Ignominie. Ignominieux de ne serait-ce que pouvoir imaginer qu’un enfant qui vient de naître sera apatride.
Incompétence. M. Copé est avocat de profession. On suppose qu’il maîtrise quelques éléments de droit. M. Copé est parlementaire. On suppose qu’il a entendu parler des accords internationaux. Alors que signifie se dernière proposition de supprimer le droit du sol pour les enfants nés en France de parents en situation irrégulière, dont il sait parfaitement qu’elle va à l’encontre des lois françaises, et des conventions internationales signées par la France, et dont la violation mettrait immédiatement la France hors de la communauté internationale.
Mais M. Copé ne va pas jusqu’au bout de son raisonnement. Il n’envisage pas le cas des enfants nés d’un parent étranger en situation irrégulière et d’un parent français : on fait quoi, là ? Il sera à moitié Français ? Les jours pairs ? les jours impairs ?
La Ligue des droits de l’Homme ne pouvait évidemment pas laisser passer ce nouvel appel du pied même pas dissimulé du président de l’UMP au front national. Elle a donc publié le communiqué suivant.
Jean-François Copé, la main sur le berceau
Après l’enrôlement sauvage des petits pains au chocolat, Jean-François Copé lance une OPA sur les berceaux. La Ligue des droits de l’Homme s’oppose avec force à ce retour particulièrement détestable du débat sur l’identité nationale. Lancé par Nicolas Sarkozy pour ne pas laisser au Front national le « monopole » de la nation, rejeté par une opinion publique inquiète de voir ouvrir une boîte de Pandore, ce dont l’extrême droite avait immédiatement fait son miel, le débat ressurgit sous la forme d’une nouvelle provocation qui bénéficie de l’approbation des hiérarques de l’UMP, dont François Fillon, décidément de moins en moins « sectaire ».
Cette sortie a le mérite de clarifier les enjeux : alors que la France se démène dans des difficultés d’ampleur, dans les domaines de l’emploi, de la santé, du logement, alors que l’actualité fait la démonstration de l’inhumanité des lois sarkozystes sur les étrangers et de la stupidité qu’il y a, pour un gouvernement de gauche, à vouloir « bien appliquer » ces mauvaises lois, le premier parti de l’opposition affiche sa priorité : « purifier » le processus de naturalisation, en le débarrassant des enfants nés sur le sol français de parents étrangers en situation illégale. Pour la plus grande joie du Front national, auquel il l’a emprunté.
En inscrivant d’emblée une génération d’enfants dans une situation précaire, en signifiant qu’elles et ils sont aussi indésirables que leurs parents, les propos de Jean-François Copé fabriqueront de futurs apatrides dès le berceau. La LDH rappelle qu’il s’agit d’un extraordinaire mépris de la situation juridique actuelle, et d’une ignorance des conventions internationales ratifiées par la France. Enfin, on ne peut que s’interroger sur l’opportunité de propos qui sont très éloignés des besoins exprimés par les Françaises et les Français, pour peu qu’elles et ils soient interrogés de façon comparative.
L’objectif revendiqué de la « lutte contre le communautarisme » est destiné à engager un processus dont nul ne peut dire à la porte de qui il s’arrêtera. Il vise surtout, encore et toujours, à s’approprier les thématiques de l’extrême droite pour tenter d’en capter l’électorat. Une stratégie dont le Front national n’a eu jusqu’à présent qu’à se féliciter, puisqu’elle n’aboutit qu’à renforcer et ses thèmes, et son enracinement.
La LDH attend de l’opposition parlementaire qu’elle s’honore en désavouant les propos du secrétaire général de l’UMP, tant ils sont éloignés et des valeurs de la République, et des urgences auxquelles se confrontent la plupart de celles et ceux qui vivent et travaillent dans notre pays.
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