Samedi 30 novembre 2013 : c’est aujourd’hui qu’on marche, pour « laver l’affront »

C’est aujourd’hui, samedi 30 novembre 2012, que les démocrates, les républicains, les humanistes, ceux qui ne se résignent pas à voir la société française s’engluer dans la fange raciste, marcheront ensemble dans des dizaines et des dizaines de villes. Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, rappelle, dans une tribune publiée par le site d’information Médiapart, les enjeux de cette journée : ils s’agit tout simplement « de laver l’affront ».

Le 30 novembre, dans les villes, petites et grandes, nous allons manifester contre le racisme dont la ministre de la justice, Garde des sceaux, Christiane Taubira, a été la cible.

Le 30 novembre au soir, nous aurons lavé l’affront. Et nous serons d’autant plus forts pour poursuivre notre combat contre le racisme et ses trop nombreux compagnons de route, la xénophobie, les discriminations…

Pour ce faire, et cela dépend pour une part de chacune et chacun d’entre nous, il nous faut contribuer au succès de cette journée de marches tenues dans la France entière. Car pour réussir, créer ensemble une dynamique forte, porter un coup d’arrêt aux droites extrêmes et aux désignations de boucs émissaires, il convient de se rassembler, le plus largement possible.

Car notre ambition va au-delà de la simple expression de notre dégoût. Nous voulons mettre un terme à toutes les dérives, rétablir une norme républicaine de débat et, à cette fin, faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore : nous voulons redonner souffle et allant à l’utopie magnifique de la fraternité et à l’égalité, sa sœur jumelle.

Il n’est que temps. Une ministre de la République traitée de singe, la prise à partie lancinante des étrangers, un autre ministre qui décrète l’incapacité à s’intégrer de telle catégorie de population… Avec cette incroyable dégradation du débat public, dont les exemples hélas, foisonnent, des millions d’entre nous se retrouvent déniés dans leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture et de leur religion.

Il n’est que temps. Car une partie des hommes et des femmes politiques de notre pays s’en contentent ou, pire, exploitent cette situation. De boucs émissaires extérieurs en ennemis de l’intérieur, les doigts se tendent pour désigner les coupables qui seraient à l’origine de nos maux, qui détruiraient notre pays et ruineraient notre avenir.

Ce projet de division et d’exclusion vise la République en son cœur. Il est destructeur non seulement pour celles et ceux qui le subissent mais pour la société toute entière. La haine générée grandit, nourrie par la bêtise et l’ignorance, infiltrant tous les rouages de la vie sociale par une explosion numérique nauséeuse, générant conflits et violences, rancœurs et esprit de revanche, assignations à résidence et replis communautaires.

C’est la démocratie elle-même, au plus profond de ses ressorts, celle que nous avons mis plus de deux siècles à construire, qui est atteinte. C’est la France républicaine en ce qu’elle représente à la face du monde d’espoir d’un monde solidaire qui est rabaissée.

Voilà pourquoi il nous faut être nombreux à le réaffirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

Contexte de crise aidant, ces valeurs sont agressées par une extrême droite qui se sent des ailes, méprisées par une partie de la droite, minées par les inégalités sociales et trop souvent abandonnés par ceux là même qui devraient les graver au plus profond de notre pacte citoyen.

La mobilisation qui s’opère autour du 30 novembre montre que ces défis sont identifiés: elle porte la volonté de leur opposer une fraternité de combat, une égalité effective, pétrie de dignité et de droits concrets. Elle permet de faire entendre une exigence, de faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore, elle permet de redonner souffle à l’utopie magnifique de la fraternité et allant à l’égalité, sa sœur jumelle.

Elle inaugure de fait un agenda de rencontres qui peut s’avérer fructueux si chacun y travaille et – pourquoi pas ? – ensemble. La Ligue des droits de l’Homme entend ainsi commémorer solennellement la marche pour l’égalité d’il y a trente ans ce 3 décembre place de la République à Paris ; elle manifestera le 7 décembre pour rappeler que les mesures d’égalité réclamées il y a trente ans sont hélas des revendications toujours d’actualité ; et le 18 décembre elle défilera pour le respect des droits des migrants dans notre pays.

Cet agenda n’est-il pas mobilisateur et possiblement  rassembleur autour de l’égalité des droits ?

Il nous permet d’inscrire le refus de la haine au cœur des débat publics à venir, de rappeler à tous ceux qui seraient tentés par un dialogue avec les « bonnes questions» de l’extrême droite que les seules bonnes réponses qui vaillent sont, résolument, enracinées dans la justice sociale et son indispensable corollaire, l’égalité.

 Pierre Tartakowsky

Gilles Manceron : « réagir aux résurgences du racisme colonial »

Gilles Manceron

Le dernier exemplaire de la Lettre d’information électronique de la Ligue des droits de l’Homme consacre un dossier au racisme, dont on pensait qu’il avait été éradiqué, et qui s’est exprimé à nouveau violemment ces dernières semaines.

Nous reproduisons ici un article de Gilles Manceron, intitulé « réagir aux résurgences du racisme colonial ». Gilles Manceron, membre du Comité central de la LDH, est historien, auteur notamment de Marianne et les colonies (2003), Droits de l’Homme. Combat du siècle (avec Madeleine Rebérioux, 2004), La Colonisation, la loi et l’histoire (avec Claude Liauzu, 2006) et 1885, le tournant colonial de la République (2007).

On peut parler en France d’un refoulement puis d’un rejaillissement de la mémoire coloniale. La violence des insultes à Christiane Taubira comme la multiplication dans la période récente d’actes islamophobes contre des femmes portant foulard ou des lieux de culte musulman sont autant de manifestations d’un retour du racisme colonial. Mais à l’ère post-coloniale, ce racisme a souvent tendance à revêtir un habillage nouveau, d’apparence humaniste et progressiste, à substituer, par exemple, au discours nationaliste d’hier un discours souverainiste, voire à se livrer à un détournement à son profit de notions comme le féminisme ou la laïcité.

En France, au lendemain des indépendances, les mentalités forgées durant l’époque coloniale, les représentations qu’elle a encouragées et sur lesquelles elle s’est appuyée n’ont pas disparu du jour au lendemain. Il y a eu dans l’opinion comme une période de doute à leur égard quand on a constaté que les représentations d’hier avaient été démenties par les faits. Mais un certain nombre de dictatures dans des pays anciennement colonisés devenus indépendants, de crises dans certains d’entre eux et de phénomènes violents aux conséquences internationales tragiques, ont encouragé une sorte de retour de la bonne conscience coloniale et aux préjugés qui l’ont marquée et qui, en réalité, n’avaient jamais disparu.

La vision d’un « Autre » différent d’un « Nous », produite par cette histoire, n’est jamais entièrement sortie des esprits. L’impensé colonial, faute d’être analysé, n’a cessé de hanter une partie de la société française, et, depuis le début des années 2000, il a eu tendance à s’exprimer de nouveau à visage découvert. La loi du 23 février 2005 qui stipulait que les programmes scolaires reconnaissaient « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », c’est-à-dire de la colonisation, a suscité un mouvement de protestation, chez les historiens, les enseignants et dans les départements d’outre-mer, qui a conduit au retrait de la phrase en question. Mais, en 2007, Nicolas Sarkozy a fait du « refus de la repentance » un des thèmes majeurs de sa campagne électorale, et, devenu président, ce fut son discours de Dakar sur l’homme africain qui ne serait jamais « entré dans l’Histoire », la création d’un « ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale », puis la funeste opération d’apprenti sorcier du « débat sur l’identité nationale ». Avec une telle politique, la pensée coloniale, toujours présente dans l’inconscient collectif, n’a cessé d’être ravivée, y compris dans ses aspects les plus caricaturaux. On a même vu le retour d’un racisme biologique, avec des références animalières qui étaient banales à l’époque coloniale et semblaient avoir disparu des discours publics après la Deuxième Guerre mondiale et la décolonisation.

Si Christiane Taubira cristallise aujourd’hui les haines, si une candidate du Front national a pu écrire sur son site qu’elle préférait la voir « dans les branches de son arbre plutôt qu’au gouvernement », si des catholiques intégristes de Civitas ont manifesté contre le mariage pour tous aux cris de « Y a bon Banania, y a pas bon Taubira », et si une enfant de 11 ans lui a lancé « Elle est pour qui la banane ? La banane est pour la guenon », c’est la conséquence de ce phénomène. Comme l’est aussi le fait que l’hostilité à l’encontre des musulmans s’est traduite dans la dernière période par des discours stigmatisants, des pratiques discriminatoires et des agressions physiques.

La riposte à ces phénomènes ne peut résider simplement dans un « sursaut républicain » appelant à combattre le racisme en général. On ne peut y réagir avec quelque efficacité que si l’on prend conscience qu’il ne s’agit pas seulement de défendre la République, mais de questionner la page coloniale de son histoire. Si l’on prend conscience de ce que la République n’a pas toujours été exemplaire, elle a aussi trahi ses valeurs dans sa politique coloniale. Qu’elle s’est aussi illustrée, par exemple, il y a un siècle, en exhibant des personnes venues des colonies devant des spectateurs de Paris ou d’autres villes qui leur lançaient des aliments. Par cette violence symbolique, écho édulcoré mais emblématique de celle de la conquête et de la domination coloniale, elle s’est aussi employée à légitimer l’entreprise « civilisatrice » qu’elle conduisait aux colonies, y compris en allant jusqu’à animaliser ainsi les populations des colonies. Lors des matchs de football d’aujourd’hui, les « cris de singes » lancés dans les tribunes et certaines insultes sur les pelouses ont une histoire.

Il ne suffit pas de parler aujourd’hui d’une résurgence du racisme en général sans pointer les origines de ce racisme particulier, dont les agressions verbales contre Christiane Taubira et physiques contre des femmes portant un voile sont la conséquence. Les différentes formes de racisme n’obéissent pas aux mêmes mécanismes ni aux mêmes ressorts. Tout en restant en éveil face aux nouveaux avatars de la xénophobie et de l’antisémitisme, il s’agit de prendre conscience de cette forme spécifique de racisme. Et de se livrer à un patient travail de déconstruction pour défaire l’imaginaire colonial, ses stéréotypes comme son lot de plaisanteries redoutables, afin de faire place à un autre état d’esprit. Comme le fait, par exemple, en ce moment, l’exposition « Kanak, l’art est une parole » montrée à Paris, au musée du Quai Branly.

L’histoire de la colonisation a longtemps été un point aveugle de la conscience française. Cela a été vrai non seulement pour la colonisation des XIXe et XXe siècles, qui va de la prise d’Alger en 1830 aux indépendances de 1960-1962, mais aussi pour la première phase de celle-ci, celle des XVIIe et du XVIIIe siècles, marquée par la colonisation des îles des Antilles et de l’Océan indien fondée sur l’esclavage et l’économie de plantations. L’une et l’autre ont été longtemps absentes en France de la mémoire collective comme de l’enseignement de l’histoire à l’école. Combien de Français savent que la traite et l’esclavage ont été organisés par la monarchie absolue, avec la création de compagnies d’État (Compagnies des Indes occidentales et des Indes orientales, Compagnie du Sénégal, etc.), et l’encouragement de la traite privée par le versement aux négriers d’une prime par « tête de nègre » importée dans les colonies ? Combien savent qu’on comptait au XVIIIe siècle plus de 3 300 navires spécialisés, à partir de Bordeaux, Nantes, Le Havre et pratiquement tous les autres ports de mer français ?

Des voix se sont fait entendre dans la société française et les départements d’outre-mer pour ne plus occulter cette histoire. Cela a abouti, en 2001, à la loi, précisément défendue par Christiane Taubira, reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité. Cela explique probablement en partie les attaques dont elle est l’objet. Mais un travail important reste à faire pour que cette page d’histoire retrouve sa place dans notre histoire nationale.

D’autant que le plus dur travail qui reste à faire concerne sur la seconde phase de la colonisation, celle des XIXe et XXe siècles. Car c’est à ce moment qu’à l’aide de références républicaines, un discours raciste s’est développé en France quand on a cherché à justifier le droit des nations européennes à conquérir des territoires lointains en affirmant leur « mission civilisatrice » et qu’a été introduite une distinction entre un « monde civilisé », blanc et européen, et un « monde barbare », extérieur à l’Europe. Cela a conduit à diviser l’humanité entre la race blanche « la plus parfaite des races humaines » et les races « de couleur » considérées comme inférieures et placées sur une sorte d’échelle hiérarchique en fonction de leur niveau supposé de civilisation. Et cela s’est produit sous la IIIe République, en invoquant le progrès et les idées républicaines.

Avant même qu’en 1885 la République approuve explicitement la politique coloniale prônée par Jules Ferry au nom de l’idée que les indigènes des colonies n’ont pas les mêmes droits que les autres hommes, le théoricien de la démocratie qu’est Alexis de Tocqueville, par exemple, avait, au milieu du siècle, esquissé cette théorie de l’« exception coloniale ». Bien que reconnaissant les effets désastreux de la colonisation de l’Algérie où « nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare quelle n’était avant de nous connaître », il admettait que les règles qui devaient s’appliquer en Europe puissent être violées là-bas. Et en déduisait notamment que les violences contre les populations étaient, dans ce cas, légitimes. Puisque implicitement les « indigènes » n’étaient pas considérés comme étant vraiment des hommes, on pouvait recourir sans scrupules à des moyens que les droits de l’Homme condamnaient.

Avec Jules Ferry, l’aveu a été plus net encore : « Si nous avons le droit d’aller chez ces barbares, c’est parce que nous avons le devoir de les civiliser. […] Il faut non pas les traiter en égaux, mais se placer au point de vue d’une race supérieure qui conquiert », déclarait-il, par exemple, à la Chambre en 1884. Et, l’année suivante : « Il faut le dire nettement : oui, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Comment justifier, sinon, notre présence aux colonies : elles ne nous demandent pas ! » C’est pour nous un défi que de penser cette distinction porteuse de racisme tout en sachant qu’elle émane des penseurs importants de la démocratie comme Tocqueville ou Ferry. Face à leurs opposants républicains qui invoquaient l’universalité des droits de l’Homme, ils ont compris qu’il valait mieux éviter le débat sur les principes et chercher plutôt à mettre l’opinion de leur côté en recourant à des images et des plaisanteries qui instituaient comme une évidence la supériorité des Blancs sur les « sauvages ». Des représentations, des récits et toutes sortes de mises en scène ont contribué à faire entrer dans les esprits cette division « de bon sens » de l’humanité entre « Nous » et ces « Autres ».

Si on ne déconstruit pas cela, comment faire reculer aujourd’hui les préjugés à la source des divers rejets et discriminations qui minent la société française ? Notamment au détriment des personnes « d’origine maghrébine », des « musulmans d’apparence ou de patronyme », de celles venant des départements d’outre-mer ou d’Afrique, qui sont, du fait des mouvements migratoires, de plus en plus nombreuses dans la société française. De la même manière qu’on dit que ces personnes, dans leur vie sociale et professionnelle, se heurtent à un « plafond de verre », obstacle invisible mais bien réel, que n’institue souvent aucune loi écrite, on peut dire que ce processus s’enracine profondément dans un « socle de verre » constitué par les mentalités et représentations forgées à l’époque des colonies. Il est clair, dans ces conditions, que l’interrogation de la société française sur cette page de son histoire est une nécessité pour aujourd’hui. La société française vit un moment où le détour par ce passé est pour elle un passage obligé pour répondre à un certain nombre de questions sur son présent, et réagir aux divisions qui la menacent.

Pierre Tartakowskly : un agenda de mobilisation contre la bête immonde

A la veille des dizaines de « marches contre le racisme », qui vont réunir samedi 30 des milliers de personnes unies par le même dégoût du racisme et de la xénophobie, Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, rappelle, dans la « lettre d’information de la LDH », l’agenda de la mobilisation contre ce qu’il appelle « la bête immonde », cette sournoise résurgence des idées les plus noires véhiculées par l’extrême droite. Rappelons qu’en Bretagne, trois rendez-vous sont donnés samedi 30 novembre : Quimper, place St-Corentin à 15h, Rennes, place de la mairie à 16h, et Dinan, esplanade de la Résistance à 15h, Lire ici et .

Marches contre le racisme (plusieurs dizaines sont prévues) et pour l’égalité le 30 novembre, manifestation le 7 décembre pour commémorer et faire revivre l’esprit de la marche pour l’égalité, journée du 18 décembre consacrée a la solidarité avec les familles et travailleurs sans-papiers… L’agenda de la démocratie s’est déployé dans l’espace public en peu de temps. Traduisant un sursaut salutaire contre les agressions verbales et physiques de l’extrême droite, il exprime un ras-le-bol, envoie un signal fort aux forces politiques qui ont à cœur de préserver les valeurs républicaines, rappelle enfin à tous que la formule du « ventre encore fécond » n’est hélas pas qu’une formule, mais une sinistre réalité.

Le succès de la pétition « France ressaisis-toi ! »  auquel nous nous honorons d’avoir contribué (ndlr : elle a dépassé les 100.000 signatures), la capacité de la société civile à avoir trouvé en son sein les forces et le dynamisme nécessaires à un coup d’arrêt, l’unité des forces associatives et syndicales témoignent de ce qu’il est possible de mobiliser autour des valeurs d’égalité et de fraternité.

En faire le constat est important dans une période ou la fragmentation sociale et politique s’attaque aux solidarités qui permettent le vivre ensemble et l’espoir partagé. Reste à reconduire et à élargir la méthode, dans les débats à venir, au service des causes qui nous mobilisent.

La démocratie pour tous, la justice sociale, l’égalité devant l’impôt, la santé et le logement, le refus des discriminations et des discours de mise a l’index, voire de haine, contre les étrangers, les pauvres, l’égalité hommes/femmes… Voilà quelques-uns des thèmes qui, à n’en pas douter, vont continuer de nous mobiliser dans les temps à venir. Il faut souhaiter que, comme contre le racisme, nous sachions travailler en faisant converger le maximum d’acteurs, d’histoires, d’expériences citoyennes. Et que ces efforts puissent nourrir un projet de libération humaine qui s’appuie sur l’universalité des droits. Car c’est de leur convergence, de leur unité, d’un tel projet concret que dépendra notre capacité collective à renvoyer la bête immonde aux marges dont elle n’aurait jamais dû sortir.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme.

Marchons en Bretagne contre le racisme : Rennes (35), Quimper (29), Dinan (22)

La liste des marches s’allonge chaque jour : le site dédié à l’opération en recense ce matin plus de quatre-vingts. En Bretagne, une troisième vient de s’ajouter à celles de Rennes et Quimper. Elle aura lieu à Dinan, à 15h, sur l’esplanade de la Résistance, à l’appel de syndicats : la CGT, la CFDT, la FSU, le SNES, l’UNSA, Solidaires ; d’associations : la FCPE (parents d’élèves), le Mouvement de la Paix, Solidarité pays de Rance, et avec le soutien de partis politiques : PS, Front de Gauche, Europe Ecologie-les Verts, NPA.

La multiplication des agressions et des déclarations racistes, jusques et y compris de la part d’organisations politiques qui siègent au parlement, sont devenues encore plus insupportables, par leur nombre, leur violence, et aussi par la mollesse des réactions de ceux dont on est en droit d’attendre qu’ils les dénoncent. Ces multiples marches rappelleront aux citoyens de ce pays que le racisme n’est pas une opinion : c’est un délit, qui est puni par la loi. Si cette tendance à le banaliser se poursuivait, on assisterait à une régression terrible de la morale publique. C’est pourquoi il faut absolument que toutes les forces humanistes, démocrates et républicaines se réunissent samedi pour mettre un terme à ce phénomène, et faire comprendre aux racistes qu’il n’y a pas de place pour leurs discours et leurs agissement dans un pays dont la devise est « Liberté, égalité, fraternité ».

Lire aussi ici.

 

Marchons contre le racisme : 10 nouvelles marches programmées

Dix nouvelles marches contre le racisme sont programmées pour le samedi 30 novembre : l’appel de la Ligue des droits de l’Homme est bien reçu par tous les militants des droits, et les nombreuses associations (voir la liste ici) qui s’y sont associées mobilisent aussi de leur côté. En Bretagne, deux marches sont prévues : Quimper et Rennes (lire ici).

Les formes que prennent ces marches sont diverses, elles prévoient généralement des animations musicales, du théâtre, de la danse (notamment place Saint-Corentin à Quimper). A Dijon, une déclaration commune des associations et des syndicats signataires de l’appel est diffusé et sera lu pendant la manifestation. En voici le texte :

Les associations : AODOMAB (association des Originaires d’Outre-mer et amis en Bourgogne), ATMF(Association des Travailleurs Maghrébins de France) Cimade, FCPE, Ligue des droits de l’Homme, Ligue de l’Enseignement, Maison de la Méditerranée, Mouvement de la Paix, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) Ras le front, SOS racisme,

Les organisations syndicales : CGT 21, CFDT Côte-d’Or, CNT, FSU 21, Solidaires 21, SGEN-CFDT, UNEF, répondent à l’appel initié nationalement par de nombreuses associations et organisations syndicales afin d’alerter sur l’ampleur et la gravité que prennent dans notre pays les dérives racistes ; les attaques récentes qui, au travers d’une ministre de la République, ministre de la Justice et Garde des sceaux, visent à dénier l’appartenance humaine à des millions de personnes,  sont l’expression d’un racisme urgent à combattre  car il met en danger la société :

Le racisme stigmatise des groupes entiers à partir de préjugés sur des apparences, niant à la personnalité individuelle sa capacité à évoluer librement ; le racisme enferme condamne et exclut des individus par des jugements globaux et définitifs totalement arbitraires : ainsi il contredit le principe républicain de liberté.

Le racisme installe dans les têtes l’idée d’une hiérarchie entre les êtres humains, en contradiction totale avec le principe républicain d‘égalité

Le racisme vise la division et sème la haine : il est en contradiction avec le principe républicain de fraternité qui, seul, peut garantir un avenir de paix et de justice

Le racisme prend ses racines dans les pages sombres de l’Histoire :

  • Durant des siècles, en Europe et en France il y a eu des tentatives de justification des guerres et de l’exploitation des vaincus à partir de l’origine, de la couleur de peau, du sexe, de la religion ou du mode de vie,
  • La traite esclavagiste puis la domination coloniale, au nom d’une supériorité supposée et totalement inepte d’un « homme blanc » ont laissé des plaies profondes , toujours vivantes.
  • Le nazisme a voulu exterminer des populations pour faire règner sur l’Europe l’imposture d’une « race supérieure » pourchassant particulièrement Juifs et Tsiganes avec la complicité, en France  du régime de Vichy et dont d’aucuns, à l’extrême-droite, se reconnaissent ouvertement les héritiers.

Nous tenons à rappeler qu’au-delà des innombrables diversités physiques il n’existe qu’une seule espèce humaine et que dans une société démocratique, pas plus que l’apparence physique, le genre, les choix spirituels, les origines, le mode de vie ne peuvent être des facteurs de discriminations et conduire à des persécutions, c’est pourquoi le racisme n’est pas une opinion mais un délit, devant la loi de la République.  

A présent dans nos sociétés en crise, le désarroi et la colère sont exploités par tous ceux qui désignent à la vindicte populaire des populations qui ne sont pas responsables de cette crise et qui au contraire en sont souvent les premières victimes : simpliste, commode pour éviter de poser les vraies questions mais injuste et dangereux , porteur de menaces sur  l’avenir commun : le racisme mine la société, à chacun, chacune d’en prendre conscience pour s’en délivrer et en débarrasser la société : le combat est à mener ensemble et individuellement, c’est notre responsabilité de citoyen (ne)s.

C’est pourquoi ces organisations appellent, en écho à la Marche contre le racisme qui aura lieu à Paris le même jour, à exprimer une condamnation collective du racisme par un rassemblement citoyen à Dijon ce samedi 30 novembre place François Rude à 11h30

Le 30 novembre, marchons contre le racisme !

Un climat nauséabond s’installe dans notre pays. Le garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Christiane Taubira, a subi ces dernières semaines des attaques racistes venues de temps obscurs que l’on croyait révolus. Ces propos sont une souillure pour la République.

Nous condamnons solennellement cette dérive raciste, de même que les actes et propos qui en ont permis la maturation. Nous n’admettons pas que des millions de personnes soient déniées dans leur humanité et leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture, de leur religion… Nous ne supportons pas que des boucs émissaires soient désignés comme les responsables de nos maux et comme des menaces sur notre avenir.

Alors que la France doit affronter les énormes défis liés à la dégradation économique, au chômage et aux inégalités, face à ceux et à celles qui veulent aviver les souffrances sociales, les peurs et les colères, nous nous dressons pour affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

C’est la raison pour laquelle la Ligue des droits de l’Homme a proposé à d’autres associations, ainsi qu’à des syndicats et des partis politiques, d’organiser, le samedi 30 novembre, des marches contre le racisme. Le collectif de la marche a ouvert un site qui donne la liste des villes où une manifestation est programmée et cette liste est régulièrement mise à jour. À ce jour, 43 marches sont prévues, et la liste s’allonge chaque jour. Elle est consultable ici.

Il s’agit, par ces événements, de réunir des citoyens et organisations qui veulent dénoncer le climat délétère, fascisant de rejet de l’autre, de montée du racisme et mettre en avant les principes tels que l’égalité, la solidarité, bref remettre du collectif et du respect de l’autre pour construire le vivre ensemble.

En Bretagne, pour le moment, deux marches sont prévues : à Quimper et à Rennes.

À Quimper, le rendez-vous est fixé samedi 30 novembre à 15h, place Saint-Corentin. On peut parier sans risque qu’il n’y aura cette fois pas de casse ni de désordre… Des animations sont prévues : la marche se dirigera vers l’esplanade François-Mitterrand où une scène et une agora seront installées.

L’événement s’appelle la « marche pour l’égalité et contre l’intolérance », elle se tiendra le 30 novembre 2013 à compter de 15 heures par un rassemblement place Saint Corentin, une marche pour rejoindre l’esplanade François Mitterrand, où se tiendront une scène et une agora, avec au programme théâtre, musique et danse. Cette manifestation est organisée conjointement par la section de Quimper de la Ligue des droits de l’Homme et le comité citoyen du Finistère (voir le flyer ci-contre).

À Rennes, le rassemblement est prévu à 16h, place de la mairie.

Liste des organisations membres du collectif de la marche :

CollectifDOM, CM98, Ligue des Droits de l’Homme, SOS Racisme, MRAP, LICRA, CFDT, CGT, UNSA, FSU, Union syndicale Solidaires, CFTC, FCPE, Ligue de l’enseignement, UEJF (Union des étudiants Juifs de France), FIDL, UNEF, UNL, France Terre d’asile, UFAT (Union Française des associations Tziganes), EGAM, FNASAT, R=(Respect), Banlieues du Monde, Ni Pute Ni soumise, Collectif des écrivains nègres, Association ultramarine de France, Les amis du PPM en France, Haut Conseil des Maliens de France, Association pour la Promotion de la Langue et de la culture Soninké (APS) Association culturelle de musulmans de Drancy, Conseil de Coordination des organisations arméniennes La Maison des potes, Mémorial 98, Le Syndicat des Avocats de France (SAF), Le Syndicat de la Magistrature, Les Marianne de la diversité, RESF, Fédération des Mutuelles de France, Mouvement de la paix, Fondation Copernic, SNES, CIMADE, SNEP, SNUEP, Droit au logement – DAL,SNUIPP, Le 93 au cœur de la République, Collectif national droits de l’Homme Romeurope, Harkis et droits de l’Homme, Convergence services publics, Fédération initiatives des femmes africaines de France et d’Europe (Fédération Ifafe), Les sans voix, Paroles de femmes, Union syndicale de la psychiatrie, Collectif national pour les droits des femmes

France, resaisis-toi : signez la pétition !

La Ligue des droits de l’Homme soutient la pétition lancée par un adjoint au maire de Brétigny-sur-Orge, Steevy Gustave, et appelle à la signer et la diffuser.

Steevy Gustave, qui était candidat Eutope écologie les Verts aux élections législatives en 2012, est chargé de la citoyenneté, la démocratie et l’égalité des chances à Brétigny-sur-Orge. Il s’est beaucoup investit dans le domaine de la culture et auprès des jeunes, notamment grâce au hip-hop.

Il est l’auteur de cette pétition de soutien à Christiane Taubira, victime d’insultes et d’injures racistes et de menace.

La pétition peut être signée ici. N’hésitez pas à la signer et la diffuser !

Le texte de la pétition

« C’est pour qui la banane ? C’est pour la guenon ». C’est par ces mots qu’une fillette de 12 ans a brandi il y a quelques jours à Angers une peau de banane à l’endroit de Christiane Taubira. Après la comparaison simiesque dont notre Ministre de la Justice fut la cible quelques jours plus tôt par une candidate du Front national, ce sont des mots qui ne peuvent être tenus pour des « dérapages » comme la presse les qualifie avec une pudeur de violette. Ils sont tout au contraire le signe qu’une gangrène purulente est en train, sous nos yeux, d’infecter le pacte républicain.

Le mal semble tellement avancé que ce sont donc des parents qui, le temps d’une manifestation, montrent avec fierté à quel point leur fille a été élevée dans la haine. Le mal semble tellement avancé que c’est avec stupéfaction que nous constatâmes la quasi-absence de réactions face à des propos aussi violents qu’intolérables. Le mal semble tellement avancé que toutes les excuses sont trouvées aux expressions de racisme tandis que la lutte contre ce fléau est disséquée, vilipendée, critiquée, moquée. En dépit – ou en raison – de ce contexte, nous tenons à réaffirmer les valeurs de notre République, les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous tenons également à réaffirmer notre attachement à ce que notre pays, ses habitants et son histoire ne soient pas insultés ainsi quotidiennement par des dealers de haine. Car ces propos sont autant d’insultes aux anciens combattants de toutes origines qui se sont battus pour que nous puissions vivre ensemble face à l’obscurantisme.

Autant d’insultes aux grands Hommes qui ont contribué à la richesse et au rayonnement de la France. Il n’est qu’à penser, pour n’en citer que quelques-uns, à Alexandre Dumas, Raymond Kopa, Marie Curie, Yves Montand, Aimé Césaire, Samuel Beckett, Joséphine Beker, Léon Blum, Félix Eboué, Gaston Monnerville et plus récemment à Georges Charpak, Haroun Tazieff, Yannick Noah, Charles Aznavour, Omar Sy, Jacques Martial ou Zinedine Zidane. Noirs, Arabes, Juifs, étrangers ou fils d’immigrés : ils sont tous une partie constituante de la Nation. Une Nation dans laquelle il devrait pouvoir être affirmé comme la dernière des banalités que « nous sommes tous la France ». Cet appel est un appel républicain, car loin des querelles partisanes, chaque personne, soucieuse de la beauté et de l’avenir de notre pays, doit dire que le racisme, la xénophobie, le harcèlement et plus généralement la haine de l’Autre sont des fléaux qui mettent à mal notre socle commun. C’est donc le devoir de chaque citoyen de participer à un sursaut afin d’arrêter de trouver chez l’Autre la justification de nos fantasmes mauvais et de nos maux du moment.

Signataires de cet appel, c’est par amour de notre pays que nous affirmons les positions suivantes : Nous refusons cette société qui se replie sur elle-même ! Nous refusons la normalisation de la parole raciste ! Nous refusons l’instrumentalisation de nos valeurs à des fins politiques ! Nous demandons que toutes formes de racisme soient fortement condamnées ! Nous demandons que la haine ne mutile plus le corps de la liberté, l’âme de l’égalité et le cœur de la fraternité. Au nom de nos valeurs, c’est au contraire dans l’union des citoyens que nous devons construire notre pays, préparer son avenir et retrouver la fierté d’une Nation qui ne saurait se nicher dans les ratiocinations, pas davantage que dans la glorification des mauvaises passions.

 

Boris Le Lay : 8 mois de prison ferme requis en appel

Boris Le Lay va peut-être bénéficier de 8 mois de séjour gratuit dans les geôles de la République Française, dans lesquelles il projette d’enfermer ceux qui ne partagent pas ses idées. Ce qui représente beaucoup de monde puisqu’il est à peu près seul.

L’appel qu’il a déposé après sa condamnation au mois de juillet par le tribunal de Quimper n’était peut-être pas une bonne idée : il n’y avait écopé que de prison avec sursis, mais à Rennes, mardi 19 novembre, l’avocat général a été plus sévère, en demandant un an d’emprisonnement dont quatre mois avec sursis.

Le tribunal de Quimper avait motivé la clémence de son jugement par le fait qu’il ne s’agissait que d’une première condamnation. Il y en a eu d’autres depuis, notamment à Paris et à Brest, et tous les appels n’ont pas été jugés.

Certes, réquisition ne signifie pas condamnation, mais les arguments développés par l’avocat général ont un autre poids que la pauvre défense de Le Lay qui s’est contenté de désavouer son client en reconnaissant qu’il avait tenu des propos « blessants » et, ce qui prouve qu’il connaît parfaitement son client, « peu intelligents »

Monsieur Le Lay était évidemment absent, fidèle à son mépris de la justice, ce que l’avocat général n’a pas manqué de souligner.

Il est particulièrement savoureux de constater, que le jour même où l’idéologue de Cornouaille se dérobe et ne se rend pas au tribunal, il fait, entre deux galettes (il travaille dans une crêperie au Japon), l’éloge sur son site de l’héroïsme du roi Leonidas de Sparte devant les Perses, lors de la bataille des Termophyles au cours de laquelle il trouve la mort !

Le jugement a été mis en délibéré pour le mardi 17 décembre.

Sources : Le Télégramme, Ouest-France.

Lire également :

http://www.ldh-france.org/section/loudeac?s=boris+le+lay&x=-1254&y=-54

http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2013/09/27/boris-le-lay-a-nouveau-condamne/

http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2013/07/13/boris-le-lay-nouveau-proces-jugement-en-delibere/

http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2013/09/20/breizatao-fait-la-manche/

http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2013/06/25/breizatao-com-22500e-et-18-mois-de-prison-avec-sursis-pour-boris-le-lay/

 

Et ça continue…

Nouvelle attaque raciste contre Christiane Taubira, et cette fois il ne s’agit ni du front national ni d’une quelconque officine fascisante, mais d’une élue UMP : Claudine Declerckélue municipale de Combs-la-Ville et vice-présidente de la communauté d’agglomération de Sénart, a publié sur son compte facebook une publicité détournée de Banania, avec une caricature de Christiane Taubira, avec en légende : « y’a pas bon Taubira ». Et ceci, publié le 18 septembre, n’est découvert qu’aujourd’hui !

Preuve qu’au risque de se répéter, au risque de lasser, au risque de passer pour des radoteurs, nous devons inlassablement dénoncer ces ingnominies.

Libération publie aujourd’hui une rétrospective qu’il intitule : « racisme : sept ans de dérapages politiques ». Ca commence avec Georges Frêche et l’équipe de France de football, pour en arriver à la gamine d’Anger, en passant par les Sarkozy, Chirac, Hortefeu… affligeant…

Tout ceci justifie le communiqué commun que viennent de publier la Ligue des droits de l’Homme et la Ligue de l’enseignement et qui nous avons publié ici.

Conjurons la bêtise et le cynisme, refusons la haine et le racisme !

Conjurons la bêtise et le cynisme, refusons la haine et le racisme !

Communiqué commun de la Ligue de l’enseignement et de la Ligue des droits de l’Homme

Voici que les mots et les postures qui portent la haine de l’Autre et la violence tendent à devenir l’ordinaire du débat public, relayés et entretenus par une pratique médiatique qui confine à de l’aventurisme.

Qu’une ministre de la République soit traitée de singe ne semble plus émouvoir nombre de citoyens, pas plus qu’ils ne sont émus par les déclarations d’un ministre qui décrète l’incapacité à s’intégrer de telle catégorie de population. Que dire, dès lors, quand un élu local en vient à regretter que ces Roms n’aient pas été suffisamment anéantis pendant la guerre !

Des millions de personnes sont niées dans leur citoyenneté en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture et de leur religion. Une partie des hommes et des femmes politiques de notre pays se taisent ou, pire, exploitent cette situation. De boucs émissaires extérieurs en ennemis de l’intérieur, des doigts se tendent pour les désigner coupables, à l’origine de nos maux, ce seraient eux qui détruiraient notre pays et ruineraient notre avenir.

Ne nous y trompons pas : ces mécanismes sont destructeurs, d’abord pour ceux et celles qui les subissent, et aussi pour la société tout entière. La haine générée grandit, nourrie par une bêtise et une ignorance infiltrant tous les rouages de la vie sociale, avec une explosion numérique nauséeuse, générant conflits et violences, rancœurs et esprit de revanche, assignations à résidence et replis communautaires. Au plus profond de ses ressorts, c’est la démocratie elle-même, avec ses deux siècles de construction, qui est atteinte. C’est la France républicaine, porteuse d’espoir d’un monde solidaire, qui est rabaissée.

Nous assumons et reconnaissons nos différences, elles sont le fondement de notre pacte social. Nous savons aussi ce qui nous réunit par notre pacte politique. Nous ne transigerons pas sur les principes fondamentaux sur lesquels nous avons bâti la République : la liberté, l’égalité, la fraternité comme la laïcité et la solidarité qui sont, à la fois, nos guides et nos objectifs. À la veille de deux échéances électorales que sont les élections municipales et européennes, nous entendons, ici, mettre en garde avec solennité.

Il est de notre responsabilité commune, acteurs dans la société, que nous soyons militants, responsables associatifs, élus locaux et nationaux, habitants, journalistes, en un mot CITOYENS, de ne pas suivre cette route mortifère. Celle-ci est aujourd’hui trop souvent balisée par des flux ininterrompus d’informations répétées en continu par les chaînes télé d’info, relayées sur le web et les réseaux, alors bien peu « sociaux ». Cette répétition absurde est comme un matraquage qui, à la fois, obsède et sidère.

Être CITOYEN, c’est bannir du débat politique tout propos, toute attitude, de nature à engendrer le racisme, l’antisémitisme et tendant à justifier les discriminations. La France, comme bien d’autres pays, doit affronter d’énormes défis économiques et sociaux, avec le chômage et les inégalités. Face à ceux et à celles qui avivent les souffrances sociales, les peurs et les colères, nous nous dressons pour affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

C’est dans ce cadre que le débat public, comme les politiques publiques, doivent s’affirmer.

Paris, le 15 novembre 2013