Manifestation de soutien au peuple turc ce samedi 8 à Saint-Brieuc

Photo La Montagne

La Ligue des droits de l’Homme et l’Intersyndicale de Saint-Brieuc (22) aappellent à une manifestation de soutien au peuple turc, ce samedi 8 juin à 15h, au Parc des Promenades. Vous trouverez l’appel ci-dessous, puis la lettre ouverte adressée par la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) au président de la République et au premier ministre turcs.

La mobilisation qui a débuté vendredi dernier en Turquie,  contre le projet d’aménagement urbain du parc Gezi s’est transformée en un mouvement d’union populaire contre la politique du chef du gouvernement AKP.

Ce mouvement rassemble des centaines de milliers de personnes qui font  l’objet d’une répression policière féroce et d’un usage excessif de la force, en toute impunité.

La Ligue des Droits de l’Homme condamne la violence et l’ampleur de la répression, et exprime sa  solidarité aux manifestants. Elle  appelle  le Gouvernement turc à respecter les droits fondamentaux internationaux.

En soutien aux populations qui luttent pour le respect de la démocratie, de la laïcité, pour le progrès social, elle appelle  à un rassemblement :

 

Samedi 8 juin à Saint Brieuc,

            Parc des promenades à 15 heures.

 

LETTRE OUVERTE de la FIDH

S.E. Mr. Abdullah Gül, Président de la République de Turquie

S.E. Mr. Recep Tayyip Erdoğan, Premier ministre

cc. H.E. Mr. Beşir Atalay, Vice-Premier ministre en charge des droits de l’Homme

Paris, Ankara, 5 juin 2013

Re : Usage disproportionné de la force par la police

Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre,

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme et ses organisations membres en Turquie la Fondation des droits de l’Homme (TIHV – Türkiye İnsan Hakları Vakfı) et l’Association des droits de l’Homme (IHD – İnsan Hakları Derneği) tiennent à vous exprimer leur plus profonde inquiétude et indignation quant à la violence policière manifestement disproportionnée qui entoure les manifestations qui ont débuté le 27 mai 2013.

Ces manifestations initialement rassemblées contre un projet d’urbanisme autour du Park Gezi se sont rapidement transformées en mouvement de contestation contre l’oppression, notamment en réaction à la violence policière dont les manifestants de la place Taksim ont été l’objet.

À ce jour, et selon les informations du syndicat des docteurs de Turquie (Turkish Medical Association), 2800 personnes ont été blessées à l’occasion des manifestations à Ankara, Izmir et Istanbul uniquement. Lundi 3 juin, un premier décès était annoncé, un second l’était mardi. Plus de trois mille de personnes ont été arrêtées et des actes de torture et/ou traitements inhumains et dégradants ont été rapportées selon la TIHV, membre de la FIDH.

Nos organisations membres, TIHV et IHD ont pu documenter l’utilisation excessive et disproportionnée des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestations, en violation du droit international, notamment des Principes des Nations unies sur l’usage de la force et des armes à feu par des agents de maintien de la paix.

Ainsi, des cartouches de gaz lacrymogène ont été très largement tirées pour contraindre des manifestations initialement pacifiques. Beaucoup ont également été dispersées à partir d’hélicoptères au dessus des zones résidentielles sans manifestants. A plusieurs occasions, des cartouches ont été tirées à l’intérieur de domiciles, en violation notamment des principes de nécessité et de proportionnalité.

En outre et à plusieurs reprises, des cartouches de gaz lacrymogène ont été tirées à courte distance, et dirigées vers la tête des manifestants. Ceci a eu pour conséquence de nombreuses blessures dans les yeux ou causés de nombreux traumatismes crâniens.

En outre, l’utilisation de gaz de nature indéterminée et plusieurs attaques contre des ambulances ont empêché à plusieurs reprises l’assistance médicale aux personnes blessées dans les manifestations.

Dans ce contexte, nous vous appelons à

  • garantir le droit à la manifestation pacifique et la liberté d’expression,
  • relâcher tous les manifestants pacifiques maintenus en détention,
  • garantir l’accès aux soins des personnes dans le besoin,
  • mettre un terme immédiat à tout acte de violence policière contre les manifestants,
  • mettre en place une commission d’enquête indépendante et impartiale sur les allégations de torture et de traitements inhumains, ainsi que sur l’utilisation disproportionnée de la force par les organes de maintien de l’ordre.

Comme nous l’avons dit récemment, à l’occasion du 38ème Congrès de la FIDH, au Président de la République et au Vice Premier Ministre, la FIDH est particulièrement préoccupée par les violations systématiques et récurrentes de la liberté d’expression en Turquie. Les événements récents ne peuvent que conforter notre crainte que le gouvernement ne privilégie l’autoritarisme et la répression en réponse aux préoccupations légitimes exprimées par les manifestants, plutôt que le dialogue et la concertation.

Nous vous appelons une nouvelle fois à approfondir les réformes indispensables à la réussite de la transition en Turquie, telles que nous vous les avons exprimées dans notre appel à mettre en œuvre Huit Mesures Essentielles [http://www.fidh.org/8-mesures-pour-consolider-la-paix-en-turquiela-fidh-saisit-le-13193]. La garantie de la liberté d’expression et son corollaire, la liberté de manifestation pacifique, en constituent une pierre angulaire.

En vous remerciant de l’attention que vous porterez à notre lettre, nous vous prions d’agréer nos sentiments les plus respectueux,

Relaxe confirmée pour un journaliste et un historien poursuivis en diffamation par un ancien ambassadeur du Rwanda

Jean-PierreChrétien

Poursuivis depuis 2010 pour diffamation par l’ancien ambassadeur du Rwanda à Paris, un historien, Jean-Pierre Chrétien, et un écrivain journaliste, Jean-François Dupaquier, viennent de voir leur relaxe prononcée en 2012 par le tribunal correctionnel de Rouen confirmée par la cour d’appel. L’ambassadeur  qui les poursuivait, Jean-Marie Vianney Ndagijimana, leur reprochait un courrier privé dans lequel ils lui reprochait sa thèse du « double génocide » : un génocide à l’encontre des Tsutsis, un autre à l’encontre des  Hutus. Le groupe de travail « Mémoire, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’Homme avait soutenu Jean-Pierre Chrétien et Jean-François Dupaquier. Ses responsables, Gilles Manceron et Emmanuel Naquet se réjouissent de la confirmation de cette relaxe : « Cette victoire est celle de la vérité, de la justice, de la liberté », ont-ils déclaré.

Voici l’article que le site Afrikarabia.com, qui traite de l’actualité en République démocratique du Congo, consacre à ce procès en appel. On peut le trouver ici.

21 mai 2013

FRANCE-RWANDA : Ndagijimana perd une nouvelle fois son procès pour diffamation

Jean-François Dupaquier

L’historien Jean-Pierre Chrétien et l’écrivain-journaliste Jean-François Dupaquier, étaient poursuivis depuis 2010 pour diffamation et injures par l’ancien ambassadeur du Rwanda en France Jean-Marie Vianney Ndagijimana. Tous deux avaient critiqué, dans un courrier privé, ses propos et écrits sur le génocide des Tutsi en 1994, en particulier sa thèse d’un « double génocide ».  Leur relaxe devant le tribunal correctionnel de Rouen (France) le 14 février 2012 vient d’être confirmée par la Cour d’Appel le 2 mai 2013 (1).

Jean-Pierre Chrétien et Jean-François Dupaquier avaient été mis en examen à la suite d’une plainte avec constitution de partie civile pour diffamation et injure déposée par  Jean-Marie Vianney Ndagijimana, ancien ambassadeur du Rwanda à Paris (ayant acquis par la suite la nationalité française). Rappelons que l’ambassadeur avait été démis de ses fonctions le 27 avril 1994 pour des motifs qui n’ont jamais été éclaircis. Il avait quelques jours plus tard dénoncé le génocide en cours.

En cause dans sa plainte : une lettre adressée par l’historien et le journaliste au pasteur adventiste Jean-Guy Presles, président d’un Collectif organisateur de conférences qui s’étaient tenues en septembre 2009 à Rouen sur « le dialogue et la réconciliation entre Rwandais » où le mot « génocide » était significativement absent de l’intitulé des quatre conférences.

Dans ce courrier, ils estimaient que les organisateurs avait été trompés et que les quatre orateurs, dont l’ancien ambassadeur Jean-Marie Vianney Ndagijimana, défendaient tous la même thèse, celle du « double génocide » dont auraient été victimes simultanément les Hutus et les Tutsis. Ils soutenaient que les orateurs avaient rejoint ainsi « les réseaux européens des négationnistes du génocide des Tutsis« .

Débouté devant le tribunal correctionnel, Jean-Marie Vianney Ndagijimana ayant fait appel, la Cour d’Appel de Rouen vient de confirmer le premier jugement « en toutes ses dispositions ».

Lors de l’audience en appel le 9  janvier 2013, Jean-Pierre Chrétien et Jean-François Dupaquier avec leurs avocats, Me Antoine Comte et Me Gilles Paruelle, avaient  une nouvelle fois souligné la légitimité du courrier qu’ils avaient adressé à l’époque aux organisateurs de la série de conférences, dont ils estimaient que leur bonne foi avait été abusée.

Lors de l’audience, l’ancien diplomate avait rejeté avec force l’accusation de négationnisme. « Je refuse cette équation diffamatoire », avait-il dit en affirmant « qu’il appartenait aux deux communautés, étant tutsi par sa mère et hutu par son père. »

Dans l’intervention que la Cour lui demanda à la fin du procès,  l’historien Jean-Pierre Chrétien rappela fortement que le génocide de 1994 n’a pas été une guerre interethnique avec des victimes réparties également entre deux camps « naturellement » antagonistes, mais la perpétration d’un projet d’extermination raciste qui a littéralement déchiré la société rwandaise, jusqu’au niveau le plus intime, à tel point que des familles peuvent compter en leur sein à la fois des victimes et des bourreaux.

De son côté Jean-François Dupaquier a demandé au Tribunal de rappeler le droit à la liberté d’expression. Aucune « loi mémorielle » ne sanctionnant la négation du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994, qualifier de « négationnistes » des propos provocateurs s’inscrivant dans la phraséologie par laquelle  des responsables du génocide cherchent à minimiser leur responsabilité, n’est ni une injure ni une diffamation, mais bien au contraire un devoir de vérité et une incitation à la réflexion critique.. Il a noté que Jean-Marie Vianney Ndagijimana refuse de dire par quel moyen il s’est procuré un courrier confidentiel et que ce refus pose la question d’une violation de correspondance.

Interrogé, Jean-Pierre Chrétien « observe que la Cour d’appel, avec la même sagesse que le tribunal de première instance, a refusé de s’engager dans la réécriture de l’Histoire qui lui était demandée, mais qu’elle a fait respecter la liberté d’expression et de recherche dans notre pays ». Il rappelle à nouveau que « la réconciliation nationale nécessaire au Rwanda ne sera possible que sur la base d’une reconnaissance claire de la réalité du génocide des Tutsi et de la responsabilité de la politique raciste qui y a conduit. »

Lui-même et Jean-François Dupaquier remercient les soutiens qu’ils ont trouvés dans une épreuve qui leur a été ainsi indûment infligée. Notamment auprès de la Ligue des Droits de l’Homme, du Comité de vigilance sur les usages publics de l’histoire (CVUH), de l’Association des chercheurs de Politique africaine (ACPA) et auprès de centaines de chercheurs, d’intellectuels et de défenseurs de la liberté de pensée et d’expression.

(1) L’arrêt de la Cour d’appel de Rouen est consultable ici

Karim Lahdji élu président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH)

Karim Lahidji, nouveau président de la FIDH, au congrès de la Ligue des droits de l'Homme à Niort.

Karim Lahidji, président de la Ligue iranienne des droits de l’Homme, et vice-président de la Fédération internationale des ligues de droits de l’Homme, vient d’être élu président de cette association, à l’occasion de son congrès qui se tenait à Istambul. Karim Lahidji, qui était intervenu au congrès de la Ligue des droits de l’Homme à Niort (voir la vidéo de son intervention ici), remplace Souhaïr Belhassen. Lire également ici.

Karim Lahidji est né en 1940 à Téhéran. Après des études de droit, il devient, en 1965, avocat au barreau de Téhéran et prend ainsi la défense de plusieurs centaines de prisonniers politiques, opposants au régime impérial puis au régime islamique devant les tribunaux militaires, civils et islamiques. Il est membre fondateur de l’ Association des juristes iraniens, de l’Association iranienne pour la défense des libertés et des droits de l’Homme et du Bureau du Comité iranien de défense des prisonniers politiques – ces trois organisations sont interdites par le régime Islamique en 1981.

Gravement menacé en raison de ses activités de défense des droits de l’Homme, Karim Lahidji est obligé de s’exiler et se réfugie en France en 1982. En 1983, il fonde la Ligue iranienne de défense des droits de l’Homme (LDDHI, organisation membre de la FIDH) dont il est le président. En 1997, il est élu vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).

Karim Lahidji est lauréat du Prix de Human Rights Watch (1990) et auteur de deux ouvrages et d’une centaine d’articles et d’essais en matière juridique et des droits de l’Homme.

Istanbul, lundi 27 mai – Karim Lahidji a été élu aujourd’hui Président de la FIDH. Il succède à Souhayr Belhassen, qui aura passé 6 ans à la tête de l’organisation. Le vote a eu lieu à Istanbul, où les ligues membres de la FIDH étaient réunies pour élire le nouveau Bureau international et définir les grandes orientations de l’organisation pour les trois prochaines années. Karim Lahidji, vice-président de la FIDH et président de la Ligue de défense des droits de l’Homme en Iran, et Luis Guillermo Perez Casas, secrétaire général de la FIDH et membre du collectif CCAJAR étaient candidats au poste de président. Pour la première fois dans son histoire, la FIDH est présidée par un iranien.
« C’est un immense honneur d’avoir été élu Président de la FIDH. Mon premier message s’adresse à tous les défenseurs des droits humains arbitrairement détenus dans le monde. Nous continuerons sans relâche à demander leur libération immédiate et inconditionnelle. Je pense tout particulièrement à mes collègues et amis Ales Bialiatski et Nabeel Rajab, respectivement emprisonnés au Bélarus et au Bahrain«  a déclaré Karim Lahidji.

« Nous réitérons notre appel aux autorités turques à libérer tous les minorités kurdes.«  a rajouté Karim Lahidji.

« A l’heure où les droits des femmes sont menacés dans de nombreux pays, l’universalité des droits sera plus que jamais au cœur de notre combat«  a déclaré Karim Lahidji.

A l’occasion de son 38ème  congrès, le mouvement FIDH s’est renforcé passant de 164 à 178 organisations membres. Le Congrès a par ailleurs adopté 26 résolutions, concernant notamment le Mali, la Syrie, la Malaisie, Cuba, la Russie et la Turquie.

Composition du nouveau bureau international de la FIDH

Président :Karim Lahidji
Souhayr Belhassen est élue présidente d’Honneurde la FIDH.
Vice-présidents:

  • Ales Bialiatski, vice-président de la FIDH, emprisonné depuis le 4 août 2011, au Bélarus, a été réélu à son poste.
  • Yusuf Atalas, Turkey
  • Ezzedine Al Asbahi, Yemen
  • Dimitris Christopoulos, Greece
  • Noeline Blackwell, Ireland
  • Katie Gallagher, US
  • Tolekan Ismailova, Kyrgyzstan
  • Shawan Jabarin, Palestine
  • Dismas Kitenge Senga, DRC
  • Elsie Monge, Ecuador
  • Sheila Muwanga, Kenya
  • Rosemarie R. Trajano, Philippine
  • Drissa Traoré, Ivory Coast
  • Paulina Vega Gonzalez, Mexico
  • Zohra Yusuf, PakistanSecrétaires généraux:
  • Dan Van Raemdonck (Belgique)
  • Debbie Stothard (Birmanie)
  • Paul Nsapu (RDC)
  • Amina Bouyach (Maroc)
  • Pierre Esperance (Haiti)

Nouvelles ligues devenues membres de la FIDH :

  • South Africa, Lawyers for Human Rights (LHR)
  • Angola, Associação Justiça, Paz e Democracia (AJPD)
  • Senegal, Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH)
  • Honduras, Comité de Familiares de Detenidos-Desaparecidos en Honduras (COFADEH)
  • China, China Labour Bulletin (CLB)
  • Kazakhstan, Kazakstan international Bureau for Human Rights and rule of law (KIBHR)
  • Moldova, Promo-LEX
  • Uzbekistan, Association internationale de défense des droits de l’Homme « Club des cœurs ardents »
  • Tajikistan, Tajik “Bureau on Human Rights and Rule of Law” (BHR)
  • Turkey, KAOS
  • Egypt, Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR)
  • Gulf, Gulf Center for Human rights (GCHR)
  • Kuwait, Human Line Organisation
  • Lebanon, Centre Libanais des Droits Humains (CLDH)
  • Libya, Human Rights Association for Recording and Documenting War Crimes and Crimes Against Humanity
  • Palestine, Al Mezan Centre for Human Rights
  • Syria, Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM)
  • Tunisia, Doustourna
  • Tunisia, Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES)

 

Congrès de Niort : Karim Lahidji, vice-président de la FIDH

Lorsque Karim Lahidji était venu au congrès de la Ligue des droits de l’Homme à Reims, en 2011, c’était en tant que président de la     ligue iranienne des droits de l’Homme. Cette année, à Niort, il était invité en tant que vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme. Il représentait Souhaïr Belhasem, présidente de la FIDH, retenue par l’organisation de son congrès à Istambul.

Karim Lahidji a néanmoins commencé son intervention en rappelant la situation en Iran : c’est dans ce pays en effet qu’a commencé la contestation qui a abouti quelques années plus tard au « printemps arabe ». Et il a poursuivi en rappelant la longue liste des pays qui bafouent les droits de l’homme, et où leurs défenseurs sont victimes de représailles souvent dramatiques.

Cliquer sur la miniature pour regarder l’intervention de Karim Lahidji.

httpv://youtu.be/3JuVv379mm8

 

Congrès de Niort : le témoignage de Messaoud Romdhani, de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme

Messaoud Romdhani, responsable des relations extérieures à la Ligue tunisienne des droits de l'Homme.

Le congrès de la Ligue des droits de l’Homme a eu l’honneur de recevoir Messaoud Romdhani, chargé des relations extérieures à la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LDTH). Il est venu témoigner de la situation en Tunisie : situation complexe, avec beaucoup de difficultés, mais aussi beaucoup d’espoirs. La Constitution, par exemple, en est encore au stade du brouillon, et d’une version à l’autre, des progrès apparaissent. Il a aussi parlé de l’islamisme politique, du danger que représente la présence de salafistes au gouvernement. Mais au bout du compte, il a apporté un message d’espoir : il faudra sans doute du temps pour que le pays se relève de décennies de dictature. L’intervention de Messaoud a été salué par une longue ovation.$

Cliquer sur la miniature pour regarder la vidéo (13’17 »).

httpv://youtu.be/58vqw4S73KA

Congrès de Niort : Serge Kollwelter présente l’AEDH (vidéo)

L’association pour la défense des droits de l’Homme en Europe, l’AEDH, a été créée en 1995. Son président, Serge Kollwelter, est venu la présenter au congrès de Niort. Il a notamment expliqué les relations entre l’AEDH et les instances européennes, en particulier le parlement. La vidéo dure 18′. A noter que la prochaine université d’automne de la Ligue des droits de l’Homme portera sur la citoyenneté européenne : le sujet était donc d’actualité !

httpv://youtu.be/6JWPOUGTgrw

Amina Traoré, militante altermondialiste malienne, privée de visa par la France

Une militante altermondialiste Malienne, Amina Traoré, vient de se voir refuser un visa pour venir en France, où elle devait participer à des conférences. Ci-dessous, un communiqué du Crid (Centre de recherche et d’information pour le développement), dont la LDH est membre. Vous pouvez également télécharger ici un article d’Amina Traoré qui explique ses positions, et lire sur le site de politis un article de Bernard Langlois sur cette affaire, et sur le site de l’Humanité une interview d’Amina Traoré.

Communiqué du Crid :

Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali et militante altermondialiste, s’est vue refuser le renouvellement de son visa de circulation par le consulat de France, alors qu’elle devait se rendre en France et en Allemagne à l’occasion de plusieurs conférences mi avril.

Nos organisations considèrent que le droit à l’expression est indispensable au débat démocratique, y compris quand il s’agit d’un point de vue critique sur la politique menée par le pays concerné par l’octroi du visa. Doit-on penser qu’il y a un lien entre les positions publiques d’Aminata Traoré sur l’intervention de la France au Mali et ce refus de visa ?

Nos organisations, alors même que leurs appréciations et positions publiques sur l’intervention de la France au Mali et ses prolongements actuels peuvent être différentes, désapprouvent unanimement qu’une personne dont les apports dans les débats internationaux et les liens avec les mouvements de solidarité internationale sont incontestables, soit ainsi privée de parole en étant privée de visa.

Elles réaffirment leur attachement à la liberté d’expression, à la nécessité de débats citoyens et transparents sur des questions aussi graves qu’une intervention militaire de cet ordre et au droit de circulation des personnes.

 

 

Frontexit contre Frontex : l’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente

 Un collectif d’associations vient de lancer la campagne « Frontexit ». Son but ? « réclamet la transparence sur le fonctionnement de Frontex, l’agence de l’Union européenne pour le contrôle des frontières extérieures, et exiger le respect des droits des migrant(e)s aux frontières ». Ce qui n’est pas le cas actuellement, où de nombreux pays prétendent se trouver face à une « invasion de migrants »’. Des millions d’euros sont ainsi investis par l’Union européenne « dans un dispositif quasi militaire pour surveiller ses frontières extérieures ».

Voici la description de cette campagne.

Lancement de la campagne FRONTEXIT

L’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente

Communiqué de presse – 20 mars 2013

| 21 mars 2013 |
Traductions : [English] [italiano] [Español]

Ce mercredi 20 mars marque le jour du lancement de la campagne FRONTEXIT, à Bruxelles, cœur de l’Europe. Une campagne soutenue par de nombreuses associations de défense des droits de l’Homme du Sud et du Nord de la Méditerranée. Les objectifs : réclamer la transparence sur le fonctionnement de FRONTEX, l’agence de l’Union européenne pour le contrôle des frontières extérieures, et exiger le respect des droits des migrant.e.s aux frontières.

Pour lutter contre une prétendue « invasion » de migrants, l’Union européenne (UE) investit des millions d’euros dans un dispositif quasi militaire pour surveiller ses frontières extérieures : FRONTEX. Cette agence intervient pour intercepter les migrant.e.s aux frontières et les renvoyer par avion. Symbole de la politique sécuritaire en matière migratoire et bras armé des États membres de l’UE, Frontex pose question notamment concernant la violation des droits lors de l’interception et du renvoi forcé des migrant.e.s. : Que se passe-t-il véritablement aux frontières ? Et qui est responsable de ce qui s’y passe ?

Lors de ces opérations, le respect des droits humains est mis en danger, particulièrement le droit d’asile, le droit à un traitement digne et au respect de l’intégrité physique. L’opacité des opérations – maritimes, aériennes et terrestres – conduites par FRONTEX et la dilution des responsabilités qui les caractérise portent atteinte aux principes fondamentaux reconnus par l’UE, ses États membres et les États tiers partenaires de l’agence.

À travers la campagne FRONTEXIT, un mouvement inter-associatif international demande des comptes à FRONTEX, à l’UE, aux États membres et aux États partenaires. Il faut en finir avec l’impunité aux frontières et l’UE doit respecter ses engagements et obligations envers les personnes migrantes, d’où qu’elles viennent et quelles que soient les raisons qui les conduisent en Europe.

FRONTEXIT ?

Une campagne à l’initiative de Migreurop, menée par de nombreuses associations du Sud et du Nord de la Méditerranée, pour réclamer la transparence sur le fonctionnement de FRONTEX et le respect des droits des migrant.e.s aux frontières. Un lancement à Bruxelles (Belgique) et à Nouakchott (Mauritanie) le 20 mars ainsi qu’au Forum social mondial de Tunis (Tunisie) le 28 mars 2013. Un site web, un teaser, des outils de sensibilisation, un flyer, une affiche…

Plus d’infos sur www.frontexit.org

Page Facebook : Frontexit

Les associations de la campagne :

  • ABCDS Oujda (Maroc)
  • AMDH (Maroc)
  • AMDH (Mauritanie)
  • AME (Mali)
  • ARACEM (Mali)
  • ARCI (Italie)
  • CIRE (Belgique)
  • CNCD 11.11.11. (Belgique)
  • FASTI (France)
  • GADEM (Maroc)
  • GISTI (France)
  • GRAMI AC (Cameroun)
  • Justice sans frontières migrants (réseau Euro africain)
  • La Cimade (France)
  • Ligue des droits de l’Homme (Belgique)
  • Migreurop (réseau Euro africain)
  • Progress Lawyer Network (Belgique)

 

Vague blanche pour la Syrie : mobilisation à Saint-Brieuc

Comme l'an passé, la section briochine de la Ligue des droits de l'Homme s'est mobilisée pour la Syrie en appelant à participer à l'opération nationale Vague blanche pour la Syrie devant la mairie de Saint-Brieuc le 15 mars à 18H30. Une trentaine de personnes se sont retrouvées sur le perron, munies d'un papier sur lequel était écrit le mot STOP. Leur objectif ? Briser le silence et faire savoir au peuple syrien qu'il n'est pas seul. Au total, six manifestations ont été organisées en Bretagne, avec la participation des sections de la Ligue des droits de l'Homme.

Non à une collaboration policière et judiciaire avec la Turquie !

Pinar Selek

Sevil Sevimli

Sevil Sevimli, une étudiante franco turque, a été arrêtée le 10 mai 2012 pour « des liens supposés avec des groupes d’extrême gauche » : condamnée à 5 ans et 2 mois de prison pour « propagande terroriste » par un tibunal de Barsa, dans le nord-ouest de la Turquie. Elle a fait appel, et a pu quitter la Turquie en attendant le nouveau procès.

Pinar Selek, sociologue turque, a été condamnée le 24 janvier 2013 à la prison à perpétuité par un tribunal d’Istambul pour terrorisme. Elle va demander l’asile politique à la France.

C’est dans ce climat de répression aveugle que la commission des affaires étrangères de l’assemblée nationale va étudier un « projet d’accord de collaboration policière et judiciaire » entre la Turquie et la France.

Ce projet date de l’ancienne législature. Il est assez savoureux, lorsqu’on se souvient que l’ancien président de la République était farouchement opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne…

Cette situation, qui va être dramatique si ce projet est adopté, a conduit Pierre Tartakowksy à adresser une lettre ouverte aux membres de  la commission des affaires étrangères, pour lui demander instamment de s’y opposer. Copie a été adressée à Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères.

Voici le texte de cette lettre qui est téléchargeable ici au format PDF.

Ligue des droits de l’Homme

 

LE PRÉSIDENT

Réf : 138/13/PT/FS

Aux membres de la commission

des Affaires étrangères

Paris, le 25 février 2013

Monsieur le Président,

Votre Commission va examiner un projet d’accord de coopération policière et judiciaire entre la

Turquie et la France.

Cet accord a été préparé sous l’ancienne législature et n’est pas acceptable en l’état.

Instituer une coopération policière et judiciaire avec la Turquie, c’est aujourd’hui s’exposer à collaborer avec un appareil judiciaire et policier qui, malgré les quelques progrès enregistrés, reste en deçà des normes du Conseil de l’Europe, ce qui vaut à la Turquie de nombreuses condamnations.

L’usage à des fins politiques de l’incrimination de terrorisme, dont la définition n’est pas la même en

France et en Turquie, conduit à ce que des centaines de personnes soient détenues sous cette incrimination, alors qu’elles n’ont fait qu’user de leurs droits constitutionnels à la liberté d’expression et de réunion. Ce sont, pêle-mêle, des enseignants, des chercheurs (dont une de nos compatriotes…), des syndicalistes, des avocats, des militants des droits de l’Homme qui sont l’objet de cette politique qui tend à annihiler toute voix dissonante.

L’existence d’une clause de sauvegarde n’est pas de nature à nous rassurer. Elle conduit, en effet, à

mettre entre les mains des gouvernements le soin de décider de l’application de cette clause, alors qu’en même temps la coopération policière, notamment, s’exercera sans contrôle.

Comme vous le savez, la LDH a toujours été partisane de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne. Mais cette intégration ne peut se faire que dans le cadre d’un système démocratique incluant une justice et une police répondant aux critères de la Convention européenne des droits de l’Homme. À ce jour, tel n’est pas le cas.

C’est pourquoi, nous vous demandons de bien vouloir refuser la signature de cet accord.

Vous comprendrez que nous rendions cette lettre publique.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Pierre Tartakowsky