La maire d’Aix-en-Provence nous a habitués à ses facéties d’un goût souvent douteux. Reconnaissons-lui le mérite de nous avoir bien fait commencer cette journée du mardi 4 juin 2013 : reçue par France Inter ce matin, elle a en effet inspiré à Sophia Aram un billet qui restera dans les annales. Le thème du billet était l’apprentissage de la démocratie, dans lequel, selon l’aveu de son propre président, s’engage l’UMP. L’occasion pour l’humoriste de rappeler finement à la politicienne que, quoiqu’elle en dise, le président de la République élu en mai 2012 était légitime, puisque désigné par le suffrage universel. On se souvient en effet qu’à l’époque, la subtile maire d’Aix-en-Provence avait contesté cette légitimité…On peut voir et écouter la chronique de Sophia Aram ici.
Le problème, c’est que Mme Joissains-Masini nous fait rarement rigoler. Et singulièrement en ce moment, où les nostalgiques de l’Algérie française et de la colonisation se lancent dans des commémorations peu ragoûtantes.
Voici le communiqué qu’a publié la Ligue des droits de l’Homme à cette occasion. Il dénonce la complicité de la maire d’Aix-en-Provence avec le « collectif aixois des rapatriés » et l’association de défense des anciens détenus de l’Algérie française. Mme Joissains devrait se souvenir que l’UMP se réclame (de moins en moins il est vrai) du général De Gaulle…
Au moment où s’ouvraient les négociations d’Evian pour mettre fin à la guerre d’Algérie, deux activistes, Albert Dovecar et Claude Piegts, membres des sinistres commandos delta de l’OAS, participaient à l’assassinat de Roger Gavoury, commissaire central d’Alger, dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1961. Condamnés à mort, Dovecar et Piegts ont été exécutés le 7 juin 1962.
C’est précisément le 7 juin 2013 que le Collectif aixois des rapatriés – le CAR –, a choisi pour inaugurer à Aix-en-Provence un monument, de même nature que ceux de Nice, Toulon, Perpignan et Marignane, érigés à la gloire de tels assassins. La stèle sera installée dans la cour de la Maison du maréchal Alphonse Juin, propriété de la ville d’Aix, devenue véritable casemate de la « nostalgérie ». L’actuelle équipe municipale en a confié la gestion au CAR qu’elle subventionne abondamment. Coutumier des éloges de la colonisation et de l’OAS, le président du collectif, René Andrès, lance un appel pour l’inauguration d’un espace « appelé à devenir le haut lieu de la mémoire, et de la conservation, de la vérité du peuple Pied-Noir et Harkis ».
L’Association de défense des anciens détenus de l’Algérie française (ADIMAD) soutient cet appel. Ces irréductibles de l’Algérie française ont prévu de se retrouver, comme chaque année, début juin autour de la tombe de Claude Piegts au Touvet, dans l’Isère. L’hommage initialement prévu le 2 juin 2013, a soulevé de telles protestations qu’il vient d’être interdit par la préfecture de l’Isère. Ses initiateurs l’ont reporté au 9 juin, deux jours après la cérémonie d’Aix.
La Ligue des droits de l’Homme dénonce avec force ces tentatives de réhabilitation des anciens tueurs de l’OAS, autant que les dérives idéologiques sur les aspects positifs de la colonisation et les nouvelles instrumentalisations du drame des Harkis et de leurs enfants. Il est indispensable que soient officiellement reconnus, simplement reconnus, les crimes et méfaits qui ont accompagné la colonisation et la guerre d’indépendance de l’Algérie. Indispensable pour bannir en France toutes les formes de racisme que ces dérives alimentent ; indispensable pour permettre le renforcement des liens d’estime et d’amitié entre les peuples algérien et français, l’établissement d’une coopération active et sincère entre la France et l’Algérie !
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