Les amoureux au ban public, le film

Le film réalisé par Nicolas Ferran, « Les amoureux au ban public, le film », vient d’être édité en DVD. Un film militant, certes,mais pas seulement : c’est un vrai film, qui communique au spectateur l’émotion des 13 couples qui témoignent de leurs vies souvent dramatiques. Un film indispensable, qui peut en outre servir de base à des débats publics, ou en section.

En voici la présentation, faite par l’association « les amoureux au ban public », dont Nicolas Ferran, réaluisateur du film, est un des créateurs.

Au nom de la lutte contre les « mariages blancs » et de la « maîtrise » de l’immigration familiale, les couples franco-étrangers subissent depuis plusieurs années le durcissement continu des politiques d’immigration. Avec intensité et émotion, treize couples décrivent dans ce film un parcours du combattant pour se marier en France, faire reconnaître un mariage célébré à l’étranger, obtenir un visa pour la France ou bénéficier d’un titre de séjour. Ils racontent leur peur ou leur vécu de l’expulsion, leur révolte de devoir vivre cachés ou séparés, le traumatisme des arrestations à domicile, l’opacité et l’arbitraire de certaines administrations, le contrôle répétitif de leurs sentiments et le dévoilement de leur intimité, la difficulté d’obtenir le respect de leurs droits. Leurs témoignages ne relatent pas des dysfonctionnements exceptionnels. Ils mettent à jour une politique répressive qui a décrété la mise au ban des couples franco-étrangers dans notre pays.

Le mouvement des Amoureux au ban public
Nés en 2009 sous l’impulsion de la Cimade, le mouvement des Amoureux au ban public regroupe des couples franco-étrangers engagés dans la défense de le droit de vivre en famille mis à mal par les lois sur l’immigration et des pratiques administratives toujours plus restrictives. Offrant appui et conseils juridiques aux couples en difficultés, les Amoureux au ban public mènent également diverses actions de mobilisation et de sensibilisation.

Pour en savoir plus : hppp://www.amoureuxauban.net

Le site du film : http://amoureuxauban.net/film

Entièrement auto-produit, le film n’a pas de distributeur. Aidez l’association Les amoureux aux ban public à assurer sa diffusion en organisant une projection publique dans votre ville. Pour cela, écrire à amoureuxlefilm@gmail.com

Les cadeaux de Noël de Monsieur Guéant

On savait bien qu’on pourrait compter sur Guéant pour qu’il s’occupe du Noël des demandeurs d’asile et des sans-papiers. Et puis on savait bien également que c’est un homme consciencieux : il a des objectifs à tenir. On avait raison d’avoir confiance : le ministre de l’intérieur termine l’année en beauté. Le dernier communiqué du Réseau éducation sans frontière est édifiant. N’hésitez pas à signer les pétitions, et à écrire aux adresses indiquées.

Il ne reste plus que quelques jours au ministre de l’intérieur pour remplir ses objectifs, et aux préfets pour afficher leurs chiffres. Une prime de fin d’année, ça ne tombe pas tout seul, (même si officiellement cela n’a rien à voir avec le rendement en matière d’expulsion), il faut se retrousser les manches, enfermer et expulser, enfants, parents, Roms, malades, et tout étranger qui comme chacun le voit bien, menace l’ordre public et le rétablissement de l’équilibre financier de notre pays.

Des enfants arrachés à leur école et placés derrière des grillages, un enfant séparé de son père et qui ne sait pas s’il le reverra demain, voilà quelques-unes des violences que ce gouvernement revendique dans son bilan.

1/ 4 enfants Roms toujours en rétention à Oissel, 4 enfants expulsés

8 enfants de 4 familles Roms de Roumanie (7 adultes), ont été cueillis le 15 décembre à 6 heures du matin par la Police de l’Air et des Frontières, arrachés à leurs camarades d’école et à leurs enseignants et internés au Centre de Rétention Administrative d’Oissel (76), loin de leur foyer du Centre d’hébergement le Forum de Besançon. L’un d’eux est parti sans son père, seule sa mère faisait partie du voyage. Oissel, il connaît, puisqu’en septembre il y avait déjà suivi sa mère lors d’une précédente tentative d’éloignement. Les 7 autres accompagnent maman et papa – on ne sépare pas les familles, on est humain ! -dans cette galère de l’éloignement que nous préférons appeler EXPULSION, ce mot cinglant parlant mieux à nos oreilles.

Ces 4 familles faisaient partie des Roms de Roumanie pris en charge depuis un an par les services sociaux de Besançon, enfants scolarisés, parents suivis dans le cadre d’une politique d’insertion menée par les travailleurs sociaux, pour trouver du travail et, pour certains d’entre eux, se soigner des maux de l’errance et de la galère. Mais le préfet en a décidé autrement. Il fait fi de tout ce travail, de la santé de ces familles, de la scolarité de leurs enfants ! Le référé déposé pour obtenir la libération des enfants a été refusé. Et le 20 décembre, deux des 4 familles (4 adultes et 4 enfants) ont été expulsées vers la Roumanie, là où ils ne retrouveront ni école, ni logement décent.

Quatre enfants et leurs parents ont vu leur rétention prolongée de 20 jours. Ils pleurent, ils ont faim, ils ont froid. Ils ont peur de rester encore 20 jours de plus dans cette galère. C’est ce que disent les enfants à celles et ceux qui leur téléphonent. Et aussi qu’ils sont isolés dans les bâtiments du CRA, pas mêlés aux autres retenus. Larissa (11 ans), Mirabella (9 ans) et Franco (6 ans) étaient scolarisés depuis septembre 2010 à l’école Champagne, et Adrian (13 ans) au collège Diderot. Ils étaient heureux d’aller à l’école, eux qui, pour les plus grands, n’avaient pas eu accès à une scolarité normale en Roumanie. Il faut les libérer de leur prison, qu’Adrian puisse retrouver son père, et que, début janvier, ils puissent retourner dans leurs classes.

2/ Tu pars avec ton père ou ta mère ? Aujourd’hui la préfecture cherche une solution d’expulsion familiale pour Élisée, Ronaldo et Adam, 9, 11 et 13 ans, et leurs parents.

Depuis le 6 décembre, la famille Ajredinovski / Todorova et leurs enfants Élisée, Ronaldo et Adam, enfermés au Centre de Rétention Administrative de Lyon, a subi deux tentatives de dislocation. Le 19 décembre, les policiers sont venus chercher le père et les trois enfants pour les expulser vers le Danemark, bien qu’ils soient macédoniens. Dublin II vous dit-on. L’avion n’est pas parti, problèmes techniques ou grève à l’aéroport. Le 22 décembre, la police est venue chercher la compagne du père, Madame Todorova, déboutée de sa demande d’asile faite en rétention, pour l’expulser vers la Bulgarie. Tentative arrêtée en plein cours. Il semble que la préfecture, saisie d’humanité soudaine, cherche maintenant une solution d’expulsion familiale. Ceux qui visitent la famille constatent de jour en jour les effets de l’angoisse que créent l’enfermement et les deux tentatives d’expulsion sur chacun d’eux. Aujourd’hui, le père n’a n’a pu que difficilement parler un peu  avec l’interprète et les enfants, heureux d’avoir reçu quelques livres, réclament leur école.

La famille Ajredinovski / Todorova doit être libérée au plus vite.

Elle doit être régularisée pour que cesse enfin son errance, et que les enfants puissent retrouver leur école à la rentrée dans un cadre apaisé auquel ils ont droit.

la pétition : http://resf.info/P2077

3/ M. ZHANG, en rétention à Toulouse depuis plus de 26 jours

Xiwu travaille en France dans le bâtiment depuis 5 ans comme carreleur, peintre et plombier; sa femme est couturière et leur fils ZHANG Zhouhao est élève au collège Marx Dormoy en classe de 6e dans le 18e arrondissement de Paris. Zhouhao est arrivé en France en décembre 2005 à l’âge de 8 ans, quelques mois après ses parents, arrivés eux à la fin de 2004. Sa mère suit intensivement des cours de français; elle a obtenu le DILF (diplôme d’initiation à la langue française) et prépare le DELF qu’elle passera en août 2012. Leur fils a reçu le plein soutien de ses professeurs et des parents du collège Marx Dormoy. La famille ZHANG habite le 19ème arrondissement depuis quelques semaines.

26 novembre 2011. M. ZHANG Xiwu revenait d’un chantier, lorsqu’il a été arrêté dans la gare de Narbonne et placé en rétention au centre de Toulouse Cornebarrieu. « Contrôle au faciès »?  M. ZHANG n’ayant commis aucun délit ni suscité aucun « trouble à l’ordre public » et étant muni d’un billet de train en règle. M. Zhang est le seul chinois du CRA. Ses soutiens lancent une campagne de signature de la pétition et de campagne de cartes postales : « Envoyons des centaines de cartes postales et de lettres à M. ZHANG Xiwu »!!

http://www.educationsansfrontieres.org/article40248.html

M. Zhang doit être libéré et rendu à sa famille

Expulsion des étudiants étrangers : Guéant en difficulté ?

Il semblerait que le collectif du 31 mai ait réussi à sensibiliser suffisamment le public sur le problème de la circulaire Guéant qui vise à expulser les étudiants étrangers une fois qu’ils ont obtenu leurs diplômes. La mobilisation s’amplifie : la pétition a été signée par plus de 15000 personnes, qui jugent cette circulaire « moralement méprisable, économiquement suicidaire ». Les présidents d’universités eux-mêmes sont montés au créneau : le 31 octobre, la conférence des présidents jugeait cette circulaire « très grave », tandis que le président de la conférence des grandes écoles, Pierre Tapie, déclarait au journal Le Monde, le 11 novembre dernier : « Oui, du mal a été fait : cette affaire a fait énormément de bruit en Inde, au Brésil, en Chine, au Maroc… »

Ce sont maintenant des collègues de Guéant qui se manifestent : Pécresse, Wauquiez (« on s’est planté »), Mitterrand (« un problème »)… Jusqu’au Charles Givadinovitch, secrétaire national de l’UMP chargé de la lutte contre la précarité et la pauvreté qui demande le retrait pur est simple de la circulaire… Le Médef lui-même commence à s’inquiéter…

Du coup, Guéant a perdu un peu de sa superbe et nous refait le coup du « c’est pas ça que j’voulais dire »… ben tiens ! Reçu ce vendredi matin par son chef, il avait commencé à expliquer jeudi soir qu’il y avait « de nombreux malentendus ».

Le collectif du 31 mai reste cependant prudent. Vincent Chauvet estime : « il y aura sûrement des consignes un peu plus laxistes sur la proportion de dossiers à refuser ».

En attendant, la fuite des cerveaux a commencé. Et pas vers les pays qui seraient heureux de voir revenir leurs étudiants : les bénéficiaires de la circulaire Guéant sont avant tout les pays riches, comme le Canada, par exemple, qui saisit cette opportunité.

En fait, on n’avait effectivement peut-être pas bien compris Guéant : comme le titrait Rue 89 le 27 novembre dernier : « La France veut bien des étudiants étrangers, mais juste les riches »…

Retour sur une année de luttes pour les droits de l’Homme : 4ème et dernière partie

En octobre, la mobilisation pour les demandeurs d’asile se poursuit, avec notamment des distributions de tracts et une pétition, signée à la fois sur papier et en ligne.

Une autre affaire, qui avait mobilisé la section au 2ème semestre 2010, revient à la une de l’actualité : l’affaire Natacha Aussibal. La CGT a mis en ligne une pétition pour soutenir Natacha, et annoncé une manifestation au mois de novembre. Elle mobilisera 150 personnes, le 22 novembre, devant le siège de la Cidéral à Loudéac.

Le 28 octobre, le président du conseil général s’interroge dans la presse : « Qu’est devenue la tradition d’accueil de notre pays, cette France ouverte ? » En effet, un artiste indien, invité par le conseil général dans le cadre de ses échanges intetrnationaux, a été bloqué à la frontière, et n’a donc pas pu participer au spectacle prévu dans le cadre de l’opération « Fenêtre sur l’Inde ». Quelques jours plus tard, ce sont des musiciens du groupe groupe Burkina Bé « Sama Band de Borono » qui sont interdits de séjour pour la semaine de la solidarité internationale.

Le 5 novembre, la section s’associe avec Cac Sud 22 pour organiser une soirée sur les discriminations, avec pour support le film d’Alice Diop, « la mort de Danton ». Animé par Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l’Homme, et animatrice du groupe de travail national sur les discriminations.

Le 11 novembre, c’est un événément important pour la section : l’inauguration de la stèle érigée par la municipalité de Trévé, en hommage aux tirailleurs sénégalais internés dans un camp dans la commune. Une cérémonie émouvante, en présence de Joseph Collet, maire de Trévé, Ronan Kerdraon, sénateur, Armelle Mabon et Anne Cousin, historiennes, Michelle Paul, présidente de la section, et suivie par une centaine de personnes.

httpv://www.youtube.com/watch?v=WPIM5Uzj2aM

Ce même jour, la section a tenu son assemblée générale, également à Trévé.

En décembre, ce sont les nazillons de breiz atao, qui se manifestent, en se réjouissant du vandalisme perpétré contre l’arbre de la laïcité de Concarneau, avec le verbiage qu’on leur connaît.

Pour cette rétrospective de l’année, nous nous sommes contentés de parler de ce qui s’est passé localement, et ce qui a mobilisé la section : cela ne veut évidemment pas dire que nous nous sommes désintéressés des actualités nationale et internationale !

Retour sur une année de luttes pour les droits de l’homme : 3ème partie

Le demandeurs d'asile logés par le conseil général à Saint-Brieuc.

Juillet : la lutte pour soutien aux demandeurs d’asile se poursuit, avec l’occupation du centre social du Plateau, à Saint-Brieuc. 13 demandeurs d’asile, dont 7 enfants, à la rue y ont trouvé refuge, soutenus et aidés par le collectif contre le racisme et pour la solidarité, qui coordonne les actions. Le 13 juillet, enfin une bonne nouvelle, mais qui n’arrive pas de là où on l’attendait : une maison est mise à la disposition des familles, rue Jean-Jaurès à Saint-Brieuc. Ce n’est pas, et pour cause, le préfet qui l’annonce, alors que c’est sa mission : c’est Annie Le Houérou, vice présidente du conseil général.

Le 21 juillet, la plaque de la stèle que la mairie de Trévé est revenue de la fonderie. L’oeuvre d’Annie Lagadec, sculpteur et membre de la section sera fixée sur la stèle et l’inauguration aura lieu le 11 novembre 2011. On peut voir la vidéo d’Annie en train de préparer le moule ici.

Pendant l’été, pas de trêve pour les demandeurs d’asile, les sans papiers et les étrangers. Sara, une jeune Mongole, s’est suicidée début août en se jetant sous une voiture, sur la 4 voies, à la hauteur de Plérin. Lire aussi ici, ici, et là.

Quelques jours plus tard, une nouvelle famille était placée en rétention au centre de Rennes Saint-Jacques.

Le mois de septembre a été marqué par la lutte des salariés de Carrefour Market à Loudéac, pour obtenir que l’ouverture de leur magasin le dimanche matin ne puisse pas avoir lieu. Ils ont manifesté plusieurs dimanches consécutifs, mais la direction n’a pas reculé, malgré les gesticulations du député Le Fur qui ne devait plus se souvenir qu’il avait voté quelques mois plutôt une loi autorisant cette ouverture. Depuis, Ronan Kerdraon, sénateur, a déposé et fait adopter au Sénat un amendement réglementant plus sévèrement ces ouvertures. Amendement qui doit être maintenant accepté par l’assemblée nationale : nous ne doutons pas que le député soutiendra l’initiative de son collègue sénateur…

A suivre.

Retour sur une année de luttes pour les droits de l’Homme, 2ème partie

Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, à Rennes au mois de mai.

« Oubliés d’hier, oubliés d’aujourd’hui » : c’est le titre que la section a donné à l’animation qu’elle a organisée à Trévé le 16 avril 2011. Au départ de cette « aventure », une rencontre, avec Armelle Mabon, historienne et ligueuse, qui nous a signalé l’existence, à Trévé, d’un camp où ont été internés des prisonniers de guerre africains (« tirailleurs sénégalais »). Faits prisonniers par les Allemands en 1940, ils avaient été enfermés dans un « frontstallag » en France. A la Libération, on a voulu les renvoyer chez eux. Mais ils n’avaient pas touché leurs soldes (ils étaient engagés dans l’armée française) : ils ont refusé de partir. De Morlaix, on les a transférés à Trévé, où ils ont séjourné de novembre 1944 à février 1945. Armelle Mabon s’est penchée sur cette histoire dramatique, et en a tiré un film qu’elle a écrit, et un livre : « oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains ». Nous avons retrouvé à Trévé une trentaine de témoins de cet épisode de la seconde guerre mondiale, et nous avons rassemblé leurs témoignages dans un recueil intitulé « Nous n’avions jamais vu de Noirs ». Lire le dossier complet et voir les vidéos ici. Au mois de novembre, une stèle a été érigée par la municipalité de Trévé à la mémoire de ces soldats : nous y reviendrons.

C’est aussi au mois d’avril que les nazillons de Breiz Atao se sont une nouvelle fois manifestés : il était pour eux insupportable qu’une jeune femme noire soit élue conseillère générale à Brest. Et là, il ont déversé leur fiel avec une indécence et une vulgarité sans nom. La Ligue des droits de l’Homme est une des cibles privilégiée de ce groupuscule, et fait régulièrement l’objet d’articles immondes sur leur site.

Au mois de mai, la lutte pour la défense des demandeurs d’asile se poursuit, avec notamment une manifestation devant le tribunal de Saint-Brieuc.

La conférence de Souhayd Benlhassen, présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme, à Rennes (invitée par la section de Rennes), sur la révolution tunisienne a été intégralement filmée et mise en ligne.

Juin : le congrès de la Ligue des droits de l’Homme à Reims. Le rapport moral de Jean-Pierre Dubois, les témoignages de défenseurs des droits venus des cinq continents, et le discours d’investiture du nouveau président, Pierre Tartakowsky ont été mis en ligne.

En juin également, nouvelles manifestations pour la défense des demandeurs d’asile, notamment à la préfecture de Saint-Brieuc. Plusieurs représentants de la section ont participé à l’ensemble de ces manifestations. Par ailleurs, depuis le mois d’avril nous nous occupons d’un couple de Géorgiens : logement, dossier administratif…

A suivre…

Le mal est fait : l’image de la France est ternie à l’étranger

18 décembre : journée mondiale des migrants. L’occasion pour toutes ces personnes qui ont dû, pour des raisons multiples, quitter leur pays, leur famille, leurs amis, de manifester, avec toutes celles qui les soutiennent, à manifester. A Paris, elles étaient entre 3000 et 5000. Et toutes ont constaté l’incurie de la politique française de chasse à l’étranger menée par le chef de l’Etat et ses sbires, le ministre de l’intérieur en tête. Cette année, la manifestation a stigmatisé la politique de chasse aux étudiants étrangers.Le bilan est grave : Hajer Godji, porte parole du « collectif du 31 mai« , créé pour s’occuper des étudiants étrangers menacés d’expulsion après l’obtention de leur diplôme, explique : « Le mal est fait : l’image de la France est ternie dans de nombreux pays ». Un constat déjà fait par de nombreuses ambassades, qui s’époumonent à signaler au Quay d’Orsay l’image désastreuse que la France commence à avoir dans ces pays. Il se trouve que tous ces étudiants étrangers ne prennent pas la place de chômeurs français : leurs expériences, leurs connaissances, leur expertise est irremplaçable, et le chasser comme le fait le gouvernement consiste à nous priver de talents que nous ne trouvons pas chez nous. Avec bien sûr un alibi imparable : on ne veut pas priver ces pays de ces talents. Quand il s’agit d’employer à bas prix des médecins pour pallier la désertification médical du pays, on ne s’embarrasse pas de cet argument… Quand la mauvaise foi le dispute au cynisme…

2011 : retour sur une année de lutte pour les droits de l’Homme

Assemblée générale de la fédération 22 en janvier 2011

2011 s’achève. Nous vous proposons une rétrospective de cette année de lutte à travers les articles publiés sur ce site. Aujourd’hui, le premier trimestre de l’année, qui aura été largement marquée par le problème des demandeurs d’asile àSaint-Brieuc, et plus généralement dans le département. Un dossier qui a été suivi par le collectif briochin contre le racisme et pour la solidarité, auquel la section Loudéac centre Bretagne s’est jointe.

Premier drame de l’année : le décès d’une jeune femme mongole à Rennes. C’était début janvier.

Quelques jours plus tard, l’affaire Emmanuel Luyindula démontre la stupidité et le cynisme de la politique de chasse à l’étranger. Placé en rétention, libéré par le tribunal administratif, replacé en rétention en raison de l’appel du procureur, Emmanuel a finalement été libéré définitivement.

Janvier 2011 a aussi été marqué par la lutte pour la défense de Martine Mégret, licenciée par Pôle emploi après plusieurs CDD. La faute de Martine ? être âgée de plus de 50 ans… Ce qui n’a pas empêché Pôle emploi de participer un colloque sur l’emploi des seniors

En février, la Cimade et RESF poursuivent le combat à Rennes pour faire libérer le mari de la jeune mongole décédée en janvier, et qui était en rétention aux Pays-Bas, alors que ses trois enfants étaient restés seuls, à Rennes. Il a finalement été libéré, et a rejoint ses enfants à Rennes. Quel gâchis !

Février aura aussi été le début du problème du logement des demandeurs d’asile à Saint-Brieuc, problème qui n’est toujours pas vraiment résolu, même si de progrès ont été obtenus. Rappelons qu’il s’agit là d’une obligation légale de l’Etat. Les manifestations se succèdent à Saint-Brieuc, en même temps que le nombre de cas se multiplie. Lire aussi : Aminate, la mobilisation se poursuit à Saint-Brieuc, une famille géorgienne à la rue à Saint-Brieuc.

A suivre…

En France, on enferme les enfants de 8 ans

Nouvelle affaire d’enfermement d’enfant. Cette fois, ça se passe à Besançon, où le préfet Decharrière s’est attaqué à quatre familles Roms, qui étaient prises en charge par les services sociaux de la ville. Le communiqué de Réseau éducation sans frontière est édifiant. Signez la pétition !

Non à l’enfermement de 8 enfants

Non à l’expulsion de leurs parents roms de Roumanie

Rassemblement à Besançon vendredi 16 décembre 2011 à 17h devant la Préfecture

Huit enfants ont couché ce jeudi 15 décembre au Centre de rétention administrative d’Oissel, à côté de Rouen, bien loin de leur foyer du Centre d’hébergement le Forum de Besançon. Ils n’ont pu retrouver ce matin leurs camarades d’écoles et leur maîtresse ce matin, ils ont été embarqués hier avec leurs parents pour Oissel.

Cueillis à 6 heures du matin par la police, ce sont donc 8 enfants de 4 familles roms de Roumanie (7 adultes), que le préfet DECHARRIERE a décidé d’éloigner de Besançon pour les renvoyer dans leur village ou leur quartier en Roumanie, là où ils ne retrouveront ni école, ni logement décent.

L’un d’eux est parti sans son père, seule sa mère faisant partie du voyage. Oissel, il connaît déjà puisqu’en septembre il avait été obligé de suivre sa mère lors d’une précédente tentative d’éloignement.

Les 7 autres accompagnent maman et papa – on ne sépare pas les familles, on est humain ! – dans cette galère de l’éloignement que nous préférons appeler d’un nom qui traduit mieux la réalité : l’EXPULSION.

Ces 4 familles faisaient partie des Roms de Roumanie pris en charge par les services sociaux de la Ville de Besançon, enfants scolarisés, parents suivis dans le cadre d’une politique d’insertion menée par les travailleurs sociaux, pour trouver du travail et, pour certains d’entre eux, se soigner des maux de l’errance et de la galère.

Mais, le préfet en a décidé autrement. Il a fait fi de tout ce travail, de la santé de ces familles, de la scolarité de leurs enfants !

Nous demandons que ces enfants soient libérés du CRA d’Oissel avec leurs parents.

Nous demandons que ces familles puissent être relogées à Besançon.

Nous demandons que les parents puissent obtenir l’autorisation de travail demandée par la France durant la période dite « transitoire » imposée aux Roumains et aux Bulgares.

Pétition à signer sur le site RESF : http://resf.info/P2087




Questions sur les parents dans le recensement : le non de la LDH

Il est question d’introduire dans le recensement de la population des questions sur les parents des personnes interrogées, notamment sur leur origine. Ce qui revient à introduire des notions ethniques dans les questionnaires. Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, a été entendu par la Commission nationale de l’information statistique (la CNIS) à ce sujet. Il a réaffirmé l’opposition de la Ligue à cette évolution, et s’en est expliqué, dans une déclaration publique.

Intervention de Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme
devant le Cnis le 14/12/11

La Ligue des droits de l’Homme situe sa réflexion dans le droit fil des débats et travaux approfondis auxquels elle a participé en 2010 notamment au sein du Comedd, ainsi que des prises de position publique dont ils ont fait l’objet.

Puisque se pose à nouveau la question de l’inclusion dans le recensement de la population de questions portant sur l’origine des parents, je veux d’emblée et avec force réaffirmer notre opposition à cette proposition, opposition qui renvoie aux principes que nous défendons.

S’il est vrai que la statistique n’est pas un préalable obligatoire à l’action contre les discriminations, notamment face aux inégalités individuelles de traitement et aux légitimes actions en réparation, nous estimons qu’elle a un rôle à jouer pour évaluer l’action publique, mesurer des progrès et mettre en lumière des mécanismes en cause, singulièrement concernant les discriminations indirectes ou systémiques.

Nous souscrivons donc à l’idée qu’il existe un besoin croissant d’information quantitatives aux cotés des analyses qualitatives, d’enquêtes statistiques et d’études dans le cadre d’une recherche publique qui doit pouvoir éclairer la société et les pouvoirs publics sur les mesures à arrêter.

Nous affirmons également le principe de la liberté de recherche pour les chercheurs. Dans le cadre fourni par l’éthique et par les lois de la République, il leur appartient de tester des hypothèses, d’innover et de faire progresser la connaissance.

Nous partageons enfin la préoccupation de nombre d’acteurs de la société civile et de la communauté scientifique de réfléchir collectivement, entre tous les acteurs de la statistique (chercheurs, statisticiens, institutions publiques, société civile, associations, organisations patronales et syndicales, acteurs publics, etc.), autour des notions d’opportunité et d’acceptabilité des questions sur l’utilisation des notions d’origine des personnes dans la recherche sur les comportements et leurs effets sociaux.

Ces questions de principe étant posées, revenons à notre préoccupation : la collecte d’information sur l’origine parentale, et in fine aujourd’hui dans l’opération d’action publique majeure et très symbolique qu’est le recensement de la population.

Nous savons que la proposition est animée par les meilleurs sentiments de ses promoteurs, la lutte contre les discriminations, mais on ne peut s’en arrêter à un « wishful thinking », celui de pouvoir faire des recherches entre « gens biens » dans un monde aseptisé.

Dans sa généralité, la question de collecte d’information sur l’origine géographique et nationale des personnes avait en son temps fait l’objet d’échanges vigoureux et polémiques ainsi que d’un travail d’approfondissement. Nous avions à l’époque rappelé fermement que la mesure et l’évaluation de la diversité et des discriminations doivent s’inscrire dans un respect strict des principes d’opportunité, de nécessité et de proportionnalité.

Guidés par ces considérants, nous continuons à être opposés à l’introduction des questions sur la nationalité à la naissance et sur le lieu de naissance des parents dans le bulletin individuel du recensement de la population.

L’enquête annuelle du recensement demeure une démarche officielle. Elle est une collecte obligatoire et, sur une large partie du territoire, exhaustive. Elle est menée par les pouvoirs publics pour dénombrer mais aussi caractériser la population française. Nous considérons à cet égard que dans le contexte présent, institutionnel et normatif mais aussi politique, le risque est énorme de voir la prise en compte de variables sur les origines et l’ascendance des individus introduire une distinction officielle entre les français, au-delà des modes d’acquisition de la nationalité française.

L’actualité soutenue et récente n’amène rien qui puisse atténuer ces inquiétudes. Au contraire elle la renforce.

Les conditions imposées pour le renouvellement des cartes nationales d’identité, le débat sur l’identité nationale, la distinction opérée par le chef de l’Etat dans son discours du 30 juillet 2010 distinguant parmi les Français ceux d’origine étrangère, et plus encore le fait qu’aucun de ces « dérapages » n’ait donné lieu à une quelconque mise au point a posteriori de la part des pouvoirs publics, nous conduisent a pointer un risque majeur ; Celui de renforcer le sentiment qu’a d’ores et déjà une partie de la population française ou vivant en France d’être l’objet d’une assignation pérenne à une origine étrangère, dans le cadre d’une opération administrative.

Corrélativement à cette préoccupation, il nous apparaît que l’introduction de variables sur l’origine nationale des ascendants dans toutes les enquêtes de la statistique publique et tout particulièrement dans le recensement est disproportionnée, au regard des résultats qui pourraient en être tirés dans la lutte contre les discriminations.

Ce, par exemple, qu’il s’agisse de l’emploi ou du logement. Concernant l’emploi, il est à l’évidence improbable que le recensement de la population constitue l’outil le plus propice à faire que les chefs d’entreprises partagent ainsi la préoccupation de combattre les discriminations. À cet égard, nous avons l’exemple de statistiques produites depuis des décennies, montrant qu’il ne suffit pas de prendre la mesure des répartitions entre hommes et femmes au sein des entreprises (en fonction des qualifications, des niveaux de formation, etc.) pour avoir fait évoluer la situation. Autant, les statistiques de genre informent sans porter de risques de dérapages, autant on ne peut se le permettre pour la question des origines. De même, en matière de logement, un débat est plutôt ouvert sur la question d’anonymiser les procédures d’attribution du logement social que d’offrir une statistique publique sur l’origine des habitants d’un territoire. Qui peut ignorer l’impact politique de la collecte généralisée de telles données dans les polémiques actuelles sur les quartiers populaires ?

En revanche, la LDH continue d’accueillir favorablement des enquêtes par sondage, régulières, qui utiliseraient de telles questions, y compris s’agissant des enquêtes associées au recensement, dans une démarche qui doit affirmer clairement les objectifs poursuivis de luttes contre les discriminations. C’est dans cet esprit constructif que nous avions soutenu l’enquête « Trajectoires et origines » dont les résultats sont éclairants pour tout décideur public qui voudrait agir contre les discriminations liées à l’origine.

De telles enquêtes peuvent bénéficier d’une crédibilité pour l’objectif ainsi défini, alors que le recensement ne le peut pas. En effet, une telle opération sera toujours questionnée à la lumière des relations qu’ont les personnes interrogées avec les multiples acteurs publics, avec les discours politiques, avec les ressentis sur la nature des discriminations et de leurs causes.

Nous espérons fermement que la Statistique publique ne jouera pas les apprentis sorciers. C’est aussi le rôle du CNIS de veiller à la bonne acceptabilité sociale de l’information statistique. Si la question posée était seulement technique, nous ne serions pas là pour vous dire ce que nous pensons. La CNCDH qui s’est autosaisie du sujet devrait rendre également demain un avis négatif sur une telle évolution, reprenant très largement nos arguments.

Nous espérons donc que vous partagerez aussi nos réserves de principe comme de contexte qui ne permettent pas de prendre une décision d’introduction de telles questions sur l’origine des ascendants dans le recensement.