Depuis la disparition des derniers poilus, certains historiens ont commencé à contester les récits qu’ils nous ont laissés de leur vie durant la Grande Guerre. Cette disparition des témoins permettaient à ces historiens de ne plus risquer que leurs analyses soient contestées par ceux à qui leur vécu apportait une légitimité incontestable. On a ainsi assisté à une sorte de « réécriture » de l’histoire, par ce qu’on appelle « la nouvelle histoire » : « La ‘nouvelle histoire’ de la grande guerre est une histoire sans complexe de dominants pour les dominants, dont l’essentiel du propos est de nier la domination en confisquant la parole des dominés. En cela, elle est bien de son temps, y compris, sans doute, parce qu’il n’est même pas certain qu’elle en soit consciente », écrit l’historien Philippe Olivera dans le numéro 53 intitulé « L’ordinaire de la guerre » de la revue Agone. Et il ajoute : « à l’heure du centenaire de 1914, cette capacité à refléter l’esprit « décomplexé » du temps conduit malheureusement souvent les outrances de la « nouvelle histoire » de la Grande Guerre à passer comme allant de soi ».
C’était le thème de la conférence de Philippe Olivera, intitulée « Pourquoi entrer dans la tête des Poilus », organisée lundi 31 mars à l’Université de Rennes 2 par la section rennaise de la Ligue des droits de l’Homme et l’association « Histoire deux ». Une conférence passionnante, qui a permis aux participants de mesurer les enjeux, à la fois histoiques et politiques, de cette nouvelle écriture de l’histoire.
Cliquer sur la miniature pour voir la vidéo.