Les voeux de Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme

2013, autant de montagnes, autant de souris…

Nous approchons jour après jour de ce moment où la tradition nous amène à dresser une sorte de bilan du passé tout en se souhaitant le meilleur pour l’avenir. Concernant le passage de l’année 2013 à 2014, ce vœu procède à la fois de l’urgence et de la nécessité.

Invité par une formation politique à formuler un vœu pour l’année qui se termine, j’avais été pris de vertige : un vœu, un seul, pour tant de chantiers, tant d’injustices ? Un vœu ? J’avais finalement formulé le souhait que 2013 soit l’année du courage. Les applaudissements qui avaient suivi étaient de mauvais augure ; ils confirmaient que ce rendez-vous était loin d’être assuré. De fait, l’an passé aura été celui des hésitations, des inachèvements : fiscalité, justice, police… Autant de montagnes, autant de souris.

Ainsi, au prétexte de ne pas « cliver », les réformes attendues pour plus de justice sociale, pour une réelle égalité face aux services publics, face à la relégation territoriale, pour une réelle protection de la vie privée ont été mises sous le boisseau, ou éludées, ou renvoyées à des jours meilleurs…

L’impatience n’est certes pas une vertu, particulièrement lorsqu’il s’agit de gérer les affaires publiques. Mais la navigation n’est pas plus vertueuse et, à l’expérience, elle s’avère bien plus dangereuse.

D’abord parce qu’elle s’inscrit dans l’ordre établi des choses et des injustices qu’il incarne et protège. Soit on combat les inégalités soit, s’en accommodant, on les renforce, désespérant ainsi ceux qui avaient placé leurs espoirs dans une inversion des logiques dominantes.

Ensuite, parce qu’en vidant de substance les changements promis et attendus, c’est sa propre substance que l’on délégitime.

Enfin, parce que des forces agitent d’autres promesses, cultivent d’autres perspectives, d’autres valeurs, d’autant plus dangereuses qu’elles n’avancent même plus maquées. Ou si peu…

Ces trois constats, trois défis majeurs vont largement conditionner l’actualité de 2014. La Ligue des droits de l’Homme aura à cœur de contribuer à les relever. Il s’agit, durant les campagnes municipale et européenne, d’affirmer l’idée de justice et d’intérêt général face aux inégalités et au chômage ; de réhabiliter le principe démocratique de la fidélité du « faire » au « dire » face à la démagogie et au renoncement ; enfin, de mettre hors-jeu les discours de haine et d’exclusion.

Bonne année, donc, à toutes et tous. Et bon courage.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue de droits de l’Homme

Cadeau de Noël : le flash mob du comité de défense des sans-papiers du Trégor

Une petite merveille ! Voici le cadeau de Noël que nous fait le comité de défense des sans-papiers du Trégor. Ce flash-mob a été magistralement filmé et monté par Loïc Chapron, à Lannion, le 13 novembre dernier. Un vidéo qui a déjà été vue plus de 50000 fois ! A votre tout, vous ne serez pas déçus !

httpv://youtu.be/bTF2V85deWQ

Délinquance des étrangers : des données contestables

La délinquance des étrangers : en voilà un sujet qu’il est intéressant ! et tout le monde s’y intéresse ! alors forcément, quand un journal a besoin de booster son lectorat, il lui suffit d’en rajouter une petite couche.

Et c’est d’autant plus intéressant lorsque « l’étude » sur laquelle on s’appuie est, disons, un peu approximative.

Rappelons les faits : la presse annonce, lundi 16 décembre, la parution d’un rapport de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) sur la « délinquance des étrangers ». Elle est, comme on peut s’en douter, en augmentation spectaculaire : « 27% des vols sont commis par des étrangers » ! Information livrée brute, sans la moindre analyse.

C’est ce que dénonce le sociologue Laurent Mucchielli sur son blog : « Pour l’ONDRP, pourquoi transformer en marronnier ce sujet et ainsi risquer de lui donner implicitement le rôle d’une sorte d’indicateur ? »

Beaucoup plus grave, le sociologue poursuit : « pourquoi s’empresser de communiquer à la presse lors même que l’on cherche en vain, ce matin, à lire l’étude sur le site Internet de l’ONDRP ? », au moment où les résultats ont été rendus publics.

On serait donc prié de croire l’ONDRP sur parole, sans pouvoir juger  les méthodes utilisées, sans pouvoir connaître les méthodes utilisées ? « Voilà un procédé anti-scientifique hautement critiquable. Il est vrai que l’ONDRP n’a jamais été une organisation mue par des principes scientifiques, et c’est plus que regrettable. L’éthique scientifique permettrait d’éviter ce genre de dérives et de privilégier la mission d’information sur le goût de la publicité. », estime Laurent Mucchielli. Cependant, Laurent Borredon, du Monde, rappelle : « L’Observatoire a fondé son étude sur un recoupement entre le système de traitement des infractions constatées (STIC), fichier qui réunit tous les auteurs supposés de crimes et de délits, et l’ »état 4001″, la base statistique du ministère de l’intérieur. La notion de « mis en cause », qui n’a pas d’existence juridique, recouvre l’ensemble des suspects dont le nom est transmis par les forces de l’ordre au parquet, quelles que soient les suites pénales ». Quand on connaît la fiabilité du fichier STIC, on est en droit de s’interroger.

Le plus drôle (mais est-ce vraiment drôle ?), c’est que M. Ciotti, député UMP dont on connaît le sens de la nuance, s’est précipité sur cette enquête et y voit la preuve de l’échec de la gauche dans le domaine de la sécurité. Sauf que cette enquête porte sur la période 2008 – 2012…

L’article de Laurent Mucchielli est édifiant, et inquiétant : il souligne la légèreté avec laquelle certains journalistes acceptent des informations sans prendre la précaution d’en vérifier l’authenticité. Le b.a. ba pourtant…

Injures publiques envers les Rroms : 5.000€ d’amende pour Le Pen

« Ils volent naturellement, comme les oiseaux ». Les juges n’ont pas été sensibles à l’humour de Le Pen, et l’ont condamné, pour cette phrase prononcée le 22 septembre 2012 à « l’université » (?!) d’été du front national à La Baule, à 5.000€ d’amende. « Le tribunal correctionnel de Paris l’a déclaré coupable d’injure publique envers un groupe de personnes en raison de son appartenance à une ethnie » indique le journal Libération.

L’excuse de l’humour est un classique chez les racistes : « vous n’avez pas compris ce que j’ai dit », « vous le sortez du contexte »… « c’était de l’humour »… ce à quoi le tribunal a répondu : «La droit à l’humour comporte (…) des limites et doit cesser là où commencent les atteintes au respect de la dignité de la personne humaine et les attaques personnelles» (toujours dans Libération).

Et ces mêmes personnes font également appel à la « liberté d’expression », antidote selon eux à la « bien-pensance » des « droits-de-l’hommistes ». Sauf que, rappelons-le, le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit, réprimé par le code pénal.

Rappelons également que la provocation « à la discrimination, à la haine ou à la violence » est elle aussi prévue par le code pénal, dans l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881, dont voici le texte :

« Seront punis de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende (…) ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement  (…) ».

La Ligue des droits de l’Homme porte plainte contre le maire de Loudéac pour ses propos à l’encontre des Gens du voyage

Le bureau national de la Ligue des droits de l’Homme a saisi le procureur de la République de Saint-Brieuc d’une plainte contre M. Huet, maire de Loudéac, suite aux propos qu’il a tenus lors de la séance du conseil municipal du 14 novembre 2013 au sujet des Gens du voyage.

Ces propos ne sont pas dignes d’un élu de la République. Ils jettent le discrédit sur la communauté des Gens du voyage, sont discriminants et diffamatoires, et peuvent susciter des réactions d’hostilité à leur égard.

Les propos incriminés peuvent être écoutés sur la vidéo filmée par la mairie et mise en ligne sur son site à l’adresse http://www.ville-loudeac.fr/index.php/conseil-municipal-du-14-novembre-2013.html, séquence 5, à 6’50 du début, puis séquence 6.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle qu’elle défend les droits de tous.

Lire aussi ici.

Week-end chargé pour la section : deux assemblées générales

 

Assemblée générale de la section vendredi soir à Trévé.

Week-end chargé pour la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme : vendredi soir, assemblée générale de la section, samedi matin, assemblée générale du comité régional. Deux réunions bien suivies, qui ont permis de faire le bilan de nos actions localement et sur le plan régional, et d’affiner nos projets. Le temps fort en 2014 sera la deuxième édition des Droits en fête, les 25 et 26 février, avec une exposition de posters de l’association Poster4tomorrow, prêtés par Hervé Matines, et le samedi, une conférence gesticulée avec Frank Lepage.

Le thème de la fête sera, cette année, un sujet bien d’actualité: la démocratie…

Le comité régional s’est saisi samedi matin de l’affaire des gens du voyage insultés par le maire de Loudéac. Une délégation s’est rendue sur l’aire d’accueil de Loudéac, et un communiqué transmis à la presse (à lire ici).

 

 

 

 

 

Assemblée générale du comité régionale : les sections sont venues avec leurs Roll'up.

Gens du voyage à Loudéac : la LDH condamne les propos du maire

De gauche à droite, Nadia Doghramadjian, Jean-Yves Varin et Gérard Le Ny,.

La section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme accueillait, ce samedi 14 décembre, l’assemblée générale du comité régional de la Ligue des droits de l’Homme. L’assemblée générale a été scandalisée par les propos tenus par le maire de Loudéac le 14 novembre dernier en conseil municipal au sujet des gens du voyage. Une délagation s’est rendue sur place, et un communiqué, reproduit ci-dessous,  a été transmis aux quotidiens Ouest-France et Le Télégramme.

La ligue des droits de l’Homme condamne les propos du maire de Loudéac au sujet de gens du voyage

Le comité régional de la Ligue des droits de l’Homme dénonce les propos scandaleux tenus par le maire de Loudéac au sujet des gens du voyage lors la réunion du conseil municipal du 14 novembre dernier. Pour Gérard Le Ny, délégué régional, Jean-Yves Varin, responsable du groupe de travail sur les gens du voyage, et Nadia Doghramadjian, membre du bureau national de la Ligue  et responsable du groupe de travail sur les discriminations et le racisme, « ces propos sont un véritable appel à la haine » : comparaison indigne des sépultures des gens du voyage avec le cimetière des chiens d’Aubervilliers, accusations de vandalisme et de vol sans aucun fondement… ces propos, indignes d’un élu de la République, visent à dresser une partie de la population contre une autre. Une délégation du comité régional s’est rendue sur place, et a pu constater l’état lamentable dans lequel se trouve cette aire, état qui manifestement ne date pas d’hier. Si les prises électriques ont été changées, l’ampérage de l’installation est toujours insuffisant et les coupures électriques fréquentes ; le bloc sanitaire est une véritable infection. Le comité régional de la LDH rappelle que les gens du voyage sont des citoyens à part entière, qui méritent autant de respect que n’importe quels autres.

Une délégation du comité régional de la Ligue des droits de l’Homme s’est rendue sur l’aire d’accueil des gens

Journée d’hommage à Victor et Ilona Basch le 10 janvier à Rennes (35)

La section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes présente une particularité : elle a été la première section créée en province. Et une deuxième : elle a été créée par Victor Basch, figure emblématique de la lutte pour la reconnaissance de l’innocence d’Alfred Dreyfus, et qui devint, en 1926 et jusqu’à son assassinat par la milice le 10 janvier 1944, président national de la Ligue de droits de l’Homme.

Pour André Hélard, membre de la section de Rennes et qui a beaucoup travaillé et écrit sur son histoire et celle de Victor Basch, une autre singularité réside dans le fait que  cette histoire est particulièrement bien documentée. Il raconte avec humour qu’une des raisons de la richesse des archives concernant cette section est qu’elle était suivie par un « indicateur » particulièrement zélé et méticuleux, qui notait jusque dans les moindres détails ce qui se disait, se discutait et se décidait dans les réunions.

Autre raison de cette richesse : que Victor Basch a eu la lourde charge d’organiser l’accueil des Dreyfusards à Rennes pendant le deuxième procès du capitaine, et a donc beaucoup écrit aux responsables parisiens de la Ligue des droits de l’Homme, aux hommes politiques, et à son épouse lorsqu’elle était absente. Et cette correspondance est évidemment une mine pour l’historien.

Pas étonnant donc que pendant la journée du 10 janvier 2014, que la section de Rennes va consacrer à un hommage à Victor Basch, les historiens vont se bousculer au lycée qui porte aujourd’hui son nom : il s’agit du jour anniversaire de l’assassinat du couple Victor et son épouse Ilona par la milice. Le programme de la journée est particulièrement riche. L’hommage ne sera pas confié aux seuls historiens : des personnalités politiques y participeront également, ainsi que le président de la Ligue des droits de l’Homme, Pierre Tartakowsky.

Retenez donc tout de suite la date, de cet événement exceptionnel !

Le programme de la journée, qui aura lieu au lycée Victor-et-Hélène-Basch, 15 rue Charles-Tillon à Rennes (35)

Vendredi 10 janvier 2014

Journée d’hommage à Victor et Ilona Basch

 Présidée par leur petite-fille

Madame Françoise Basch,

9h00 – 10h00   Accueil du public et discours d’ouverture

10h00- 13h00 :

  • À  Rennes au temps de l’affaire Dreyfus, par André Hélard, auteur de L’Honneur d’une ville, la naissance de la section rennaise de la Ligue des droits de l’homme.
  • Ilona Fürth, MADAME Victor Basch, par Colette Cosnier, maître de conférences en littérature comparée, Université du Maine.
  • « Ligueur, rien que Ligueur, depuis toujours et pour toujours » : Victor Basch, président de la Ligue des droits de l’homme, 1926-1944, par Emmanuel Naquet, Centre d’histoire de Sciences Po-Paris, co-responsable du groupe de travail « Mémoires, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’homme
  • L’Assassinat, par Pascal Ory, Professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne-Paris 1.

14h00 Dévoilement de la plaque en hommage à Victor et Ilona Basch

 

14h30 – 18h00 :

  • Victor Basch, dreyfusard de combat (2006), film de Vincent Lowy, Université de Lorraine, directeur de l’Institut européen du Cinéma et de l’Audiovisuel
  • Victor Basch – un engagement citoyen, par Edmond Hervé, ancien ministre, sénateur, maire de Rennes de 1977 à 2008
  • Table ronde, animée par Gilles Manceron, historien, co-responsable du groupe de travail « Mémoires, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’homme :
  • Victor Basch, modèle pour un engagement d’aujourd’hui ? Avec Edmond Hervé, Pierre Tartakowsky, Pascal Ory, Emmanuel Naquet et Vincent Lowy 
  • Conclusion de la journée : Militer hier, aujourd’hui ? Par Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’homme

 

 Des textes de Victor Basch lus par les élèves du lycée et des auditions d’archives sonores ponctueront la journée

 

Loi de programmation militaire : demande de saisine du Conseil constitutionnel sur l’article 13

Le projet de loi de programmation militaire a été adopté mercredi 11 par le Sénat, sans que l’article 13, vivement contesté, n’ait été ni retoqué ni supprimé. Il reste une solution pour éviter le vote de cet article qui représente une menace sérieuse pour la confidentialité des données, notamment parce que la surveillance de l’Internet pourra se faire sans intervention du pouvoir judiciaire, il reste une solution : la saisine du conseil constitutionnel, pour qu’il en vérifie la conformité avec la Constitution, ce qui est loin d’être évident. Autre anomalie dans l’adoption de ce projet de loi : la commission informatique et liberté n’a pas été consultée, ce qui est tout de même un comble.

La Ligue des droits de l’Homme, et plusieurs autres associations, lance donc un appel pour la saisine du Conseil constitutionnel. Les organisations signataires ont par ailleurs l’intention de développer une campagne d’opposition à l’adoption définitive d’une loi qui met en place un dispositif disproportionné qui, une fois de plus, au nom de la sécurité, tend à réduire nos libertés.

La LDH et les organisations signataires ont publié un communiqué dans ce sens :

Demande de saisine du Conseil constitutionnel sur la LPM

La loi de programmation militaire (LPM) a été adoptée en deuxième lecture au Sénat. Au cœur du débat, le contenu de l’article 13 qui introduit un système généralisé de captation des données électroniques et téléphoniques en vue de lutter contre les atteintes potentielles à la sûreté du territoire et des intérêts de la France.

Les organisations signataires regrettent que les sénateurs n’aient pas retiré purement et simplement  cet article 13, qui va permettre une très large réquisition de données de connexion sans aucun contrôle judiciaire !

La découverte récente du système « PRISM », grâce au courage du lanceur d’alerte Edward Snowden, révélait l’ampleur de l’opération de détournement par les États-Unis, non seulement de dizaines de millions de conversations et de messages, mais aussi des métadonnées qui permettent de générer des réseaux, rendant ainsi possible une surveillance permanente et généralisée. Les gouvernements européens, eux aussi écoutés, s’en étaient largement offusqués. Mais, de rodomontades en reculades, aucun frein n’a pour l’instant été mis à ce maillage illégal.

L’absence d’une réaction ferme des gouvernements des pays ainsi attaqués renforçant les responsabilités de la société civile, la FIDH et la LDH ont décidé de déposer une plainte avec constitution de partie civile en raison de la violation des articles du code pénal qui protègent la vie privée et interdisent l’utilisation permanente et généralisée d’un système d’interception. Cette plainte est en cours d’instruction. Sont visées les agences de renseignement donneuses d’ordre et les entreprises de l’internet qui accordent généreusement l’accès aux données conservées.

Mais, la question de l’implication des gouvernements s’est posée immédiatement. Qui était au courant de quoi ? Il est apparu très vite qu’en France la DCRI avait, à une échelle moindre les mêmes pratiques, au motif que la fin justifie les moyens. C’était donc bien une préfiguration illégale de ce qui va devenir légal aujourd’hui. Dans une loi applicable de 2014 à 2019, à l’occasion de la programmation de dépenses, il est envisagé de doter la France d’un dispositif de surveillance se rapprochant du « Patriot Act » américain.

Les signataires ne peuvent accepter qu’une atteinte aussi importante aux libertés individuelles ne fasse l’objet que d’une discussion annexe dans le cadre d’une loi de programmation militaire.

Et cela dans l’urgence et l’impréparation, la méconnaissance des questions de l’internet étant flagrante dans les arguments publiquement avancés par les rédacteurs de la LPM, qui évoquent notamment le fait que ce ne serait pas le contenu des messages qui serait retenu – ce qui est faux – mais seulement les réseaux de connexion.

Et que dire de l’absence de saisine de la CNIL sur cet article 13 ?

Les organisations signataires ont l’intention de développer une campagne d’opposition à l’adoption définitive d’une loi qui met en place un dispositif disproportionné qui, une fois de plus, au nom de la sécurité, tend à réduire nos libertés.

Les signataires appellent à ce que le Conseil constitutionnel, gardien des libertés fondamentales inscrites dans notre Constitution, soit saisi.

Signataires : Ligue des droits de l’Homme, Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la magistrature (SM), Renaissance numérique, Centre de Coordination pour la Recherche et l’Enseignement en Informatique et Société (Creis), Centre d’Études sur la Citoyenneté, l’Informatisation et les Libertés (Cécil).

 

Il faut rendre hommage à Ilona et Victor Basch, assassinés par la milice le 10 janvier 1944

Crédit photographique : © Photo RAP/ Roger Viollet.

Fondateur de la section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme pendant l’affaire Dreyfus (André Hélard, spécialiste de l’affaire Dreyfus, évoque son rôle éminent dans une vidéo mise en ligne ici), président de la Ligue des droits de l’Homme de 1926 jusqu’à son assassinat par la milice en 1944, Victor Basch est une des grandes figures non seulement de la Ligue des droits de l’Homme, mais simplement de l’Histoire de France. En dehors de son attachement indéflectible à la Ligue, Victor Basch a joué un rôle majeur pendant le Front populaire et dans la Résistance, notamment en tant que membre du comité directeur du Front national pour la zone sud (à ne pas confondre avec le groupe d’extrême droite qui en a volé le nom).

Consultée par la mission de réflexion sur le Panthéon, chargée de proposer des noms de personnes méritant de reposer dans la nécropole nationale, la Ligue des droits de l’Homme a proposé les noms de Victor Basch et de son épouse Ilona, assassinés par la milice le 10 janvier 1944. Le 10 janvier 2014 sera l’occasion pour la section de Rennes de la LDH d’honnorer son fondateur, en collaboration avec le lycée Victor Basch et  du conseil régional de Bretagne. Plusieurs historiens et personnalités politiques interviendront pendant cette journée dont nous vous détaillerons le programme prochainement. Les sections LDH de Montrouge (92) et Villeurbanne (69) s’associeront à cet hommage, et cosignent avec la section de Rennes un appel en faveur de la proposition de la Ligue des droits de l’Homme de faire entrer au Panthéon le couple Victor et Ilona Basch. Voici, ci-dessous, l’appel commun qu’elles lancent.

Victor Basch, 70 ans après son assassinat

Ancien président de la Ligue des droits de l’Homme, Victor Basch est assassiné avec son épouse Ilona, le 10 janvier 1944 près de Lyon par la milice française et la Gestapo. Des commémorations sont d’ores et déjà programmées à Rennes (35), à Villeurbanne (69) et à Montrouge (92) en l’honneur de cet homme d’action, fervent dreyfusard, militant acharné de la défense du droit et de la justice.

La Ligue des droits de l’Homme et du citoyen, tout en appuyant récemment l’entrée simultanée de plusieurs femmes au Panthéon, estimait également « que le rôle de Victor Basch mérite lui aussi d’être honoré par la République et que celui-ci pourrait, avec sa femme Ilona, être inhumé dans le haut lieu de la République que constitue le Panthéon ».

C’est à Rennes, à l’occasion de l’affaire Dreyfus, que débute l’engagement politique de Victor Basch. Ce combat l’amène à faire partie dès juin 1898 des premiers adhérents de la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen dont il assurera la présidence de 1926 jusqu’à sa mort, et à jouer un rôle essentiel dans la fondation de la section de Rennes, une des premières à voir le jour. En sa mémoire, la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes organisera le vendredi 10 janvier 2014 une journée d’hommage sur le thème « Militer hier et aujourd’hui » avec la participation d’historiens et de responsables associatifs et politiques.

L’engagement militant de Victor Basch l’amène à être également un acteur important du Front populaire. C’est ainsi qu’il préside à Montrouge, le 14 juillet 1935, au vélodrome Buffalo, les « Assises de la paix et de la liberté », évènement fondateur du Front populaire et de ses avancées sociales. La section de la Ligue des droits de l’Homme de Montrouge dévoilera une plaque rappelant cet événement, le mercredi 16 avril 2014, rue Victor Basch à Montrouge.

Réfugié pendant la guerre, avec son épouse Ilona, à Caluire-et-Cuire (69), Victor Basch devient membre du comité directeur du mouvement de résistance Front national pour la zone sud. Arrêtés tous les deux le 10 janvier 1944 par la milice française et la Gestapo, ils sont assassinés à Neyron (01) et sont inhumés à la Nécropole nationale de la Doua, à Villeurbanne (69). La Fédération de la Ligue des droits de l’Homme du Rhône invitera à se recueillir sur leur tombe le vendredi 10 janvier 2014 et proposera une projection-débat autour du film documentaire « Victor Basch, dreyfusard de combat ».

Le 10 janvier 2014, cela fera 70 ans que Victor Basch fut tué, avec son épouse Ilona, pour ses engagements et du fait de ses origines. Les assassins déposèrent sur leurs corps l’inscription « Terreur contre terreur : le juif paye toujours ». Alors qu’en France les propos racistes se multiplient, les diverses commémorations qui se dérouleront autour de l’action militante et de l’assassinat de Victor Basch appuieront la volonté de la Ligue des droits de l’Homme de dénoncer sans relâche et sans complaisance les incitations actuelles à la haine et de refuser que la brutalité verbale toujours annonciatrice de passages à l’acte dramatiques envahisse l’espace démocratique.