Alors que Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) réclame la révision des procédures d’interpellation, afin d’éviter des drames tels que celui d’Hakim Ajimi, des policiers se sont rassemblés mardi devant l’hôtel de police de Grasse et un commissariat de Nice en solidarité avec deux agents de la brigade anticriminalité (BAC), condamnés à des peines de prison avec sursis après la mort d’un jeune homme, Hakim Ajimi, lors d’une interpellation.
« Nous venons faire part de notre solidarité et de notre colère, après cette condamnation, car ça peut arriver à chacun d’entre nous. Aujourd’hui, les policiers sont paumés: qu’on nous dise ce qu’on doit faire face à un individu violent ! », a lancé Laurent Martin de Frémont, secrétaire départemental adjoint du syndicat Unité SGP Police (majoritaire), présent à Grasse. (source : 20 minutes).
Le MRAP quant à lui, a publié ce communiqué de presse :
« Justice à deux vitesses » au tribunal correctionnel de Grasse : Le MRAP demande avec force la révision des procédures policières et une Justice égale pour tous
Vendredi 24 janvier 2012 a été rendu le jugement du tribunal correctionnel de Grasse dans le procès de sept policiers, à la suite de la mort de Hakim AJ IMI le 9 Mai 2008, lors d’uneinte1pellation. Seules ont été prononcées des peines de prison avec sursis – respectivement de 6, 18 et 24 mois – pour trois seulement des sept policiers impliqués dans une arrestation mouvementée et violente, au cours de laquelle furent appliquées compression thoracique et clé d’étranglement.
Le MRAP tient à exprimer sa solidarité à la famille AJ IMI lors de cette nouvelle étape d’un procès qui refuse que Vérité soit dite et que Justice, à la hauteur de la gravité des faits, soit rendue.
C’est grâce à la saisine de la CNDS par les sénatrices Alima Boumedienne-Thiery et Nicole BORVO-COHEN-SEAT, ainsi qu’au rapport de cette instance en date du 12 avril 2010, que des poursuites furent enfin engagées dans une affaire qui donne à voir de graves défaillances dans le fonctionnement de la Police et de la Justice.
Dès 2008, l’usage de la « clé d’étranglement » était clairement connu pour avoir provoqué le 20 novembre 1998 la mort de Mohamed SAOUD, pour laquelle la France avait été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), dans un arrêt du 9 octobre 2007. Quant à la compression thoracique, elle avait abouti à la mort par asphyxie (dans ces cas par « pliage ») de deux étrangers embarqués de force dans des avions pour être reconduits hors de France : l’Argentin Ricardo Barrientos le 30 décembre 2002 et le Somalien Getu Hagos Mariane, le 18 janvier 2003.
Les condamnations avec sursis des trois policiers laissent un gout très amer à la famille et aux amis de HAKIM, ainsi qu’à leurs soutiens. Elles donnent a voir une justice pour laquelle toutes les vies ne se valent pas, une police trop sure de son immunité, une France en rupture d’égalité entre tous les citoyens, selon leur lieu d’habitation, leur origine ou leur couleur de peau.
De Grasse à Argenteuil (Ali ZIRI, 11 juin 2009), Clermont-Ferrand (Wissam EL—YAMNI, 1er janvier 2012), Aulnay-sous-Bois (Abdel, janvier 2012), Colombes (Mamadou Marega, 29 novembre 2010), Paris (Lamine DIENG, 17 juin 2007), Colombes (Abou Bakari Tandia, 24 janvier 2005)…, la chaîne des morts brutales lors de contrôles de police s’allonge.
Le MRAP demande avec force une révision urgente des procédures policières et une Justice égale pour tous
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