Une demandeuse d’asile en grève de la faim au centre de rétention administrative de Rennes Saint-Jacques

Clara K. M. est une demandeuse d’asile congolaise du Nord Kivu, enfermée au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes depuis le 18 décembre 2012.

Clara est arrivée en France en octobre 2010. Elle fuyait des persécutions dans le Nord Kivu liées aux origines rwandaises de sa famille.

Déboutée de l’asile depuis le 5 mars 2012, Clara a épousé le 21 juillet 2012 Pedro G., un réfugié angolais.

Clara a été convoquée à la Police de l’air et des frontières (PAF) de Rennes le 18 décembre, pour « examen de sa situation administrative ». Clara s’y est rendue sans crainte, ignorant qu’elle faisait déjà l’objet d’une mesure d’éloignement exécutoire. Elle a été conduite au CRA.

Lors de sa seconde prolongation devant le JLD (juge des libertés et de la détention), le représentant de la préfecture a annoncé qu’un laissez-passer était délivré et qu’un vol était programmé dans les prochains jours…

Depuis son maintien en rétention par la Cour d’Appel de Rennes le 15 janvier, Clara refuse de s’alimenter. Son état de santé se dégradant, elle a été transférée au CHU de Rennes le 20 janvier. Après avoir été perfusée, elle a été ramenée au CRA.

Clara va mal, elle vit chaque jour et chaque nuit dans l’angoisse de l’expulsion.

Annie Clénet, présidente de la section rennaise de la Ligue des droits de l’Homme, a écrit au préfet, dans laquelle elle rappelle la situation particulière de Clara : « Une reconduite à la frontière qui interdirait aux deux époux toute vie commune constituerait une violation certaine et inadmissible des dispositions de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) ». Et elle précise : « Par ailleurs, nous faisons appel à vos sentiments humanitaires devant les dangers encourus par Mme Clara K. M. en raison de son état de santé et de la situation interne de la république démocratique du Congo. La situation personnelle et familiale de madame K. M., le statut de réfugié de son mari constituent manifestement les motifs exceptionnels visés par les dispositions de l’article L 313-14 du Code d’entrée et de séjour des demandeurs d’asile (CESEDA) justifiant l’admission au droit au séjour ».

Pour demander la libération et la régularisation de Clara Kasekera Mokango, afin qu’elle puisse rester vivre en France auprès de son mari, vous pouvez adresser un fax ou un mail au préfet ou au secrétaire général de la préfecture (coordonnées sur le site de la Préfecture d’Ile-et-Vilaine).

Festival BoléThiossane Kéraudy, du 8 au 14 juillet 2013 à Plumiliau et Loquémeau(22)

Anne Cousin, historienne, qui a travaillé sur le dossier des soldats africains enrôlés dans l’armée française pendant la deuxième guerre mondiale, et qui avait accompagné la section lorsque nous avons travaillé sur le camp des tirailleurs sénégalais de Trévé, revient d’un voyage à Dakar et Thiaroye. C’est à Thiaroye que l’armée française avait tiré sur des soldats africains fraîchement rapatriés, et qui réclamait le paiement de leur solde, faisant de nombreux morts. « Ce voyage à Dakar-Thiaroye a permis de belles rencontres », nous écrit-elle. Parmi ces rencontres, celle de Jean-Marie Mallet à Dakar, « qui a créé un spectacle solo de danse sur des textes de Senghor. Il est aussi percussionniste, très intéressé par cette sombre histoire coloniale ». Coïncidence, Jean-Marie Mallet connait  Stella , une Sénégalaise qui tient un café à Kéraudy, en Ploumilliau (22). C’est ainsi qu’est née l’idée de créer un festival : il aura lieu du 8 au 14 juillet, à Ploumilliau et Loquémeau. Parmi les manifestations prévues dans ce festival, figure un café littéraire, programé  le jeudi 11 juillet au café Théodore à Loquemeau vers 17h. Au programme de ce café : « Les troupes coloniales » avec Anne Cousin, Armelle Mabon, Roland Colin, Babacar Sall, témoins de Trévé (Editions Récits), projection du film « Oubliés et trahis ». Anne Cousin invite donc la section à participer notamment à ce café littéraire, où lestémoignages rassemblés dans le livre « Nous n’avions jamais vu de Noirs » aura bien entendu toute sa place : « Votre parole serait bien intéressante, car ce qui s’est fait à Trévé est assez remarquable », estime Anne Cousin.

Lorsque le programme définitif de ce festival sera arrêté, nous le publierons. D’ores et déjà sont prévus des ateliers de percussion et de danse africaines et des concerts.

 

Communiqué unitaire : M. Valls, une circulaire ne suffit pas, c’est la loi qu’il faut modifier !

Au moment de sa parution, le 28 novembre 2012, les défenseurs des droits, parmi lesquels la Ligue des droits de l’Homme, avaient vivement critiqué ce qu’il est convenu d’appeler la circulaire Valls. Cette circulaire était notamment sensée, d’après le ministre, harmoniser les décisions des préfectures sur l’ensemble du territoire, et « humaniser » la politique à l’égard des demandeurs d’asile et des sans-papiers. A peine trois mois plus tard, les faits nous donnent raison : alors qu’aujourd’hui la presse annonce un record d’expulsions de migrants pour l’année 2022 (rappelons tout de même que seuls les cinq premiers mois sont imputables à l’administration précédente), on constate autant d’écarts d’une préfecture à l’autre, sans qu’il soit possible d’y remédier puisqu’il ne s’agit que d’une circulaire et qu’elle n’est pas opposable devant le tribunal administratif. Par ailleurs, les associations soulignaient le caractère abusif de certaines conditions, qu’il était matériellement impossible aux migrants de remplir (notamment la présentation de fiches de paye).

La lutte des sans-papiers de Lille est exemplaire de cette déréglementation. Il n’est donc pas surprenant que le collectif d’associations qui les a suivis et aidés s’exprime aujourd’hui dans un communiqué commun qui vient d’être publié, et qui donne un éclairage très précis de la situation actuelle. Ce communiqué réaffirme la nécessité de faire preuve d’un peu de courage politique pour sortir d’une situation qui, par endroits, est dramatique.

Voici ce communiqué.

La lutte des sans-papiers de Lille et la poursuite des expulsions viennent confirmer avec force que la circulaire Valls, publiée le 28 novembre 2012, ne répond pas à la revendication portée par nos organisations « pour une égalité des droits entre Français et étrangers ». Cette revendication avait été réaffirmée durant les campagnes présidentielle et législative par les organisations suivantes : Autremonde, CGT Paris, La Cimade, Droits Devant !!, Fasti, FSU Paris, Gisti, LDH Paris, Mrap, RESF, Union Syndicale Solidaires.

En partant du vécu de milliers de migrants, les organisations signataires proposaient des mesures précises pour sortir d’une logique qui, circulaire après circulaire, loi après loi, avait globalement réduit à peau de chagrin les droits des migrant-e-s.

Elles proposaient d’avoir le courage politique de marquer une véritable rupture avec la politique antérieure et de réformer en profondeur le Ceseda et le Code du travail.

La circulaire Valls ne suffit pas, dans la mesure où elle n’est pas opposable devant un tribunal et reste marquée par une logique de quota de régularisation.

Par sa nature même, elle ne remet pas en cause le pouvoir discrétionnaire des préfets et ne permet en aucun cas d’asseoir une égalité de traitement, les étrangers ne pouvant pas s’appuyer sur ce texte devant les tribunaux.

D’autre part, elle ne remet pas en cause les principes d’exclusion des dispositifs légaux précédents : critères arbitraires, exclusion encore une fois du département de Mayotte, conditions encore restrictives, notamment pour les travailleurs.

La circulaire continue de faire de l’employeur le seul interlocuteur de l’administration en lui laissant le pouvoir exorbitant de donner des suites, ou non, à la démarche de régularisation, elle exclut de fait les travailleurs au noir et impose des périodes de clandestinité préalables à tout titre de séjour.

C’est pourquoi nous, les organisations soussignées, tenons à rappeler notre volonté de défendre l’égalité des droits entre Français et immigrés et de rompre avec cette politique de stigmatisation des migrants.

Nous exhortons le gouvernement à aller vers des choix qui intègrent la mobilité des personnes, qui reconnaissent une place à chacun–e, en mettant au centre la solidarité et l’égalité plutôt que le rejet et la peur.

Nous rappelons notre exigence que soient modifiés le Ceseda et le Code du travail pour des régularisations de plein droit.

Nous revendiquons la création d’un titre de séjour unique, stable, avec droit au travail, renouvelable de plein droit, donnant à tous les étrangers les mêmes droits.

La jeune section de Redon ouvre un blog

Mireille Spitéri, présidente de la section LDH du pays Redonnais.

Créée fin septembre 2012, la section du pays de Redon de la Ligue des droits de l’Homme est la plus jeune des sections bretonnes, avec celle de Ploërmel, créée presque simultanément. Et elle vient de se doter d’un blog, à cette adresse : http://ldh-paysderedon.blogspot.fr/.

Mireille Spiteri, originaire de la section rennaise de la LDH, est à l’origine de cette création. Depuis quatre mois, elle n’a pas chômé. Très engagée dans la défense des gens du voyage, elle a milité pour la suppression du « livret de circulation » (le premier article du blog est d’ailleurs consacré aux gens du voyage).Une première victoire a été obtenue en septembre (lire ici), mais la voie est ouverte. Autre champ de lutte pour la jeune section : elle s’est fortement mobilisée contre la disproportion des mesures répressives mises en œuvre contre les opposants à la construction du  nouvel aéroport de Nantes sur le site de Notre-Dame-des-Landes » (lire ici).

La naissance d’une nouvelle section, et la constatation de sa vivacité sont de bonnes nouvelles pour les défenseurs des droits : encourageons les, ne serait-ce qu’en visitant leur blog, tenu par Doriane Spitéri !

 

Mariage pour tous : contrer les mensonges et les arguments fallacieux !

Dimanche aura lieu la manifestation en faveur du projet de loi de mariage pour tous à Paris.

Les opposants à ce projet ne désarment pas, et leurs arguments sont, la plupart du temps, dans le meilleur des cas, de la mauvaise foi, dans le pire, des mensonges éhontés qui transpirent l’homophobie, quoiqu’en disent ceux qui les diffusent.

La section de la Ligue des droits de l’Homme Bondy – Noisy – Rosny vient de publier un tract qui dénoncent ces arguments fallacieux avec beaucoup d’efficacité. En voici le texte.

« Depuis des mois, la plus grande partie de la droite, de l’extrême droite et un certain nombre de représentants des cultes, alliés aux intégrismes religieux les plus anti républicains, multiplient mensonges, menaces et discours apocalyptiques à propos du mariage pour tous, avec la prétention d’ériger leurs croyances en loi.

Or, si les cultes ont parfaitement le droit d’avoir des vues particulières sur le mariage, la famille, la sexualité, ils ne peuvent ainsi corseter la liberté de conscience et multiplier les discours de discriminations.

Assez de discours homophobes

Les amalgames haineux entre homosexualité, polygamie, pédophilie, les mises en garde contre la fin de l’humanité participent d’un indéniable fond homophobe.

Arc-boutés sur une supposée loi naturelle, leurs auteurs se sont successivement opposés au divorce, à la contraception, puis à l’interruption de grossesse, enfin au Pacs, en agitant les mêmes arguments, les mêmes menaces. Il faut opposer un large front du refus à cette agitation de la haine et de la peur, sauf à renoncer à toute réforme, à tout engagement contre les discriminations, à tout projet de justice et de liberté.

La société française a évolué

Sa réalité actuelle est celle de la diversité de la composition des familles qui, depuis des décennies, ne repose plus sur un modèle unique. La reconnaissance juridique des couples de même sexe ne vient que confirmer un état de fait, et un principe d’égalité.

Le mariage pour tous permet à celles et ceux qui le désirent, d’offrir la possibilité d’un statut juridique à des dizaines de milliers de couples et autant d’enfants vivant déjà au sein de telles familles.

Des inquiétudes infondées

L’évolution législative proposée ne change pas les règles applicables en France pour l’adoption.

Les règles concernant l’adoption resteront régies par la convention de La Haye, ratifiée par la France en 1998, qui prévoit que toute adoption est prononcée par un juge qui vérifie toutes les garanties nécessaires à la protection des droits de l’enfant.

De plus, rappelons qu’elle est autorisée aux personnes célibataires, et que l’adoption ne peut être entravée en raison de l’orientation sexuelle du ou des demandeurs, qui reste indépendante du projet parental.

D’autres en Europe avant nous

Rappelons enfin que vingt-deux pays disposent déjà d’une législation posant le mariage et l’adoption sans discrimination, comme l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Canada, neuf Etats américains, mais aussi en Europe : les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège, la Suède ou le Portugal et l’Espagne.

Dans chacun d’entre eux, la lutte contre l’homophobie, contre les discriminations, pour l’égalité entre les sexes, a progressé. Ni la « famille » ni la « protection des enfants » n’y sont mises en péril.

La France ne sera donc pas pionnière sur le sujet, mais elle confirmera ainsi son attachement à une République laïque, fondée sur les principes de liberté et d’égalité. »

Une fève « Collector » pour la galette des droits !

ERREUR ! la galette des droits n’aura pas lieu le 19 juin, mais bien le samedi 16 février ! Merci Annick de me l’avoir signalé !

La section Loudéac centre Bretagne va offrir, le samedi 16 février, une « galette des droits » à ses partenaires des Droits en fête, la manifestation que nous organisons au mois de mars. Pour l’occasion, Annie Lagadec, membre de la section et par ailleurs artiste plasticienne, qui avait créé la stèle à la mémoire des tirailleurs sénégalais de Trévé, a créé une fève dont on peut déjà dire qu’elle sera collector » ! Il s’agit du bonnet phrygien du logo de la Ligue des droits de l’Homme. Annie y a même gravé la balance !

 

Forte mobilisation samedi 19 pour soutenir le mariage pour tous malgré la météo

La manifestation en faveur du mariage pour tous à Rennes a rassemblé plus de 2000 personnes (photo Ouest-France)

Les manifestations organisées un peu partout en France ce samedi 19 janvier, en faveur du mariage pour tous, ont connu un beau succès, malgré des conditions météoroligiques détestables. 250 personnes à Lannion, où on a vu la députée de la circonscription, Corrine Ehrel. 500 personnes à Quimper (600 d’après Le Télégramme), où Stéphane Lenoël,  président de la section de la Ligue des droits de l’Homme a remis vertement les choses à leur place. Il a rappelé que « Ce sont les mêmes qui se sont insurgés à travers les époques sur l’abolition des privilèges, sur l’abolition de l’esclavage, sur l’instauration du droit de vote universel, son extension aux femmes, qui ont été contre le divorce, contre la capacité juridique de la femme… La liste est longue, mais toujours la haine contre l’autre est apparue, la violence dans les propos a été de mise, la mauvaise foi utilisée. Heureusement, des hommes et des femmes leur ont opposé leurs convictions, leur solidarité, pour toujours placer l’égalité et la dignité de la personne humaine au centre du projet de société. » Et aussi que « La famille est multiple, évolutive : hétérosexuelle, homosexuelle, à deux ou monoparentale, recomposée souvent. Si elle est bien au centre de la question de l’éducation des enfants, elle n’est pas uniforme. C’est la conforter que de permettre la réalisation du mariage pour tous : des modèles différents mais les mêmes droits pour toutes ! Pour les parents, pour les enfants ! ». Plus de 2000 personnes à Rennes, où de nombreux élus, et parmi eux, des députés, ont pris la parole.

La mobilisation a été forte, et a largement dépassé les associations qui rassemblent les homosexuelles. Et c’est heureux. Le combat n’est pas terminé. Les hystériques de Civitas ont par exemple prévu une « prière de rue » devant l’assemblée nationale, le 29 janvier. La mobilisation doit donc se poursuivre pour empêcher ces lobbys réactionnaires d’imposer une nouvelle fois leur loi à l’ensemble de la société : à commencer par la manifestation prévue dimanche 27 à Paris.

 

Un lipdub en Bretagne pour changer le regard sur l’exclusion

C’est une initiative originale qu’Adalea vient de réaliser. Cette association départementale, dont le siège est à Saint-Brieuc, a plusieurs missions : une mission d’accueil, d’écoute et veille sociale, une mission de logement et d’hébergement (c’est elle qui gère le 115 sur le plan départemental), un mission d’emploi et la formation enfin une mission sur les ateliers d’insertion. Elle est dirigée par Manuela Charlès.

L’initiative ? C’est la réalisation d’un « lip dub ». Un clip musical que l’association définit ainsi :

« Un projet initié et piloté par l’association ADALEA en partenariat avec la Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale Bretagne (FNARS Bretagne), la Fondation MASSE-TREVIDY, l’association pour la Promotion de l’Enfance de l’Adolescence et de l’Adulte (APE2A). Avec l’appui technique de l’association du Cercle et du studio d’enregistrement RODES à Saint-Brieuc ».

Salariés, bénévoles et usagers d’Adalea ont tous participé au projet, et le résultat est remarquable. Ne manquez surtout pas d’aller le voir, vous ne serez pas déçu ! ça se passe ici pour la vidéo,  et vous avez ici les détails de cette réalisation.

 

Mariage pour tous : donner la parole aux « anciens enfants » !

On a l’impression que les opposants au mariage pour tous paniquent. En tout cas, ils ont du mal à maîtriser leurs troupes. Un des derniers dérapages, après celui de Xavier Bongibault, un de leurs porte-paroles, qui a comparé le président de la République à Hitler pendant leur manifestation, en voici un nouveau dénoncé ici : http://lelab.europe1.fr/t/christiane-taubira-caricaturee-en-adolf-hitler-7040. Le site de droite « 24hactu » a publié un photomontage représentant Christiane Taubira affublée de moustaches à la Hitler dans un décors IIIème reich…

Et les arguments continuent de pleuvoir, avec toujours la même indigence.

Ils ont peut-être de quoi paniquer. Parce que ceux dont ils parlent le plus sans jamais leur donner la parole, les enfants, commencent à s’exprimer. Ce ne sont évidemment pas des enfants qui parlent, mais des adultes qui évoquent leur passé d’enfants d’homosexuels. Et ils réussissent à partager l’amour dans lequel ils ont été élevé, mettant à mal un des seuls arguments qui restait aux opposants.

Un de ces derniers témoignages vient de l’humoriste Virginie Lemoine, qui explique que, orpheline de mère, et avec un père violent, elle a été élevée par son frère aîné, homosexuelle. Et elle explique que c’est grâce à lui qu’elle est devenue ce qu’elle est. On peut voir son témoignage, bouleversant, ici.

Alors raison de plus pour aller aux manifestations, demain 19 janvier, par exemple devant la mairie à Lannion à 15h, place Saint-Anne à Rennes à 15h, ou place Corentin à Quimper à 15h.

 

ALERTE : une lettre au premier ministre sur l’exclusion

Le collectif Alerte regroupe 37 fédérations et associations de lutte contre la pauvreté, dont la Ligue des droits de l’Homme, au titre de la défense des droits sociaux et économiques. Le collectif a participé à la Conférence interministérielle sur la lutte contre l’exclusion. Il dresse ici un bilan de cette conférence. De nombreux point lui ont paru très positifs. Il en fait la liste : « Les mesures que vous avez annoncées marquent une première étape positive », indique-t-il. Mais il regrette aussi que plusieurs de ces mesures « ne vont pas aussi loin que nous l’avions souhaité ». Le collectif pointe ces insuffisances, et fait des propositions dont il souhaite qu’elles soient prises en compte lors du prochain Comité interministériel de lutte contre l’exclusion. Ces propositions sont développées dans un courrier que le collectif a adressé au premier ministre, Jean-Marc Ayrault.

Voici cette lettre, téléchargeable ici.

37 fédérations et associations nationales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion membres de la Commission lutte contre la pauvreté de l’UNIOPSS
30 collectifs inter-associatifs locaux présents dans 14 régions.

Monsieur Jean-Marc AYRAULT
Premier Ministre
Hôtel de Matignon
57 RUE DE VARENNE
75700 PARIS

Paris, le 15 janvier 2013

Monsieur le Premier Ministre,

Les associations nationales de lutte contre la pauvreté regroupées dans le collectif ALERTE animé par l’Uniopss saluent la Conférence nationale qui s’est tenue les 10 et 11 décembre

2012 et que vous avez conclue. Comme ALERTE l’avait espéré pendant la campagne électorale, cette Conférence a permis d’inscrire la lutte contre la précarité, la pauvreté et l’exclusion à l’agenda de la vie politique de notre pays au plus haut niveau. Nous nous en réjouissons. Le « changement de regard » sur la pauvreté que vous avez voulu instaurer est pour nous essentiel : le temps du discours qui assimile l’assistance à l’assistanat est révolu. Il y a là une évolution majeure du discours politique dont nous vous remercions sincèrement. Il est essentiel maintenant de faire partager cette vision à tous nos concitoyens. La forte interministérialité que vous avez voulu donner à cette conférence est à cet égard une avancée très intéressante ; au surplus elle répond à la nécessité de prendre en compte globalement la diversité des dimensions de la pauvreté.

Les mesures que vous avez annoncées marquent une première étape positive, même si plusieurs d’entre elles ne vont pas aussi loin que nous l’avions souhaité (RSA, hébergement, logement, petite enfance, seuil de la CMUC…). Elles donnent néanmoins le sentiment d’une volonté de changement. Nous notons en particulier avec intérêt la reconnaissance de la nécessité de promouvoir davantage un accompagnement global des personnes. Il est, en effet, nécessaire de créer un droit à l’accompagnement et de l’organiser de façon globale et coordonnée. Nous saluons aussi l’annonce de groupes de travail sur la lutte contre l’isolement des personnes âgées et souhaitons que cette démarche « Monalisa » soit inscrite dans le plan.

Nous sommes également heureux des mesures annoncées sur la question délicate de la lutte contre l’endettement.

Si ces mesures d’urgence étaient nécessaires, la prise en compte des aspects structurels de la pauvreté et de l’exclusion nous a paru pourtant faire singulièrement défaut. Le traitement des questions de lutte contre la pauvreté et l’exclusion demande aussi une visée de moyen-long terme et, par conséquent, la mise en place de mesures structurelles. Nous citerons à cet égard trois exemples particulièrement significatifs : sur la petite enfance pauvre, pour laquelle il est si important de mener des politiques d’investissements préventifs, nous continuons de manquer de perspectives; sur l’hébergement et le logement, les mesures prévues semblent s’être arrêtées à 2013, et encore sont-elles contredites par des dispositions inquiétantes de la loi de finances pour 2013 qui prévoient une baisse de 30% de la subvention accordée par logement PLAI, dont les personnes défavorisées ont pourtant le plus grand et urgent besoin.

Sur les jeunes enfin, la « garantie jeunes » que vous avez annoncée, pour 100 000 bénéficiaires par an à terme, si elle est intéressante, reste très en deçà des besoins en volume et en ambition. Il est particulièrement alarmant de constater que le quart de la population accueillie en centres d’hébergement sont des jeunes de 18 à 25 ans. Les associations, vous le savez, demandent l’élargissement du RSA jeunes à tous les jeunes de 18 à 25 ans sans ressources engagés dans un parcours d’insertion et la création d’un droit à la formation tout au long de la vie.

Enfin, nous regrettons que des catégories de populations particulièrement exclues n’aient pas bénéficié d’annonces de votre part, en particulier les personnes handicapées, les migrants et les sortants de prison. De même, nous avons été étonnés de l’absence de mention et de propositions concernant ceux qui œuvrent sur le terrain, avec des difficultés croissantes, dans cette bataille contre la pauvreté et l’exclusion, les associations de solidarité.

Nous souhaitons, bien sûr, que ces réflexions puissent être prises en compte par le Comité Interministériel du 21 janvier qui devra décider du plan annoncé par le Président de la République. Nous pensons qu’il serait très souhaitable qu’il trouve sa traduction dans une loi de programmation pluriannuelle. Un tel texte, succédant à la grande loi de 1998 sur les exclusions, outre sa portée politique, conforterait l’action publique par sa globalité et son approche interministérielle telles que l’a très heureusement illustré la Conférence. Elle permettrait par ailleurs, d’inscrire la volonté du Gouvernement dans la durée et, notamment, d’inclure les mesures à caractère structurel dont nous ressentons la nécessité.

Ce projet de loi serait soumis pour avis au Conseil National des politiques de Lutte contre l’Exclusion (CNLE) avant son adoption par le Conseil des Ministres. À cet égard, nous attachons une grande importance au suivi et à l’évaluation du plan. Là encore le CNLE, qui comporte, outre les associations et administrations, des élus, des personnes qualifiées, les partenaires sociaux et des personnes en situation de pauvreté, devrait à nos yeux se voir confier logiquement cette tâche. Le Gouvernement devrait s’engager à soumettre chaque année au débat du Parlement un rapport d’exécution sur lequel il aura préalablement recueilli l’avis du CNLE.

Nous insistons, par ailleurs, sur l’importance d’une mobilisation forte par vos soins des Préfets ; trop souvent en effet les mesures nationales ne trouvent que très partiellement leur application sur le terrain et la lutte contre la pauvreté ne semble pas être, aujourd’hui, une véritable priorité de l’administration déconcentrée.

Enfin, si la Conférence a été riche, elle n’a pas permis, faute de temps, d’aller au fond de tous les sujets. Nous souhaitons donc que le CILE décide l’ouverture et le calendrier de plusieurs chantiers de travail, notamment sur les « oubliés » de la conférence : personnes handicapées, dont notamment celles en souffrance psychique, migrants, sortants de prison ; personnes âgées dont la pauvreté monétaire s’est aggravée ; gens du voyage ; sur les jeunes ; sur la petite enfance ; sur l’articulation entre RSA, prime pour l’emploi et allocation de solidarité spécifique ; sur l’accès à l’emploi et à la formation professionnelle ; sur le développement de l’insertion par l’activité économique.

Voilà, Monsieur le Premier Ministre, les principaux messages que nous tenions à vous transmettre en vue du CILE.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de notre haute considération.

Liste des associations signataires :

  • Amicale du Nid
  • Association des Collectifs Enfants Parents Professionnels (ACEPP)
  • Association des Paralysés de France (APF)
  • Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA)
  • Association Service Social Familial Migrants (ASSFAM)
  • Cimade
  • Comité Chrétien de Solidarité avec les Chômeurs et précaires (CCSC)
  • Comité national de Liaison des Associations du Réseau d’Accompagnement des Migrants (CLARA)
  • Coorace
  • Croix Rouge française
  • Droits d’Urgence
  • Emmaüs France
  • Familles Rurales Fédération Nationale
  • Fédération des Associations pour la Promotion et l’Insertion par le Logement (FAPIL)
  • Fédération des Pact
  • Fédération Entraide Protestante
  • Fédération Habitat et Humanisme
  • Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS)
  • Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et Gens du voyage
  • (FNASAT-Gens du voyage)
  • Fédération Vacances et Familles
  • Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés
  • Fondation Armée du Salut
  • Fonds Social Juif Unifié (FSJU)
  • France Terre d’Asile
  • Les petits frères des Pauvres
  • Ligue des droits de l’Homme
  • Médecins du Monde
  • Mouvement ATD Quart Monde
  • Secours Catholique
  • Société de Saint-Vincent-de-Paul
  • Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC)
  • Union nationale ADMR
  • Union nationale des associations familiales (UNAF)
  • Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (UNAFAM)
  • Union nationale pour l’habitat des jeunes (UNHAJ)
  • Union professionnelle du logement accompagné (UNAFO)
  • Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux
  • (UNIOPSS)

Coordination et animation du collectif Alerte national

Uniopss – 15 Rue Albert – CS 21306 – 75214 Paris cedex 13