Les intégrismes religieux se déchaînent

Après l’attentat criminel contre le siège de l’hebdomadaire Charlie-Hebdo, après les manifestations à Paris et à Rennes (encouragés dans cette ville par l’évêque de Vannes) contre la pièce de théâtre « Sur le concept du visage du Christ », les intégristes remontent au front. A Toulouse, de nouveau pour tenter d’empêcher que soit jouée la pièce de théâtre « Golgotha picnic », le mercredi 16 novembre, et à Grenoble, où le préfet vient d’autoriser une manifestation, qui doit avoir lieu samedi 19 novembre, contre l’interruption volontaire de grossesse. Avec cette particularité, à Grenoble, qu’il s’agit bel et bien de prières de rues, prévues devant un hôpital. Ce sont les mêmes qui s’offusquent des prières des musulmans qui ne trouvent pas de place dans les mosquées et sont contraints d’occuper l’espace public pour exercer paisiblement leur culte, et qui autorisent des militants d’extrême droite, intégristes catholiques, à troubler l’ordre public et contestant une loi votée par les élus de la république, le droit à l’IVG.

La réaction ne s’est pas faite attendre à Toulouse, où la mobilisation a permis à la pièce de théâtre d’être jouée : trois cents personnes se sont regroupées devant le théâtre dès 7h. A Grenoble, les militants « féministes, laïques, progressistes, syndicalistes, militants politique et associatifs » appellent aussi à un regroupement devant l’hôpital.

Ci-dessous, les communiqués des deux sections.

Communiqué de la section LDH Grenoble

Communiqué de presse

17/11/2011

Le préfet autorise les prières de rue !

Samedi 19 novembre, la préfecture a de nouveau autorisé les catholiques intégristes anti-IVG à faire des prières de rue devant l’hôpital public de Grenoble. Deux poids, deux mesures ?

Depuis plusieurs mois, les catholiques intégristes multiplient les actions violentes, soutenus par des mouvements d’extrême droite (destructions d’œuvres d’art à Avignon, intimidation contre une pièce de théâtre à Paris, etc.).

La plate forme IVG- contraception – information rappelle que l’Ivg est un droit acquis par les luttes féministes et demande à Monsieur le préfet d’interdire ce rassemblement qui manifestement est un trouble à l’ordre public et contrevient aux lois de la république, notamment celles définissant la laïcité.

Nous, militant-e-s féministes, laïques, progressistes, syndicalistes, militants politique et associatifs , appelons l’ensemble des grenoblois-e-s à venir massivement défendre le droit a l’Ivg et la laïcité dès 13H30 à l’arrêt tram de La Tronche Hôpital, sur le pont.

Nous n’accepterons jamais la remise en cause des lois portant sur le droit des femmes et les conquêtes sociales !

La Plateforme IVG, collectif Isérois de défense de l’avortement, de la contraception et des sexualités.

Communiqué de la section de Toulouse :

AVEC LE SOUTIEN DE LA LDH TOULOUSE

Collectif des organisations signataires de l’appel unitaire aux initiatives

des 16 et 19 novembre pour la liberté d’expression contre les intégrismes.

Ligue des Droits de l’Homme Toulouse et Colomiers-Ouest toulousain – AAEL – Aget UNEF – Attac Toulouse – Cercle Condorcet Midi Toulousain – CGT Pôle Emploi – CGT 31- Collectif Résistance à la Délation – Convergences et Alternative – COUAC – Culture en Mouvements – Europe Ecologie/Les Verts – CnR 31 – FSU 31 – Gauche Unitaire – Le Bijou – Ligue de l’Enseignement 31 – Le Bikini – Le Cri – NPA 31 – Parti de gauche – PCF – PS 31 – Solidaire 31 –– Maison de quartier de Bagatelle – Mix-Cité 31 – Music-Halle – Pyramid (Fédération régionale des structures de spectacles) –– Sud Cultures Solidaires –– Sud Etudiants – Partenia 31 – Théâtre du Grand Rond …

COMMUNIQUE DE PRESSE

UNE VICTOIRE DE LA LIBERTE DE CREATION ET D’EXPRESSION AU THEATRE GARONNE

Toulouse, le 17 novembre 2011

Pour la première de Golgota Picnic, mercredi soir 16 novembre, le libre accès au Théâtre Garonne et la liberté d’expression ont été garantis par une forte présence citoyenne qui a permis la tenue de la représentation menacée par la nébuleuse intégriste catholique, après de longues semaines de menaces et de pressions continues vis à vis de la direction du théâtre.

Ce sont 300 personnes et des représentants de nombreuses organisations et des milieux culturels toulousains qui se sont regroupés devant le théâtre dès la fin de l’après midi et ont manifesté leur refus d’une police de la pensée qui voudrait limiter la liberté de création.

En face, les masques sont tombés. Chants pétainistes, forte présence de militants du bloc identitaire signent le caractère très marqué idéologiquement à l’extrême droite du regroupement de la centaine de personnes qui ont tenté de troubler le spectacle.

Les Toulousaines et Toulousains qui ont tenu à distance les tenants de la censure, porteurs d’une idéologie dépassée et liberticide, resteront mobilisés samedi 19 novembre à 18h en se réunissant devant le théâtre pour former une chaine de solidarité avec les créateurs et le acteurs culturels entre le Théâtre Garonne et le Musée des Abattoirs.

Appel à mobilisation

Nous appelons les citoyennes et les citoyens, les organisations voulant défendre la liberté d’expression à se joindre à la chaîne de solidarité qui sera organisée samedi 19 novembre à partir de 18h, du Théâtre Garonne au Musée des Abattoirs, passant par l’avenue du Château d’eau.

Trégor Goëlo : Sihem Souhid et Gérard Gatineau

La section Paimpol Trégor Goélo organise, lundi 21 novembre, un débat sur la police intitulé « Unis dans le même combat », avec deux intervenants de marque :

Sihem Souhid, auteur du livre « Omerta dans la police », dans lequel elle dénonce des pratiques scandaleuses ; ce qui lui a valu d’être suspendue pour 6 mois par le ministre de l’intérieur pour « manquement au devoir de réserve ».

Gérard Gatineau a été gardien de la paix de 1968 à 1998 a publié « 30 ans de bitume », ouvrage dans lequel il explique comment son engagement à gauche et son militantisme syndical à la CGT l’ont empêché d’avoir de l’avancement.

Ils débattront tous les deux, au bar restaurant Le Triskel, 15 ue Châteaubriant, à Paimpol (22), lundi 21 novembre à 20h. Le débat, animé par Philippe Coulaud, président de la section Trégor Goélo de la Ligue des droits de l’Homme, sera filmé par les caméras de l’émission de France 2, « Envoyé spécial », dans le cadre d’un reportage de Jean-Pierre Métivet, qui a pour sujet les femmes de caractère (il rencontrera également Irène Frachon, qui a dénoncé le scandale du Médiator).

Télécharger le flyer au format .pdf.

Une soirée à ne pas manquer !

Vidéo : Armelle Mabon explique sa démarche

Armelle Mabon, historienne, explique dans une vidéo la démarche qui l’a conduite à effectuer des recherches sur les prisonniers de guerre coloniaux de la seconde guerre mondiale, et le traitement dont ils ont été victimes à la libération. C’était le 16 avril à Trévé, en introduction à la projection du film qu’elle a écrit, « Oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains ».

httpv://www.youtube.com/watch?v=ZHz9te54Jnw

Inauguration de la stèle à Trévé : l’intégralité de la cérémonie

Voici l’intégralité des interventions lors de l’inauguration de la stèle érigée vendredi 11 novembre à Trévé, à la mémoire des tirailleurs sénégalais. Cette cérémonie a été présidée par Joseph Collet, maire de la commune, qui a introduit chacune des différentes interventions, et détaillé l’historique des événements qui ont conduit à l’érection de la stèle.

Joseph Collet, maire de Trévé.

Joseph Collet, maire de Trévé (photo Anne Cousin)

La date du 11 novembre pour cette inauguration n’a pas été choisie au hasard. C’est le jour où les 300 tirailleurs sénégalais en provenance de Morlaix sont arrivés à Trévé en 1944. Je laisserais à Armelle MABON, Maitre de Conférences à l’Université de Bretagne Sud, le soin de préciser les raisons de leur venue à Trévé et de vous expliquer le texte que vous pourrez lire tout à l’heure sur la plaque. Sans elle, nous ne serions pas là. Elle est à l’origine de toutes les démarches, de toutes les recherches, de tous les entretiens que nos bénévoles locaux et de la Ligue des Droits de l’Homme ont pu entreprendre depuis un an.

Discours d’Armelle Mabon, historienne

Armelle Mabon (photo Anne Cousin)

Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, Amis ligueurs,

Avant toute chose, je tiens à vous remercier pour ce bel hommage rendu à ces tirailleurs dits « sénégalais » faits prisonniers par les Allemands alors qu’ils sont venus de leur lointain pays combattre pour la liberté de la France. Internés dans des Fronststalags en France pendant 4 ans, libérés  durant l’été 1944, ils devaient rejoindre leur terre natale en novembre 1944. Les 300 tirailleurs ont été internés ici à Trévé après avoir refusé de monter à bord du  Circassia à Morlaix parce que l’administration, malgré les promesses, ne leur versait pas l’intégralité des soldes auxquelles ils avaient droit. Ceux qui ont quitté la France à bord du Circassia et qui ont réclamé à nouveau leur solde avant de rejoindre leur village ont été victimes, à la caserne de Thiaroye, près de Dakar, d’une démonstration de force de l’Armée française faisant 35 tués, 35 blessés et plusieurs condamnations pour faits de mutinerie ont été prononcées. Trévé et Thiaroye sont liés par un déni d’égalité des droits et une injustice dictée par la volonté de la France coloniale de maintenir ces hommes en sujets de l’Empire avec des droits moindres alors qu’ils avaient subi les mêmes souffrances que les Français de Métropole.

Mon travail d’historienne a contribué à faire surgir une mémoire collective. Cet acte mémoriel relayé par la Ligue des Droits de l’Homme section de Loudéac puis retranscrit  dans l’ouvrage « Nous n’avions jamais vu de Noirs » et gravé avec une force esthétique grâce au talent d’Annie Lagadec me conduit à reprendre ma posture d’historienne. Je voudrais retrouver la liste de ces 300 ex-prisonniers de guerre avec leur village d’origine et peut-être que les enfants de Trévé écriront à chaque village pour que là-bas ils sachent qu’en Bretagne, à Trévé, un bel hommage a été rendu à l’un des leurs. En combattant l’oubli, l’historienne que je suis s’associe à la commémoration et je vous suis redevable de vous être inscrit dans ce « devoir de mémoire » dans sa conception la plus noble. Un jour, les descendants de ces tirailleurs vous diront aussi Merci.

Joseph Collet, maire de Trévé

Lorsqu’Armelle MABON nous avait contactés en 2002 pour recueillir des témoignages auprès des témoins de l’époque, ce sujet n’avait réveillé aucun souvenir. En 2003, Violaine DEJOIE-ROBIN et Armelle MABON réalisent un documentaire « Oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains ». En 2006, « Indigènes », le film de Rachid Bouchareb qui traite du même thème est honoré au Festival de Cannes. En 2010, c’est la sortie du livre d’Armelle MABON : « Prisonniers de guerre indigènes. Visages oubliés de la France occupée ». En fin d’année dernière, la Ligue des Droits de l’Homme veut travailler sur le thème des « Oubliés d’hier et Oubliés d’aujourd’hui ». Noël LAGADEC qui vient de lire le livre, propose de relancer la recherche de témoins en faisant publier un article dans le Courrier Indépendant sur le passage du livre qui concerne Trévé en l’illustrant avec une photo tirée du livre : André Bokar, un soldat africain posant devant un mur à Trévé. La lecture de cet article et encore plus, la photo éveillent des souvenirs et de témoin en témoin, ce sont près de 35 personnes qui vont livrer leurs souvenirs à Annie et Noël Lagadec, Jérôme LUCAS et à la caméra de Jacques PAUL. Si certains parlent bien du camp de Trévé, d’autres ont été en contact avec ceux qui ont été réquisitionnés par les allemands pour creuser les tranchées d’un futur réseau téléphonique souterrain reliant Saint Brieuc à Lorient.

Le 16 avril pour la sortie du livre « Nous n’avions jamais vu de noirs » qui rassemble tous les témoignages, la Ligue des Droits de L’Homme organise une réunion au cours de laquelle est projeté le film « Oubliés et trahis » et les témoins évoquent leurs souvenirs. Je propose alors d’ériger une stèle à l’emplacement des baraquements ayant servi à héberger les tirailleurs sénégalais en mémoire de cette période bien particulière de notre histoire locale.

Noël LAGADEC me parle également de la sortie d’un autre livre écrit sur le même sujet et qui décrit des évènements qui se sont déroulés à Morlaix, le port d’où devaient partir les 2000 tirailleurs sénégalais pour rejoindre le camp de Thiaroye près de Dakar. L’auteur de ce livre «Retour tragique des troupes coloniales : Morlaix – Dakar 1944 », c’est Anne COUSIN qui nous a fait le plaisir de venir jusqu’ici et nous l’en remercions. Avec celui d’Armelle MABON et le recueil de souvenirs de Trévé « Nous n’avions jamais vu de noirs », il n’y a pas d’autres livres qui traitent de ce sujet et qui parlent du séjour de ces soldats africains à Trévé.

Discours de Michelle Paul, présidente de la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme

Michelle Paul (photo Anne Cousin)

« L’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics ». Cette phrase, qui date de 1789, figure dans le préambule de la déclaration des droits de l’Homme. Elle figure également dans le préambule de la déclaration Universelle des droits de l’Homme de 1948. Par cette cérémonie, la commune de Trévé et la Ligue des droits de l’Homme, jouent le rôle de passeurs de mémoire.

La Ligue des droits de l’Homme tient à rendre hommage à ces prisonniers coloniaux qui, après avoir servi la France pour défendre notre liberté, ont refusé l’injustice en défendant leurs droits et en réclamant l’égalité.

La Ligue des droits de l’Homme tient également à rendre hommage à la population de Trévé qui a su soutenir et aider les prisonniers du camp : les témoignages recueillis sont poignants. A Trévé, la fraternité n’était pas un vain mot.

Ce que Trévé a fait en 1944-1945, c’est une leçon pour les jeunes générations.

N’oublions pas l’article 1er de la déclaration des droits de l’Homme : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».

Pour la Ligue des droits de l’Homme, un étranger, aujourd’hui comme hier, n’est pas un homme qu’on utilise et qu’on rejette quand on n’en a plus besoin. Nous sommes tous l’étranger de quelqu’un.

Rien n’est acquis, et surtout pas les droits de l’Homme : protester quand ils sont bafoués, c’est faire vivre la démocratie. Résister, s’indigner, témoigner, parler, sont des outils pour les préserver.

Ayons toujours en mémoire ce poème du pasteur Martin Niemoller, écrit en camp de concentration :

« Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas catholique.
Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas communiste.
Et puis ils sont venus me chercher :
et il ne restait plus personne pour protester ».

Je profite de la présence de Ronan Kerdraon, sénateur, pour rappeler que le Sénat a mis à son ordre du jour du 8 décembre prochain, une proposition de loi visant à donner le droit de vote aux étrangers hors communauté européenne pour les élections locales.

Merci à Annie Lagadec, membre de la section, qui a réalisé la plaque commémorative, pour son travail remarquable ;

Merci à Armelle Mabon, historienne, et membre de la Ligue des droits de l’Homme, qui, par son travail, a sorti de l’oubli l’histoire de ces hommes;

Merci à la population de Trévé, à sa municipalité et à son maire, pour ce travail de mémoire ;

Merci à ces Africains pour tout ce qu’ils ont fait pour nous.

N’oublions jamais.

Joseph Collet, maire de Trévé

La stèle qui a été dressée sur cet espace est une pierre d’ardoise qui nous vient de Maël-Carhaix. C’est Dominique MADORE, conseiller municipal qui nous a déniché cette pierre dans une carrière désaffectée propriété de Monsieur Yvon BARAZER, lui aussi présent ce matin. L’ardoise de Maël Carhaix, Mr BARAZER l’affirme en toute modestie, c’est la Rolls de l’ardoise ; elle n’a aucun défaut : pas de pyrite de fer, pas de chaux. La preuve : un grand groupe espagnol va en reprendre l’exploitation très prochainement. C’est Gilles CARRÉE de Loudéac qui a fait le transport et la mise en place.

Nous sollicitons Annie LAGADEC pour une plaque en bronze rappelant la présence sur notre sol des tirailleurs sénégalais. Elle a fait un moulage en terre de têtes d’africains et Armelle MABON nous a proposé un texte explicatif et une invitation à nous et aux générations futures à nous souvenir de ce qui s’est passé ici mais plus généralement de la place des soldats d’Afrique dans le conflit de 1939-1945 et du triste sort qui leur a été réservé à la fin de la guerre. Cette plaque en bronze a été coulée à la fonderie NIVET de Plérin

J’ai souhaité qu’une autre plaque soit fixée au dos de cette stèle relatant les constructions des baraquements, écuries, puits, routes… le séjour des réfugiés, l’occupation par les soldats allemands. Yann LAGADEC, auteur d’un livre sur la guerre 39-45 dans la région de Loudéac « Un canton dans la tourmente » m’a fourni la matière et aidé à rédiger le texte.

L’installation de la stèle, l’aménagement autour, la fixation des plaques commémoratives sont l’œuvre de Pascal DORE, notre employé communal, aidé d’Yvon et Frédéric. Nous le remercions pour son travail mais surtout pour ses propositions d’aménagement.

Pourquoi un tel intérêt depuis quelques années pour toutes ces questions liées à la place des africains dans les conflits, à leur combat pour être reconnus comme soldats français à part entière ? Livres et films se succèdent depuis 5-6 ans et montrent au grand jour les injustices dont ils ont été et sont encore victimes. Les épisodes dont nous ne sommes pas trop fiers finissent toujours par arriver en pleine lumière même si à Trévé, les témoins nous l’ont dit, les tirailleurs sénégalais ont toujours été bien considérés et se sont bien comportés. Ils constituaient une attraction : « des noirs, pensez donc » et les institutrices emmenaient les enfants des écoles en visite au camp. Quelques jeunes filles ont sans doute couru un peu plus vite que d’habitude pour échapper aux sollicitations de soldats un peu trop pressants. Mais, à part quelques petits incidents liés à la consommation un peu excessive de nos boissons locales, tout s’est bien passé. Trois semaines après le départ des tirailleurs sénégalais naissait à la maternité de Loudéac, Jean-Gilbert Béavogui fils de Martin Zézé, adjudant chef au Centre de transition des troupes indigènes, originaire de Guinée Française  et d’Eugénie LE BIHAN domiciliée à Vannes. C’est le premier noir à avoir fréquenté l’école de Trévé. Vers 1955, il est parti avec ses parents adoptifs dans la région parisienne. Il est revenu à Trévé, il y a quelques années, rendre visite aux personnes qu’il avait connues. Plusieurs s’en souviennent encore. Il est décédé le 4 novembre 2009 à Lorient.

Dévoilement de la stèle (photo Anne Cousin)

Nous vous remercions tous, historiens, écrivains, témoins, éditeurs, fournisseurs, financeurs pour nous avoir rafraichis la mémoire et aidés à ce que les générations futures s’en souviennent.

Nous regrettons l’absence de réponse à notre invitation de l’ambassade du Sénégal que nous avions sollicitée au moins pour un petit message de solidarité avec tous ceux qui se sont mobilisés pour que cette commémoration ait lieu. J’espère bien qu’Armelle MABON réussira à retrouver des descendants d’africains ayant séjourné à Trévé et qu’il sera possible avec leurs enfants ou petits enfants de créer des liens d’amitié avec les enfants de nos écoles.

Quelques administrés s’interrogent sur l’utilité d’une telle stèle et surtout de dépenser un peu plus de 4000 € pour honorer la mémoire de ces 300 tirailleurs sénégalais détenus pendant un peu plus de deux mois là où nous sommes. Je pense que tout ce qui vient d’être dit, doit les rassurer et leur démontrer que ces soldats venus d’ailleurs défendre notre pays méritent une reconnaissance de la France en général et de notre commune en particulier. Enfin, ce ne sont pas uniquement les contribuables de Trévé qui vont financer cette stèle puisque notre sénateur Ronan Kerdraon nous a aidés avec la réserve parlementaire pour la moitié de la somme et nous l’en remercions vivement.

Discours de Ronan Kerdraon, sénateur des Côtes d’Armor

Ronan Kerdraon (photo Anne Cousin)

Monsieur le Maire, Mesdames, messieurs les élus, Mesdames, Messieurs les représentants de la Ligue des Droits de l’Homme, Mesdames, Messieurs,

C’est un honneur pour moi que d’être présent aujourd’hui, en ce jour de commémoration de l’armistice de la guerre 14-18, pour l’inauguration de cette stèle en hommage aux tirailleurs sénégalais qui séjournèrent à Trévé durant la deuxième Guerre Mondiale.

En tant qu’ancien professeur d’histoire, je mesure l’importance que revêt le devoir de mémoire, cette impérieuse nécessité de nous souvenir de l’histoire de France et, particulièrement, de ses périodes les plus sombres.

Aussi, permettez-moi de commencer mon propos en formulant le vœu que notre mémoire collective nous permette d’éviter les travers et les errements dans lesquels nous avons pu tomber par le passé.

Les tentations sont pourtant nombreuses et de plus en plus pressantes, en cette période de crise et de mal-être social, de nous retrancher derrière des théories réductrices, populistes et de courte vue.

Des théories qui, en d’autres temps, ont conduit l’humanité sur des voies que j’espère, nous n’aurons plus à connaître.

Il est de notre responsabilité d’élus de tout faire pour repousser ces tentations, pour éviter que nos concitoyens ne succombent à la démagogie en faisant œuvre incessante d’explication et de pédagogie.

C’est la raison pour laquelle je souhaite vous féliciter, Monsieur le Maire ainsi que tous les élus municipaux, d’avoir donné jour à cette belle initiative.

La pose de cette stèle va permettre aux habitants de Trévé et des environs de se rappeler que la commune accueillit, durant quelques mois, des hommes issus d’un autre continent, d’une autre culture, d’autres horizons.

« Nous n’avions jamais vu de Noirs », écrit Jérôme Lucas, à propos de la réaction des Trévéens qui découvraient, il y a plus de 60 ans, ces tirailleurs africains dans leur petite commune du centre Bretagne.

Et pourtant, à en croire les témoignages collectés dans son ouvrage, les frontières sont rapidement tombées et la solidarité a pris le dessus quand il s’est agi de leur venir en aide en fournissant vêtements et nourriture.

Car ces hommes, si différents en apparence, étaient des compatriotes et venaient de se battre en premières lignes pour défendre la France.

Ils en payèrent le prix lourd : la plupart des rescapés durent regagner leur pays sans un sou, souvent blessés ou frappés par la maladie, non sans avoir été exploités par les allemands dans des camps de travail et malmenés par l’Etat français qui refusait de leur verser leur solde.

Face à cette injustice, leurs revendications visant à être mieux reconnus se sont trop souvent confrontées au mépris et au mutisme du gouvernement français.

Pire : l’histoire des tirailleurs sénégalais a longtemps été passée sous silence.

Marginalisés dans les manuels scolaires, écartés des grandes commémorations nationales, invisibles dans le répertoire des monuments de la capitale française, leur rôle et leur mérite dans la défense et la libération de la France sont très insuffisamment mis en valeur…

Rendez-vous compte : la décristallisation totale des pensions militaires des anciens tirailleurs n’a été opérée qu’en janvier 2011, 66 ans après la fin de la guerre !

Il faut dire que cela ne coûtait plus très cher à l’Etat, le nombre de personnes concernées ayant fondu comme neige au soleil…

Enfin, comble de l’hypocrisie, nous voulons désormais cadenasser nos frontières aux enfants de ceux qui, un jour, nous ont aidés à les défendre.

Aujourd’hui, à Trévé, nous contribuons donc à réparer ces injustices répétées en inaugurant cette stèle à l’honneur des tirailleurs sénégalais mais aussi, en hommage à la population locale qui a su accueillir en toute fraternité ces hommes si différents en apparence.

C’est une initiative hautement symbolique et d’autant plus importante qu’elle est menée main dans la main avec la Ligue des Droits de l’Homme qui se bat, au quotidien, pour la défense des droits des personnes opprimées.

Je vous avoue donc ma fierté de participer à cette inauguration et espère que cette stèle permettra de faire vivre longtemps la mémoire des tirailleurs sénégalais.

Inauguration de la stèle à Trévé : une cérémonie émouvante

Joseph Collet, maire de Trévé (photo Anne Cousin)

L’inauguration de la stèle érigée à Trévé à la mémoire des tirailleurs sénégalais a donné lieu, vendredi 11 novembre, à une cérémonie très émouvante, qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes. Joseph Collet, maire, avait invité Armelle Mabon, historienne, qui est à l’origine des recherches effectuées sur la commune, Annie Lagadec, qui a créé la plaque commémorative, et qui, avec Noël, son mari, et Jérôme Lucas, a collecté les témoignages de Trévéens qui ont été publiés dans un recueil intitulé « Nous n’avions jamais vu de Noirs ». Ronan Kerdraon, sénateur, était lui aussi invité : il a consacré une partie de sa « réserve parlementaire » au financement du monument. Et il s’en est dit « très fier » : en tant qu’ancien professeur d’histoire, il mesure l’importance du devoir de mémoire. Participaient également à la cérémonie, Anne Cousin, historienne, qui a elle aussi travaillé sur ce sujet, et Maryse Butel, de Lorient, membre du comité central de la Ligue des droits de l’Homme.

Joseph Collet a donné la parole à tous ces invités, en apportant son témoignage de maire, et en expliquant la valeur symbolique de ce monument et de cette cérémonie : il rappelle à la fois le sacrifice de ces soldats, et le comportement exemplaire de la population de Trévé pendant leur séjour dans la commune.

Armelle Mabon (photo Anne Cousin)

Michelle Paul (photo Anne Cousin)

Vous pourrez voir dans les jours qui viennent la vidéo de cette cérémonie. Dans l’immédiat, vous pouvez lire, ci-dessous, les discours prononcés par Armelle Mabon, Michelle Paul, présidente de la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme, et Ronan Kerdraon, sénateur des Côtes d’Armor.

Discours prononcé par Armelle Mabon.

Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, Amis ligueurs,

Avant toute chose, je tiens à vous remercier pour ce bel hommage rendu à ces tirailleurs dits « sénégalais » faits prisonniers par les Allemands alors qu’ils sont venus de leur lointain pays combattre pour la liberté de la France. Internés dans des Fronststalags en France pendant 4 ans, libérés  durant l’été 1944, ils devaient rejoindre leur terre natale en novembre 1944. Les 300 tirailleurs ont été internés ici à Trévé après avoir refusé de monter à bord du  Circassia à Morlaix parce que l’administration, malgré les promesses, ne leur versait pas l’intégralité des soldes auxquelles ils avaient droit. Ceux qui ont quitté la France à bord du Circassia et qui ont réclamé à nouveau leur solde avant de rejoindre leur village ont été victimes, à la caserne de Thiaroye, près de Dakar, d’une démonstration de force de l’Armée française faisant 35 tués, 35 blessés et plusieurs condamnations pour faits de mutinerie ont été prononcées. Trévé et Thiaroye sont liés par un déni d’égalité des droits et une injustice dictée par la volonté de la France coloniale de maintenir ces hommes en sujets de l’Empire avec des droits moindres alors qu’ils avaient subi les mêmes souffrances que les Français de Métropole.

Ronan Kerdraon (photo Anne Cousin)

Mon travail d’historienne a contribué à faire surgir une mémoire collective. Cet acte mémoriel relayé par la Ligue des Droits de l’Homme section de Loudéac puis retranscrit  dans l’ouvrage « Nous n’avions jamais vu de Noirs » et gravé avec une force esthétique grâce au talent d’Annie Lagadec me conduit à reprendre ma posture d’historienne. Je voudrais retrouver la liste de ces 300 ex-prisonniers de guerre avec leur village d’origine et peut-être que les enfants de Trévé écriront à chaque village pour que là-bas ils sachent qu’en Bretagne, à Trévé, un bel hommage a été rendu à l’un des leurs. En combattant l’oubli, l’historienne que je suis s’associe à la commémoration et je vous suis redevable de vous être inscrit dans ce « devoir de mémoire » dans sa conception la plus noble. Un jour, les descendants de ces tirailleurs vous diront aussi Merci.

Michelle Paul (photo Anne Cousin)

Discours prononcé par Michelle Paul, présidente de la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme

« L’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics ». Cette phrase, qui date de 1789, figure dans le préambule de la déclaration des droits de l’Homme. Elle figure également dans le préambule de la déclaration Universelle des droits de l’Homme de 1948. Par cette cérémonie, la commune de Trévé et la Ligue des droits de l’Homme, jouent le rôle de passeurs de mémoire.

Dévoilement de la stèle (photo Anne Cousin)

La Ligue des droits de l’Homme tient à rendre hommage à ces prisonniers coloniaux qui, après avoir servi la France pour défendre notre liberté, ont refusé l’injustice en défendant leurs droits et en réclamant l’égalité.

La Ligue des droits de l’Homme tient également à rendre hommage à la population de Trévé qui a su soutenir et aider les prisonniers du camp : les témoignages recueillis sont poignants. A Trévé, la fraternité n’était pas un vain mot.

Ce que Trévé a fait en 1944-1945, c’est une leçon pour les jeunes générations.

N’oublions pas l’article 1er de la déclaration des droits de l’Homme : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».

Pour la Ligue des droits de l’Homme, un étranger, aujourd’hui comme hier, n’est pas un homme qu’on utilise et qu’on rejette quand on n’en a plus besoin. Nous sommes tous l’étranger de quelqu’un.

Rien n’est acquis, et surtout pas les droits de l’Homme : protester quand ils sont bafoués, c’est faire vivre la démocratie. Résister, s’indigner, témoigner, parler, sont des outils pour les préserver.

Ayons toujours en mémoire ce poème du pasteur Martin Niemoller, écrit en camp de concentration :

« Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas catholique.
Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas communiste.
Et puis ils sont venus me chercher :
et il ne restait plus personne pour protester ».

Je profite de la présence de Ronan Kerdraon, sénateur, pour rappeler que le Sénat a mis à son ordre du jour du 8 décembre prochain, une proposition de loi visant à donner le droit de vote aux étrangers hors communauté européenne pour les élections locales.

Merci à Annie Lagadec, membre de la section, qui a réalisé la plaque commémorative, pour son travail remarquable ;

Merci à Armelle Mabon, historienne, et membre de la Ligue des droits de l’Homme, qui, par son travail, a sorti de l’oubli l’histoire de ces hommes;

Merci à la population de Trévé, à sa municipalité et à son maire, pour ce travail de mémoire ;

Merci à ces Africains pour tout ce qu’ils ont fait pour nous.

N’oublions jamais.

Discours prononcé par Ronan Kerdraon, sénateur des Côtes d’Armor

Monsieur le Maire,

Mesdames, messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs les représentants de la Ligue des Droits de l’Homme,

Mesdames, Messieurs,

C’est un honneur pour moi que d’être présent aujourd’hui, en ce jour de commémoration de l’armistice de la guerre 14-18, pour l’inauguration de cette stèle en hommage aux tirailleurs sénégalais qui séjournèrent à Trévé durant la deuxième Guerre Mondiale.

En tant qu’ancien professeur d’histoire, je mesure l’importance que revêt le devoir de mémoire, cette impérieuse nécessité de nous souvenir de l’histoire de France et, particulièrement, de ses périodes les plus sombres.

Aussi, permettez-moi de commencer mon propos en formulant le vœu que notre mémoire collective nous permette d’éviter les travers et les errements dans lesquels nous avons pu tomber par le passé.

Les tentations sont pourtant nombreuses et de plus en plus pressantes, en cette période de crise et de mal-être social, de nous retrancher derrière des théories réductrices, populistes et de courte vue.

Des théories qui, en d’autres temps, ont conduit l’humanité sur des voies que j’espère, nous n’aurons plus à connaître.

Il est de notre responsabilité d’élus de tout faire pour repousser ces tentations, pour éviter que nos concitoyens ne succombent à la démagogie en faisant œuvre incessante d’explication et de pédagogie.

C’est la raison pour laquelle je souhaite vous féliciter, Monsieur le Maire ainsi que tous les élus municipaux, d’avoir donné jour à cette belle initiative.

La pose de cette stèle va permettre aux habitants de Trévé et des environs de se rappeler que la commune accueillit, durant quelques mois, des hommes issus d’un autre continent, d’une autre culture, d’autres horizons.

« Nous n’avions jamais vu de Noirs », écrit Jérôme Lucas, à propos de la réaction des Trévéens qui découvraient, il y a plus de 60 ans, ces tirailleurs africains dans leur petite commune du centre Bretagne.

Et pourtant, à en croire les témoignages collectés dans son ouvrage, les frontières sont rapidement tombées et la solidarité a pris le dessus quand il s’est agi de leur venir en aide en fournissant vêtements et nourriture.

Car ces hommes, si différents en apparence, étaient des compatriotes et venaient de se battre en premières lignes pour défendre la France.

Ils en payèrent le prix lourd : la plupart des rescapés durent regagner leur pays sans un sou, souvent blessés ou frappés par la maladie, non sans avoir été exploités par les allemands dans des camps de travail et malmenés par l’Etat français qui refusait de leur verser leur solde.

Face à cette injustice, leurs revendications visant à être mieux reconnus se sont trop souvent confrontées au mépris et au mutisme du gouvernement français.

Pire : l’histoire des tirailleurs sénégalais a longtemps été passée sous silence.

Marginalisés dans les manuels scolaires, écartés des grandes commémorations nationales, invisibles dans le répertoire des monuments de la capitale française, leur rôle et leur mérite dans la défense et la libération de la France sont très insuffisamment mis en valeur…

Rendez-vous compte : la décristallisation totale des pensions militaires des anciens tirailleurs n’a été opérée qu’en janvier 2011, 66 ans après la fin de la guerre !

Il faut dire que cela ne coûtait plus très cher à l’Etat, le nombre de personnes concernées ayant fondu comme neige au soleil…

Enfin, comble de l’hypocrisie, nous voulons désormais cadenasser nos frontières aux enfants de ceux qui, un jour, nous ont aidés à les défendre.

Aujourd’hui, à Trévé, nous contribuons donc à réparer ces injustices répétées en inaugurant cette stèle à l’honneur des tirailleurs sénégalais mais aussi, en hommage à la population locale qui a su accueillir en toute fraternité ces hommes si différents en apparence.

C’est une initiative hautement symbolique et d’autant plus importante qu’elle est menée main dans la main avec la Ligue des Droits de l’Homme qui se bat, au quotidien, pour la défense des droits des personnes opprimées.

Je vous avoue donc ma fierté de participer à cette inauguration et espère que cette stèle permettra de faire vivre longtemps la mémoire des tirailleurs sénégalais.


59% des Français favorables au vote des étrangers aux élections locales

L’institut de sondage Harris Interactive et « la lettre de la citoyenneté » viennent de réaliser une étude sur « le regard des Français sur le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales ». Ses résultats se passent de commentaire, puisque 59% des Français y sont favorables. La nouvelle majorité du Sénat a d’ailleurs mis la proposition de loi (qui avait été adoptée par l’assemblée nationale en 2002, mais bloquée ensuite par le Sénat) à son ordre du jour le 8 décembre prochain.

Voici deux des graphiques de l’étude, dont vous pouvez télécharger la version intégrale au format .pdf ici.

(Cliquer sur les images pour les agrandir).

lepost.fr censure l’article sur l’évêque de Vannes

Il y a quelques jours, j’ai ouvert une page sur le site lepost.fr. J’y poste systématiquement le « chapeau » des articles que je publie ici, et ajoute un lien vers ce site. Cela permet de « doper » peu notre audience.

Hier, j’ai publié un article sur l’évêque de Vannes, qui appelle à manifester contre la pièce de théâtre « Sur le concept de visage du fils de Dieu ». J’ai aussitôt publié le début de l’article sur lepost.fr. Quelques heures plus tard, alors que l’article avait été lu 603 fois, je reçois ce mail de l’équipe de modération du site lepost.fr :

 

Bonjour Ldh Loudéac centre Bretagne

Après lecture et analyse attentive de votre article du 08.11.11 16h26 par notre équipe de modération, celui-ci a dû être retiré de la publication en raison de sa non-conformité vis-à-vis de la charte d’utilisation du Post.fr.
Nous tenons à vous assurer que nous faisons tout notre possible pour accepter le plus grand nombre de messages et que tous nos modérateurs sont tenus à une stricte obligation d’impartialité.
La neutralité de leur analyse est d’ailleurs régulièrement vérifiée par un superviseur.Toutes les opinions sont acceptées dans la limite des règles définies dans la charte éditoriale et sous réserve de les exprimer de manière courtoise, argumentée, et sans agressivité.Le motif de retrait de votre article est : motif 0 (descriptif du motif momentanement indisponible pour des raisons techniques)motif 0 le descriptif du motif momentanement indisponible pour des raisons techniques. Merci de contacter l’équipe de modération si vous souhaitez des précisions.La charte peut être consultée à l’adresse : http://www.lepost.fr/charte-du-post.htmlAu cas où malgré ces explications vous ne comprendriez toujours pas le motif du retrait de votre article, vous avez bien sûr la possibilité de nous contacter à l’adresse suivante, afin qu’un superviseur puisse tâcher de vous répondre sous les meilleurs délais.Pour nous poser une question merci de cliquer sur le lien suivant :
http://www.contact-moderation.com/question.asp?origine=LP&int_content_id=47660428
Votre article sera alors vérifié à nouveau par un superviseur distinct du modérateur qui l’a initialement traité.  Si sa suspension ne s’avérait pas totalement justifiée vis-à-vis de la charte,  il sera alors immédiatement rétabli.
Cordialement,
L’équipe de modération du Post.fr
http://www.lepost.fr/

Je n’ai pas bien compris ce qui se passait : rien, dans mon article, ne me paraissant contrevenir aux règles de ce site. J’ai alors supposé qu’un internaute avait pu signaler l’article à la modération du site, et que, par principe de précaution, les modérateurs l’auraient supprimé sans en vérifier le contenu. Ce matin, j’ai eu l’idée d’aller faire un tour du côté des sites d’extrême droite. Et sur le site Breiz Atao, des « identitaires », je tombe sur un article intitulé : « Appel à la résistance de Mgr Centène : la LDH sioniste enrage »… Vous pouvez télécharger l’article au format .pdf ici.

Mon hypothèse était semble-t-il la bonne.

J’ai donc écrit et envoyé le courrier suivant à l’équipe de modération de lepost.fr, et j’espère qu’ils vont rapidement rétablir l’article supprimé. L’équipe de Breiz atao semble nous surveiller de près : dès que je poste une vidéo sur les demandeurs d’asile, ils réagissent, par des commentaires racistes, des articles haineux, etc… Mais là ça dépasse les bornes. Il s’agit de censure.

Je vous tiendrai au courant de la réponse que me fera lpost.fr (en principe dans les 24h).

Mon courrier à lepost.fr

 

Jacques Paul, Ldh Loudéac centre Bretagne

 

à l’équipe de modération de lepost.fr

 

Vous avez supprimé mon message. J’ai relu attentivement la chartre, je n’y vois aucun point auquel j’aurais contrevenu.

 

Je parle effectivement d’une autorité religieuse dont je conteste une prise de position. Je vous fais remarquer que je signale dans l’article, qu’une autre autorité religieuse, supérieure hiérarchiquement à celle que je mets en cause, a pris la position inverse.

 

Je vous signale également que le quotidien régional « Le Télégramme » a fait état de la prise de position de l’évêque de Vannes :

 

http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/cotesarmor/visage-du-fils-de-dieu-l-eveque-centene-encourage-les-manifestants-08-11-2011-1491487.php?utm_source=rss_telegramme&utm_medium=rss&utm_campaign=rss&xtor=RSS-23

 

Je suis donc profondément choqué de votre décision, d’autant plus que la raison que vous invoquez est, je cite :

 

Le motif de retrait de votre article est : motif 0 (descriptif du motif momentanement indisponible pour des raisons techniques)

 

Vous conviendrez que c’est un peu facile.

 

Dois-je en conclure que la mise en cause d’un membre du clergé est comparable à la pornographie, la pédophilie, etc… ?

 

Un autre explication pourrait être qu’un internaute vous ait signalé cet article comme non conforme à la chartre. Il se trouve qu’hier, 8 novembre, date à laquelle j’ai posté cet article, le site d’extrême droite « Breiz atao » a publié un article en réponse au mien :

 

http://www.breizatao.com/?p=6343

 

Je suppose donc qu’un membre de cette organisation a signalé mon article, et que vous avez obtempéré à son injonction. Je peux imaginer que, par principe de précaution, et faute d’avoir le temps d’examiner attentivement tous les posts signalés, vous supprimiez les posts qu’on vous signale systématiquement. Dans ce cas, je vous demande de rétablir le mien.

 

Je souhaite donc avoir une explication précise de cette censure.

 

Jacques Paul, responsable du site

 

Ldh Loudéac centre Bretagne

 

 

Bonjour Ldh Loudéac centre Bretagne
 Après lecture et analyse attentive de votre article du 08.11.11 16h26 par notre équipe de modération, celui-ci a dû être retiré de la publication en raison de sa non-conformité vis-à-vis de la charte d’utilisation du Post.fr 
Nous tenons à vous assurer que nous faisons tout notre possible pour accepter le plus grand nombre de messages et que tous nos modérateurs sont tenus à une stricte obligation d’impartialité. 
La neutralité de leur analyse est d’ailleurs régulièrement vérifiée par un superviseur. 
Toutes les opinions sont acceptées dans la limite des règles définies dans la charte éditoriale et sous réserve de les exprimer de manière courtoise, argumentée, et sans agressivité.
Le motif de retrait de votre article est : motif 0 (descriptif du motif momentanement indisponible pour des raisons techniques) 
motif 0 le descriptif du motif momentanement indisponible pour des raisons techniques. Merci de contacter l'équipe de modération si vous souhaitez des précisions.
La charte peut être consultée à l’adresse : http://www.lepost.fr/charte-du-post.html
Au cas où malgré ces explications vous ne comprendriez toujours pas le motif du retrait de votre article, vous avez bien sûr la possibilité de nous contacter à l'adresse suivante, afin qu'un superviseur puisse tâcher de vous répondre sous les meilleurs délais.
Pour nous poser une question merci de cliquer sur le lien suivant :
http://www.contact-moderation.com/question.asp?origine=LP&int_content_id=47660428
Votre article sera alors vérifié à nouveau par un superviseur distinct du modérateur qui l'a initialement traité.  Si sa suspension ne s’avérait pas totalement justifiée vis-à-vis de la charte,  il sera alors immédiatement rétabli.
Cordialement,
L’équipe de modération du Post.fr 
http://www.lepost.fr/

Ps : pour rappel, le texte de votre article était:

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<img style="float: left:" src="http://medias.lepost.fr/ill/2011/11/08/h-20-2633039-1320765953.jpg" height="176" width="176" />Au moins, c’est clair :
<p><strong>« … je ne peux que soutenir toute action visant à défendre, avec charité et fermeté, l’honneur du Christ et de l’Eglise</strong>.</p>
<p><strong>Je félicite et j’encourage tous  ceux qui, en cohérence avec  leur foi, n’hésitent pas à agir  publiquement, et qui, bien que n’usant  pas de violence, aussi bien  verbale que physique, sont emmenés par les  forces de police et placés en  garde à vue, alors qu’ils manifestent, en  toute justice, leur  désapprobation face à des spectacles dont  l’ignominie dépasse  l’entendement même</strong>. »</p>
Qui a signé ce texte,..
<a href="http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2011/11/08/leveque-de-vannes-solidaire-des-integristes/" target="_blank">Lire la suite.</a>
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Soutien à Charlie Hebdo : l’intervention de Pierre Tartakowsky

Une manifestation de soutien à Charlie-Hebdo, après l’attentat dont il a été victime, était organisée devant l’hôtel de ville de Paris, dimanche 6 novembre. Voici, ci-dessous, l’intervention qu’y a faite Pierre Tartakowky, président de la Ligue des droits de l’Homme.

Intervention de Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, en soutien à Charlie Hebdo, dimanche 6 novembre à l’Hôtel de Ville.

Mettre le feu à un journal, empêcher le déroulement d’une pièce de théâtre ; ces actes de violence ne sont jamais anodins. L’agressivité des censeurs, le surgissement d’incendiaires, annoncent des temps difficiles et la tentation de certains d’imposer leurs détestations et leurs peurs en dogmes intangibles, indiscutables. Avec ce que cela suppose de périls pour les autres, hérétiques et boucs émissaires de tous ordres, pour leurs droits et liberté, droits et liberté qui sont les nôtres.

Aux fondamentalistes de tous ordres, y compris celui des simplistes et des imbéciles, la Ligue des droits de l’Homme oppose le respect de la loi commune, la défense intransigeante des libertés démocratiques, y compris celle de blasphémer, une solidarité intangible avec les victimes, même lorsqu’elle n’en partage ni les vues ni les moyens choisis pour les exprimer. Car lorsqu’on déchaîne la violence contre un théâtre, une bibliothèque, un journal, un lieu de culte ou une population ciblée comme indésirable, c’est toujours la République, la citoyenneté qu’on prend pour cible.

C’est le sens de notre présence, de notre solidarité et de notre soutien à une mobilisation puissante pour la démocratie, la laïcité, un vivre ensemble qui se décline effectivement en termes de liberté, d’égalité, et enfin de fraternité.

Pierre Tartakowky, président de la Ligue des droits de l’Homme.

Nouveaux refus de visas : la France, camp retranché ?

Le groupe Sama Band de Boromo : on voit bien que ces musiciens pourraient mettre la République en danger ! (photo DR, Le Télégramme)

Claude Guéant est-il en train de transformer la France en camp retranché, en fermant les frontières à ceux qui ne viennent pas de pays suffisamment riches ? Cette semaine encore, des artistes invités à la semaine de la solidarité internationale en Côtes d’Armor, organisée par l’association Resia (Réseau solidarités internationales Armor)  n’ont pu venir participer à la semaine, intitulée « DroitS à l’essentiel » : les consulats de France leur ont refusé leurs visas.Le cas du groupe Burkina Bé « Sama Band de Borono » est édifiant : il était venu sans problème en France pour cette manifestation, en 2009. «Nous sommes tristes et très en colère de cette situation, s’insurge Arnaud Lafay, coordinateur de la semaine. Il ne s’agit que d’échanges culturels… Il n’y a pas de suspicion de quelque nature que ce soit à avoir avec des artistes ». Conséquence, les concerts et les intervention en milieu scolaire de ces musiciens sont annulés.

Lire l’article du Télégramme du 5 novembre.

Il y a peu, un marionnettiste indien, invité par le conseil général dans le cadre de «Fenêtre sur l’Inde», avait subi le même sort. «Avec les trois musiciens brésiliens refoulés avant lui, pour les mêmes raisons, cela porte à onze le nombre d’artistes refusés dans le département. Et peut-être bientôt douze puisque le réalisateur nigérien Sani Elhadj Magori, invité dans le cadre de la Semaine de la solidarité, n’a toujours pas obtenu de visa, s’offusque Arnaud Lafay».

Le ridicule le dispute à l’absurde. Cela entre dans un contexte de xénophobie institutionnelle, qu’on peut aussi constater dans les difficultés dressées devant les étudiants étrangers qui veulent poursuivre leurs études en France. Ce gouvernement est en train de discréditer durablement la France aux yeux du monde : il y a a quelques jours, le journal de France Inter indiquait que certaines ambassades de France commencent à tirer la sonnette d’alarme auprès du gouvernement. En vain, apparemment…