Spartacus et Cassandra le 28 novembre au Cithéa de Plouguenast (22) : vidéos et critiques

Ioanis Nuguet, réalisateur, entouré de Spartacus et Cassandra.

« Spartacus et Cassandra » sera projeté samedi 28 novembre au Cithéa, le cinéma associatif de Plouguenast (22), avec qui la section Loudéac centre Bretagne  de la Ligue des droits de l’Homme a déjà travaillé en partenariat (« La Guerre des boutons » pour le roman de Bertrand Rothé, « Lebrac, 3 mois de prison », en 2011, et « La saga des Contis », de Jérôme Plateau qui avait participé au débat par visio conférence, en 2013). Ioanis Nuguet, réalisateur, sera là pour le débat après le film.

Ce film, qui raconte la vie difficile de deux enfants Rroms, tiraillés entre l’amour pour leurs parents et la difficulté de vivre avec eux, et qui sont sauvés par leur rencontre avec Camille, une jeune artiste trapéziste qui se transforme en éducatrice, a été, à sa sortie, début 2015, salué de façon unanime par la critique. Et il a obtenu de nombreux prix (voir photo plus bas).

Voici un extrait du film (le début), puis l’article de la critique de cinéma Guillemette Odocino (Télérama), et, en fin d’article, une interview de Ianis Nuguet.

httpv://youtu.be/0D8BR4cuWgk

Critique de la journaliste Guillemette Odicino, publiée par l’hebdomadaire Télérama :

« A 1 an, je marchais… A 3 ans, mon père était en prison… A 4 ans, je faisais la manche avec ma soeur… A 7 ans, je suis arrivé en France… » La voix de Spartacus ouvre ce documentaire comme le « il était une fois » d’un conte. Aujourd’hui, ce gamin rom a 14 ans. Avec sa soeur cadette, Cassandra, il a trouvé refuge dans un cirque de la banlieue de Paris, sous la protection de Camille qui s’est improvisée éducatrice parce qu’elle refuse qu’il n’y ait pas d’avenir pour ces deux gosses-là. Marcher sur un fil n’est pas qu’un numéro d’équilibriste sous un chapiteau : pour certains enfants, c’est l’histoire d’une vie.

Très vite, Spartacus et Cassandra se retrouvent face à un choix. Rester avec leurs parents : un père alcoolique qui ne rêve que de partir en caravane ailleurs, toujours ailleurs, et une mère un peu folle qui vend du muguet fané sur le trottoir. Ou accepter, comme le juge les y engage, leur placement dans une famille d’accueil. La loi du sang, même toxique, ou l’intégration et ses contraintes : aller à l’école, devenir sédentaires et sages…

De ce dilemme, le réalisateur fait un film de mouvements : caméra à l’épaule, il suit ses merveilleux petits héros dans leurs doutes, leurs colères et ces moments radieux où, en pleine nature, ils abandonnent leur incroyable maturité pour des gestes de l’enfance. Cassandra, petite princesse gitane aux ongles roses, veut voir la France comme un eldorado : dans le poème qu’elle a écrit et qu’elle récite (moment suspendu, bouleversant), une maison, soudain, devient l’inverse d’une cage. Spartacus, petit guerrier insoumis et jeune auteur de rap, hésite encore : a-t-il le droit d’être heureux quand ses parents, eux, restent condamnés à l’errance et usent du chantage affectif ? Le film, douloureux, lumineux, refuse la fatalité de ceux qui sont nés pour n’être chez eux nulle part. Et défend le droit de chaque enfant, même « du voyage », à planter un arbre qu’il pourra voir grandir. — Guillemette Odicino

Pratique. Entrée 4€. Projection organisée dans  le cadre du mois du film documentaire. Partenaires, CAC Sud 22, le Cithéa, la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme.

Interview de Ioanis Nuguet

httpv://youtu.be/apyU14q3c0c