Commentaire trouvé sur la page Facebook de lycéens dont une camarade d’origine africaine, sans papier, vient de recevoir une « obligation de quitter le territoire français » (OQTF) :
Je suis pour l’expulsion d’etranger qui n’ont rien a faire en france. Mais cette jeune fille fait des etudes!!! En quoi ca gene le gouvernement si elle etudie bien qu’elle est assidu et que plus tard elle se trouve un travail qui va lui permettre de participer a l’economie francaise. On ferait mieux d’expulser ceux qui s’assoient sur les allocations en tout genre
Ça n’est pas Nadine Morano qui écrit ça (vous vous rappelez, quand-même, figurez-vous qu’elle a un copain noir !), c’est une lycéenne.
On passe sur les fautes d’orthographe, intéressons-nous au message.
Ça ne démarre pas très bien : cette jeune fille avoue ne pas aimer les étrangers, qui « s’assoient sur les allocations en tout genre ». A-t-elle seulement une idée des « allocations en tout genre » auxquelles ils ont droit ? Sait-elle que la seule indemnité à laquelle sa copine pourrait avoir droit est l’allocation temporaire d’attente (ATA), d’un montant, en 2016, de11,45€ par jour, soit 343,50€ pour un mois de 30 jours, qui n’est versée que pendant un an maximum ? et que, pour y prétendre, il faut que le dossier de demande d’asile de la personne ait été accepté (pas l’asile, seulement le dépôt de la demande d’asile), ce qui n’est manifestement pas le cas de sa copine puisqu’elle a une OQTF.
Justement, revenons à sa copine. Son problème, c’est qu’elle est passée du statut de mineure à majeure, et que par conséquent elle relève désormais du droit commun des majeurs, plus sévère.
Alors, quelle différence y-a-t-il entre cette copine et les autres étrangers dont parle cette lycéenne ? Une seule : elle la connaît, et elle ne connaît pas les autres. Donc les autres sont des étrangers, synonymes de profiteurs etc… Pour cette lycéenne, « étranger » signifie « quelqu’un que je ne connais pas ».
On remarquera que jusqu’au dessus de ce commentaire, il y en a un autre du même acabit…
Une précision, ce lycée n’est pas un lycée de « banlieue » : c’est un lycée rural, dans une région où les étrangers présents sont dans leur immense majorité des gens qui ont répondu à l’appel des industries agro-alimentaires qui les exploitent tant qu’elles peuvent, avec des horaires et des conditions de travail épouvantables, et embauchées souvent dans des conditions très particulières.
Une raison de plus, pour se remettre les idées en place, de venir à Droits en fête, samedi 23 avril, à partir de 15h, au foyer municipal de Loudéac (22) ! L’édition 2016 traite précisément des migrations. Voir programme ici.
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