Fichage des élèves : danger !

Les section de Clermont-Ferrant et de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme ont réalisé un dossier sur le fichage des élèves, depuis la maternelle jusqu’à l’université. Elle a analysé scrupuleusement la méthode de fichage utilisé, en ayant à l’esprit un fait essentiel : contrairement aux fichiers de police, tels que le Stic (système de traitement des infraction constatées), dont la fiabilité est mise en cause par de nombreux spécialistes, y compris dans la police, le fichage des élèves concerne des enfants, et leur familles.

« Cela change bien des choses », insistent les auteurs de l’étude dans son introduction : l’enfance, « c’est l’âge des essais et des erreurs et, alors que tout change ou peut changer d’un moment à l’autre, catégoriser et coder des informations pour les enregistrer dans des machines pour des années ou des décennies entraine des risques d’interprétation qui peuvent être tout à fait contraires à « l’intérêt supérieur de l’enfant » comme le dit la Convention Internationale des Droits de l’enfants que la France a ratifiée ».

De nombreuses personnes ont dénoncé les risques liés à ce fichage, à commencer par des enseignants, dont certains ont été sanctionnés pour leur refus d’obéir aux consignes de leur hiérarchie.

Cette étude est donc la bienvenue, au moment où un nouveau ministre vient d’arriver : puisse-t-il la lire, et en tirer les conséquences qui s’imposent.

L’étude est résumée dans un document de 4 pages téléchargeable, tandis que l’étude complète est accessible à cette adresse :

http://www.cahiers-pedagogiques.com/blog/lesdechiffreurs/?p=293.

La situation s’aggrave à Calais !

Le 28 septembre 2012

Dix ans après la fermeture du camp de Sangatte

Plus de répression que jamais à Calais

À Calais, la police a mis à sac, le 25 septembre 2012,+9 le lieu de distribution des repas qui avait jusqu’alors bénéficié d’une relative immunité. Des organisations humanitaires pouvaient ainsi y assurer un minimum d’assistance aux exilés et demandeurs d’asile abandonnés à la rue. Près d’une vingtaine de personnes ont été interpellées et placées en rétention.

En décembre, il y aura dix ans que Nicolas Sarkozy détruisait le tristement célèbre camp de Sangatte, annonçant urbi et orbi que cette fermeture entraînerait l’arrêt de toute nouvelle arrivée d’étrangers sur les rivages de la Manche et de la Mer du Nord. Comme la prophétie ne s’est évidemment pas réalisée, il a ensuite chargé MM. Hortefeux, Besson et Guéant de rendre invisibles celles et ceux qui mettaient à mal ses prévisions à coup d’opérations policières. Sous la présidence de François Hollande, rien ne change. Au lieu de tirer des conclusions réalistes de l’échec des prédécesseurs, on poursuit leur stratégie en la durcissant. On s’attaque même au dernier espace humanitaire où les exilés pouvaient espérer un peu de paix et de réconfort.

Chasse aux Roms, poursuite des expulsions, persécution aggravée des exilés du Calaisis… On pouvait pourtant s’attendre à un peu plus d’intelligence et à moins de répression et de violence de la part du nouveau gouvernement.

Parmi les victimes de la dernière opération policière en date – Afghans, Erythréens, Somaliens ou Soudanais -, se trouvaient aussi des Syriens. D’un côté, la France plaide à juste raison pour le respect des droits fondamentaux à l’extérieur de son territoire. De l’autre, elle s’en prend à celles et à ceux qui recherchent sa protection à l’intérieur de ses frontières. Quelle cohérence ?

Les organisations signataires expriment leur consternation et leur indignation à l’égard de cette lamentable politique. Ils appellent solennellement les autorités de l’Etat à renoncer à la violence.

PREMIERS SIGNATAIRES

Association des Marocains en France (AMF) – Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) – Attac – Auberge des migrants (Calais) – Calais Migrant Solidarity – Collectif de soutien des exilés (Paris) – Associations de solidarité avec les

travailleur-euse-s immigré-e-s (Fasti) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) – Fraternité Migrants Bassin Minier 62 – Groupe d’information et de soutien des immigré·es (Gisti) – Groupe non violent Louis Lecoin (Dunkerque) – Ligue des droits de l’homme –la Marmite aux Idées (Calais) – Migreurop – Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) – No Border – Solidaires (Union syndicale) – Sortir du Colonialisme – SUD Education – Syndicat de la magistrature – Terre d’errance Flandre Littorale – Terre d’errance Norrent-Fontes (62) – Terre d’Errance Steenvoorde (59) – T’OP! Théâtre de l’Opprimé (Lille) – Union Démocratique Bretonne

avec le soutien de : Alternative libertaire, Fédération pour une Alternative sociale et écologique (FASE), Gauche anticapitaliste, Les Alternatifs, Nouveau Parti anticapitaliste, Parti de Gauche

 

Droit de vote des étrangers : l’éditorial de Pierre Tartakowsky

Editorial de Pierre Tartakowsky, paru dans la « lettre d’information de la Ligue des droits de l’Homme » datée du 1er octobre. Lire également ici l’intégralité du bulletin.

Si c’est bon… Faisons le vivre !

Il n’y a rien à redire sur la tribune publiée dans le monde sous la signature de 75 députés socialistes en faveur du droit de vote des résidents étrangers aux élections locales. Tout y est !

La volonté de tenir parole, de concrétiser la 50e proposition du candidat François Hollande, le rappel d’une attente profonde au sein de l’opinion publique française, la portée d’une mesure élargissant le corps électoral et, avec lui, l’exercice de la démocratie. Politique, ce texte pointe aussi la nécessité de faire pièce aux ardeurs nationalistes et souvent xénophobes des droites en mal de revanche et insiste sur le fait que le temps n’est pas forcément le meilleur allié des réformes audacieuses.

Cette initiative est importante ; ce n’est pas tous les jours que tant de députés décident de parler d’une même voix et de taper du même poing sur la table. Elle vaut aussi alerte ; car nombre de députés – socialistes ou d’autres obédiences – ont d’évidence, oublié de signer ce texte. Peut-être n’en ont-ils pas été saisis ? Si c’est le cas – et comment le savoir sans le leur demander ?- il faut, toutes affaires cessantes, leur poser la question. Et leur demander d’y répondre, sous une forme ou une autre…

Car cette tribune exceptionnelle signe une inquiétude, celle du renoncement, enrobé d’un silence honteux. Ce n’est pas insulter l’avenir, ni ceux qui l’ont en charge, que de tirer cette sonnette d’alarme. On aimerait que le gouvernement témoigne dans cette affaire d’un niveau de mobilisation et de pugnacité équivalent à celui dont les droites font preuve. Veut-on arrondir les angles ? On risque au mieux d’arrondir les échines alors même qu’il faudrait les redresser, et les têtes avec elles. Faire dos rond n’est ni une perspective ni une stratégie là où il faut courage et esprit de décision. Il suffit pour s’en convaincre de lire la charge violente du Monde qui, après avoir en titre éditorial, qualifié la tribune par lui publié de « chiffon rouge », dresse un acte d’accusation d’une rare violence contre les députés coupables d’exercer leur droit d’expression et ramenés, excusez du peu, au rang de galopins irresponsables offrant « un parfait cheval de bataille à la droite ».

Le Monde a évidemment parfaitement le droit de choisir son camp en cette affaire ; mais cette façon de ramener d’éminents enjeux démocratiques à de calculs de simple opportunité n’honore pas la démocratie. Elle tente de faire passer l’immobilisme pour une stratégie de mouvement et le refus de l’affrontement pour le pinacle du courage politique. Ce faisant elle nous offre, comme en concentré, la formule chimiquement parfaite de la défaite de la pensée, celle là même qui prépare toutes les autres.

Il faut, à un moment, affirmer que l’on n’a pas tort d’avoir raison. Si le vote des résidents étrangers est bon pour la démocratie, s’il est bon pour nos villes et nos territoires, s’il est bon pour le vivre ensemble, il faut le faire vivre. Et si c’est là agiter un chiffon rouge, ma foi… Agitons le sans relâche.

 

Saint-Brieuc : situation critique pour les demandeurs d’asile

Situation critique à Saint-Brieuc, où une famille kosovar avec 6 enfants a été mise à la rue, en même temps qu’une maman géorgienne et son enfant de 6 ans, alors qu’une famille Tchétchenne est déjà à la rue depuis plusieurs semaines.

Communiqué du Collectif contre le racisme et pour la solidarité de Saint-Brieuc :

Communiqué de presse du 29 septembre 2012

 

RESF 22 appelle à un rassemblement lundi 1er octobre 2012 à 18h devant la préfecture afin de protester contre la mise à la rue des demandeurs d’’asile.

 

Vendredi 28 septembre une famille du Kosovo (6 enfants) et une géorgienne avec 1 enfant de 6 ans ont été brutalement jetés à la rue, une famille Tchétchène est à la rue depuis plusieurs semaines.

 

Comme sous l’’ancien gouvernement la France ne respecte aucune législation.

 

Nous demandons à Monsieur le Préfet de faire respecter le droit dans le département. Nous demandons à être reçus afin de lui faire part de notre indignation.

 

Pour le respect de l’être humain.

Vers la fin du statut des gens du voyage ?

Jean-Claude Peillex, forain, et l’association France Liberté Voyage, présidée par Milo Delage, ont posé, en juillet dernier, une Question prioritaire de constitutionnalité. Son objet : le « carnet de circulation », carnet anthropométrique imposé par une loi de 1912, puis une autre loi de 1969, aux gens du voyage. Au-delà du symbole discriminant, il y a le contenu du carnet : taille, hauteur du buste, largeur et hauteur de la tête, longueur des bras… autant d’informations ridicules et humiliantes pour son titulaire.

Ce carnet doit être visé périodiquement par la gendarmerie ou la police, et oblige le voyageur à avoir une commune de rattachement. Cette commune de rattachement, le mineur doit la choisir à 16 ans. Mais pour avoir le droit de vote, il faut 3 années de rattachement dans la même commune. Ce qui signifie que les jeunes voyageurs n’ont le droit de vote qu’à 19 ans : une discrimination insupportable.

La QPC déposée par Jean-Claude Peillex et Milo Delage a été examinée le 25 septembre par le conseil constitutionnel, qui rendra sa décision vendredi 5 octobre. Et l’espoir et grand : le défenseur de l’Etat n’a vraiment fait de contre-proposition, se contentant de demander le maintien de la commune de rattachement.

Le 5 octobre 2012 pourrait donc bien être une date historique, supprimant une sorte d’apartheid d’un autre temps dans le « pays des droits de l’homme » !

Le site « dépêches tsiganes » explique en détail le contenu de la QPC, et on peut voir la vidéo de l’audience du Conseil constitutionnel, avec notamment l’excellente plaidoirie de l’avocat représentant Jean-Claude Peillex et l’association France Liberté Voyage à cette adresse :

http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/videos/2012/septembre/affaire-n-2012-279-qpc.115592.html

Contrôle au faciès : huit associations en appellent au Président et au 1er ministre

Huit organisations appellent le Président de la République et le Premier ministre à respecter leurs engagements pour en finir avec les contrôles « au faciès »

Elles déplorent la posture exprimée sur France 2 par le Premier ministre. Une réforme en profondeur est nécessaire, urgente et réaliste. Liste en fin d’article.

(Paris, le 28 septembre 2012) Lors de son interview sur France 2 jeudi 27 septembre, le Premier ministre, M. Ayrault, a indiqué, au sujet du projet de récépissés de contrôle que « ce n’était pas la bonne réponse » et qu’il « faisait toute confiance » à son ministre de l’Intérieur, abandonnant ainsi l’idée de réformer en profondeur la politique en matière de contrôles d’identité. Ce faisant, M. Ayrault fait une marche arrière très regrettable alors qu’il s’était personnellement engagé, au moment des élections législatives, à faire respecter l’engagement du président de la République. Les huit organisations signataires appellent le Président de la République et le Premier ministre à respecter leurs engagements.

La posture du Premier ministre est incompréhensible alors qu’une réforme des contrôles d’identité, dans le but d’en finir avec les contrôles au faciès, est attendue par une grande partie de la population : celles et ceux qui sont victimes au quotidien de contrôles d’identité abusifs et plus généralement tous ceux qui veulent que l’Etat s’engage réellement contre toutes les formes de discriminations dans notre société.

La réforme en matière de contrôles d’identité est urgente et nécessaire et, contrairement aux affirmations du ministère de l’intérieur, est parfaitement réaliste, et même de nature à améliorer l’efficacité des forces de l’ordre.

Dans sa proposition n°30, François Hollande s’est engagé à “lutter contre le délit de faciès” dans les contrôles d’identité, grâce à « une procédure respectueuse des citoyens ».

Cet engagement essentiel, à haute portée symbolique, doit nécessairement être mis en œuvre pour faire face au problème des contrôles au faciès. En effet, l’engagement du Président est intervenu après des années, durant lesquelles des organisations nationales et internationales ont publié de nombreux rapports mettant en lumière les dérives des contrôles d’identité en France, y compris le contrôle au faciès.

Ces dérives endommagent la relation entre la police et la population, et provoquent le sentiment pour les victimes de ces contrôles d’être considérés comme des citoyens de seconde zone. En outre, dans de nombreux cas, ils sont attentatoires à plusieurs libertés et droits fondamentaux : liberté d’aller et venir, droit à la sûreté, droit à la protection de la vie privée et à la non-discrimination.

La proposition n° 30 du Président représente un engagement de faire respecter l’état de droit et de rétablir un juste équilibre entre la capacité pour les agents de remplir leurs missions tout en assurant la protection des libertés fondamentales. Il représente aussi un engagement de restaurer la sérénité entre police et population et d’améliorer la sécurité de tous.

La position exprimée par M. Ayrault, dans la ligne de celle exprimée par Manuel Valls dans un discours le 19 septembre, est particulièrement regrettable et inquiétante. Ces prises de position interviennent après un débat public réducteur, focalisant principalement sur les récépissés de contrôle et véhiculant de fausses idées sur ceux-ci.

Les expériences réalisées dans d’autres pays ont clairement démontré la possibilité à la fois de réduire la prévalence des pratiques discriminatoires et d’améliorer l’efficacité des contrôles de police. Pour réussir, un fort engagement politique ainsi qu’un ensemble de mesures sont nécessaires.

La délivrance d’un récépissé après un contrôle constitue en effet un élément important d’un dispositif visant à réduire les contrôles au faciès, mais elle ne sera pas suffisante. Une réforme plus globale est nécessaire : réforme de la loi encadrant les contrôles d’identité (article 78-2 du Code de procédure pénale), suivi des contrôles par les superviseurs et cadres policiers, rencontres régulières entre les citoyens/habitants, la police et les élus pour discuter de la pratique des contrôles, formation amenant les agents à réfléchir sur les objectifs des contrôles d’identité et à en user avec discernement.

Au sein d’un tel dispositif, la mise en place des récépissés de contrôle rendra plus transparente la façon dont les contrôles sont effectués, de même qu’elle permettra d’en finir avec la situation anormale qui perdure à ce jour, à savoir l’absence de toute trace matérielle, de tout enregistrement physique des contrôles d’identité. Avec ces documents, conçus pour éviter tout fichage, l’institution policière aura un appui objectif pour démontrer l’absence de discrimination ou de harcèlement dans l’exercice de ses pratiques dans la mesure où lesdits documents pourront confirmer les raisons objectives de chaque contrôle.

Il est anormal que le gouvernement n’ait pas attendu le rapport du Défenseur des droits, et n’ait pas tenu compte de l’avis exprimé par la Commission nationale consultative pour les droits de l’Homme dans son rapport 2011 portant sur « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie ».

Afin de développer un dispositif approprié, il est essentiel que les divers acteurs — associations, experts, élus locaux, magistrats et avocats, ainsi que le ministère de la Justice — tous concernés, soient consultés et impliqués.

Nos organisations demandent au Président de la République de s’engager à nouveau sur le sujet, et au Premier ministre de reconsidérer d’urgence sa position. Elles appellent le gouvernement à respecter l’engagement n°30 du Président.

Il faut mettre en œuvre immédiatement une véritable consultation et tirer les leçons des expériences menées à l’étranger afin de développer un dispositif susceptible de faire reculer les contrôles au faciès.

Organisations signataires :

Gisti
Graines de France
Human Rights Watch
Ligue des droits de l’Homme
Maison pour un Développement Solidaire
Open Society Justice Initiative
Syndicat des Avocats de France
Syndicat de la Magistrature

Ploufragan(22) : une famille Rroms de 8 personnes expulsée d’un hôtel

Une famille de Rroms, un couple et six enfants, est arrivée à Saint-Brieuc cette semaine. Les huit personnes ont été logées à l’hôtel Beaucemaine, à Ploufragan pendant trois jours. Ils ont alors été expulsés, vendredi soir, par les services de l’Etat, semble-t-il, sans qu’on en soit certains. La ville de Ploufragan les a pris en charge : « la famille est complètement à l’abandon », a déclaré Marie-Françoise Duplenne, adjointe au maire, au quotidien Ouest-France. Elle poursuit : « Nous n’allons pas résoudre les choses, mais nous les prenons en charge pour les trois prochaines nuits. Nous allons leur fournir de la nourriture dans l’urgence ». Les services sociaux de la ville vont chercher une solution à cette situation dramatique avec les associations.

La ville de Ploufragan est toujours très attentive au sort des demandeurs d’asile. Elle avait ainsi organisé, au début de l’année, au parrainnage civil de quatre enfants originaires du Daghastan et de Géorgie.

Campement Rroms de Marseille : la réaction de Romeurope

A  la suite des événements du jeudi 27 septembre à Marseille (expulsion de Rroms puis incendie du campement par des riverains), le collectif Romeurope réagit, dans un communiqué :

Le Collectif national des droits de l’Homme Romeurope (CNDHR), indigné par les terribles évènements survenus à Marseille, demande l’ouverture d’une enquête.

Le CNDH Romeurope exprime sa plus vive inquiétude suite aux évènements dramatiques qui se sont produits hier soir à Marseille. Des riverains ont évacué des personnes de leur lieu de vie, avant d’incendier le terrain et les effets personnels de ses occupants.

Un tel comportement est intolérable dans un État de droit et doit être fermement condamné.

Dans un climat de violence et de stigmatisation envers une population, climat aggravé par une politique qui ne met en œuvre que la fermeté, tout laisse à craindre que cette initiative ne restera pas à un acte isolé.

Nous demandons que le Gouvernement condamne fermement ces agissements et qu’une enquête soit ouverte pour faire la lumière sur ces événements inadmissibles et l’attitude des forces de l’ordre.

Il est de la responsabilité du Gouvernement d’assurer la sécurité de chacun et de cesser de stigmatiser dangereusement des familles en situation de grande précarité.

Marseille : la Ligue saisit le Parquet après l’incendie du campement Rroms

Nous avons relaté l’expulsion par un groupe de riverains, des Rroms qui avaient installé un campement à la cité des Créneaux, à Marseille, puis l’incendie du campement, par les mêmes personnes : http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2012/09/28/marseille-des-riverains-incendient-un-campement-de-rroms/

Ce vendredi matin 28 septembre, la Fédération des Bouches du Rhône de la Ligue des droits de l’Homme a saisi le Parquet de Marseille pour que les incendiaires soient recherchés. Monsieur Jean-Jacques Fagni Procureur de la République Adjoint  a  répondu qu’une enquête judiciaire est ouverte en vue d’identifier les auteurs de ce délit.

Pour la Ligue des droits de l’Homme, cet événement est d’une extrême gravité, notamment par la portée symbolique que représente le feu, surtout pour cette population. La LDH interpelle une nouvelle fois le préfet M. Parant qui pourrait mettre en œuvre l’un des points de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 qui rend possible « l’aménagement d’un site d’accueil provisoire ».

Dans la matinée, la Ligue des Droits de l’Homme avait publié le communiqué suivant :

 

 

Paris, le 28 septembre 2012

Roms de Marseille : faut-il choisir entre la police et la milice ?

Au lendemain de la réhabilitation par un leader de l’UMP de la notion détestable de « racisme anti-blanc », dans la foulée d’expulsions spectaculaires de camps de Roms menées à l’initiative du gouvernement, des habitants du nord de Marseille ont cru devoir accélérer les procédures et passer aux travaux pratiques directs, en organisant une descente sur l’un de ces camps, molestant ses habitants et incendiant leurs habitations de fortune. La raison avancée – une série de cambriolages – quelle qu’en soit la réalité, ne peut en aucune façon justifier ces actes de violence : ils sont insupportables autant qu’illégaux. Leur gravité est extrême et c’est bien tout un groupe de population – vieillards, femmes, enfants – qui se retrouve victime dans une sorte de punition collective totalement hors du droit.

La LDH affirme qu’il serait extrêmement regrettable que les responsables politiques ne prennent pas la mesure de l’événement. La passivité des pouvoirs publics en amont de ce drame, l’absence de  solution positive pérenne, les propos, pour le moins très ambigus, d’élus locaux ne peuvent qu’inquiéter toutes celles et tous ceux qui ont à cœur le respect de la loi et des droits attachés aux personnes.

La LDH affirme que la politique de destruction des camps et d’expulsion des personnes est dangereuse et inefficace.

Dangereuse, parce qu’en attisant le rejet, on semble légitimer la violence.

Inefficace, parce que sans la mise en sécurité des personnes, les mêmes causes produisant les mêmes effets, d’autres camps avec les mêmes misérables errants s’organiseront.

La LDH attend des élus et des représentants de l’Etat qu’elles et ils veillent à ce que, dans un Etat de droit, l’exercice de la justice ne puisse appartenir à des personnes privées. La justice, le droit, la loi, les droits, tout le monde y a droit, les Roms aussi.

 

Marseille : des riverains incendient un campement de Rroms

Photo Thierry Garo, La Provence

Troublant. C’est le moins qu’on puisse dire.

Jeudi 27 septembre, vers 19h, une cinquantaine d’habitants de la cité des Créneaux, à Saint-Louis, dans le XVème arrondissement de Marseille, se dirigent vers un campement de Rroms, installé là depuis trois ou quatre jours. Ils en chassent les occupants, une quarantaine, qui préfèrent partir sans réagir, avec voitures et caravanes, laissant derrière eux quelques affaires. Le groupe d’habitants du quartier met alors le feu au campement.

La police était là. Elle n’a pas eu besoin d’intervenir : « en l’absence d’agression physique, aucune interpellation (n’a) été effectuée », nous dit Le Monde. Le journal La Provence confirme : « Les forces de l’ordre, intervenues sur place, n’ont même retenu aucune infraction et n’ont pas procédé à des interpellations ».

En clair, cela signifie qu’en France, État de droit, on a le droit d’incendier un campement de Rroms sans être inquiété. On aurait tort de se priver.

Ce coup de force, toujours d’après La Provence, était prémédité, et il semble invraisemblable que les autorités (préfecture, police) n’étaient pas au courant de ce qui allait se passer.

Comme le dit Daniel Schneidermann, « Manuel Valls aussi peut parfois être laxiste » !

Lire aussi dans Rue 89, sur le blog de Yann Savidan, et sur le blog Amaro Drom.

En fin de matinée, la Ligue des droits de l’Homme a publié le communiqué suivant :

Communiqué LDH

Paris, le 28 septembre 2012

Roms de Marseille : faut-il choisir entre la police et la milice ?

Au lendemain de la réhabilitation par un leader de l’UMP de la notion détestable de « racisme anti-blanc », dans la foulée d’expulsions spectaculaires de camps de Roms menées à l’initiative du gouvernement, des habitants du nord de Marseille ont cru devoir accélérer les procédures et passer aux travaux pratiques directs, en organisant une descente sur l’un de ces camps, molestant ses habitants et incendiant leurs habitations de fortune. La raison avancée – une série de cambriolages – quelle qu’en soit la réalité, ne peut en aucune façon justifier ces actes de violence : ils sont insupportables autant qu’illégaux. Leur gravité est extrême et c’est bien tout un groupe de population – vieillards, femmes, enfants – qui se retrouve victime dans une sorte de punition collective totalement hors du droit.

La LDH affirme qu’il serait extrêmement regrettable que les responsables politiques ne prennent pas la mesure de l’événement. La passivité des pouvoirs publics en amont de ce drame, l’absence de  solution positive pérenne, les propos, pour le moins très ambigus, d’élus locaux ne peuvent qu’inquiéter toutes celles et tous ceux qui ont à cœur le respect de la loi et des droits attachés aux personnes.

La LDH affirme que la politique de destruction des camps et d’expulsion des personnes est dangereuse et inefficace.

Dangereuse, parce qu’en attisant le rejet, on semble légitimer la violence.

Inefficace, parce que sans la mise en sécurité des personnes, les mêmes causes produisant les mêmes effets, d’autres camps avec les mêmes misérables errants s’organiseront.

La LDH attend des élus et des représentants de l’Etat qu’elles et ils veillent à ce que, dans un Etat de droit, l’exercice de la justice ne puisse appartenir à des personnes privées. La justice, le droit, la loi, les droits, tout le monde y a droit, les Roms aussi.