« Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ».
Michel Audiard ne connaissait sans doute pas le maire d’Orléans lorsqu’il a écrit cette réplique devenu culte. Cela l’aurait conforté…
Serge Grouard, c’est son nom, vient de créer un poste d’adjoint au maire chargé de lutter contre l’immigration clandestine. Une compétence qui est naturellement totalement étrangère à un maire. Et qui choisit-il pour cette noble mission ? Un magistrat. Et pas n’importe lequel : un magistrat du tribunal administratif de Lyon, qui est amené, comme tous ses collègues, à statuer sur la situation des étrangers. En toute indépendance, cela va de soi.
Et ça n’est pas tout.
Il se trouve que le département du Loiret a décidé en octobre dernier de ne plus accueillir les mineurs étrangers isolés ; la loi en fait obligation aux conseils généraux, mais le conseil général du Loiret est sans doute au-dessus des lois… le tribunal administratif d’Orléans, saisi par la Ligue des droits de l’Homme l’a rappelé à son devoirs.
Le président du conseil, M. Dolige, a pris un nouvel arrêté, le 10 avril 2014 : il soumet l’accueil des mineurs étrangers à deux conditions. La première, qu’il y ait des places dans le dispositif d’accueil. On appelle ça la préférence nationale, ça risque de ne pas peser lourd au tribunal administratif. Deuxième condition : le mineur devra présenter un certificat médical attestant qu’il n’est pas infecté par le virus Ebola…
On a rarement vu telle débilité. Infecté par le virus Ebola, le jeune est en danger. Non soigné, il devient un danger. Le président du conseil général du Loiret n’en a cure.
Le maire d’Orléans ni le président du conseil général du Loiret ne sont au front national. Le front national ne gagne pas les élections, mais il contamine de plus en plus d’élus.
C’est ce qu’explique la Ligue des droits de l’Homme dans le communiqué qu’elle a publié.
Le virus Ebola dans le Loiret : nouvelle trouvaille du racisme ordinaire
Le Conseil général du Loiret accueille tous les mineurs… sauf s’ils sont étrangers ! C’est fort de ce principe que, par arrêté du 17 octobre 2013, le département a mis fin à l’accueil des mineurs isolés de nationalité étrangère par le service de l’Aide sociale à l’enfance. Manifestement illégale, particulièrement discriminatoire, foncièrement inhumaine, cette décision a été maintenue malgré une sommation du préfet de région de la retirer. Seul un recours en annulation devant le tribunal administratif d’Orléans déposé par la Ligue des droits de l’Homme a permis le retrait de cet arrêté passé en catimini.
Forts du résultat des élections municipales, les élus UMP du Loiret reviennent à la charge, et… « ils osent tout », en deux temps.
Le maire d’Orléans, M. Serge Grouard, innove tout d’abord en créant un poste d’adjoint en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, fonction hautement honorifique qui consiste à traquer et dénoncer les mariages et les attestations d’accueil. Le paroxysme est atteint lorsque cette tâche est confiée à un magistrat du tribunal administratif de Lyon qui jusqu’alors devait statuer, en toute indépendance, sur la situation des étrangers.
Mais M. Dolige, président du conseil général du Loiret, n’entend pas se laisser dépasser sur sa droite. Le département a donc pris un nouvel arrêté en date du 10 avril 2014 subordonnant l’accueil de mineurs isolés étrangers à deux nouvelles conditions. D’une part, qu’il existe une place disponible dans le dispositif d’accueil, d’autre part que soit présenté un certificat médical attestant que le jeune n’est pas infecté par le virus Ebola. Le mineur n’est désormais plus une charge, c’est une bombe sanitaire, qui doit être rejetée à la rue.
Comme quoi, lorsque l’imagination est au service du racisme ordinaire, tout devient possible. La Ligue des droits de l’Homme entend déposer un nouveau recours contre cet arrêté aussi haineux qu’imbécile.