Le sabre et le goupillon !

Ça s’est fait discrètement : des communiqués brefs dans les quotidiens. Pourtant, le symbole est fort. Alors que le président de la République, dans ses propositions électorales, prévoyait d’inscrire la séparation de l’église et de l’Etat dans la constitution, voilà que le ministre de l’Intérieur, qui n’en est plus à un renoncement prêt, qui va assister à la canonisation d’un père jésuite au Vatican. Et pas n’importe quel religieux : un missionnaire, parti à la Réunion puis à Madagascar, au XIXème siècle. Un colonialiste chargé de convertir les populations locales, ce qu’il fit semble-t-il avec beaucoup de zèle.

Le quotidien La Croix met cette présence d’un ministre d’une république laïque à un événement religieux, et pas n’importe lequel, sur le compte de la tradition. Voici ce qu’il écrit : « Conformément à la tradition qui veut que le gouvernement français soit représenté à Rome lors de la canonisation d’un Français, le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, sera présent, dimanche 21 octobre, place Saint-Pierre, pour la canonisation du P. Jacques Berthieu, jésuite, martyrisé à Madagascar en 1896. »

L’Humanité ne partage pas ce point de vue : « Le ministre de l’intérieur se serait-il converti à la « laïcité positive » de Nicolas Sarkozy ? Le 22 septembre, le diocèse de Troyes a accueilli Manuel Valls à l’occasion de la béatification du père Louis Brisson. C’était la première fois dans l’histoire de la République qu’un ministre de l’Intérieur se rendait lui-même à ce type d’événement ecclésial en France ». Et le journal rappelle que Jacques Berthieu était « missionnaire colonial dans les villages de Madagascar, lorsque ceux-ci se soulevaient contre le joug colonial »En fin de compte, un humaniste, ce Berthieu…

Autre ministre, autre humaniste : on apprend que le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, inaugurera une stèle à la mémoire du grand humaniste Bigeard le 20 novembre au mémorial des guerres d’Indochine, à Fréjus. On se souvient du tollé qu’avait provoqué l’annonce par le précédent ministre de la défense, Gérard Longuet, du dépôt des cendres du tortionnaire aux Invalides. Une pétition contre ce projet ignoble avait rassemblé des milliers de signatures et on pensait l’affaire classée : eh bien non, c’était sans compter sur le zèle du nouveau gouvernement !

 

Les « identitaires » s’agitent

Ils sont nerveux les identitaires. À Poitiers, ils investissent le chantier de la future mosquée. À Pacé (35), ils annoncent une manifestation début novembre pour « expulser » les sans-papiers qui logent dans l’ancienne maison de retraite. Et ils menacent par courrier électronique des militants de Droit au logement de représailles. Là,  c’est « jeune Bretagne » qui s’y colle. Il s’agit pour eux de multiplier les provocations, et engranger les bénéfices des déclarations de Copé sur le « racisme anti blanc » que l’encore chef de l’UMP a dénoncé à coup de pains au chocolat.

Heureusement, les réactions sont unanimes contre les méfaits de ces excités.

Elles viennent à la fois du milieu associatif (MRAP, LICRA), et de partis politiques (parti communiste, parti socialiste, parti de gauche, jusqu’à l’UDI de Jean-Louis Borloo et… l’UMP, par la bouche de Copé. PS et PC réclament la dissolution du mouvement « génération identitaire ». Le MRAP a pour sa part bien cerné le problème, en réclamant «la dissolution immédiate de toutes les poupées gigognes de la mouvance identitaire d’extrême droite qui a occupé le chantier». (source : Libération).

Le parquet de son côté a ouvert une enquête pour « manifestation non autorisée, provocation à la haine raciale, participation à un groupement en vue de la préparation de dégradation de biens en réunion », et placé quatre personnes en garde à vue.

 

Notre-Dame des Landes : répression disproportionnée contre les opposants

Notre-Dame-de-Landes : répression disproportionnée. Récolte de grenades lacrymogènes... (photo Médiapart)

Les moyens utilisés pour déloger les opposants au nouvel aéroport prévu à Notre-Dame-de-Landes, pour remplacer l’actuel aéroport de Nantes, prennent des proportions incroyables : hélicoptère, 500 gendarmes mobiles, des engins de travaux publics…

Les expulsions des habitants des maisons encore occupées sur le site se multiplient : la Bellich’, Bel-Air, la Gaîté, les Planchettes, le Préfailli, mardi 16. Le lendemain, des maisons sont détruites.

De nombreux lieux, des terrains, 3 maisons sont encore occupées. Les opposants continuent de recevoir de plus en plus de messages de solidarité venant de toute la France, et de l’étranger.

Mireille Spiteri, présidente de la toute nouvelle section de la Ligue des droits de l’Homme de Redon s’indigne : « l’action de la police et de la justice ne peut pas avoir pour but de dissuader les citoyens de défendre un autre choix de société. On doit pouvoir contester collectivement ce qu’on estime injuste et injustifié. Il faut arrêter de chercher à criminaliser les mouvements sociaux ».

Elle poursuit : « en démocratie, la répression ne peut être un mode de régulation des conflits sociaux ».

Vous pouvez vous informer sur ces événements, qui se déroulent en ce moment sur le remarquable site du futur aéroport : https://zad.nadir.org/?lang=fr. ZAD ? Pour l’administration : « zone d’aménagement différé ». Pour les opposants : « zone à défendre » !

Lire ausi la réaction de la section de Nantes de la Ligue des droits de l’Homme à propos des poursuites judiciaires contre les manifestants. Et là, un article de Médiapart daté du 18 octobre.

Droits en fête : le mot de la présidente de la section

Pour la première édition de Droits en fête, la section Ligue des droits de l’Homme Loudéac centre Bretagne s’est fixé deux objectifs : réfléchir ensemble sur un droit, et faire la fête avec un pays.

Nous avons retenu cette année le droit à l’éducation.

L’article 26 de la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 stipule : « toute personne a droit à l’éducation ».

Qu’en est-il dans la réalité ? Quelle est la situation ici, en France ?

À travers des expositions, des tables rondes, des vidéos, nous nous pencherons sur ce droit et tout particulièrement sur les discriminations en matière d’éducation dans notre pays (personnes en situation de handicap, gens du voyage, Rroms, populations pauvres….)

L’article 26 dit également : « l’éducation doit favoriser la compréhension et l’amitié entre toutes les nations » : quoi de mieux que faire la fête ensemble ? Cette année, ce sera la fête comme au Maroc, grâce à l’association Amal et Attadamoune, qui apportera à La Motte les parfums, les musiques, les saveurs de ce pays, avec en point d’orgue un couscous le samedi soir.

Nous terminerons cette grande fête avec le concert gratuit de musique tsigane d’Amari Famili, le dimanche après-midi.

Michelle Paul, présidente de la section LDH Loudéac centre Bretagne.

Une page Facebook pour les Droits en fête

La section Loudéac centre Bretagne organise, les vendredi 29, samedi 30 et dimanche 31 mars 2013, la première édition d’une manifestation qu’elle a intitulée « les Droits en fêtes », et qu’elle entend pérenniser.

Pour promouvoir la manifestation, la section vient d’ouvrir une page Facebook, qui permettra à ceux qui s’y inscriront d’être informé du programme de la manifestation au fur et à mesure de son élaboration.

Plusieurs temps forts sont déjà programmés :

Des expositions :

  • « Le Maroc, une créativité millénaire », exposition réalisée par l’Institut du Monde arabe.
  • Poster4tomorrow : des posters venus du monde entier, réalisés pour l’édition 2011 du concours de cette association internationale sur le thème du droit à l’éducation (vous pouvez voir à droite de l’écran des exemples de ces posters).
  • Les textes fondateurs des droits de l’Homme, réalisée par la section Loudéac centre Bretagne.
  • Des travaux d’élèves d’écoles et de lycées et collèges sur le thème du droit à l’éducation.

Des tables rondes – débats animés par des experts :

  • Sur le droit à l’éducation pour les personnes handicapées, les personnes illettrées.
  • Sur le droit à la scolarisation des enfants Rroms.

Des animations :

  • Un repas (couscous) organisé samedi soir 30 mars par l’association Ammale et Attadamoune avec animation musicale.
  • De la musique, avec le groupe de musique tsigane Amari Famili.
  • Des stands tenus par des associations locales qui travaillent à l’international (liste à venir).
  • Un stand de l’association « La cabane d’Amélie », qui propose des jeux buissonniers aux enfants.

Cette page facebook, qui est en cours de fabrication, vous permettra de suivre l’évolution du projet presqu’en direct : abonnez-vous !

Antoine Sollacaro, un homme « révolté contre toute forme d’injustice »

L’assassinat, mardi 16 octobre, d’Antoine Sollacaro, avocat et militant de la Ligue des droits de l’Homme, continue de provoquer une grande émotion. Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, et avocat lui aussi, et André Paccou, délégué régional Corse et membre du comité central de la LDH, rendent hommage à leur confrère et ami, et analyse les raisons de cette violence que rien ne semble arrêter en Corse, dans une tribune publiée par le journal Le Monde.

Quinze morts depuis le début de l’année. Plus d’un par mois. Antoine Sollacaro est le dernier de cette liste. Il fut un extraordinaire avocat, un militant de la LDH et derrière « sa véhémence » s’exprimait avant tout sa révolte contre toute forme d’injustice. N’est-ce pas lui qui, bâtonnier en exercice, provoqua l’ire d’un préfet dont les errements finirent par une pantalonnade dévastatrice pour l’autorité de l’Etat.

A la peine s’ajoute la sidération que provoque cet assassinat. Le président de l’Assemblée territoriale corse en appelle à l’action du gouvernement. Mais, l’autorité publique ne cesse, depuis des décennies, de mettre en œuvre tous les moyens d’exception à sa disposition : législation antiterroriste, Jirs, services de police spécialisés entretenant, parfois, des liens surprenants avec les personnes qu’ils sont censés surveiller, etc. La Corse vit sous un droit d’exception permanent sans que l’on sache que cela y ait changé quelque chose.

Non, la faute des autorités publiques n’est pas d’être inactive : c’est d’avoir confondu, depuis des décennies, le maintien de l’ordre et la paix publique, d’avoir cru que les rodomontades autoritaires pourraient pallier le sous-développement économique, le tourisme de carte postale ou les petits arrangements entre amis érigés en mode de vie. Au point où, maintenant depuis trop longtemps, les frontières deviennent floues entre l’action politique de certains, les intérêts d’autres et le souci des pouvoirs publics que tout cela reste un folklore à dominante locale, faisant de la Corse et de ses habitants, les pensionnaires d’un vaste zoo à ciel ouvert que les vacanciers viennent regarder vivre avec leurs drôles de mœurs et de coutumes.

Faire reproche à l’Etat de son inactivité, c’est se tromper de diagnostic, c’est croire que, depuis la fusillade d’Aléria à aujourd’hui, l’Etat n’a jamais fait autre chose, à une ou deux exceptions près, que gérer la situation sans jamais vouloir contribuer à sa solution. Ce n’est pas de l’inaction de l’Etat dont il faut se plaindre mais de son incompétence. S’en tenir là serait participer de la même erreur.

On ne peut, en effet, s’en prendre aux carences de l’Etat sans en même temps interpeller la société corse sur ses ressorts et ce qui fait qu’il est possible qu’une communauté de 300 000 personnes tolère que les cadavres parsèment ses rues et ses chemins. Cette espèce d’hymne à la mort qui est fredonné depuis des décennies par les milieux les plus divers n’a pas encore trouvé son frein naturel, c’est-à-dire son rejet par la communauté elle-même. Non que l’indignation ne soit pas sincère, comme elle le fut à d’autres occasions, mais plus simplement l’acceptation tacite d’une sorte de rite qui va de pair avec d’autres stigmates.

Poser ces questions, ce n’est pas montrer du doigt « les Corses », c’est rappeler à chacun que l’exercice de la citoyenneté n’est pas de la seule responsabilité de l’Etat, elle est aussi celle de la société elle-même. Beaucoup pensent déjà que l’on ne retrouvera pas les assassins et les commanditaires de l’assassinat d’Antoine Sollacaro ; les services de police et la justice feront, on veut le croire, leur devoir. A la société corse de montrer qu’elle ne reconnaît pas le droit d’abattre quiconque comme un chien. C’est bien le moins que l’on doit à la mémoire d’un homme qui aima son pays et la liberté.


 

Gardanne ne chasse pas les Rroms, elle les accueille

Roger Meïl est de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, depuis 1977. Et alors que ses collèges des environs ont pour souci essentiel d’empêcher des familles Rroms de s’installer dans leur commune, lui les accueille. Et, le croirez-vous ? Ça se passe plutôt pas mal.

Au départ, il y a un contrat : « je vous aménage un espace, à condition que vos enfants soient scolarisés ». Les écoles et les collèges de la ville jouent le jeu, et une quinzaine d’enfants, filles et garçons, y sont scolarisés. « La mobilisation de l’Éducation nationale a été exemplaire, a souligné Angèle Planidis-Dumont, responsable du secteur éducation municipal. Nous avons fait en sorte que les familles fassent elles-mêmes la démarche de venir inscrire leurs enfants, dont certains mangent aussi à la cantine, comme les autres Gardannais. » (source : La Provence).

Les problèmes ? Ils ne viennent pas des onze familles accueillies, soit 62 personnes : la police elle-même reconnaît que, depuis leur arrivée, il y a un mois, on n’a pas constaté d’augmentation du nombre de vols ou autres délits. Ils viennent de certains habitants, qui n’admettent pas la présence de ces familles. Alors Roger Meïl, inquiet « de la montée  de la haine et de l’incompréhension à l’égard des Rroms, explique, inlassablement. Il met les associations dans le coup, et elles aussi jouent le jeu, il coordonne leurs actions.

La seule réelle difficulté, c’est la santé. Et la difficulté ne vient pas des familles : elle vient du mode de vie qu’on leur impose : l’absence de carnet de santé, par exemple, est un casse-tête pour les vaccinations.

« On envisage de mettre des mobile home ou des tentes de l’armée, pour l’hiver« , indique le maire, communiste, Roger Meïl, qui a débloqué 30000€ pour cela (source : l’Humanité).

Roger Meïl n’est toutefois pas un naïf : il reconnaît qu’il ne peut s’agir là que d’une « solution d’attente » et qu’il revient à l’État et à l’Europe de régler la question de l’accueil des Roms sur le long terme (Le Point).

Contrôles illégitimes : signez la pétition !

La ligue des droits de l’Homme a signé un appel pour faire cesser les contrôles d’identité abusifs dont sont victimes certaines personnes, et appelle à signer la pétition en ligne.

Communiqué commun aux huit associations (liste en fin d’article) :

Au cours de la campagne présidentielle, François Hollande s’est engagé à lutter contre les contrôles au faciès par une mesure respectueuse des citoyens. A la veille des élections législatives de juin dernier, cette mesure a été précisée par son Premier ministre Jean-Marc Ayrault : la mise en place du reçu du contrôle d’identité, défendue par de nombreuses associations de terrain et de défense des droits depuis des années.
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a depuis déclaré son désintérêt pour la mesure, en proposant des initiatives qui certes pourraient améliorer le rapport police-citoyen, mais qui ne répondent pas à l’engagement 30 du Président Hollande et du gouvernement: la lutte contre le contrôle au faciès.
Le Premier Ministre se dit aujourd’hui convaincu par Manuel Valls de l’impossibilité d’appliquer cette mesure, pourtant simple et indéniablement efficace. Montrons-lui que les citoyens et élus de ce pays en ont compris l’intérêt et qu’ils attendent du gouvernement qu’il tienne ses engagements!
Signez la lettre ouverte de la Ligue des Droits de l’Homme et de Stop le Contrôle au Faciès, puis diffusez largement!

Monsieur le Premier Ministre,
L’année 2011 a été marquée, sur le plan de la lutte contre les discriminations, par une mobilisation sans précédent autour de la question des contrôles au faciès. Des centaines d’associations, des milliers de citoyens ont pris à cœur de mettre un terme à cette pratique abusive, discriminatoire et donc inefficace, dans la mesure où les contrôles d’identité motivés par l’apparence ne mènent que très rarement à des interpellations justifiées.
Non, de tels contrôles ne mènent à rien, si ce n’est à instaurer un climat de défiance complexifiant le travail quotidien des policiers et à miner, chaque jour un peu plus, le respect des libertés fondamentales et, ipso facto, notre pacte républicain.

Forts de cette certitude, nous nous associons aujourd’hui à la demande de mise en place de la politique de reçu du contrôle d’identité adaptée au contexte français, telle que portée par de nombreux collectifs et associations de terrain. Les objectifs sont simples : permettre, d’une part, aux autorités d’obtenir des données quantitatives et qualitatives sur les contrôles d’identité à l’échelle nationale (leur nombre, leurs motifs, leurs résultats et leur impact) et, ainsi, de permettre aux commissariats d’évaluer leurs pratiques et de mieux cibler les contrôles ; d’autre part, permettre à chaque citoyen de garder une trace des contrôles d’identité dont il fait l’objet, élément objectif qu’il pourrait présenter au Défenseur des Droits en cas dʼabus.
Contrairement aux affirmations de certains, ce PV, remis à l’issue de chaque contrôle, ne saurait constituer un passe-droit en cas de nouvelles vérifications
policières et respecte la protection des données personnelles. Et, comme vous lʼavez vous- même signalé, Monsieur le Premier Ministre, le 1er juin dernier, elle ne saurait constituer un frein à l’activité policière. Les expériences étrangères nous rassurent, au contraire, sur la capacité de cette politique à conjuguer efficacité, sécurité et justice.
Notre pays peut-il se permettre de passer à côté d’une politique visiblement opérante sans tenter de se l’approprier ? Peut-on se dire « convaincu » des difficultés liées à la mise en place d’un dispositif sans l’avoir testé et ce, alors même que d’éminents responsables politiques et une cinquantaine de parlementaires soutiennent une expérimentation dans leur circonscription ?Mais surtout, peut-on encore se permettre de refuser de connaître le nombre de contrôles effectués en France, et dʼainsi pouvoir en mesurer l’efficacité ?
La lutte contre les contrôles au faciès fut placée au cœur du programme présidentiel, justement afin de redonner toute leur consistance aux principes d’égalité et de justice, principes fondateurs du socle national. C’est, et vous l’aviez bien compris Monsieur le Premier Ministre qu’il est primordial d’apporter des réponses concrètes à un problème de société persistant.
En 1993 déjà, le Conseil Constitutionnel saisi par de nombreux responsables politiques – dont vous encore, Monsieur le Premier Ministre prenait la mesure de cette discrimination majeure portant atteinte aux libertés constitutionnelles, et recommandait une motivation individualisée et objective de chaque contrôle dʼidentité. Près de vingt ans après cette décision restée lettre morte, alors qu’émeutes, blessés, décès et procès se sont se multipliés, il y a urgence.
 Jusqu’ici, aucune proposition, aucune des pistes avancées par le Ministre de l’Intérieur – vouvoiement, matricule – ne saurait répondre à la problématique du contrôle au faciès, et de la traçabilité des contrôles d’identité. Elles ne sauraient non plus garantir le respect des droits et des libertés reconnus, notamment, par la Convention européenne des Droits de l’homme dont notre pays est signataire.
La lutte contre le contrôle au faciès impose des décisions courageuses animées par la volonté de changer le quotidien de millions de citoyens victimes de procédures abusives.
Monsieur le Premier Ministre, cette décision vous revient. Nous vous prions de bien vouloir reconsidérer la position exprimée par une partie du gouvernement et de permettre l’instauration d’un débat clair et serein sur la base des observations rendues par le Défenseur des droits; à tout le moins une expérimentation de la politique du reçu du contrôle d’identité dans une ou plusieurs zones test, dès cette année.

POUR SIGNEZ ET DIFFUSER C’EST ICI: https://www.change.org/stopcontroleaufacies
ASSOCIATIONS SIGNATAIRES:
Ligue des Droits de l’Homme ; Collectif Contre le Contrôle au Faciès ; Les Indivisibles ; Cité en Mouvement ; Collectif Antinégrophobie ; Brigade Antinégrophobie ; La Balle au Centre Bobigny ; HIA < Network France ; Nordside ; Agir Pour Réussir ; Collectif ACLEFEU ; Collectif contre l’Islamophobie en France ; Collectif Nous ne Marcherons Plus ; Collectif Vies Volées ; CRAN ; Espace Projets Associatifs de Vaulx en Velin ; FoulExpress ; RTT Prod ; C’Noues ; République et Diversité ; An Nou Allé ; Comité IDAHO France ; Fédération de la mixité de France ; BANLIEUES’ART : Parti Communiste Français ; Front de Gauche ; EELV ; Mouvement des Jeunes Socialistes…

 

Assassinat d’Antoine Sollacaro, militant de la Ligue des droits de l’Homme

La Ligue des droits de l’Homme exprime son émotion à la suite de l’assassinat d’un de ses militants, Antoine Sollacaro, ce matin 16 octobre en Corse :

Ce mardi 16 octobre 2012 est un jour de deuil pour la Ligue des droits de l’Homme. Antoine Sollacaro, formidable avocat et militant de la LDH, a été brutalement assassiné en Corse. Il complète ainsi la triste liste des morts sur cette île, qui n’en peut plus. Quinze morts depuis le début de l’année. La LDH s’honorait de compter, dans ses rangs, un homme dont la véhémence exprimait avant tout sa révolte contre toute forme d’injustice. Cet assassinat démontre à l’évidence que la Corse vit sous un droit d’exception permanent, sans que cela ait changé quelque chose à ce qui y défigure la République. Ce n’est certes pas de l’inaction de l’État dont il faut se plaindre, en l’occurrence, mais de son incompétence. Il revient, en ces heures douloureuses, de se tourner vers la société corse, et de rappeler que l’exercice de la citoyenneté n’est pas de la seule responsabilité de l’Etat, mais de celle de la société elle-même.

La Ligue des droits de l’Homme, dans son ensemble, est profondément meurtrie par la mort d’Antoine Sollacaro. Elle perd un militant chevronné et emblématique, et les droits perdent un de ses acteurs défenseurs essentiels. Elle attend et espère que toute la diligence sera de mise pour retrouver les assassins.

 

Contrôles au faciès : le rapport du défenseur des droits

Le défenseur des droits, Dominique Baudis, avait entrepris une étude sur ce qu’il est maintenant convenu d’appeler les « contrôles au faciès » : les contrôles effectués souvent abusivement et de façon répétée (c’est souvent un euphémisme) à l’encontre des personnes de couleur, ou présentant une particularité quelconque susceptible de les rendre suspectes aux yeux de la police.

Ce rapport était très attendu, après la décision du ministre de l’intérieur d’abandonner le projet de récépissé qui avait pourtant été annoncé par le premier ministre au mois de juin dernier.

L’élaboration du rapport a été longue : huit mois. On peut donc supposer qu’il s’agit d’un travail sérieux !

Dominique Baudis retient trois axes, comme le souligne l’article du journal Le Monde :

  • les policiers et les gendarmes doivent être identifiables par un numéro de matricule,
  • la pratique des palpations de sécurité doit être encadrée juridiquement dans le code de procédure pénale,
  • tout nouveau « dispositif de régulation des contrôles » doit être préparé minutieusement et expérimenté avant sa généralisation.

Il n’entend donc pas mettre en place immédiatement le récépissé (il n’en a d’ailleurs pas le pouvoir, puisque son rôle se limite à exercer « une mission de promotion des droits et de l’égalité, en particulier au titre des recommandations générales qu’il formule ».

Les associations, et notamment « Stop le contrôle au faciès » ont rapidement réagi : ainsi cette dernière écrit-elle sur son compte Twitter : « gros oubli dans la politique du reçu, la clé de l’évaluation des contrôles : en relever le résultat ».

Il n’en reste pas moins que le défenseur des droits d’une part reconnaît la gravité du problème posé, met en garde contre le danger que représente la perte de la confiance de certaines population à l’égard de la police (qui peut avoir des conséquences dramatiques), et qu’il recommande que des solutions soient étudiées.

On va maintenant attendre avec impatience les réactions du gouvernement, et singulièrement celles du ministre de l’intérieur.

Vous pouvez télécharger ici :

Le rapport du défenseur des droits ;

Des modèles de récépissé : celui élaboré par Stop les contrôles faciès, et ceux expérimentés en ce moment en Grande-Bretagne et en Espagne (qui ne sont pas transposables en France où les statistiques ethniques sont contraires à la constitution) ;

Les actes du séminaire international que Dominique Baudis avait réuni le 8 octobre dernier, intitulé « CONTROLES D’IDENTITE ET RELATIONS POLICE-PUBLIC : PRATIQUES DE POLICES DANS D’AUTRES PAYS ».

Ci-dessous, la bande annonce de la vidéo intitulée « Mon premier contrôle d’identité », une vidéo redoutable d’efficacité ! Vous pouvez en profiter pour lire les commentaires qui l’accompagnent !…

httpv://www.youtube.com/watch?v=Y0Dpw01DZLo