Président de la Ligue des droits de l’Homme de 1926 jusqu’à son assassinat le 10 janvier 1944, Victor Basch a fortement marqué l’association. C’est lui qui a notamment fait entrer les droits économiques et sociaux dans le champ d’activité de la Ligue. Emmanuel Naquet, historien et professeur à Science-po, et coresponsable du groupe de travail « Mémoire, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’Homme, revient en détail sur l’accès de Basch à la présidence de l’association, puis sur ses mandats successifs.
Actualités de la section
Vidéo : Colette Cosnier redonne sa place à Ilona Fürth, « Madame Victor Basch »
Ilona Fürth, Madame Victor Basch : tout est dans le titre que Colette Cosnier a donné à son intervention, pendant cette journée d’hommage à ce couple qui a été assassiné par la milice le 10 janvier 1944. Ilona Fürth a perdu à la fois son prénom, et son nom : elle est devenue Mme Victor Basch. Ilona a disparu : dans tous les documents officiels elle est devenue Hélène. « C’est comme si on parlait d’Amédée Mozart ! », se révolte Colette Cosnier.
Et pourtant cette femme ne s’est pas contentée d’être une « dame de professeur », destinée à jouer les figurantes dans toutes les cérémonies qui ponctuent la vie universitaire; et elles sont nombreuses. Elle a joué un rôle majeur aux côtés de son mari, dont elle a partagé le destin jusqu’à la mort : quand la milice (Paul Touvier n’était pas loin) est venue chercher son mari, elle a refusé de le laisser partir seul. Elle l’a accompagné, dans la mort.
Une grande histoire d’amour, doublée d’une histoire de militantisme. Un grand moment, dans cette journée d’hommage. Merci, Mme Cosnier !
Vidéo : l’ouverture de la journée de commémoration de l’assassinat de Victor et Ilona Basch
Vendredi 10 janvier 2014 : c’était le 70ème anniversaire de l’assassinat par la milice de Victor et Ilona Basch. La section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme, créée par Victor Basch en 1899, a organisé, au lycée qui porte le nom du couple, une journée commémorative, pendant laquelle plusieurs conférences se sont succédé. La journée a été officiellement ouverte par Jean Chesnais, proviseur de l’établissement, et Daniel Delaveau, maire de Rennes. Cliquer sur la miniature pour accéder à la vidéo de leurs interventions.
La Ligue des droits de l’Homme et les Gens du voyage
Tout d’abord, deux précisions sur des choses lues ou entendues ici ou là :
- Renseignement pris auprès de la mairie de cette ville, il n’y a pas de cimetière pour chiens à Aubervilliers. En revanche, cette ville mène une politique exemplaire pour l’intégration des Rroms (lire ici).
- Missak Manoukian était Arménien, il a suivi une formation de menuisier, a été tourneur, et aussi poète (plusieurs de ses poèmes ont été publiés en 1960 dans un recueil intitulé « la chanson de ma vie »). Même s’il partageait avec elle un immense amour de la liberté, il n’appartenait pas à la communauté des Gens du voyage. Lire l’article que lui consacrent l’encyclopédie Larousse et Wikipédia.
Les problèmes rencontrés par les Gens du voyage sont depuis toujours une des grandes préoccupations de la Ligue des droits de l’Homme. Nous avions par exemple consacré une table ronde, pendant les Droits en fête à La Motte, une table ronde sur la scolarisation des enfants Rroms et de enfants voyageurs, avec trois spécialistes : Jean-Pierre Dacheux, universitaire, Jean-Yves Varin, cinéaste (tous deux membres de la LDH), et Marie-Claude Garcia – Le Quéault (lire ici).
La délégation du comité régional de la Ligue des droits de l’Homme qui s’est rendue à l’aire d’accueil de Cojean le 17 décembre (photo ci-contre) est allée à la rencontre des voyageurs qui y séjournaient. Plusieurs d’entre eux connaissaient très bien un des membres de la délégation, Jean-Yves Varin (au centre sur la photo). Ce cinéaste, président de la section brestoise de la Ligue des droits de l’Homme, a réalisé plusieurs films sur les Gens du voyage, dont « La Roulotte perdue », que nous avons projeté pendant les Droits en fête à La Motte en mars 2013. Voir ici une interview de Jean-Yves Varin par la chaîne Tébéo, et ci-dessous la vidéo de son intervention pendant les Droits en fête.
Spécialiste de la culture tzigane, il organise durant tout le mois de janvier 2014, avec la section brestoise de la Ligue des droits de l’Homme, à la médiathèque de Plouguerneau (29), un festival consacré aux Gens du voyage.
Au programme :
- des expositions : Itinérances en Tsiganie, de Marie-José et Claude Carret, photographes voyageurs, et photographies de Jean-Yves Varin, du 7 au 31 janvier.
- des projections de films :
- Swing, de Tony Gatlif, le vendredi 17 janvier à 20h30
- De la roulotte au parking, de Jean-Yves Varin, et Cause commune, de Sophie Averty vendredi 31 à 20h30, suivis d’une rencontre – débat avec Jean-YvesVarin, Marie-José et Claude Carret.
- Un atelier d’écriture, avec Anne Plihon-Blaise, sur le thème « Roms, tziganes, manouches, apatrides… », samedi 25 janvier de 10h30 à 12h.
- Un concert :Amari Famili, groupe de jazz manouche qui s’était produit aux Droits en fête à La Motte le 31 mars 2013.
P. Tartakowsky évoque la mémoire de Victor et Ilona Basch
« Le Patriote résistant » est la publication mensuelle de la Fédération nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes ». Dans son édition de janvier 2014, il publie une interview de Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, à propos de l’hommage qui sera rendu à Rennes (et dans d’autres villes françaises) à Victor et Ilona Basch, vendredi 10 janvier, au lyvée V. et H. Basch de Rennes. L’occasion pour le président de la LDH de rappeler brièvement la vie de Victor Basch et de son épouse, et en quoi elles méritent non seulement l’hommage qui va leur être rendu, mais aussi la proposition faite par la LDH que leurs corps soient transférés au Panthéon. Voir ici le programme de cette journée. Un programme particulièrement riche et passionnant.
Président de la Ligue des droits de l’Homme depuis 1926, résistant en zone sud, Victor Basch est exécuté avec sa femme le 10 janvier 1944 près de Lyon par des miliciens et des gestapistes. La Ligue des droits de l’Homme lui rendra hommage le 10 janvier à Rennes notamment, ou commença son action politique. Nous avons évoqué cette grande figure et l’universalité de ses combats avec le président de la Ligue des droits de l’Homme, Pierre Tartakowsky.
Comment l’hommage rendu à Victor Basch, 70 ans après son assassinat, s’inscrit-il dans l’histoire et l’actualité de la Ligue des droits de l’Homme ?
La Ligue a un rapport singulier à l’histoire et à la commémoration. C’est une vieille dame qui est attentive à cultiver son histoire. Comme tout un chacun elle a trébuché parfois et n`a pas toujours été exemplaire au cours de ses 120 années d’existence. Cela s’est vérifié avec les fusillés de la Première Guerre mondiale, également par rapport à la question coloniale, objet de débats importants qui ont finalement tranché en faveur de l’anticolonialisme. D’autre part, dans l’histoire de la Ligue on trouve évidemment la Résistance, parce qu`elle est un combat national et social et surtout la continuation de l’engagement du la Ligue dans le Front Populaire contre l`idéologie du nazisme et d`un régime français autoritaire et xénophobe, à la botte des nazis. On trouve aussi le programme du Conseil national de la Résistance qui est issu d’un compromis national et social au sens de démocratisation forte du champ économique et de l’intervention de l’État. Victor Basch dans cette histoire est multi-exemplaire. Il est l’image de ce que la droite autoritaire, xénophobe antirépublicaine française vomit. C’est un juif venu de l’est – il est Hongrois -, donc un pouilleux dans la représentation qu’on se fait des juifs de l’est à l’époque, qui « viennent nous envahir ». De surcroit ce juif se mêle de ce qui ne le regarde pas puisqu’il fait de la politique, et il en fait à gauche. Il est le co-fondateur avec Lucien Herr et Ludovic Trarieux, de la Ligue pour la défense des droits de l’Homme et du citoyen en 1898, dont il va prendre la présidence en 1926. La Ligue et son président joueront un rôle très important dans la naissance du Front populaire. Et c’est au siège de la Ligue qu’est signé le programme d’action du Front Populaire.
Rien d’étonnant, dans le contexte des années trente et quarante, à ce que ce personnage dérange et devienne une cible pour l’extrême droite…
Oui, Basch est un juif qui agace : études brillantes, philologue, philosophe, professeur d’université, il est a ussi germanophone, donc potentiellement un espion. Voilà, il incarne à lui tout seul toutes les caractéristiques honnies du juif malin, étranger, infiltré, républicain, et franc-maçon qui plus est. La seule chose qu’on ne puisse pas lui reprocher est d’être communiste ! En 1940 il est victime d’une violente campagne antisémite jusque sous ses fenêtres, son appartement parisien est pillé. Il se réfugie près de Lyon avec sa femme Ilona (Hélène) qui partage tous ses combat. Début 1944, la milice de Lyon les arrête – sa femme a refusé de le laisser. Au motif du grand âge de Basch – il a 81 ans, et son épouse 79 je crois -, qui rendrait leur détention difficile, les miliciens décident de les exécuter. Ils sont abattus de plusieurs coups de feu le 10 janvier à Neyron dans l’Ain. On est dans l’ignoble à l’état pur.
Si des rues ou des établissements scolaires portent son nom, on ne peut pas dire que le souvenir de Victor Basch soit ancré dans la mémoire collective?
C‘est pourquoi les commémorations prévues le 10 janvier prochain ne seront pas du luxe. Mise à part la génération de la Résistance, les adhérents de la Ligue voire les francs-maçons, je ne suis pas certain que Victor Basch soit très présent dans les mémoires. Il faudra rappeler que sa carriere à la fois universitaire et militante a été tournée vers la compréhension de l’autre et de l’humanité. Basch met sa science universitaire au service d`engagements civiques, moraux et politiques, à travers ses responsabilités et dans la vie quotidienne. Pour nous il est important de montrer qu’à toutes époques de tels engagements ne sont pas consensuels mais qu`ils affrontent des forces réelles, concrètes, capables dc faire preuve d`une formidable agressivité, et d’aller jusqu’au meurtre.
Les commémorations ont d`abord une fonction mémorielle, elles entretiennent le souvenir. Mais dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui, elles servent aussi à parler de l`actualité. En tout cas in rappeler que les problèmes que nous affrontons, tels les atteintes aux droits de l’homme, le racisme, la xénophobie, se sont déjà présentés à nous. Il ne s`agit pas de tracer un parallèle: avec les années quarante, notre pays n’est pas occupé et nous ne sommes pas dans une situation fasciste ou préfasciste. Mais nous pouvons dire qu’il y a une relative similitude avec les années trente, du fait de la crise sociale et économique. Nous constatons que la situation du débat public en France se dégrade de manière considérable sans que des réponses soient toujours apportées. Le gouvernement n’est pas porteur d`un ensemble de valeurs suffisamment cohérentes pour faire barrage aux tentations de racisme, d`antisémitisme et de xénophobie. Je pense à son temps de réaction après les insultes racistes proférées contre M » » Taubira. Ou au fait que la fréquente libération de la parole d’élus républicains, notamment sur les Roms, ne soit pas sanctionnée par la justice. Il y a une sorte de laisser faire qui s’est installé au fil des ans, Il me semble aussi que l’antijudaïsme s’accroit corrélativement à une remontée du fondamentalisme chrétien lequel a pris des forces dans notre société, A preuve il a réussi à mettre beaucoup de personnes dans la rue contre le mariage pour tous. Les forces porteuses d`antijudaïsme ont rencontré d’autres courants plus contemporains, tels le racisme anti-noirs et anti-maghrébins toujours florissants. Là où il y a un racisme, il y en a toujours d`autres.
La journée d’hommage Victor Basch de Rennes le 10 janvier est placée sous le signe de l’engagement militant hier el aujourd’hui… Pouvez-vous précariser ?
C’est à Rennes où il enseignait que débuta l’action politique de Victor Basch, qui fut l’un des premiers défenseurs de Dreyfus lors de son procès dans cette ville en 1899. Nous y rappellerons son parcours militant acharné pour la défense du droit et de la justice, sa vie engagée et courageuse jusqu’au bout — un courage également physique puisqu’il s’est fait prendre dans une rixe contre des Camelots du roi à près de 70 ans ! Notre démarche consiste toujours à analyser les situations historiques pour ce qu’elles sont sans les projeter de manière indue sur le présent et à rappeler qu’il y a des valeurs qui traversent l’histoire. Nous réfléchirons à Rennes sur la force de l’engagement citoyen, sur la nécessité d’avoir des convictions et du courage pour les défendre. Qu’est ce qui fait qu`on est un citoyen ? Quels risques prend on à se réclamer de ce statut de citoyen?
La Ligue a proposé que Victor Basch entre au Panthéon. Il est vrai que les arguments en sa faveur ne manquent pas.
Nous avons proposé Victor Basch pour toutes les raisons que j’ai dites mais la Ligue appuie également l’entrée simultanée de plusieurs femmes au Panthéon, qui marquerait une volonté de notre pays de rompre avec le sexisme laïque et républicain qui a trop longtemps marqué son histoire. Dans la maison des « grands hommes », on compte vraiment peu de femmes. Pour en revenir à Victor Basch, sa candidature est tout à fait légitime parce qu’il est l`une des personnalités qui font rayonner la réalité de la nation française. Dans l’esprit des républicains de l’époque, la nation française n’est pas un territoire ni un héritage, c’est un concept politique. La nation, c’est la liberté, l’égalité. la fraternité, et il n’y a pas de distinction très claire entre la nation, la République et les valeurs sous-jacentes qui sont des valeurs très humanistes, très généreuses et ouvertes. Basch incarne cet étranger qui se réalise en France et devient une figure cosmopolite. pas dans le sens nazi ni stalinien, mais dans le sens de personnage du monde. Voilà pourquoi nous pensons que le rôle de Victor Basch mérite lui aussi d’être honoré par la République et que celui-ci pourrait, avec sa femme llona, assassinée comme lui par des miliciens et des nazis, être inhumé dans le haut lieu de la République que constitue le Panthéon.
Propos recueillis par Irène Michine.
L’assassinat de Victor et Ilona Basch
Le couple Basch a fui en zone sud en 1940 et s’installe dans la banlieue lyonnaise, à Caluire-sur-Cuire. Victor Basch va participer à la rédaction du journal clandestin « Le Patriote » et fera partie du comité directeur du Front national. Il est recherché par la police de Vichy et en janvier 1944 la milice de Lyon, dirigée par Paul Touvier, le repère et l’arrête. À l’assassinat des époux Basch à Neyron (Ain), participent Lécussan, chef régional de la milice, et Moritz, de la Gestapo. Sur le corps de Victor Basch, sera retrouvé un écriteau sur lequel est inscrit : « terreur contre terreur. Le juif paye toujours. Ce juif paye de sa vie l’assassinat d’un National. À bas De Gaulle – Giraud. Vive la France. Comité national anti-terroriste, région lyonnaise ».
Vendredi 10 janvier 2014, journée d’hommage à Ilona et Victor Basch à Rennes (35)
(Communiqué du groupe de travail « Mémoire, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’Homme)
Ancien président de la Ligue des droits de l’Homme, Victor Basch est assassiné avec son épouse Ilona, le 10 janvier 1944 près de Lyon par la milice française et la Gestapo. Des commémorations sont d’ores et déjà programmées à Rennes (35), à Villeurbanne (69) et à Montrouge (92) en l’honneur de cet homme d’action, fervent dreyfusard, militant acharné de la défense du droit et de la justice.
La Ligue des droits de l’Homme et du citoyen, tout en appuyant récemment l’entrée simultanée de plusieurs femmes au Panthéon, estimait également « que le rôle de Victor Basch mérite lui aussi d’être honoré par la République et que celui-ci pourrait, avec sa femme Ilona, être inhumé dans le haut lieu de la République que constitue le Panthéon ».
C’est à Rennes, à l’occasion de l’affaire Dreyfus, que débute l’engagement politique de Victor Basch. Ce combat l’amène à faire partie dès juin 1898 des premiers adhérents de la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen dont il assurera la présidence de 1926 jusqu’à sa mort, et à jouer un rôle essentiel dans la fondation de la section de Rennes, une des premières à voir le jour. En sa mémoire, la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes organisera le vendredi 10 janvier 2014 une journée d’hommage sur le thème « Militer hier et aujourd’hui » avec la participation d’historiens et de responsables associatifs et politiques.
L’engagement militant de Victor Basch l’amène à être également un acteur important du Front populaire. C’est ainsi qu’il préside à Montrouge, le 14 juillet 1935, au vélodrome Buffalo, les
« Assises de la paix et de la liberté », évènement fondateur du Front populaire et de ses avancées sociales. La section de la Ligue des droits de l’Homme de Montrouge dévoilera une plaque rappelant cet événement, le mercredi 16 avril 2014, rue Victor Basch à Montrouge.
Réfugié pendant la guerre, avec son épouse Ilona, à Caluire-et-Cuire (69), Victor Basch devient membre du comité directeur du mouvement de résistance Front national pour la zone sud. Arrêtés tous les deux le 10 janvier 1944 par la milice française et la Gestapo, ils sont assassinés à Neyron (01) et sont inhumés à la Nécropole nationale de la Doua, à Villeurbanne (69). La Fédération de la Ligue des droits de l’Homme du Rhône invitera à se recueillir sur leur tombe le vendredi 10 janvier 2014 et proposera une projection-débat autour du film documentaire « Victor Basch, dreyfusard de combat ».
Le 10 janvier 2014, cela fera 70 ans que Victor Basch fut tué, avec son épouse Ilona, pour ses engagements et du fait de ses origines. Les assassins déposèrent sur leurs corps l’inscription
« Terreur contre terreur : le juif paye toujours ». Alors qu’en France les propos racistes se multiplient, les diverses commémorations qui se dérouleront autour de l’action militante et de l’assassinat de Victor Basch appuieront la volonté de la Ligue des droits de l’Homme de dénoncer sans relâche et sans complaisance les incitations actuelles à la haine et de refuser que la brutalité verbale toujours annonciatrice de passages à l’acte dramatiques envahisse l’espace démocratique.
Vendredi 10 janvier 2014 à Rennes (35), journée d’hommage à Victor et Ilona Basch
Le vendredi 10 janvier 2014, cela fera exactement 70 ans que Victor Basch et son épouse Ilona furent assassinés par un commando de la Milice de Vichy, flanqué de Gestapistes. À cette occasion, la section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme organise une journée d’hommage qui aura lieu au lycée Victor et Hélène Basch à Rennes. Placée sous le signe de l’engagement citoyen et du militantisme hier et aujourd’hui, cette journée de conférences et de débats se déroulera en deux temps.
La matinée sera consacrée au parcours militant de Victor Basch, depuis son engagement à Rennes pour la défense du capitaine Dreyfus, (André Hélard : « à Rennes au temps de l’affaire Dreyfus »), jusqu’à ses années à la tête de la Ligue des droits de l’Homme (Emmanuel Naquet : « Ligueur, rien que ligueur, depuis toujours et pour toujours : Victor Basch, président de la Ligue des Droits de l’Homme, 1926‐1944 »), et à sa fin tragique (Pascal Ory : « L’assassinat »), sans oublier le rôle d’Ilona, à ses côtés tout au long de ces années d’engagement (Colette Cosnier : « Ilona Fürth, Madame Victor Basch »).
L’après‐midi, après le dévoilement d’une plaque commémorative dans l’enceinte du lycée, le film de Vincent Löwy « Victor Basch, dreyfusard de combat » sera projeté en présence de son réalisateur. Puis le sénateur Edmond Hervé évoquera ce que représenta la figure de Victor Basch pour le maire de Rennes qu’il fut de 1977 à 2008 (« Victor Basch ‐ un engagement citoyen »).
Après le parcours du militant Victor Basch, c’est de l’engagement et du militantisme au temps présent dont il sera ensuite question au cours d’une la table ronde animée par Gilles Manceron : « Victor Basch, modèle pour un engagement d’aujourd’hui ? » avec la participation d’Edmond Hervé, Pierre Tartakowsky, Pascal Ory, Emmanuel Naquet et Vincent Lowy.
Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, conclura cette journée « Militer hier et aujourd’hui » pour rappeler la nécessité de continuer à assurer la défense des droits pour tous et partout. En effet, de Victor Basch, « en proie à une justicite aiguë », qui ne peut « supporter que, quelque part dans le monde, il y eût des hommes, à quelque nation, à quelque race, à quelque religion qu’ils appartinssent, qui étaient victimes d’actes illégaux et arbitraires », qui prit courageusement la défense du capitaine Dreyfus dès le début de 1898, et dut essuyer une violente campagne antisémite jusque sous ses fenêtres, à Léon Blum, victime d’une attaque violente des « Camelots du roi », qui suscitera une manifestation de protestation au premier rang de laquelle figurera Victor Basch, aux attaques racistes dont sont victimes aujourd’hui Madame Christiane Taubira, Garde des Sceaux, ou Madame Cecile Kyenge, ministre de l’Intégration du gouvernement italien, les leçons du passé doivent nous inciter à ne pas relâcher notre vigilance citoyenne.
La Ligue des droits de l’Homme porte plainte contre le maire de Loudéac pour ses propos à l’encontre des Gens du voyage
Le bureau national de la Ligue des droits de l’Homme a saisi le procureur de la République de Saint-Brieuc d’une plainte contre M. Huet, maire de Loudéac, suite aux propos qu’il a tenus lors de la séance du conseil municipal du 14 novembre 2013 au sujet des Gens du voyage.
Ces propos ne sont pas dignes d’un élu de la République. Ils jettent le discrédit sur la communauté des Gens du voyage, sont discriminants et diffamatoires, et peuvent susciter des réactions d’hostilité à leur égard.
Les propos incriminés peuvent être écoutés sur la vidéo filmée par la mairie et mise en ligne sur son site à l’adresse http://www.ville-loudeac.fr/index.php/conseil-municipal-du-14-novembre-2013.html, séquence 5, à 6’50 du début, puis séquence 6.
La Ligue des droits de l’Homme rappelle qu’elle défend les droits de tous.
Gens du voyage à Loudéac : la Ligue condamne les propos du maire
Dans le communiqué qu’il a adressé aux quotidiens Ouest-France et le Télégramme, le comité régional de la Ligue des droits de l’Homme a effectivement dénoncé l’état indigne du bloc sanitaire de l’aire d’accueil des gens du voyage à Loudéac.
Mais il a aussi, et surtout, dénoncé les propos proférés par le maire à l’encontre de la communauté des gens du voyage, lors de la réunion du conseil municipal du 14 novembre dernier. Quand, par exemple, le maire compare les sépultures des gens du voyage avec le cimetière des chiens d’Aubervilliers. Nous n’inventons rien, tout le monde peut le vérifier, ça se trouve dans la séquence n°5 de la captation vidéo de la réunion réalisée par la mairie et postée sur son site Internet, très exactement à 13’10 du début (le passage sur les gens du voyage commence à 6’50 du début de la vidéo n°5, et se poursuit au début de la vidéo n°6).
La Ligue des droits de l’Homme dénonce de la même façon toutes les autres insultes et calomnies proférées par l’élu ce soir-là à l’encontre des gens du voyage qui, faut-il le rappeler, sont des citoyens français à part entière.
La Ligue des droits de l’Homme condamne évidemment les dégradations commises sur l’aire, qui sont réelles et constatées. Elle demande simplement que les accusations ne soient portées que si elles sont étayées par des preuves, ce qui n’est manifestement pas le cas. En outre, cela ne justifie pas de traiter par le mépris, la dérision et la calomnie l’ensemble de la communauté des gens du voyage. La plupart des municipalités, toutes tendances politiques confondues, entretiennent des relations apaisées et même amicales avec les gens du voyage. Pourquoi cela ne serait-il pas possible à Loudéac ?
Et la Ligue des droits de l’Homme n’est pas la seule à s’émouvoir : http://www.rue89.com/2013/12/17/maire-loudeac-les-gens-voyage-cimetiere-chiens-248398
Week-end chargé pour la section : deux assemblées générales
Week-end chargé pour la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme : vendredi soir, assemblée générale de la section, samedi matin, assemblée générale du comité régional. Deux réunions bien suivies, qui ont permis de faire le bilan de nos actions localement et sur le plan régional, et d’affiner nos projets. Le temps fort en 2014 sera la deuxième édition des Droits en fête, les 25 et 26 février, avec une exposition de posters de l’association Poster4tomorrow, prêtés par Hervé Matines, et le samedi, une conférence gesticulée avec Frank Lepage.
Le thème de la fête sera, cette année, un sujet bien d’actualité: la démocratie…
Le comité régional s’est saisi samedi matin de l’affaire des gens du voyage insultés par le maire de Loudéac. Une délégation s’est rendue sur l’aire d’accueil de Loudéac, et un communiqué transmis à la presse (à lire ici).
Aire d’accueil des gens du voyage à Loudéac : précisions sur ce qui est paru dans Ouest-France
Le communiqué que nous avons transmis hier samedi 14 décembre au journal Ouest-France est paru tronqué, et, pire, il peut laisser supposer que nous mettons en cause la société Hyacenda, qui a la gestion de l’aire d’accueil des gens du voyage de Loudéac. Nous comprenons qu’un journal ne puisse pas publier in extenso tous les communiqués qu’il reçoit, mais là, le journal n’a conservé de notre communiqué que les reproches sur l’aspect matériel des choses, certes importants, mais en l’occurrence pas essentiels : ce sont les propos du maire qui sont constitutifs d’un délit. Vous trouverez ci-dessous ce qui est paru dans Ouest-France ce matin, et en fin d’article le communiqué original que nous avions transmis.
Contacté, le journaliste qui a traité ce sujet est désolé: il avait transmis le communiqué intégral. Un nouvel article va paraître demain lundi.
Ce qui est paru :
Notre communiqué :
La ligue des droits de l’Homme condamne les propos du maire de Loudéac au sujet de gens du voyage
Le comité régional de la Ligue des droits de l’Homme dénonce les propos scandaleux tenus par le maire de Loudéac au sujet des gens du voyage lors la réunion du conseil municipal du 14 novembre dernier. Pour Gérard Le Ny, délégué régional, Jean-Yves Varin, responsable du groupe de travail sur les gens du voyage, et Nadia Doghramadjian, membre du bureau national de la Ligue et responsable du groupe de travail sur les discriminations et le racisme, « ces propos sont un véritable appel à la haine » : comparaison indigne des sépultures des gens du voyage avec le cimetière des chiens d’Aubervilliers, accusations de vandalisme et de vol sans aucun fondement… ces propos, indignes d’un élu de la République, visent à dresser une partie de la population contre une autre. Une délégation du comité régional s’est rendue sur place, et a pu constater l’état lamentable dans lequel se trouve cette aire, état qui manifestement ne date pas d’hier. Si les prises électriques ont été changées, l’ampérage de l’installation est toujours insuffisant et les coupures électriques fréquentes ; le bloc sanitaire est une véritable infection. Le comité régional de la LDH rappelle que les gens du voyage sont des citoyens à part entière, qui méritent autant de respect que n’importe quels autres.