Le conseil constitutionnel ne reconnaît pas « l’objection de conscience » des maires contre le mariage homo

C’est fait : le conseil constitutionnel a validé la loi sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Les maires « objecteurs de conscience » vont donc être contraints de laisser la loi s’appliquer : c’est tout ce qu’on leur demande, mais c’est, semble-t-il beaucoup pour eux…

Le journal Mariane met un bémol en rappelant le 10ème article de la déclaration des droits de l’Homme d’août 1789 : «nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas lordre public établi par la loi». Certes. Mais cet article précise bien : « pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». Il semble bien qu’empêcher un mariage troublerait l’ordre public.

Les fanatiques homophobes de la manif pour tous et autres gesticulations en sont donc pour leurs frais. Ils feront peut-être (sans doute ?) appel à la justice européenne ? C’est en tout cas ce qu’annonce le collectif des « maires pour l’enfance » qui a l’intention d’aller plaider sa cause devant la cour européenne de justice. On entend beaucoup moins ces maires s’indigner contre les expulsions d’enfants vers des pays où leur sécurité, parfois même leur vie sont menacées… Il y a comme ça des indignations sélectives… On piaffe d’impatience d’entendre la réaction de Frigide Barjot !

 

Journée mondiale du refus de la misère : la vidéo de la conférence de Michel Miné

La vidéo de la conférence de Michel Miné intitulée « la reconnaissance de la discrimination de la misère : une utopie ? », donnée jeudi 17 octobre dans le cadre de la journée mondiale du refus de la misère, est en ligne.

httpv://youtu.be/wkNuaqGmCdM

La section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme a également participé à la journée de partage organisée également par le conseil général au foyer municipal de Loudéac. Une nouvelle fois, le puzzle de la déclaration des droits de l’Homme a rencontré un joli succès !

Le stand

Le stand de la section

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du monde autour du puzzle !

Léonarda : l’expulsion de trop ?

L’expulsion de trop ? en tous cas, l’expulsion de la jeune lycéenne Léonarda Dibrani vers le Kosovo continue de soulever indignation et colère un peu partout : dans les associations de soutien aux demandeurs d’asile, évidemment, mais aussi jusqu’au parti socialiste, qui jusqu’ici, soutenait le ministre de l’intérieur dans tous ses errements. Et aujourd’hui, ce sont les lycéens qui se mobilisent pour faire revenir leur camarade. La Ligue des droits de l’Homme vient d’ailleurs de leur apporter son soutien avec un communiqué publié en début d’après-midi (lire en fin d’article).

Survenant après les deux drames successifs de Lampedusa (plusieurs centaines de demandeurs d’asiles morts pendant une traversée), l’histoire de Léonarda réunit effectivement tous les ingrédients pour soulever cette indignation. Et ce ne sont pas les déclarations du ministre qui affirme que tout s’est déroulé avec « humanité »… cela fait un peu penser, toutes proportions gardées,  au récit de l’exécution du dernier condamné à mort par une magistrate qui y a assisté :  elle raconte que, le condamné, à quelques secondes de la mort, demandant une troisième cigarette, le boureau répond « On a déjà été très bienveillants avec lui, très humains, maintenant il faut en finir », avant de l’exécuter, avec humanité évidement. Et cela fait aussi penser à la réponse de l’Europe aux drames de Lampédusa : sa seule préoccupation reste la sécurité des frontières.

On annonce une enquête administrative pour définir les responsabilités dans cette affaire. Il s’agira sans doute de trouver un fusible, en la personne d’un policier un peu zélé. Mais le véritable responsable de ce scandale, on le connaît : c’est le ministre, qui, même s’il n’a pas piloté personnellement la procédure qui a conduit à l’expulsion de la jeune fille, a créé par ses déclarations successives les conditions qui ont permis que cela se déroule ainsi. N’oublions pas que Leonarda n’est pas seulement étrangère : elle est aussi Rom…

Un blogueur, François Delapierre, rappelle très opportunément les déclarations de M. Valls dans un livre qu’il a écrit en 2008 : « Le jour où j’accepterai qu’on piège des sans-papiers pour les virer de chez nous (…) je serai foutu. Il faudra mieux que je fasse autre chose.  » « Et la droite c’est quoi ? C’est la saloperie qui consiste à convoquer un mec pour le piéger ? C’est cela incontestablement. Oui c’est une vision assez cynique de ce que peut être le rôle de l’Etat. Ça, c’est la droite. »

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme :

Arrêter la Valls des expulsion

La Ligue des droits de l’Homme salue la mobilisation des lycéens qui manifestent aujourd’hui en France, en soutien à Leonarda Dibrani et Khatchik Kachatryan, et se tient résolument à leurs côtés.

Devant l’interpellation de collégiens ou lycéens étrangers dans leur environnement scolaire, la LDH réaffirme le droit à la scolarité et à la vie en famille des jeunes étrangers.

La LDH le répète : il est temps de rompre avec les politiques migratoires du passé, politiques qui piétinent des droits fondamentaux, tel le droit à l’éducation, politiques qui nourrissent les discriminations et les discours de haines racistes.

Il est grand temps que le gouvernement rompe avec ces politiques du passé, pour faire respecter les droits des mineurs isolés étrangers, des enfants scolarisés, des familles, des travailleurs étrangers, afin de faire vivre la solidarité et la fraternité.

L’avis de la CNCDH sur les discriminations fondées sur les précarités sociales

Le thème de la journée mondiale contre la misère est cette année « vers un monde sans discrimination ». Et le titre de la conférence que les organisateurs de la manifestation loudéacienne est : « la reconnaissance de la discrimination de la pauvreté : une utopie ? »

Cette conférence va être assurée par Michel Miné, responsable du groupe de travail « discriminations » de la Ligue des droits de l’Homme. C’est à ce titre qu’il a été auditionné par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH).

Il se trouve que cette commission, qui émet des avis et des recommandations à l’intention du gouvernement, a publié récemment un texte essentiel intitulé « Avis sur les discriminations fondées sur la précarité sociale » : nous sommes « en plein » dans le sujet.

Et la CNCDH situe clairement, dès le deuxième paragraphe, le problème. Elle y écrit : « La Commission nationale consultative des droits de l’homme, attachée au respect des droits économiques, sociaux et culturels, considère qu‘il est primordial de lutter contre toutes les formes de discriminations. Dans un ouvrage publié conjointement avec le mouvement ATD Quart Monde en 1993, la CNCDH soulignait déjà que « certaines personnes sont victimes d’une discrimination caractérisée quand tout à la fois la responsabilité de leur situation leur est imputée, leur passé de misère et d’exclusion leur est reproché, leur parole est discréditée, leurs entreprises ou leurs comportements sont dénigres du seul fait qu‘ils apparaissent comme des individus sans statut reconnu ni représentation agréée. (…) Cette discrimination sociale et politique génère chez ceux qui la subissent des sentiments de honte, de culpabilité et de souffrance de ne pas être considères à Egalite avec les autres êtres humains de leur propre société. Elle cultive chez ceux qui la reproduisent, même de façon passive, une banalisation du mépris ou de l’indifférence à l’encontre des plus pauvres ».

Ce texte, dense et riche, est une parfaite introduction à la conférence que Michel Miné donnera demain jeudi 17 octobre, à 18h30, salle Malivel, à Loudéac. Le problème ne date pas d’aujourd’hui : déjà, il y a 20 ans, la CNCDH publiait un ouvrage sur ce sujet, en collaboration avec l’association ATD quart monde, qui est à l’origine de la journée mondiale du refus de la misère !

Le texte intégral est téléchargeable ici.

 

 

Journée du refus de la misère : conférence de Michel Miné, de la Ligue des droits de l’Homme, à Loudéac, jeudi 17

Le conseil général des Côtes d’Armor a décidé de marquer la journée mondiale du refus de la misère, initiée par ATD Quart Monde, par une série de manifestations. À Loudéac, il a sollicité la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme, pour organiser une conférence sur thème « La reconnaissance de la discrimination de la pauvreté, une utopie ? » Un sujet en relation directe avec le thème de l’année, qui est « vers un monde sans discrimination ». Nous avons sollicité un spécialiste de cette thématique : Michel Miné, qui est membre du comité central de la LDH, et surtout co-responsable du groupe de travail sur les discriminations à la Ligue. Il donnera donc une conférence jeudi 17 octobre, à 18h30, salle Malivel, à Loudéac.

Le lendemain, vendredi 18 octobre, ce sera la soupe partagée, qui sera servie au foyer municipal de Loudéac. Elle sera suivie d’une « scène ouverte », au cours de laquelle les associations partenaires de l’opération pourront tenir leurs stands et présenter leurs actions au public. Le stand de la section Loudéac centre Bretagne sera un lieu d’échange où le public pourra rencontrer les militants de la section et s’informer sur nos actions.

Vous trouverez ci-dessous un texte de Michel Miné intitulé « Egalité et non-discrimination, quelques repères pour penser et agir », dans lequel il marque clairement la singularité du concept de « discrimination », qui n’est pas toujours utilisé à bon escient.

Égalité et non-discrimination, quelques repères pour penser et agir

Des travaux menés ces dernières années par des Ligueurs/Ligueuses avaient déjà apporté des éléments importants de repères pour préciser la position de la LDH à l’égard de la problématique des discriminations (« Lutte contre les discriminations, le piège des mots », 2005). Il convient aujourd’hui, dans un contexte mouvant, de rappeler des principes pour surmonter des confusions.

En France, le paradigme de la discrimination est arrivé tardivement et récemment, à la fin des années 1990. Depuis, dans un mouvement de balancier, il tend à occuper tout l’espace public et à absorber tous les sujets. Dès qu’une injustice se produit elle est qualifiée de discrimination.

Cette situation est porteuse de graves dérives : elle tend à faire oublier la règle commune, c’est-à-dire le principe républicain d’égalité et l’action pour la justice, en particulier la justice sociale. Elle est de nature à favoriser un éclatement du droit commun et une balkanisation des droits, chaque porte-parole de groupe s’estimant discriminé revendiquant alors des droits spécifiques, « identitaires », ignorant les situations des autres et le bien commun ; le libéralisme concurrentiel intégrant très bien ces démarches.

Sont en jeu ici la conception de la Cité et du contrat social. Le combat pour l’égalité dans une République « sociale » est essentiel pour toutes et tous, pour chacun-e et pour le bien commun. Les règles de non-discrimination sont à penser comme un complément au principe d’égalité, pas comme un substitut. Ce sont des ressources supplémentaires pour nommer et pour voir des inégalités que le principe d’égalité saisissait mal.

Par conséquent, il convient, tâche complexe, de penser l’articulation entre le principe d’égalité et les règles de non-discrimination. Toute rupture d’égalité, toute inégalité injustifiée, toute injustice, est à combattre. Cependant, toute rupture d’égalité, toute inégalité injustifiée, toute injustice, n’est pas une discrimination. Une discrimination est une atteinte particulière à l’égalité, qu’il est nécessaire d’identifier et de combattre de façon spécifique. Une discrimination est une violation des droits de l’Homme. Il s’agit d’un traitement défavorable, injustifié, en lien avec une ou plusieurs caractéristiques concernant l’être ou l’agir de personnes (leur sexe/genre, origine sociale, « appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race », religion, handicap, état de santé, apparence physique, orientation sexuelle, identité sexuelle, âge, activités syndicales, opinions politiques,…). La liste évolutive des critères retenus révèle les valeurs de la société.

Il est nécessaire de réfléchir à l’articulation entre droit commun et droits spécifiques. Le principe d’égalité n’exige pas l’uniformité. D’une part, des règles et des pratiques présentées comme communes et neutres sont à interroger au regard de leurs effets discriminatoires. D’autre part, le principe d’égalité implique la possibilité pour chacun-e d’exercer sa liberté d’être autrement ; des droits particuliers au regard de spécificités, des « aménagements raisonnables », sont à reconnaître. Il s’agit d’articuler « droit à l’indifférence » et « droit à la différence » : la demande de ne pas être discriminé et d’être traité comme les autres, avec la demande, en tension, qui coexiste, parfois formulé par les mêmes personnes/groupes, de la prise en compte de situations/demandes particulières. Entre l’uniformité et le multiculturalisme, le modèle universaliste d’égalité demeure à développer avec l’apport de la non-discrimination.

Les processus discriminatoires sont souvent cachés. La discrimination va bien au-delà de l’oppression d’une personne par une autre. Elle relève de mécanismes (institutionnels, juridiques, économiques, sociologiques, etc.), qui peuvent ne pas être intentionnels. Ainsi, l’action contre la discrimination raciale, la discrimination sexuelle, les discriminations liées à l’orientation sexuelle, au handicap, etc. vont au-delà de la lutte contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, l’handiphobie, etc. Ces différents terrains d’investissement, contre l’exploitation et la domination, sont tous nécessaires, dans cette période où la crise économique, sociale et culturelle renforce le rejet de l’Autre, mais ils ne doivent pas être confondus.

L’action pour l’égalité et contre les discriminations ne peut se confondre, comme la LDH l’a déjà dit, avec « la promotion de la diversité ». Cette politique de « gestion des ressources humaines » mise en œuvre par de grandes entreprises, notamment pour capter les talents de jeunes discriminés et pour améliorer leur image, tend à influencer de façon grandissante et fort critiquable les politiques publiques. Des actions au bénéfice de quelques-uns ne peuvent autoriser à abandonner le grand nombre.

Propos non politiquement corrects à verser à la réflexion : tous les acteurs ne sont pas favorables à l’action contre les discriminations ; il en est ainsi de bénéficiaires des discriminations aujourd’hui et, par ailleurs, d’acteurs publics inquiets face aux bouleversements qu’entraîne l’exigence de non-discrimination. Des individus discriminés produisent de la discrimination à l’encontre d’autres individus discriminés…

Ce travail de réflexion pour mettre l’action contre les discriminations à sa juste place est à poursuivre, notamment dans le cadre du groupe « Discriminations » en lien avec les autres groupes concernés. Ce travail devra déboucher sur des actions de formation en vue d’aider à l’action sur le terrain et à la réponse à de nombreuses et complexes questions, la pensée déterminant la pratique. Les règles de non-discrimination n’en sont qu’ « au début du commencement » de leur mise en œuvre…

Le 19 février 2013, Michel Miné (co-responsable avec Nadia Doghramadjian du groupe « Discriminations »).

Député honoraire et fils de Manouche, les propos du ministre lui donnent la nausée, il demande sa démission

 

Jean-Claude Lefort est également président de l'association France Palestine Amitié Solidarit

Additif, 4 octobre : Jean-Claude Le Fort lance une pétition pour demander la démission de Manuel Valls. Lire et signer ici.

Jean-Claude Le Fort a été député du Val de Marne de 1988 à 2007. Rien que de très banal, sauf que Jean-Claude Le Fort a une histoire personnelle originale : il est fils de Manouche. Alors, quand il entend les propos odieux de Manuel Vals, lui-même fils de réfugié espagnol, il a « nausée », reconnaît-il. Et il prend la plume pour s’adresser au ministre, via une tribune publiée dans l’Humanité. Il me pardonnera – et le journal l’Humanité aussi – de la publier sur ce site sans avoir eu la possibilité de lui en demander l’autorisation : ce beau texte doit être diffusé le plus largement possible.

Manuel, souviens-t-en…

Manuel, tu as déclaré́ hier soir, sur BFMTV, que la situation était très différente pour toi, relativement à celle des Roms, car ta famille espagnole était venue en France pour fuir le franquisme.

Tu as été naturalisé français en 1982. Franco est mort en 1975. Sept ans avant ta naturalisation. Quand tu es devenu français, il n’y avait donc plus de dictature en Espagne. Tu avais donc « vocation », selon tes mots, à retourner dans ton pays de naissance, en Espagne. Tu ne l’as pas fait et je comprends parfaitement, de même que je comprends totalement ton souhait de devenir français. Cela sans l’ombre d’un doute.

Tu avais « vocation » à retourner à Barcelone, en Espagne où tu es né, pour reprendre tes propos qui concernaient uniquement les Roms. Celui qui t’écrit, en ce moment, est un Français d’origine manouche par son père. Mon père, manouche et français, est allé en 1936 en Espagne pour combattre le franquisme, les armes à la main, dans les Brigades internationales. Pour la liberté de ton pays de naissance, et donc celle de ta famille. Il en est mort, Manuel. Des suites des blessures infligées par les franquistes sur le front de la Jarama, en 1937. Je ne te demande aucun remerciement, ni certainement pas la moindre compassion. Je la récuse par avance. Je suis honoré en vérité qu’il ait fait ce choix, quand bien même il a privé ma famille de sa présence alors que je n’avais que neuf ans et ma sœur, dix-huit.

La guerre mondiale est venue. Et les camps nazis se sont aussi ouverts aux Tziganes. Tu le sais. Mais un nombre énorme de Manouches, de Gitans et d’Espagnols se sont engagés dans la Résistance sur le sol français. Ton père aurait pu en être. Il en avait l’âge puisque il est né en 1923. Georges Séguy et d’autres sont entrés en résistance à seize ans. Je ne lui reproche aucunement de ne pas l’avoir fait, bien évidemment. Mais je te demande le respect absolu pour celles et ceux qui se sont engagés dans la Résistance contre le franquisme, puis ensuite contre le nazisme et le fascisme. Contre ceux qui avaient fait Guernica. Et pourtant, à te suivre, ils avaient « vocation » à retourner ou à rester dans leur pays d’origine, ces « étrangers, et nos frères pourtant »…

Manuel, « on » a accueilli la Roumanie et la Bulgarie dans l’Union européenne alors que ces pays ne respectaient pas, et ne respectent toujours pas, un des fondamentaux pour devenir ou être membre de l’Union européenne : le respect des minorités nationales. Sensible à cette question pour des raisons évidentes, je m’en étais fortement inquiété à l’époque. En tant que député, je suis allé à Bruxelles, auprès de la Commission, pour prouver et dire que ces pays ne respectaient pas cette clause fondamentale. On m’a souri au nez, figure-toi.

Et aujourd’hui, dans ces pays, la situation des Roms s’est encore aggravée. Pas améliorée, je dis bien « aggravée ». Et ils ont « vocation » à rester dans leurs pays ou à y revenir ? C’est donc, pour toi, une espèce humaine particulière qui pourrait, elle, supporter les brimades, les discriminations et les humiliations de toutes sortes ? Ces pays d’origine ne sont pas des dictatures, c’est certain. Mais ce ne sont pas des démocraties pleines et entières pour autant.

Alors toi, l’Espagnol devenu français, tu ne comprends pas ? Fuir son pays, tu ne comprends pas ? Toi, tu ne comprends pas que personne n’a « vocation » à rester ou revenir dans son pays ? Sauf si tu es adepte de conceptions très spéciales, à savoir que ce qui vaudrait pour un Roumain ne vaudrait pas pour un Espagnol. Tu sais pourtant que le mot « race » va disparaître de nos lois. À juste titre car il n’y a pas de races, juste une espèce humaine. Et les Roms en sont.

La fermeté doit s’exercer là où se trouvent les responsabilités. Pas sur de pauvres individus qui n’en peuvent plus. Savoir accueillir et savoir faire respecter nos lois ne sont pas deux concepts antagoniques. Mais quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur.

C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de « brigadiste » qui se rappelle à toi. Souviens-t’en : « Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir. »

Pour l’heure, Manuel, j’ai la nausée. Tes propos me font gerber, même pire. Nos pères auraient donc fait tout ça pour rien ou pour « ça » ?

Ils sont morts pour la France, Manuel. Pour que vive la France. Inclus « ces étrangers, et nos frères pourtant ».

Par Jean-Claude Lefort, Député honoraire, Fils de Manouche.

L’Humanité, Tribune Idées, mardi, 1 octobre 2013.

 

Soutenez Lansana, futur papa menacé d’expulsion !

Communiqué de l’association « Amoureux au ban public » : signez la pétition !

Lansana, de nationalité guinéenne est maintenu au centre de rétention depuis 13 jours alors que sa compagne Matenin, de nationalité française, entre dans son septième mois de grossesse.

Son expulsion du territoire français est imminente, une tentative ayant déjà eu lieu le 2 Octobre 2013, deux mois avant la naissance de leur premier enfant.

Après trois ans de relation amoureuse, Lansana et Matenin découvrent qu’ils vont devenir parents et décident de tout faire pour pouvoir emménager ensemble.

Matenin obtient sa mutation pour Paris et rejoint Lansana dès le mois de mai. En attendant d’obtenir une réponse à sa demande de logement de fonction, ils se trouvent contraints de vivre séparément, hébergés respectivement chez des proches. Les futurs parents se retrouvent tous les jours et préparent ensemble l’arrivée du bébé.

Le 18 septembre, alors qu’il venait de se rendre à la mairie avec Matenin afin d’y reconnaître avec elle leur futur enfant, Lansana, en situation irrégulière, fait l’objet d’un contrôle. Arrêté, il se voit notifier une obligation de Quitter le Territoire Français prise par le Préfet de Paris et se retrouve très vite au centre de rétention de Vincennes.

Lansana est présenté devant le Juge administratif, puis devant le Juge des libertés et de la détention. Rien n’y fait, aucun n’envisage de le libérer ni de l’assigner à résidence.

Avant la naissance de leur enfant, et en l’absence d’un pacs ou d’un mariage, la vie familiale de Lansana et Matenin n’est donc pas reconnue sous prétexte qu’ils ne vivent pas sous le même toit.

Le cas de Lansana n’est pas isolé. La législation française oblige les parents d’enfants français à attendre la naissance de leur enfant pour faire valoir leur droit à un titre de séjour et devenir à ce titre inexpulsable.

L’expulsion de Lansana, à deux mois du terme, priverait une future mère et son enfant de la présence du père lors des dernières semaines de grossesse, au moment de l’accouchement et dans les mois suivants : une demande de visa en tant que parent d’enfant français nécessite la production d’un acte de naissance de l’enfant, et sera soumise à des délais de traitement par les autorités consulaires qui peuvent s’avérer très longs.

Lansana désire rester en France auprès de sa compagne enceinte et souhaite régulariser sa situation sur place. Il a échappé une première fois à une tentative d’expulsion en refusant d’embarquer, d’autres peuvent intervenir à tout moment.

 

 

Théâtre, cinéma, animations : une saison riche pour la Ligue des droits de l’Homme

Une (petite) partie des membres de la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l'Homme.

La section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme a effectué sa rentrée vendredi 13 septembre. L’occasion pour l’association, créée en décembre 2009, de présenter son programme pour la saison 2013-2014.

Elle démarre sur les chapeaux de roues avec pas moins de trois manifestations ce trimestre. Ça commence dimanche 15 septembre, avec un stand au vide grenier du canoë-club du Lié, qui permet à la section de financer certaines actions.

Le dimanche 27 octobre, à 14h30, à la salle des fêtes de Plumieux, la section organise une représentation théâtrale : la troupe de théâtre engagé, « Les Poules qui lèvent la tête » jouera sa pièce « J’ai jeté ma baleine à la mer ». Il s’agit d’un spectacle sur les violences faites aux femmes, réalisé d’après le témoignage d’une victime de ces violence, témoignage  qui  est paru aux éditions Récits. La pièce sera suivie d’un débat sur ce thème, avec Manuela Charles, directrice d’Adalea, et sera animé par Muriel Le Goff, coordinatrice du pôle logement – hébergement d’Adalea. Entrée, 5€. Bande annonce à voir en fin d’article.

Le dimanche 24 novembre, à 14h30, un moment exceptionnel : nous projetterons le film « La Saga des Contis » au cinéma Le Cithéa, à Plouguenast, dans le cadre d’un partenariat, et du mois du film documentaire. La projection sera suivie d’un débat, avec Xavier Mathieu, militant syndical qui faisait partie de ceux qui ont mené la luttes des Contis pour sauver leurs emplois, ou, s’il n’est pas disponible, avec Jérôme Palteau, réalisateur du film, qui vient de recevoir le prix du film documentaire du journal La Croix. Rappelons que les salariés licenciés de l’usine Continental de Clairoix viennent d’obtenir l’annulation par le conseil des prud’hommes de 680 licenciements, qu’aucun motif économique ne justifiait. Entrée (tarif Mois du doc), 4€.

Le temps fort de la saison sera la deuxième édition des Droits en fête, qui aura cette année pour thème « la démocratie ». Le succès de la 1ère édition, qui avait eu lieu à La Motte en mars 2013,  nous a incités à renouveler l’expérience. Il s’agira cette année d’une version plus légère (deux journées au lieu de trois, dont une réservée aux scolaires), et elle aura lieu à la salle des fêtes de Plémet. Au programme, pour le moment (nous en sommes au tout début de l’organisation), une exposition de posters de l’association Poster4tomorrow d’Hervé Matine, (exposition qui avait rencontré un grand succès à La Motte), sur le thème de la démocratie. Il y aura aussi un grand spectacle : Franck Le Page présentera une de ses « conférences gesticulées », intitulée Incultures. Le programme n’en est qu’à ses balbutiements, nous aurons bien entendu l’occasion d’y revenir.

Et la section poursuivra les animations en milieu scolaire qu’elle organise depuis sa création.

httpv://youtu.be/8Xb5z_EZC2g

Bernard Friot parlera de « l’enjeu des retraites » jeudi 19 septembre à Saint-Brieuc

Bernard Friot, économiste et sociologue, professeur émérite de l’Université de Paris Ouest Nanterre, sera, le jeudi 19 septembre, à 20h15, amphi Mazier,  l’invité à Saint-Brieuc de la section briochine de la Ligue des droits de l’Homme, Attac, la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), et le syndicat Solidaires 22. Auteur de « l’enjeu des retraites », et « l’enjeu des salaires », parus aux éditions « la Dispute », Bernard Friot traitera des retraites, avec cette question : « L’enjeu des retraites : nouveau recul ou nouvelle conquête sociale? »

Le choc démographique, le choc de la dette, le choc des déficits, le choc de compétitivité  justifiraient les mesures du gouvernement : travailler plus – cotiser plus – payer plus d’impôts et gagner moins ?

Pourquoi un nouveau recul des droits dans un pays aussi riche?

Pourquoi reculer l’âge de la retraite quand tant de jeunes sont au chômage?

Et si on pouvait faire autrement ?

Bernard Friot propose de nous appuyer sur les acquis des luttes, sur le « déjà là », le salaire, la cotisation, la qualification personnelle, pour en finir avec le coût du capital, le marché du travail et le chantage à l’emploi.

Pour vous mettre en appétit, vous pouvez dès maintenant écouter Bernard Friot sur le site de France Inter : il était, mardi 10 septembre, l’invité de Daniel Mermet dans son émission « Là-bas si j’y suis », sur le thème « l’enjeu des retraites ». Rendez-vous à cette adresse.

 

« L’amère victoire des Contis » à Là-bas si j’y suis, ce jeudi 12/09 à France Inter : à vos postes !

A vos postes ! Cet après-midi, jeudi 12 septembre à 15h, Là-bas si j’y suis diffuse un numéro spécial consacré à « la victoire amère des Contis » !

Les Contis viennent d’obtenir du conseil des prud’hommes l’annulation de 680 licenciements. Un victoire incroyable. Mais une victoire amère : « c’est trop tard », déclarait le jour même Xavier Mathieu, un des artisans de cette victoire, à France-Inter.

On le retrouvera dans ce reportage d’Antoine Chao réalisé à Clairvoix, siège de l’usine. Voici l’annonce faite sur le site de France-Inter.

Le résultat d’une longue lutte tenace et solidaire contre la criminalité financière. Bravo, mais…mais le mal est fait. L’usine est fermée, sur les 680 licenciés, 500 sont toujours au chômage. Cette victoire n’efface pas le désastre social, les suicides, les divorces…

Une région entière qui s’enfonce. Certes, si l’entreprise ne fait pas appel, les ex-Conti percevront de 30 à 36 mois d’indemnités complémentaires. Un sursis mais pas une solution. La crise économique a servi de prétexte pour licencier. Il faut une loi pour interdire les licenciements boursiers.

Cette émission vous donnera sans doute envie de venir voir le film de Jérôme Palteau, « La Saga des Contis », que la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme projettera le dimanche 24 novembre à 14h30 au cinéma Le Citéa de Plouguenast, en présence de Xavier Mathieu ou de Jérôme Palteau.