Agressions d’Argenteuil : de la culture du rejet au passage à l’acte

Depuis plusieurs mois, les agressions à caractère raciste, homophobes, sexistes… se multiplient. Elles se déroulent de plus en plus souvent en plein jour, en pleine rue : les agresseurs n’essayent même plus de se cacher, et opèrent à visage découvert. Décomplexés, on vous dit.

On pourrait disserter des heures, des jours entiers sur les origines de cette violence raciste, homophobe et sexiste. On peut aussi essayer d’imaginer ce qui pourrait sinon l’enrayer, du moins la faire reculer. Le droit de vote aux résidents étrangers extra communautaires fait partie de la panoplie, et il est urgent qu’on le mette en œuvre. Le traitement des jeunes des banlieues en fait partie aussi, et il est temps d’arrêter les effets d’annonce de plans Marchall des banlieues qui ne voient jamais le jour, ou si peu…

La Ligue des droits de l’Homme s’inquiète de ce climat malsain et de cette violence de plus en plus forte. Elle l’exprime dans le communiqué qu’elle vient de publier, et que nous reproduisons ci-dessous.

« Les 20 mai et 13 juin derniers, deux très jeunes femmes se sont plaintes d’avoir été violemment agressées tandis qu’elles portaient un voile à Argenteuil, dans la banlieue parisienne. La seconde, qui était enceinte, a perdu son bébé. Une enquête est en cours pour établir les faits et pour retrouver les agresseurs.

De telles agressions – quels qu’en soient les détails – révèlent la libération d’une violence, à la fois sexiste et raciste, désireuse de passer à l’acte, au grand jour. La culture du rejet de l’autre, supposé étranger, surtout s’il est musulman, la glorification de la force virile et de son usage brutal, le recours aux réflexes nationalistes sur un fond délétère de confusion politique trouvent leurs prolongements dans les actes haineux d’une extrême droite en mal d’affirmation.

Le 11 juin dernier, également à Argenteuil, le contrôle d’identité d’une femme en niqab par la police a dégénéré en scène d’émeute, les témoins présents s’en prenant aux forces de l’ordre, lesquelles ont à leur tour réagi par un usage disproportionné de la force. Quoiqu’on pense de la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public, l’événement et les développements de l’actualité attestent la difficulté pratique et les risques politiques de son application au pied de la lettre.

La Ligue des droits de l’Homme s’inquiète d’une accélération possible de la dynamique de rejet et de haine autour de l’Islam. Elle les inscrit dans la droite ligne d’une montée sensible du racisme, de l’antisémitisme et de l’homophobie qui ont été encouragés à relever la tête ces dernières années, singulièrement autour des enjeux migratoires.

De fait, les politiques d’immigration menées en France depuis des années, et leur impact civique et social, se sont traduites par l’abandon des jeunes des cités, le refus ou le report du droit de vote, l’instrumentalisation d’une pseudo-laïcité et d’un pseudo-féminisme pour stigmatiser encore plus des femmes déjà discriminées.

Cette double posture – stigmatisation de l’extérieur, discriminations à l’intérieur – aboutit à désigner des cibles. La Ligue des droits de l’Homme, qui dénonce de longue date ce processus dangereux, appelle les pouvoirs publics à faire toute la lumière sur ces agressions et à prendre les mesures qui s’imposent pour faire respecter cette pierre angulaire de la laïcité républicaine qu’est la liberté de conscience. »

« Cause commune » : l’histoire d’une intégration réussie de familles Rroms en Loire Atlantique grâce à la solidarité

« Fin 2009, une quarantaine de familles roms, indésirables à Nantes, tractant des caravanes hors d’âge, arrivent à Indre, une petite commune des bords de Loire.
Dès le lendemain, le maire Jean-Luc Le Drenn décide de mettre un terme à ce qu’il appelle « la politique de la patate chaude », en refusant de les expulser à son tour.
Grâce à l’engagement sans faille d’une poignée de citoyens et d’élus mobilisés par ce combat collectif et politique, les familles resteront 18 mois, avant qu’une solution digne et pérenne soit trouvée » (source : http://www.film-documentaire.fr/Cause_commune.html,film,38148.

On pourrait donc accueillir des familles Rroms dans une commune sans qu’il n’y ait une explosion des vols, des viols, du vandalisme… ? C’est un peu ce qu’a prouvé Jean-Luc Le Drenn, maire d’Indre, commune de 4000 habitants en Loire-Atlantique, et son équipe municipale. Le pari était « gonflé », et l’équipe ne s’y était pas trompé : « on va jouer notre mandat là-dessus », avait lancé comme un défi un conseiller municipal de la majorité.

Le film de Sophie Averty est magnifique. Elle ne disposait que de peu d’images de cette aventure : elle a dû avoir recours à des reconstitutions, à l’animation, à l’utilisation d’archives sonores… Son propos est passionnant : comment des gens qui ne sont pas particulièrement militants, se mobilisent presque spontanément pour s’organiser en collectif de soutien à ces familles (une cinquantaine), et ce pendant des mois et des mois ? La personnalité de Jean-Luc Le Drenn y est naturellement pour beaucoup : ce jeune maire a réussi à fédérer autour de lui à la fois élus et simples citoyens. Sans la moindre démagogie, et avec toute la rigueur que supposait une telle action, il a réussi la première étape de ce combat pour la dignité : les familles Rroms sont aujourd’hui logées dans des mobilhomes, répartis sur plusieurs communes (et ce n’est pas le moindre mérite de Jean-Luc Le Drenn d’avoir réussi à les convaincre !). Mais le travail n’est pas terminé : il le sera lorsque les Rroms auront trouvé des emplois stables et qu’ils auront pu être logés normalement. La municipalité d’Indre poursuit donc le travail.

Le film de Sophie Averty a été retenu dans la sélection du Mois du Documentaire dans les Côtes d’Armor.

On peut voir des extraits du film sur le site de TV Nantes :

http://www.telenantes.com/Documentaire/Documentaires/2013/03/Cause-commune

http://www.telenantes.com/Toute-l-actu/Infos-debats-territoires/CAUSE-COMMUNE-Indre-aux-cotes-des-Roms-0893

et une interview de Sophie Averty ici :

http://www.telenantes.com/A-la-votre-2012-2013-le-forum/2013/03/A-la-votre-2012-2013-le-forum3/Cause-commune-l-histoire-d-un-engagement-aupres-des-roms

P. Tartakowsky : du mariage pour tous aux cartes rebattues à droite

Pierre Tartakowsky a été réélu président de la Ligue des droits de l'Homme par le congrès de Niort.son rapport moral.

Dans l’éditorial qui ouvre le dernier numéro du bulletin mensuel de la Ligue des droits de l’Homme, son président, Pierre Tartakowsky, revient sur les débats autour du mariage pour tous qui ont occupé tout (ou presque) l’espace médiatique pendant ces derniers mois. Il en tire les leçons, politiques et sociétales.

La célébration du premier mariage entre deux personnes de même sexe à Montpellier aura heureusement marqué la fin d’une mobilisation politique intense autour de l’élargissement d’un droit. Il est, de fait, peu probable qu’une majorité de droite de retour aux affaires ose jamais revenir sur cette avancée et sur des actes d’état civil. Au plan politique pourtant, le sujet va rester présent, comme va prolonger l’onde de choc des mobilisations des droites durant toute la période écoulée.

Revenons sur cette séquence, ses évolutions et ce qu’elles révèlent. Dès le départ, ce sont davantage des acteurs idéologiques que partidaires qui sont à la manœuvre ; la droite classique, mais également le FN apparaissent mal à l’aise sur le mariage pour tous, car divisés et hésitants sur les bénéfices à en tirer. L’UMP est en pleine guerre des chefs et ne compte sans doute pas moins de gays dans ses rangs que le FN, ce qui se résout par une sorte de neutralité agressive, focalisée sur l’adoption et la GPA, laquelle, rappelons-le, ne fait pas partie du projet gouvernemental. Les courants cathos tradis et autres identitaires sont quant à eux franchement homophobes, même avec des approches diverses et nuancées. Tous ces gens se rassemblent sous le drapeau consensuel de la famille et des enfants, lesquels méritent « un papa, une maman ».

Cette mobilisation se nourrit de ce qu’il faut bien appeler un pas de clerc du président de la République, lequel a évoqué une possible objection de conscience des maires appelés à célébrer les mariages gays. Le gouvernement saura rectifier le cap et tenir bon jusqu’au vote de la loi, ce dont il faut se féliciter. Mais cette défaillance énorme – l’état civil n’a rien à voir avec la conscience de qui que ce soit –, qui appelle immédiatement une réaction de l’Inter-LGBT et des associations de défense des droits, est évidemment interprétée comme une hésitation. Et lorsque l’adversaire hésite, il faut augmenter la pression. Les organisations à la manœuvre le font d’autant plus qu’elles bénéficient de l’engagement de l’UMP, Jean-François Copé voyant là l’occasion de marquer sa différence d’avec son rival François Fillon, et d’exprimer sa vraie nature. Cet apport se double de celui d’une véritable galaxie de réseaux, fondations et autres clubs historiquement ancrés à l’extrême droite, et qui voient dans ce mouvement « apolitique » et « populaire » l’occasion rêvée d’échapper à l’ostracisme qui les frappe depuis la Libération et la guerre d’Algérie.

C’est en effet la première fois que ces groupuscules – toutes tendances confondues – peuvent occuper un espace politique partagé avec les droites dites républicaines, en phase avec une partie de l’opinion publique allant bien au-delà des cercles militants habituels, mordant même sur des électeurs de gauche émus et troublés par un sujet qui touche à l’intime. Nicolas Sarkozy a fourni le cadre idéologique à cette parade nuptiale des droites et de leurs extrêmes. Sa défaite, d’autant plus frustrante que courte, a accéléré cette chorégraphie de séduction tout en accentuant son côté dispersé, concurrences internes obligent.

Cette dynamique de concurrence pour le leadership s’est traduite, dans les derniers jours de la mobilisation, par des exclusives, des appels à la violence, et la résurgence d’un vocable utilisant pêle-mêle le vocabulaire des généraux putschistes de l’Algérie française, la dénonciation de la franc-maçonnerie, des appels à la « résistance », le tout en assimilant la police – coupable de s’en prendre à « la France bien élevée » –, à la Gestapo… Cette confusion des termes ne doit rien au hasard mais traduit une stratégie d’effacement, par banalisation, des réalités historiques qui ont battu et stigmatisé ces courants d’idées englués dans la collaboration avec l’occupant nazi.

Au-delà, cette agitation verbale indique une circulation de la pensée réactionnaire, en recherche d’elle-même, et de repositionnements possibles. De fait, elle est passée en peu de temps – toutes organisations confondues – de la stigmatisation des « islamistes » à l’exaltation du peuple de France, puis à la chasse aux homosexuels. Ainsi de la dénonciation d’un ennemi extérieur « infiltré », les droites extrêmes se repositionnent sur la dénonciation et la chasse d’un ennemi « intérieur ». Homo aujourd’hui. Demain…

Cette inquiétante évolution participe d’un élargissement conséquent du champ d’action et de prétention des extrémismes droitiers : d’un vieil ordre racial à un nouvel ordre moral, patriarcal et porteur, hélas, d’illusions de changement. Illusions, car une mobilisation basée sur la ségrégation et la discrimination porte inéluctablement en elle des dynamiques d’exclusion et de violence. Illusions, car loin de répondre aux besoins d’épanouissement et de bien-être des individus, cette mobilisation n’envisage leur avenir qu’au prisme d’allégeances rancies dans un passé mythique.

Reste posée une question essentielle : une recomposition profonde des forces de droite est en cours, dont il n’est pas aisé de dire ce qu’il en résultera, même s’il est certain que ce ne sera bon ni pour les droits, ni pour les libertés, ni pour la démocratie. La société civile, les organisations syndicales, les associations ne peuvent donc évidemment pas se désintéresser de l’enjeu, singulièrement dans la perspective des élections municipales. Nous y reviendrons.

Ligue des droits de l’Homme : ensemble, s’opposer à l’extrême droite !

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme.

Paris, le 12 juin 2013

Ensemble, s’opposer aux extrêmes droites

Le 5 juin, Clément Méric, syndicaliste étudiant et militant antifasciste, a été assassiné à Paris. La Ligue des droits de l’Homme a dénoncé ce meurtre commis à raison des convictions politiques du jeune homme. Cet acte s’inscrit dans la suite de trop nombreuses agressions commises par des groupes d’extrême droite, ces derniers mois, et qui sont allés cette fois-ci jusqu’à la mort.

La Ligue des droits de l’Homme réitère toutes ses condoléances à la famille et aux amis de Clément Méric, et demande aux autorités de faire toute la lumière sur ces actes afin que leurs auteurs soient condamnés.

Au-delà, il est urgent de porter un coup d’arrêt à ces exactions et aux idées qui en favorisent de près ou de loin le développement. La radicalisation publique et « désinhibée » des droites extrêmes s’inscrit dans un contexte, marqué depuis plusieurs mois par des discours haineux et une véritable avalanche de propos mensongers et agressifs, ne reculant pas devant la désignation de « cibles » à l’occasion de l’adoption de la loi sur le mariage pour tous. Cette agressivité revendiquée est elle-même le fruit d’une dynamique de rapprochement entre l’extrême droite et la droite dite classique.

L’assassinat de Clément Méric n’est pas un fait isolé. Agressions racistes, homophobes, sexistes, violences progressent en France comme dans toute l’Europe. Le mensonge, la haine, la violence, la mort sont les marques de l’extrême droite, de tous temps et en tous lieux. L’extrême droite s’appuie, pour se légitimer, sur les peurs nées du chômage, de la pauvreté, de l’explosion des inégalités et de la précarité.

Elle se réclame d’une pseudo-opposition à ces phénomènes pour renouer avec ses vieux démons et désigner les boucs émissaires qu’elle a toujours stigmatisés pour semer la haine : étrangers ou soi-disant tels, immigrés, avec ou sans papiers, homosexuels, juifs et francs-maçons…

Il est d’autant plus important, dans ce contexte, de réaffirmer notre refus ferme de toute politique publique pouvant légitimer, de près ou de loin, ces visions xénophobes et racistes. C’est bien en réaffirmant concrètement les droits des étrangers, des migrants, des Roms et de tous ceux qui sont tenus en lisière des droits fondamentaux, qu’il est possible de rassembler largement contre les périls montants. Car ces droits sont, de façon indivisibles, ceux qui fondent la République telle que nous l’aimons : fraternelle, égale et libre.

C’est dans la perspective d’un tel rassemblement que la Ligue des droits de l’Homme, avec les habitants, les résidents, les citoyens, continuera à défendre les libertés et tous les droits partout et pour tous, et à agir pour une société de solidarité. C’est dans cet esprit qu’elle appelle les citoyennes et citoyens à manifester leur solidarité, leur vigilance et leurs mobilisations.

Deux heures de contrôles au faciès contre les sans papier à Paris le 6 juin

La fédération de Paris de la Ligue des droits de l’Homme proteste vigoureusement contre l’opération de police du 6 juin à proximité du métro Barbes.

Le jour même où les républicains se réunissaient afin de manifester leur indignation suite à l’agression violente de Clément Méric, militant antifasciste, par des groupuscules d’extrême droite, la police républicaine déployait ses forces pour traquer les sans-papiers.

Dans ce qui apparait être une gigantesque opération de police, d’aucuns parleraient de rafle, des dizaines de policiers en civil ou non ont bouclé le quartier durant près de 2 heures, procédé à des contrôles d’identité « sélectif », c’est à dire au faciès, et à l’arrestation de plusieurs dizaines de personnes placées dans des bus avant d’être conduites au centre de rétention de Vincennes.

La Ligue des droits de l’Homme condamne fermement toutes opérations policières qui, bien loin d’apporter une quelconque réponse à l’insécurité, se traduisent par une stigmatisation accrue d’un public déjà fragilisé et entraîne une défiance à l’égard des forces de police de la République. Elle demande la mise en place d’une attestation de contrôle d’identité.

La fédération de Paris a écrit au préfet (copie ci-dessous) pour l’interpeller sur cette rafle inacceptable.

 

Paris, le 9 juin 2013

 

Monsieur Bernard Boucault

Préfet de Police de Paris

 

Monsieur le Préfet,

Au nom de l’ensemble des militants de la Fédération de Paris de la Ligue des droits de l’Homme, je tiens à vous manifester notre profond étonnement quant aux évènements qui auraient eu lieu le jeudi 6 juin à Barbes.

Les informations que nous avons pu obtenir, si elles s’avéraient exactes, font état d’une opération de police de très grande ampleur. Un impressionnant dispositif policier aurait bouclé le quartier de Barbes pendant 2 heures, entravant la libre circulation des résidents et des passants.

Entre 40 et 50 de personnes auraient été arrêtées et placées dans des bus spécialement affrétés pour cette opération. Plusieurs d’entre elles seraient désormais retenues dans le Centre de rétention administrative de Vincennes. Je ne fais pas état des informations qui laissent entendre que les contrôles auraient été réalisés de manière sélective, au facies. Bref, il semblerait que les conditions de cette opération contreviennent à l’article 78-2 du code de procédure pénale. Sauf à penser que la couleur de peau soit en elle même un délit.

Vous comprendrez alors la vive émotion qui est la notre. Convaincu que notre République se doit de respecter les droits de tous, nous nous étonnons de cette opération dont la méthode fait davantage penser à une « rafle » qu’à une opération de contrôle d’identité. Ce d’autant plus que la veille nous avions pu rencontrer vos services à propos des conditions d’accueil des migrants et de travail du personnel préfectoral car nous constations que ces conditions ne favorisaient pas un accueil digne et respectueux envers les étrangers.

La ligue des droits de l’Homme défend une République respectueuse de ses valeurs et des droits de tous. Elle demande la mise en place d’une attestation de contrôle d’identité. Elle condamne fermement toutes opérations policières qui bien loin d’apporter une quelconque réponse à l’insécurité se traduisent par une stigmatisation accrue d’un public déjà fragilisé et entraîne une défiance accrue à l’égard des forces de police de la République.

Dans l’attente d’une réponse à notre interpellation, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de notre considération distinguée.

 

 

Julien Molesin

Président de la Fédération de Paris de la LDH

Copie : M. le Ministre de l’Intérieur

Lettre ouverte aux députés européens : « ne criminalisez pas les demandeurs d’asile ! « 

Le 11 juin prochain, le Parlement européen aura à se prononcer sur les derniers textes à adopter pour une réforme du régime d’asile européen commun (RAEC). Au vu des amendements très marginaux finalement apportés aux différents projets de textes, notre association ne peut que réitérer son opposition à cette réforme. L’AEDH a adressé, le 07 juin, une lettre ouverte aux parlementaires européens afin de les encourager à refuser particulièrement la détention des demandeurs d’asile et l’ouverture des fichiers d’empreintes digitales aux autorités répressives nationales et à Europol.

Nous reproduisons cette lettre ci-dessous, et elle est téléchargeable ici.

Bruxelles, le 07 Juin 2013

Ne criminalisez pas les demandeurs d’asile !

Madame la députée, Monsieur le député,

Le 11 juin prochain, votre Assemblée aura à se prononcer sur les derniers textes à adopter pour une réforme du régime d’asile européen commun.

Dans une « Lettre ouverte » diffusée le 10 décembre dernier, nous vous avions fait savoir toutes les réserves que nous inspiraient les directives sur les procédures et les conditions d’accueil envisagées.

Nous sommes conscients de la résistance que vous avez souvent opposée à la volonté des membres du Conseil. Mais, au vu des amendements très marginaux finalement apportés aux différents projets de textes, notre association ne peut que réitérer son opposition à cette réforme. En effet, elle ne marque pas de réels progrès des droits pour tous les demandeurs d’asile et maintient la majorité d’entre eux dans une position de suspicion de fraude ou d’abus du système d’asile.

L’AEDH, association « européenne », convaincue que l’Union à 27 pourrait être une source de progrès des droits, regrette profondément que régime d’asile européen commun (RAEC) futur ne conduise pas à une conception véritablement « commune » du droit d’asile dans l’UE. Elle déplore que perdure ainsi une inégalité flagrante entre les personnes en recherche de protection, en fonction du pays où leur demande sera examinée.

En tout état de cause, nous vous exhortons à exprimer fortement votre opposition à toutes les formes d’enfermement des demandeurs d’asile, en quelque circonstance que ce soit.

Nous vous demandons également de censurer la réforme du règlement EURODAC qui ouvrirait aux autorités répressives nationales et à Europol l’accès aux fichiers d’empreintes digitales des demandeurs d’asile. Cette pratique serait en contradiction totale avec le principe de respect absolu de la confidentialité garantie aux demandeurs d’asile, afin de ne pas les mettre en danger.

Ces femmes et ces hommes qui espèrent trouver un refuge entre nos frontières ne sont pas des criminels. Ils ont souffert et nous ne saurions nous montrer dignes de la confiance qu’ils nous font, dignes de l’image de défenseur des droits que nous entendons montrer au monde, si notre réponse prend les formes d’une répression qu’ils ont voulu fuir.

Croyez, Madame la députée, Monsieur le député, en la confiance que nous plaçons en votre volonté de continuer à défendre le droit d’asile.

Catherie Theule, vice-présidente

Serve Kollwelter, président.

 

 

 

Les résidents étrangers voteront aux élections de 2020… Chiche, monsieur le Président !

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme, publié pendant le congrès de Niort, le 18 mai 2013, à la suite des déclarations du président de la République pendant sa conférence de presse du 16 mai.

Les résidents étrangers voteront aux élections de 2020… Chiche, monsieur le Président !

Mauvaise nouvelle : après trente-deux ans de débat, tous les résidents étrangers devaient pouvoir voter aux élections municipales de mars 2014. Et ainsi avoir le droit, comme tous les citoyens français et européens, de donner leurs points de vue sur l’élection du maire et la gestion des affaires courantes de la commune où ils résident. Mais le président de la République a décidé qu’il n’y aurait pas, en 2013, de révision de la Constitution pour le permettre.

Bonne nouvelle : après six mois de silence, le président de la République annonce qu’il présentera au Parlement, après les élections municipales de mars 2014, un projet de loi constitutionnelle pour accorder le droit de vote aux étrangers non communautaires aux élections locales.

Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ? Comme l’affirme la sagesse populaire : « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Le président de la République et son premier ministre doivent donc s’engager sur un calendrier précis d’élaboration du projet constitutionnel et de sa présentation devant les Assemblées, puis devant le Congrès.

Nous voulons que toutes les conditions soient réunies pour permettre le débat citoyen nécessaire et pour créer les moyens d’aboutir à un accord capable de dégager une majorité qualifiée au Congrès.

Il faut donc que ces engagements soient rendus publics avant le début de la campagne des municipales de mars 2014 pour que le Congrès soit réuni, au plus tard, en juillet 2014.

Trente ans après la « Marche pour l’égalité et contre le racisme », qui portait déjà cette revendication, la Ligue des droits de l’Homme réaffirme que l’on peut gagner et qu’il est urgent de donner un signe fort à tous les citoyens, pour l’égalité des droits.

Le droit de vote et d’éligibilité de tous les résidents étrangers aux élections locales, c’est la démocratie, c’est la République !

 

Frontexit contre Frontex : l’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente

 Un collectif d’associations vient de lancer la campagne « Frontexit ». Son but ? « réclamet la transparence sur le fonctionnement de Frontex, l’agence de l’Union européenne pour le contrôle des frontières extérieures, et exiger le respect des droits des migrant(e)s aux frontières ». Ce qui n’est pas le cas actuellement, où de nombreux pays prétendent se trouver face à une « invasion de migrants »’. Des millions d’euros sont ainsi investis par l’Union européenne « dans un dispositif quasi militaire pour surveiller ses frontières extérieures ».

Voici la description de cette campagne.

Lancement de la campagne FRONTEXIT

L’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente

Communiqué de presse – 20 mars 2013

| 21 mars 2013 |
Traductions : [English] [italiano] [Español]

Ce mercredi 20 mars marque le jour du lancement de la campagne FRONTEXIT, à Bruxelles, cœur de l’Europe. Une campagne soutenue par de nombreuses associations de défense des droits de l’Homme du Sud et du Nord de la Méditerranée. Les objectifs : réclamer la transparence sur le fonctionnement de FRONTEX, l’agence de l’Union européenne pour le contrôle des frontières extérieures, et exiger le respect des droits des migrant.e.s aux frontières.

Pour lutter contre une prétendue « invasion » de migrants, l’Union européenne (UE) investit des millions d’euros dans un dispositif quasi militaire pour surveiller ses frontières extérieures : FRONTEX. Cette agence intervient pour intercepter les migrant.e.s aux frontières et les renvoyer par avion. Symbole de la politique sécuritaire en matière migratoire et bras armé des États membres de l’UE, Frontex pose question notamment concernant la violation des droits lors de l’interception et du renvoi forcé des migrant.e.s. : Que se passe-t-il véritablement aux frontières ? Et qui est responsable de ce qui s’y passe ?

Lors de ces opérations, le respect des droits humains est mis en danger, particulièrement le droit d’asile, le droit à un traitement digne et au respect de l’intégrité physique. L’opacité des opérations – maritimes, aériennes et terrestres – conduites par FRONTEX et la dilution des responsabilités qui les caractérise portent atteinte aux principes fondamentaux reconnus par l’UE, ses États membres et les États tiers partenaires de l’agence.

À travers la campagne FRONTEXIT, un mouvement inter-associatif international demande des comptes à FRONTEX, à l’UE, aux États membres et aux États partenaires. Il faut en finir avec l’impunité aux frontières et l’UE doit respecter ses engagements et obligations envers les personnes migrantes, d’où qu’elles viennent et quelles que soient les raisons qui les conduisent en Europe.

FRONTEXIT ?

Une campagne à l’initiative de Migreurop, menée par de nombreuses associations du Sud et du Nord de la Méditerranée, pour réclamer la transparence sur le fonctionnement de FRONTEX et le respect des droits des migrant.e.s aux frontières. Un lancement à Bruxelles (Belgique) et à Nouakchott (Mauritanie) le 20 mars ainsi qu’au Forum social mondial de Tunis (Tunisie) le 28 mars 2013. Un site web, un teaser, des outils de sensibilisation, un flyer, une affiche…

Plus d’infos sur www.frontexit.org

Page Facebook : Frontexit

Les associations de la campagne :

  • ABCDS Oujda (Maroc)
  • AMDH (Maroc)
  • AMDH (Mauritanie)
  • AME (Mali)
  • ARACEM (Mali)
  • ARCI (Italie)
  • CIRE (Belgique)
  • CNCD 11.11.11. (Belgique)
  • FASTI (France)
  • GADEM (Maroc)
  • GISTI (France)
  • GRAMI AC (Cameroun)
  • Justice sans frontières migrants (réseau Euro africain)
  • La Cimade (France)
  • Ligue des droits de l’Homme (Belgique)
  • Migreurop (réseau Euro africain)
  • Progress Lawyer Network (Belgique)

 

« Mariage pour tous » : Tous à la manifestation samedi 2, place de la Liberté à St-Brieuc (22)

La façon dont se déroulent les débats sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, à l’assemblée nationale, confirment ce que nous redoutions : l’opposition use et abuse d’artifices réglementaires pour retarder l’adoption de la loi. Ils font des efforts d’imagination impressionnants. Pas plus tard que ce matin, Marc Le Fur, député de la 3ème circonscription des Côtes d’Armor, n’a pas hésité à brandir la menace de hordes d’étrangers homosexuels envahissant la France, fille aînée de l’église, pour venir s’y marier, puisqu’ils n’en auraient pas le droit chez eux…

Tous à la manifestation à Saint-Brieuc

La fédération départementale des Côtes d’Armor de la Ligue des droits de l’Homme appelle à participer à la manifestation en faveur du mariage étendu aux personnes de même sexe samedi 2 février.

Pour la Ligue des droits de l’Homme, « Instaurer le mariage entre personnes du même sexe c’est : la reconnaissance de l’égale dignité des couples et de l’égale dignité de leurs projets parentaux, une protection pour les milliers d’enfants concernés dans le respect des droits de l’enfant, une loi laïque, de liberté et de fraternité, une avancée pour toute la société ».

Lieu modifié

Attention, la manifestation aura lieu samedi 2 février à 15h, place de la Liberté à Saint-Brieuc, et non place du général De Gaulle comme indiqué initialement dans la presse.

Situation de Clara Kaseka Mokango, demandeuse d’asile : un communiqué de la section rennaise de la LDH

Nous avons fait état de la situation dramatique de Clara Kaseka Mokango, demandeuse d’asile congolaise, qui est détenue au centre de rétention administrative de Rennes Saint-Jacques et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. Sa situation n’évolue pas, ce qui a conduit la section de Rennes de la Ligue des droits de l’homme, après avoir écrit au préfet d’Ile-et-Vilaine, à publier un communiqué que nous relayons ci-dessous.

La Ligue des Droits de l’Homme, Section de Rennes, a été informée de la situation dramatique de Mme Clara KASEKA MOKANGO, demandeuse d’asile congolaise du Nord-Kivu, et qui est actuellement détenue au Centre de rétention Administrative de Rennes (CRA).

Clara est arrivée en France en Octobre 2010 pour échapper aux persécutions aux violences subies du fait de des origines rwandaises de sa famille.

Début 2011, elle rencontre à Rennes Pedro, un citoyen angolais bénéficiant du statut de réfugié, et l’épouse en juillet 2012. Entre temps, elle a été déboutée de l’asile en mars 2012.

Clara est enfermée au Centre de rétention Administrative de Rennes (CRA) depuis le 18 décembre 2012, après s’être rendue sans crainte à une convocation de la Police Aux Frontières pour un « examen de sa situation administrative ». Elle a été arrêtée sur place et conduite directement au CRA.

Le représentant de la Préfecture lui a annoncé qu’un vol vers la République Démocratique du Congo était programmé dans les prochains jours.

Après son maintien en rétention par la Cour d’Appel de Rennes le 15 janvier 2013, après un mois de détention, Clara n’a plus eu comme seul recours, pour exprimer sa détresse d’être séparée de son mari, et l’angoisse d’être renvoyée dans un pays où sa vie est en péril, que de refuser de s’alimenter. En raison de la dégradation de son état de santé, elle a dû être évacuée sur le Centre Hospitalier Régional pour y être perfusée, puis ramenée au Centre de Rétention Administrative de Rennes, qui ne dispose pas de moyens pour intervenir médicalement en cas d’urgence.

La section de Rennes de la Ligue des Droits de l’Homme s’indigne de cette situation inadmissible, indigne de la France, pays des droits de l’homme : une jeune femme va être séparée durablement de son époux, interdisant toute vie commune, ce qui constitue une violation des dispositions de l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), pour être renvoyée dans un pays en proie à une violence extrême, (voir communiqué de Médecins Sans Frontières du 13/12/2012, http://www.msf.fr/actualite/articles/rd-congo-deplaces-nord-kivu-nouveau-tourmentesituation justifiant qu’elle puisse bénéficier de l’asile en France (l’article L 313-14 du CESEDA ).