Droits en fête 2016, migrations : 8 témoignages filmés

Dépliant 2016 verso site Les migrations : c’est le thème des Droits en fête 2016.

Un thème rabâché depuis des mois, et ça n’est sans doute pas prêt de s’arrêter.

Alors, pourquoi l’avoir choisi ?

Tout d’abord, lorsqu’on l’a choisi, il y a un an, il n’était pas à ce point dans l’actualité.

Ensuite, parce que lorsqu’on en parle dans les médias, on a le choix, pour faire court, entre le misérabilisme et le rejet.

Nous avons choisi une autre entrée : nous voulons remettre les pendules à l’heure, en donnant des informations fiables, vérifiées ; et nous voulons montrer qu’il y a des migrations heureuses, qui aboutissent à des intégrations parfaitement réussies, et qu’il n’est pas besoin d’aller loin pour en trouver. Non seulement nous en avons trouvé, mais en plus nous les avons filmées. Au total, 8 témoignages filmés de personnes d’origines diverses (8 pays, 4 continents), arrivées à des périodes diverses (le plus anciens dans les années 1980, le plus récent il y a un an).

Les raisons de leurs départs sont aussi diverses : sportif de haut niveau pour l’un, réfugié politique pour l’autre…

La tendance actuelle est à la hiérarchisation des motifs de migration : il y aurait les bons et les mauvais migrants. Les bons réfugiés et les mauvais « migrats économiques ». Curieusement, quand un Français part s’installer à l’étranger, on ne le qualifie pas de migrant, et encore moins de migrant économique : c’est un « expat », un expatrié, pour bien montrer sa souffrance, sans doute.

Le sujet sera traité en trois parties (voir programme détaillé ci-contre) : les migrations bretonnes depuis la révolution jusqu’à nos jours (Roger Toinard, historien), les migrations internationales (Catherine Wihtol de Welden),  « bienvenue chez eux », diaporama présenté et commenté par Pascale Thoraval et Franck Perrin, qui ont effectué plusieurs séjours dans la « jungle » de Calais (ils nous expliqueront ce que signifie ce terme, « jungle », loin de ce qu’on entend dans la presse).

Les 8 témoignages que nous avons filmés à la fois illustreront et susciteront les propos des intervenants. Et les témoins seront là (sauf ceux qui travaillent) pour répondre aux questions. De 15h à 19h, au foyer municipal de Loudéac, samedi 23 avril.

 

 

 

Droits en fête 2016 : le programme

Le dessin de l'affiche nous a été offert par le dessinateur Nono.

Le dessin de l’affiche nous a été offert par le dessinateur Nono.

La 4ème édition de Droits en fête aura lieu samedi 23 avril, au foyer municipal de Loudéac . Cette année encore, le dessinateur de presse Nono, dont on peut voir les oeuvres quoditiennement dans le Télégramme, nous a offert le dessin qui illustre l’affiche et le dépliant. Qu’il en soit sincèrement remercié !

Son thème, on ne peut plus d’actualité : « migrations ». Ce qui signifie qu’on parlera de ceux qui arrivent, mais aussi de ceux qui partent. Et avant de traiter des migrations internationales, nous parlerons de ce qui a longtemps concerné notre région, la Bretagne : l’émigration bretonne.

Pour chacun de ces deux grands thèmes, nous avons fait appel à des spécialistes.

A 15h, Roger Toinard, agrégé d’histoire, parlera de l’émigration bretonne, à laquelle il s’est particulièrement intéressé, et plus précisément à l’émigration costarmoricaine, depuis la révolution  jusqu’à nos jours. Il lui a consacré un ouvrage intitulé « du trou noir à l’embellie ».

Pour les migrations internationales, nous avons fait appel à la grande spécialiste actuelle de ce sujet, Catherine Wihtol de Wenden. Directrice de recherche au CNRS, professeur à Sciences po, elle est l’auteure de nombreux ouvrages de référence. Elle réagira au 8 portraits vidéo que nous avons réalisés de migrants vivant maintenant dans la région de Loudéac : Hang, qui tient une boulangerie à Laurenan et vient du Viet-Nam, Ionut, joueur roumain de handball dans l’équipe de l’Amicale laïque de Loudéac, Nassima, Algérienne, devenue agricultrice à Mégrit, Sali, du Burkina-Fasso, qui habite La Ferrière, Tarik, Kurde irakien, installé depuis de longues années à Loudéac avec sa famille, Massab, journaliste syrien, réfugié avec sa famille à Loudéac,et  Youssef, d’origine tunisienne, pompier volontaire à Merdrignac.

Après ces deux tables-rondes, Pascale Thoraval et Franck Perrin, photographes, présenteront les reportages qu’ils ont réalisés lors de leurs séjours dans la « jungle de Calais », intitulé « Jungle, bienvenue chez eux ».

Et puisque dans Droits en fête il y a fête, à 19h, les tambours de Guadeloupe animeront l’apéritif et le casse-croûte, en attendant un événement exceptionnel : le nouveau spectacle de Jean Kergrist, dont ce sera la seconde présentation dans le département !

Enfin, nous commémoreront le 25ème anniversaire de la fête de l’intégration qui avait réuni 400 personnes à Bon-Repos, en 1981, autour de Constantin, Dezideriou, alias Laké (Roumanie) et Amadou (Bénin), menacés d’expulsion, et qui avaient finalement pu rester en France. C’est d’ailleurs Laké qui sera le modérateur des tables rondes.

 

Droits en fête 2015 : Marc Pion, « Du tracteur à l’âne »

En suivant la conférence gesticulée de Marc Pion, vous allez vivre ou revivre l’évolution de l’agriculture, depuis la fin des années 1960, voir ou revoir un tas de militants, vivre ou revivre un tas de luttes, découvrir ou retrouver des rêves, des espoirs, et aussi des désespoirs… pour arriver au XXIème siècle. Là vous pourrez vous dire, au choix, et selon votre humeur : « tout ça pour ça… », « y’a encore du boulot… », « faudrait peut-être qu’on se remue un peu… »

Une conférence avec un brin de nostalgie, un autre de déprime, mais surtout la volonté toujours renouvelée de changer les choses, même si on sait bien que ça n’est pas gagné !

Mais laissons plutôt Marc présenter lui-même sa conférence : il le fait très bien !

Du tracteur à l’âne

Drôle de titre et pourtant c’est l’histoire d’un paysan qui, à l’âge de 12 ans découvre et déteste le tracteur, et qui, aujourd’hui, travaille la terre avec des ânes.

C’est aussi l’évocation de l’exode rural, de la PAC et des politiques publiques agricoles.

C’est encore le parcours d’un jeune couple qui s’endette pour devenir  » exploitant agricole » et qui comprend que son salut viendra de l’agriculture paysanne.

C’est l’histoire du syndicalisme, des luttes paysannes et en particulier de Bernard Lambert, de la place des femmes et du patriarcat en agriculture.

C’est surtout la prise de conscience que le temps libre et la réflexion collective sont des moteurs essentiels de l’émancipation.

C’est quoi une conférence gesticulée ?

D’abord on considère que nous sommes tous légitimes pour parler  de notre vécu et qu’il ne faut pas  laisser la place à de soi-disant experts qui ne connaissent bien souvent que la théorie.

Ensuite on peut dire qu’une conférence gesticulée, c’est un mélange de savoirs chauds ( les savoirs acquis de l’expérience …dit illégitimes) et de savoirs froids ( ceux qu’on trouve dans les livres…dits légitimes ). Comme dans l’air où il n’y a pas mélange d’air chaud et d’air froid mais où la rencontre provoque de l’orage. Nous espérons que le mélange de savoirs froids et chauds provoque dans la tête des…révolutions rien que ça!

C’est comme un spectacle?

Oui et non. Oui car c’est vivant, drôle et émouvant ( enfin j’essaie…). Je chante Ferrat, Brel car j’aime chanter.

Et non car je ne suis pas comédien et que je veux passer un message  politique. D’ailleurs dans la plupart des cas c’est suivi le lendemain d’un atelier d’éducation populaire pour permettre aux personnes volontaires de se mettre en marche pour transformer la société.

Pourquoi faire une conférence gesticulée ?

Je voulais prendre la parole  pour dire ma vision de l’agriculture. J’aime aussi l’idée qu’on peut  militer et rigoler.

Pour dire quoi de l’agriculture ?

Que le métier de paysan est un beau métier très riche de savoirs, savoirs-faire…

Que le capitalisme est le principal responsable de l’industrialisation de l’agriculture…

Que c’est difficile pour les paysans de changer de systèmes de production…

Je voulais parler de Danielle, de Bernard Lambert, de René Bodiguel, de Bernard Friot et de tous les gens qui ont compté dans mon évolution. Je voulais parler du patriarcat, de l’endettement, de l’agrobisness, de la décroissance. Je voulais parler des structures dans lesquelles j’ai milité : les CIVAM, la confédération paysanne, ATTAC, PROMMATA.

Et les ateliers d’éducation populaire ?

Pour transformer la société on doit se mettre  au boulot. Le lendemain, toutes les personnes intéressées par la paysannerie se retrouvent pour localement agir. Pour l’instant j’ai animé 2 types d’atelier. Un premier qui a pour thème:  » installer des paysans dans le pays de … » qui permet d’associer des paysans, des paysans sans terre et des citoyens. Dans tous les cas on y aborde la SAFER, la place des collectivités locales, les GFA… Dans un deuxième  » comment passer d’une agriculture productiviste à une agriculture paysanne  » on cherche des idées pour toucher  des personnes en dehors des réseaux…

Bien sur c’est possible d’aborder n’importe quel thème… ( sauf peut-être l’art contemporain…j’y connais rien moi! ).

Les ateliers sont d’éducation populaire car les « techniques » utilisées permettent à tout le monde de s’exprimer et d’apporter leurs savoirs sur le sujet.

Le cadeau de Nono pour les Droits en fête 2015

L’édition 2015 des Droits en fête aura lieu le samedi 28 mars, à partir de 14h, à la salle des fêtes de Plémet (Côtes d’Armor). Et pour cette troisième édition, le dessinateur de presse Nono, qui publie quotidiennement des dessins dans le journal Le Télégramme, nous a fait un beau cadeau : il a  illustré l’affiche de la manifestation par un superbe dessin. On y reconnaît l’humour délicat du dessinateur : le dessin met en scène de personnages coiffés du bonnet prhygien devenu l’emblême de la Ligue des droits de l’Homme, qui constatent avec sagesse : « Mieux vaut droits en fête que les droits dans le mur ! ».

Vous verrez cette affiche prochainement dans les commerces, librairies, bibliothèques, mairies, salles de spectacle des Côtes d’Armor, accompagnée du flyer qui présente le programme détaillé de la journée. N’hésitez pas à nous en demandez si vous le souhaitez.

A gauche, l’affiche, et ci-dessous le flyer, recto et verso.

 

336 élèves ont visité les Droits en fête ce vendredi 25 avril

336 : c’est le nombre d’élèves qui ont visité les expositions de Droits en fête vendredi 25 avril à la salle des fêtes de Plémet. Venus de l’école maternelle et l’école élémentaire publique, de l’école primaire Saint-Joseph, du collège Louis-Guilloux, du collège Notre-Dame de la Clarté, et de l’Institut médico-éducatif de Bel-air, ils ont également joué au jeu des 7 familles engagées, au jeu de l’emploi, au casse-boîte des discriminations, au jeu de la langue de bois. Deux vidéos leur ont été également proposées, et ont rencontré un vif succès: le témoignage deDany et Dieu Lungolo, deux jeunes Congolais demandeurs d’asile, et « pourtant je communique », une vidéo de l’Association des paralysés de France sur la discrimination sur le handicap (en l’occurence la victime est une personne souffrant de graves difficultés d’élocution). L’album photo de la journée est disponible sur la page Facebook des Drots en fête.

Demain, samedi 26 avril, la salle des fêtes sera ouverte au public de 13h30 à 18h. A 18h 30, ce sera l’apéro qui précèdera la conférence gesticulée de Franck Lepage (début à 19h30, entrée 10€).

A demain !

Les conférences gesticulées : des conférences pas chiantes !

A la base des conférences gesticulées, deux concepts : les savoirs froids, les savoirs chauds. Ne raccrochez pas tout de suite : on ne va pas faire un cours !

En fait c’est tout simple !

Savoirs froids : les savoirs académiques, qu’on a ingurgités pendant notre formation scolaire, universitaire, théorique…

Savoirs chauds : les savoirs acquis par l’expérience, la vie.

La collision entre air froid et air chaud ne produit pas d’air tiède : ça provoque un orage.

C’est ça la conférence gesticulée ! un orage.

L’Université gesticulante résume : le mélange « savoirs chauds et savoirs froids… Cela ne donne pas un savoir tiède, cela donne un orage ! Le but de nos conférences, nécessairement gesticulées, est de dévoiler les systèmes de domination à l’œuvre tels que nous les avons vécus et rassembler des savoirs utiles pour l’action collective. »

L’Université gesticulante propose d’autres définitions de la conférence gesticulée sous la forme de la tirade de Cyrano, qui montre bien l’humour dans lequel baignent les conférences :

« On pouvait dire… Oh ! Dieu !… Bien des choses en somme.

Historique : « outil d’éducation populaire et genre comico-pédagogique inventé par Franck Lepage de la SCOP Le pavé en 2006, afin de perpétuer la mémoire de Christiane Faure par son œuvre « Inculture(s) 1 – L’éducation populaire, monsieur, ils n’en ont pas voulu… ». Franck Lepage a joué ce spectacle une centaine de fois entre 2006 et 2009. D’autres conférences gesticulées ont été écrites sous le Pavé sur des thèmes divers : L’école (Franck Lepage), L’engagement (7 personnes), La fin du pétrole (Anthony Brault), Le travail (Gaël Tanguy et Franck Lepage) »

Basque : « Mintzaldi kinkia » (littéralement : conférence punk, de branleur)

Communiquant : « conférence dont la forme est au service du fond »

Hérétique : « conférence pas chiante »

En creux : « pas une conférence entre sémaphores, ni une conférence hurlée en langage des signes »

Pragmatique : « indescriptible, à voir » »

Un chose est sûre : quand on y a goûté, on y revient, et on devient vite accro ! Vous ne regretterez pas d’être venus à Plémet le samedi 26 avril voir Franck Lepage dans « l’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu » !

Franck Lepage, « Clown consultant », samedi 26 avril à Plémet (22)

Franck Lepage, Clown consultant

« (…) Pour ceux qui connaissent, il y a un endroit qui s’appelle Avignon, en France, où tous les cultivateurs se réunissent une fois par ans. Il y a deux ans de ça, il y a eu un petit scandale… Enfin, un scandale gentil, hein, qui a agité tout Avignon… Un créateur belge, un gars de chez vous, avait monté un spectacle, qui n’était pas du théâtre. C’était un spectacle culturel… Et à un moment dans le spectacle, ses acteurs faisaient pipi pour de vrai, au milieu de la cour d’honneur du Palais des Papes. Ils faisaient pipi vraiment, vous voyez ? Alors ça, c’est de la culture. C’est-à-dire que ça mérite une subvention colossale du ministère de la Culture parce que c’est « une vraie prise de risque artistique ». Il y a un « courage de l’artiste » que n’ont pas les gens de théâtre. Les gens de théâtre font semblant. Théâtralement, d’ailleurs, ça n’aurait aucun intérêt ! Comprenez que si je voulais vous faire comprendre, théâtralement, que je fais pipi, je me tournerais comme ça, je ferais semblant… Je ne la sortirais pas ! Puis je ferais le geste de me secouer, et vous auriez tous compris, tous ! Avec le geste ! Mais je ne ferais pas vraiment pipi, là, par terre ! Alors que si j’urinais vraiment, ça serait de « La » cul – tu – re. Et là, je pourrais demander de grosses – grosses subventions au ministère de la Culture, chez nous ! » (L’Education populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu , Franck Lepage, Editions du Cerisier, page 20).

Cette scène est extraite de la conférence gesticulée que Franck Lepage jouera en fermeture des Droits en fête, samedi soir 26 avril à la salle des fêtes de Plémet. Elle donne le ton de ce spectacle : humour et  impertinence. Et surtout, clairvoyance ! Lepage décrypte l’évolution du concept de culture depuis le début des années 1960, avec toutes les conséquences que cela a pu avoir et a encore, et pas seulement dans le domaine de la culture. On rit beaucoup, mais parfois on rit jaune ! et dans cette période de crise économique, sociale, politique, les propos de Lepage sont encore davantage d’actualité.

Un autre extrait de Franck Lepage :

« …Avant, j’étais prophète… Prophète salarié.

Mon travail consistait à dire la vérité. (La vérité officielle).

Et puis un jour, je me suis mis à mentir, et ils ont adoré.

On me faisait venir de plus en plus souvent. On me disait que cela mettait de l’animation et de la démocratie.

Quand ils ont trouvé que j’allais trop loin, ils m’ont viré. Depuis, je suis clown…

Clown-consultant ».

La conférence gesticulée de Franck Lepage, c’est, comme l’explique le site de la SCOP Le Pavé, « Une autre histoire de la France démocratique, culturelle, sociale, éducative, politique, civique, citoyenne, décentralisée, partenariale, associative, européenne et mondialisée, bref… une autre histoire du capitalisme.

Un philosophe aujourd’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous n’aurions bientôt plus de mots pour le désigner négativement. 30 ans plus tard, le capitalisme s’appelle développement, la domination s’appelle partenariat, l’exploitation s’appelle gestion des ressources humaines et l’aliénation s’appelle projet. Des mots qui ne permettent plus de penser la réalité mais simplement de nous y adapter en l’approuvant à l’infini.

Des « concepts opérationnels » qui nous font désirer le nouvel esprit du capitalisme même quand nous pensons naïvement le combattre… Georges Orwell ne s’était pas trompé de date ; nous avons failli avoir en 1984 un « ministère de l’intelligence ». Assignés à la positivité, désormais, comme le prévoyait Guy Debord : « Tout ce qui est bon apparaît, tout ce qui apparaît est bon. »

Franck Lepage, magistral, la gorge nouée, relate l’histoire de l’éducation populaire, son rôle de prophète de la culture qu’il a été obligé de quitter pour cultiver des choux en Bretagne… pour notre plaisir. Deux heures d’éveil et de partage. »

 Samedi 26 avril à la salle des fêtes de Plémet, à partir de 18h30 (18h30 apéritif, petite restauration, 19h30, spectacle de Franck Lepage, entrée 10€ apéritif compris. Réservations ldhloudeac@orange.fr, 02-96-25-62-91, 06-73-10-27-42).

Les droits en fête : des affiches de Posterfortomorrow à la galerie d’art du collège Louis-Guilloux (Plémet)

Des membres de la section LDH Loudéac centre Bretagne présentent quelques-uns des posters qui seront exposés aux Droits en fête.

Les Droits en fête, c’est vendredi 25 et samedi 26 avril. C’est la conférence gesticulée de Franck Lepage, le samedi soir : « l’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu ».

Et les Droits en fête, c’est aussi une exposition remarquable d’affiches que l’association Posterfortomorrow a mis à notre disposition, sur les thèmes de la Démocratie, la liberté d’expression, et le droit à l’éducation. Une partie de ces affiches sont d’ores et déjà exposés dans la galerie d’art du collège Louis-Guilloux de Plémet, à la disposition des élèves et de leurs professeurs.

Posterfortomorrow, dont le président, Hervé Matine avait participé personnellement à l’édition 2013 des Droits en fête à La Motte, est une association singulière, qui mérite qu’on la présente. Hervé Matine le fait lui-même dans la vidéo postée à la fin de cet article, et dans le texte ci-dessous. Vous pouvez voir quelques uns de ces posters sur la page Facebook des Droits en fête.

Qu’est-ce que Poster for tomorrow ?

U

n projet international indépendant, à but non-lucratif et qui a pour vocation d’encourager les individus – au sein de la communauté des graphistes et au-delà, à créer des affiches destinées à stimuler le débat public sur des sujets qui touchent chacun d’entre nous.

C

haque année, poster for tomorrow choisit d’attirer l’attention sur un droit de l’Homme fondamental : la liberté d’expression en 2009, l’abolition de la peine de mort en 2010… Nous invitons ensuite les graphistes du monde entier à produire des affiches sur le thème retenu.

C

elles sélectionnées par notre jury font tous les ans l’objet d’une exposition simultanée dans le monde entier, le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’Homme.

httpv://youtu.be/2-N_QLhYZHQ

31 mars : fin de la trêve hivernale, journée de deuil pour le droit au logement

"Bienvenue", Daniel Leblanc, Canada, pour Posterfortomorrow (lire en fin d'article)

La fin de la trêve hivernale, c’est lundi soir. Mardi matin, 1er avril, les propriétaires pourront expulser les locataires qui ne peuvent pas payer leur loyer. De quoi se plaignent-ils, ces locataires ? En avril, il va faire beau ! le plein air, c’est bon pour les enfants ! et puis on les tolère déjà depuis le 1er novembre, faudrait voir à pas abuser !

La Ligue des droits de l’Homme, dans un communiqué qu’elle a publié hier, 26 mars, rappelle les enjeux, les conséquences, la plupart dramatiques, de la rupture de cette trêve.

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme

C’est la fin de la trêve hivernale commencée le 1er novembre… Ouf ! Au 1er avril, le droit de propriété retrouve ses couleurs !

Plus de 115 000 jugements d’expulsion de locataires pour impayés de loyer ont été prononcés en 2012 ; combien, au 1er avril 2014, seront exécutés par la force publique ? Plus de 12 700, comme en 2012 ?

Combien de familles, de femmes et d’enfants, devenus SDF « sans droits ni titres », vont ainsi rejoindre les dizaines de milliers de personnes expulsées les années précédentes et dont le droit à l’hébergement, pourtant reconnu par la loi, est régulièrement bafoué par manque de places ? Exclues par ailleurs de la trêve hivernale, elles sont condamnées à subir les violences de la vie dans la rue pendant les périodes de froid (les demandes au 115 sont en constante augmentation, 55 % d’entre elles n’obtiennent pas de réponse).

La fin de la trêve hivernale, c’est aussi la fermeture de milliers de places d’hébergement d’urgence, étant implicitement admis que vivre et dormir dehors hors gel est absolument sans danger. Seulement ceux qui vivent ainsi meurent en moyenne à l’âge de 49 ans.

La fin de la trêve hivernale, c’est aussi le retour des coupures de gaz et d’électricité pour ceux qui ne peuvent plus payer leurs factures.

Ainsi, trois ans après l’annonce d’un grand « Chantier national prioritaire pour le logement » et le vote récent de la loi Alur, l’accès au logement des personnes sans abri et mal logées n’est toujours pas une priorité, alors qu’augmente le nombre des personnes qui sont sans domicile personnel, à la rue, aux portes des centres d’hébergement ou encore en situation de mal-logement et d’habitat indigne.  

C’est dans l’urgence de rendre effectif le droit à un logement de qualité pour tous, que la Ligue des droits de l’Homme, tout en reconnaissant quelques avancées contenues dans la loi Alur :

  • demande un moratoire des expulsions locatives sans relogement ;
  • dénonce le désengagement de l’Etat et des collectivités territoriales, au vu de l’absence de priorité donnée à la production massive de logements locatifs sociaux et « très sociaux ». Elle en veut pour preuve la promesse de construire en 2014 2 000 logements « PLAI très sociaux » (3 000 en 2015), alors qu’une ordonnance récente lance la construction de 60 000 logements locatifs intermédiaires par an, qui seront inaccessibles aux plus modestes. Les quatre-cinquièmes de cette production bénéficieront du dispositif de « défiscalisation Duflot » ;
  • dénonce, par ce fait, la poursuite depuis quarante ans d’une politique d’avantages fiscaux en faveur d’investisseurs privés qui entretiennent un marché immobilier financiarisé, générateur de profits par l’exploitation cynique d’un besoin fondamental auquel personne ne peut se soustraire sans mettre en péril son existence même ;
  • demande une politique de l’urbanisme capable de lutter contre l’étalement urbain, facteur d’usage intensif de l’automobile, d’isolement social, de gaspillage des sols, par la promotion d’un habitat dense qui garantisse la qualité de la forme urbaine et de l’espace public avec une politique foncière publique forte.

Se loger et pouvoir se maintenir dans son logement est pour chacun une nécessité vitale.

Un habitat digne pour chacun, garanti par la solidarité du corps social, est un préalable indispensable à l’accès à une citoyenneté effective, combat permanent de la Ligue des droits de l’Homme.

L’illustration de cet article est un poster réalisé par Daniel Leblanc, Canada, pour le concours organisé par l’association « Posterfor to morrow », sur le thème du droit au logement, en 2013. Voici ce qu’en dit son auteur : « La recherche d’un logement c’est se heurter à un mur. Un mur de critères discriminatoires imposé par les propriétaires quand ce n’est pas une question de prix. Ces critères empêchent plusieurs d’avoir un chez soi se qui devrait être la norme en 2013. Bienvenue…Certaines conditions s’appliquent. »

Pour plus de renseignements sur l’association Poster for to morrow, voir ci’dessous la vidéo dans laquelle son responsable, Hervé Matine, la présente. Une exposition de posters for to morrow sera installée pendant les Droits en fête à Plémet le 26 avril.

httpv://youtu.be/2-N_QLhYZHQ

Droits en fête 2014 avec Franck Lepage : les billets sont en vente

Crédit photo Daniel Jourdanet

Les billets des Droits en fête 2014 sont désormais en vente, 10€ le billet adulte (apéritif compris) et 5€ le billet enfant de moins de 12 ans (jus de fruit inclus), pour la conférence gesticulée de Franck Lepage, « l’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu ».

La salle des fêtes de Plémet (22) sera ouverte au public dès 13h30 samedi 26 avril, avec des expositions : des posters de Poster4tomorrow, sur le droit à l’éducation et la démocratie, des travaux d’élèves. Avec aussi des animations, des jeux autour des droits de l’Homme, des vidéos… Tout est gratuit jusque 18h30.

A 18h30, ce sera l’apéritif, en attendant la conférence gesticulée de Franck Lepage, qui commencera à 19h30. Ce sera le moment de se restaurer (galettes, saucisse, frites, gâteaux, boissons) ; une autre pause restaurations est prévue vers 21h.

Il est prudent d’acheter dès maintenant son billet, ou de le réserver (ldhloudeac @orange.fr , ou par téléphone, au 02-96-25-62-91 ou 06-73-10-27-42) : les conférences gesticulées de Franck Lepage sont généralement très courues. On peut également acheter les billets auprès des militants de la section Loudéac centre Bretagne, ou à l’espace culturel du centre Leclerc de Loudéac. Par ailleurs, quatre billets sont à gagner dans le prochain numéro (qui paraît mercredi 26 mars) du Cri de l’Ormeau.

Une conférence gesticulée, c’est quoi ?

Un conférence gesticulée, c’est en quelque sorte une conférence, sur un sujet très sérieux, grave, mais « théâtralisé », mis en scène, avec une bonne dose d’humour.

Voici la présentation que fait Franck Lepage de la conférence qu’il jouera à Plémet le 26 avril.

C’est ce qui m’est arrivé. Et c’est l’histoire que je vais vous raconter. Quand je dis : «  J’ai arrêté de croire à la culture », entendons-nous bien, c’est idiot comme phrase   ! Non, j’ai arrêté de croire, pour être très précis, en cette chose qu’on appelle chez nous « la démocratisation culturelle »… C’est l’idée qu’en balançant du fumier culturel sur la tête des pauvres, ça va les faire pousser et qu’ils vont rattraper les riches   ! Qu’on va les « cultiver » en somme. Voilà, c’est à ça que j’ai arrêté de croire. Je faisais ça dans les banlieues, c’est là qu’ils sont souvent, les pauvres… Et donc, je leur balançais des charrettes d’engrais culturel, essentiellement sous forme d’art contemporain et de «  création ». Il y a beaucoup de fumier dans l’art contemporain. De la danse contemporaine, du théâtre contemporain, de la musique contemporaine… pour les faire pousser. On parle aussi de réduction des inégalités culturelles ou «   d’ascension sociale   » par la culture. Mais j’ai compris bêtement un jour que les riches avaient les moyens de se cultiver toujours plus vite… C’est là que j’ai arrêté de croire. Un philosophe aujourd’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous n’aurions bientôt plus de mots pour le désigner négativement. 30 ans plus tard, le capitalisme s’appelle développement, la domination s’appelle partenariat, l’exploitation s’appelle gestion des ressources humaines et l’aliénation s’appelle projet. Des mots qui ne permettent plus de penser la réalité mais simplement de nous y adapter en l’approuvant à l’infini. Des «   concepts opérationnels   » qui nous font désirer le nouvel esprit du capitalisme même quand nous pensons naïvement le combattre… Georges Orwell ne s’était pas trompé de date   ; nous avons failli avoir en 1984 un « ministère de l’intelligence ». Assignés à la positivité, désormais, comme le prévoyait Guy Debord : « Tout ce qui est bon apparaît, tout ce qui apparaît est bon. »

Vous l’avez compris : un sujet sérieux, grave, traité avec un humour dévastateur.

Les conférences gesticulées de Franck Lepage ? généralement, on en sort plus intelligent qu’en y entrant !