La Garde des sceaux a décidé de réunir une « conférence du consensus », pour tenter de trouver une solution au problème véritablement dramatique des prisons. La surpopulation carcérale a atteint un seuil tel que les professionnels redoutent aujourd’hui des drames.
Parallèlement à ce problème de surpopulation en est posé un autre : la pertinence de l’emprisonnement, notamment pour les petits délits et les courtes peines.
L’avis daté du 21 février de la Commission nationale consultative de droits de l’Homme, et le rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté rendu public le 25 février, ont presque simultanément souligné la « nécessité de rompre avec ce cercle vicieux » qui consiste à emprisonner pour prévenir la récidive, alors que toutes les études sérieuses prouvent le contraire, en France comme à l’étranger.
C’est ce qui a conduit la Ligue des droits de l’Homme à publier un communiqué dans lequel elle rappelle fermement sa position : « on disait, c’est la prison ou la récidive, et nous avons eu la prison ET la récidive ». L’échec est donc patent.
Voici donc ce communiqué, diffusé le 28 février dernier, mais qui semble avoir été superbement ignoré par les médias.
Le problème de la récidive, c’est que la prison n’est pas la solution !
Les 14 et 15 février, la Conférence de consensus sur la prévention de la récidive a permis à l’ensemble des parties prenantes – magistrats, avocats, policiers, chercheurs – de faire le constat unanime de la faillite de cette politique de l’ultra-« sécuritaire » et du tout-carcéral. La Commission nationale consultative des droits de l’Homme, dans son avis rendu le 21 février, et le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, notamment dans son dernier Rapport paru le 25 février, ont pleinement confirmé cette évaluation et la nécessité de rompre avec ce cercle vicieux par lequel des gouvernants ont en réalité entretenu ce qu’ils prétendaient combattre.
Depuis de trop longues années, en France, les lois « sécuritaires » s’empilent les unes sur les autres, les prisons se remplissent jusqu’à la surpopulation et aux condamnations de la France pour traitement inhumain et dégradant… et ni le sentiment d’insécurité ni la crainte devant les risques de récidive ne reculent, bien au contraire. On disait c’est la prison ou la récidive et nous avons eu la prison et la récidive.
La Ligue des droits de l’Homme considère que les constats et les propositions formulées par ces instances, appuyées sur des analyses qu’aucun observateur sérieux n’a pu contester, ouvrent la voie à une autre politique qui réduirait cette fois efficacement les risques de récidive tout en respectant les droits et la dignité de tous.
Rompre avec l’inflation pénale et pénitentiaire sans limites raisonnables ; développer les sanctions alternatives à l’emprisonnement pour les petits délits ; en finir avec des conditions de détention contraires à la dignité humaine, qui amplifient massivement les risques de récidive ; faire des prisons des lieux de respect du droit et des droits, d’accès aux services publics et aux outils de réinsertion ; dégager les moyens d’un accompagnement effectif des fins de peine en milieu ouvert et des sorties de prison : c’est agir à la fois pour le respect des droits des personnes détenues, pour l’utilité du travail des agents du service public pénitentiaire, et aussi protéger, cette fois réellement, l’ensemble de la société contre les risques d’une récidive, dont on sait ce qui y mène si souvent aujourd’hui.
La Garde des Sceaux le disait il y a peu : « Nos prisons sont pleines, mais vides de sens ». La République ne peut continuer à tolérer cette situation indigne et dangereuse. La LDH demande que les pouvoirs publics mettent en œuvre sans tarder le changement qui s’impose et ne tergiverse pas sur les moyens budgétaires et humains pour un résultat tangible et donc rapide.
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