V. Rébérioux : « halte au racisme ! halte à l’ethnicisation du débat public ! »

Un problème technique dans l’éditeur de texte du site a fait que cet article est paru dans un corps de caractère miniscule, et que le texte dépassait largement l’espace qui lui est réservé sur la page, rendant la lecture très difficile sinon impossible. Les choses sont rentrées dans l’ordre : nou publions donc cet article à nouveau, dans une version plus lisible.

L’opération « marchons contre le racisme » du samedi 30 novembre a mobilisé plus de cent villes à travers le pays. Dans chaque ville, la Ligue des droits de l’Homme figurait en bonne place. A Paris, place de la Bastille, c’est Vincent Rébérioux, historien et vice-président de la Ligue des droits de l’Homme, qui a conclu la manifestation par deux mots d’ordre : halte au racisme, halt e à l’ethnicisation du débat public.

La Ligue appelle par ailleurs à répondre aux prochains rendez-vous :

• « Rassemblement unitaire pour transmettre le message des marcheurs d’il y a trente ans et continuer à mener le combat qui fut le leur », mardi 3 décembre, à 18h30, à Paris, devant la gare Montparnasse (là où est arrivée la Marche de 1983). Premiers signataires : Ligue des droits de l’Homme, Collectif ACLefeu, association Au Nom de la Mémoire ;

• manifestation nationale contre le racisme et pour l’égalité des droits, samedi 7 décembre, à Paris, à 14h, au départ du square Saïd Bouziri, devant l’église Saint-Bernard (métro Barbès) à l’appel du collectif national « Egalité des droits – Justice pour tous » (dont la LDH est membre) ;

• et également le mercredi 18 décembre, à Paris, à 18h, du métro Belleville à République, pour une manifestation pour la Journée internationale de défense des droits des travailleuses et travailleurs migrants et de leurs familles à l’appel d’Uni(e)s contre une immigration jetable – Ucij (dont la LDH est membre).

Ci-dessous, le texte de l’intervention de Vincent Rébérioux à l’issue de la marche parisienne.

Halte au racisme, halte à l’ethnicisation du débat public

Intervention de la LDH à la fin de la marche contre le racisme, samedi 30 novembre à Paris, place de la Bastille, par Vincent Rébérioux

Cette journée était nécessaire, elle était utile. Le défi a été relevé. Dans plus d’une centaine de villes, des manifestations se sont tenues, très largement unitaires, pour dire « halte au racisme, halte à l’ethnicisation du débat public ».

Depuis plusieurs mois, les provocations se succèdent, les stigmatisations verbales sont suivies d’effets, des populations entières se voient désignées comme responsables des maux qui accablent la France.

Les insultes dont la ministre de la Justice, garde des Sceaux, Christiane Taubira a été la cible, s’inscrivent dans ce contexte nauséabond où chacune, chacun court le risque de se voir ramené à son origine, réelle ou supposée, à sa couleur, à sa religion. Ces assignations à résidence sont la négation même de l’humanité, elles s’attaquent au cœur de la République et de sa promesse d’égalité.

C’est pourquoi la Ligue des droits de l’Homme s’est engagée résolument dans le processus de mobilisation qui nous rassemble aujourd’hui. Ce mouvement, démarré à Angers le 11 novembre dernier, s’est poursuivi et a pris toute son ampleur grâce à l’engagement des collectifs Antillais et Ultramarins, que nous saluons ici pour leur détermination ; mais aussi avec le concours des grandes organisations syndicales attentives à combattre, au travail comme dans la vie, les expressions multiples du racisme, qui ne visent qu’à opposer entre eux toutes celles et tous ceux qui ont de bonnes raisons de vouloir construire un avenir commun, un avenir meilleur, fondé sur l’égalité et la fraternité.

Nous avons su, au-delà de nos histoires, de nos différences, nous regrouper pour affronter la bête immonde.

Il nous faut continuer, car elle est désormais déchaînée : il y a quelques jours encore, sur une chaîne de télévision, le maire de Marseille tenait, sur un mode ironique, des propos aux relents antisémites, à l’endroit d’un responsable politique…

Il nous faut continuer, car cette union n’est qu’ébauchée ; de larges secteurs de la société française restent encore à la lisière de mobilisations dont ils pensent qu’elles excluent leur situation propre, qu’elles excluent leurs identités et leur citoyenneté pleine et entière.

La conviction de la Ligue des droits de l’Homme est simple : « le racisme n’a qu’une stratégie, diviser, diviser à l’infini, dresser les uns contre les autres ». Cela nous dicte notre stratégie qui est de rassembler, rassembler encore et toujours, inlassablement.

C’est pourquoi nous sommes aux côtés des organisateurs de la marche du samedi 7 décembre, à Paris, pour l’égalité des droits et la justice pour tous. C’est pourquoi nous sommes aux côtés des travailleurs sans papiers pour la défense des droits des migrants, le 18 décembre. C’est pourquoi, dans trois jours, mardi 3 décembre, date anniversaire de l’arrivée de la Marche pour l’égalité de 1983, nous nous rassemblerons, à Paris, à 18h30, sur le parvis de la gare Montparnasse.

Au soir de cette belle journée de mobilisation, nous nous tournons vers les pouvoirs publics, vers les élus et, puisque nous allons vers des élections, vers les candidats, pour leur dire : il vous revient de veiller à ce que le débat public s’épanouisse dans le cadre du pacte républicain ; il vous revient de bannir les ententes ignobles avec toutes les manifestations de racisme, avec toutes les dérives d’extrême droite ; il vous revient de veiller à ce que l’Etat, à ce que la République n’en adoptent ni le ton ni les méthodes !

Soyez donc vigilants, soyez courageux.

Nous entendons, pour notre part, rester mobilisés autour des valeurs de la République telle que nous l’aimons : libre, égale et fraternelle.

Je vous remercie.

 

Fichiers automatisés : lettre ouverte à Mme Taubira

Le scandale de la NSA, cet organisme des services secrets américains qui a écouté et fichier le monde entier pendant des années a occupé les médias pendant quelques semaines. Il ne faudrait pas que ceci nos empêche de balayer devant notre porte : en France aussi, la vie privée subit des attaques, et les fichiers  FAED (fichier automatisé des empreintes digitales) et FNAEG (fichier national automatisé des empreintes génétiques) sont des illustrations de ces menaces. C’est ce qui justifie la lettre ouverte que la Ligue des droits de l’Homme, le Syndicat de la Magistrature, le syndicat des avocats de France, le Ceis Terminal et le Cecil ont adressé à Chritiane Taubira, garde des Sceaux ministre de la justice, avec copie au ministre de l’intérieur. En voici une copie :

Objet : Lettre ouverte à Madame Christiane Taubira, garde des Sceaux

Madame la garde des Sceaux,

Comme vous le savez, la Cour européenne des droits de l’Homme, dans un arrêt du 18 avril 2013, devenu définitif le 18 juillet 2013 (affaire « M. K. c France », requête n°19522/09), a jugé que la

France avait commis une violation de l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, aux termes duquel « Toute personne a droit au respect de la vie privée », à propos du Fichier automatisé des empreintes digitales (Faed).

Selon la Cour, la France a « outrepassé sa marge d’appréciation en la matière », tant en ce qui concerne l’arbitraire du fichage que la durée de conservation des données. En effet, la Cour a estimé que « le régime de conservation, dans le fichier litigieux, des empreintes digitales de personnes soupçonnées d’avoir commis des infractions mais non condamnées, tel qu’il a été appliqué au requérant en l’espèce, ne [traduit] pas un juste équilibre entre les intérêts publics et privés concurrents en jeu. Dès lors, la conservation litigieuse s’analyse en une atteinte disproportionnée au droit du requérant, au respect de sa vie privée, et ne peut passer pour nécessaire dans une société démocratique ».

L’arrêt précité a une portée qui dépasse ce fichier pour s’appliquer aux données enregistrées dans tous les fichiers posant des problèmes similaires, en particulier le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), auxquels devraient être appliqués les mêmes principes de proportionnalité, de pertinence, de non-excessivité et non-stigmatisation. Ainsi que la Cour le rappelle, de manière générale « le droit interne doit notamment assurer que ces données soient pertinentes et non excessives par rapport aux finalités pour lesquelles elles sont enregistrées, et qu’elles soient conservées sous une forme permettant l’identification des personnes concernées pendant une durée n’excédant pas celle nécessaire aux finalités pour lesquelles elles sont enregistrées. Il doit aussi contenir les garanties de nature à protéger efficacement les données à caractère personnel enregistrées ».

L’article 46.1 de la Convention stipule que les Etats s’engagent à se conformer aux arrêts définitifs de la Cour, dans les litiges auxquels ils sont parties. Par conséquent, l’Etat français doit mettre à exécution la décision de condamnation et entreprendre la modification du droit applicable non seulement pour le Faed, mais aussi le Fnaeg, qui est soumis à un régime juridique similaire.

Une exécution pertinente de l’arrêt conduit, par conséquent, à établir des critères stricts concernant l’enregistrement des données personnelles du Fnaeg. Initialement mis en place pour les délinquants auteurs de crimes sexuels, il concerne, après de multiples extensions législatives, presque toutes les infractions, mêmes mineures. Mais il y a plus. C’est l’expression même « personnes susceptibles de », qui autorise le fichage de personnes n’ayant commis aucune infraction et qui sont donc présumées innocentes, qu’il convient de bannir. L’expérience a ainsi montré que figuraient indument dans ce fichier et étaient l’objet de prélèvements génétiques (sous peine de sanctions pénales) de nombreuses personnes. Cette extension du fichage entraîne un risque de stigmatisation de personnes n’ayant commis aucune infraction, mises alors sur le même plan que des délinquants sexuels, ce que condamne la Cour.

La durée de conservation des données en cas de condamnation des personnes mineures, qui est excessive, devra par ailleurs également être réduite à une durée pertinente.

Enfin, le nouveau droit devra nécessairement faire figurer l’obligation de suppression de plein droit des enregistrements au Faed et au Fnaeg en cas de relaxe, d’acquittement, de classement sans suite ou autres abandons de poursuites.

Aussi, les organisations signataires vous demandent de bien vouloir tenir compte de la jurisprudence précitée de la Cour européenne des droits de l’Homme et, en conséquence, de modifier les lois et règlements régissant tant le Faed que le Fnaeg, dans les sens sus-indiqués.

Nous vous prions d’agréer, madame la garde de Sceaux, l’expression de nos cordiales salutations.

Quimper et Rennes : succès des marches contre le racisme

Photo Ouest-France

Les sections de Quimper (29) et Rennes (35) de la Ligue des droits de l’Homme ont organisé des marches contre le racisme, samedi 30 novembre.

A Quimper, le rendez-vous était aussi festif  avec des groupes musicaux. Des personnalités politiques se sont joints aux 500 personnes qui ont participé à la manifestation, pour dénoncer la banalisation du racisme. Même ambiance à Rennes, où 600 personnes s’étaient rassemblées.

Articles à lire dans Ouest-France et Le Télégramme :

http://www.ouest-france.fr/rennes-600-personnes-marchent-contre-le-racisme-1752539

http://www.ouest-france.fr/quimper-plus-de-500-marcheurs-republicains-1752610

http://quimper.letelegramme.fr/local/finistere-sud/quimper/ville/marche-pour-l-egalite-500-personnes-a-quimper-30-11-2013-2321807.php

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/bretagne/racisme-plus-d-un-millier-de-manifestants-en-bretagne-01-12-2013-2321940.php

 

Des dizaines de marches contre le racisme

Le journal Le Monde annonce 25.000 personnes à la marche parisienne contre le racisme. Dans toute la France, des dizaines de marches ont été organisée pour refuser cette aberrante régression qui nous ferait revenir des dizaines d’années en arrière.

A Dinan (22), c’est Patrick Briend, de la section dinanaise de la Ligue des droits de l’Homme, qui a lu la déclaration commune des associations ayant participé au collectif d’organisation de ces marches. Pour voir la vidéo (3’02), cliquer ci-dessous.

httpv://youtu.be/4KRNiAx72Ks

Samedi 30 novembre 2013 : c’est aujourd’hui qu’on marche, pour « laver l’affront »

C’est aujourd’hui, samedi 30 novembre 2012, que les démocrates, les républicains, les humanistes, ceux qui ne se résignent pas à voir la société française s’engluer dans la fange raciste, marcheront ensemble dans des dizaines et des dizaines de villes. Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, rappelle, dans une tribune publiée par le site d’information Médiapart, les enjeux de cette journée : ils s’agit tout simplement « de laver l’affront ».

Le 30 novembre, dans les villes, petites et grandes, nous allons manifester contre le racisme dont la ministre de la justice, Garde des sceaux, Christiane Taubira, a été la cible.

Le 30 novembre au soir, nous aurons lavé l’affront. Et nous serons d’autant plus forts pour poursuivre notre combat contre le racisme et ses trop nombreux compagnons de route, la xénophobie, les discriminations…

Pour ce faire, et cela dépend pour une part de chacune et chacun d’entre nous, il nous faut contribuer au succès de cette journée de marches tenues dans la France entière. Car pour réussir, créer ensemble une dynamique forte, porter un coup d’arrêt aux droites extrêmes et aux désignations de boucs émissaires, il convient de se rassembler, le plus largement possible.

Car notre ambition va au-delà de la simple expression de notre dégoût. Nous voulons mettre un terme à toutes les dérives, rétablir une norme républicaine de débat et, à cette fin, faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore : nous voulons redonner souffle et allant à l’utopie magnifique de la fraternité et à l’égalité, sa sœur jumelle.

Il n’est que temps. Une ministre de la République traitée de singe, la prise à partie lancinante des étrangers, un autre ministre qui décrète l’incapacité à s’intégrer de telle catégorie de population… Avec cette incroyable dégradation du débat public, dont les exemples hélas, foisonnent, des millions d’entre nous se retrouvent déniés dans leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture et de leur religion.

Il n’est que temps. Car une partie des hommes et des femmes politiques de notre pays s’en contentent ou, pire, exploitent cette situation. De boucs émissaires extérieurs en ennemis de l’intérieur, les doigts se tendent pour désigner les coupables qui seraient à l’origine de nos maux, qui détruiraient notre pays et ruineraient notre avenir.

Ce projet de division et d’exclusion vise la République en son cœur. Il est destructeur non seulement pour celles et ceux qui le subissent mais pour la société toute entière. La haine générée grandit, nourrie par la bêtise et l’ignorance, infiltrant tous les rouages de la vie sociale par une explosion numérique nauséeuse, générant conflits et violences, rancœurs et esprit de revanche, assignations à résidence et replis communautaires.

C’est la démocratie elle-même, au plus profond de ses ressorts, celle que nous avons mis plus de deux siècles à construire, qui est atteinte. C’est la France républicaine en ce qu’elle représente à la face du monde d’espoir d’un monde solidaire qui est rabaissée.

Voilà pourquoi il nous faut être nombreux à le réaffirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

Contexte de crise aidant, ces valeurs sont agressées par une extrême droite qui se sent des ailes, méprisées par une partie de la droite, minées par les inégalités sociales et trop souvent abandonnés par ceux là même qui devraient les graver au plus profond de notre pacte citoyen.

La mobilisation qui s’opère autour du 30 novembre montre que ces défis sont identifiés: elle porte la volonté de leur opposer une fraternité de combat, une égalité effective, pétrie de dignité et de droits concrets. Elle permet de faire entendre une exigence, de faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore, elle permet de redonner souffle à l’utopie magnifique de la fraternité et allant à l’égalité, sa sœur jumelle.

Elle inaugure de fait un agenda de rencontres qui peut s’avérer fructueux si chacun y travaille et – pourquoi pas ? – ensemble. La Ligue des droits de l’Homme entend ainsi commémorer solennellement la marche pour l’égalité d’il y a trente ans ce 3 décembre place de la République à Paris ; elle manifestera le 7 décembre pour rappeler que les mesures d’égalité réclamées il y a trente ans sont hélas des revendications toujours d’actualité ; et le 18 décembre elle défilera pour le respect des droits des migrants dans notre pays.

Cet agenda n’est-il pas mobilisateur et possiblement  rassembleur autour de l’égalité des droits ?

Il nous permet d’inscrire le refus de la haine au cœur des débat publics à venir, de rappeler à tous ceux qui seraient tentés par un dialogue avec les « bonnes questions» de l’extrême droite que les seules bonnes réponses qui vaillent sont, résolument, enracinées dans la justice sociale et son indispensable corollaire, l’égalité.

 Pierre Tartakowsky

Marchons en Bretagne contre le racisme : Rennes (35), Quimper (29), Dinan (22)

La liste des marches s’allonge chaque jour : le site dédié à l’opération en recense ce matin plus de quatre-vingts. En Bretagne, une troisième vient de s’ajouter à celles de Rennes et Quimper. Elle aura lieu à Dinan, à 15h, sur l’esplanade de la Résistance, à l’appel de syndicats : la CGT, la CFDT, la FSU, le SNES, l’UNSA, Solidaires ; d’associations : la FCPE (parents d’élèves), le Mouvement de la Paix, Solidarité pays de Rance, et avec le soutien de partis politiques : PS, Front de Gauche, Europe Ecologie-les Verts, NPA.

La multiplication des agressions et des déclarations racistes, jusques et y compris de la part d’organisations politiques qui siègent au parlement, sont devenues encore plus insupportables, par leur nombre, leur violence, et aussi par la mollesse des réactions de ceux dont on est en droit d’attendre qu’ils les dénoncent. Ces multiples marches rappelleront aux citoyens de ce pays que le racisme n’est pas une opinion : c’est un délit, qui est puni par la loi. Si cette tendance à le banaliser se poursuivait, on assisterait à une régression terrible de la morale publique. C’est pourquoi il faut absolument que toutes les forces humanistes, démocrates et républicaines se réunissent samedi pour mettre un terme à ce phénomène, et faire comprendre aux racistes qu’il n’y a pas de place pour leurs discours et leurs agissement dans un pays dont la devise est « Liberté, égalité, fraternité ».

Lire aussi ici.

 

Marchons contre le racisme : 10 nouvelles marches programmées

Dix nouvelles marches contre le racisme sont programmées pour le samedi 30 novembre : l’appel de la Ligue des droits de l’Homme est bien reçu par tous les militants des droits, et les nombreuses associations (voir la liste ici) qui s’y sont associées mobilisent aussi de leur côté. En Bretagne, deux marches sont prévues : Quimper et Rennes (lire ici).

Les formes que prennent ces marches sont diverses, elles prévoient généralement des animations musicales, du théâtre, de la danse (notamment place Saint-Corentin à Quimper). A Dijon, une déclaration commune des associations et des syndicats signataires de l’appel est diffusé et sera lu pendant la manifestation. En voici le texte :

Les associations : AODOMAB (association des Originaires d’Outre-mer et amis en Bourgogne), ATMF(Association des Travailleurs Maghrébins de France) Cimade, FCPE, Ligue des droits de l’Homme, Ligue de l’Enseignement, Maison de la Méditerranée, Mouvement de la Paix, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) Ras le front, SOS racisme,

Les organisations syndicales : CGT 21, CFDT Côte-d’Or, CNT, FSU 21, Solidaires 21, SGEN-CFDT, UNEF, répondent à l’appel initié nationalement par de nombreuses associations et organisations syndicales afin d’alerter sur l’ampleur et la gravité que prennent dans notre pays les dérives racistes ; les attaques récentes qui, au travers d’une ministre de la République, ministre de la Justice et Garde des sceaux, visent à dénier l’appartenance humaine à des millions de personnes,  sont l’expression d’un racisme urgent à combattre  car il met en danger la société :

Le racisme stigmatise des groupes entiers à partir de préjugés sur des apparences, niant à la personnalité individuelle sa capacité à évoluer librement ; le racisme enferme condamne et exclut des individus par des jugements globaux et définitifs totalement arbitraires : ainsi il contredit le principe républicain de liberté.

Le racisme installe dans les têtes l’idée d’une hiérarchie entre les êtres humains, en contradiction totale avec le principe républicain d‘égalité

Le racisme vise la division et sème la haine : il est en contradiction avec le principe républicain de fraternité qui, seul, peut garantir un avenir de paix et de justice

Le racisme prend ses racines dans les pages sombres de l’Histoire :

  • Durant des siècles, en Europe et en France il y a eu des tentatives de justification des guerres et de l’exploitation des vaincus à partir de l’origine, de la couleur de peau, du sexe, de la religion ou du mode de vie,
  • La traite esclavagiste puis la domination coloniale, au nom d’une supériorité supposée et totalement inepte d’un « homme blanc » ont laissé des plaies profondes , toujours vivantes.
  • Le nazisme a voulu exterminer des populations pour faire règner sur l’Europe l’imposture d’une « race supérieure » pourchassant particulièrement Juifs et Tsiganes avec la complicité, en France  du régime de Vichy et dont d’aucuns, à l’extrême-droite, se reconnaissent ouvertement les héritiers.

Nous tenons à rappeler qu’au-delà des innombrables diversités physiques il n’existe qu’une seule espèce humaine et que dans une société démocratique, pas plus que l’apparence physique, le genre, les choix spirituels, les origines, le mode de vie ne peuvent être des facteurs de discriminations et conduire à des persécutions, c’est pourquoi le racisme n’est pas une opinion mais un délit, devant la loi de la République.  

A présent dans nos sociétés en crise, le désarroi et la colère sont exploités par tous ceux qui désignent à la vindicte populaire des populations qui ne sont pas responsables de cette crise et qui au contraire en sont souvent les premières victimes : simpliste, commode pour éviter de poser les vraies questions mais injuste et dangereux , porteur de menaces sur  l’avenir commun : le racisme mine la société, à chacun, chacune d’en prendre conscience pour s’en délivrer et en débarrasser la société : le combat est à mener ensemble et individuellement, c’est notre responsabilité de citoyen (ne)s.

C’est pourquoi ces organisations appellent, en écho à la Marche contre le racisme qui aura lieu à Paris le même jour, à exprimer une condamnation collective du racisme par un rassemblement citoyen à Dijon ce samedi 30 novembre place François Rude à 11h30

Les gens du voyage dénoncent le manque de places en aires d’accueil

Les aires d'accueil des Côtes d'Armor (Itinérance 22, http://itinerance22.canalblog.com/archives/p20-20.html)

Le fait est suffisamment rare pour être remarqué : les gens du voyage ont convoqué la presse pendant le week-end dernier à Nantes, pour dénoncer leurs conditions de vie qui se dégradent.

Les deux problèmes majeurs qu’ils rencontrent sont d’une part le manque de places dans les aires d’accueil, et les problèmes avec les sédentaires. Deux problèmes intimement liés, le premier étant souvent à l’origine du second. Christophe Sauvé, président de l’association nationale des gens du voyage chrétiens explique : « Les gens du voyage ne souhaitent pas être en stationnement illicite: nous comprenons le désarroi des chefs d’entreprise, des riverains, on le comprend, mais nous n’avons pas fait ce choix d’être dans ces situations et on ne nous fait aucune proposition de stationnement licite ».

La loi fait obligation aux communes de plus de 5000 habitants de mettre à la disposition des voyageurs une aire d’accueil aménagée, dont le nombre de places est proportionnelle à l’importance de la commune. Un plan départemental complète et coordonne le dispositif, et doit prévoir des aires de « grand passage », destinés à accueillir les grands regroupements, la plupart du temps religieux.

Tous les départements, loin s’en faut, ne respectent pas cette obligation, et c’est la même chose pour les communes. Les stationnements illicites deviennent alors inévitables, et peuvent être à l’origine de conflits avec les populations sédentaires. Conflits qui sont systématiquement utilisés pour ternir l’image des voyageurs, y compris lorsqu’ils sont dans leurs droits, ce qui est le cas la plupart du temps : on le voit régulièrement avec certains maires, comme Estrosi, par exemple, à Nice.

En Loire-Atlantique par exemple, le déficit est de 168 places, et il est augmenté en ce moment de 42 autres places en raison de travaux de réfection en cours sur une aire.

Autre conséquence, encore plus grave : la situation des voyageurs en dehors des stationnements illicites est encore plus précaire, et la scolarisation des enfants devient encore plus difficile, avec des changements de lieux plus fréquents. Yannick Péron, président de l’association départementale des gens du voyage citoyens de Loire-Atlantique souligne une autre conséquence : « Les situations sont intolérables, on ne peut pas continuer, nos enfants grandissent avec l’idée que la société ne veut pas d’eux ».

Le département des Côtes d’Armor fait figure de bon élève, avec 15 aires d’accueil qui totalisent 204 emplacements familles.

 

 

La Saga des Contis au Cithéa : Jérôme Palteau en visio-conférence

C’était une première pour le cinéma le Cithéa de Plouguenast, ça l’était aussi pour le mois du film documentaire dans la région, et c’en était une également pour la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme : Jérôme Palteau, réalisateur du film La Saga des Contis n’a pas pu se déplacer pour animer le débat qui a suivi le film. Mais il y a tout de même participé, grâce à une connexion par Skype, retransmise via le projecteur de la salle sur le grand écran. Résultat : remarquable ! Un confort même supérieur pour les spectateurs qui ont bénéficié d’une image certes un peu saccadée (connexion wifi un peu éloignée), mais tout à fait correct, et un son de très bonne qualité.

Une idée à retenir pour vos débats futurs, à condition bien entendu de disposer d’une connexion Internet dans la salle.

Et il aurait été dommage que ce débat n’ait pas pu avoir lieu. Jérôme Palteau a répondu avec intelligence et sensibilité aux nombreuses questions des spectateurs, qui avaient déjà été conquis par la qualité exceptionnelle du film, aussi bien sur le fond que la forme !

Un grand film, que toutes les sections de la Ligue des droits de l’Homme devraient projeter !

 

France, resaisis-toi : signez la pétition !

La Ligue des droits de l’Homme soutient la pétition lancée par un adjoint au maire de Brétigny-sur-Orge, Steevy Gustave, et appelle à la signer et la diffuser.

Steevy Gustave, qui était candidat Eutope écologie les Verts aux élections législatives en 2012, est chargé de la citoyenneté, la démocratie et l’égalité des chances à Brétigny-sur-Orge. Il s’est beaucoup investit dans le domaine de la culture et auprès des jeunes, notamment grâce au hip-hop.

Il est l’auteur de cette pétition de soutien à Christiane Taubira, victime d’insultes et d’injures racistes et de menace.

La pétition peut être signée ici. N’hésitez pas à la signer et la diffuser !

Le texte de la pétition

« C’est pour qui la banane ? C’est pour la guenon ». C’est par ces mots qu’une fillette de 12 ans a brandi il y a quelques jours à Angers une peau de banane à l’endroit de Christiane Taubira. Après la comparaison simiesque dont notre Ministre de la Justice fut la cible quelques jours plus tôt par une candidate du Front national, ce sont des mots qui ne peuvent être tenus pour des « dérapages » comme la presse les qualifie avec une pudeur de violette. Ils sont tout au contraire le signe qu’une gangrène purulente est en train, sous nos yeux, d’infecter le pacte républicain.

Le mal semble tellement avancé que ce sont donc des parents qui, le temps d’une manifestation, montrent avec fierté à quel point leur fille a été élevée dans la haine. Le mal semble tellement avancé que c’est avec stupéfaction que nous constatâmes la quasi-absence de réactions face à des propos aussi violents qu’intolérables. Le mal semble tellement avancé que toutes les excuses sont trouvées aux expressions de racisme tandis que la lutte contre ce fléau est disséquée, vilipendée, critiquée, moquée. En dépit – ou en raison – de ce contexte, nous tenons à réaffirmer les valeurs de notre République, les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous tenons également à réaffirmer notre attachement à ce que notre pays, ses habitants et son histoire ne soient pas insultés ainsi quotidiennement par des dealers de haine. Car ces propos sont autant d’insultes aux anciens combattants de toutes origines qui se sont battus pour que nous puissions vivre ensemble face à l’obscurantisme.

Autant d’insultes aux grands Hommes qui ont contribué à la richesse et au rayonnement de la France. Il n’est qu’à penser, pour n’en citer que quelques-uns, à Alexandre Dumas, Raymond Kopa, Marie Curie, Yves Montand, Aimé Césaire, Samuel Beckett, Joséphine Beker, Léon Blum, Félix Eboué, Gaston Monnerville et plus récemment à Georges Charpak, Haroun Tazieff, Yannick Noah, Charles Aznavour, Omar Sy, Jacques Martial ou Zinedine Zidane. Noirs, Arabes, Juifs, étrangers ou fils d’immigrés : ils sont tous une partie constituante de la Nation. Une Nation dans laquelle il devrait pouvoir être affirmé comme la dernière des banalités que « nous sommes tous la France ». Cet appel est un appel républicain, car loin des querelles partisanes, chaque personne, soucieuse de la beauté et de l’avenir de notre pays, doit dire que le racisme, la xénophobie, le harcèlement et plus généralement la haine de l’Autre sont des fléaux qui mettent à mal notre socle commun. C’est donc le devoir de chaque citoyen de participer à un sursaut afin d’arrêter de trouver chez l’Autre la justification de nos fantasmes mauvais et de nos maux du moment.

Signataires de cet appel, c’est par amour de notre pays que nous affirmons les positions suivantes : Nous refusons cette société qui se replie sur elle-même ! Nous refusons la normalisation de la parole raciste ! Nous refusons l’instrumentalisation de nos valeurs à des fins politiques ! Nous demandons que toutes formes de racisme soient fortement condamnées ! Nous demandons que la haine ne mutile plus le corps de la liberté, l’âme de l’égalité et le cœur de la fraternité. Au nom de nos valeurs, c’est au contraire dans l’union des citoyens que nous devons construire notre pays, préparer son avenir et retrouver la fierté d’une Nation qui ne saurait se nicher dans les ratiocinations, pas davantage que dans la glorification des mauvaises passions.