Sandalisé par les propos du maire de Loudéac, le délégué général de l’association des Gens du voyage catholiques lui écrit

L’hebdomadaire Le Courrier indépendant a consacré une page de son édition du 22 novembre 2013 à l’aire d’accueil des Gens du voyage, après les propos scandaleux tenus par le maire de Loudéac (22). Propos qu’on peut vérifier sur la captation vidéo du conseil municipal mise en ligne sur le site de la mairie (séquence 5, à partir de 6’50’’ et début de la séquence 7). L’élu n’a en effet notamment pas hésité à faire le parallèle entre le cimetière pour chiens d’Aubervilliers et les monuments funéraires fréquemment érigés par les familles de Voyageurs, pour qui le culte des morts a une grande importance.

Dans l’édition du 29 novembre du Courrier indépendant, un Voyageur a réagi, par un courrier publié par le journal et dans lequel il précise : « je ne suis pas un voleur », rappelant par exemple que lorsque la robinetterie de l’aire de Cojean a été dérobée, les Gens du voyage n’étaient pas là, puisque l’aire était « en fermeture administrative ».

Marc Béziat, délégué général de l’Association catholique des Gens du voyage a, comme beaucoup d’autres, été profondément choqué par ces propos, et a écrit au maire et aux conseillers municipaux pour leur donner son sentiment. Il nous a autorisés à publier sa lettre, qui est par ailleurs publiée dans le Courrier indépendant ce vendredi 6 décembre. Nous la reproduisons ci-dessous.

À l’attention des membres du Conseil municipal

Monsieur le Maire,

Mesdames, Messieurs,

L’hebdomadaire « Le Courrier indépendant » du 22 novembre 2013 relate les débats du dernier Conseil municipal de Loudéac du 14 novembre. Nous en avons été alertés par notre fonction de vigilance, exercée sur les médias via Internet, afin de nous tenir informés des questions qui relèvent de notre objet statutaire. En page 8 de l’édition citée, il est relaté avec maints détails les propos des uns et des autres concernant le projet social à mettre en œuvre sur l’aire d’accueil de la commune. C’est donc avec un certain effarement, et sans angélisme, que nous avons pu lire « qu’il faut qu’ils nous respectent », parlant des Gens du voyage comme une entité une et indivisible, alors que rien dans ce qui nous est donné à lire ne laisse percer la moindre once de respect à qui que ce soit !

Nous entendons bien, sans les cautionner pour autant, les dégradations répétées sur cet équipement public dont les réparations coûtent toujours trop cher aux contribuables. Cela dénote plutôt à notre sens de la gestion déficiente, jamais revisitée au vu de l’expérience, d’un site dont la population est a priori à la fois globalement mal considérée par les édiles de la ville, mais aussi regardé comme un lieu de relégation « hors la ville ». Est-ce finalement un hasard, renseignement pris, si les aides à la gestion de l’aire ont été suspendues par l’autorité publique?

Dans un encadré de cette même page, toujours consacrée au débat de projet social sur l’aire d’accueil du Conseil municipal, une anecdote intemporelle (« l’autre jour ») relate le refus du « on » municipal (qui ?) à un projet de monument funéraire d’une famille dans le cimetière. Moquant le projet dans l’irrespect évident de la famille requérante – une connaissance des valeurs attachées aux morts et à leur mémoire chez les Gens du voyage aurait sans doute évité de digresser sur ce thème – le propos reflète l’aversion ressentie par son auteur tant il ne peut la dissimuler. Consultés par la famille, nous l’aurions sans doute incitée à exercer un recours contre une telle décision si mal motivée que par la « vocation » du cimetière communal qui serait contrariée (sic !).

Et quid du projet social à proprement parlé pour accompagner des familles sur un lieu de vie et d’habitat qui ne vaudrait pas la dépense évoquée par la Préfecture pour une remise aux normes ? Vous savez bien entendu desquelles il est question ? Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s’agit des normes de décence dévolues à un lieu d’habitat. L’aveu est implicite que l’aire n’est plus aux normes. Comment imaginer que des sanitaires, collectifs de surcroit et non entretenus au vu des photos publiées, puissent satisfaire aux exigences du respect de l’intimité d’une vie familiale ? Comment attendre alors de quiconque le devoir de respect alors que « rien n’a été fait depuis 25 ans », dit un usager, pour un cadre de vie plus digne ?

Nous pourrions poursuivre et peser les termes et le ton usités pendant cette dernière séance du Conseil… Entre humour douteux, ironie et invectives à ceux qui ne pensent pas comme le maitre de céans, la posture adoptée porte une étiquette : celle du mépris. Et nous ne pensons pas que le mépris fasse partie des valeurs de la République auxquelles un mandat d’élu est attaché.

Bien à vous.

Monsieur Marc BEZIAT, le Délégué Général de l’ANGVC 

V. Rébérioux : « halte au racisme ! halte à l’ethnicisation du débat public ! »

Un problème technique dans l’éditeur de texte du site a fait que cet article est paru dans un corps de caractère miniscule, et que le texte dépassait largement l’espace qui lui est réservé sur la page, rendant la lecture très difficile sinon impossible. Les choses sont rentrées dans l’ordre : nou publions donc cet article à nouveau, dans une version plus lisible.

L’opération « marchons contre le racisme » du samedi 30 novembre a mobilisé plus de cent villes à travers le pays. Dans chaque ville, la Ligue des droits de l’Homme figurait en bonne place. A Paris, place de la Bastille, c’est Vincent Rébérioux, historien et vice-président de la Ligue des droits de l’Homme, qui a conclu la manifestation par deux mots d’ordre : halte au racisme, halt e à l’ethnicisation du débat public.

La Ligue appelle par ailleurs à répondre aux prochains rendez-vous :

• « Rassemblement unitaire pour transmettre le message des marcheurs d’il y a trente ans et continuer à mener le combat qui fut le leur », mardi 3 décembre, à 18h30, à Paris, devant la gare Montparnasse (là où est arrivée la Marche de 1983). Premiers signataires : Ligue des droits de l’Homme, Collectif ACLefeu, association Au Nom de la Mémoire ;

• manifestation nationale contre le racisme et pour l’égalité des droits, samedi 7 décembre, à Paris, à 14h, au départ du square Saïd Bouziri, devant l’église Saint-Bernard (métro Barbès) à l’appel du collectif national « Egalité des droits – Justice pour tous » (dont la LDH est membre) ;

• et également le mercredi 18 décembre, à Paris, à 18h, du métro Belleville à République, pour une manifestation pour la Journée internationale de défense des droits des travailleuses et travailleurs migrants et de leurs familles à l’appel d’Uni(e)s contre une immigration jetable – Ucij (dont la LDH est membre).

Ci-dessous, le texte de l’intervention de Vincent Rébérioux à l’issue de la marche parisienne.

Halte au racisme, halte à l’ethnicisation du débat public

Intervention de la LDH à la fin de la marche contre le racisme, samedi 30 novembre à Paris, place de la Bastille, par Vincent Rébérioux

Cette journée était nécessaire, elle était utile. Le défi a été relevé. Dans plus d’une centaine de villes, des manifestations se sont tenues, très largement unitaires, pour dire « halte au racisme, halte à l’ethnicisation du débat public ».

Depuis plusieurs mois, les provocations se succèdent, les stigmatisations verbales sont suivies d’effets, des populations entières se voient désignées comme responsables des maux qui accablent la France.

Les insultes dont la ministre de la Justice, garde des Sceaux, Christiane Taubira a été la cible, s’inscrivent dans ce contexte nauséabond où chacune, chacun court le risque de se voir ramené à son origine, réelle ou supposée, à sa couleur, à sa religion. Ces assignations à résidence sont la négation même de l’humanité, elles s’attaquent au cœur de la République et de sa promesse d’égalité.

C’est pourquoi la Ligue des droits de l’Homme s’est engagée résolument dans le processus de mobilisation qui nous rassemble aujourd’hui. Ce mouvement, démarré à Angers le 11 novembre dernier, s’est poursuivi et a pris toute son ampleur grâce à l’engagement des collectifs Antillais et Ultramarins, que nous saluons ici pour leur détermination ; mais aussi avec le concours des grandes organisations syndicales attentives à combattre, au travail comme dans la vie, les expressions multiples du racisme, qui ne visent qu’à opposer entre eux toutes celles et tous ceux qui ont de bonnes raisons de vouloir construire un avenir commun, un avenir meilleur, fondé sur l’égalité et la fraternité.

Nous avons su, au-delà de nos histoires, de nos différences, nous regrouper pour affronter la bête immonde.

Il nous faut continuer, car elle est désormais déchaînée : il y a quelques jours encore, sur une chaîne de télévision, le maire de Marseille tenait, sur un mode ironique, des propos aux relents antisémites, à l’endroit d’un responsable politique…

Il nous faut continuer, car cette union n’est qu’ébauchée ; de larges secteurs de la société française restent encore à la lisière de mobilisations dont ils pensent qu’elles excluent leur situation propre, qu’elles excluent leurs identités et leur citoyenneté pleine et entière.

La conviction de la Ligue des droits de l’Homme est simple : « le racisme n’a qu’une stratégie, diviser, diviser à l’infini, dresser les uns contre les autres ». Cela nous dicte notre stratégie qui est de rassembler, rassembler encore et toujours, inlassablement.

C’est pourquoi nous sommes aux côtés des organisateurs de la marche du samedi 7 décembre, à Paris, pour l’égalité des droits et la justice pour tous. C’est pourquoi nous sommes aux côtés des travailleurs sans papiers pour la défense des droits des migrants, le 18 décembre. C’est pourquoi, dans trois jours, mardi 3 décembre, date anniversaire de l’arrivée de la Marche pour l’égalité de 1983, nous nous rassemblerons, à Paris, à 18h30, sur le parvis de la gare Montparnasse.

Au soir de cette belle journée de mobilisation, nous nous tournons vers les pouvoirs publics, vers les élus et, puisque nous allons vers des élections, vers les candidats, pour leur dire : il vous revient de veiller à ce que le débat public s’épanouisse dans le cadre du pacte républicain ; il vous revient de bannir les ententes ignobles avec toutes les manifestations de racisme, avec toutes les dérives d’extrême droite ; il vous revient de veiller à ce que l’Etat, à ce que la République n’en adoptent ni le ton ni les méthodes !

Soyez donc vigilants, soyez courageux.

Nous entendons, pour notre part, rester mobilisés autour des valeurs de la République telle que nous l’aimons : libre, égale et fraternelle.

Je vous remercie.

 

Fichiers automatisés : lettre ouverte à Mme Taubira

Le scandale de la NSA, cet organisme des services secrets américains qui a écouté et fichier le monde entier pendant des années a occupé les médias pendant quelques semaines. Il ne faudrait pas que ceci nos empêche de balayer devant notre porte : en France aussi, la vie privée subit des attaques, et les fichiers  FAED (fichier automatisé des empreintes digitales) et FNAEG (fichier national automatisé des empreintes génétiques) sont des illustrations de ces menaces. C’est ce qui justifie la lettre ouverte que la Ligue des droits de l’Homme, le Syndicat de la Magistrature, le syndicat des avocats de France, le Ceis Terminal et le Cecil ont adressé à Chritiane Taubira, garde des Sceaux ministre de la justice, avec copie au ministre de l’intérieur. En voici une copie :

Objet : Lettre ouverte à Madame Christiane Taubira, garde des Sceaux

Madame la garde des Sceaux,

Comme vous le savez, la Cour européenne des droits de l’Homme, dans un arrêt du 18 avril 2013, devenu définitif le 18 juillet 2013 (affaire « M. K. c France », requête n°19522/09), a jugé que la

France avait commis une violation de l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, aux termes duquel « Toute personne a droit au respect de la vie privée », à propos du Fichier automatisé des empreintes digitales (Faed).

Selon la Cour, la France a « outrepassé sa marge d’appréciation en la matière », tant en ce qui concerne l’arbitraire du fichage que la durée de conservation des données. En effet, la Cour a estimé que « le régime de conservation, dans le fichier litigieux, des empreintes digitales de personnes soupçonnées d’avoir commis des infractions mais non condamnées, tel qu’il a été appliqué au requérant en l’espèce, ne [traduit] pas un juste équilibre entre les intérêts publics et privés concurrents en jeu. Dès lors, la conservation litigieuse s’analyse en une atteinte disproportionnée au droit du requérant, au respect de sa vie privée, et ne peut passer pour nécessaire dans une société démocratique ».

L’arrêt précité a une portée qui dépasse ce fichier pour s’appliquer aux données enregistrées dans tous les fichiers posant des problèmes similaires, en particulier le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), auxquels devraient être appliqués les mêmes principes de proportionnalité, de pertinence, de non-excessivité et non-stigmatisation. Ainsi que la Cour le rappelle, de manière générale « le droit interne doit notamment assurer que ces données soient pertinentes et non excessives par rapport aux finalités pour lesquelles elles sont enregistrées, et qu’elles soient conservées sous une forme permettant l’identification des personnes concernées pendant une durée n’excédant pas celle nécessaire aux finalités pour lesquelles elles sont enregistrées. Il doit aussi contenir les garanties de nature à protéger efficacement les données à caractère personnel enregistrées ».

L’article 46.1 de la Convention stipule que les Etats s’engagent à se conformer aux arrêts définitifs de la Cour, dans les litiges auxquels ils sont parties. Par conséquent, l’Etat français doit mettre à exécution la décision de condamnation et entreprendre la modification du droit applicable non seulement pour le Faed, mais aussi le Fnaeg, qui est soumis à un régime juridique similaire.

Une exécution pertinente de l’arrêt conduit, par conséquent, à établir des critères stricts concernant l’enregistrement des données personnelles du Fnaeg. Initialement mis en place pour les délinquants auteurs de crimes sexuels, il concerne, après de multiples extensions législatives, presque toutes les infractions, mêmes mineures. Mais il y a plus. C’est l’expression même « personnes susceptibles de », qui autorise le fichage de personnes n’ayant commis aucune infraction et qui sont donc présumées innocentes, qu’il convient de bannir. L’expérience a ainsi montré que figuraient indument dans ce fichier et étaient l’objet de prélèvements génétiques (sous peine de sanctions pénales) de nombreuses personnes. Cette extension du fichage entraîne un risque de stigmatisation de personnes n’ayant commis aucune infraction, mises alors sur le même plan que des délinquants sexuels, ce que condamne la Cour.

La durée de conservation des données en cas de condamnation des personnes mineures, qui est excessive, devra par ailleurs également être réduite à une durée pertinente.

Enfin, le nouveau droit devra nécessairement faire figurer l’obligation de suppression de plein droit des enregistrements au Faed et au Fnaeg en cas de relaxe, d’acquittement, de classement sans suite ou autres abandons de poursuites.

Aussi, les organisations signataires vous demandent de bien vouloir tenir compte de la jurisprudence précitée de la Cour européenne des droits de l’Homme et, en conséquence, de modifier les lois et règlements régissant tant le Faed que le Fnaeg, dans les sens sus-indiqués.

Nous vous prions d’agréer, madame la garde de Sceaux, l’expression de nos cordiales salutations.

Quimper et Rennes : succès des marches contre le racisme

Photo Ouest-France

Les sections de Quimper (29) et Rennes (35) de la Ligue des droits de l’Homme ont organisé des marches contre le racisme, samedi 30 novembre.

A Quimper, le rendez-vous était aussi festif  avec des groupes musicaux. Des personnalités politiques se sont joints aux 500 personnes qui ont participé à la manifestation, pour dénoncer la banalisation du racisme. Même ambiance à Rennes, où 600 personnes s’étaient rassemblées.

Articles à lire dans Ouest-France et Le Télégramme :

http://www.ouest-france.fr/rennes-600-personnes-marchent-contre-le-racisme-1752539

http://www.ouest-france.fr/quimper-plus-de-500-marcheurs-republicains-1752610

http://quimper.letelegramme.fr/local/finistere-sud/quimper/ville/marche-pour-l-egalite-500-personnes-a-quimper-30-11-2013-2321807.php

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/bretagne/racisme-plus-d-un-millier-de-manifestants-en-bretagne-01-12-2013-2321940.php

 

Des dizaines de marches contre le racisme

Le journal Le Monde annonce 25.000 personnes à la marche parisienne contre le racisme. Dans toute la France, des dizaines de marches ont été organisée pour refuser cette aberrante régression qui nous ferait revenir des dizaines d’années en arrière.

A Dinan (22), c’est Patrick Briend, de la section dinanaise de la Ligue des droits de l’Homme, qui a lu la déclaration commune des associations ayant participé au collectif d’organisation de ces marches. Pour voir la vidéo (3’02), cliquer ci-dessous.

httpv://youtu.be/4KRNiAx72Ks

Samedi 30 novembre 2013 : c’est aujourd’hui qu’on marche, pour « laver l’affront »

C’est aujourd’hui, samedi 30 novembre 2012, que les démocrates, les républicains, les humanistes, ceux qui ne se résignent pas à voir la société française s’engluer dans la fange raciste, marcheront ensemble dans des dizaines et des dizaines de villes. Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, rappelle, dans une tribune publiée par le site d’information Médiapart, les enjeux de cette journée : ils s’agit tout simplement « de laver l’affront ».

Le 30 novembre, dans les villes, petites et grandes, nous allons manifester contre le racisme dont la ministre de la justice, Garde des sceaux, Christiane Taubira, a été la cible.

Le 30 novembre au soir, nous aurons lavé l’affront. Et nous serons d’autant plus forts pour poursuivre notre combat contre le racisme et ses trop nombreux compagnons de route, la xénophobie, les discriminations…

Pour ce faire, et cela dépend pour une part de chacune et chacun d’entre nous, il nous faut contribuer au succès de cette journée de marches tenues dans la France entière. Car pour réussir, créer ensemble une dynamique forte, porter un coup d’arrêt aux droites extrêmes et aux désignations de boucs émissaires, il convient de se rassembler, le plus largement possible.

Car notre ambition va au-delà de la simple expression de notre dégoût. Nous voulons mettre un terme à toutes les dérives, rétablir une norme républicaine de débat et, à cette fin, faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore : nous voulons redonner souffle et allant à l’utopie magnifique de la fraternité et à l’égalité, sa sœur jumelle.

Il n’est que temps. Une ministre de la République traitée de singe, la prise à partie lancinante des étrangers, un autre ministre qui décrète l’incapacité à s’intégrer de telle catégorie de population… Avec cette incroyable dégradation du débat public, dont les exemples hélas, foisonnent, des millions d’entre nous se retrouvent déniés dans leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture et de leur religion.

Il n’est que temps. Car une partie des hommes et des femmes politiques de notre pays s’en contentent ou, pire, exploitent cette situation. De boucs émissaires extérieurs en ennemis de l’intérieur, les doigts se tendent pour désigner les coupables qui seraient à l’origine de nos maux, qui détruiraient notre pays et ruineraient notre avenir.

Ce projet de division et d’exclusion vise la République en son cœur. Il est destructeur non seulement pour celles et ceux qui le subissent mais pour la société toute entière. La haine générée grandit, nourrie par la bêtise et l’ignorance, infiltrant tous les rouages de la vie sociale par une explosion numérique nauséeuse, générant conflits et violences, rancœurs et esprit de revanche, assignations à résidence et replis communautaires.

C’est la démocratie elle-même, au plus profond de ses ressorts, celle que nous avons mis plus de deux siècles à construire, qui est atteinte. C’est la France républicaine en ce qu’elle représente à la face du monde d’espoir d’un monde solidaire qui est rabaissée.

Voilà pourquoi il nous faut être nombreux à le réaffirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

Contexte de crise aidant, ces valeurs sont agressées par une extrême droite qui se sent des ailes, méprisées par une partie de la droite, minées par les inégalités sociales et trop souvent abandonnés par ceux là même qui devraient les graver au plus profond de notre pacte citoyen.

La mobilisation qui s’opère autour du 30 novembre montre que ces défis sont identifiés: elle porte la volonté de leur opposer une fraternité de combat, une égalité effective, pétrie de dignité et de droits concrets. Elle permet de faire entendre une exigence, de faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore, elle permet de redonner souffle à l’utopie magnifique de la fraternité et allant à l’égalité, sa sœur jumelle.

Elle inaugure de fait un agenda de rencontres qui peut s’avérer fructueux si chacun y travaille et – pourquoi pas ? – ensemble. La Ligue des droits de l’Homme entend ainsi commémorer solennellement la marche pour l’égalité d’il y a trente ans ce 3 décembre place de la République à Paris ; elle manifestera le 7 décembre pour rappeler que les mesures d’égalité réclamées il y a trente ans sont hélas des revendications toujours d’actualité ; et le 18 décembre elle défilera pour le respect des droits des migrants dans notre pays.

Cet agenda n’est-il pas mobilisateur et possiblement  rassembleur autour de l’égalité des droits ?

Il nous permet d’inscrire le refus de la haine au cœur des débat publics à venir, de rappeler à tous ceux qui seraient tentés par un dialogue avec les « bonnes questions» de l’extrême droite que les seules bonnes réponses qui vaillent sont, résolument, enracinées dans la justice sociale et son indispensable corollaire, l’égalité.

 Pierre Tartakowsky

Gilles Manceron : « réagir aux résurgences du racisme colonial »

Gilles Manceron

Le dernier exemplaire de la Lettre d’information électronique de la Ligue des droits de l’Homme consacre un dossier au racisme, dont on pensait qu’il avait été éradiqué, et qui s’est exprimé à nouveau violemment ces dernières semaines.

Nous reproduisons ici un article de Gilles Manceron, intitulé « réagir aux résurgences du racisme colonial ». Gilles Manceron, membre du Comité central de la LDH, est historien, auteur notamment de Marianne et les colonies (2003), Droits de l’Homme. Combat du siècle (avec Madeleine Rebérioux, 2004), La Colonisation, la loi et l’histoire (avec Claude Liauzu, 2006) et 1885, le tournant colonial de la République (2007).

On peut parler en France d’un refoulement puis d’un rejaillissement de la mémoire coloniale. La violence des insultes à Christiane Taubira comme la multiplication dans la période récente d’actes islamophobes contre des femmes portant foulard ou des lieux de culte musulman sont autant de manifestations d’un retour du racisme colonial. Mais à l’ère post-coloniale, ce racisme a souvent tendance à revêtir un habillage nouveau, d’apparence humaniste et progressiste, à substituer, par exemple, au discours nationaliste d’hier un discours souverainiste, voire à se livrer à un détournement à son profit de notions comme le féminisme ou la laïcité.

En France, au lendemain des indépendances, les mentalités forgées durant l’époque coloniale, les représentations qu’elle a encouragées et sur lesquelles elle s’est appuyée n’ont pas disparu du jour au lendemain. Il y a eu dans l’opinion comme une période de doute à leur égard quand on a constaté que les représentations d’hier avaient été démenties par les faits. Mais un certain nombre de dictatures dans des pays anciennement colonisés devenus indépendants, de crises dans certains d’entre eux et de phénomènes violents aux conséquences internationales tragiques, ont encouragé une sorte de retour de la bonne conscience coloniale et aux préjugés qui l’ont marquée et qui, en réalité, n’avaient jamais disparu.

La vision d’un « Autre » différent d’un « Nous », produite par cette histoire, n’est jamais entièrement sortie des esprits. L’impensé colonial, faute d’être analysé, n’a cessé de hanter une partie de la société française, et, depuis le début des années 2000, il a eu tendance à s’exprimer de nouveau à visage découvert. La loi du 23 février 2005 qui stipulait que les programmes scolaires reconnaissaient « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », c’est-à-dire de la colonisation, a suscité un mouvement de protestation, chez les historiens, les enseignants et dans les départements d’outre-mer, qui a conduit au retrait de la phrase en question. Mais, en 2007, Nicolas Sarkozy a fait du « refus de la repentance » un des thèmes majeurs de sa campagne électorale, et, devenu président, ce fut son discours de Dakar sur l’homme africain qui ne serait jamais « entré dans l’Histoire », la création d’un « ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale », puis la funeste opération d’apprenti sorcier du « débat sur l’identité nationale ». Avec une telle politique, la pensée coloniale, toujours présente dans l’inconscient collectif, n’a cessé d’être ravivée, y compris dans ses aspects les plus caricaturaux. On a même vu le retour d’un racisme biologique, avec des références animalières qui étaient banales à l’époque coloniale et semblaient avoir disparu des discours publics après la Deuxième Guerre mondiale et la décolonisation.

Si Christiane Taubira cristallise aujourd’hui les haines, si une candidate du Front national a pu écrire sur son site qu’elle préférait la voir « dans les branches de son arbre plutôt qu’au gouvernement », si des catholiques intégristes de Civitas ont manifesté contre le mariage pour tous aux cris de « Y a bon Banania, y a pas bon Taubira », et si une enfant de 11 ans lui a lancé « Elle est pour qui la banane ? La banane est pour la guenon », c’est la conséquence de ce phénomène. Comme l’est aussi le fait que l’hostilité à l’encontre des musulmans s’est traduite dans la dernière période par des discours stigmatisants, des pratiques discriminatoires et des agressions physiques.

La riposte à ces phénomènes ne peut résider simplement dans un « sursaut républicain » appelant à combattre le racisme en général. On ne peut y réagir avec quelque efficacité que si l’on prend conscience qu’il ne s’agit pas seulement de défendre la République, mais de questionner la page coloniale de son histoire. Si l’on prend conscience de ce que la République n’a pas toujours été exemplaire, elle a aussi trahi ses valeurs dans sa politique coloniale. Qu’elle s’est aussi illustrée, par exemple, il y a un siècle, en exhibant des personnes venues des colonies devant des spectateurs de Paris ou d’autres villes qui leur lançaient des aliments. Par cette violence symbolique, écho édulcoré mais emblématique de celle de la conquête et de la domination coloniale, elle s’est aussi employée à légitimer l’entreprise « civilisatrice » qu’elle conduisait aux colonies, y compris en allant jusqu’à animaliser ainsi les populations des colonies. Lors des matchs de football d’aujourd’hui, les « cris de singes » lancés dans les tribunes et certaines insultes sur les pelouses ont une histoire.

Il ne suffit pas de parler aujourd’hui d’une résurgence du racisme en général sans pointer les origines de ce racisme particulier, dont les agressions verbales contre Christiane Taubira et physiques contre des femmes portant un voile sont la conséquence. Les différentes formes de racisme n’obéissent pas aux mêmes mécanismes ni aux mêmes ressorts. Tout en restant en éveil face aux nouveaux avatars de la xénophobie et de l’antisémitisme, il s’agit de prendre conscience de cette forme spécifique de racisme. Et de se livrer à un patient travail de déconstruction pour défaire l’imaginaire colonial, ses stéréotypes comme son lot de plaisanteries redoutables, afin de faire place à un autre état d’esprit. Comme le fait, par exemple, en ce moment, l’exposition « Kanak, l’art est une parole » montrée à Paris, au musée du Quai Branly.

L’histoire de la colonisation a longtemps été un point aveugle de la conscience française. Cela a été vrai non seulement pour la colonisation des XIXe et XXe siècles, qui va de la prise d’Alger en 1830 aux indépendances de 1960-1962, mais aussi pour la première phase de celle-ci, celle des XVIIe et du XVIIIe siècles, marquée par la colonisation des îles des Antilles et de l’Océan indien fondée sur l’esclavage et l’économie de plantations. L’une et l’autre ont été longtemps absentes en France de la mémoire collective comme de l’enseignement de l’histoire à l’école. Combien de Français savent que la traite et l’esclavage ont été organisés par la monarchie absolue, avec la création de compagnies d’État (Compagnies des Indes occidentales et des Indes orientales, Compagnie du Sénégal, etc.), et l’encouragement de la traite privée par le versement aux négriers d’une prime par « tête de nègre » importée dans les colonies ? Combien savent qu’on comptait au XVIIIe siècle plus de 3 300 navires spécialisés, à partir de Bordeaux, Nantes, Le Havre et pratiquement tous les autres ports de mer français ?

Des voix se sont fait entendre dans la société française et les départements d’outre-mer pour ne plus occulter cette histoire. Cela a abouti, en 2001, à la loi, précisément défendue par Christiane Taubira, reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité. Cela explique probablement en partie les attaques dont elle est l’objet. Mais un travail important reste à faire pour que cette page d’histoire retrouve sa place dans notre histoire nationale.

D’autant que le plus dur travail qui reste à faire concerne sur la seconde phase de la colonisation, celle des XIXe et XXe siècles. Car c’est à ce moment qu’à l’aide de références républicaines, un discours raciste s’est développé en France quand on a cherché à justifier le droit des nations européennes à conquérir des territoires lointains en affirmant leur « mission civilisatrice » et qu’a été introduite une distinction entre un « monde civilisé », blanc et européen, et un « monde barbare », extérieur à l’Europe. Cela a conduit à diviser l’humanité entre la race blanche « la plus parfaite des races humaines » et les races « de couleur » considérées comme inférieures et placées sur une sorte d’échelle hiérarchique en fonction de leur niveau supposé de civilisation. Et cela s’est produit sous la IIIe République, en invoquant le progrès et les idées républicaines.

Avant même qu’en 1885 la République approuve explicitement la politique coloniale prônée par Jules Ferry au nom de l’idée que les indigènes des colonies n’ont pas les mêmes droits que les autres hommes, le théoricien de la démocratie qu’est Alexis de Tocqueville, par exemple, avait, au milieu du siècle, esquissé cette théorie de l’« exception coloniale ». Bien que reconnaissant les effets désastreux de la colonisation de l’Algérie où « nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare quelle n’était avant de nous connaître », il admettait que les règles qui devaient s’appliquer en Europe puissent être violées là-bas. Et en déduisait notamment que les violences contre les populations étaient, dans ce cas, légitimes. Puisque implicitement les « indigènes » n’étaient pas considérés comme étant vraiment des hommes, on pouvait recourir sans scrupules à des moyens que les droits de l’Homme condamnaient.

Avec Jules Ferry, l’aveu a été plus net encore : « Si nous avons le droit d’aller chez ces barbares, c’est parce que nous avons le devoir de les civiliser. […] Il faut non pas les traiter en égaux, mais se placer au point de vue d’une race supérieure qui conquiert », déclarait-il, par exemple, à la Chambre en 1884. Et, l’année suivante : « Il faut le dire nettement : oui, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Comment justifier, sinon, notre présence aux colonies : elles ne nous demandent pas ! » C’est pour nous un défi que de penser cette distinction porteuse de racisme tout en sachant qu’elle émane des penseurs importants de la démocratie comme Tocqueville ou Ferry. Face à leurs opposants républicains qui invoquaient l’universalité des droits de l’Homme, ils ont compris qu’il valait mieux éviter le débat sur les principes et chercher plutôt à mettre l’opinion de leur côté en recourant à des images et des plaisanteries qui instituaient comme une évidence la supériorité des Blancs sur les « sauvages ». Des représentations, des récits et toutes sortes de mises en scène ont contribué à faire entrer dans les esprits cette division « de bon sens » de l’humanité entre « Nous » et ces « Autres ».

Si on ne déconstruit pas cela, comment faire reculer aujourd’hui les préjugés à la source des divers rejets et discriminations qui minent la société française ? Notamment au détriment des personnes « d’origine maghrébine », des « musulmans d’apparence ou de patronyme », de celles venant des départements d’outre-mer ou d’Afrique, qui sont, du fait des mouvements migratoires, de plus en plus nombreuses dans la société française. De la même manière qu’on dit que ces personnes, dans leur vie sociale et professionnelle, se heurtent à un « plafond de verre », obstacle invisible mais bien réel, que n’institue souvent aucune loi écrite, on peut dire que ce processus s’enracine profondément dans un « socle de verre » constitué par les mentalités et représentations forgées à l’époque des colonies. Il est clair, dans ces conditions, que l’interrogation de la société française sur cette page de son histoire est une nécessité pour aujourd’hui. La société française vit un moment où le détour par ce passé est pour elle un passage obligé pour répondre à un certain nombre de questions sur son présent, et réagir aux divisions qui la menacent.

Pierre Tartakowskly : un agenda de mobilisation contre la bête immonde

A la veille des dizaines de « marches contre le racisme », qui vont réunir samedi 30 des milliers de personnes unies par le même dégoût du racisme et de la xénophobie, Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, rappelle, dans la « lettre d’information de la LDH », l’agenda de la mobilisation contre ce qu’il appelle « la bête immonde », cette sournoise résurgence des idées les plus noires véhiculées par l’extrême droite. Rappelons qu’en Bretagne, trois rendez-vous sont donnés samedi 30 novembre : Quimper, place St-Corentin à 15h, Rennes, place de la mairie à 16h, et Dinan, esplanade de la Résistance à 15h, Lire ici et .

Marches contre le racisme (plusieurs dizaines sont prévues) et pour l’égalité le 30 novembre, manifestation le 7 décembre pour commémorer et faire revivre l’esprit de la marche pour l’égalité, journée du 18 décembre consacrée a la solidarité avec les familles et travailleurs sans-papiers… L’agenda de la démocratie s’est déployé dans l’espace public en peu de temps. Traduisant un sursaut salutaire contre les agressions verbales et physiques de l’extrême droite, il exprime un ras-le-bol, envoie un signal fort aux forces politiques qui ont à cœur de préserver les valeurs républicaines, rappelle enfin à tous que la formule du « ventre encore fécond » n’est hélas pas qu’une formule, mais une sinistre réalité.

Le succès de la pétition « France ressaisis-toi ! »  auquel nous nous honorons d’avoir contribué (ndlr : elle a dépassé les 100.000 signatures), la capacité de la société civile à avoir trouvé en son sein les forces et le dynamisme nécessaires à un coup d’arrêt, l’unité des forces associatives et syndicales témoignent de ce qu’il est possible de mobiliser autour des valeurs d’égalité et de fraternité.

En faire le constat est important dans une période ou la fragmentation sociale et politique s’attaque aux solidarités qui permettent le vivre ensemble et l’espoir partagé. Reste à reconduire et à élargir la méthode, dans les débats à venir, au service des causes qui nous mobilisent.

La démocratie pour tous, la justice sociale, l’égalité devant l’impôt, la santé et le logement, le refus des discriminations et des discours de mise a l’index, voire de haine, contre les étrangers, les pauvres, l’égalité hommes/femmes… Voilà quelques-uns des thèmes qui, à n’en pas douter, vont continuer de nous mobiliser dans les temps à venir. Il faut souhaiter que, comme contre le racisme, nous sachions travailler en faisant converger le maximum d’acteurs, d’histoires, d’expériences citoyennes. Et que ces efforts puissent nourrir un projet de libération humaine qui s’appuie sur l’universalité des droits. Car c’est de leur convergence, de leur unité, d’un tel projet concret que dépendra notre capacité collective à renvoyer la bête immonde aux marges dont elle n’aurait jamais dû sortir.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme.

Marchons en Bretagne contre le racisme : Rennes (35), Quimper (29), Dinan (22)

La liste des marches s’allonge chaque jour : le site dédié à l’opération en recense ce matin plus de quatre-vingts. En Bretagne, une troisième vient de s’ajouter à celles de Rennes et Quimper. Elle aura lieu à Dinan, à 15h, sur l’esplanade de la Résistance, à l’appel de syndicats : la CGT, la CFDT, la FSU, le SNES, l’UNSA, Solidaires ; d’associations : la FCPE (parents d’élèves), le Mouvement de la Paix, Solidarité pays de Rance, et avec le soutien de partis politiques : PS, Front de Gauche, Europe Ecologie-les Verts, NPA.

La multiplication des agressions et des déclarations racistes, jusques et y compris de la part d’organisations politiques qui siègent au parlement, sont devenues encore plus insupportables, par leur nombre, leur violence, et aussi par la mollesse des réactions de ceux dont on est en droit d’attendre qu’ils les dénoncent. Ces multiples marches rappelleront aux citoyens de ce pays que le racisme n’est pas une opinion : c’est un délit, qui est puni par la loi. Si cette tendance à le banaliser se poursuivait, on assisterait à une régression terrible de la morale publique. C’est pourquoi il faut absolument que toutes les forces humanistes, démocrates et républicaines se réunissent samedi pour mettre un terme à ce phénomène, et faire comprendre aux racistes qu’il n’y a pas de place pour leurs discours et leurs agissement dans un pays dont la devise est « Liberté, égalité, fraternité ».

Lire aussi ici.

 

Marchons contre le racisme : 10 nouvelles marches programmées

Dix nouvelles marches contre le racisme sont programmées pour le samedi 30 novembre : l’appel de la Ligue des droits de l’Homme est bien reçu par tous les militants des droits, et les nombreuses associations (voir la liste ici) qui s’y sont associées mobilisent aussi de leur côté. En Bretagne, deux marches sont prévues : Quimper et Rennes (lire ici).

Les formes que prennent ces marches sont diverses, elles prévoient généralement des animations musicales, du théâtre, de la danse (notamment place Saint-Corentin à Quimper). A Dijon, une déclaration commune des associations et des syndicats signataires de l’appel est diffusé et sera lu pendant la manifestation. En voici le texte :

Les associations : AODOMAB (association des Originaires d’Outre-mer et amis en Bourgogne), ATMF(Association des Travailleurs Maghrébins de France) Cimade, FCPE, Ligue des droits de l’Homme, Ligue de l’Enseignement, Maison de la Méditerranée, Mouvement de la Paix, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) Ras le front, SOS racisme,

Les organisations syndicales : CGT 21, CFDT Côte-d’Or, CNT, FSU 21, Solidaires 21, SGEN-CFDT, UNEF, répondent à l’appel initié nationalement par de nombreuses associations et organisations syndicales afin d’alerter sur l’ampleur et la gravité que prennent dans notre pays les dérives racistes ; les attaques récentes qui, au travers d’une ministre de la République, ministre de la Justice et Garde des sceaux, visent à dénier l’appartenance humaine à des millions de personnes,  sont l’expression d’un racisme urgent à combattre  car il met en danger la société :

Le racisme stigmatise des groupes entiers à partir de préjugés sur des apparences, niant à la personnalité individuelle sa capacité à évoluer librement ; le racisme enferme condamne et exclut des individus par des jugements globaux et définitifs totalement arbitraires : ainsi il contredit le principe républicain de liberté.

Le racisme installe dans les têtes l’idée d’une hiérarchie entre les êtres humains, en contradiction totale avec le principe républicain d‘égalité

Le racisme vise la division et sème la haine : il est en contradiction avec le principe républicain de fraternité qui, seul, peut garantir un avenir de paix et de justice

Le racisme prend ses racines dans les pages sombres de l’Histoire :

  • Durant des siècles, en Europe et en France il y a eu des tentatives de justification des guerres et de l’exploitation des vaincus à partir de l’origine, de la couleur de peau, du sexe, de la religion ou du mode de vie,
  • La traite esclavagiste puis la domination coloniale, au nom d’une supériorité supposée et totalement inepte d’un « homme blanc » ont laissé des plaies profondes , toujours vivantes.
  • Le nazisme a voulu exterminer des populations pour faire règner sur l’Europe l’imposture d’une « race supérieure » pourchassant particulièrement Juifs et Tsiganes avec la complicité, en France  du régime de Vichy et dont d’aucuns, à l’extrême-droite, se reconnaissent ouvertement les héritiers.

Nous tenons à rappeler qu’au-delà des innombrables diversités physiques il n’existe qu’une seule espèce humaine et que dans une société démocratique, pas plus que l’apparence physique, le genre, les choix spirituels, les origines, le mode de vie ne peuvent être des facteurs de discriminations et conduire à des persécutions, c’est pourquoi le racisme n’est pas une opinion mais un délit, devant la loi de la République.  

A présent dans nos sociétés en crise, le désarroi et la colère sont exploités par tous ceux qui désignent à la vindicte populaire des populations qui ne sont pas responsables de cette crise et qui au contraire en sont souvent les premières victimes : simpliste, commode pour éviter de poser les vraies questions mais injuste et dangereux , porteur de menaces sur  l’avenir commun : le racisme mine la société, à chacun, chacune d’en prendre conscience pour s’en délivrer et en débarrasser la société : le combat est à mener ensemble et individuellement, c’est notre responsabilité de citoyen (ne)s.

C’est pourquoi ces organisations appellent, en écho à la Marche contre le racisme qui aura lieu à Paris le même jour, à exprimer une condamnation collective du racisme par un rassemblement citoyen à Dijon ce samedi 30 novembre place François Rude à 11h30