraient que les réhabilitations aient lieu au cas par cas, avec toutes les difficultés que cela comporte.

François Hollande, président de la République, a fait un geste, jeudi 7, jeudi 7 novembre : il demande « qu’une place soit réservée aux fusillés au Musée de l’armée aux Invalides, choisissant un geste solennel plutôt qu’une franche réhabilitation des quelque 650 soldats concernés » (source :  Le Monde). Une décision qui ne va sans doute pas satisfaire les militants de cette cause.

Mellionnec

La commune de Mellionnec va, comme chaque année, rendre hommage à l’un de ces soldats, François Laurent, fusillé au tout début de la guerre, le 19 octobre 1914 (il avait 29 ans), et réhabilité par jugement le 9 décembre 1933. Nous avons évoqué son histoire dans cet article. La Libre pensée organisera un rassemblement autour du monument aux morts de la commune lundi 11 novembre à 15h. Une délégation de la Ligue des droits de l’Homme y participera.

« Cause commune » projeté lundi 11 à Saint-Connec : à ne pas rater !

Le film « Cause commune » fait partie de la programmation 2013 du mois du documentaire dans les Côtes d’Armor. Il sera projeté lundi 11 novembre à 15h, au bar Le Barésille, à Saint-Connec. La projection sera suivie d’un débat.

La section Loudéac centre Bretagne invite vivement à aller voir ce film, remarquable à plus d’un titre. D’abord, ça n’est pas si souvent qu’on entend parler des Rroms avec bienveillance. Ensuite parce que ce film, c’est avant tout l’histoire du courage politique dont a fait preuve le maire d’Indre, en Loire-Atlantique. Enfin, c’est tout simplement un beau film, qui raconte une belle histoire. En le voyant, on peut se dire, comme Edgar Pisani : « c’est beau la politique, vous savez »…

Voici ci-dessous la présentation que nous en faisions en juin dernier, lorsqu’il a été retenu dans la programmation du mois du doc. En complément du film, vous pouvez utilement visionner la vidéo de la conférence passionnante  « Scolarisation des enfants Rroms et des enfants du voyage », donnée par Jean-Pierre Dacheux, Jean-Yves Varin et Marie-Claude Garcia – Le Quéault pendant les Droits en fête, à La Motte, en mars dernier : les trois intervenants, spécialistes desRrom, rétablissent la vérité sur cette population victime depuis des siècles de discriminations insupportables.

httpv://youtu.be/EyLjjhEBY1k

« Fin 2009, une quarantaine de familles roms, indésirables à Nantes, tractant des caravanes hors d’âge, arrivent à Indre, une petite commune des bords de Loire.
Dès le lendemain, le maire Jean-Luc Le Drenn décide de mettre un terme à ce qu’il appelle « la politique de la patate chaude », en refusant de les expulser à son tour.
Grâce à l’engagement sans faille d’une poignée de citoyens et d’élus mobilisés par ce combat collectif et politique, les familles resteront 18 mois, avant qu’une solution digne et pérenne soit trouvée » (source : http://www.film-documentaire.fr/Cause_commune.html,film,38148.

On pourrait donc accueillir des familles Rroms dans une commune sans qu’il n’y ait une explosion des vols, des viols, du vandalisme… ? C’est un peu ce qu’a prouvé Jean-Luc Le Drenn, maire d’Indre, commune de 4000 habitants en Loire-Atlantique, et son équipe municipale. Le pari était « gonflé », et l’équipe ne s’y était pas trompé : « on va jouer notre mandat là-dessus », avait lancé comme un défi un conseiller municipal de la majorité.

Le film de Sophie Averty est magnifique. Elle ne disposait que de peu d’images de cette aventure : elle a dû avoir recours à des reconstitutions, à l’animation, à l’utilisation d’archives sonores… Son propos est passionnant : comment des gens qui ne sont pas particulièrement militants, se mobilisent presque spontanément pour s’organiser en collectif de soutien à ces familles (une cinquantaine), et ce pendant des mois et des mois ? La personnalité de Jean-Luc Le Drenn y est naturellement pour beaucoup : ce jeune maire a réussi à fédérer autour de lui à la fois élus et simples citoyens. Sans la moindre démagogie, et avec toute la rigueur que supposait une telle action, il a réussi la première étape de ce combat pour la dignité : les familles Rroms sont aujourd’hui logées dans des mobilhomes, répartis sur plusieurs communes (et ce n’est pas le moindre mérite de Jean-Luc Le Drenn d’avoir réussi à les convaincre !). Mais le travail n’est pas terminé : il le sera lorsque les Rroms auront trouvé des emplois stables et qu’ils auront pu être logés normalement. La municipalité d’Indre poursuit donc le travail.

On peut voir des extraits du film sur le site de TV Nantes :

http://www.telenantes.com/Documentaire/Documentaires/2013/03/Cause-commune

http://www.telenantes.com/Toute-l-actu/Infos-debats-territoires/CAUSE-COMMUNE-Indre-aux-cotes-des-Roms-0893

et une interview de Sophie Averty ici :

http://www.telenantes.com/A-la-votre-2012-2013-le-forum/2013/03/A-la-votre-2012-2013-le-forum3/Cause-commune-l-histoire-d-un-engagement-aupres-des-roms

 

Continental s’acharne contre Xavier Mathieu

La section Loudéac centre Bretagne a programmé, pour le dimanche 24 novembre à 14h30, la projection du film « La Saga des Contis » de Jérôme Palteau, au cinéma le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du documentaire. Une projection qui intervient à un moment où le scandale de la fermeture de l’usine Continental de Clairoix (Oise) revient dans l’actualité, pour trois raisons :

  • l’invalidation fin août par les prud’hommes du motif économique de près de 700 licenciements ,
  • l’acharnement de la direction de Continental contre Xavier Mathieu, représentant CGT du personnel (elle veut le licencier une deuxième fois !…)
  • le film a reçu, au mois de septembre, le prix La Croix du film documentaire (lire ici ; nous reviendrons sur ce prix dans un prochain article).

La projection sera suivie d’un débat avec Jérôme Palteau, réalisateur.

La société Continental en veut à Xavier Mathieu, le représentant CGT du personnel de l’entreprise. Non contente de l’avoir licencié une première fois, elle le licencie une seconde fois, alors qu’il n’a pas été réintégré !

L’information n’a pas fait la une des médias : un article dans le Courrier Picard, un autre dans le Répubicain lorrain

Le motif économique du licenciement de Xavier Mathieu, salarié protégé par son mandat syndical, avait été annulé, avec 21 autres licenciements, par le tribunal administratif d’Amiens en février 2013. Mais il n’a pas été réintégré. Il ne comprend donc pas pourquoi on veut à nouveau le licencier, puisqu’il n’a plus de contrat de travail. La direction de Continental conteste la version de X. Mathieu et affirme qu’il a refusé deux propositions de poste : « Je n’ai jamais été réintégré. La preuve, je ne touche pas de salaire, je ne suis jamais convoqué aux réunions du comité d’entreprise et le DRH France a lui-même reconnu que je n’étais pas réintégré. Comment peut-on, dans ces conditions me licencier ? Comment divorcer quand on n’est pas marié ? » déclare Xavier Mathieu au Courrier Picard. Et au Républicain Lorrain, il précise : « C’est du grand n’importe quoi. Je suis venu à Sarreguemines. Je n’ai jamais refusé un poste. Ils m’ont dit que je n’étais pas capable de travailler sur une machine. C’est bizarre. Mes collègues ont été réintégrés à Clairoix. Moi, non. Je paie les pots cassés. »

L’analyse de Xavier Mathieu est simple : il se considère victime de harcèlement, Continental n’ayant sans doute pas « digéré » sa condamnation fin août par le conseil des prudhommes de Compiègne, qui a invalidé le motif économique de près de 700 salariés, leur ouvrant par conséquent droit à des indemnités de licenciement.

Xavier Mathieu ne baisse pas les bras, et envisage de pousuivre Continental en référé pour délit d’entrave à l’exercice de son mandat syndical et discrimination. Car derrière tout cela, il y a de l’argent en jeu. Continental espère pouvoir contraindre Xavier Mathieu à lui « rembourser » plus de 80.000€ d’indemnités. Un moyen efficace pour lui passer l’envie de se bagarrer ?