Le 30 novembre, marchons contre le racisme !

Un climat nauséabond s’installe dans notre pays. Le garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Christiane Taubira, a subi ces dernières semaines des attaques racistes venues de temps obscurs que l’on croyait révolus. Ces propos sont une souillure pour la République.

Nous condamnons solennellement cette dérive raciste, de même que les actes et propos qui en ont permis la maturation. Nous n’admettons pas que des millions de personnes soient déniées dans leur humanité et leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture, de leur religion… Nous ne supportons pas que des boucs émissaires soient désignés comme les responsables de nos maux et comme des menaces sur notre avenir.

Alors que la France doit affronter les énormes défis liés à la dégradation économique, au chômage et aux inégalités, face à ceux et à celles qui veulent aviver les souffrances sociales, les peurs et les colères, nous nous dressons pour affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

C’est la raison pour laquelle la Ligue des droits de l’Homme a proposé à d’autres associations, ainsi qu’à des syndicats et des partis politiques, d’organiser, le samedi 30 novembre, des marches contre le racisme. Le collectif de la marche a ouvert un site qui donne la liste des villes où une manifestation est programmée et cette liste est régulièrement mise à jour. À ce jour, 43 marches sont prévues, et la liste s’allonge chaque jour. Elle est consultable ici.

Il s’agit, par ces événements, de réunir des citoyens et organisations qui veulent dénoncer le climat délétère, fascisant de rejet de l’autre, de montée du racisme et mettre en avant les principes tels que l’égalité, la solidarité, bref remettre du collectif et du respect de l’autre pour construire le vivre ensemble.

En Bretagne, pour le moment, deux marches sont prévues : à Quimper et à Rennes.

À Quimper, le rendez-vous est fixé samedi 30 novembre à 15h, place Saint-Corentin. On peut parier sans risque qu’il n’y aura cette fois pas de casse ni de désordre… Des animations sont prévues : la marche se dirigera vers l’esplanade François-Mitterrand où une scène et une agora seront installées.

L’événement s’appelle la « marche pour l’égalité et contre l’intolérance », elle se tiendra le 30 novembre 2013 à compter de 15 heures par un rassemblement place Saint Corentin, une marche pour rejoindre l’esplanade François Mitterrand, où se tiendront une scène et une agora, avec au programme théâtre, musique et danse. Cette manifestation est organisée conjointement par la section de Quimper de la Ligue des droits de l’Homme et le comité citoyen du Finistère (voir le flyer ci-contre).

À Rennes, le rassemblement est prévu à 16h, place de la mairie.

Liste des organisations membres du collectif de la marche :

CollectifDOM, CM98, Ligue des Droits de l’Homme, SOS Racisme, MRAP, LICRA, CFDT, CGT, UNSA, FSU, Union syndicale Solidaires, CFTC, FCPE, Ligue de l’enseignement, UEJF (Union des étudiants Juifs de France), FIDL, UNEF, UNL, France Terre d’asile, UFAT (Union Française des associations Tziganes), EGAM, FNASAT, R=(Respect), Banlieues du Monde, Ni Pute Ni soumise, Collectif des écrivains nègres, Association ultramarine de France, Les amis du PPM en France, Haut Conseil des Maliens de France, Association pour la Promotion de la Langue et de la culture Soninké (APS) Association culturelle de musulmans de Drancy, Conseil de Coordination des organisations arméniennes La Maison des potes, Mémorial 98, Le Syndicat des Avocats de France (SAF), Le Syndicat de la Magistrature, Les Marianne de la diversité, RESF, Fédération des Mutuelles de France, Mouvement de la paix, Fondation Copernic, SNES, CIMADE, SNEP, SNUEP, Droit au logement – DAL,SNUIPP, Le 93 au cœur de la République, Collectif national droits de l’Homme Romeurope, Harkis et droits de l’Homme, Convergence services publics, Fédération initiatives des femmes africaines de France et d’Europe (Fédération Ifafe), Les sans voix, Paroles de femmes, Union syndicale de la psychiatrie, Collectif national pour les droits des femmes

La Saga des Contis au Cithéa de Plouguenast c’est demain, dimanche 24

L’information n’a pas fait la une des journaux, elle est pourtant d’importance : Xavier Mathieu, figure charismatique de la révolte des Contis, les ouvriers de l’usine Continental de Clairoix contre la fermeture du site pour des raisons de profit des actionnaires, vient de remporter une nouvelle victoire.

Continental tentait de le licencier alors qu’il n’a jamais été réintégré, contrairement à ses collègues représentants du personnel, comme lui, l’inspection du travail vient de dresser un procès-verbal constatant la discrimination dont il est victime de la part de la direction de l’entreprise.

Cela peut sembler anecdotique, mais c’est loin de l’être. Parce que derrière cela, se cache un projet inavoué de la direction, comme l’explique Xavier Mathieu : il s’agit ni plus ni moins de faire disparaître le plus rapidement possible le comité d’entreprise, qui continue de venir en aide aux 500 salariés qui sont toujours à Pôle emploi. « Les autres délégués seront en fin de droits en février. Ils ne seront plus là pour entretenir le lien social. Moi, je pourrai servir de relais pour continuer l’action et ça, la direction ne le veut pas. Elle veut gagner du temps. », explique Xavier Mathieu (Source : Le Parisien et le bulletin du PCF de l’Oise).

Cette victoire intervient plusieurs semaine après une autre : fin août, les prudhommes avaient constaté l’illégalité des licenciements, qu’aucun problème économique ne justifiait, contrairement à ce que prétendait la direction. Et l’entreprise va donc devoir indemniser les salariés licencier beaucoup plus largement qu’elle ne l’avait prévu. Elle a bien entendu fait appel, mais on voit mal comment la justice pourrait contredire cette décision.

Jérôme Palteau, réalisateur du film « La Saga des Contis », que la section Loudéac centre Bretagne projette dimanche 24 novembre au cinéma le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du film documentaire, avec Cac sud 22, sera certainement en mesure de nous donner des informations plus précises sur l’évolution de ce dossier, pendant le débat auquel il participera après la projection en visio-conférence, puisqu’il ne peut pas faire le déplacement.

France, resaisis-toi : signez la pétition !

La Ligue des droits de l’Homme soutient la pétition lancée par un adjoint au maire de Brétigny-sur-Orge, Steevy Gustave, et appelle à la signer et la diffuser.

Steevy Gustave, qui était candidat Eutope écologie les Verts aux élections législatives en 2012, est chargé de la citoyenneté, la démocratie et l’égalité des chances à Brétigny-sur-Orge. Il s’est beaucoup investit dans le domaine de la culture et auprès des jeunes, notamment grâce au hip-hop.

Il est l’auteur de cette pétition de soutien à Christiane Taubira, victime d’insultes et d’injures racistes et de menace.

La pétition peut être signée ici. N’hésitez pas à la signer et la diffuser !

Le texte de la pétition

« C’est pour qui la banane ? C’est pour la guenon ». C’est par ces mots qu’une fillette de 12 ans a brandi il y a quelques jours à Angers une peau de banane à l’endroit de Christiane Taubira. Après la comparaison simiesque dont notre Ministre de la Justice fut la cible quelques jours plus tôt par une candidate du Front national, ce sont des mots qui ne peuvent être tenus pour des « dérapages » comme la presse les qualifie avec une pudeur de violette. Ils sont tout au contraire le signe qu’une gangrène purulente est en train, sous nos yeux, d’infecter le pacte républicain.

Le mal semble tellement avancé que ce sont donc des parents qui, le temps d’une manifestation, montrent avec fierté à quel point leur fille a été élevée dans la haine. Le mal semble tellement avancé que c’est avec stupéfaction que nous constatâmes la quasi-absence de réactions face à des propos aussi violents qu’intolérables. Le mal semble tellement avancé que toutes les excuses sont trouvées aux expressions de racisme tandis que la lutte contre ce fléau est disséquée, vilipendée, critiquée, moquée. En dépit – ou en raison – de ce contexte, nous tenons à réaffirmer les valeurs de notre République, les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous tenons également à réaffirmer notre attachement à ce que notre pays, ses habitants et son histoire ne soient pas insultés ainsi quotidiennement par des dealers de haine. Car ces propos sont autant d’insultes aux anciens combattants de toutes origines qui se sont battus pour que nous puissions vivre ensemble face à l’obscurantisme.

Autant d’insultes aux grands Hommes qui ont contribué à la richesse et au rayonnement de la France. Il n’est qu’à penser, pour n’en citer que quelques-uns, à Alexandre Dumas, Raymond Kopa, Marie Curie, Yves Montand, Aimé Césaire, Samuel Beckett, Joséphine Beker, Léon Blum, Félix Eboué, Gaston Monnerville et plus récemment à Georges Charpak, Haroun Tazieff, Yannick Noah, Charles Aznavour, Omar Sy, Jacques Martial ou Zinedine Zidane. Noirs, Arabes, Juifs, étrangers ou fils d’immigrés : ils sont tous une partie constituante de la Nation. Une Nation dans laquelle il devrait pouvoir être affirmé comme la dernière des banalités que « nous sommes tous la France ». Cet appel est un appel républicain, car loin des querelles partisanes, chaque personne, soucieuse de la beauté et de l’avenir de notre pays, doit dire que le racisme, la xénophobie, le harcèlement et plus généralement la haine de l’Autre sont des fléaux qui mettent à mal notre socle commun. C’est donc le devoir de chaque citoyen de participer à un sursaut afin d’arrêter de trouver chez l’Autre la justification de nos fantasmes mauvais et de nos maux du moment.

Signataires de cet appel, c’est par amour de notre pays que nous affirmons les positions suivantes : Nous refusons cette société qui se replie sur elle-même ! Nous refusons la normalisation de la parole raciste ! Nous refusons l’instrumentalisation de nos valeurs à des fins politiques ! Nous demandons que toutes formes de racisme soient fortement condamnées ! Nous demandons que la haine ne mutile plus le corps de la liberté, l’âme de l’égalité et le cœur de la fraternité. Au nom de nos valeurs, c’est au contraire dans l’union des citoyens que nous devons construire notre pays, préparer son avenir et retrouver la fierté d’une Nation qui ne saurait se nicher dans les ratiocinations, pas davantage que dans la glorification des mauvaises passions.

 

Dimanche 24 novembre, Le Cithéa à Plouguenast, à 14h30, la Saga des Contis avec Jérôme Palteau

La Saga des Contis, c’est une fresque, cinématographique, réalisée par Jérôme Palteau. Le film, comme son titre l’indique, retrace les années de lutte des salariés de l’usine de pneus Continental, de Clairoix, licenciés par la multinationale dont le seul souci est de faire gagner encore davantage d’argent à ses actionnaires : le motif prétendument « économique » des quelque 700 licenciements a été rejeté par les Prudhommes, qui ont condamné l’entreprise à réintégrer les salariés : elle devra donc les licencier selon la procédure normale, et les indemniser en conséquence. Quand ce jugement est tombé, en août 2013, Xavier Mathieu, le leader charismatique de cette lutte, déclarait : « c’est une victoire, mais c’est une victoire amère »… Et pour cause : on reconnaissait le caractère abusif des licenciements, sans pouvoir les empêcher. Et, ajoutait Xavier Mathieu, le pire dans l’histoire, c’est que malgré les sommes astronomiques que l’entreprise va devoir débourser, l’opération reste rentable pour elle.

À l’heure où certains récupèrent la détresse ouvrière, et réussissent le tour de force de faire défiler  patrons et ouvriers dans la même manifestation, où la peur du chômage est telle que des ouvriers licenciés se font agresser par leurs collègues qui ont conservé leur emploi, la Saga des Contis, malgré l’issue dramatique du conflit, apporte une lueur d’espoir : la capacité de révolte est encore intacte , et la solidarité existe toujours. D’autres informations ici:

Continental s’acharne contre Xavier Mathieu.

680 licenciements annulés par les Prudhommes : la belle victoire des Contis.

Emission Là-bas si j’y suis du 12 septembre 2013, « l’amère victoire des Contis ».

A noter que le film a reçu le prix du film documentaire décerné par le journal La Croix, en octobre dernier (lire ici).

La projection du film sera suivie d’un débat, avec la participation de Jérôme Palteau, réalisateur.

Pratique

Organisé par la section Loudéac centre Bretagne, en partenariat avec le cinéma Le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du film documentaire, organisé par CAC Sud 22 Marc Le Bris, Double Vue, et le Conseil général des Côtes d’Armor.

Au cinéma Le Cithéa, à Plouguenast, à 14h30. Entrée, 4€.

La bande annonce du film.

httpv://youtu.be/btX3Z5D_eEo

Face à la déferlante raciste, une marche le 30 novembre

La résistance commence à s’organiser.

19 associations, dont la Ligue des droits de l’Homme, ont lancé, jeudi 14 novembre, un appel intitulé « Faire barrage au racisme ». Elles appellent à une marche à Paris, le 30 novembre prochain. Vincent Rébérioux, membre du comité central de la LDH précise : «Il ne s’agit pas uniquement de dénoncer ces insultes mais toute la déferlante raciste».

 Faire barrage au racisme

Les associations et organisations suivantes se sont réunies, à Paris, le 14 novembre 2013.

Elles appellent à la tenue d’une marche, à Paris, le 30 novembre 2013, pour faire barrage au racisme.

Elles invitent les citoyen(ne)s à être à l’initiative de marches semblables, ce même jour, en France, dans l’hexagone et les outre-mer.

Elles rendront public un texte d’appel, en début de semaine prochaine.

Les signataires de l’appel : 

Collectifdom – CM 98 – Ligue des droits de l’Homme – SOS Racisme – Mrap -CFDT – CGT – Unsa – FSU – Union syndicale Solidaires – Unef – UNL – FIDL – UEJF – Ufat – R=Respect – Egam – Fnasat – Banlieues du Monde

Par ailleurs, le journal Libération, qui relaye cet appel, a lancé le même jour une page « Facebook » intitulée « Injures racistes, incitations à la haine : assez ! », destinée « à accueillir vos écrits, vos témoignages, vos initiatives et tous vos «likes» de soutien ». Vendredi en fin d’après-midi, elle en totalisait près de 20.000.

 

La Ligue des droits de l’Homme fait annuler l’arrêté d’Estrosi contre les SDF et les Rroms

La Ligue des droits de l’Homme vient de remporter une victoire importante (quoique prévisible)  contre un des symboles des dérives extrémistes de l’UMP : l’arrêté « antibivouac » pris par le maire de Nice, M. Estrosi, a été annulé par le tribunal administratif. L’ordonnance qu’il a rendue le 14 novembre précise : «  le tribunal a estimé que l’arrêté  » porte aux libertés individuelles une atteinte disproportionnée par rapport au but de sécurité et de tranquillité publiques qu’il vise ».

C’est la Ligue des droits de l’Homme qui est à l’origine de la saisine du tribunal, avec le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), et l’association niçoise ADN (association pour la démocratie à Nice : ils doivent avoir du boulot !).

L’arrêté signé par celui que le Canard enchaîné appelait le « motodidacte » (il a été champion de moto) visait naturellement les SDF, et, bien entendu, les Rroms.

La Ligue des droits de l’Homme de Nice (elle aussi, doit avoir du boulot !) se réjouit naturellement  de cette décision qui, précise-t-elle,  »  est une victoire contre les postures de rejet de l’autre qui tendent malheureusement à devenir l’ordinaire du débat public ».

Savourons cette victoire : ça n’est pas si fréquent !

Et ça continue…

Nouvelle attaque raciste contre Christiane Taubira, et cette fois il ne s’agit ni du front national ni d’une quelconque officine fascisante, mais d’une élue UMP : Claudine Declerckélue municipale de Combs-la-Ville et vice-présidente de la communauté d’agglomération de Sénart, a publié sur son compte facebook une publicité détournée de Banania, avec une caricature de Christiane Taubira, avec en légende : « y’a pas bon Taubira ». Et ceci, publié le 18 septembre, n’est découvert qu’aujourd’hui !

Preuve qu’au risque de se répéter, au risque de lasser, au risque de passer pour des radoteurs, nous devons inlassablement dénoncer ces ingnominies.

Libération publie aujourd’hui une rétrospective qu’il intitule : « racisme : sept ans de dérapages politiques ». Ca commence avec Georges Frêche et l’équipe de France de football, pour en arriver à la gamine d’Anger, en passant par les Sarkozy, Chirac, Hortefeu… affligeant…

Tout ceci justifie le communiqué commun que viennent de publier la Ligue des droits de l’Homme et la Ligue de l’enseignement et qui nous avons publié ici.

Conjurons la bêtise et le cynisme, refusons la haine et le racisme !

Conjurons la bêtise et le cynisme, refusons la haine et le racisme !

Communiqué commun de la Ligue de l’enseignement et de la Ligue des droits de l’Homme

Voici que les mots et les postures qui portent la haine de l’Autre et la violence tendent à devenir l’ordinaire du débat public, relayés et entretenus par une pratique médiatique qui confine à de l’aventurisme.

Qu’une ministre de la République soit traitée de singe ne semble plus émouvoir nombre de citoyens, pas plus qu’ils ne sont émus par les déclarations d’un ministre qui décrète l’incapacité à s’intégrer de telle catégorie de population. Que dire, dès lors, quand un élu local en vient à regretter que ces Roms n’aient pas été suffisamment anéantis pendant la guerre !

Des millions de personnes sont niées dans leur citoyenneté en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture et de leur religion. Une partie des hommes et des femmes politiques de notre pays se taisent ou, pire, exploitent cette situation. De boucs émissaires extérieurs en ennemis de l’intérieur, des doigts se tendent pour les désigner coupables, à l’origine de nos maux, ce seraient eux qui détruiraient notre pays et ruineraient notre avenir.

Ne nous y trompons pas : ces mécanismes sont destructeurs, d’abord pour ceux et celles qui les subissent, et aussi pour la société tout entière. La haine générée grandit, nourrie par une bêtise et une ignorance infiltrant tous les rouages de la vie sociale, avec une explosion numérique nauséeuse, générant conflits et violences, rancœurs et esprit de revanche, assignations à résidence et replis communautaires. Au plus profond de ses ressorts, c’est la démocratie elle-même, avec ses deux siècles de construction, qui est atteinte. C’est la France républicaine, porteuse d’espoir d’un monde solidaire, qui est rabaissée.

Nous assumons et reconnaissons nos différences, elles sont le fondement de notre pacte social. Nous savons aussi ce qui nous réunit par notre pacte politique. Nous ne transigerons pas sur les principes fondamentaux sur lesquels nous avons bâti la République : la liberté, l’égalité, la fraternité comme la laïcité et la solidarité qui sont, à la fois, nos guides et nos objectifs. À la veille de deux échéances électorales que sont les élections municipales et européennes, nous entendons, ici, mettre en garde avec solennité.

Il est de notre responsabilité commune, acteurs dans la société, que nous soyons militants, responsables associatifs, élus locaux et nationaux, habitants, journalistes, en un mot CITOYENS, de ne pas suivre cette route mortifère. Celle-ci est aujourd’hui trop souvent balisée par des flux ininterrompus d’informations répétées en continu par les chaînes télé d’info, relayées sur le web et les réseaux, alors bien peu « sociaux ». Cette répétition absurde est comme un matraquage qui, à la fois, obsède et sidère.

Être CITOYEN, c’est bannir du débat politique tout propos, toute attitude, de nature à engendrer le racisme, l’antisémitisme et tendant à justifier les discriminations. La France, comme bien d’autres pays, doit affronter d’énormes défis économiques et sociaux, avec le chômage et les inégalités. Face à ceux et à celles qui avivent les souffrances sociales, les peurs et les colères, nous nous dressons pour affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

C’est dans ce cadre que le débat public, comme les politiques publiques, doivent s’affirmer.

Paris, le 15 novembre 2013

 

Nouvelle agression contre Chr. Taubira : le harcèlement continue

Additif, 11h36 : communiqué de la Ligue des droits de l’Homme, à lire en fin d’article.

L’acharnement contre Christiane Taubira se poursuit. Cette fois, c’est un « journal », ou du moins une publication périodique qui se fait appeler « journal », qui s’y colle. Sa situation financière désastreuse, la déliquescence de son lectorat ont sans doute joué un rôle important dans le choix de la une de « minute » : l’effet a été immédiat, on n’a parlé que de cela dans les réseaux sociaux dès sa parution.

Alors, quelle attitude avoir ?

Jean-Marc Ayrault a annoncé dans la soirée qu’il saisit le procureur de la République : il a cette fois réagi rapidement. Daniel Schneidermann, dans Rue 89, parle d’un piège dans lequel se serait engouffré le premier ministre ; il conclut son papier par cette phrase : « De ce piège, Ayrault était à la fois le bénéficiaire et la victime. Plus bénéficiaire que victime ? Plus victime que bénéficiaire ? À chacun de décider. »

Évidemment, qu’il y a un piège, et les fascistes, qui maîtrisent parfaitement la communication, le savent : ne pas en parler ? impossible. En parler ? on fait la promotion du torchon.

Mais comment faire de la pédagogie sans parler ? car c’est bien de cela qu’il s’agit. Il s’agit de répéter, encore et encore, que les races n’existent pas, que le racisme est une maladie qu’il convient d’éradiquer. On croyait cette bataille gagnée, on constate avec effroi qu’il faut tout reprendre depuis le début. Et c’est d’autant plus terrible que les responsables de cette dégradation morale de la société ne sont pas uniquement les fascistes et l’extrême-droite. Tous ceux qui, depuis une dizaine d’année, ont fait preuve de complaisance à leur égard, ceux qui leur ont emprunté des idées, sont aussi responsables. Et ils ne sont pas tous à droite.

Ci-dessous, nous publions le communiqué rédigé hier soir mardi 12 novembre par la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes, (elle n’avait pas encore eu connaissance de la une de minute) sur l’agression d’Anger. La section rennaise insiste sur ce devoir de pédagogie.

Rennes le 12 novembre 2013

Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme de Rennes

Mme Taubira a récemment été la cible d’injures racistes immondes auxquelles elle a réagi avec une grande dignité. Attachés à la défense des droits de l’homme et au respect de sa dignité, nous nous élevons non seulement contre de tels actes mais aussi contre la relative indifférence avec laquelle ils sont reçus par notre société. L’ignominie de ces insultes n’a d’égale que l’indigence intellectuelle de ceux qui les profèrent ou les propagent par la bouche de leurs enfants. C’est par incapacité à élaborer des argumentaires critiques à l’encontre de leurs cibles que les racistes en sont réduits aux insultes, apanage des faibles. Si d’aventure un semblant de raisonnement apparaît, il se fonde sur un obscurantisme  niant l’unicité de l’espèce humaine et les droits fondamentaux de chacun de ses individus. C’est  cela qu’il faut dénoncer et combattre, inlassablement.

En effet, ne rien dire, ne pas réagir, laisse entendre que ce n’est pas grave, voire – pire – que l’on cautionne de tels actes. Mais le racisme et les actes qui le manifestent ne doivent pas devenir « ordinaires ». Contrairement à l’expression en vogue, il faut que le racisme retrouve ses complexes. Il est pour cela nécessaire que des voix s’élèvent pour que ceux qui désapprouvent se sentent confortés et osent manifester – même et surtout dans la vie de tous les jours – leur désaccord. Comme l’écrivait  déjà Jaurès en 1899 à propos des calomnies et des préjugés racistes, « Il faut être prêt à une rude besogne de destruction quotidienne. Il faut n’être ralenti ni par la persévérance du mensonge, ni par les calomnies abominables, ni par les préjugés persistants ».

 Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme, publié mercredi matin 13 novembre

Contre la spéculation sur la haine

 La LDH a pris connaissance, avec stupeur, de la dernière une de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute, qui vient ainsi se rajouter à la triste litanie raciste de ces dernières semaines.

Alors qu’elle réutilise les expressions contre lesquelles des milliers de personnes et d’élu(e)s de tous bords se sont élevés, à l’appel de la LDH, à Angers, ce lundi 11 novembre, c’est une nouvelle insulte, ouvertement et pleinement raciste, qui s’ajoute à une liste, déjà trop longue, de propos insupportables.

Une nouvelle fois, la LDH réaffirme son rejet de ceux qui spéculent sur la haine et des démagogues qui font preuve de compréhension. Il ne peut pas y avoir d’autre comportement que le combat contre ceux qui choisissent de définir des boucs émissaires pour alimenter des propos et des actes racistes.

Il s’agit de la République et de ses valeurs qui sont à chaque fois mises à mal et il appartient à chacun, citoyen(ne)s, médias et élu(e)s, de contribuer à mettre hors-jeu ces agressions répétées. Le poison du racisme qui mène à la désagrégation de notre société est à combattre sans relâche.

La LDH affirme son plein et entier soutien à madame la garde des Sceaux, Christiane Taubira.

Manifestation de soutien à Ch. Taubira à Angers : « Mettons la haine hors jeu »

Photo Huffpost, http://www.huffingtonpost.fr/2013/11/11/propos-racistes-taubira-manifestation-soutien-angers_n_4255418.html?utm_hp_ref=france

Lundi 11 novembre, à Angers, une manifestation a été organisée pour protester contre l’agresssion raciste dont a été victime Christiane Taubira, ministre de la justice, de la part d’enfants soutenus par leurs parents, le 25 octobre dernier. La manifestation a réuni près de 3000 personnes,

Conduits par la section d’Angers de la Ligue des droits de l’Homme, les manifestants se sont réunis devant le palais de justice où a eu lieu l’agression.

Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l’Homme, et co-responsable du groupe de travail sur les discriminations, représentait Pierre Tartakowsky, président de la LDH, dont elle a lu l’allocution qu’il avait écrite. A lire ci-dessous.

Allocution de M. Pierre Tartakowsky, Président de la Ligue et des droits de l’Homme, lue par Madame Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe, lors du rassemblement qui s’est tenu à Angers le 11 novembre 2013 en présence de plus de 1.500 participants et de nombreux élus.

 

Mettons la haine hors jeu !

Les agressions répétées, ouvertement et pleinement racistes dont la ministre de la Justice Christiane Taubira a été la cible indiquent clairement que nous avons affaire à une offensive assumée, concertée, froidement haineuse. Elles s’inscrivent en effet dans une trop longue liste de « dérapages » détestables.

Il y a eu cette déclaration hallucinante du député-maire de Cholet, à ce jour toujours membre de l’UDI, à propos des Roms : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». Il y a eu le maire de Croix, dans le Nord, affirmant qu’il serait aux côtés de l’un de ses administrés s’il « commettait l’irréparable » à l’encontre d’un Rom… Il y a eu ce sénateur confiant à la cantonade qu’il avait « vraiment envie » de tirer sur François Hollande et la répartie du maire de Marseille, lui proposant obligeamment une Kalachnikov…

Ces saillies pseudo humoristiques ou soi-disant « maladroites » alimentent une foule de propos et d’actes de violence et toutes, contribuent à la fragmentation de notre société, tout en nous inscrivant collectivement dans une logique de désignation de boucs émissaires.

Cette remontée sidérante de pratiques et de discours qu’on pensait exorcisés n’est pas sans lien avec les consultations à venir. Mais les ramener à une simple poussée de fièvre préélectorale serait s’aveugler à bon compte et sous-estimer le danger.

Au-delà des femmes, des hommes et des populations prises pour cibles, c’est le débat démocratique qu’on vise, et en plaçant ses valeurs hors-jeu c’est la République qu’on veut atteindre.

Cette tentative d’OPA sur le débat public n’est donc pas que malsaine, elle est criminelle ; le racisme est certes odieux, mais c’est surtout un délit. La panacée de l’exclusion est évidemment un mensonge, mais c’est aussi et surtout, une invitation à la violence.

C’est pourquoi nous affirmons notre solidarité militante et civique avec toutes celles et ceux qui en sont la cible. C’est pourquoi nous en appelons à une réaction ferme de la puissance publique mais aussi de la société civile. Il s’agit de mettre hors jeu tous ceux, toutes celles qui propagent la haine tout en se réclamant de la démocratie. Il revient aux citoyens, aux médias et aux élus de la République d’y contribuer, chacun à sa place, en veillant à la qualité des débats publics, en dénonçant sans complaisance ce qui relève de l’infraction à la loi, de l’incitation à la haine, en rejetant ceux qui investissent et spéculent sur le marché de la peur et de la haine.

Face aux démagogues et à ceux qui font preuve de compréhension à leur égard, la Ligue des droits de l’Homme le réaffirme solennellement : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.