La Ligue des droits de l’Homme et l’Intersyndicale de Saint-Brieuc (22) aappellent à une manifestation de soutien au peuple turc, ce samedi 8 juin à 15h, au Parc des Promenades. Vous trouverez l’appel ci-dessous, puis la lettre ouverte adressée par la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) au président de la République et au premier ministre turcs.
La mobilisation qui a débuté vendredi dernier en Turquie, contre le projet d’aménagement urbain du parc Gezi s’est transformée en un mouvement d’union populaire contre la politique du chef du gouvernement AKP.
Ce mouvement rassemble des centaines de milliers de personnes qui font l’objet d’une répression policière féroce et d’un usage excessif de la force, en toute impunité.
La Ligue des Droits de l’Homme condamne la violence et l’ampleur de la répression, et exprime sa solidarité aux manifestants. Elle appelle le Gouvernement turc à respecter les droits fondamentaux internationaux.
En soutien aux populations qui luttent pour le respect de la démocratie, de la laïcité, pour le progrès social, elle appelle à un rassemblement :
Samedi 8 juin à Saint Brieuc,
Parc des promenades à 15 heures.
LETTRE OUVERTE de la FIDH
S.E. Mr. Abdullah Gül, Président de la République de Turquie
S.E. Mr. Recep Tayyip Erdoğan, Premier ministre
cc. H.E. Mr. Beşir Atalay, Vice-Premier ministre en charge des droits de l’Homme
Paris, Ankara, 5 juin 2013
Re : Usage disproportionné de la force par la police
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre,
La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme et ses organisations membres en Turquie la Fondation des droits de l’Homme (TIHV – Türkiye İnsan Hakları Vakfı) et l’Association des droits de l’Homme (IHD – İnsan Hakları Derneği) tiennent à vous exprimer leur plus profonde inquiétude et indignation quant à la violence policière manifestement disproportionnée qui entoure les manifestations qui ont débuté le 27 mai 2013.
Ces manifestations initialement rassemblées contre un projet d’urbanisme autour du Park Gezi se sont rapidement transformées en mouvement de contestation contre l’oppression, notamment en réaction à la violence policière dont les manifestants de la place Taksim ont été l’objet.
À ce jour, et selon les informations du syndicat des docteurs de Turquie (Turkish Medical Association), 2800 personnes ont été blessées à l’occasion des manifestations à Ankara, Izmir et Istanbul uniquement. Lundi 3 juin, un premier décès était annoncé, un second l’était mardi. Plus de trois mille de personnes ont été arrêtées et des actes de torture et/ou traitements inhumains et dégradants ont été rapportées selon la TIHV, membre de la FIDH.
Nos organisations membres, TIHV et IHD ont pu documenter l’utilisation excessive et disproportionnée des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestations, en violation du droit international, notamment des Principes des Nations unies sur l’usage de la force et des armes à feu par des agents de maintien de la paix.
Ainsi, des cartouches de gaz lacrymogène ont été très largement tirées pour contraindre des manifestations initialement pacifiques. Beaucoup ont également été dispersées à partir d’hélicoptères au dessus des zones résidentielles sans manifestants. A plusieurs occasions, des cartouches ont été tirées à l’intérieur de domiciles, en violation notamment des principes de nécessité et de proportionnalité.
En outre et à plusieurs reprises, des cartouches de gaz lacrymogène ont été tirées à courte distance, et dirigées vers la tête des manifestants. Ceci a eu pour conséquence de nombreuses blessures dans les yeux ou causés de nombreux traumatismes crâniens.
En outre, l’utilisation de gaz de nature indéterminée et plusieurs attaques contre des ambulances ont empêché à plusieurs reprises l’assistance médicale aux personnes blessées dans les manifestations.
Dans ce contexte, nous vous appelons à
- garantir le droit à la manifestation pacifique et la liberté d’expression,
- relâcher tous les manifestants pacifiques maintenus en détention,
- garantir l’accès aux soins des personnes dans le besoin,
- mettre un terme immédiat à tout acte de violence policière contre les manifestants,
- mettre en place une commission d’enquête indépendante et impartiale sur les allégations de torture et de traitements inhumains, ainsi que sur l’utilisation disproportionnée de la force par les organes de maintien de l’ordre.
Comme nous l’avons dit récemment, à l’occasion du 38ème Congrès de la FIDH, au Président de la République et au Vice Premier Ministre, la FIDH est particulièrement préoccupée par les violations systématiques et récurrentes de la liberté d’expression en Turquie. Les événements récents ne peuvent que conforter notre crainte que le gouvernement ne privilégie l’autoritarisme et la répression en réponse aux préoccupations légitimes exprimées par les manifestants, plutôt que le dialogue et la concertation.
Nous vous appelons une nouvelle fois à approfondir les réformes indispensables à la réussite de la transition en Turquie, telles que nous vous les avons exprimées dans notre appel à mettre en œuvre Huit Mesures Essentielles [http://www.fidh.org/8-mesures-pour-consolider-la-paix-en-turquiela-fidh-saisit-le-13193]. La garantie de la liberté d’expression et son corollaire, la liberté de manifestation pacifique, en constituent une pierre angulaire.
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à notre lettre, nous vous prions d’agréer nos sentiments les plus respectueux,
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