Face à la déferlante raciste, une marche le 30 novembre

La résistance commence à s’organiser.

19 associations, dont la Ligue des droits de l’Homme, ont lancé, jeudi 14 novembre, un appel intitulé « Faire barrage au racisme ». Elles appellent à une marche à Paris, le 30 novembre prochain. Vincent Rébérioux, membre du comité central de la LDH précise : «Il ne s’agit pas uniquement de dénoncer ces insultes mais toute la déferlante raciste».

 Faire barrage au racisme

Les associations et organisations suivantes se sont réunies, à Paris, le 14 novembre 2013.

Elles appellent à la tenue d’une marche, à Paris, le 30 novembre 2013, pour faire barrage au racisme.

Elles invitent les citoyen(ne)s à être à l’initiative de marches semblables, ce même jour, en France, dans l’hexagone et les outre-mer.

Elles rendront public un texte d’appel, en début de semaine prochaine.

Les signataires de l’appel : 

Collectifdom – CM 98 – Ligue des droits de l’Homme – SOS Racisme – Mrap -CFDT – CGT – Unsa – FSU – Union syndicale Solidaires – Unef – UNL – FIDL – UEJF – Ufat – R=Respect – Egam – Fnasat – Banlieues du Monde

Par ailleurs, le journal Libération, qui relaye cet appel, a lancé le même jour une page « Facebook » intitulée « Injures racistes, incitations à la haine : assez ! », destinée « à accueillir vos écrits, vos témoignages, vos initiatives et tous vos «likes» de soutien ». Vendredi en fin d’après-midi, elle en totalisait près de 20.000.

 

La Ligue des droits de l’Homme fait annuler l’arrêté d’Estrosi contre les SDF et les Rroms

La Ligue des droits de l’Homme vient de remporter une victoire importante (quoique prévisible)  contre un des symboles des dérives extrémistes de l’UMP : l’arrêté « antibivouac » pris par le maire de Nice, M. Estrosi, a été annulé par le tribunal administratif. L’ordonnance qu’il a rendue le 14 novembre précise : «  le tribunal a estimé que l’arrêté  » porte aux libertés individuelles une atteinte disproportionnée par rapport au but de sécurité et de tranquillité publiques qu’il vise ».

C’est la Ligue des droits de l’Homme qui est à l’origine de la saisine du tribunal, avec le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), et l’association niçoise ADN (association pour la démocratie à Nice : ils doivent avoir du boulot !).

L’arrêté signé par celui que le Canard enchaîné appelait le « motodidacte » (il a été champion de moto) visait naturellement les SDF, et, bien entendu, les Rroms.

La Ligue des droits de l’Homme de Nice (elle aussi, doit avoir du boulot !) se réjouit naturellement  de cette décision qui, précise-t-elle,  »  est une victoire contre les postures de rejet de l’autre qui tendent malheureusement à devenir l’ordinaire du débat public ».

Savourons cette victoire : ça n’est pas si fréquent !

Refusons le choix de Leonarda pour celui de la fraternité !

L’affaire Leonarda ne fait plus la une de l’actualité, et c’est sans doute heureux. N’empêche qu’il y a une analyse à côté de laquelle les médias semblent être passés sans la relever, et c’est Pierre Tartakowsky qui la livre dans son éditorial de l’édition d’octobre de LDH info, le bulletin mensuel de la Ligue des droits de l’Homme.

Cette affaire a bousculé l’emploi du temps du ministre de l’intérieur, et provoqué les interventions du premier ministre et du président de la République lui-même. On peut par conséquent légitimement supposer que l’affaire les a préoccupés, et c’est un euphémisme.

Le premier ministre et le président ont donc décidé de vérifier, par une enquête, si la loi avait bien été respectée, et si les services de police ne l’avaient pas outrepassée.

Résultat de l’enquête : la loi a été respectée, mais, peut-être les policiers ont-ils manqué de tact…

Donc, la loi ayant été respectée, rideau.

Et tout ce beau monde de passer à autre chose (il est vrai qu’ils n’avaient que l’embarras du choix…).

Mais alors, pourquoi un tel malaise ? Uniquement parce que les policiers auraient peut-être été malpolis ?

Il n’est venu à l’esprit de personne, apparemment, que l’origine du malaise pouvait venir de la loi elle-même ? et qu’il est tout autant scandaleux d’arrêter et d’expulser un mineur qui est scolarisé pendant le temps scolaire qu’au supermarché ? et qu’il serait sans doute opportun de la changer, cette foutue loi. Car enfin, si Hollande a été élu, c’est aussi un peu pour que cesse cette politique de chasse à l’enfant…

Avec Pierre Tartakowsky, la ligue des droits de l’Homme, quant à elle, a fait le choix de la fraternité, plutôt que d’accepter celui qu’on  avoulu donner à Leonarda

Refusons le « choix de Leonarda » pour celui de la fraternité

L’éditorial de Pierre TARTAKOWSKY, président de la LDH

Le Choix de Sophie est un émouvant roman qu’Alan J. Pakula a fort bien su porter à l’écran, avec talent et émotion. On aurait préféré s’en tenir à cela et s’épargner  « Le choix de Leonarda », mauvais remake bâcle de mauvaise grâce et sans amour, par un François Hollande qu’on a connu mieux inspiré.

Le talent n’est pas en cause ; c’est au contraire la cause qui s’avère sans talent. Comment le président de la République — liberté, égalité, fraternité — a-t-il pu penser un seul instant que proposer d’éclater une famille, encourager au reniement familial, à la lâcheté filiale, allait satisfaire l’opinion publique ? Comment a-t-il pu opposer le droit à la vie de famille et le droit à l’éducation ? Substituer un choix de mutilation à un droit d’enrichissement ? On en reste pantois pour lui, désolés pour nous, inquiets pour Leonarda et tous les autres.

Car il y en a d’autres, dont la liste serait tout à la fois fastidieuse et émouvante. Faut-il, à eux aussi, proposer ce pacte de sang qui consiste à se couper des siens pour se construire soi-même ? C’est impensable. Cela devrait être impensable. Le fait que cela ait été pensé et dit, avec sans doute la bonne conscience des inconscients, devrait faire réfléchir : comment le gouvernement en est-il arrivé là ?

La réponse est simple : en suivant la mauvaise voie tracée par le gouvernement précédent, celui-là même qu’il a critiqué, battu, remplace. La loi sur l’immigration participe d’un paradigme qui vient de loin, et qui est celui d’une méfiance globale vis-à-vis de « ces gens-là ». Le sarkozysme l’a mis en forme et, bizarrement, le gouvernement Ayrault en a accepté l’héritage. Quitte lorsque l’opinion s’émeut à offrir en pâture l’hypothèse d’une erreur possible des services de police…

Une erreur ? L’erreur fatale serait de croire qu’il y en a une. La loi a bien été appliquée. ll se trouve que cette loi bien appliquée est une mauvaise loi. Car pour qu’un fait divers réussisse, en moins de cinq jours, à émouvoir la France, à faire s’exprimer son Premier ministre, à précipiter une enquête administrative, à bousculer l’agenda du ministre de l’intérieur, à diviser la majorité gouvernementale, à déclencher un mouvement de manifestations de lycéens et d’étudiants, à faire sortir la compagne du président de la République du bois de l’humanitaire et, finalement, à contraindre le Président lui-même à prendre la parole… C’est sans doute qu’il y a un problème.

Certains intellectuels médiatiques — à vrai dire plus médiatiques qu’intellectuels — s’émeuvent  d’ailleurs de ce remue-ménage et gourmandent le peuple, dénonçant ici la « dictature » de l’émotion, là l’« hystérie » qui aurait saisi l‘opinion. Diable ! Moins délicats sous le précédent quinquennat, voudraient-ils aujourd’hui une République de glace, peuplée d’icebergs et d’aphorismes froidement calibrés du style « il faut bien qu’à un moment la loi s’applique » ?

L’émotion serait-elle à proscrire ? Nous ne l’avons jamais pensé. Ce qu’elle nous dit ici, c’est que cette loi bien ou mal appliquée — constitue un authentique facteur de désordre civique ; qu’elle heurte  la conscience et la raison, le cœur et l’intelligence, qu’elle piétine ce que nous appelons la fraternité ; et que, ce faisant, elle met en péril bien plus que Leonarda et sa famille, bien plus que le jeune Knatonik et tous leurs semblables : les valeurs républicaines de l’égalité et de la solidarité. C’est très exactement ce qu’ont voulu signifier les lycéens et étudiants qui sont descendus dans la rue après avoir, pour beaucoup d’entre eux, tracé le symbole mathématique « égal » sur leurs joues. C’est le message qu’ils ont envoyé en signifiant que si Leonarda n’était pas en cours, ils n’y étaient pas non plus. Tel est l’enjeu. Voilà pourquoi la LDH s’est immédiatement solidarisée avec leurs manifestations, en défilant à leurs côtés. Voilà pourquoi elle accompagne les efforts de toutes celles et tous ceux qui exigent le retour de Leonarda et de sa famille, pour le droit à l’éducation, pour le droit à une vie familiale, pour le droit à la dignité dans l’égalité. Voilà pourquoi elle, ils, doivent revenir chez eux. Car tant qu’ils n’y seront pas, nous ne serons pas non plus tout à fait chez nous. En République.

Le lipdub d’Adalea 1er exæquo du concours vidéo de la section LDH de Quimper

Le Lipdub (clip promotionnel chantant) réalisé par l’association costarmoricaine Adalea, et intitulé « pour changer le regard sur l’exclusion », et « le poids des maux », un film de Sébastien Bélier sur l’homophobie n’ont pu être départagés à la deuxième édition du concours de la vidéo engagée, organisé par la section de Quimper de la Ligue des droits de l’Homme : ils ont tous deux obtenu le premier prix, ex-æquo.  Deux films remarquables par leurs scénarios, leurs qualités techniques, et les sujets traités.

La section Loudéac centre Bretagne de la LDH avait remarqué le lipdub d’Adalea dès sa sortie, au mois de janvier 2013, et l’avait diffusé lors la première édition des Droits en fête, à La Motte, fin mars, où il avait remporté un beau succès. Réalisé à partir de la version rappée du chant des partisan, le clip met en scène tous les acteurs d’ADALEA : bénéficiaires  de l’association, salariés, administrateurs, bénévoles, et il est le résultat d’un travail collectif, notamment pour la réécriture des paroles. Vous trouverez à ces trois adresses davantage d’informations sur cette réalisation remarquable.

Ce site : http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2013/03/23/adalea-un-lip-dub-pour-modifier-le-regard-sur-lexclusion/

Le blog d’Adalea 22 : http://adalea.fr/Lipdub-pour-modifier-le-regard-sur.html

Le blog de la section LDH de Quimper avec les adresses des vidéos: http://ldh-quimper.hautetfort.com/

Et le lipdub :

 httpv://youtu.be/asrJCdXz0Kc

Fontgombault, le village dont l’abbaye a caché Paul Touvier, et dont le maire est homophobe

Le nazi Paul Touvier a été caché dans l'abbaye de Fontgombault dans les années 1970.

Le maire de Fontgombault et la majorité de son conseil municipal viennent de se faire remarquer en affirmant que « la loi naturelle est supérieure aux lois humaines ». Et que, par conséquent, c’est la dite loi « naturelle » qui va guider leur action. Ce qui se traduit par le refus du maire et des adjoints de célébrer tout mariage entre personne du même sexe.

Contrairement à ce que cette déclaration pourrait laisser croire, ni le maire, ni le conseil municipal de Fontgombault ne sont des comiques. On peut même à raison supposer que ce sont de tristes sires.

Le problème, c’est qu’ils se sont sentis autorisés à exprimer cette ânerie. A l’UMP, on appelle ça la décomplexitude.

Ne nous trompons pas : ce sont les mêmes, qui ne craignent pas le ridicule qui envoient leurs enfants traiter la ministre de la justice de guenon dans leurs manifestations. Ce sont aussi ceux-là qui dénoncent les prières de rue quand elles sont faites par des musulmans: s’il s’agit de processions catholique, ils deviennent beaucoup plus tolérants. Là encore, décomplexitude.

Le journal Libération rappelle le curriculum-vitae du maire de Fontgombault : Jacques Tissier, régulièrement cité par le très catholique site « Le salon beige », est porte-parole du « collectif des maires pour le droit familial ». Par ailleurs, l’abbaye de Fontgombault a hébergé, et surtout caché le nazi Paul Touvier pendant sa cavale dans les années 1970. Ceci explique cela. L’article se trouve ici.

La section de la Ligue des droits de l’Homme de Chateauroux, dans l’Indre, département où se trouve le village de Fontgombault, a publié le communiqué ci-dessous à la suite de la parution de la délibération de son conseil municipal.

Le conseil municipal de Fontgombault est-il dans la République ?

Le paragraphe 8 du compte rendu mensuel de la dernière réunion du Conseil municipal de Fontgombault, validé par 7 voix sur 10, est proprement accablant : « Considérant qu’il existe une loi naturelle, supérieure aux lois humaines d’après laquelle depuis les origines du monde aucune union n’a été célébrée officiellement entre deux personnes du même sexe au titre d’un « mariage »…  »

La laïcité est pour le moins mise à rude épreuve, et l’on sait ici que ce n’est pas la première fois. C’est aussi un discours homophobe à peine masqué (« quelle que soit leur dignité d’être humain qu’il y a eu lieu de reconnaître par ailleurs [sic] »). Ce sont des élus de la République qui tiennent de tels propos, prétendant en faire une loi générale au mépris de la conscience de leurs concitoyens quels qu’ils soient. Ce discours d’arrière-garde, fondé sur des présupposés discutables, qui n’appartiennent qu’à la conviction de ces élus, est aussi un vecteur de haine.

Ces élus ont-ils oublié la loi fondamentale, alors qu’ils portent les couleurs de la République ? « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances » (article 1 de la Constitution).
Ont-ils oublié qu’un conseil municipal, parce qu’il est élu du peuple, se doit d’appliquer toutes les lois de la République sans exception ? Ont-ils oublié que le Conseil constitutionnel a écarté, le 18 octobre dernier, la clause de conscience des maires ? Savent-ils que le seul mariage légal est l’union civile ? Savent-ils que l’homophobie n’est pas une opinion mais un délit puni par la loi.

La LDH se tient aux côtés des citoyens de Fontgombault outragés par ces propos. Elle interroge les autorités préfectorales sur la légalité de la délibération en question. Elle appelle les citoyennes et citoyens à se mobiliser pour faire échec aux campagnes de haine et d’exclusion.

Le 8 novembre 2013

Ch. Véron, Présidente de la section LDH

 

« Cause commune » projeté lundi 11 à Saint-Connec : à ne pas rater !

Le film « Cause commune » fait partie de la programmation 2013 du mois du documentaire dans les Côtes d’Armor. Il sera projeté lundi 11 novembre à 15h, au bar Le Barésille, à Saint-Connec. La projection sera suivie d’un débat.

La section Loudéac centre Bretagne invite vivement à aller voir ce film, remarquable à plus d’un titre. D’abord, ça n’est pas si souvent qu’on entend parler des Rroms avec bienveillance. Ensuite parce que ce film, c’est avant tout l’histoire du courage politique dont a fait preuve le maire d’Indre, en Loire-Atlantique. Enfin, c’est tout simplement un beau film, qui raconte une belle histoire. En le voyant, on peut se dire, comme Edgar Pisani : « c’est beau la politique, vous savez »…

Voici ci-dessous la présentation que nous en faisions en juin dernier, lorsqu’il a été retenu dans la programmation du mois du doc. En complément du film, vous pouvez utilement visionner la vidéo de la conférence passionnante  « Scolarisation des enfants Rroms et des enfants du voyage », donnée par Jean-Pierre Dacheux, Jean-Yves Varin et Marie-Claude Garcia – Le Quéault pendant les Droits en fête, à La Motte, en mars dernier : les trois intervenants, spécialistes desRrom, rétablissent la vérité sur cette population victime depuis des siècles de discriminations insupportables.

httpv://youtu.be/EyLjjhEBY1k

« Fin 2009, une quarantaine de familles roms, indésirables à Nantes, tractant des caravanes hors d’âge, arrivent à Indre, une petite commune des bords de Loire.
Dès le lendemain, le maire Jean-Luc Le Drenn décide de mettre un terme à ce qu’il appelle « la politique de la patate chaude », en refusant de les expulser à son tour.
Grâce à l’engagement sans faille d’une poignée de citoyens et d’élus mobilisés par ce combat collectif et politique, les familles resteront 18 mois, avant qu’une solution digne et pérenne soit trouvée » (source : http://www.film-documentaire.fr/Cause_commune.html,film,38148.

On pourrait donc accueillir des familles Rroms dans une commune sans qu’il n’y ait une explosion des vols, des viols, du vandalisme… ? C’est un peu ce qu’a prouvé Jean-Luc Le Drenn, maire d’Indre, commune de 4000 habitants en Loire-Atlantique, et son équipe municipale. Le pari était « gonflé », et l’équipe ne s’y était pas trompé : « on va jouer notre mandat là-dessus », avait lancé comme un défi un conseiller municipal de la majorité.

Le film de Sophie Averty est magnifique. Elle ne disposait que de peu d’images de cette aventure : elle a dû avoir recours à des reconstitutions, à l’animation, à l’utilisation d’archives sonores… Son propos est passionnant : comment des gens qui ne sont pas particulièrement militants, se mobilisent presque spontanément pour s’organiser en collectif de soutien à ces familles (une cinquantaine), et ce pendant des mois et des mois ? La personnalité de Jean-Luc Le Drenn y est naturellement pour beaucoup : ce jeune maire a réussi à fédérer autour de lui à la fois élus et simples citoyens. Sans la moindre démagogie, et avec toute la rigueur que supposait une telle action, il a réussi la première étape de ce combat pour la dignité : les familles Rroms sont aujourd’hui logées dans des mobilhomes, répartis sur plusieurs communes (et ce n’est pas le moindre mérite de Jean-Luc Le Drenn d’avoir réussi à les convaincre !). Mais le travail n’est pas terminé : il le sera lorsque les Rroms auront trouvé des emplois stables et qu’ils auront pu être logés normalement. La municipalité d’Indre poursuit donc le travail.

On peut voir des extraits du film sur le site de TV Nantes :

http://www.telenantes.com/Documentaire/Documentaires/2013/03/Cause-commune

http://www.telenantes.com/Toute-l-actu/Infos-debats-territoires/CAUSE-COMMUNE-Indre-aux-cotes-des-Roms-0893

et une interview de Sophie Averty ici :

http://www.telenantes.com/A-la-votre-2012-2013-le-forum/2013/03/A-la-votre-2012-2013-le-forum3/Cause-commune-l-histoire-d-un-engagement-aupres-des-roms

 

Insulte contre Ch. Taubira : le silence des politiques, l’indignation des artistes

Les réactions politiques avaient tardé, après l’agression verbale raciste dont a été victime Christiane Taubira à Anger il y a quelques jours. On avait davantage entendu le front national exiger des preuves de cette agression. Il a été gâté : le journal Anger Mag Info a diffusé sur son site une vidéo filmée par un amateur avec son téléphone où on assiste de façon très claire à l’agression. Mais la vidéo révèle autre chose : la complicité des adultes autour de la gamine, ce qui contredit l’affirmation des organisateurs de la « manif pour tous » qui considéraient qu’il s’agissait d’un acte isolé. Cette gamine était en fait manipulée par des adultes (on voit la banane circuler de main en main) soucieux, on le sait, de la protection morale des enfants…

Les politiques muets, ce sont les artistes qui se sont exprimés, et leur voix a sans doute plus d’écho que n’aurait eu celles des utilisateurs de la langue de bois.

Vendredi matin, c’est François Morel qui a commencé, avec une chronique remarquable de sensibilité, d’élégance et d’efficacité, dans laquelle il demande à « la petite conne » : « Pour qui la banane ? » Cette chronique a été relayée tout le week-end sur les réseaux sociaux et on ne se lasse pas de l’écouter.

Le musicien Titi Robin, nominé en 2012 aux Victoires de la musique et qui a une quinzaine d’albums à son actif a choisi pour sa part d’écrire une lettre ouverte qui a été publiée dans la presse locale, et que nous reproduisons ici. Une lettre qui, comme la chronique de François Morel, ne se contente pas de dénoncer le fait divers : il l’analyse.

Lettre ouverte

« Permettez-moi de prendre la parole d’une manière personnelle. Je suis né dans un village angevin où on élevait (comme toujours aujourd’hui) des vignes pour élaborer un vin moelleux, généreux, destiné au partage, à l’accueil des visiteurs, aux célébrations familiales. J’ai reçu dans ce village une éducation traditionnelle, riche, que je porte avec fierté, qui m’a permis de voyager et de rencontrer de par le monde des hommes et des femmes avec leurs propres bagages culturels. Nous avons échangé, et ainsi je me suis construit, j’ai grandi, mariant mes racines à celles rencontrées. Comme je savais d’où je venais, je retrouvais toujours ma route. Durant toutes ces années, je suis toujours resté fidèle à ma région. Je l’aime.

Aujourd’hui, je suis blessé, humilié, et en colère. Les paroles et gestes d’une enfant d’une douzaine d’années et d’un notable expérimenté auraient-ils souillé l’air ? Ou bien est-ce le silence et l’apathie qui ont suivi ces événements qui me troublent ? De France et de l’étranger me parviennent des messages : « Que se passe-t-il chez vous ? Pourquoi les gens sont-ils devenus ainsi, en Anjou ? » Dans les rues d’Angers, des gens évoquent leur gêne ou leur honte à voix basse. Je ne pense pourtant pas que nous ayons changé. La lâcheté ou tout au moins le manque de clairvoyance de nos dirigeants (de gauche) comme de leurs collègues dans l’opposition (de droite) encourage certains intellectuels, certains médias et des gens de pouvoir à développer dans le pays une atmosphère profondément malsaine. Il y a là quelque chose de pathologique, la crise encourageant le repli sur soi.

Du coup, cette minorité dans notre société qui a porté et portera toujours en son sein des idées empoisonnées se sent soudain libre de les exprimer au grand air. Notre pays avait connu ce phénomène il y a longtemps. Il y a aujourd’hui comme un relâchement moral nauséabond. Et puis voilà : Une fillette de douze ans peut traiter comme un animal, en rigolant, en l’insultant, devant le public, la presse, et ses parents ravis, une femme d’une grande culture intellectuelle et morale, représentante du gouvernement, car l’enfant a la peau blanche et la femme la peau noire. Un notable d’une ville de la région ironise autour de l’extermination pendant la deuxième guerre mondiale des ancêtres d’une partie, minoritaire, de sa population (qu’on appellera ici Gens du voyage) et se félicite aujourd’hui de les chasser de son territoire. Ces événements sont mis en lumière car ils concernent des personnages publics. Nous devons savoir qu’ils correspondent à la face émergée du problème. Cela signifie que bien d’autres personnes souffrent en silence. Si notre corps social est endormi, affaibli, il importe de réveiller ses anticorps. Il importe aussi de parler fort. Ayons confiance en nos forces, nous devons pouvoir continuer à être fier de qui nous sommes, de nos racines comme de notre hospitalité, qui vont de pair. »
Thierry ROBIN

J’ai jeté ma baleine à la mer : une pièce militante et un outil de prévention des violences conjugales

Muriel Le Goff et Manuela Charles (en bas à gauche) ont animé le débat, auquel les acteurs de la troupe Les Poules qui lèvent la tête ont participé.

La pièce de théâtre « J’ai jeté ma baleine à la mer » créée et mise en scène par la troupe de théâtre engagé « Les poules qui lèvent la tête » a conquis les spectateurs dimanche à la salle de fêtes de Plumieux. Une pièce qui s’appuie sur le récit autobiographique d’une femme, Laura Granny (pseudonyme), victime de violences conjugales édité aux éditions Récits. Sujet parfaitement documenté, mise en scène originale et dynamique, mise en lumière remarquable : tout concourt à ce que le spectateur ne sorte pas indemne de ce spectacle. Et c’est tant mieux : le sujet, les violences conjugales, est, hélas, toujours d’actualité.

Organisée par la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme, la séance a été suivie d’un débat animé par Manuela Charles, directrice de l’association Adalea et Murielle Le Goff, qui a longtemps travaillé avec des femmes victimes de violences conjugales à Adalea. Un débat très suivi, auquel les acteurs de la troupe ont participé activement, et qui a suscité de très nombreuses questions dans le public. Anne Cojean, responsable de la troupe, souhaiterait que cette pièce soit diffusée notamment auprès des publics jeunes (en particulier les lycées) : il s’agit en effet d’un remarquable outil de sensibilisation et de prévention, et plus on agit tôt, plus on a des chances de venir à bout de ce fléau qui continue à sévir, malgré les campagnes de prévention et malgré une arsenal législatif qui s’enrichit progressivement et permet aujourd’hui aux femmes de trouver plus facilement l’aide et la protection dont elles ont besoin.

Le spectacle est toujours disponible : renseignements auprès de Cac Sud 22 (Rue Nationale, 22600 Saint-Caradec, 02-96-28-93-53). La pièce sera jouée samedi 30 novembre, à la salle des fêtes de Scaër, invitée par l’association l’Abri cotier, qui s’occupe de femmes victimes de violences.

Rétention : une politique massive d’enfermement et d’expulsion confirmée (CIMADE)

Communiqué de la Cimade, après la publication du nouveau marché public sur l’intervention associative en centres de rétention.

Le nouveau marché public qui régit l’intervention associative dans les centres de rétention vient d’être publié. Il traduit la volonté de poursuivre une politique similaire à celle conduite en 2012.

Ce marché a pour objet de garantir aux personnes enfermées une aide à l’exercice de leurs droits. Présente dans 12 centres de rétention sur les 25 existants, La Cimade assure cette mission, porte un regard vigilant et témoigne au quotidien des atteintes aux droits fondamentaux dont sont victimes les personnes étrangères.

Fin 2012, le nouveau gouvernement annonçait une remise à plat du dispositif d’expulsions au travers d’un marché reconfiguré dans sa globalité. Un marché transitoire a donc été conclu dans l’intervalle.

Pourtant, l’appel d’offres fraichement publié démontre la volonté du gouvernement de faire tourner la machine à expulser à plein régime. 24 des 25 centres de rétention demeurent ouverts et de même taille. La prévision du nombre de personnes qui y seront enfermées est basée sur les chiffres des années 2011-2012, une référence lourde de sens s’agissant d’une période où les expulsions ont été particulièrement massives.

Sur le terrain, la continuité de cette politique se traduit chaque jour par la violation des droits fondamentaux des personnes ou par des pratiques inhumaines. Les exemples récents s’enchaînent : séparation des familles, expulsion d’étrangers malades, charters quasi hebdomadaires.

Enfin, Mayotte, 101ème département, continue à subir un régime d’exception à l’abri des regards. Le marché ne prévoit pas d’aide à l’exercice des droits dans le pire des centres de rétention de France. Ce dernier rassemble à lui seul autant de personnes enfermées chaque année que dans tous ceux de la métropole réunis. Mayotte, où le régime dérogatoire, déterminé par ordonnance, prive les personnes étrangères expulsées de quasiment tout droit.
La Cimade appelle une nouvelle fois le gouvernement à une refonte urgente de sa politique migratoire, notamment pour s’engager vers la fermeture des centres de rétention.

Dimanche 27 octobre, théâtre à Plumieux : « j’ai jeté ma baleine à la mer », des mots sur les maux des femmes

Dimanche 27 octobre, à 15h, la troupe de théâtre engagé du Cac Sud 22 « les poules qui lèvent la tête » jouera sa pièce « J’ai jeté ma baleine à la mer », à la salle des fêtes de Plumieux, invitée par la section de Loudéac centre Bretagne de la Ligue des Droits de l’Homme.

Les violences faites aux femmes, qu’elles aient lieu dans le cadre conjugale ou ailleurs, sont un problème majeur que les différentes campagnes menées par les gouvernements successifs ou par les associations ne parviennent pas à résoudre.

La pièce de théâtre « j’ai jeté ma baleine à la mer » traite de ce problème. Elle est originale à plus d’un titre. Par son histoire d’abord : il s’agit du témoignage direct d’une femme victime, qui a accepté que la troupe de théâtre engagé « les poules qui lèvent la tête » le mette en scène. Et précisément, la mise en scène de la pièce est elle aussi originale, et parvient à sensibiliser le spectateur souvent de façon très subtile.

Les acteurs expliquent que «  cette pièce a été écrite pour dénoncer, faire prendre conscience et éventuellement tendre la main aux victimes ». Durant une heure ils dénoncent les cinq formes de violences faites aux femmes : les coups, le viol, la violence verbale, la violence psychologique, la violence économique (ou financière). Les acteurs ont mis en scène toutes ces formes de violence, ils les jouent sous forme de saynètes. Elles sont mises en lumière par une création forte et originale, accompagnée de musiques adaptées et liées par le témoignage enregistré d’une femme, victime, il y a plus de 25 ans et qui a accepté de participer à leur aventure.

La pièce tourne depuis 2009, elle a été jouée dans la région mais aussi à Saint-Malo, Dinan, Paimpol et à chaque représentation, le public est bouleversé par  la justesse de l’analyse et la qualité de la mise en scène et du jeu des acteurs.

Après la pièce, les acteurs se tiendront à la disposition du public pour échanger dans le cadre d’un débat animé par  la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme, et  l’association ADALEA, avec Manuela Charles, directrice, et Muriel Le Goff, coordinatrice du pôle hébergement, qui a longtemps travaillé avec des femmes victimes de violences.

Ci-dessous, la bande annonce de la pièce.

Entrée, 5€.

httpv://youtu.be/8Xb5z_EZC2g