Le fascisme tue, aujourd’hui encore

Le fascisme tue. On le savait. On l’avait pourtant oublié. L’assassinat d’un jeune homme de 18 ans par une horde de crétins vient nous le rappeler dramatiquement.

Comment cela est-il encore possible aujourd’hui ?

Les flots de haine qui se sont déversés pendant les « manifs pour tous » auraient dû nous alerter davantage. Les groupes fascistes y ont trouvé un terrain d’expression idéal : ils étaient protégés, au milieu de la foule, et pouvaient donner libre cours à leurs idées nauséabondes sans que les autres participants à ces manifestations s’en émeuvent outre mesure. Il y a bien eu quelques semblants de réprobation de la part de « Frigide Barjot », qui n’a pas pu participer à la dernière manifestation en raison des menaces qui la visaient.

Frigide Barjot n’a évidemment rien à voir avec ce meurtre. Mais peut-on impunément lancer des idées haineuses comme l’ont fait tous ces gens pendant plusieurs mois ? Peut-on stigmatiser des groupes d’hommes et de femmes sans que cela ne se retrouve un jour où l’autre ? Il y a une sorte de porosité entre la droite classique et les idées d’extrême droite. Dernier avatar de cette porosité : on apprend que l’attachée parlementaire d’Hervé Mariton, député UMP qui a mené la lutte contre la loi Taubira à l’assemblée nationale est une militante d’extrême droite. « Elle a été l’une des premières à appeler au rassemblement en hommage à l’essayiste d’extrême droite, deux heures après son suicide, le 21 mai » (lire ici). Si les Besson, Hortefeux, Guéant, Buisson, Coppé et consorts ne sont pas mêlés à cet assassinat, ils sont coupables de donner du crédit aux idées de ces groupuscules. Ils en reprennent volontiers quelques-unes à leurs compte : les mois derniers, c’était l’homophobie, on a eu aussi la xénophobie, la chasse aux Rroms, reprise avec zèle par l’actuel ministre de l’intérieur. Dans son rapport moral au congrès de Niort, Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme dénonçait le pouvoir actuel, « contaminé par la peste sécuritaire ».

En avril 2013, trois agressions menées par l’extrême droite ont été recensées : le 7 avril 2013, à Paris, contre un couple gay ; le 17 avril à Lille, contre un bar gay ; le 23 avril, à Lyon, contre des policiers et un photographe de presse. Hier soir, c’est un meurtre qui a été commis (source Rue 89).

La presse présente Clément Méric, la victime, comme un militant d’extrême gauche. Et alors ? Est-ce un crime ? En fait d’extrême gauche, on sait surtout que Clément était un militant antifasciste, qui participait aux actions du groupe « Action antifasciste Paris Banlieue ».

Des manifestations sont organisées dans la journée, à Paris, mais aussi en province : à Quimper, la Ligue des droits de l’Homme appelle à un rassemblement, à 18h30, place Saint-Corentin. A Brest également à 18h30, place de la Liberté.

La fédération de Paris de la Ligue des droits de l’Homme a publié un communiqué et appelé à participer aux différentes manifestations organisées dans la capitale.

De nombreuses voix s’élèvent pour demander la dissolution de ces groupes d’extrême droite.

Lire aussi : Libération, Le Monde,  le blog du parti de gauche, Le Plus du Nouvel Obs, Politis.

L’économie sociale et solidaire : un enjeu pour les droits de l’Homme, par Dominique Guibert

Dominique Guibert

La seconde résolution adoptée par le congrès de la Ligue des droits de l’Homme à Niort est intitulée : « l’économie sociale et solidaire, un enjeu pour les droits de l’Homme ». Elle a été présentée par Dominique Guibert, secrétaire générale de la LDH, et adoptée à l’unanimité moins 21 abstentions.

On peut la lire après la vidéo de l’intervention de Dominique Guibert, et la télécharger ici.

httpv://youtu.be/Ek-pDw7yspY

L’économie sociale et solidaire : un enjeu pour les droits de l’Homme

Coopératives, mutuelles, associations : le devenir de l’économie sociale et solidaire est au cœur des mutations induites par les bouleversements mondiaux contemporains sous l’aiguillon des politiques européennes, ce secteur est confronté à l’extension du domaine marchand et à des restructurations économiques et juridiques incessantes. Son avenir reste conditionné par des débats sociaux, économiques et politiques engagés de longue date qui prennent aujourd’hui une acuité nouvelle, et par l’investissement d’un nombre toujours plus important d’acteurs – certains sociaux et d’autres pas. Il s’inscrit dans les réflexions sur des solutions alternatives, visant à une citoyenneté élargie qui adjoint au domaine civique et politique les dimensions économique et sociale.

Les défenseurs des droits et les promoteurs de la citoyenneté doivent réfléchir aux possibles façons d’entreprendre, de travailler, de produire, de distribuer autrement. Entreprendre, non pas pour accumuler des profits mais pour exercer ensemble des métiers dans le respect du droit au travail, de l’égalité au travail, des droits de toutes les « parties prenantes », en accordant la primauté à la personne et au sens qu’elle donne à son activité professionnelle. L’enjeu est de concevoir différemment le rôle et l’implication des acteurs : dirigeants, salariés, bénévoles, usagers, bénéficiaires et consommateurs. A quelles fins ? Pour desserrer les contraintes consubstantielles au système qui subordonne les droits et les libertés aux appétits du profit ; libérer l’initiative, la liberté et la créativité aujourd’hui étouffées par des contraintes de rentabilité éloignées de la réalité des besoins à satisfaire ; enfin, répondre aux défis posés par la crise systémique à un monde fini, aux ressources menacées d’épuisement.

La Ligue des droits de l’Homme a été, dès son origine, attentive au « programme coopératif pour changer la société » présenté par Charles Gide, l’un de ses fondateurs. C’est dans le droit fil de cette préoccupation, « changer la société », que nous portons aujourd’hui, dans nos idées et nos mobilisations, les valeurs de bien commun, de mutualisation, de solidarité : elles incarnent notre conception de la citoyenneté, du travail, des droits universels et indivisibles, elles constituent le cœur vivant de notre engagement.

Pour autant, les militants de l’économie sociale et solidaire – particulièrement ceux des mutuelles et des coopératives – et ceux de la défense des droits ont longtemps vécu et travaillé chacun de leur côté selon leurs priorités. Cette relation de voisinage, marquée de hauts et de bas, est aujourd’hui insatisfaisante. Face aux ambitions du marché visant à faire société à lui seul, face à ses agressions contre tout ce qui est socialisé et lui échappe – fonds de retraite, services publics, budgets de santé et d’éducation – le statu quo est périlleux. Il s’agit de faire front, largement.

Cette mise en convergence est nécessaire. La finalité de l’économie – que produire, pour qui et comment ? – est l’une des questions centrales sur lesquelles économie sociale et droits de l’Homme entretiennent une proximité et une complémentarité. De fait, les cinq principes sur lesquels se construit l’économie sociale (liberté d’association, démocratie, répartition égalitaire, autonomie, solidarité) trouvent leur équivalent dans les fondements sur lesquels reposent la promotion et la défense des droits de l’Homme, l’indivisibilité des droits et leur universalité.

La Ligue de droits de l’Homme entend donc poursuivre la mise en œuvre d’une convergence entre les campagnes pour la défense et la promotion des droits et des libertés, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, la défense d’un entrepreneuriat libéré des contraintes de la régulation exclusivement marchande, la promotion des secteurs socialisés mis au service de l’intérêt général, l’égalité des territoires et des personnes.

L’économie sociale et solidaire est plus que jamais un enjeu, placée au cœur d’affrontements brutaux. Soit elle demeure fidèle à ses principes et à sa vocation d’enrichir le lien social, soit, emportée par les logiques de mise en concurrence, elle s’égare à faire prévaloir le consommateur sur le citoyen, et se fond dans la banalité dissolvante du marché.

Pour exister en tant que telle, l’économie sociale et solidaire a besoin de coopérations solidaires entre ses acteurs, afin de limiter des mouvements de concurrence et de dispersion, qui affaiblissent sa représentation collective et son projet politique. Aux prises avec les logiques de marchandisation induisant des risques d’une dissociation entre valeurs et pratiques, ses acteurs doivent veiller à ce que ce soit bien le projet politique qui guide l’activité, respectant ainsi la double vocation économique et sociale de ce secteur. C’est dans ce cadre que le rapprochement entre défenseurs des droits et acteurs de l’économie sociale et solidaire peut pleinement s’opérer.

Une telle voie implique une mise en perspective convergente visant à :

  • développer des échanges marchands appuyés sur la coopération et non sur un excès de concurrence pour le seul profit ;
  • répondre aux besoins premiers des citoyens, en particulier par les services publics mais aussi par des services non marchands ;
  • impliquer pleinement et entièrement les citoyen(ne)s pour faire vivre la démocratie dans tous ses aspects ;
  • prendre en compte une autre conception de la richesse dans sa nature et dans sa répartition ;
  • considérer dès aujourd’hui les ressources naturelles comme bien commun ;
  • faire de la prévention et de l’éducation des enjeux déterminants de l’évolution de la société ;
  • convenir de la contribution essentielle de la culture au développement humain ;
  • combattre la précarité de l’emploi, respecter et améliorer les droits des salariés et de leurs représentants, et promouvoir le dialogue social.

La Ligue des droits de l’Homme constate que cette prise de conscience est largement partagée. Elle souhaite le développement et l’élargissement de partenariats, lui permettant de promouvoir des objectifs communs dans un contexte toujours menacé par la régression des droits. La Ligue des droits de l’Homme propose donc aux différents acteurs de l’économie sociale et solidaire de nouer des liens étroits pour contribuer à des projets politiques, à la promotion d’innovations sociales dans l’exercice des métiers.

Elle inscrit cet engagement dans sa démarche pour reconstruire un pouvoir collectif et politique d’intervention sur certains choix économiques et sociaux, pour faire vivre et développer les territoires, pour garantir toujours mieux égalité et effectivité des droits ; pour enfin contribuer à abolir la coupure entre l’économique et le politique et la soumission du social à l’économique, laquelle a toujours permis le maintien de l’ordre inégalitaire établi. Au cœur de ces démarches communes, elle inscrit la défense des droits, le maintien du lien social, la lutte contre les discriminations et, face à la fragmentation sociale, elle entend ainsi mettre à l’ordre du jour l’élaboration de pratiques constructrices et annonciatrices d’une société de solidarité.

 

Congrès de Niort : République, diversité territoriale et universalité des droits

Jean-Pierre Dubois au congrès de la LDH à Reims en 2011

Les congrès sont, pour la ligue des droits de l’Homme, l’occasion d’élaborer et de voter des résolitons : il s’agit de textes qui constituent sa ligne politique pour les deux années (l’intervalle entre deux congrès) qui suivent.

C’est ainsi que le congrès de Niort a adopté une résolution intitulée « République, diversité territoriale et universalité des droits ». Un texte qui a une résonnance particulière en Bretagne, où les problèmes linguistiques et culturels font écho à des revendications d’autonomie, voire d’indépendance, que jusqu’ici on la Ligue n’avait pas abordées. Jean-Pierre Dubois (qui a présidé la LDH jusqu’au congrès de Reims en 2011, et qui en est aujourd’hui le président d’honneur), a présenté cette résolution au congrès, en montrant, avec le talent qu’on lui connaît, l’importance de la reconnaissance de cette diversité, pour aboutir à une « identité de résidence », qui pourrait bien être un rempart contre les tentations extrémistes portées par les groupes identitaires et nationalistes qui se manifestent de plus en plus violemment.

Le texte a été adopté par le congrès par une très large majorité : 441 voix pour, 37 contre, et 24 abstentions. Il est reproduit sous la vidéo de l’intervention de Jean-Pierre Dubois. Cliquer sur la miniature pour voir la vidéo (36′). Pour des raisons techniques (son de mauvaise qualité), seules deux des questions posées pendant le débat ont pu être conservées. Cela ne compromet pas la compréhension des réponses de Jean-Pierre Dubois.

 httpv://youtu.be/Iye2T6hFUF4

 Résolution

« République, diversité territoriale et universalité des droits »

La République n’existe pleinement que dans le respect des libertés, de l’égalité et de l’universalité des droits. Toute discrimination, toute assignation des êtres humains en fonction de leurs origines, de leur couleur de peau, de leurs choix de vie ou de leurs opinions la défigure. Aucune singularité, aucun particularisme n’autorise à déroger à ces exigences.

Pour autant, confondre égalité et uniformité, en appeler à l’universalité pour refuser la diversité, c’est combattre ce que l’on prétend défendre, c’est refuser l’égale liberté d’être soi-même qui fonde toute citoyenneté vivante. Parce que l’universel se construit aussi à partir du singulier, parce que les voies vers l’universalité sont multiples, seule la reconnaissance de la diversité permet d’éviter les tentations relativistes et les enfermements identitaires.

Or l’Europe tout entière vit à l’heure d’une crise qui n’est pas que financière et sociale mais aussi politique, démocratique et « identitaire ». Les Etats-Nations semblent à la fois trop petits pour être économiquement efficaces et trop grands pour considérer les demandes de reconnaissance des singularités territorialisées. De surcroît, dans le marché unique, la richesse se concentre là où les productions sont les plus rentables, mais les politiques de solidarité et de redistribution sociale restent menées à l’échelle des Etats et varient donc selon leur richesse. Se développent alors des tentations de replis nationaux ou infra-nationaux, de refus de continuer à partager avec les Etats, territoires ou populations les plus pauvres, ce qui renforce xénophobie, racisme et discriminations.

Le contrat social, la démocratie et le vivre ensemble s’en trouvent écartelés entre d’une part des logiques de « gouvernance » globale à visée « post-démocratique », qui font régresser les droits et privent le citoyen de maîtrise réelle de son avenir, d’autre part des logiques de fragmentation politique croissante qui encouragent de fait les replis identitaires et xénophobes.

Face à ce couple infernal de l’uniformité et de l’ethnicisation, nous défendons à la fois l’universalité des droits, comme condition de l’égalité en dignité et en droits, et la reconnaissance des identités multiples qui font l’humanité ainsi que les singularités territoriales qui font les sociétés. Sans cette double reconnaissance, il n’y a ni liberté authentique, ni égalité réelle, ni respect des peuples, des langues et des cultures.

Tenir les deux bouts de cette chaîne suppose que soit repensée l’articulation des appartenances et des champs de citoyenneté. La citoyenneté, comme la liberté, doit être pensée à la fois comme un tout indivisible et comme un ensemble de droits qui se vivent et se déploient au pluriel : citoyenneté politique mais aussi citoyenneté sociale ; citoyenneté nationale mais aussi citoyenneté européenne, et citoyenneté « territoriale » à chaque niveau d’expression du suffrage universel. Dans la réalité du monde contemporain, la citoyenneté doit se décliner à tous les niveaux d’appartenance à des communautés politiques démocratiquement légitimes. Il lui faut se fonder non plus sur une conception absolue, « exclusive », de la souveraineté des Etats mais sur le droit fondamental, universel et « inclusif », de tout être humain à exercer la citoyenneté là où il réside durablement.

C’est ce qui inspire notre combat pour la « citoyenneté de résidence », au nom de laquelle nous réclamons depuis plus de trente ans, prenant notamment en compte la réalité des migrations et des transformations du monde, le droit de vote et d’éligibilité pour tous les étrangers aux élections locales : on peut être citoyen sans être « national » de l’Etat sur le territoire duquel on réside.

C’est aussi au nom de cette « citoyenneté de résidence » que nous affirmons, plus que jamais, la nécessité de penser l’articulation territoriale de citoyennetés non « exclusives ». Une certaine « tradition républicaine » française de « citoyenneté par arrachement » a trop longtemps refusé de regarder en face la dialectique du singulier et de l’universel. La démocratie ne peut se passer d’expressions collectives des citoyens, de niveaux « intermédiaires » d’exercice de la citoyenneté et de reconnaissance de la diversité des appartenances citoyennes et des communautés citoyennes. Mieux encore, elle en a besoin pour son renouveau.

Au-delà d’une actualité parfois tragique, la Corse témoigne aujourd’hui de cette nécessité, non comme un cas d’espèce mais comme l’un des laboratoires où se joue notre avenir.

En 1991, le Conseil constitutionnel a refusé d’admettre que l’on puisse penser un « peuple corse, composante du peuple français », selon la formule qui avait été choisie par le Parlement de l’époque. Et pourtant, la Corse a constamment été placée en-dehors du droit commun de la République dans des domaines essentiels soumis, sur son territoire, à des régimes d’exception, comme en témoigne notamment le traitement judiciaire qui lui est encore souvent réservé.

En 2003, une révision constitutionnelle a commencé à reconnaître la diversité constitutionnelle des territoires, notamment en créant la catégorie constitutionnelle des « collectivités à statut particulier », dont relèvent depuis lors la Corse et d’autres territoires longtemps situés aux marges de la République. L’échec du référendum du 7 avril 2013, proposant de fusionner région et départements en Alsace, a sanctionné non pas le principe de cette adaptation aux réalités territoriales mais son instrumentalisation idéologique bien loin des aspirations réelles des citoyens. A l’inverse, en affirmant que « La République reconnaît, au sein du peuple français, les populations d’outre-mer, dans un idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité », l’article 72-3 de la Constitution, comme l’évolution des législations applicables outre-mer, témoigne d’une prise de conscience des réalités politiques et culturelles indispensable pour rendre plus effective la démocratie territoriale.

De nouvelles avancées, constitutionnelles et législatives, sont aujourd’hui envisagées dans le cadre de l’« acte III » annoncé de la décentralisation, qui permettraient notamment à la société politique corse de vivre mieux sa singularité au sein de la République. Elles doivent impliquer une définition de l’exercice de la citoyenneté et de certains droits sur la base de la « citoyenneté de résidence », c’est-à-dire de la construction d’une « communauté de destin » par les êtres humains qui y résident durablement, quel que soit leur lieu de naissance ou leur lignage.

Le développement des « communautés de destin » à tous les niveaux de démocratie vivante, du local au planétaire, suppose à la fois la mémoire du passé et la capacité de le dépasser, l’expression des singularités et l’ouverture au monde, la reconnaissance de la liberté d’être soi-même et celle de l’altérité qui nous inscrit ensemble, solidaires, dans l’humanité. A défaut, chaque collectivité, chaque peuple est renvoyé à l’inégalité des ressources, aux logiques d’externalité, de domination et de dépendance mais aussi aux discriminations territoriales (en particulier en matière de droits sociaux et d’accès effectif aux services publics) qui accentuent la fragmentation sociale.

La réussite de ce processus ne va pas de soi ; il se heurte à des pesanteurs historiques, qu’il s’agit d’identifier puis de surmonter et à des injustices qu’il faut combattre. L’égalité, comme le reconnaissent déjà les plus hautes juridictions françaises et européennes, consiste à traiter identiquement les situations identiques mais tout autant à traiter spécifiquement les situations spécifiques. La démocratie – y compris dans ses dimensions conflictuelles – vit de citoyenneté partagée, et la citoyenneté se partage d’abord là où l’on vit.

Certains droits sont d’ores et déjà conditionnés dans leur exercice par la prise en compte du lien entre résidence et citoyenneté, notamment dans le déploiement de la décentralisation (droit de vote lié au domicile, régimes fiscaux différents entre résidences principales et résidences secondaires, etc.). Mais cette prise en compte est insuffisamment assumée et organisée.

Asseoir sur la résidence les conditions d’exercice de certains droits fondamentaux, c’est agir pour une démocratie plus vivante, plus effective, pleinement respectueuse de l’égalité en droits et de la protection des individus et groupes minoritaires, et qui travaille à s’enrichir de la diversité des sociétés, des langues, des cultures et des territoires dans laquelle se déploie la dimension politique de l’humanité. La LDH, attentive à la conciliation de l’universalité des droits et de l’expression légitime des identités démocratiques, considère comme indispensable la reconnaissance du lien entre citoyenneté et résidence et affirme la nécessité de penser l’égalité autrement que dans l’uniformité.

Cinq de Roanne : halte aux intimidations !

Les "5 de Roanne" avaient tagué des slogans hostiles à Nicolas Sarkozy et au député Nicolin.

Poursuivis pour des tags lors du mouvement sur les retraites en 2010, cinq militants CGT ont été dispensés de peine en novembre. Mais ils viennent d’être convoqués pour un prélèvement d’ADN. Un rassemblement de soutien est prévu, mercredi 15 mai, à Saint-Etienne (lire ici).

La Ligue des droits de l’Homme vient de publier le communiqué suivant, en soutien à ces militants :

Les cinq militants CGT de Roanne ont eu à subir, au petit matin du 23 mai, l’intrusion de la police à leur domicile, suivie d’arrestations et d’une garde à vue dans des conditions de tension accompagnée de brutalités. La Ligue des droits de l’Homme condamne avec indignation cet acharnement, qui s’inscrit dans la situation créée par le refus gouvernemental d’une amnistie pour des actions commises dans le cadre de mouvements sociaux. Ce qui apparaît de toute évidence comme une mesure d’intimidation policière survient après qu’ils ont refusé de se soumettre au prélèvement ADN, faisant suite à leur condamnation à une peine non exécutoire pour « dégradation légère d’un bien par inscription, signe ou dessin », pour des faits liés à des actions syndicales en plein conflit des retraites en 2010. La Ligue des droits de l’Homme demande au procureur général de Lyon, ainsi qu’au procureur de la République de Roanne, que cessent immédiatement toutes les mesures d’intimidation et de criminalisation. La LDH appelle à participer au rassemblement national de solidarité du 5 novembre prochain.

 

Collectif liberté égalité justice : où en sommes-nous concernant les politiques pénales ?

Le Collectif Liberté égalité justice, auquel s’est jointe la Ligue des droits de l’Homme, rassemble des associations de défense des droits de l’Homme et des syndicats, tous soucieux de la bonne marche de la justice. Il s’inquiète aujourd’hui de ne pas voir se concrétiser les progrès annoncés par le gouvernement, et craint un renoncement : le pouvoir en place laisse entendre qu’il pourrait ne pas tenir compte des propositions faites par la Conférence de consensus qui avait été réunie pour faire le point de la situation, notamment en ce qui concerne les politiques pénales. Le CLEJ a donc publié un communiqué, reproduit ci-dessous.

Où en sommes-nous concernant les politiques pénales?

Nous, organisations et associations du monde judiciaire, constatons la nécessité de renouer avec une dynamique collective qui nous a rassemblées voici quelques années.

À cette époque – pas si vieille – les maîtres mots de la politique pénale, exclusivement sécuritaire, étaient répression et emprisonnement, au détriment des principes fondamentaux de notre démocratie et, contrairement à ce que soutenaient certains, sans aucun effet sur la délinquance.

Mais malgré des engagements, des annonces, rien pour l’instant n’a changé, ou si peu…

Nous revendiquons maintenant une politique pénale alternative dont certains éléments figuraient dans le programme du Président de la République actuel : abrogation de la rétention de sûreté, des peines plancher et des tribunaux correctionnels pour mineurs. Ces dispositifs ont démontré leur inefficacité en matière de traitement de la délinquance, leur caractère contreproductif en matière de récidive et ont porté de graves atteintes à la spécificité de la Justice des Mineurs.

D’autre part, la conférence de consensus relative à la prévention de la récidive a posé des pistes de travail intéressantes et étayées pour une réponse pénale de qualité. Nous en soutenons un grand nombre d’entre elles. Nous nous inquiétons cependant que le pouvoir politique en place laisse d’ores et déjà entendre qu’il n’en tiendra pas forcement compte…

Et maintenant que se passe-t-il?

Renoncement, reculade et abandon ne seront pas les principes qui guideront notre action future. Dès aujourd’hui nous décidons d’enclencher une dynamique collective large qui a pour objectif de parvenir à la mise en place d’une politique pénale audacieuse telle que nous sommes en droit de l’attendre en matière de Justice.

Nous serons intransigeants sur l’urgence d’une réponse gouvernementale qui reste à ce jour peu lisible et se fait concrètement attendre, et nous nous mettons dès à

présent en situation de peser dans les débats et les mobilisations à venir !

 

Les signataires : Syndicat de la Magistrature (SM) – Ligue des Droits de l’Homme (LDH) – Syndicat National de l’Ensemble des Personnels de l’Administration pénitentiaire / Fédération Syndicale Unitaire (SNEPAP-FSU) – Confédération Générale du Travail (CGT) – Observatoire International des Prison (OIP) – Groupement Etudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées (GENEPI) – Syndicat National des Personnels de l’Education et du Social/Protection Judiciaire de la Jeunesse/FSU (SNPES-PJJ-FSU)– Association Française de Criminologie (AFC) – Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)- SNUCLIAS-FSU (Syndicats Nationaux Unitaires des agents des Collectivités Locales, des ministères de l’Intérieur, des Affaires Sociales et des Finances).

Congrès de Niort : adresse de la Ligue des droits de l’Homme au président de la République et aux parlementaires

Adresse au président de la République et aux parlementaires, adoptée lundi 20 mai 2013 par le 87ème congrès de la Ligue des droits de l’Homme à Niort, pour leur rappeler leurs responsabilités de répondre aux besoins de l’élargissement de la démocratie, et pour la satisfaction des besoins sociaux.

Monsieur le président de la République, 

Vous avez incarné l’espoir d’un « changement maintenant » et, à ce jour, il a été déçu. 

Vous avez désigné la finance comme votre adversaire, et elle règne toujours. 

Vous avez prôné l’emploi et la justice sociale, mais le chômage augmente et le niveau de vie des moins favorisés diminue.

Le gouvernement de votre Premier ministre a su tenir bon face aux manifestations de l’extrême droite alliée à la droite parlementaire, et il a réussi à faire adopter la loi sur le mariage pour tous. Nous aurions souhaité la même détermination pour les autres réformes.

Il a certes beaucoup écouté la société civile mais sans l’avoir, semble-t-il, entendue. Les grands débats nécessaires à la réussite du changement – sur la politique migratoire et les demandeurs d’asile, la politique de sécurité, les réformes démocratiques, l’avenir de la jeunesse – ont été, jusqu’à ce jour, évacués.

Mesdames, Messieurs les parlementaires, 
Vous vous êtes présentés pour tourner la page des politiques inégalitaires, injustes et sécuritaires ; les stigmates de l’ancienne législature perdurent. 
Vous avez voulu incarner l’alternative ; elle peine à se mettre en place. 
Vous avez souhaité une pratique parlementaire indépendante et exigeante ; votre voix, trop souvent, est étouffée.

Vous avez l’honneur d’élaborer et de voter les lois. Cette charge vous engage. Nous en appelons à votre responsabilité de représentants du Peuple souverain. L’opposition, la frilosité et l’esprit de renoncement seront toujours mobilisés pour faire échec aux réformes de justice et de progrès. Il vous incombe de faire en sorte que l’espoir et les changements se concrétisent.

Nous en appelons à cette relation démocratique forte, et à votre courage. Il est vain de vouloir apprivoiser ou contourner les maux qui découlent des politiques néolibérales ou des réflexes sécuritaires. Assumez les propositions de progrès pour les droits et les libertés du programme sur lequel vous avez été élus ; vous ne lui serez fidèles qu’en défendant des mesures de justice, de lutte contre les inégalités, et de restauration des droits des citoyens bafoués par la législation rétrograde des derniers quinquennats.

Monsieur le président de la République, Mesdames, Messieurs les parlementaires, 
Vous avez l’honneur et la charge de disputer notre pays aux crises financière, économique et morale qui alimentent chômage, xénophobies et défiance du politique. Nous avons besoin pour cela de justice et de pragmatisme, d’éthique et de démocratie, de décisions et de détermination. _ Le changement et la justice ne sont pas des concessions accordées par les forces politiques et économiques qui s’y opposent. La justice, la démocratie et le progrès social ont toujours dû être conquis de haute lutte. Cette vérité est plus que jamais d’actualité.

Monsieur le président de la République, Mesdames, Messieurs les parlementaires,

Nous, militants de la Ligue des droits de l’Homme réunis en congrès, vous demandons instamment de manifester l’éthique politique, le courage civique et la responsabilité nécessaires pour combattre la crise et promouvoir les valeurs proclamées de la République que sont l’égalité, la liberté et la fraternité.

Nous, militants de la Ligue des droits de l’Homme, répondons toujours présents à l’appel de ces valeurs, et nous nous engageons pour les réformes qu’elles appellent. Nous continuerons à le faire : 
– jusqu’à ce que le droit de vote et d’éligibilité de tous les résidents étrangers s’impose car il répond à un impérieux besoin d’élargissement de la démocratie ; 
– jusqu’à ce que les rapports entre la police et la population, et particulièrement la jeunesse, soient profondément réformés, car cela répond à un profond besoin de sécurité et de sérénité ; 
– jusqu’à ce que la politique pénale soit rééquilibrée, afin que le tout-carcéral laisse la place à une justice digne et réellement efficace, 
– jusqu’à ce que les étrangers soient traités dans le respect des droits de l’Homme et des conventions internationales, qu’il s’agisse de nos concitoyens européens que sont les Roms ou de ceux qui vivent parmi nous ou y recherchent un droit effectif à la protection ; 
– jusqu’à ce que les politiques économiques poursuivent le progrès social plutôt que l’enrichissement inégal.

Monsieur le président de la République, Mesdames, Messieurs les parlementaires, 
Vous avez, là où vous êtes, là où le peuple vous a placés, d’immenses responsabilités. Il vous revient de ne pas les décevoir, et il nous revient de vous le rappeler.

Croyez en notre détermination, à la hauteur de ce que mérite l’avenir de la République.

Les résidents étrangers voteront aux élections de 2020… Chiche, monsieur le Président !

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme, publié pendant le congrès de Niort, le 18 mai 2013, à la suite des déclarations du président de la République pendant sa conférence de presse du 16 mai.

Les résidents étrangers voteront aux élections de 2020… Chiche, monsieur le Président !

Mauvaise nouvelle : après trente-deux ans de débat, tous les résidents étrangers devaient pouvoir voter aux élections municipales de mars 2014. Et ainsi avoir le droit, comme tous les citoyens français et européens, de donner leurs points de vue sur l’élection du maire et la gestion des affaires courantes de la commune où ils résident. Mais le président de la République a décidé qu’il n’y aurait pas, en 2013, de révision de la Constitution pour le permettre.

Bonne nouvelle : après six mois de silence, le président de la République annonce qu’il présentera au Parlement, après les élections municipales de mars 2014, un projet de loi constitutionnelle pour accorder le droit de vote aux étrangers non communautaires aux élections locales.

Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ? Comme l’affirme la sagesse populaire : « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Le président de la République et son premier ministre doivent donc s’engager sur un calendrier précis d’élaboration du projet constitutionnel et de sa présentation devant les Assemblées, puis devant le Congrès.

Nous voulons que toutes les conditions soient réunies pour permettre le débat citoyen nécessaire et pour créer les moyens d’aboutir à un accord capable de dégager une majorité qualifiée au Congrès.

Il faut donc que ces engagements soient rendus publics avant le début de la campagne des municipales de mars 2014 pour que le Congrès soit réuni, au plus tard, en juillet 2014.

Trente ans après la « Marche pour l’égalité et contre le racisme », qui portait déjà cette revendication, la Ligue des droits de l’Homme réaffirme que l’on peut gagner et qu’il est urgent de donner un signe fort à tous les citoyens, pour l’égalité des droits.

Le droit de vote et d’éligibilité de tous les résidents étrangers aux élections locales, c’est la démocratie, c’est la République !

 

La Ligue des droits de l’Homme soutient le film « Entrée du personnel » de Manuela Frésil

Nous avions annoncé sur ce site la sortie en salle du film de Manuela Frésil, le 1er mai 2013, et en avions dit tout le bien que nous en pensions : « Entrée du personnel » avait été projeté à Saint-Barnabé en novembre 2012, en présence de sa réalisatrice, et le débat qui avait suivi la projection avait été passionnant, grâce notamment à la présence de nombreux salariés d’abattoirs industriels. C’est donc avec beaucoup de plaisir que nous venons d’apprendre que la Ligue des droits de l’Homme soutient officiellement ce film. Voici la critique qu’elle en fait :

Si l’on pense qu’en France les conditions du travail à la chaine n’ont plus rien à voir avec ce que décrivait Charlie Chaplin dans Les temps modernes, il faut aller voir Entrée du personnel.

Au départ du projet de Manuela Frésil il y a eu la volonté de connaître les procédures de l’industrie agro-alimentaire de transformation des animaux en viande proposée aux consommateurs, et la visite sidérante du plus grand abattoir industriel de Bretagne. Au-delà de cette sidération ce qui l’a émue c’est le sort des travailleurs qu’elle a décidé de raconter. Témoigner de leurs conditions de travail aurait certainement nuit aux salarié-e-s. Manuela Frésil a donc filmé les images de ces grands abattoirs industriels, accompagnée par des cadres. Les voix off qui racontent sont celles de comédiens mais les propos sont ceux des salariés rencontrés dans les locaux syndicaux.

Au-delà des images qui donnent la nausée : cadavres d’animaux sanguinolents pendus à des crocs, vaches dépecées, porcs coupés en deux à la « tronçonneuse », poulets s’abattant dans des bacs à un rythme soutenu pour être découpés ou ficelés et emballés, l’enjeu de ce documentaire est bien la question des conditions de travail de ces hommes et de ces femmes, « emballés » eux-mêmes dans leurs tenues blanches. Il montre comment le geste de tuer, dépecer, couper, désosser, répété à longueur de journée use leur propre corps.

Pendant huit heures ils font les mêmes gestes et peu importe que les corps en souffrent, l’important c’est le rendement : 800 porcs tués à l’heure, un toutes les quatre secondes et demi, 7 000 par jour, 1 500 000 par an. Un ouvrier saigneur tranchera d’un coup de couteau 3 500 carotides au cours de sa journée de travail.

Sur la chaîne, chaque nouvelle machine fait espérer une amélioration, mais au lieu de soulager elle détruit un peu plus les corps, la direction augmentant les cadences pour rentabiliser l’investissement. S’engage alors un cycle infernal : produire plus, trouver plus de clients, vendre moins cher, la variable d’ajustement étant l’ouvrier soumis à ces cadences démentes. Les corps souffrent, les ouvriers tombent malades plus souvent et plus rapidement que dans d’autres secteurs industriels. Peu importe, la crise fournit rapidement de la « chair fraîche », ainsi que sont désignés les intérimaires par un dirigeant.

Paroles d’ouvrier-e-s :

« On a mal le jour, on a mal la nuit, on a mal tout le temps.

On tient quand même, jusqu’au jour où l’on ne tient plus.

C’est les articulations qui lâchent. Les nerfs qui lâchent.

Alors l’usine vous licencie.

On ne peut pas imaginer comment travailler, ça pourrait être pire… 

La retraite, oui, on aimerait bien en profiter au moins deux ans. »

Si, dans Les temps modernes, Charlot pouvait « arrêter le bouton » et partir, aujourd’hui la mécanisation n’a pas forcement apporté la libération ou l’amélioration des conditions de travail aux ouvrier-e-s, surtout quand la rentabilité est le seul moteur des industriels.

 

Entrée du personnel

Film documentaire, 2011 – sorti en salles le 1er mai 2013

Durée : 59 mn

Réalisation : Manuela Frésil

Production : Ad Libitum

Distribution : Shellac

Retrouvez ci-dessous la programmation du film dans votre ville :

Rendez-vous publics

Paris / Espace Saint-Michel

vendredi 10 mai à 20h10 : projection-débat avec Manuela Frésil

et Dominique Lanoë (ergonome, expert auprès des CHSCT – Comités Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail)

dimanche 12 à 15h40 : rencontre avec Manuela Frésil

Montreuil / Le Méliès / mardi 14 mai à 20h30 : rencontre avec Manuela Frési

Programmation
Avignon, Utopia : mer. 15h15, jeu. 16h30, ven. 20h30, sam 13h40, dim. 14h10, lun. 19h30, mar. 13h45
Caen, Le Lux : jeu. 18h15, ven. 18h30, sam. 14h30, lun. 20h15, mar. 20h30

Dijon, L’Eldorado : tlj à 16h

Montpellier, Le Diagonal : ven., mar. à 18h, lun. 14h
Montreuil, Le Méliès : mer. 21h15, jeu., ven. à 18h30, sam., dim. à 18h15, lun. 18h30, mar. 20h30
Nantes, Katorza : tlj à 18h45 sf jeudi

Orléans, Les Carmes : tlj à 18h10

Paris, Espace Saint-Michel : tlj (sauf vend.) à 12h05, 15h40, 18h35, 21h30 ; vend. 13h05, 14h45, 20h10

MK2 Beaubourg : tlj à 11h20
Saint-Etienne, Le Méliès : ven. 19h, dim. 21h15, lun. 12h15, mar. 19h
Toulouse, Cinéma Utopia : mer. 11h, ven. 19h50, sam. 16h20, lun. 16h20, mar. 11h

Tours, Le Studio : tlj à 16h sf sauf lun.et mar.

Contact : Philippe Hagué, philippe.hague@gmail.com

Squat de Lyon, Médecins du monde : « Protéger les plus précaires plutôt que les précariser »

Trois personnes mortes dans l’incendie d’un squat à Lyon… Un squat occupé par des Rroms, à qui on avait coupé le courant quelques jours plus tôt. Ils ont utilisé des bougies. Le feu s’est déclenché.

Manuel Valls, qui s’est rendu sur les lieux du drame (il était à Lyon pour parler des zone de sécurité prioritaires) n’a rien trouvé d’autre à dire que ceci : « ce drame conforte notre politique » (source, Libération) . Ce qui dans sa bouche, signifie que cela conforte sa politique de démantèlement des camps Rroms.

Ce n’est évidemment pas l’avis des associations. Ainsi, Médecins du monde, qui accompagne les Rroms, a-t-il publié un communiqué intitulé : « Squat à Lyon : protéger les plus faibles plutôt que les précariser ». On est tous pour la disparition de ces camps, insalubres, dangereux, inhumains, ignobles. Mais à une condition : c’est que, comme le stipule la circulaire parue cet été, des solutions alternatives soient simultanément proposées aux personnes expulsées. Ce qui est loin d’être le cas…

Voici le communiqué publié par Médecins du monde :

A Lyon, un incendie s’est déclaré la nuit dernière dans un squat où vivaient environ 200 personnes en majorité Roms. Le bilan provisoire fait état de trois morts dont un enfant. Face à cette tragédie, Médecins du Monde rappelle que l’urgence n’est pas d’expulser mais bien de protéger les personnes les plus précaires et trouver des solutions de logement pérennes comme le prévoit la circulaire du 26 août 2012.

Situé dans le 8ème arrondissement de Lyon, le camp abritait environ 200 personnes dont beaucoup d’enfants. L’incendie a entrainé la mort d’au moins deux femmes et un enfant. Médecins du Monde y réalise des consultations médico-sociales depuis sa création en octobre 2012. A l’heure actuelle, les équipes de MdM, composées de médecins, d’infirmières et de travailleurs sociaux, sont présentes sur place et apportent un soutien médical et psychologique aux familles.

La situation préoccupante dans ce squat était connue de tous, notamment l’absence d’approvisionnement en eau et de ramassage des ordures. Le coût humain de ce drame témoigne une nouvelle fois de la mise en danger des populations précaires installées dans des bidonvilles et de l’urgence à améliorer leurs conditions de vie comme le prévoit la circulaire du 26 août 2012.

Médecins du Monde, qui doit rencontrer demain le Premier ministre Jean-Marc Ayrault au cours d’une réunion avec Romeurope et le Collectif des Associations Unies (CAU), rappelle que l’urgence n’est pas d’expulser mais bien de protéger les personnes les plus précaires.

 

J’ai jeté ma baleine à la mer, la Saga de Contis : la rentrée de la section LDH Loudéac centre Bretagne

La rentrée 2013 sera active pour la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme : deux manifestations sont déjà prévues.

La première, ça sera une représentation théâtrale, l’après-midi du dimanche 27 octobre, à la salle des fêtes de Plumieux. La troupe de théâtre engagé de Cac Sud 22, Les Poules qui lèvent la tête joueront une de leurs pièces phare, « J’ai jeté ma baleine à la mer ». Une pièce originale à plus d’un titre, née d’une rencontre entre une femme victime de violence conjugale et une troupe de théâtre qui la pousse à raconter son histoire, puis qui la met en scène. La pièce a déjà été jouée de nombreuses fois, et la troupe continue à la jouer : elle sera par exemple à Concarneau au mois de novembre, et il arrive aux acteurs de se déplacer plus loin encore. La représentation du 27 octobre sera suivie d’un débat, avec des spécialistes des violences conjugales, un sujet qui est malheureusement toujours d’actualité.  L’histoire a aussi été publiée par les éditions Récits, de Jérôme Lucas. Vous pouvez voir faire une idée de l’atmosphère de la pièce et de l’originalité de la mise en scène en regardant la vidéo bande annonce (cliquer sur la miniature).

httpv://youtu.be/8Xb5z_EZC2g

Deuxième rendez-vous, qui promet aussi d’être un grand moment : la section est actuellement en contact Eglantine Stasiecki, programmatrice du film de Xavier Palteau, « la Saga des Contis ». Ce documentaire retrace les mois de lutte des salariés de l’usine Continental, de Compiègne, pour empêcher la fermeture de l’établissement, qui n’était justifiée que par le souci des actionnaires d’augmenter leurs dividendes. La date de la projection ni le lieu ne sont pour le moment fixés : ce sera sans doute au mois de novembre, et cela dépendra de la disponibilité de Xavier Matthieu, qui était délégué du personnel pendant cette lutte, et que nous avons invité pour animer le débat qui suivra la projection. Cette bagarre dure, si elle n’a pas permis de redémarrage de l’usine, a néanmoins abouti à ce que le plan social soit très sensiblement amélioré. On peut avoir des informations sur le site du film. Nous vous informerons évidemment des modalités pratiques de cette soirée dès que nous aurons les informations.

Dernière info, qui réjouira ceux qui ont participé à la première édition : nous reconduirons les Droits en fête en 2014 !