Le quotidien Ouest-France s’est fait l’écho, le 13 novembre, dans un article publié en pages régionales, des problèmes d’une famille géorgienne dont la fille, la petite Gvantsa, âgée de 2 ans, est atteinte d’une leucémie et dont le pronostic vital serait engagé en cas d’interruption du traitement. Et le risque d’interruption était grand, puisque la famille était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Et, comme la famille est entrée en Union Européenne par la Pologne, c’est en Pologne qu’elle devait être expulsée. La maman de Gvantsa, infirmière, savait pertinemment que la petite n’avait aucune chance d’être soignée correctement en Pologne.
La famille a été prise en charge par plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l’Homme et Un toit c’est un droit, une pétition a été mise en ligne et a rassemblé un millier de signatures, tandis que le corps médical du centre hospitalier universitaire de Pontchailoux s’est mobilisé lui aussi pour demander qu’on autorise la famille à rester en France, au moins jusqu’à a guérison de la fillette.
Mardi 12 novembre, juste avant l’audience prévue pour examiner le recours de la famille contre l’expulsion, son avocate a été informée que la préfecture retirait son arrêté : Gvantsa pouvait donc rester en France avec ses parents (article d’Ouest-France ici).
Didier Huguenet, un citoyen auteur d’une des deux pétitions de soutien à la famille (la seconde a été rédigée par le corps médical), a transmis aux ministères des affaires sociales et de la santé, et de l’intérieur, la liste des signataires, avec une lettre destinée aux deux ministres. Il nous a autorisés à publier son courrier, ci-dessous, en précisant « qu’en aucun cas il ne s’agit d’une prise de position politique. Sa démarche est uniquement motivée par le caractère humanitaire de la situation ».
Vous trouverez en fin d’article, après la lettre de D. Huguenet, le texte de sa pétition qui est encore visible sur le site d’Aavaz.
La lettre de Didier Huguenet
OBJET : pétition concernant une enfant géorgienne âgée de deux ans et atteinte d’une leucémie
Madame la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé
Monsieur le Ministre de l’Intérieur
Mille personnes ayant signé sur le site AVAAZ.org la pétition ci-jointe, ainsi que moi-même, attirons votre attention sur la situation suivante.
Une enfant de deux ans, Gvantsa G. atteinte d’une leucémie, et sa famille ont été menacées d’expulsion du territoire français alors que la petite fille suit un traitement au CHU de Rennes.
Les parents sont venus en France dans le but de faire soigner Gvantsa. D’après les informations en ma possession, sans traitement ou en cas d’arrêt de celui-ci, le pronostic vital est engagé.
Bien que la situation administrative semble évoluer dans le bon sens, il est souhaitable que sa dimension humanitaire soit prise en compte par vos services respectifs et fasse l’objet de toute votre attention.
Pour éviter que cela se reproduise à Rennes ou ailleurs, je suggère que les Administrations décentralisées qui sont sous votre autorité reçoivent des consignes de prudence dans le traitement des dossiers des personnes migrantes. Il n’est pas exclu que d’autres cas comme celui-ci puissent exister dans d’autres régions.
Je pense que les associations qui gèrent au quotidien ces problèmes souvent dramatiques sont à même de vous aider.
Je sais que le contexte socio – économique et politique actuel rend ce dossier difficile, sensible et complexe à gérer. Toutefois il doit être traité avec humanité.
Vous trouverez en pièce jointe la liste des personnes qui ont participé à cette démarche citoyenne ainsi que le contenu de la pétition mise en ligne le 12 novembre 2013.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à ces demandes et vous prie de recevoir, Madame la Ministre des affaires Sociales et de la Santé, Monsieur le Ministre de l’Intérieur, mes respectueuses salutations.
Didier Huguenet
Le texte de la pétition
Âgée de 2 ans, cette enfant a besoin de soins et d’un domicile stable pour bénéficier des meilleures prestations médicales possibles. Dans le cas contraire le pronostic médical s’avèrera des plus sombres. Actuellement elle et sa famille passent de foyers en squats de migrants pour se loger. Famille arrivée en France il y a un an, pour soigner l’enfant. Tous risquent d’être expulsés dans les 45 jours à venir. On ne sait pas quand. Demain? Dans 8 jours? L’arrêté d’expulsion a été signifié aux parents, d’après une télévision locale. En attendant l’expulsion, ils sont assignés à résidence.
Voici le texte du corps médical qui a réagi à cette décision :
« Une enfant géorgienne, âgée de 2 ans, prise en charge au CHU de Rennes (Bretagne – France) pour une leucémie aigüe lymphoblastique risque d’être renvoyée en Pologne en raison de l’application du règlement Dublin 2 qui prévoit le renvoi vers le pays d’entrée dans l’UE du demandeur d’asile pour l’instruction de cette demande.
Or au regard de la pathologie de cette enfant et de l’état d’avancement du traitement, l’interruption voir l’arrêt de sa prise en charge médicale engagerait son pronostic vital. Il est donc indispensable que cette petite fille puisse continuer à être suivie par le service d’onco-pédiatrie du CHU de Rennes,
- habitué à prendre en charge ce type de pathologie avec les mesures d’hygiène indispensables inhérentes à son état d’immunodépression.
- qui a su créer le climat de confiance indispensable à cette prise en charge.
Les professionnels de Santé, signataires, s’insurgent contre des procédures administratives qui vont à l’encontre des besoins de soins de cette enfant et pourraient mettre en péril la vie de celle-ci ».
Au 18 novembre 2013, la famille aurait obtenu un droit d’asile de 3 mois, renouvelable sous condition.
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