Avec Guéant, 200 jours de campagne électorale pour donner la nausée

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme :

De déclarations en petites phrases, de projets en promesses, c’est l’évidence : le gouvernement entend mobiliser de grandes peurs, xénophobes et sécuritaires pour scander les campagnes électorales à venir, et pour préparer des alliances aussi dangereuses que nauséeuses. Face aux crises montantes, face aux oukases des agences de notation et des « marchés », il a choisi ses cibles et ne cesse depuis la rentrée de les désigner à une vindicte populaire supposée réceptive. Après avoir qualifié les heureux « bénéficiaires » du RSA de fraudeurs, agité la perspective d’un énième  fichier pour traquer les supposés fraudeurs à l’assurance maladie, il justifie l’espionnage illégal d’un journaliste par un service de police et indique que la « communauté  comorienne de Marseille » est facteur de délinquance, rien de moins ! Adossé à sa politique du chiffre, il réquisitionne en dehors de tout cadre légal un tramway parisien pour « éloigner » des familles roms et place – toujours illégalement – des enfants en rétention. Car un enfant expulsé, c’est une unité de plus dans la statistique…

Pour faire bonne mesure, il exhume une proposition rancie d’encadrement des jeunes délinquants par des militaires à la retraite et promet trente mille places supplémentaires de prison. Trente mille places qui seront, n’en doutons pas, immédiatement occupées, venant alimenter l’état structurel de surpopulation carcérale.

Ces gesticulations et cette hyper agitation, dont Claude Guéant assure la mise en scène afin de laisser Nicolas Sarkozy peaufiner une image censée être présentable de candidat à la présidentielle, est le signe d’une certaine impuissance. Mais elle est extrêmement inquiétante. La réactivation des thèmes xénophobes, la chasse aux pauvres ont bien évidemment à voir avec la promesse d’une austérité renforcée et présentée comme seule solution à la crise financière. Cette politique de boucs émissaires, qui vise à opposer les « étrangers » aux Français, les « vrais français » à d’autres qui le seraient moins, les « fraudeurs » aux « bons pauvres », les jeunes aux moins jeunes, se déploie sur un fond d’affaires qui ne cessent de surgir et resurgir, alimentant un dégoût de la chose publique et de l’investissement citoyen… Tout cela confirme s’il en était besoin, le lien étroit entre droits civils et sociaux, entre agressions sociales et reculs des droits, des libertés.

Cette situation peut conduire au pire. Elle implique qu’on lui oppose la perspective d’une société de solidarité, solidement campée sur le principe d’égalité républicaine. C’est pourquoi la LDH entend redoubler d’efforts dans les jours à venir pour porter à la connaissance du plus grand nombre les propositions portées par le « Pacte pour les droits et la citoyenneté » dont elle est signataire avec quarante-neuf autres organisations associatives et syndicales. Il s’agit bien, face à la montée des agressions et des périls, face à l’organisation de la déliquescence démocratique, d’opposer la force d’un  ensemble de propositions crédibles, tangibles, dessinant les valeurs d’une autre société, égale, solidaire et, sur ces bases, d’engager le débat avec les forces politiques et leurs candidats, avec l’opinion publique.

Hortefeux : coupable, mais relaxé

Photo Rue 89

Ajout dimanche 18 septembre : un article de Maître Eolas sur le sujet.

C’est un des paradoxes de la justice : on peut être coupable, mais relaxé. C’est ce qui arrive à Hortefeux. La cour d’appel a reconnu qu’il avait tenu des propos racistes quand il avait déclaré « Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes». Mais elle n’a pas reconnu le caractère public de cette déclaration, et par conséquent, s’agissant de propos privés, les faits se transforment de délit en contravention. Conséquence : e MRAP n’était pas habilité à se porter partie civile, et le tribunal ne peut donc pas juger.

Le tribunal est pourtant sévère. Se livrant à une explication de texte approfondie, il déclare : Tout en concluant à une irrecevabilité des poursuites, la cour d’appel ne se prive pas de disséquer les paroles de l’ancien ministre en se montrant sévère à son égard.

Ainsi l’emploi du mot «prototype», qui revient à considérer «toutes les personnes d’origine arabe comme pratiquant les préceptes de la religion musulmane», «témoigne d’un évident manque de culture» de Brice Hortefeux, estiment les juges.

Le ministre s’offre ainsi «un malheureux trait d’humour» au prix de «schémas simplistes et quelque peu réducteurs».

«Désagréable», l’expression «ça ne va pas du tout» n’est pas pour autant outrageante, poursuivent les juges.

«Il en est autrement des seconds propos poursuivis», observent-ils concernant la fameuse phrase «Quand il y en a un, ça va…»

Ce propos «qui vient conforter l’un des préjugés qui altèrent les liens sociaux est outrageant et méprisant à l’égard de l’ensemble du groupe formé par les personnes d’origine arabe stigmatisées du seul fait de cette appartenance, ce qui le rend punissable», assène la cour.

Le MRAP a décidé de se pourvoir en cassation.

Lire l’article complet dans Libération.

Carrefour Loudéac : non à l’ouverture le dimanche

Les personnels du magasin Carrefour de Loudéac se mobilisent : la direction veut l’ouvrir le dimanche matin.

Plusieurs questions se posent, et les personnels les posent :

  • que deviendront les petits commerces du centre ville ? en leur supprimant le seul jour sans concurrence, on peut le deviner.
  • quelle sera la réponse des concurrents ? sans aucun doute l’imitation.
  • quel moyen les personnels auront-ils de refuser de travailler le dimanche ? cette mesure devrait être basée sur le volontariat, mais…

Les personnels de Carrefour Market appellent donc à un rassemblement dimanche 18 septembre, à partir de 8h30, pour les soutenir dans leur lutte. Voici le tract qu’ils distribuent (cliquer sur les deux images pour les agrandir) :



Claude Guéant : l’infamie

La fédération des Bouches-du-Rhône de la Ligue des droits de l’Homme a publié le communiqué suivant, après les propos du ministre de l’intérieur, Claude Guéant, sur les Comoriens :

L’infamie.

C’est le seul terme qui convient aux allégations odieuses exprimées par le Ministre de l’Intérieur stigmatisant la communauté Comorienne de Marseille.

Avant-hier les boucs émissaires se nommaient « jeunes arabes des banlieues » ou encore « gens du voyage » hier « Roms » aujourd’hui « Comoriens » et demain ? Mais où va-t-il s’arrêter dans cette dénonciation insupportable et xénophobe.

L’importante communauté Comorienne de Marseille est, rappelons-le, présente dans notre ville depuis plus de trente ans, pour la plupart, originaire de Mayotte (département français) et donc citoyens français. Le plus souvent pauvres, ils constituent une main d’œuvre surexploitée, très souvent regroupée dans les quartiers périphériques et sont eux aussi victimes d’actes xénophobes. Rappelons l’assassinat du petit Ibrahim Ali par des colleurs d’affiches du Front National.

La Fédération départementale de la Ligue des Droits de l’Homme tient à manifester son soutien sans réserves aux Marseillais Comoriens et à toutes les victimes de racisme.

Elle exige la démission immédiate du Ministre de l’Intérieur Claude Guéant, xénophobe récidiviste, qui par ses propos, a foulé au pied les valeurs républicaines.

Marseille le 13/09/2011.

Ces propos viennent après ceux que Guéant avait prononcés au sujet des Roms. A qui le tour demain ?

De nombreux journalistes dénoncent l’attitude de Guéant, qui n’hésite pas à falsifier les chiffres et à inventer des statistiques.

Vous pouvez lire le point de vue du sociologue Laurent Mucchielli sur le site de la section de Toulon.

Il faut sauver Troy Davis !

Troy Davis a été condamné à mort en Géorgie (USA). Il affronte pour la 4ème fois en 20 l’annonce de son exécution, programmée le mercredi 21 septembre prochain, alors que sa culpabilité est loin d’être établie. De nombreuses associations se mobilisent pour empêcher cette exécution, et une mobilisation mondiale est prévue le 16 septembre. Des rassemblements seront organisés ce jour-là à travers le monde, pour faire pression sur le comité des grâces de Géorgie. A notre niveau, nous pouvons agir en signant la pétition en ligne, sur le site d’Amnesty International.

Ci-dessous, l’appel lancé par les associations qui défendent Troy Davis, avec des liens pour davantage d’informations.

COMMUNIQUE DE PRESSE

Paris, le 13 septembre 2011

N’EXECUTEZ PAS TROY DAVIS !

RASSEMBLEMENT VENDREDI 16 SEPTEMBRE 2011

Six organisations françaises relaient l’appel lancé depuis les Etats-Unis à une mobilisation de l’opinion publique mondiale, le 16 septembre 2011, dans la rue et sur le web, pour empêcher l’exécution de Troy Davis, fixée au mercredi 21 septembre prochain.

Après 20 ans passés dans le couloir de la mort en Géorgie (Etats-Unis), Troy Davis fait face pour la 4ème fois à l’annonce de sa date d’exécution alors que des doutes persistent sur sa culpabilité.

Afin d’éviter qu’une erreur irréversible ne soit commise, les organisations appellent les citoyens à les rejoindre lors des rassemblements à Paris et en région, et à interpeller le Comité des Grâces de Géorgie – ultime recours – pour qu’il commue la peine.

Pour sauver Troy Davis

RASSEMBLEMENT à PARIS

Vendredi 16 septembre à 19h place Stravinsky

(Fontaine Niki de Saint-Phalle, près du Centre Georges Pompidou – Paris 4ème)

Avec ACAT-France, Amnesty International France, le Collectif Mumia Abu-Jamal, ECPM, la FIDH et

la Ligue des Droits de l’Homme

Les organisations appellent également à agir en ligne :

en postant un tweet pour soutenir Troy Davis,

en signant la pétition en ligne adressée au Comité des grâces de Géorgie

Plus d’information sur www.amnesty.fr/troy-davis, dont 5 nouvelles vidéos sur l’enquête.

Porte-parole des organisations disponibles pour des interviews avant et pendant l’événement

Contacts presse

ACAT-France – Ophélie Latil 01 40 40 40 24 / 07 61 71 66 69

Amnesty International France – Aurélie Chatelard / Laure Delattre 01 53 38 65 77 – 65 41 / 06 76 94 37 05

Collectif unitaire national de soutien à Mumia Abu-Jamal – Jacky Hortaut 06 86 46 99 80

Ensemble contre la peine de mort (ECPM) – Raphaël Chenuil-Hazan 01 80 87 70 53

FIDH – Karine Appy/Arthur Mannet  06 48 05 91 57 / 06 72 28 42 94

LDH – Virginie Peron – 01 56 55 51 07

Bravo aux lycéens de Rostrenen !

Rosa Parks en compagnie de Martin Luther-King.

Les élèves de première bac pro services de proximité et vie locale et leurs enseignants ont entrepris de rechercher un nom pour le lycée professionnel de Rostrenen (22). L’objectif était de symboliser l’esprit des élèves qui viennent dans les sections du sanitaire, du social et de la sécurité. Jusqu’à présent, le lycée professionnel, ouvert en 1967, n’avait pas de nom, malgré plusieurs propositions faites dans les années précédentes. Après un travail de recherche, plusieurs propositions ont été faites à la communauté scolaire. Un vote majoritaire s’est porté sur le nom de Rosa Parks, une couturière noire américaine qui est devenue célèbre parce qu’un jour, dans un bus, elle a refusé de céder sa place à un passager blanc (source Ouest-France, 12 septembre 2011).

Bravo à ces lycéens !

Loin d’être une anecdote, ce refus de Rosa Parks a eu pour conséquence la naissance du mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis, mouvement mené par le pasteur Martin Luther-King, et qui a débouché sur la suppression de la ségrégation raciale dans ce pays.

Un joli ouvrage lui est consacré dans la collection « Ceux qui ont dit non », chez Acte Sud. En voici la présentation par l’éditeur :

Depuis toujours, il y a dans le monde des hommes et des femmes qui ont su dire non à ce qui leur paraissait inacceptable… “En disant non, toute désarmée que j’étais, je restais en phase avec moi-même. Je ne cherchais nullement à être une citoyenne modèle, moi que la loi excluait du droit de vote, ainsi que de la liberté de boire à n’importe quelle fontaine, de m’asseoir à la place libre qui me faisait face, de me soulager dans les toilettes publiques… Contrairement aux humains, les animaux buvaient à la même source, quelle que fût la couleur de leur pelage. En Alabama, un écriteau surplombait nos fontaines : COLORED. Notre vie était la pancarte de la honte.” Parce qu’il est né au Tchad, et parce qu’il vit, écrit et publie depuis longtemps en France, Nimrod (1) prête sa voix avec une rage à peine contenue à Rosa Parks. La discrimination raciale, il la connaît bien, vieille ennemie qui guette sans cesse…

(1) Nimrod, est un poète, écrivain et essayiste tchadien.

Seine-Saint-Denis : vers le clash à propos des mineurs isolés

Claude Bartolone, président du conseil général de Seine-Saint-Denis, engage une partie de bras de fer avec l’Etat. Le problème ? Les mineurs étrangers isolés, demandeurs d’asile, dont l’Etat se désintéresse. Dès lors, c’est au conseil général, à travers sa compétence « aide sociale à l’enfance » qui en a la responsabilité. Mais les places d’hébergement, prévues pour les enfants français en difficulté, ne sont pas prévues pour ces adolescents, et leur accueil submerge les services du département. Claude Bartolone a donc décidé de mettre un terme à leur accueil. Du coup, ils sont pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse, dont ça n’est pas non plus le rôle : ces mineurs (une vingtaine), ne sont pas délinquants. Le ministère de la justice a demandé à la PJJ de mettre un terme à cet accueil, non conforme à sa vocation, déclare Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants du département, et spécialiste reconnu de la justice pour enfants. L’article est à lire dans Libération.

Les associations sont elles aussi confrontées à ce problèmes : trouver un hébergement aux demandeurs d’asile que l’Etat, qui doit les loger, se désintéresse, et c’est la solution qu’elles adoptent la plupart du temps. Sauf que cela renforce l’Etat dans son mépris des ses propres lois. Laisser les familles, souvent accompagnées de jeunes enfants ? L’Etat sait parfaitement que les associations n’oseront pas aller jusque là. La marge de manoeuvre est étroite, et le « chantage » de l’Etat de plus en plus insupportable. Politique du chiffre…

Esther a obtenu un titre de séjour

Excellente nouvelle ce matin : Esther A., que la section Loudéac centre Bretagne suit depuis mai 2010, lorsqu’elle a reçu une OQTF (Obligation de quitter le territoire français), a reçu un courrier de la préfecture l’informant qu’on lui accordait un titre de séjour « vie privée et familiale« .

L’histoire d’Esther est singulière. Congolaise (République du Congo, Congo Brazzaville), mariée à un Français d’origine congolaise lui aussi, elle a un enfant de 10 ans. Né de père français, cet enfant, qui a aujourd’hui 10 ans, est français, et il est scolarisé en France. Malgré cela, les services préfectoraux refusaient d’accorder un titre de séjour à Esther.

Depuis son arrivée en France, en octobre 2008, Esther vivait dans l’angoisse d’une arrestation, d’un placement en rétention et d’une expulsion vers le Congo.

François-Xavier Corbel, du service juridique de la Ligue des droits de l’Homme avait demandé à la préfecture des Côtes d’Armor, en mai dernier, d’accorder un titre de séjour à Esther en tant que mère d’un enfant français. C’est ce qui a été finalement fait. Et aurait dû être fait depuis son arrivée en France !

Arrêté à la sortie de la préfecture qui l’avait convoqué

Convoqué mardi en commission de titre de séjour, Ibrahim Sahin, un Turc sans-papiers demeurant à Lorient, a été arrêté dès sa sortie de la préfecture et placé en rétention. Lire l’article dans Le Télégramme.

Une technique bien éprouvée et fréquemment utilisée : on convoque les gens, et on prévient la police. Sauf que, dans l’immense majorité des cas, le juge des libertés annule la procédure et libère les personnes victimes de ces traquenards. Les exemples sont nombreux : site Avocats.fr, site RESF, par exemple.

En attendant, quel gâchis !