Déchaînement de haine raciale et de xénophobie sur les réseaux sociaux

Copie d'écran de la page facebook "adopte un gitan", aujourd'hui fermée.

Stella Vidal est une militante de droite, qui a démarré à l’UDR, est passée par le RPR et poursuit sa « carrière » à l’UMP. Aujourd’hui, on la classe dans la droite « décomplexée ». Cette femme d’un âge respectable tient des propos qui le sont beaucoup moins : elle posté un twitt dans lequel elle traitait Christiane Taubira de « guenon guyanaise », reprenant la caricature qu’on avait vue lors des manifestations contre le mariage ouvert aux personnes de même sexe.  Elle a supprimé son tweet, mais sans s’excuser ni regretté quoique ce soit : elle s’est contentée d’écrire sur son blog : « Après y avoir réfléchi, j’avoue que ce n’était pas du meilleur goût, mais quand on est très en colère suite à des propos insultants pour la Droite et ses militants, en réagissant à chaud, on surréagit », après avoir déploré être victime d’une « cabale » : « tout ça pour avoir, sur un coup de colère après son réquisitoire sur la Droite laxiste, taxé Taubira de « guenon guyannaise » et avoir joint une photo-montage anonyme qui figure en bonne place sur le Net ». L’UMP a exclu de ces rangs, les jours derniers, un de ses militants qui avait publié un tweet sur l’étoile rose et la déportation des homosexuels. Fera-t-elle de même à l’encontre de cette « militante », ou jugera-t-elle, elle aussi, qu’il ne s’agit que d’une « sur réaction » due à la colère ?

La page Facebook « adopte un gitan », qui n’est plus accessible aujourd’hui et qui était encore publique jeudi 8 août,  s’attaque pour sa part aux gens du voyage. On y trouve tous les clichés : voleurs de cuivre, grosses cylindrées, saleté, amalgame Roms et gitants etc… Il semble que cette page a été largement signalée à Facebook et qu’elle finalement été fermée (elle avait dû l’être une première fois, mais rouverte aussitôt). Une page de droite elle aussi décomplexée.

On voit bien au travers de ces deux exemples (on pourrait les multiplier) que les blogs et les réseaux sociaux servent de vecteur à cette droite qui n’a plus honte de montrer son vrai visage. Cette droite les a depuis longtemps investis. Et elle ne se contente pas de cela : elle propage ses idées racistes et xénophobes dans les commentaires des journaux et des blogs. On peut d’ailleurs se demander s’il n’y a pas des militants spécialisés dans cette « veille » numérique et chargés de commenter les articles qui traite de ces sujets, tant leur style et le contenu est stéréotypé. On avait réussi à le prouver avec les site français de souche, dont les articles étaient partagés sur Facebook des centaines de fois, et souvent avec à l’unité prêt le même nombre de partage, ce qui lui valait de figurer en tête du classement « ebuzzing ».

Le phénomène est inquiétant.  La publication de ce type de propos s’est accélérée depuis l’examen de  la loi sur le mariage pour tous, et depuis cet été, et les propos sont de plus en plus violents. Le fait qu’ils sont parfois tenus par des personnalités politiques (le meilleur exemple est sans doute celui de Christine Boutin) contribue naturellement à encourager certains esprits faibles, tels que cette dame ou l’auteur anonyme de la page « adopte un gitan », à publier des propos de plus en plus violents.

L’association Amaro Drom, présidée par Véronique Labbé, a porté plainte pour provocation à la haine raciale contre la page facebook « adopte un gitan ».

L’été est dur pour les Roms et les gens du voyage

Le camp de concentration de Tziganes de Montreuil-Bellay (49)

L’été n’est pas une bonne saison pour les gens du voyage et les roms. Il y avait eu le « discours » de Grenoble. Cette année, il y a eu la saillie de Bourdouleix qui regrette qu’Hitler n’en ait pas tué suffisamment. Il y a eu le « guide pratique d’expulsion » d’Estrosi. Et maintenant on a, dans le désordre, la coupure d’eau effectuée par un maire socialiste, et le projet de loi d’Accoyer, qui veut durcir les sanctions.

La coupure d’eau, c’est à Régis Roy-Chevalier, maire PS de Wissoux, dans l’Essonne, qu’on la doit. Elle concerne un camp de Rroms, qui doivent maintenant marcher un kilomètre pour s’approvisionner. « On n’a jamais privé un être humain d’eau. C’est une valeur universelle. La droite, la gauche, personne n’y touche. Le maire veut élargir son assiette électorale en allant vers l’extrême droite et en coupant l’eau, faire en sorte que ces gens s’en aillent », s’insurge Eve Desjardin, d’Europe Ecologie les Verts. Le maire quant à lui n’estime pas prendre une mesure scandaleuse, et renvoie la responsabilité à l’Europe qui ne gère pas le problème.

Bernard Accoyer, recordman de France de distribution de réserve parlementaire, veut faciliter les mesures d’expulsion des gens du voyage, en raccourcissant les délais et en assouplissant les conditions. Au moins veut-il faire cela par la loi. Parce que son petit copain Estrosi ne s’embarrasse pas de la loi : il demande que les maires puissent faire la loi avec leur police municipale, et qu’ils aient le droit de saisir « les belles voitures et les belles caravanes » (ceci revient en boucle chez Estrosi), sans intervention de la justice ! On ne va quand-même pas se laisser enquiquiner par l’Etat de droit !

Noël Mamère, sur son blog, conclut un bel article intitulé « Les Roms ou la nouvelle question juive » par ceci : « Si les élus et les médiateurs de toutes sortes ont un rôle, c’est justement celui de permettre la coexistence de modes de vie, d’habitat et de consommation différents. La communauté nationale ne se différencie pas en fonction de l’origine, du sexe, du milieu social, du type d’habitat, de ses choix de vie… L’égalité suppose la reconnaissance des différences ».

Ligue des droits de l’Homme : sur quel terrain poussent les Bourdouleix ? Additif et correctif.

Le camp d'internement des tsiganes de Montreuil-Bellay. Montreuil-Bellay n'est pas très loin de Cholet...

Additif et correctif, 23 juillet à 13h45

Il semble que la journaliste de France Inter ait été un peu vite en besogne ce matin, et nous aussi : la Ligue des droits de l’Homme n’a pas encore déposé plainte contre le député maire de Cholet. La section d’Anger de la LDH l’explique dans un communiqué :

De nouveaux incidents entre le député-maire de Cholet et un groupe de Français itinérants sont relatés dans la presse locale de ce jour. Si les propos rapportés dans cette même presse sont confirmés alors la Ligue des droits de l’Homme saisira à nouveau la Justice. En effet, il n’est pas suffisant de s’indigner quand il est nécessaire de demander justice, quand un élu de la République, là et ailleurs, profère de telles insanités. Laisser faire, c’est banaliser et légitimer la provocation à la haine, à la violence et à la discrimination raciale. La LDH 49 ne doute pas que les parlementaires et les autorités morales dans ce département, mais aussi au-delà, sauront réagir face à de telles dérives qui endommagent la Démocratie, le « vivre ensemble » et plus profondément les fondements et les valeurs de la République.

Jean-Pierre Dubois, dans son intervention aux informations de 7h, avait dit précisément : « Je pense que ce monsieur va faire l’objet de poursuites, nous allons y veiller, ça n’est pas la première fois que nous poursuivons des élus qui tiennent des propos qui incitent à la haine, à la haine raciale ». La LDH étudie en ce moment la procédure la mieux adaptée pour poursuivre l’élu. Ce ne sera pas la première fois que la LDH poursuivra M. Bourdouleix.

A noter par ailleurs, que l’association « Notre Route » (Amaro Drom, défense des droits des Roms), a écrit à Bourdouleix, pour exiger de lui (sans trop d’espoirs, on imagine !) des excuses publiques, et sa présidente, Véronique Labbé, a déposé une plainte contre lui à la gendarmerie de Gardane. On peut lire la plainte et le courrier adressé au député sur le site de l’association.

Ci-dessous, le communiqué publié par le siège parisien de la Ligue dans la matinée du 23 juillet.

Paris, 23 juillet. Communiqué.

Juillet 2010 : le président de la République UMP Nicolas Sarkozy explique la délinquance par l’immigration incontrôlée et annonce l’expulsion massive des Roms.

Septembre 2010 : le ministre de l’Intérieur UMP Brice Hortefeux dénonce ces nomades qui roulent dans de grosses voitures de luxe…

Juin 2013 : l’ancien ministre UMP Christian Estrosi promet aux Gens du voyage de les « mater ».

Juillet 2013 : le député-maire de Cholet UDI Gilles Bourdouleix regrette qu’Hitler n’ait pas tué assez de Gens du voyage. Jean-Marie Le Pen lui-même n’avait pas osé… Et sa fille n’a même pas à en rajouter, pour préparer les moissons de 2014 et de 2017.

 

Ainsi le racisme ordinaire contamine-t-il sans cesse davantage jusqu’aux élus « décomplexés » de la République.

Jusqu’à quand ? Et que sera la prochaine avancée de l’instrumentalisation méthodique de la haine ? Un appel aux citoyens pour qu’ils passent eux-mêmes le célèbre « Kärcher » dans les banlieues ?

La crise sociale s’aggrave. Les discriminations, les contrôles au faciès, la stigmatisation demeurent. La vie dans les quartiers pauvres est pire qu’en 2005. Si l’on ne se décide pas à répondre enfin à cette urgence, les prétendues « dérives », en fait parfaitement assumées, nous rapprocheront toujours plus de l’inhumain.

La LDH condamne fermement ces propos et regrette que les précédentes plaintes qu’elle a déposées à l’encontre de M. Bourdouleix pour des propos de la même teneur n’ont pas connu de suite.

Par ailleurs, elle appelle les pouvoirs publics à ne pas se contenter de poursuivre les élus qui font l’apologie de crime contre l’humanité, mais à s’attaquer aussi, en actes et sans plus tarder, à l’injustice qui nourrit la bêtise et la haine.

 

La Ligue des droits de l’Homme porte plainte contre Gilles Bourdouleix

Le camp d'internement des tsiganes de Montreuil-Bellay

Les propos tenus par le député maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, sur les gens du voyage continuent de faire réagir le monde politique et les associations. Interrogé par France Inter (journal de 7h, mardi 23 juillet), Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme a annoncé que la LDH allait poursuivre l’élu. Il a déclaré : « Je pense que ce monsieur va faire l’objet de poursuites, nous allons y veiller, ça n’est pas la première fois que nous poursuivons des élus qui tiennent des propos qui incitent à la haine, à la haine raciale, voilà, c’est malheureusement quelque chose qui s’est un peu banalisé depuis quelques années, on peut dire que c’est un député ‘décomplexé’ comme dirait M. Sarkozy. J’ai en mémoire le ministre de l’intérieur Hortefeux il y a trois ans expliquant que les gens du voyage avec des grosses voitures, qu’ils étaient très riches, qu’ils prenaient le pain des Français, ça, c’était le début. Et puis la suite, c’est un député de la République qui trouve qu’Hitler n’as pas tué assez de tziganes, et là, je ne vois pas comment ce monsieur pourrait échapper à la condamnation qu’il mérite ! »

Bourdouleix est un habitué des dérapages, et il semble faire une fixation sur les gens du voyage. En 2010 déjà, la Ligue des droits de l’Homme avait porté plainte contre lui pour « provocation à la haine raciale et à la violence », et il en a remis une couche en 2012.

Le député maire de Cholet évoque Hitler devant des gens du voyage

Le camp d'internement des tsiganes de Montreuil-Bellay

Le député maire UDI de Cholet (49) a utilisé des termes incroyables à l’encontre de gens du voyage qui s’étaient installés sur un terrain proche du stade de football. Il n’a pas hésité à leur déclarer, excédé par les saluts nazis des personnes qu’il était venu rencontrer et qui, devant son attitude, le traitaient de « raciste » : « Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez »…  Et cet ancien président du CNIP (centre national des indépendants paysans) assume, son accueil sur le terrain justifiant selon lui ses mots.

Ce lundi, Gilles Bourdouleix menace de démissionner si le préfet n’expulse pas les caravanes. Le pasteur de la mission évangélique s’est pour sa part déclaré prêt à aller ailleurs : encore faut-il qu’on lui propose un lieu adapté.

On assiste à une véritable escalade verbale dans le milieu politique, à l’encontre des gens du voyage. Chaque semaine apporte son lot d’insultes et de menaces. Il faut espérer que cet élu soit poursuivi pour ces propos !

Additif, 15h. Gilles Bourdouleix déclare n’avoir pas prononcé la phrase « Hitler n’en a pas tué assez », et affirme avoir déclaré : « Si c’était Hitler, il les tuerait tous ici ». Comme le dit le site du journal Politis, « effectivement, ça change tout ! » Et Gilles Bourdouleix annonce qu’il a porté plainte contre le journal Le Courrier de l’Ouest qui a le premier parlé de l’affaire. Et qu’il portera plainte contre tout média « diffusant cette fausse citation ». Un enregistrement diffusé cet après-midi par le Courrier de l’Ouest semble pourtant confirmer cette phrase.

Gens du voyage : les lignes vont-elles enfin bouger ?

Hubert Derache, préfet, a présenté son rapport sur les gens du voyage.

Les lignes seraient-elles en train de bouger concernant les « gens du voyage » ?

Quelques indices très positifs peuvent le laisser espérer.

Il y a eu tout d’abord la publication du projet de loi de Dominique Raimbourg, député de Loire-Atlantique, qui, parmi d’autres mesures, aggrave les sanctions financières contre les communes qui ne respectent pas l’obligation d’avoir une aire d’accueil lorsqu’elles ont plus de 5000 habitants, et contre les départements qui ne prévoient pas d’aires de « grands passages », qui ont généralement lieu l’été.

Il y a eu ensuite le rapport de l’ancien préfet de Mayotte, Hubert Derache, intitulé « Appui à la définition d’une stratégie interministérielle renouvelée concernant la situation des gens du voyage », et téléchargeable ici. Dans son introduction, il regrette que les gens du voyage « ont longtemps été considérés comme des Français entièrement à part, et non comme des Français à part entière, en raison de leur style de vie fondée sur la tradition culturelle du voyage ». Ce rapport étudie précisément la situation de cette population, les difficultés qu’elle rencontre, et les discriminations dont elle est victime. Et il fait des propositions précises.

Il y a eu enfin, mercredi 17 juillet, le colloque des députés socialistes sur le thèmes des gens du voyage, au cours duquel Dominique Raimbourg a présenté son travail, et, surtout, au cours duquel le ministre de l’intérieur a déclaré être favorable à l’aggravation des sanctions financières évoquée plus haut. Ça ne semblait pas aussi évident que cela dans les récentes déclarations du ministre.

Enfin, bonne nouvelle : le maire de Nice, Estrosi, qui s’est fait remarquer par ses déclarations aussi stupides que nauséabondes et mensongères, et Le Pen, qui apporte un démenti violent à la prétende évolution positive de son parti en qualifiant la présence de Roms à Marseille d’  « urticante » et « odorante », sont poursuivis par le Forum européen des Roms et des gens du voyage, une ONG soutenue par le Conseil de l’Europe, qui a porté plainte contre ces deux personnages. « De tels propos xénophobes et discriminatoires vont clairement à l’encontre des valeurs républicaines de la France ainsi que des principes directeurs de l’action contre le racisme engagée par la garde des Sceaux », affirme son président, Rudko Kawczynski,

Un député veut sanctionner le refus des villes d’accueillir les gens du voyage

Dominique Raimbourg

Le député socialiste de Loire-Atlantique, Dominique Raimbourg (qui est par ailleurs le fils de Bourvil), rapporteur d’un projet de loi sur les gens du voyage, souhaite traiter avec davantage de sévérité les communes qui refusent d’appliquer les obligations légales sur l’implantation d’aires d’accueil.

La loi actuelle fait obligation aux communes de plus de 5000 habitants d’aménager des aires d’accueil.  Dominique Raimbourg propose tout simplement de mettre en place un dispositif équivalent à celui qui existe pour le logement social (amendes si le quota n’est pas respecté) : « Ce que je propose, c’est qu’il y ait un mécanisme coercitif, un peu sur le modèle de la loi sur la construction des HLM, qui vise à ce qu’on puisse prendre  l’argent à la commune qui refuse absolument », a-t-il déclaré sur Europe 1. Même proposition concernant les aires de grands passages (généralement des regroupements religieux), en visant cette fois les départements : elles « doivent être prévues dans le schéma départemental », rappelle le député.

L’application stricte de la loi entraînera évidemment une « réciprocité » : dans tous les cas où une aire existe, les campements sauvages ne seront pas tolérés : en cas d’occupation illicite d’un terrain, dès lors que la commune a rempli ses obligations et qu’il existe une aire de stationnement régulier dans un périmètre de 20 km à la ronde, M. Raimbourg propose « qu’on étende cette procédure d’évacuation plus rapide pour des gens qui n’ont pas respecté la loi ». « En cas d’occupation illicite d’un terrain, dès lors que la commune a rempli ses obligations et qu’il existe une aire de stationnement régulier dans un périmètre de 20 km à la ronde, M. Raimbourg propose « qu’on étende cette procédure d’évacuation plus rapide pour des gens qui n’ont pas respecté la loi » », rapporte le journal Le Monde.

Reste à savoir comment cette proposition sera accueillie. Par le ministre de l’intérieur d’abord, qui ne semble pas porter aux gens du voyage une affection excessive, lui qui a récemment soutenu ce maire de Loire-Atlantique qui avait menacé de démissionner après l’occupation dans sa commune d’un terrain de sports. Par les parlementaires ensuite : on imagine mal des gens comme Estrosi changer d’attitude sur ce sujet. La gauche étant majoritaire au parlement, on peut quand-même espérer qu’une majorité pourra se dégager facilement…

Gens du voyage : les maires ont vocation à respecter la loi !

Après les insanités d’Estrosi sur les gens du voyage le maire de Guérande démissionne à cause de l’installation de nombreuses caravanes dans sa commune. Ne voulant sans doute pas être en reste, le maire socialiste de Quimper, Bernard Poignant, s’y met aussi (il s’était déjà fait remarquer par son opposition au mariage ouvert aux personnes de même sexe).

Y aurait-il un problème avec ceux qu’on appelle « les gens du voyage » ?

Il y a un problème. Mais ce n’est pas avec eux qu’il y a problème. Eux, ils demandent l’application de la loi. Et la loi prévoit des aires d’accueil adaptées et équipées. Elle prévoit également des aires destinées aux « grands passages » (regroupements importants généralement liés à des événements religieux).

Dans une interview qu’il a accordée au Nouvel Observateur, Laurent El Ghozi, président de la Fédération nationale des associations d’actions solidaires avec les Tziganes et les gens du voyage (FNASAT) rappelle de façon claire et précise quelles sont les obligations des maires en la matière. Et, prenant l’exemple d’Estrosi, montre que ce donneur de leçons ( !) est hors la loi. Rappelant ce que préconise ce qu’Estrosi appelle la « circulaire Valls », parue l’été 2012, et qui est en fait (et ce détail a une grande importance) une circulaire interministérielle, Laurent El Ghozi indique : « Ceux contre lesquels Christian Estrosi part en guerre sont des citoyens français vivant en caravane et voyageant, comme la Constitution et la loi leur donne parfaitement le droit. Ils ont la liberté d’aller et venir, de circuler, de s’arrêter, et les collectivités et les pouvoirs publics (préfet, conseil général, conseil régional et commune) ont l’obligation de leur assurer des conditions de stationnement. »  Et si ces conditions ne sont pas remplies, dans une commune ou un département, la faute en incombe à la collectivité locale et aux services de l’Etat. »

Rappelant que le MRAP a porté plainte contre Estrosi pour  ses propos, et que la Fnasat envisage de saisir le défenseur des droits, Laurent El Ghozi estime qu’on peut lui reprocher de ne pas avoir aménagé une aire de grand passage : « On peut lui reprocher collectivement, en tant que maire de la plus grande ville du département, parlementaire de surcroît, qui ne peut ignorer la loi. S’il n’est pas seul responsable de l’absence d’aire de « grand passage », il est seul responsable, en revanche, de ses propos. En l’occurrence, la situation à Nice a finalement été réglée en 24 heures. C’est bien la preuve que c’est possible. Il faut simplement de la bonne volonté de la part des collectivités territoriales et des services de l’Etat. Mais s’il n’est pas seul responsable de l’absence d’aire de « grand passage », il est seul responsable, en revanche, de ses propos. »

 

 

Lettre ouverte de la section Concarneau – Riec – Quimperlé au maire de Quimperlé

La section Françoise-Bosser de la Ligue des droits de l’Homme de Concarneau – Quimperlé –Riec, vient d’adresser une lettre ouverte au maire de Quimperlé, concernant l’accueil des gens du voyage dans la commune. Le maire a procédé à l’expulsion de familles qui s’étaient installées par effraction dans une zone d’activité. La Ligue des droits de l’Homme considère cependant que, même si le maire est dans son droit, il faut tenir compte de la spécificité de la situation qui est de surcroit provisoire : il s’agit de familles qui sont là depuis une dizaine d’années, qui ont l’intention de s’installer durablement dans le commune, et qui sont en train d’acheter des terrains, inutilisables en ce moment puisqu’en cours de viabilisation.
La lettre, reproduite ci-dessous,2012-12-22 Lettre ouverte maire Quimperlé.
Section Francoise Bosser
Concarneau—Riec sur Belon-Quimperlé
Le 21/12/12
Lettre ouverte à Monsieur Alain Pennec, Maire de Quimperlé.
Monsieur le Maire,
Par courrier, le 12 novembre dernier, puis, lors de notre rencontre le 30 novembre, nous vous avons fait part de nos préoccupations concernant la situation des gens du voyage stationnés sur la zone d’activité de la Villeneuve Braouic dans des conditions n’apportant aucune garantie de salubrité ni de sécurité (proximité d’un réservoir d’eau, route empruntée par des poids-lourds, hygiène non assurée…).
Nous vous avons proposé de leur permettre provisoirement d’accéder au terrain de camping municipal ou à défaut au site de la zone d’activité de Kervidanou ou ils étaient entrés par effraction, mais par nécessité, faute de place au Coat Kaer, avant d’en être expulsés.
Nous n’ignorons pas que la mairie de Quimperlé satisfait à ses obligations d’accueil posées par la loi de juillet 2000 en proposant une aire d’accueil dotée de 14 places.
Cependant, considérant qu’il s’agit de familles domiciliées à Quimperlé depuis plus de 10 ans, attachées à la scolarisation de leurs enfants sur la commune, et qui ont, d’ailleurs, pour la plupart, l’intention de s’y installer définitivement (vous avez évoqué avec nous les terrains en cours d’acquisition ou de viabilisation, donc non utilisables actuellement), nous estimons que leur situation doit être prise en compte au titre de l’urgence et de la considération qui est due ai chaque citoyen se trouvant momentanément en difficulté.
Le récent rapport de la cour des comptes d’octobre 2012 définit la notion « d’ancrage Territorial ». Cette notion s’applique aux familles que nous avons rencontrées. Ce rapport dans sa 22ème recommandation propose « d’organiser une réponse transitoire et
homogène aux difficultés posées par l’ancrage territorial sur les aires d’accueil, dans l’attente du développement a moyen terme de l’habitat adapté ».
Par ailleurs, la section de la ligue des Droits de l’Homme ne peut accepter le rappel fait par votre adjoint et repris dans les colonnes de Ouest France du 20 décembre dernier: « Il y a des droits et des devoirs, pour les gens du voyage aussi » et de citer le refus de la famille de se rendre sur l’aire d’accueil de Bannalec.
De quel devoir parle-t-on ?   Celui d’obéissance?
Le devoir d’obéissance, est le socle des sociétés totalitaires.
Nous souhaitons rappeler ici que les droits induisent les devoirs… Autrement dit, avant d’évoquer les devoirs il faut d’abord appliquer et faire respecter les droits.
Les citoyens gens du voyage ont le droit à la dignité et au respect, le droit au traitement équitable au même titre que tout citoyen quimperlois.
Nous affirmons qu’il n’y a eu aucune gestion de cette situation par la ville de Quimperlé et aucune prise en compte de la réalité des personnes depuis qu’elles sont installées sur le site de la Villeneuve Braouic, soit depuis septembre 2012.
Nous avons appris que le Conseil Communautaire, dans sa séance du 20 décembre, a formulé le vœu que les familles puissent résider sur un terrain sécurisé et bitumé. Nous ne comprenons pas le vote de désaccord des élus de la majorité quimperloise.
Nous souhaitons vivement que la situation des gens du voyage ne devienne pas un enjeu ou ne rajoute à la discorde de ces deux institutions. Il y a lieu de se retrouver et construire une réponse adaptée, bienveillante et respectueuse des personnes.
Michele Daloz, présidente de la section Concarneau-Riec sur Belon-Quimperlé
Le Labourier Stéphane, secrétaire de la section de Concarneau- Riec sur Belon- Quimperlé