Manifestation de soutien à Ch. Taubira à Angers : « Mettons la haine hors jeu »

Photo Huffpost, http://www.huffingtonpost.fr/2013/11/11/propos-racistes-taubira-manifestation-soutien-angers_n_4255418.html?utm_hp_ref=france

Lundi 11 novembre, à Angers, une manifestation a été organisée pour protester contre l’agresssion raciste dont a été victime Christiane Taubira, ministre de la justice, de la part d’enfants soutenus par leurs parents, le 25 octobre dernier. La manifestation a réuni près de 3000 personnes,

Conduits par la section d’Angers de la Ligue des droits de l’Homme, les manifestants se sont réunis devant le palais de justice où a eu lieu l’agression.

Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l’Homme, et co-responsable du groupe de travail sur les discriminations, représentait Pierre Tartakowsky, président de la LDH, dont elle a lu l’allocution qu’il avait écrite. A lire ci-dessous.

Allocution de M. Pierre Tartakowsky, Président de la Ligue et des droits de l’Homme, lue par Madame Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe, lors du rassemblement qui s’est tenu à Angers le 11 novembre 2013 en présence de plus de 1.500 participants et de nombreux élus.

 

Mettons la haine hors jeu !

Les agressions répétées, ouvertement et pleinement racistes dont la ministre de la Justice Christiane Taubira a été la cible indiquent clairement que nous avons affaire à une offensive assumée, concertée, froidement haineuse. Elles s’inscrivent en effet dans une trop longue liste de « dérapages » détestables.

Il y a eu cette déclaration hallucinante du député-maire de Cholet, à ce jour toujours membre de l’UDI, à propos des Roms : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». Il y a eu le maire de Croix, dans le Nord, affirmant qu’il serait aux côtés de l’un de ses administrés s’il « commettait l’irréparable » à l’encontre d’un Rom… Il y a eu ce sénateur confiant à la cantonade qu’il avait « vraiment envie » de tirer sur François Hollande et la répartie du maire de Marseille, lui proposant obligeamment une Kalachnikov…

Ces saillies pseudo humoristiques ou soi-disant « maladroites » alimentent une foule de propos et d’actes de violence et toutes, contribuent à la fragmentation de notre société, tout en nous inscrivant collectivement dans une logique de désignation de boucs émissaires.

Cette remontée sidérante de pratiques et de discours qu’on pensait exorcisés n’est pas sans lien avec les consultations à venir. Mais les ramener à une simple poussée de fièvre préélectorale serait s’aveugler à bon compte et sous-estimer le danger.

Au-delà des femmes, des hommes et des populations prises pour cibles, c’est le débat démocratique qu’on vise, et en plaçant ses valeurs hors-jeu c’est la République qu’on veut atteindre.

Cette tentative d’OPA sur le débat public n’est donc pas que malsaine, elle est criminelle ; le racisme est certes odieux, mais c’est surtout un délit. La panacée de l’exclusion est évidemment un mensonge, mais c’est aussi et surtout, une invitation à la violence.

C’est pourquoi nous affirmons notre solidarité militante et civique avec toutes celles et ceux qui en sont la cible. C’est pourquoi nous en appelons à une réaction ferme de la puissance publique mais aussi de la société civile. Il s’agit de mettre hors jeu tous ceux, toutes celles qui propagent la haine tout en se réclamant de la démocratie. Il revient aux citoyens, aux médias et aux élus de la République d’y contribuer, chacun à sa place, en veillant à la qualité des débats publics, en dénonçant sans complaisance ce qui relève de l’infraction à la loi, de l’incitation à la haine, en rejetant ceux qui investissent et spéculent sur le marché de la peur et de la haine.

Face aux démagogues et à ceux qui font preuve de compréhension à leur égard, la Ligue des droits de l’Homme le réaffirme solennellement : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

 

François Gemenne sur rue 89: casser les idées reçues sur l’immigration

Peu connu du grand public, François Gemenne, spécialiste des flux migratoires, s’est fait rermarquer il y a quelques jours sur le plateau de l’émission « salut les terriens » animée par Thierry Ardison (en ligne ici, avec le texte du débat). À a côté de lui, Edwige Pénel, de Médiapart, et en face, Florian Philippot, dirigeant du front national, comme toujours sûr de son fait.

Mais cette fois, pas très longtemps : François Gemenne a littéralement « coupé la chique » du frontiste qui a fini par renoncé, lançant un « bah, il va dire non » qui a résonné comme un aveu d’incompétence lorsqu’Ardison lui rappelle que le FN veut ramener l’immigration de 200.000 à 10.000. En fait, Gemenne n’a pas dit non, il a seulement rappelé que la France est engagée par des accords internationaux, et qu’il y a aussi des Français qui émigrent…

À la suite de cette émission, le site rue 89 a eu la bonne idée d’inviter François Gemenne a donner son avis de spécialiste sur tous les clichés qui circulent en matière d’immigration. On peut trouver l’article, intitulé « On a soumis les idées reçues sur l’immigration à celui qui a mouché le FN » à cette adresse.

Extraits

Sur les salaires :

Question : Ces travailleurs acceptent des faibles revenus et du coup, les salaires baissent…

Réponse : C’est complètement faux. En particulier, pour les salaires des professions plutôt peu qualifiées. On constate de manière assez nette que les salaires de ces emplois augmentent grâce à l’apport de l’immigration.

Parce que les immigrés prennent les salaires tout en bas de l’échelle et que par conséquent, les Français remontent un peu. C’est comme s’ils gagnaient un échelon. On considère que l’impact moyen est de +0,27%. Aux Etats-Unis, les résultats sont comparables [PDF].

Dans les professions plus qualifiées, l’impact sur les salaires est beaucoup plus faible, quasiment nul.

Sur les motifs de migrations :

En 2012, plus de 33 millions de personnes ont été déplacées à cause de catastrophes naturelles. C’est un chiffre supérieur à celui des personnes déplacées à cause des guerres ou des conflits.

François Gemenne est en effet persuadé que les migrations climatiques seront un dossier essentiel de ce siècle, même si ces migrations se font pour le moment sur de petites distance, la plupart du temps à l’intérieur du pays.

 

 

Insulte contre Ch. Taubira : le silence des politiques, l’indignation des artistes

Les réactions politiques avaient tardé, après l’agression verbale raciste dont a été victime Christiane Taubira à Anger il y a quelques jours. On avait davantage entendu le front national exiger des preuves de cette agression. Il a été gâté : le journal Anger Mag Info a diffusé sur son site une vidéo filmée par un amateur avec son téléphone où on assiste de façon très claire à l’agression. Mais la vidéo révèle autre chose : la complicité des adultes autour de la gamine, ce qui contredit l’affirmation des organisateurs de la « manif pour tous » qui considéraient qu’il s’agissait d’un acte isolé. Cette gamine était en fait manipulée par des adultes (on voit la banane circuler de main en main) soucieux, on le sait, de la protection morale des enfants…

Les politiques muets, ce sont les artistes qui se sont exprimés, et leur voix a sans doute plus d’écho que n’aurait eu celles des utilisateurs de la langue de bois.

Vendredi matin, c’est François Morel qui a commencé, avec une chronique remarquable de sensibilité, d’élégance et d’efficacité, dans laquelle il demande à « la petite conne » : « Pour qui la banane ? » Cette chronique a été relayée tout le week-end sur les réseaux sociaux et on ne se lasse pas de l’écouter.

Le musicien Titi Robin, nominé en 2012 aux Victoires de la musique et qui a une quinzaine d’albums à son actif a choisi pour sa part d’écrire une lettre ouverte qui a été publiée dans la presse locale, et que nous reproduisons ici. Une lettre qui, comme la chronique de François Morel, ne se contente pas de dénoncer le fait divers : il l’analyse.

Lettre ouverte

« Permettez-moi de prendre la parole d’une manière personnelle. Je suis né dans un village angevin où on élevait (comme toujours aujourd’hui) des vignes pour élaborer un vin moelleux, généreux, destiné au partage, à l’accueil des visiteurs, aux célébrations familiales. J’ai reçu dans ce village une éducation traditionnelle, riche, que je porte avec fierté, qui m’a permis de voyager et de rencontrer de par le monde des hommes et des femmes avec leurs propres bagages culturels. Nous avons échangé, et ainsi je me suis construit, j’ai grandi, mariant mes racines à celles rencontrées. Comme je savais d’où je venais, je retrouvais toujours ma route. Durant toutes ces années, je suis toujours resté fidèle à ma région. Je l’aime.

Aujourd’hui, je suis blessé, humilié, et en colère. Les paroles et gestes d’une enfant d’une douzaine d’années et d’un notable expérimenté auraient-ils souillé l’air ? Ou bien est-ce le silence et l’apathie qui ont suivi ces événements qui me troublent ? De France et de l’étranger me parviennent des messages : « Que se passe-t-il chez vous ? Pourquoi les gens sont-ils devenus ainsi, en Anjou ? » Dans les rues d’Angers, des gens évoquent leur gêne ou leur honte à voix basse. Je ne pense pourtant pas que nous ayons changé. La lâcheté ou tout au moins le manque de clairvoyance de nos dirigeants (de gauche) comme de leurs collègues dans l’opposition (de droite) encourage certains intellectuels, certains médias et des gens de pouvoir à développer dans le pays une atmosphère profondément malsaine. Il y a là quelque chose de pathologique, la crise encourageant le repli sur soi.

Du coup, cette minorité dans notre société qui a porté et portera toujours en son sein des idées empoisonnées se sent soudain libre de les exprimer au grand air. Notre pays avait connu ce phénomène il y a longtemps. Il y a aujourd’hui comme un relâchement moral nauséabond. Et puis voilà : Une fillette de douze ans peut traiter comme un animal, en rigolant, en l’insultant, devant le public, la presse, et ses parents ravis, une femme d’une grande culture intellectuelle et morale, représentante du gouvernement, car l’enfant a la peau blanche et la femme la peau noire. Un notable d’une ville de la région ironise autour de l’extermination pendant la deuxième guerre mondiale des ancêtres d’une partie, minoritaire, de sa population (qu’on appellera ici Gens du voyage) et se félicite aujourd’hui de les chasser de son territoire. Ces événements sont mis en lumière car ils concernent des personnages publics. Nous devons savoir qu’ils correspondent à la face émergée du problème. Cela signifie que bien d’autres personnes souffrent en silence. Si notre corps social est endormi, affaibli, il importe de réveiller ses anticorps. Il importe aussi de parler fort. Ayons confiance en nos forces, nous devons pouvoir continuer à être fier de qui nous sommes, de nos racines comme de notre hospitalité, qui vont de pair. »
Thierry ROBIN

Les identitaires veulent développer l’autodéfense

« Tournées de sécurisation », cours d’autodéfense : le mouvement fasciste génération identitaire, qui est la succursale « jeunes » du « bloc identitaire », a annoncé ses projets vendredi, dans une conférence de presse. En clair, ils se préparent à mettre en place des milices, des patrouilles, pour lutter contre la « racaille ». Rien que de très banal en somme (lire dans Libération), d’autant plus que le responsable du mouvement assure « les rondes se feront à mains nues ». Nous voilà rassurés.

Distribution dans les collèges, lycées, facs, transports en commun, de tracts donnant la conduite à tenir en cas d’agression, ouverture d’une salle consacrée à des cours de boxe et d’autodéfense, organisation d’un « séminaire » d’autodéfense : les identitaires entendent pallier « l’incapacité des forces de l’ordre ».

L’extrême droite surfe évidemment sur une prétendue insécurité. Un sentiment qu’elle entretient savamment, avec le concours gracieux de la droite. Cela fait beaucoup penser à ce projet de « voisins vigilants » lancé un temps par l’UMP. À moins qu’il ne s’agisse d’expéditions punitives. Ou, comme le suggère le site Médiapart, de ratonnades ?

Ceci va peut-être permettre de venir à bout des dérives ( ?) racistes auxquelles on assiste à chaque apparition de la « manif pour tous » : nul doute que ces braves garçons auront à cœur de mettre hors d’état de nuire ces racailles pré-adolescentes qui lancent des injures racistes contre Mme Taubira !

 

La « manif pour tous » montre son véritable visage

La « manif pour tous » n’est pas raciste.

La « manif pour tous » est soucieuse du bien être des enfants.

S’il y a des débordements pendant ses rassemblements, elle ne saurait en être tenue pour responsable : il ne s’agit en réalité que d’actes isolés, qu’elle réprouve.

Il faudrait tout de même que la « manif pour tous » explique comment on confie un porte-voix à une enfant de 12 ans, qu’elle utilise pour traiter la ministre de la justice de « guenon » ( Edifiantes, les photos diffusées mardi soir par Canal +).

Il faudrait qu’elle nous explique comment elle justifie la présence d’enfants dans ses manifestations.

Il faudrait qu’elle nous explique pourquoi, dans ses manifestations, on trouve régulièrement des membres d’officines d’extrême droite, et en l’occurrence, « extrême droite » est un doux euphémisme.

On entend pas beaucoup Mme Barjot nous dire ce qu’elle pense de tout cela.

On entend pas non plus beaucoup le clergé catholique, qui a participé activement, et continue à le faire, à ces manifestations.

On parle depuis quelque temps de droite « décomplexée ». Elle n’a effectivement plus honte de montrer son vrai visage, et de laisser s’exprimer des slogans de haine.

Rappelons-leur que le racisme n’est pas une opinion. C’est un délit.

Au fait, on n’entend pas non plus beaucoup les ministres prendre la défense de Mme Taubira…

A lire aussi ici un excellent billet.

Boris Le Lay à nouveau condamné !

Marie Gueye

4 mois de prison avec sursis, 15.000€ d’amende. Boris Le Lay, administrateur du site breizatao vient d’apprendre à ses dépens que le mot racisme a le même sens à Quimper et à Brest : il vient d’être une nouvelle fois condamné, cette fois pour les propos inqualifiables qu’il avait tenus à l’occasion de l’élection de Marie Gueye en tant que conseillère générale à Brest. « On a une victime qui est désignée à la vindicte populaire, on explique  que, parce qu’elle est noire, elle est une souillure. Ça, c’est parfaitement inadmissible, c’est de l’injure; inciter les prétendues races à se lever les unes contre les autres, c’est parfaitement inqualifiable », a souligné Me Pierre-Hector Rustique, avocat de Marie Gueye (source, AFP).

Le courageux Le Lay n’était évidemment ni présent ni représenté à l’audience (ce qui ne l’empêche pas de faire la manche pour ses frais d’avocat). Il longtemps bénéficié d’une scandaleuse impunité, réussissant à déjouer les actions judiciaires (il a résidé au Japon, son site est hébergé aux États-Unis, ce qui lui garantit une protection absolue de la Constitution de ce pays).

Le Lay a évidemment fait appel de ce jugement. Il n’en a pas fini avec la justice : le 19 novembre, ce sera le jugement en appe (l’audience vient d’être reportée)l, à Rennes, de sa condamnation de juin 2013 à Quimper, dans deux autres affaires de racisme.

Ce qui va lui permettre de se poser une nouvelle fois en victime du complot juif, maçonnique, communiste, socialiste, j’en passe et des meilleures…

Breizatao fait la manche !

Photo Ouest-France

Nous avions supposé, au mois de juillet, que le délibéré décidé par le tribunal de Paris pour donner son verdict contre Boris Le Lay, lui aurait  permis de faire des économies. L’article que publie ce jour celui qui est poursuivi, notamment par la Ligue des droits de l’Homme, pour provocation à la haine raciale, apologie de crimes contre l’humanité, et contestation de crimes contre l’humanité, rien que ça, nous apprend au moins une chose : Le Lay ne se fait guère d’illusions sur l’issue du procès !

Mardi 24 septembre aura en effet lieu le procès en appel de Le Lay. Il avait été condamné, en première instance, le 24 juin, à Quimper, à 22.500€ d’amendes et dommages et intérêts, et 18 mois de prison avec sursis.

Ne boudons pas notre plaisir : il est hautement réjouissant d’assister à cette séance de mendicité ! En effet, Le Lay lance « un appel au peuple », ce peuple qu’il méprise tant. Le Lay rectifie : « il ne s’agit nullement de mendicité, mais de résistance (sic), en l’occurrence judiciaire »  (c’est étrange, comme ces fachos d’opérette en appellent sans arrêt à la résistance, qu’ils fustigent à longueur de page). Parce que bien évidemment, et vous l’avez compris, l’homme est une victime ! victime de « la clique immigrationniste, cosmopolite », de la « mafia socialiste française », « des organisations antiracistes marxistes, sionistes ou assimilés (LICRA, LDH, MRAP, etc.) » !

En fait ce n’est pas le verdict que craint Le Lay : c’est juste « Pour nous aider à payer nos frais d’avocat, nous invitons nos amis à faire un don, du montant qu’ils jugent nécessaire. Les dons récoltés serviront EXCLUSIVEMENT à payer les frais de déplacement, d’hébergement en hôtel et d’honoraires de notre avocat » (au passage, noter que Le Lay ne semble pas avoir l’intention de se rendre au procès).

Quelques jours après cet appel, Le Lay nous donnera une nouvelle occasion de nous réjouir, à l’occasion du verdict du procès parisien du mois de juillet.

 

La Résistance bretonne mise en cause dans un ouvrage contesté

On se souvient des incidents qui avaient émaillé une cérémonie à la mémoire de Jean Moulin, le 21 juin dernier : des partisans de la « manif pour tous », ennemis jurés du mariage homosexuel, s’étaient manifestés bruyamment pendant l’interprétation du Chant des partisans : l’extrême droite n’aime pas la Résistance.

En Bretagne, ce sont les nationalistes bretons de droite qui ne l’aiment pas. En témoigne un livre, écrit par Yves Mervin, qui vient d’être édité, intitulé « Le joli mois de mai 1944 », et sous-titré « la face cachée de la Résistance en Bretagne ». L’objet de ce bouquin ? C’est très simple : discréditer la Résistance. En amoindrissant son action, évidemment. Mais surtout, en faisant valoir une idée scandaleuse qu’on peut résumer ainsi : la Résistance a fait davantage de tort à la Bretagne que l’occupation allemande ; la Résistance, et les « exactions » des FTP, ont tué davantage de Bretons que l’occupation allemande. Le tout étant enrobé dans un discours qui se veut historique. Il n’est pas étonnant que le site breizatao.com ait expliqué dans un article publié le 31 juillet dernier tout le bien qu’il pensait de ce livre… Pendant le rassemblement de soutien au musée de Saint-Marcel, le 31 août dernier, Katherine Le Port, de l’ANACR 56 a dénoncé cet ouvrage.

La parution de cet ouvrage n’est en fait qu’un avatar de plus dans le paysage politique français, dans lequel les idées de l’extrême droite, qu’elle soit nationaliste ou identitaire, se banalisent à grande vitesse. Et d’autant plus rapidement, qu’elles contaminent la droite républicaine, qui ne prend même plus la précaution de se réclamer de De Gaulle ; et qui, certes dans une moindre mesure, contamine également la gauche, avec les discours douteux sur l’extrême droite et l’immigration.

On peut utilement lire l’article publié à propos de cet ouvrage sur son site par Françoise Morvan, spécialiste de l’histoire de la Résistance bretonne, et qui a publié notamment « Le monde comme si », et « Miliciens contre maquisards ». Curieusement, les volumes du livre « Le monde comme si », onr dû être mis sous cellophane et exposé près des caisses au magasin Virgin de Rennes : ils étaient régulièrement vandalisés…

Yves Mervin, dans un courriel, nous invite, et nous relayons volontiers cette invitation,  « à lire cette mise au point à propos de la reprise de l’annonce de (s)on livre par le site Breizatao.com », dans l’article qu’il a publié sur son blog.


					

Il y a 40 ans, le dernier discours de Salvador Alende à la radio publique chilienne

DERNIER DISCOURS DE SALVADOR ALLENDE A LA RADIO NATIONALE, 11 septembre 1973
httpv://youtu.be/ufHIrEEl0_o

« Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie. La honte tombera sur ceux qui ont trahi leurs convictions, manqué à leur propre parole et se sont tournés vers la doctrine des forces armées.

Le Peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer, ni massacrer, mais il doit défendre ses acquis. Il doit défendre le droit de construire avec son propre travail une vie digne et meilleure. À propos de ceux qui ont soi-disant « autoproclamé » la démocratie, ils ont incité la révolte, et ont d’une façon insensée et douteuse mené le Chili dans le gouffre. Dans l’intérêt suprême du Peuple, au nom de la patrie, je vous exhorte à garder l’espoir. L’Histoire ne s’arrête pas, ni avec la répression, ni avec le crime. C’est une étape à franchir, un moment difficile. Il est possible qu’ils nous écrasent, mais l’avenir appartiendra au Peuple, aux travailleurs. L’humanité avance vers la conquête d’une vie meilleure.

Compatriotes, il est possible de faire taire les radios, et je prendrai congé de vous. En ce moment des avions sont en train de passer, ils pourraient nous bombarder. Mais sachez que nous sommes là pour montrer que dans ce pays, il y a des hommes qui remplissent leurs fonctions jusqu’au bout. Moi, je le ferai, mandaté par le Peuple et en tant que président conscient de la dignité de ce dont je suis chargé.

C’est certainement la dernière occasion que j’ai de vous parler. Les forces armées aériennes ont bombardé les antennes de radio. Mes paroles ne sont pas amères mais déçues. Elles sont la punition morale pour ceux qui ont trahi le serment qu’ils ont prêté. Soldat du Chili, Commandant en chef, associé de l’Amiral Merino, et du général Mendosa, qui hier avait manifesté sa solidarité et sa loyauté au gouvernement, et aujourd’hui s’est nommé Commandant Général des armées.

Face à ces événements, je peux dire aux travailleurs que je ne renoncerai pas. Dans cette étape historique, je paierai par ma vie ma loyauté au Peuple. Je vous dis que j’ai la certitude que la graine que l’on a confiée au Peuple chilien ne pourra pas être détruite définitivement. Ils ont la force, ils pourront nous asservir, ils mais n’éviteront pas les procès sociaux, ni avec le crime, ni avec la force.

L’Histoire est à nous, c’est le Peuple qui la fait.

Travailleurs de ma patrie, je veux vous remercier pour la loyauté dont vous avez toujours fait preuve, de la confiance que vous avez accordé à un homme qui fut le seul interprète du grand désir de justice, qui jure avoir respecté la constitution et la loi. En ce moment crucial, la dernière chose que je voudrais vous dire, c’est que la leçon sera retenue.

Le capital étranger, l’impérialisme, ont créé le climat qui a cassé les traditions : celles que montrent Scheider et qu’aurait réaffirmé le commandant Araya. C’est de chez lui, avec l’aide étrangère, que celui-ci espérera reconquérir le pouvoir afin de continuer à défendre ses propriétés et ses privilèges.

Je voudrais m’adresser à la femme simple de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé dur et à la mère qui a toujours bien soigné ses enfants. Je m’adresse aux fonctionnaires, à ceux qui depuis des jours travaillent contre le coup d’État, contre ceux qui ne défendent que les avantages d’une société capitaliste. Je m’adresse à la jeunesse, à ceux qui ont chanté et ont transmis leur gaieté et leur esprit de lutte. Je m’adresse aux Chiliens, ouvriers, paysans, intellectuels, à tous ceux qui seront persécutés parce que dans notre pays le fascisme est présent déjà depuis un moment. Les attentats terroristes faisant sauter des ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et gazoducs, face au silence de ceux qui avaient l’obligation d’intervenir. L’Histoire les jugera.

Ils vont sûrement faire taire radio Magallanes et vous ne pourrez plus entendre le son métallique de ma voix tranquille. Peu importe, vous continuerez à m’écouter, je serai toujours près de vous, vous aurez au moins le souvenir d’un homme digne qui fut loyal avec la patrie. Le Peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et se laisser humilier. Travailleurs : j’ai confiance dans le Chili et dans son destin. D’autres hommes espèrent plutôt le moment gris et amer où la trahison s’imposerait. Allez de l’avant sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure.

Vive le Chili, vive le Peuple, vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, j’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain et qu’au moins surviendra une punition morale pour la lâcheté et la trahison.

M.-Cl. Bompard contrainte de laisser le mariage de deux jeunes femmes être célébré par une adjointe

Pour une fois que l’extrême droite nous fait rigoler, ne boudons pas notre plaisir.

Résumé des épisodes précédents. La très catholique Marie-Claude Bompard, maire de Bollène, et épouse du député maire d’Oranges, Jacques Bompard, refuse de marier deux jeunes femmes, au nom de ses croyances religieuses. Et elle interdit à ses adjoints de célébrer ce mariage à sa place. Célébrer un tel mariage dans une ville « consacrée au sacré cœur de Jésus », vous n’y pensez pas. La situation est bloquée et on ne voit pas ce qui pourrait la débloquer.

En fait si, on voit bien. Un peu de patience.

Le préfet essaye de convaincre l’élue, rien n’y fait. Le procureur engage donc une enquête préliminaire. Et dans la foulée, un des amis politiques de Mme Bompard, Florian Philippot, n°2 du front national, condamne son attitude !

Et puis voilà que mardi soir, on apprend, par la préfecture du Vaucluse, que le mariage sera finalement célébré par l’adjointe à la culture de Bollène…

Le déclenchement de l’enquête préliminaire donnait consistance à une menace qui a eu raison de la courageuse ( !!!) détermination de l’élue : elle risquait une amende, et la révocation… On a touché où ça fait mal : le fric et le pouvoir. Mme Bompard a donc piteusement rendu les armes, comme l’avaient fait ses quelques collègues « objecteurs de conscience » ces dernières semaines. Et comme feront les prochains, s’il y en a !

Angélique Le Roux et Amandine Gilles vont donc pouvoir se marier, et on leur souhaite beaucoup de bonheur !