Comment faire société : la Ligue de l’enseignement interpelle les candidats en public

Comment faire société… C’est la question que la Ligue de l’Enseignement se pose depuis plusieurs années. L’actualité politique, avec ces deux élections d’une importance capitale pour l’avenir du pays dans les cinq prochaines années, a été l’occasion pour l’association d’élaborer 50 propositions pour faire société. Et elle va les soumettre aux candidats aux élections législatives, en leur demandant de se prononcer en public : la fédération des œuvres laïques organise ainsi un débat dans chacune des cinq circonscriptions électorales du département :

Pour la circonscription de SaintBrieuc, le 30 mai à 18h, au siège de la FOL, 89 Boulevard Edouard-Prigent, à SaintBrieuc ;

pour la circonscription de Guingamp, le 31 mai à 18h30, à Trégorm ;

pour  la circonscription de Loudéac-Lamballe, le 5 juin à 20h30, au foyer municipal, rue de Moncontour, à Loudéac ;

pour la circonscription de Lannion, le 6 juin à 20h30, à la salle polyvalente , rue de la Mairie, à TrévouTréguignec ;

pour la circonscription de Dinan, le 8 juin à 19h, résidence Mulon, 12 rue de l’Arguenon, à Corseul.

Voici, ci-dessous, les titres des propositions de la Ligue de l’Enseignement. Vous pouvez télécharger le document complet, dans lequel les propositions sont détaillées, en cliquant ici.

 

Laïcité

 

  1. Inscrire les principes laïques dans la Constitution
  2. Abroger la loi Carle et donner la priorité des financements publics à l’École publique
  3. Renforcer les pouvoirs des institutions de lutte contre les discriminations et de défense des droits de l’enfant.

Action publique

 

  1. Promouvoir la diversité sociale, culturelle et générationnelle dans les institutions publiques.
  2. Concilier décentralisation et rôle régulateur et redistributeur de l’État.
  3. Mettre en œuvre une nouvelle réforme des collectivités territoriales.
  4. Ouvrir le droit de vote aux résidents étrangers pour les élections locales.
  5. Limiter le nombre de mandats électifs et leur renouvellement.

Europe

 

  1. Affirmer l’ambition démocratique et sociale de l’Union européenne.
  2. Encourager la construction d’une société civile européenne.
  3. Renforcer les programmes d’échanges, de rencontres de citoyens Européens

Économie sociale et solidaire

 

  1. Valoriser l’économie sociale et solidaire.
  2. Reconnaitre la représentativité des employeurs de l’économie sociale et solidaire.
  3. Promouvoir l’élaboration d’une loi-cadre sur l’économie sociale et solidaire.

Vie associative

 

  1. Initier un véritable dialogue civil entre les associations et les pouvoirs publics.
  2. Développer une culture du partenariat entre les collectivités territoriales et les associations et sécuriser leurs relations contractuelles.
  3. Promouvoir le financement pérenne des têtes de réseau associatives.
  4. Réformer l’actuel Conseil de développement de la vie associative et créer un fonds spécial pour l’innovation.

Éducation et jeunesse

 

  1. Constituer une École commune de 3 à 16 ans au service de la démocratisation de la réussite.
  2. Recréer une formation professionnelle des acteurs de l’éducation.
  3. Repenser le pilotage actuel du service public.
  4. Impliquer de manière active les élèves dans leurs apprentissages.
  5. Concevoir et accompagner une École qui assume le travail qu’elle prescrit.
  6. Développer une éducation à la compréhension des cultures et des territoires.
  7. Garantir une éducation physique et sportive de qualité pendant toute la scolarité.
  8. Inscrire la compétence « éducation » dans le bloc des compétences obligatoires des intercommunalités.
  9. Mettre en œuvre un droit effectif é la formation tout au long de la vie.
  10. Développer une culture du volontariat et réussir l’acte 2 du service civique.

Environnement, développement durable et solidarité internationale

 

  1. Consulter les citoyens sur la politique énergétique.
  2. Soutenir les espaces de concertation de l’éducation au développement durable.
  3. Intégrer l’éducation à l’environnement et au développement durable dans la politique scolaire.
  4. Soutenir les populations locales dans le cadre de la solidarité internationale.

Culture

 

  1. Organiser la cohérence des politiques publiques de la connaissance et de l’esprit.
  2. Repenser l’économie générale de la création numérique.
  3. Construire un parcours d’éducation artistique in l’école primaire, au collège, dans tous les lycées et dans l’apprentissage.
  4. Créer des forums de la diversité culturelle.
  5. Développer une véritable politique de soutien aux pratiques en amateur.

Médias et société numérique

 

  1. Réformer le Conseil supérieur de l’audiovisuel.
  2. Créer un « conseil de presse ».
  3. Assurer l’indépendance politique et financière des médias du service public.
  4. Garantir les libertés fondamentales dans la société numérique.
  5. Mettre en place une politique résolue contre la fracture numérique.

Sport

 

  1. Adapter les conditions de l’encadrement sportif professionnel aux enjeux du développement des pratiques.
  2. Lancer un programme ambitieux d’équipements sportifs de proximité Soutenir les fédérations multisport, affinitaires et scolaires afin d’assurer une pratique réellement adaptée à tous.
  3. Soutenir les fédérations multisport, affinitaires et scolaires afin d’assurer une pratique réellement adaptée à tous.
  4. Coordonner les politiques publiques et adapter la gouvernance territoriale du sport au service de tous les publics.
  5. Élaborer une politique d’aide financière pour des vacances accessibles à tous.
  6. Mettre en place une réelle « aide à la pierre » pour sauvegarder le patrimoine du tourisme social et associatif.
  7. Créer un statut du volontariat de l’animation.
  8. Créer un observatoire national du tourisme social associatif.

 

 

Législatives : il n’y a pas que le front national, il y a aussi les identitaires bretons !

Au total, ce sont dix candidats qui se présentent en Bretagne sous l’étiquette « Bretagne, nous avons foi en toi ».

Alerte brune ! Ce groupuscule avance masqué, il s’agit en fait d’un groupe d’identitaires bretons, regroupés sous le label « Jeune Bretagne ». L’étiquette « Bretagne, nous avons foi en toi » n’est là que pour masquer leur appartenance à Jeune Bretagne.

Le site d’extrême droite « Novopress » fait d’ailleurs la promotion de ces candidats, sous le titre « Législatives : des candidats qui ont foi en la Bretagne ».

Il faut savoir que l’essentiel du discours de ces extrémistes tourne autour de l’ethisme (c’est la novlangue) et de la xénophobie. Le dernier article publié par le site identitaire « Breiz-Atao » est titré : « provocation : un allogène défile en tête avec les reliques de Saint-Yves ». L’ « allogène », c’est un prêtre noir… On se souvient de leurs attaques contre un jeune musicien noir qui avait remporter un concours de bombarde, ou contre la conseillère générale de Brest fraîchement élue, elle aussi à la peau noire…

Fait remarquable, et inquiétant : ces candidats sont jeunes, puisque 7 d’entre eux sur un total de 10 ont moins de trente ans.

Leur programme ? D’après Novopress, « L’insécurité étant – comme partout – un problème récurrent dans la péninsule armoricaine, les candidats bretons entendent donner la priorité à la lutte contre le trafic de stupéfiants, les agressions, les vols et l’immigration illégale, estimant par contre qu’il convient de mettre un terme à la politique de criminalisation des automobilistes » (on ne voit pas très bien ce que viennent faire les automobilistes dans cette affaire… !)

Il ne faut donc pas s’y tromper : les candidats de « Bretagne nous avons foi en toi » sont des « ethnistes » (consulter un dictionnaire novlangue-français pour la traduction), des militants d’une droite extrême qui n’a rien à envier au front national. Il convient donc de les dénoncer avec autant de vigueur que l’extrême droite nationale.

Etudiants étrangers : la circulaire Guéant sera annulée

Geneniève Fiorasso, nouvelle ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, a annoncé, lundi 21 mai, qu’elle allait demander le retrait de la circulaire Guéant, qui interdisait aux étudiants étrangers de rester en France une fois leurs études terminées : « C’est une urgence. C’est une urgence en termes humains, mais aussi en termes de rayonnement et de partage de la connaissance », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse au siège du CNRS à Paris.

Cette bonne nouvelle arrive après l’annonce par Christiane Taubira  de la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs. La ministre de la justice a également assuré que l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs allait être restaurée : on se souvient de son détricotage systématique par l’équipe Sarkozy.

Lire ici.

 

La grève des avocats du droit d’asile se poursuit

Le mouvement de grève entamé le 14 mai dernier par les avocats qui plaident devant la cour nationale du droit d’asile (CNDA) a été reconduit, le lundi 21 mai. La Ligue des droits de l’Homme a publié à cette occasion un communiqué de soutien à ce mouvement, qui dénonce les conditions d’exercice du métier d’avocat devant cette cour, ainsi que l’attitude souvent discutable de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).

Lire l’article du journal La Croix.

Voici le communiqué publié par la Ligue des droits de l’Homme, puis la lettre ouverte des avocats.

Communiqué LDH

Paris, le 21 mai 2012

 Ofpra et CNDA : des institutions aux dépens des demandeurs d’asile ?

Depuis lundi 14 mai 2012, les avocats qui assurent la défense de ces demandeurs auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) sont en grève. La LDH leur apporte son soutien et exprime le souhait que s’ouvre une discussion au plus haut niveau avec les ministères concernés. Leur mouvement porte à la fois sur les conditions d’exercice de leur métier, notamment l’aide juridictionnelle mais aussi sur les puissants obstacles opposés aux demandeurs dans leur parcours. Ces manœuvres sont anciennes et les tensions qu’elles suscitent ont provoqué, il y a quelques mois déjà une grève du même type, puis l’instauration d’une permanence du Conseil de l’ordre pour tenter de régler les conflits quotidiens entre les avocats et les présidents des audiences, tels les refus de renvois, les mauvaises organisations des audiences, le recours à l’aide juridictionnelle… Mais après une rencontre qui n’a pas abouti en avril, les avocats ont jugé que la gravité de la situation exigeait la reprise de leur mouvement collectif.

La soumission des institutions compétentes au ministère de l’Intérieur chargé de faire appliquer les objectifs chiffrés de la politique de l’immigration réduit gravement les droits de la défense et donc les droits des réfugiés. C’est bien une mise en cause du droit d’asile par  la politique du chiffre à l’œuvre depuis cinq ans tant devant l’Ofpra que devant la CNDA, et dont les conséquences sont extrêmement graves pour les droits des personnes. Le réfugié est aujourd’hui réduit à un justiciable de seconde catégorie, suspect d’être un fraudeur venu en France pour détourner le droit d’asile à des fins purement économiques, alors que sa vulnérabilité commande une attention particulière. Cette politique du chiffre s’est traduite par une baisse inconsidérée du taux de reconnaissance tant à l’Office que devant la Cour et concrètement devant cette dernière par une dégradation du traitement des dossiers des réfugiés et des droits de la défense (non-respect du contradictoire, traitement en masse des dossiers, accélération de la procédure devant la Cour…).

La LDH, avec les avocats auprès de la CNDA, attend l’ouverture de discussions sur :

  • l’aide juridictionnelle, la désignation d’un interprète et d’un avocat dans un délai raisonnable, et une juste rémunération de leur mission ;
  • un double degré effectif de juridiction, pour maintenir l’Ofpra dans sa fonction administrative ;
  • la suppression des procédures prioritaires et par ordonnance, sans audition des demandeurs, hors les cas de forclusion ;
  • la suppression de la liste des pays dits « sûrs » ;
  • le rattachement de l’Ofpra et de la CNDA au ministère de la Justice.

Ci-dessous, la synthèse des avocats intervenant en matière de droit d’asile.

SYNTHÈSE

LETTRE OUVERTE DES AVOCATS INTERVENANT EN MATIÈRE D’ASILE

Ces dernières années ont été marquées par la primauté d’une vision mécanique et chiffrée au mépris d’un traitement apaisé et digne des dossiers de demande d’asile.

Le réfugié est aujourd’hui réduit à un justiciable de seconde catégorie, alors que sa vulnérabilité commande en revanche une attention particulière.

À cette vulnérabilité exceptionnelle s’ajoute une procédure dérogatoire et moins protectrice qu’en droit commun, notamment :

  • Rattachement de l’OFPRA au Ministère de l’Intérieur,
  • absence de double degré de juridiction,
  • délai de recours réduit à un mois,
  • délai de demande d’aide juridictionnelle limité à un mois,
  • désignation tardive des avocats à l’aide juridictionnelle,
  • refus du Bureau d’aide juridictionnelle de désigner un interprète,
  • indemnisations des avocats à l’aide juridictionnelle la plus basse de tous les contentieux…

Certains n’ont pas manqué de chercher à stigmatiser le réfugié qui serait un fraudeur venu en France pour détourner le droit d’asile à des fins purement économiques.

C’est dans cet esprit qu’un arsenal législatif et réglementaire a été déployé puis utilisé de façon abusive, notamment :

  • Inscriptions multiples et injustifiées de nouveaux pays dits sûrs malgré les rappels à l’ordre du Conseil d’Etat, privant les réfugiés d’un accès à la Cour et d’une procédure équitable,
  • multiplication des ordonnances de tri permettant le rejet des dossiers sans l’audition du demandeur ni de son avocat…

Cette politique du chiffre s’est traduite par une baisse inconsidérée du taux de reconnaissance tant à l’Office que devant la Cour et concrètement devant cette dernière par une dégradation du traitement des dossiers des réfugiés et des droits de la défense (non-respect du contradictoire, traitement en masse des dossiers, accélération de la procédure devant la Cour…).

C’est dans ce cadre que s’inscrit le mouvement des avocats qui, depuis le 14 mai 2012, font notamment la grève des audiences devant la Cour Nationale du Droit d’Asile et ont pris contact avec toutes les instances concernées pour que ces mauvaises pratiques cessent et pour que les textes actuellement en discussion mettent fin à ces graves atteintes aux droits de la défense.

Un certain nombre de solutions rapides peuvent être mises en œuvre sans délai par la Cour :

  • Moratoire des ordonnances dites de tri,
  • communication immédiate du dossier dès la constitution de l’avocat,
  • désignation de l’avocat à l’aide juridictionnelle avant l’audiencement et désignation concomitante d’un interprète dans la langue parlée par le requérant,
  • convocation à l’audience reçue par l’avocat et le requérant dans un délai minimum de cinq semaines,
  • contrôle par la Cour de la légalité externe des décisions de l’OFPRA en application de la décision des Sections réunies du 21 février 2012,
  • assistance du réfugié à l’entretien OFPRA par un avocat ou un tiers.

 

Christiane Taubira : priorité à l’éducation pour les mineurs

Enfin !

Enfin une bonne nouvelle pour la justice, une des cibles privilégiées du sarkozysme, qui s’est appliqué avec méthode à saborder tout ce qui pouvait ressembler à des mesures éducatives.

La nouvelle ministre de la justice, Christiane Taubira, a visité l’antenne de la permanence des mineurs du palais de justice de Paris. Elle y a rencontré Pierre Joxe, qui assurait sa permanence en tant qu’avocat « commis d’office » pour enfants. Elle y a affirmé avec force la « primauté de l’éducatif sur le répressif ». Il n’y a pas besoins d’être militant à gauche pour comprendre cette nécessité : un peu de bon sens suffit. Tous les grands spécialistes du droit et de l’enfance sont d’accord sur ce point, le répressif seul ne peut conduire qu’à, au mieux, l’inefficacité, au pire, à la récidive. Christine Taubira a annoncé également la suppression des dispositions de la loi du 10 août 2011, créant un tribunal correctionnel pour mineurs. C’était un des engagements du nouveau président de la République, qu’il avait rappelé dans un courrier adressé à la présidente de l’Association française des magistrats de le jeunesse et de la famille, Catherine Sultan. Pour Christiane Taubira, « les mineurs sont des citoyens en devenir, il est nécessaire de redonner à la justice des mineurs sa spécificité ».

Bon courage, Mme la Ministre : vous avez du boulot !

Rubelles : le maire contraint d’accepter la scolarisation des enfants étrangers !

Conséquence collatérale de l’élection de François Hollande à la présidence de la République ? Peut-être plutôt efficacité de la mobilisation. Toujours est-il que la maire de Rubelles, Jacques Baumann, a fini par céder, en acceptant que les 18 enfants d’origine étrangère qui étaient interdits d’école depuis la rentrée de septembre, soient enfin scolarisés.

Mobilisation ? Plusieurs associations s’y sont associées : la Ligue des droits de l’Homme, le Réseau éducation sans frontière, Amnesty International… Mais cela n’a pas suffi : il a fallu que le Préfet prenne personnellement le problème en mains, et écrive au maire, … le 7 mai, pour lui rappeler ses obligations ! Nicole Fautrel, de la Ligue des droits de l’Homme, se réjouit de cette victoire, qu’elle met sur le compte de la mobilisation, de la médiatisation de l’affaire, et de l’élection de François Hollande qui a effectivement dû peser lourd dans l’intervention du préfet.

Mais les dégâts sont là : 18 enfants ont perdu huit mois de scolarisation ! Yahia Kerbane, de RESF, le souligne : « il y a un préjudice subi par ces élèves qui ne rentrent en classe qu’au mois de mai. Comment va-t-on le réparer? »

Lire ici l’article de Rue 89.

Lire également ici.

Guéant : un maniaque des fichiers ?

Guéant laisse derrière lui un nouveau fichier : l’ARES, pour  » Automatisation du registre des entrées et sorties des recours en matière de contravention « . Entrent dans ce fichier les automobilistes (et les motards) qui contestent une contravention. Et ils y restent, quelque soit l’issue du recours, c’est à dire même s’ils sont relaxés. A moins que, dans l’esprit de l’ancien ministre, contester une contravention soit en soi un acte répréhensible… A noter que la France a été condamnée par la Convention européenne des droits de l’Homme pour la difficulté qu’il y a à contester les contraventions. Lire également ici.

L’automobile club des avocats et la Ligue des droits de l’Homme ont publié un communiqué commun dans lequel ils annoncent qu’il déposent un recours devant le Conseil d’État contre ce fichier, qui est manifestement illégal.

FICHAGE DES CONTREVENANTS AU CODE DE LA ROUTE :

LE CONSEIL D’ÉTAT SAISI

L’Automobile club des avocats (ACDA) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) demandent au Conseil d’État l’annulation du fichier Ares, acronyme de « Automatisation du registre des entrées et sorties des recours en matière de contravention », destiné à recenser les données personnelles des usagers de la route contestant leurs contraventions au code de la route.

Elles ont déposé le 16 mai 2012 un recours contre l‘arrêté du 20 février 2012 autorisant la création du fichier Ares.

« Par ce recours, l’Automobile club des avocats et la Ligue des droits de l’Homme entendent montrer que le fichier, qui porte sur les données a caractère personnel, ne respecte pas les exigences de la loi Informatique et libertés, telles que l’obligation de collecter des données pertinentes ou l’interdiction de ne pas conserver des informations au-delà de ce qui est nécessaire, alors même que le non-respect de ces exigences a été plusieurs fois sanctionné par le Conseil d’État », précise Maître Romain Perray l‘avocat des associations requérantes.

Dans un État de droit, souligne Maître Rémy Josseaume, avocat et président de l’ACDA, « il ne saurait être acceptable que des automobilistes ou des motards soient ainsi fichés alors même qu’ils seraient relaxés par un tribunal ou que l’administration abandonnerait les poursuites à leur encontre ».

Au-delà de la défense des automobilistes contre des stigmatisations outrancières, il s’agit surtout par ce recours de protéger non seulement les droits et libertés fondamentaux de tous les citoyens contre des procédés indignes mais aussi la création d’un fichier d’antécédents pré-judiciaires.

 

 

Guéant : un de moins. Fichiers : deux de plus !

Communiqué LDH

Paris, le 16 mai 2012

Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, n’a rien oublié en partant. Désireux de terminer sa besogne sécuritaire, avant de fermer la porte, il a fait paraître au Journal officiel les 6 et 8 mai 2012 les décrets d’application concernant la création de deux fichiers de police prévus par la Loppsi 2.

Le premier officialise la fusion des fichiers Judex (système JUdiciaire de Documentation et d’EXploitation, gendarmerie) et Stic (Système de Traitement des Infractions constatées, police). La Cnil avait pourtant, en janvier 2009, particulièrement en ce qui concerne le Stic, attiré l’attention de l’administration sur les très nombreuses erreurs que comportait ce fichier. Il y a fort à craindre que le fichier Taj (Traitement des antécédents judiciaires) comportera toujours les mêmes erreurs constatées, aucune information concernant des rectifications effectuées n’ayant été communiquée à ce jour.

Les données collectées peuvent être relatives aux origines « raciales » et « ethniques », aux opinions religieuses, politiques, philosophiques, à l’appartenance syndicale, à la santé ou à la vie sexuelle, et conservées pendant dix ans à quarante ans, selon les infractions.

L’ampleur de cette liste représente une violation, en particulier, de l’article 8 de la loi du 6 janvier 1978, et la durée de conservation des données est disproportionnée au but recherché pour un tel fichier.

Le second fichier concerne un « fichier d’analyse sérielle », destiné à croiser et à exploiter l’ensemble des données privées (réseaux sociaux, e-mail, sites web consultés, etc.) dont disposent l’Etat et ses services sur un individu, ainsi que le développement de l’utilisation des systèmes de reconnaissance faciale des caméras de vidéosurveillance.

Il s’agit bien d’un nouveau mauvais coup contre les libertés publiques. L’ex-ministre de l’Intérieur est parti, mais en tentant de parachever son œuvre de contrôleur généralisé. La LDH considère qu’il y a urgence à reconsidérer l’ensemble de la politique concernant les fichiers de police, dont plus de la moitié n’ont pas d’existence légale.


Droit d’asile : expulsions en série, avocats en grève

Centre de rétention administrative de Rennes Saint-Jacques

La radio en a fait écho lundi soir, et curieusement, peu d’infos dans la presse écrite ce matin. Dans les flux RSS, on ne trouve qu’un article du Figaro (!…) pour évoquer la grève des avocats qui plaident à la Commission nationale du droit d’asile (CNDA), qui décide du bienfondé des demandes d’asile. Les raisons du mouvement ? Une accélération des procédures telles qu’ils n’ont plus le temps de préparer correctement la défense de leurs demandeurs. Le Figaro explique : « Se plaignant de « dysfonctionnements récurrents » et « d’atteintes répétées aux droits de la défense », ces avocats dénoncent notamment le fait que ceux qui interviennent au titre de l’aide juridictionnelle (versée par l’État pour assurer la défense des plus démunis) sont souvent informés trop tard pour pouvoir « préparer le dossier dans des conditions décentes ». Ils déplorent « l’absence de désignation, concomitante à celle d’un avocat, d’un interprète ». Ils relèvent des « retards considérables » dans la remise de leurs attestations de fin de mission (AFM), dont ils ont besoin pour se faire payer. »

Autre grief des avocats : « Ils dénoncent aussi des « différences de traitement entre les requérants », indiquant que les « délais de convocation varient de six mois à deux ans, voire trois ans », et constatent une « multiplication des rejets par ordonnance sans motif légitime » ainsi que « l’audiencement d’un nombre déraisonnable » de dossiers (« 10 à 12″ par jour pour certains avocats). »

Sur le terrain, les militants de droits de l’homme constatent eux aussi une dégradations importante depuis quelque temps. Un exemple ? J.R., demandeur d’asile congolais, est arrêté lors d’un contrôle de police, placé en garde à vue, puis en centre de rétention. Le juge administratif le libère : on ne lui avait pas signifié son obligation à quitter le territoire français (OQTF). Quelques jours plus tard, il reçoit cette OQTF, qui lui ordonne de quitter le territoire sans délai, tout en précisant qu’il a un délai d’un mois pour faire appel de cette décision. Une situation absurde, puisque l’administration peut l’expulser manu-militari avant l’expiration de son délai de recours… Il pourra toujours lancer une procédure quand il sera rentré au Congo. Juste une précision : J.R. est homosexuel, et la vie lui est devenue impossible au Congo.

Un autre exemple ? Une militante rennaise raconte :  « J’ai passé l’après-midi au tribunal administratif : très dur toujours … pas de répit pour les migrants. Je cherche une solution pour empêcher qu’un Tchétchène soit renvoyé en Pologne… il vient de nouer une relation avec une jeune femme au Mans.. il a subi le pire en Tchétchénie… Même les policiers et le représentant du préfet d’un autre département cherchaient une solution ! » Elle poursuit : « les avocates du cabinet XXX sont surbookées ! il faut absolument protéger le Tchétchène ! Les arrivées se sont succédé toute l’après-midi… »

Au fait : a-t-on prévenu certains fonctionnaires de police et des préfectures qu’un nouveau président de la République a été élu ? Quelqu’un pourrait-il les informer que la passation de pouvoirs a lieu aujourd’hui, mardi 15 mai ?… On a vraiment l’impression que jusqu’à la dernière minutes, certains vont vouloir continuer à faire du chiffre. Les derniers soubresauts ?

L’extrême droite ne craint pas le ridicule

Manifestation dimanche 13 mai à Paris, « procession pour la vie » à Lyon, les catholiques intégristes, qui sont les premiers à dénoncer les « prières de rues » des musulmans n’hésitent pas à envahir l’espace public en crachant leurs messages de haine. A la tête du mouvement, l’association d’extrême droite Civitas, qui intitule ainsi son appel à manifester : « Refusant une France rouge et laïciste, nous défilerons à Paris le 13 mai à 14h30 en hommage à Sainte Jeanne d’Arc ».

« François Hollande a fait une série de promesses que nous jugeons potentiellement destructrices pour la patrie française, notamment en ce qui concerne le mariagehomosexuel, l’euthanasie, l’avortement, l’Éducation nationale et le droit de vote des étrangers », a déclaré à l’AFP le secrétaire général de Civitas, Alain Escada.

Ces mouvement présentent deux caractéristiques inquiétantes.

La première, c’est que ces gens-là refusent le verdict du suffrage universel. On voit même en ce moment quelques groupes d’illuminés qui prétendent que F. Hollande n’a aucune légitimité, en faisant le calcul suivant : « Avec 51 % des suffrages exprimés, le socialiste François Hollande a donc été élu Président de la République par les « Français ». Guillemets nécessaires car avec 49 % ayant voté pour son adversaire, 7 % de vote blanc ou nul, 19% d’abstention, 15 % de non-inscrits… ce ne sont en réalité que 32 % des Français en âge de voter qui se sont portés sur sa candidature. »

C’est à peu près le discours que tient la députée maire d’Aix-en-Provence, la délicieuse Maryse Joissains-Masin, qui n’a pas hésité à saisir le Conseil constitutionnel pour qu’il annule l’élection. A noter que Mme Joissains-Massin est avocate…

Et pendant ce temps-là, M.  Hortefeux lance l’idée d’un nouveau mouvement au sein de l’UMP : la « droite forte »… on avait déjà la « droite populaire »…

Tout cela montre qu’il est toujours aussi urgent de se mobiliser, et l’opportunité de l’appel d’Elie Geffray, maire d’Eréac, à l’occasion de la commémoration du 8 mai 1945, se justifie un peu plus chaque jour.