Les intégristes anti IVG s’éclatent sur le mariage pour tous

Cliquer sur la photo pour voir la vidéo qui se trouve en fin d'article du site Yagg.

Alors que la passionaria de l’anti mariage-pour-tous essaye désespérément de faire en sorte que les slogans homophobes n’aient pas droit de citer dans la manifestation du 13 janvier, que les excités de civitas promettent d’être là avec leurs slogans et leurs nervis, les anti IVG étendent le domaine de leur lutte au projet de loi. Et ils le font sous la protection de la police, qui chasse sans ménagement les citoyennes et citoyens qui ont le culot de ne pas supporter ces « prières de rue ». Tiens, mais au fait, qu’en pense riposte laïque ? on aurait la riposte sélective ?

La vidéo réalisée par Télébocal, et mise en ligne par le site Yagg est impressionnante. Tournée le 24 novembre dernier, elle montre une bande d’illuminés prier et cracher leur venin devant l’hôpital Tenon, dont le service d’Interruption volontaire de grossesse vient de rouvrir. On apprend aussi que ce type de manifestation a lieu régulièrement (une habitante du quartier parle de toutes les trois semaines), et que les clients du marché sont priés d’accepter ces agression sans réagir : la police protège les intégristes. « Ils ont même un espace dédié et un affichage sauvage toléré », s’indigne une cliente du marché.

Leurs discours ? Quelques échantillons suffisent : «Quand un enfant naît avec deux hommes, qu’un des parents part travailler, le deuxième monsieur (qui est lui-même homosexuel) peut abuser de l’enfant et l’enfant peut être violé » (une manifestante). «Deux homos pourquoi ils se marient? Qu’ils s’enculent tranquillement dans leur chambre, y a pas besoin d’un acte d’état civil pour s’enculer!» (un vieillard).

Il faut absolument regarder cette vidéo, et la regarder jusqu’à la fin  Cliquer sur la photo pour voir la vidéo, qui se trouve en bas de l’article.

Pas de prime de Noël pour les Musulmans : la pétition annulée

L’auteur présumé de la pétition raciste visant à supprimer la prime de Noël pour les familles musulmanes a finalement battu en retraite : mise en ligne début novembre, elle a été fermée le 20 novembre. Avec un succès très relatif : il n’aura finalement recueilli que 1446 signatures… Un peu léger pour une pétition nationale, qui avait pourtant été relayée par quelques médias.

L’explication de cette fermeture ? elle est savoureuse. Voici ce qu’on peut lire sur la page d’accueil :

Avis pétition annulée

Merci pour votre courage et joyeux Noël.

Je suis informé que la caisse des allocations familiales ne peut revenir sur les conditions d’attribution de la prime de Noël 2012.

L’administration précise que cette prime est un droit qui ne peut être abrogé.

En effet les Français musulmans et autres religions ont droit au versement de la prime de Noël 2012, il suffit de remplir les conditions de ressources pour que l’argent soit versé directement sur les comptes en banque.

En conséquence cette pétition est annulée à partir de ce jour mardi 20 novembre 2012.

http://www.caf.fr/actualites/2012/prime-de-noel-2012

J’ai lancé cette pétition sur internet pour la suppression du versement de la prime de Noël aux Musulmans.

Ce n’était pas une initiative raciste (l’islam n’est pas une race) mais tout simplement un acte de bon sens.

La loi contre le racisme n’interdit pas expressément la critique des croyances, des opinions, des philosophies.

Dette de la France

Nous avons 1800 milliards à rembourser auprès des banques et c’est pas fini qui va payer?

pauvre France

(Bien entendu, orthographe, syntaxe et typographie respectées).

Juste un dernier point : quand on est élu, ce qui semble être le cas de l’auteur de cette pétition, qui pourrait être conseiller régional, la moindre des choses, avant de lancer une telle pétition, ça ne serait pas, par hasard de vérifier sa légalité ?

Enfin, l’auteur écrit : « La loi contre le racisme n’interdit pas expressément (ndlr : elle l’interdit un peu, quand même ?) la critique des croyances, des opinions, des philosophies ». Peut-être. Mais la loi interdit la discrimination.

Devant tant d’âneries, on pourrait rire. Mais ça n’est pas risible. Simplement pitoyable.

 

 

Lettre ouverte au président de la République à l’occasion de son voyage en Algérie

La Ligue des droits de l’Homme adresse, avec huit autres associations, une lettre ouverte au président de la République, à l’occasion du voyage qu’il va effectuer en Algérie, une lettre ouverte dans laquelle les signataires attirent l’attention du président sur « l’état des droits de l’Homme, y compris les droits économiques, sociaux et culturels, et aux libertés fondamentales dans le cadre des relations entre la France et l’Algérie ». La liste des associations signataires figure en bas de la lettre.

Lettre ouverte à M. le Président de la République Française à l’occasion de sa visite officielle en Algérie

Paris, le 17 décembre 2012

À l’attention de: M. François Hollande, Président de la République Française

Objet : Lettre ouverte à l’occasion de la visite officielle du Président de la République Française en Algérie

Monsieur le Président de la République,

Vous vous apprêtez à effectuer une visite officielle en Algérie – visite qui a pour ambition de « rétablir une relation politique de confiance à la hauteur des ambitions de nos deux peuples et tournée vers l’avenir ». À cette occasion, nous, organisations signataires, souhaitons attirer votre attention sur les questions relatives aux droits de l’Homme, y compris les droits économiques, sociaux et culturels, et aux libertés fondamentales dans le cadre des relations entre la France et l’Algérie.

Nous tenons, tout d’abord, à saluer votre décision de reconnaître le massacre, le 17 octobre 1961, de manifestants algériens, en plein cœur de Paris. Cette décision, nous l’espérons, sera suivie d’une dénonciation du système colonial et des crimes qu’il a engendrés alors, afin de permettre notamment un travail de mémoire conjoint et apaisé sur l’Histoire commune, une plus grande capacité des nouvelles générations d’origine algérienne à assumer leur citoyenneté française ainsi que l’établissement de relations normalisées entre la France et l’Algérie. Nous sommes également convaincus que le droit de vote aux élections locales accordé aux étrangers établis en France, ce qui concerne donc les Algériens y vivant, devrait contribuer positivement à cette évolution.

Monsieur le Président, parmi les « 60 engagements » de votre projet présidentiel, vous vous promettez de « [développer] la relation de la France avec les pays de la rive sud de la Méditerranée sur la base d’un projet économique, démocratique et culturel […] en proposant une relation fondée sur l’égalité, la confiance et la solidarité ». Cette visite officielle en est une première étape. Nos organisations croient que cette « relation de confiance » que vous souhaitez développer pendant votre présidence avec les autorités algériennes doit se faire au bénéfice de certains progrès en matière de droits de l’Homme et des libertés démocratiques, ainsi que de tous les acteurs de la société civile indépendante en Algérie.

Or, depuis l’annonce des réformes politiques en avril 2011, la répression à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et des militants syndicaux n’a fait que s’amplifier en Algérie. En contradiction avec la Constitution du pays et les conventions internationales que l’Algérie a ratifiées, le harcèlement judiciaire à l’égard de défenseurs des droits de l’homme et de militants syndicaux, la répression policière, l’interdiction injustifiée de manifestations et réunions publiques, le recours à des pratiques administratives abusives entravant la création et le fonctionnement des associations et des syndicats autonomes élèvent des obstacles considérables à l’action de la société civile algérienne. Plusieurs lois promulguées en janvier 2012 et présentées comme des ‘réformes démocratiques’ sont en réalité une régression des libertés publiques, en particulier la loi n° 12-06 qui rend plus difficile la création, le financement et le fonctionnement quotidien des associations et la loi n° 12-05 sur l’information qui entrave l’indépendance des journalistes et la liberté d’opinion et de publication. Par ailleurs, plusieurs demandes de création de nouveaux syndicats autonomes dans différents secteurs se heurtent à un refus d’enregistrement non motivé. De plus, l’impunité des auteurs de disparitions forcées et d’autres violations graves et massives des droits de l’Homme commises durant les années 90 reste toujours de mise, malgré les nombreuses condamnations formulées par différents organes du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies.  

À l’occasion de votre visite, nos organisations vous demandent d’inclure en priorité, dans toute négociation avec les autorités algériennes, la question du respect et de l’application réelle des conventions internationales relatives aux droits de l’Homme ainsi que des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), ratifiées par l’Algérie. À cet égard, nous tenons également à vous faire part des obstacles à la délivrance de visas que nos organisations comme d’autres organisations internationales des droits de l’Homme ou syndicats étrangers rencontrent et qui ont pour effet d’entraver le travail sur le terrain avec les organisations algériennes.

Nous croyons, par ailleurs, que la France serait mieux entendue si elle cessait de pratiquer une politique entravant la liberté de circulation des algériens à l’intérieur de ses frontières, comme dans les autres pays européens. Ces entraves qui touchent tous les secteurs de la population sont ressenties comme autant de manifestations de mépris.

Enfin, nos organisations vous invitent, Monsieur le Président, à saisir l’occasion de votre visite pour rencontrer la société civile afin d’entendre l’intense aspiration démocratique des Algériennes et des Algériens. Nous espérons que celle-ci sera en outre l’occasion de mettre en place des mécanismes qui permettent de consulter et d’associer la société civile indépendante des deux pays au renouveau de la coopération entre la France et l’Algérie.

Confiants de l’attention que vous voudrez bien porter à notre requête, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Signataires :

  • M. Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH)
  • Mme Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH)
  • M. Michel Tubiana, président du Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH)
  • M. Halim Derbal pour le Bureau de l’association Agir pour le Changement Démocratique en Algérie (ACDA)
  • Mme Nassera Dutour, porte-parole du Collectif des familles des disparu(e)s en Algérie (CFDA)
  • M. François Della Sudda, président du Comité International de Soutien au Syndicalisme Autonome Algérien (CISA)
  • Me Noureddine Benissad, président de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH)
  • M. Rachid Malaoui, président du Syndicat National Autonome du Personnel de l’Administration Publique (SNAPAP)
  • Me Amine Sidhoum, coordinateur du Réseau des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDH)

 

Centres de rétention : pas de droits pour les personnes, pas de liberté pour les associations ?

La Ligue des droits de l’Homme prend à son tour position contre l’appel d’offre que vient de lancer le ministère de l’intérieur aux associations qui interviennent dans les centres de rétention administrative. Dans un communiqué, elle dénonce les mesures qu’elle estime inacceptables, et demande le retrait pur et simple de cet appel d’offre et l’arrêt de l’enfermement des étrangers sans papiers.

La Ligue des droits de l’Homme a eu connaissance des nouvelles dispositions que le gouvernement a prises en ce qui concerne les centres de rétention administrative. Les conditions dans lesquelles les associations concernées vont devoir répondre au nouvel appel  d’offre sont inacceptables : liberté d’action limitée, droit à investigation dénié, limitation du droit des personnes à bénéficier d’une aide. Au lieu d’une amélioration des conditions de fonctionnement et du respect des personnes, le gouvernement accentue les mesures restrictives.

Alors qu’aucune diminution du nombre de personnes retenues dans les centres de rétention n’est attendue, compte tenu du chiffrage du nombre d’expulsés d’ores et déjà annoncé par le ministère de l’Intérieur,  l’intervention des associations contractantes est rendue plus difficile, en recourant à un contrôle étroit de leurs activités.

Ainsi, elles devront par exemple prévenir les chefs des centres de rétention, dès qu’une des personnes enfermées qu’elles accompagnent osera déposer un recours, et les personnes étrangères enfermées ne pourront plus s’entretenir avec les associations accompagnées d’un co-retenu de leur choix, ce qu’elles souhaitent pourtant très fréquemment.

Enfin, en matière de liberté d’information, les associations seront soumises à un « devoir de réserve » et une « obligation de discrétion », et devront exprimer « de manière mesurée, des opinions dans le domaine des politiques publiques relatives à l’immigration ».

L’empilement de ces mesures de restriction signifie que le regard critique et de dénonciation que portaient les associations est largement mis en cause. Ainsi, tout affichage dans leurs bureaux est soumis à l’autorisation préalable du chef du centre de rétention. De même, le prêt de moyens de communication vers l’extérieur est interdit, mettant ainsi en cause le droit de correspondre pour se  défendre. 

Enfin le texte de l’appel prévoit des sanctions, des pénalités financières, l’interdiction définitive pour les salariés d’accéder au centre de rétention, voire la résiliation des contrats des associations. Ces sanctions seront prononcées par la police ou le ministère de l’Intérieur, sans moyen de recours compte tenu de la liberté d’appréciation qui leur est laissée.

En matière de rétention des étrangers, l’orientation va donc dans le sens de la répression : expulsions collectives, absence d’amélioration du traitement des étrangers malades, création, après l’arrêt du conseil d’État sur la garde à vue, d’une nouvelle disposition de retenue, au mépris du droit commun, poursuite de l’enfermement d’enfants dans le centre de rétention de Pamandzi à Mayotte, mise à l’écart des Cra de Mayotte et de Martinique du marché public. Ce faisant, les mesures d’assouplissement de la politique antérieure sont noyées dans un ensemble défavorable.

La Ligue des droits de l’Homme se prononce pour la fin de la politique d’enfermement des étrangers sans papiers, et pour le retrait de l’appel d’offre du marché  public de la rétention, tel qu’il est proposé  aux associations intervenant dans les centres de rétention.

 

Mariage pour tous : les erreurs (?) du député

Dans la réponse qu’il fait à Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, et qui est publiée dans le quotidien régional Le Télégramme, le député de la 3ème circonscription des Côtes d’Armor écrit ceci :

« Je dois malheureusement rappeler à la LDH que les Droits de l’Homme ne se réduisent pas à ceux des adultes, mais comprennent aussi les droits de l’enfant, répond le député. Or, parmi ces droits de l’enfant, il existe avant tout celui d’avoir un père et une mère. C’est la raison pour laquelle je m’oppose au projet de loi Taubira. Il constitue en effet une atteinte aux drois de l’enfant, notamment à ceux des enfants adoptés. Aujourd’hui, grâce à l’adoption plénière, la loi leur donne une véritable filiation faite d’un père et d’une mère (…). »

Il se trouve que ce qu’affirme le député et, au choix, une erreur ou/et un mensonge.

La loi autorise en effet, aujourd’hui, l’adoption d’un enfant par un ou une célibataire. À tel point que la France a été condamnée pour discrimination, en 2008, par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), pour avoir rejeté la demande d’agrément d’une femme homosexuelle célibataire, en raison de son homosexualité.

Par ailleurs, le député parle du droit pour un enfant d’avoir un père et une mère. Ce droit n’existe pas, et ne peut tout simplement pas exister. S’il existait, cela supposerait que la loi puisse imposer que l’enfant ait un père et une mère. Alors, on fait comment ? On oblige les veufs et les veuves à se remarier ? On interdit le divorce ? On supprime le droit aux célibataires d’adopter ? On interdit l’accouchement sous X ? Et lorsqu’un des conjoints, après la séparation, vit avec une personne du même sexe, on lui retire la garde des enfants ? On rend adoptables les enfants de familles monoparentales ?

M. Le Fur est député. Il vote les lois. Il peut même en proposer. On est en droit d’attendre de lui qu’il connaisse les lois, y compris celles qui ont été votées avant lui.

M. Le Fur pourrait également utilement relire la convention des droits de l’enfant, adoptée le 20 novembre 1989 par l’Organisation des Nations Unies. Il n’y est fait référence aux père et mère que dans deux articles :

  • L’article 21, qui traite de l’adoption, et qui précise : les États « a) Veillent à ce que l’adoption d’un enfant ne soit autorisée que par les autorités compétentes, qui vérifient, conformément à la loi et aux procédures applicables et sur la base de tous les renseignements fiables relatifs au cas considéré, que l’adoption peut avoir lieu eu égard à la situation de l’enfant par rapport à ses père et mère, parents et représentants légaux et que, le cas échéant, les personnes intéressées ont donné leur consentement à l’adoption en connaissance de cause, après s’être entourées des avis nécessaires ».
  • L’article 22, qui traite des enfants réfugiés demandeurs d’asile :

« Article  22.

1. Les États parties prennent les mesures appropriées pour qu’un enfant qui cherche à obtenir le statut de réfugié ou qui est considéré comme réfugié en vertu des règles et procédures du droit international ou national applicable, qu’il soit seul ou accompagné de ses père et mère ou de toute autre personne, bénéficie de la protection et de l’assistance humanitaire voulues pour lui permettre de jouir des droits que lui reconnaissent la présente Convention et les autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme ou de caractère humanitaire auxquels lesdits États sont parties.

2. À cette fin, les États parties collaborent, selon qu’ils le jugent nécessaire, à tous les efforts faits par l’Organisation des Nations Unies et les autres organisations intergouvernementales ou non gouvernementales compétentes collaborant avec l’Organisation des Nations Unies pour protéger et aider les enfants qui se trouvent en pareille situation et pour rechercher les père et mère ou autres membres de la famille de tout enfant réfugié en vue d’obtenir les renseignements nécessaires pour le réunir à sa famille. Lorsque ni le père, ni la mère, ni aucun autre membre de la famille ne peut être retrouvé, l’enfant se voit accorder, selon les principes énoncés dans la présente Convention, la même protection que tout autre enfant définitivement ou temporairement privé de son milieu familial pour quelque raison que ce soit. »

Dans deux autres articles, la convention évoque les parents :

L’Article 9 stipule ainsi que « l’enfant a le droit de maintenir des contacts avec ses deux parents s’il est séparé de l’un d’entre eux ou des deux ».

L’article 10 stipule lui que « l’État doit aider les [deux parents] à aider leur responsabilité d’élever l’enfant ».

Il n’est ici question ni de père ni de mère, mais de parents !

Enfin, l’article 1 : il stipule expressément que « Les États parties s’engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garantir à tout enfant , sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou autre de l’enfant ou de ses parents ». Comme l’explique le site le mariage pour tous : « dans la situation actuelle, les enfants de familles homoparentales ne sont pas protégés des discriminations car leur situation familiale n’est pas reconnue ; par ailleurs, en cas de séparation d’un couple homosexuel, le conjoint n’a aucun droit ni aucune reconnaissance de sa parentalité. Enfin, si tel était le cas, les pays l’ayant déjà établi seraient déjà poursuivis par l’ONU ».

On voit bien que même la convention internationale de droits de l’enfant, texte fondateur de ces droits, ne fait à aucun moment obstacle au mariage de personnes de même sexe, ni à leur droit à adopter un enfant, droit qui, rappelons-le une nouvelle fois, EXISTE, que M. Le Fur et ses amis le veuillent ou non ! Ils peuvent utilement se rendre sur le site « Le mariage pour tous », où toutes les idées reçues, toutes les rumeurs, tous les mensonges qui circulent en ce moment sont analysés et corrigés en détail.

 

Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme : 90 ans de luttes et de victoire

L’association fédère aujourd’hui 164 ligues réparties dans plus d’une centaine de pays. Elle a contribué, pendant ces 90 années de lutte, à une importante évolution des droits de l’Homme, jusque dans des pays où ils étaient non seulement menacés, mais parfois totalement inexistants. Et aujourd’hui encore, certains de ses militants payent dans leur chair le prix de leurs combats : « Exiger l’universalité des droits demande abnégation et courage. Le combat est quotidien et dans certains pays, les risques sont permanents. Notre vice-président Ales Bialiatski (Belarus) et notre secrétaire général Nabeel Rajab (Bahrein), ainsi que 26 membres de notre mouvement sont ainsi emprisonnés pour leur engagement en faveur des libertés fondamentales. Nous souhaitons aujourd’hui leur rendre hommage et leur répéter que nous nous mobiliserons sans relâche pour obtenir leur libération », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.
Parmi les victoires auxquelles a contribué la FIDH, on peut en citer qui sont emblématiques : la rédaction et l’adoption par de nombreux pays de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en 1948, et la création de la cour pénale internationale, qui font que désormais « les droits de l’Homme disposent dorénavant d’un cadre juridique et chaque être humain est en droit de les revendiquer ».
A l’occasion de cet anniversaire, la FIDH a réalisé et mis en ligne une série de petit clips vidéo qui évoquent ses principaux champs d’action. On peut les voir ici (en bas d’article).
Une ombre au tableau, inquiétante : le prochain congrès de la FIDH devait se tenir à Tunis, ne s’y tiendra pas. La décision a été prise par le bureau de l’association, qui l’explique dans un communiqué :
Considérant l’invitation faite à la FIDH en mars 2011, par ses organisations membres tunisiennes de tenir le 38ème congrès de la FIDH en Tunisie, 
Considérant l’accueil et les assurances données par les plus hautes autorités tunisiennes au projet d’organisation de ce Congrès à Tunis et les en remerciant, 
Considérant cependant l’instabilité de la période transitoire qui se prolonge, 
Considérant que les enjeux pré-électoraux marquent déjà le débat politique et la vie publique,
Considérant l’insécurité croissante dans la période récente et les événements violents qui se multiplient, les violations des droits humains et les attaques contre leurs défenseur-e-s,
Considérant dans ces conditions les risques importants de ne pouvoir réunir tous les membres de la FIDH dans son universalité, 
Le Bureau international de la FIDH réuni les 30 novembre, 1er et 2 décembre 2012, a pris avec regret la décision de déplacer le lieu de son 38ème Congrès, tout en exprimant sa solidarité avec ses membres tunisiens dans leur combat courageux pour les droits humains universels, pour les droits à la dignité, à l’égalité et à la liberté, mots d’ordre de la révolution tunisienne qui doivent se traduire en actes afin de construire une Tunisie démocratique et libre. 
La FIDH continuera d’agir, aux côtés de ses membres, pour le respect et la réalisation des droits humains universels en Tunisie, et entend poursuivre à cet effet un dialogue constructif avec les plus hautes autorités tunisiennes.

Mariage pour tous : politique, ordre moral et égalité des droits

La droite se mobilise depuis quelques semaines sur deux thèmes qui lui permettent d’établir ce que certains de ses dirigeants espèrent par dessus tout : un pont avec l’extrême droite, et les intégrismes religieux, notamment catholique. Il s’agit bien sûr du « mariage pour tous » (le député vert François de Rugy préfère parler de « mariage universel »), qui semble acquis, et du droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers hors communauté européenne, qui lui semble bien compromis.

Le « mariage pour tous » semble acquis, certes. Mais méfions-nous quand-même. Dominique Guibert, secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme rappelle les dangers qui guettent ce beau projet, et la détermination d’une certaine droite à se refaire une santé grâce à ce débat. L’occasion de rappeler certains propos scandaleux, comme ceux du député de la 3ème circonscription des Côtes d’Armor, lors des questions au gouverment, le 28 novembre (Pierre Tartakowsky, président de la LDH, lui a adressé un courrier à ce sujet). 

Voici donc l’article de Dominique Guibert, paru dans la « lettre d’information » de décembre de la Ligue des droits de l’Homme.

La Ligue des droits de l’Homme a exprimé, dans un communiqué de presse du 21 novembre 2012, sa consternation après les propos du président de la République sur le mariage pour tous, devant le congrès de l’Association des maires de France (AMF). En avançant l’idée que « le respect des consciences des maires » pourrait justifier un refus de procéder en personne à un mariage, François Hollande apparaît comme faisant une concession aux manifestants de l’ordre moral opposés au projet de loi.

A-t-il pris la mesure que, ce faisant, il risquait de participer à la construction d’une machine redoutable contre l’égalité des droits, que les opposants, les yeux rivés sur la ligne bleue de la revanche, ourdissent sans même en faire mystère ?

Dans un État de droit…

un maire est au service de la loi et, dans notre république laïque, le mariage est un acte civil depuis 1792. L’oublier, ce serait oublier qu’un maire ne marie pas en son nom propre, mais en vertu du mandat qui lui a été confié dans le cadre républicain. Ce serait aussi ouvrir largement la porte à toutes les discriminations. Qui peut prétendre aujourd’hui que des maires ne refuseront pas, au nom de la liberté de conscience, un mariage entre divorcés, un mariage jugé trop « mixte », ou trop « bizarre » ? Ce serait, enfin, instituer une inégalité territoriale devant un acte civil. Pour la Ligue des droits de l’Homme, attachée au principe d’égalité et au projet de loi de mariage pour tous, le changement a besoin de conviction, d’échange public.

Malgré la crise de l’UMP

Le président de la République a remanié et précisé ses propos. Il leur a enlevé de la virulence, mais leur a conservé de la pertinence en ramenant son propos à la conviction intime et personnelle de chaque maire, qui en cas de désaccord, pourra déléguer l’un(e) de ses adjoint(e)s pour officier. La LDH considère que l’ambiguïté n’est pas levée, tant il est vrai que les forces opposées à la progression de l’égalité des droits voudraient faire de la « défense de la famille » et de la « nature » un moyen de provoquer un choc politique semblable à celui de l’’école dite « libre », en 1984. Certes, l’état actuel de l’UMP, livrée à un effarant combat de primauté, ne lui permet pas d’être entièrement à l’offensive. Mais il convient de rester méfiant. En sortant de la crise, il leur faudra bien se refaire une santé : le sujet de l’« ordre moral » et de la famille en sera l’un des moyens.

La République pour toutes les familles

La tribune publiée dans Libération, le 4 décembre 2012, (écrite par Ardhis, Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), Attac, Cnafal, Comité Idaho (International Day Against Homophobia and Transphobia), FSU, Homosexualités et Socialisme (HES), Inter-LGBT, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Ligue de l’enseignement, LMDE, Mrap, République et diversité, SOS Homophobie, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (Saf), Unef), rappelle les objectifs et les conditions de ce progrès vers l’égalité des droits.

« Depuis plusieurs semaines, la plus grande partie de la droite, l’extrême droite bien sûr, les églises et en particulier leurs représentants, mais surtout les tenants de l’intégrisme religieux pour qui l’État de droit laïc reste un problème, multiplient menaces et discours apocalyptiques à propos du mariage pour tous, thème dont elles ont manifestement décidé de faire un cheval de bataille. L’expression de leur refus, leur choix d’un ordre moral sont évidemment légitimes dans une démocratie. Mais leur prétention à vouloir ériger leurs croyances en loi, paralyser le débat sous le vacarme, les « arguments » utilisés à cette fin sont intolérables.  

Rappelons, face au déferlement des responsables ecclésiastiques que, depuis 1792, le mariage est un acte civil, sans aucun caractère religieux. Que les cultes ont parfaitement le droit d’épouser des vues particulièrement rétrogrades sur le mariage, la famille, la sexualité. Mais en aucun cas, celui d’étouffer le débat éthique et de corseter la liberté de conscience.  

Rappelons, face aux amalgames haineux entre homosexualité, polygamie, pédophilie, face aux chantages à la fin de l’humanité, que leurs auteurs se sont successivement opposés au divorce, à la contraception, à l’interruption de grossesse, au Pacs… en agitant les mêmes menaces.  

Rappelons aussi que les pays qui, dans le monde, ont ouvert le mariage à tous n’ont, bien sûr, nullement sombré dans la décadence et les turpitudes annoncées.  

Ce retour d’ordre moral, assis sur une homophobie bien réelle et animé par l’agitation de grandes peurs, n’est pas sans arrières pensées politiques. La volonté de faire échec au mariage pour tous vise, bien au-delà, à ébranler le principe républicain de laïcité au profit de communautarismes intégristes. Il vise à paralyser toute velléité de réforme, tout engagement contre les discriminations, tout projet de justice et de liberté. »

De l’apocalypse comme argument de la politique

Lors de la séance des questions au gouvernement du 28 novembre dernier, le député Le Fur est intervenu pour exprimer son opposition au projet de loi sur le « mariage pour tous » en des termes qui sont non seulement inacceptables, mais en plus en contradiction flagrante avec l’appel à l’apaisement que les gens de son bord prétendent rechercher.

Si l’opinion du citoyen est libre, sa responsabilité en tant que législateur ne devrait pas lui permettre de pratiquer l’amalgame, la désinformation et de jeter le discrédit sur une partie de nos concitoyens. En effet, l’argumentation, marquée par un ordre moral éculé et réactionnaire, tend à attiser des passions malsaines en reprenant les menaces et discours apocalyptiques sur le devenir de la famille et la protection de l’enfant.

Comme l’a rappelé opportunément en séance Dominique Bertinotti, ministre déléguée chargée de la Famille, ces prévisions de fin du monde étaient déjà les mêmes lors des débats sur le Pacs, ou à leur époque pour s’opposer au divorce, à la contraception, ou à l’interruption volontaire de grossesse. Elles ne se sont évidemment pas réalisées et tous s’accordent aujourd’hui sur les avancées indéniables qu’ont représenté ces mesures de progrès et de liberté.

Les évolutions de la société

Elles posent déjà la réalité d’une diversité des compositions des familles qui depuis des décennies ne reposent plus sur un modèle unique. La reconnaissance juridique des couples de même sexe ne vient que confirmer un état de fait et un principe d’égalité. Le mariage pour tous permet à celles et ceux qui le désirent, d’offrir la possibilité d’un statut juridique à des dizaines de milliers de couples et autant d’enfants vivant déjà au sein de telles familles.

Les inquiétudes sur l’adoption brandies par le député Le Fur sont non seulement malveillantes mais surtout infondées car l’évolution législative proposée ne change pas les règles applicables en France en la matière. Elles resteront régies par la convention de La Haye, ratifiée par la France en 1998, qui prévoit que toute adoption est prononcée par un juge qui vérifie toutes les garanties nécessaires à la protection des droits de l’enfant. De plus, rappelons qu’elle est autorisée aux personnes célibataires et que l’adoption ne peut être entravée en raison de l’orientation sexuelle du ou des demandeurs, qui reste indépendant du projet parental.

Comparaison internationale

Enfin, les exemples étrangers devraient aussi calmer les fantasmes des chargés de mission divine de la défense de la morale. Vingt-deux pays disposent déjà d’une législation posant le mariage et l’adoption sans discrimination, comme l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Canada, neuf états américains, mais aussi en Europe : les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège, la Suède ou le Portugal et l’Espagne. Dans chacun d’entre eux, la lutte contre l’homophobie, contre les discriminations, pour l’égalité entre les sexes a progressé. Ni la « famille » ni la « protection des enfants » n’y sont mises en péril. La France ne sera donc pas pionnière sur le sujet, mais elle confirmera ainsi son attachement à une république laïque, fondée sur les principes de liberté et d’égalité.

La Ligue des droits de l’Homme est partie agissante dans ce combat. Nous appelons les députées et les députés, les sénatrices et les sénateurs, les citoyennes et citoyens à se mobiliser pour défendre l’Etat de droit. Nous les appelons à faire échec aux campagnes de haines, de peurs et d’exclusions, à soutenir le projet de mariage pour tous et à faire entendre leur volonté de voir le progrès se poursuivre, dans le respect des lois et des valeurs de la République. Ce changement n’a rien d’une menace, c’est, au contraire, une chance pour la société française !

Le discours de Djemila Benhabib, prix de la laïcité 2012

Djemila Benhabib vit au Québec. Elle est née d’une mère chypriote grecque et d’un père algérien, elle a vécu son enfance à Oran. En octobre 2012, elle a reçu le Prix international de la laïcité, décerné par le Comité Laïcité République, pour ses travaux sur la laïcité et le droit des femmes.  Djemila Benhabib est notamment l’auteure de Ma vie à contre-Coran et Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident.

Dans le discours qu’elle a prononcé lors de la remise du prix, Djemila Benhabib expose sa conception de la laïcité : son point de vue est passionnant. Cliquer ici pour voir la vidéo de ce discours.

Prix de la laïcité 2012. Discours de Djemila Benhabib, lauréate du Prix international

« Le dialogue n’est rien là où la dignité humaine n’est pas »

Pour une perspective laïque et féministe du monde

C’est à travers un regard de femme, celui d’une féministe laïque vivant en Amérique du Nord, fortement imprégnée des valeurs républicaines, ayant grandi en Algérie que je me propose d’aborder cette réflexion sur la laïcité qui est d’emblée, je le dis et je l’assume le fruit aussi bien d’un cheminement subjectif que d’une véritable analyse proprement factuelles marquée par mon vécu dans trois type de sociétés distinctes :

  • nord-africaine, en Algérie ;
  • européenne en France et
  • nord-américaine au Québec

où les façons d’organiser les rapports entre l’État et la religion sont de nature différente.

En Algérie, l’islam est religion de l’État. Du coup, la source du droit peut devenir l’islam. C’est en effet le cas avec le code de la famille qui puise son principal référent dans la charia islamique. En France pays laïque et républicain, l’État est régi par une stricte séparation entre la sphère politique et religieuse. Et finalement le Québec, province assujettie à la Constitution canadienne et au multiculturalisme qui connaît un parcours singulier entre une volonté, du moins populaire, de s’affranchir du multiculturalisme, et une obligation institutionnelle de se soumettre au jugement de la Cour suprême du Canada. Pari difficile compte tenu du fait que nulle-part dans notre aménagement constitutionnel, le caractère laïc, séculier ou neutre de l’État, qu’il soit canadien ou québécois d’ailleurs, n’est proclamé ; avec ceci de particulier « la suprématie de Dieu » est évoquée dans le Préambule de la Charte canadienne des droits et libertés. Ce sont les juges qui, à la pièce, comme dans tous les pays anglo-saxons d’ailleurs, ont façonné la reconnaissance de fait du principe de la séparation de l’Église et de l’État.

Ces trois expériences nous démontrent clairement, à des degrés variés, bien évidemment, et sous des formes différentes, à quel point les velléités politiques sous couvert du religieux peuvent se mettre en marche à un moment ou un autre de l’histoire dans un pays quelconque pour entrer en concurrence avec l’ordre politique établi soit pour le fragiliser, l’ébranler voire carrément le remplacer pour changer le destin d’un pays, la nature même de son État et le devenir de son peuple.

Rappelons-nous de cette offensive islamiste qui s’est mise en place en Algérie au tout début des années 1990 pour faire de ce pays un État théocratique.

Rappelons-nous de ce bras de fer orchestré en 1989, en France, entre la République et des groupes islamistes à travers quelques élèves voilées qui n’avaient qu’un seul objectif celui de liquider l’héritage de l’école républicaine laïque.

Rappelons-nous de l’agitation de quelques chauds partisans de la charia au Canada pour remplacer les lois civiles par une justice d’abattoir lorsqu’il est question du droit familial ? L’idée des tribunaux islamiques qui avait fait son chemin à partir de 2004 a été abandonnée en raison d’une forte mobilisation. Pour combien de temps ? La question demeure entière. Pour rappel, ce projet a été validé par un certain nombre de personnalités de gauche, en premier lieu, l’ancienne ministre déléguée à la Condition féminine, Marion Boyd et au Québec, par Charles Taylor, co-président de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements dit raisonnables.

Ce n’est pas un hasard si c’est ce même intellectuel qui chapeaute l’école de pensée de la laïcité dite ouverte avec l’objectif de légitimer la présence du religieux dans les institutions publiques. Cette imposture intellectuelle qui consiste à multiconfessionnaliser l’espace civique vise ni plus ni moins à sabrer les acquis de cette formidable Révolution tranquille qui a mené le Québec, à partir des années 1960, à se moderniser et à sortir de l’emprise de l’église catholique.

Il va sans dire que le principe des accommodements soi-disant raisonnables a souvent tourné en un arbitrage entre la liberté religieuse et le principe d’égalité entre les femmes et les hommes qui est, en passant, un droit constitutionnel, nouvellement inscrit dans le préambule de la Charte des droits et libertés depuis 2008. Les tribunaux québécois et surtout canadiens donnent presque systématiquement préséance à la liberté de religion.

Les intégrismes religieux ont trouvé là une niche confortable qui leur a permis d’étendre leurs tentacules à travers une configuration sociale qui consiste à segmenter et fragmenter les sociétés en fonction d’appartenances ethniques et religieuses pour aboutir fatalement à l’effritement du lien social. J’entends et vous l’aurez deviné : cette aberration monumentale qu’est le multiculturalisme dont l’équivalent n’est autre que le « multicommunautarisme » c’est-à-dire un « multiracisme » institutionnalisé.

Ce vecteur de l’organisation sociale qui a promu la différence en culte, a érigé la diversité en dogme et a noyé le culturel dans le cultuel, considère que le meilleur moyen de favoriser l’intégration des populations issues de l’immigration est de les encourager à maintenir et perpétuer leurs propres structures culturelles. Cette conception est devenue, par la force des choses, la mécanique la plus efficace à déconstruire le lien social, à désintégrer la société et a y a semé des pathologies incurables.

Quand les intégrismes religieux se nichent dans le multiculturalisme

Comment bâtir une société sans pour autant partager une langue commune, une culture commune, une histoire commune et un minimum de mémoire partagée ? Système pervers par définition, le multiculturalisme a ethnicisé les problèmes sociaux et politiques, a poussé les immigrants à se réfugier dans une identité exclusive préfabriquée d’appartenance d’origine.

Cette confrontation vient mettre à nu la nature profonde entre deux visions du monde antagonistes, l’une mettant l’individu et ses préoccupations au centre de la cité, faisant de lui un acteur de changement et l’autre mettant la Cité sous la tutelle de communautés assujetties chacune à son propre dieu, faisant de lui le régisseur de nos consciences et ouvrant la porte à une surenchère entre tous les Dieux possibles et inimaginables.

Cette prolifération des religions s’illustre notamment par un exemple évocateur, où les débats à Queen’s Park, le parlement provincial de l’Ontario, sont précédés chaque jour par la récitation intégrale de 8 prières ! En effet, depuis 2008, on a décidé de conserver le Notre Père et d’y ajouter d’autres prières : autochtone, bouddhiste, hindouiste, musulmane, juive, baha’ie et sikhe. Par comparaison, au Québec, depuis 1976, les travaux à l’Assemblée nationale débute par une minute de silence c’est-à-dire un moment de recueillement.

Même la secte des mormons en Colombie britannique défie le Code Criminel en revendiquant la polygamie au nom de leur liberté de religion. En 2010, deux polygames mormons, qui avaient respectivement 19 et 3 épouses, ont soutenu que la loi violait leur liberté de religion, ont décidé de contester l’article 293 du Code criminel devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique pour demander que la polygamie soit décriminalisée. Fait sidérant, croyez-le ou pas, les mormons prétendent que la polygamie est avantageuse pour les femmes. D’ailleurs, des universitaire femmes de l’université montréalaise de McGill sont venues appuyer leurs propos !

On devine à travers tous ces exemples, un lien évident entre les droits des femmes et la laïcité. Le féminisme ne s’inscrit pas dans le vide et ne prend pas racine dans le néant. Il se projette dans un espace-temps bien défini dans lequel s’articulent toutes ces problématiques sociétales. Ces convulsions s’enracinent également dans un contexte international marqué par le retour du religieux aussi bien à l’échelle des pays pris individuellement qu’à l’échelle des institutions onusiennes.

Je réalise, jour après jour, le degré des préoccupations communes des citoyens du monde. Ici comme ailleurs, le débat est marqué par la présence d’éléments récurrents et de questionnements déterminant pour l’avenir : quelle étendue donner à la liberté religieuse ? Quel contenu donner à la laïcité, quels gestes poser face à l’exacerbation des particularismes et à la montée des communautarismes ? Quelles balises établir pour consolider le vivre ensemble ? Doit-on insuffler davantage de religieux dans le lien social pour gérer la diversité ? Une question qui nous préoccupe de part et d’autre de l’Atlantique : que faire avec le multiculturalisme ? Une autre interrogation relative aux soulèvements dans le monde arabe qui sont porteurs d’une aspiration réelle de changement démocratique mais pas seulement malheureusement, nous interpelle grandement. Sur quelle base organiser les solidarités ?

Les jihadistes ne sont que le prolongement des Frères musulmans

Au printemps de l’année 2012, j’ai vécu au rythme de l’Égypte et de la Tunisie. Je voulais aller à la rencontre de leurs peuples, sentir leurs fluctuations intérieures et capter leurs émotions ; sortir des dépêches de journaux ; saisir à chaud des réalités complexes et contradictoires ; humer l’air ambiant ; arrêter de vivre à distance les bouleversements historiques qu’a connus la région et surtout, être portée par ce souffle de liberté. J’ai eu l’impression que tout a changé sans toutefois avoir changé. Une chose est sûre : la laïcité et la place des femmes sont au cœur des débats. Plus encore, grâce au statut des femmes, on est à même de comprendre les configurations politiques postrévolutionnaires, de cerner les « blocages » qui crispent les sociétés arabes ainsi que les espoirs qui les animent. En d’autres mots, le statut des femmes a ce pouvoir incroyable de réveiller en chacun son côté un peu obscur ! Le sexe est une affaire politique et la sexualité une fixation qui occupe tous les esprits, celle des femmes est l’affaire de tous, son contrôle relève de la pathologie collective. Dans l’esprit des islamistes, la cause profonde de la régression et du sous-développement est l’absence de morale ou encore l’éloignement de la morale islamique. Bref, « Trop de sexe » a désaxé la Oumma !

L’islam de la Confrérie des frères musulmans a brimé le processus de sécularisation de l’islam qui était bel et bien en marche avec l’arrivée au pouvoir de Mustapha Kemal Atatürk dans les années 1920. Il a totalement noyé « l’islam ordinaire » en plus de paver la voie à l’islam djihadiste. Il ne fait aucun doute que les sanguinaires « djihadistes » ne sont que les dérivés d’autres brutes : les « Frères ». En déterrant le concept du djihad armé, ces derniers l’ont remis au goût du jour. C’est peu dire qu’entre les « Frères » et les « djihadistes » il n’y a guère de rupture. Les seconds ne sont que le prolongement des premiers. Prolongement naturel qui révèle une forme d’évolution logique dans les structures ainsi que dans les méthodes et une répartition tacite des rôles et des tâches. Entre les uns et les autres, nulle ambiguïté ne subsiste, le projet de société est le même : bâtir la oumma islamiya. Le modus operandi ainsi que la distribution du travail sont orientés vers un double objectif : faire plier l’Occident en le culpabilisant et maintenir l’Orient dans les ténèbres.

La question du terrorisme, intimement liée à celle de l’islam politique, ne pourra se dénouer sans lever le voile sur certains tabous inhérents à l’islam, dont la nature du texte coranique, son impact et sa portée ainsi que la place de la charia dans le corpus législatif. Cet enjeu place autant l’Occident face à ses contradictions que les musulmans face à leurs limites. Pour dépasser ces limites, il faudra inéluctablement s’affranchir du règne de « l’intouchable », de « l’indiscutable », de « l’islamophobie » et de la « stigmatisation ».

Ceci confirme au moins une chose, la nécessité d’arrêter le naufrage politique aussi bien de l’Orient que celui l’Occident et d’ouvrir un large débat, un débat éclairé et sincère qui jettera, sans doute, des ponts entre les deux versants.

Les noces islamo-gauchistes se célèbrent sur les cendres de l’Orient

Et nous, qu’en est-il de nous ? Sommes-nous réduits à n’être que de simples figurants ? Sommes-nous devenus les spectateurs d’une désolation abominable qui ne dit pas encore son nom ? Par nous, j’entends des citoyens d’ici et là qui voyons un monde se défaire et des valeurs s’effilocher, peu à peu, sans pour autant être en mesure d’insuffler de véritables dynamiques de changement pour arrêter la progression de ce mal planétaire qui a quitté le Levant, sans nostalgie aucune, pour enjamber le siècle et se nicher au cœur de l’Occident. Que faire contre les Tartuffe de la polygamie et du voile islamique qui n’ont jamais été aussi exubérants et volubiles sous le dôme de la « tolérance » et de « la liberté religieuse » occidentales ? Que leur dire lorsqu’ils nous chantent, sans complexe, les louanges d’un islam fantasmé alors qu’il n’est que pure désolation d’un bout à l’autre de la planète ? Comment réagir lorsque l’arsenal des partisans du relativisme culturel, dans l’indifférence totale et obstinée du sort réservé à des millions de musulmans à travers le monde qui subissent les affres de l’islamisme dans leur chair, se met au service de cette idéologie totalitaire pour traiter de raciste et de xénophobe quiconque ose encore défendre les valeurs universelles ? Comment, quand et pourquoi cette alliance liberticide s’est-elle orchestrée ? Une chose est sûre, volant au secours de la barbarie islamiste, lâchant au passage les musulmans laïques et féministes, ces nouveaux potentats pétris de culpabilité coloniale ont décerné au fascisme vert les titres de noblesses que l’Histoire lui a toujours refusés. En confondant les bourreaux avec les victimes et en déguisant les fondamentalistes en progressistes, ils ne font que participer à la mise en échec des seconds. Les premiers peuvent s’en réjouir. Les brèches ouvertes par la vigilance défaillante de leurs nouveaux « camarades » ne sont pas prêtes à se refermer. Tout compte fait, qu’importe que l’islam politique sème le chaos et la mort sur une échelle infiniment plus grande ! Tant pis si ces nouvelles noces islamo-gauchistes se célèbrent sur les décombres et les cendres de l’Orient.

Je sais bien qu’en dépit de tout cela, certains nous disent : « C’est en intégrant les islamistes dans le processus démocratique qu’ils finiront par apprendre et comprendre les règles du jeu. » Pourquoi les peuples arabes seraient-ils tenus de réussir là où les peuples européens ont totalement échoué, c’est-à-dire à transformer des fascistes en démocrates ? Si cette possibilité en était réellement une, il aurait fallu la mettre en application lorsque Hitler, Mussolini et Franco se sont lancés dans leur course folle. Il aurait fallu « contenir » leurs ambitions et à terme, les rediriger dans le processus électoral. Rien de cela n’a même été envisagé. Comment ne comprend-on pas, à la lumière de l’expérience européenne, l’impossibilité d’associer des fascistes à l’organisation et à la gestion des affaires de la Cité ? Comment ne voit-on pas dans cette reconduction des fossoyeurs d’hier une insulte aux jeunes de la place Tahrir du Caire et une offense au sacrifice suprême du jeune vendeur ambulant tunisien Mohamed Bouazizi ? Comment accepter de réinjecter du Moyen Age dans des sociétés déjà trop entravées par la chape de plomb du religieux ? Qu’y a-t-il de si difficile à conjuguer liberté et arabité ?

Les femmes portent sur leurs dos le fardeau politique des compromis et des trahisons perpétuels

Ni le refoulement, ni l’amnésie ne permettent de tirer des leçons de l’Histoire. Seule la mémoire alimente le présent et pave la voie à un avenir garant du changement. Vous l’aurez deviné, je parle ici de l’Histoire européenne. Le vrai problème pour les Occidentaux n’est pas tant de relever les défis que pose la modernité à l’islam, mais de ne pas oublier leur propre histoire.

Des épisodes historiques fondateurs semblent se perdre dans les dédales de notre temps incertain et trop frileux. Qui se souvient encore de la terrible violence du combat contre le primat du religieux et de la fabuleuse révolution des Lumières ? Qui si non vous, chers amis, pour marteler à répétition ces quelques épisodes ? Comment ne pas penser que l’islam devra subir aussi cette épreuve décisive et essentielle ? Si nul ne peut prédire l’avenir, il faut au moins se souvenir de son passé.

Après avoir énoncé tous ces arguments, certains persistent dans leur aveuglement et insistent encore : « Pourquoi ne pas réessayer, encore une fois, de dialoguer avec les islamistes et de les intégrer dans la joute démocratique ? » Les vertus « du dialogue » seront toujours mises de l’avant comme si « le dialogue » était une fin en soi, une forme de moralité dont la transgression serait rédhibitoire. Le dialogue n’est rien là où la dignité n’est pas. Le dialogue alimente l’esprit de ceux qui y adhèrent sans a priori alors que, pour les islamistes, il n’est qu’une tactique temporaire pour asseoir leur hégémonie. Fatalement, les démocrates sortiront encore plus amochés qu’ils ne l’étaient de cette confrontation inégale avec les islamistes. Car il est bien là le problème, dans la répartition du fardeau de l’effort et des concessions. Dans le monde arabe et musulman, les femmes sont toujours appelées à en faire davantage. Encore un plus. Un petit chouiya. Elles portent sur leurs dos le fardeau politique des compromis et des trahisons perpétuels.

Lorsqu’on tiendra davantage compte des aspirations des femmes, des laïcs, des minorités linguistiques, religieuses et sexuelles, le dialogue deviendra effectif. Je reste convaincue que le progrès social implique nécessairement des ruptures significatives.

À quand un aggiornamento musulman ?

S’il ne fait aucun doute que la confession musulmane, en Occident, a droit à l’égalité devant la loi quant à l’exercice du culte, elle n’est pas égale au regard de l’histoire avec le christianisme. La reconnaissance de la liberté de pensée et de conscience est le principal défi des musulmans. Le règne de la censure, des assassinats et de la lapidation doit cesser. Les fatwas qui rendent sataniques les livres et les écrivains révolues. L’interdiction de penser et de débattre doit être levée. La dénégation de l’individu et l’apologie de la tribu doivent être dépassées. Bien qu’il y ait eu, qu’il y ait, et qu’il continuera à y avoir en son sein des courants rationalistes, l’islam ne s’est jamais vraiment réformé. Encore faudrait-il que l’on ose invoquer cette nécessaire réforme au lieu d’accepter l’islam tel qu’il se présente aujourd’hui, c’est-à-dire comme une fatalité, comme l’otage des islamistes.

Cette fatalité des musulmans, eux-mêmes la refusent, qu’ils soient croyants, laïques, agnostiques ou encore militants du rationalisme athée. Nous sommes nombreux à partager cette même conviction avec une certitude : on ne peut continuer de se tenir à l’écart du destin universel de l’humanité. Le chemin que nous poursuivons mènera un jour, fut-ce cent ans après notre mort, à l’affranchissement du règne de l’absolu. Pour l’heure, l’islam, gangrené par l’islamisme, ankylosé par des siècles d’une pensée dogmatique, attend toujours son médecin. À quand maintenant un aggiornamento musulman ?

Un projet commun pour la défense de la laïcité et des droits des femmes

Aujourd’hui, plus que jamais, je demeure convaincue que nous pouvons encore faire beaucoup dans ce monde embrumé et injuste pour transmettre et implanter une perspective véritablement humaniste, laïque et féministe. En réalité, tout est encore possible, pour autant que l’on comprenne les véritables enjeux et les dynamiques géopolitiques qui sous-tendent l’avènement et la progression de l’islam politique. En chacun de nous loge un espoir qui ne demande qu’à grandir. Cet espoir ne pourra prendre son envol sans votre engagement. Ce qu’il faudrait désormais, c’est moins un goût de révoltes individuelles qu’une volonté collective copernicienne. Il faut avant toute chose faire converger nos aspirations dans un projet commun pour la défense de la laïcité et des droits des femmes. En sommes-nous si loin ? Pour ma part, je reste convaincue qu’il n’est pas moins urgent aujourd’hui qu’il y a trois siècles de lutter contre les tentations obscurantistes, la bigoterie, la censure et le fanatisme. Les défis de ce début de siècle nous imposent une lucidité et un engagement encore plus grands que par le passé.

Grâce à l’étendue de la sympathie que vous m’exprimez, jour à jour, je suis apaisée. Une force tranquille m’habite, je suis surtout traversée par le sentiment que résister est un honneur parce que cet acte vous renvoie non seulement à votre propre existence mais aussi à celle des autres, à une existence plus collective, celle d’une humanité en mouvement qui s’enracine et se projette dans l’universel. Je suis consciente aussi que la sympathie que vous m’exprimez est un hommage rendu à tous ceux et celles qui partagent le même combat que moi dans le monde arabe et musulman. Camus disait : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde, la mienne sait pourtant qu’elle ne le fera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Je peux dire la même chose de la mienne. Je marche résolument vers ce but, certaine d’avance de mes défaillances, sur un si long chemin. Certaine aussi de mes limites. Consciente que je ne suis pas grand-chose dans tout cela. Consciente aussi de l’urgence d’agir avec le même engagement, coûte que coûte, avec force, conviction et passion. Il me reste à vous faire la promesse de fidélité que je me fais à moi-même dans le silence, tous les soirs après avoir couché ma fille Frida de 7 ans, celle de ne jamais abandonner.

 

Un rappeur et un sociologue mis en examen sur une plainte d’un groupe d’extrême droite

Bandeau de l'article des Inrocks d'où on peut signer la pétition (lien dans l'article).

Texte de la pétition en faveur du rappeur Saïdou, du groupe Z.E.P. (Zone d’expression populaire) et du sociologue Saïd Bouamama, mis en examen à la suite d’une plainte pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence », par le groupe d’extrême droite Agrif (Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne, rien que ça…). Cette pétition peut être signée sur le site des Inrocks. Elle a été signée par l’observatoire de la liberté de création de la Ligue des droits de l’Homme.

Le rappeur Saïdou du groupe Z.E.P (Zone d’expression populaire) et le sociologue et militant Saïd Bouamama ont été mis en examen pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » sur une plainte de l’Agrif, un groupe d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française. En cause, un ouvrage et une chanson du même nom, Nique la France, qui assènent en refrain :

« Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes / Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes. »

Comme des millions de gens à travers le globe ces dernières années, les deux auteurs ont attaqué le colonialisme et le système capitaliste et impérialiste. Comme beaucoup d’entre nous, ils dénoncent une idéologie toujours très en vogue : le racisme, sous ses formes les plus courantes mais aussi les plus décomplexées. Comme de nombreux habitants des quartiers populaires, ils ont crié leur colère contre les inégalités, les discriminations et la justice à double vitesse.

S’inscrivant dans une longue tradition pamphlétaire des artistes engagés en France contre l’État français, du « nation de porcs et de chiens » d’André Breton au « le temps que j’baise ma Marseillaise » de Léo Ferré en passant par le « je conchie l’armée française »d’Aragon ou le « votre République, moi j’la tringle » de Renaud, Saïdou et Saïd Bouamama ont choisi d’assumer leur « devoir d’insolence » afin d’interpeller et de faire entendre des opinions qui ont peu droit de cité au sein des grands canaux de diffusion médiatique.

Mais voilà, cela dépasse, choque et insupporte qu’une telle parole puisse être portée, d’autant plus quand elle l’est par ceux qui subissent en premier lieu les politiques racistes et antisociales. Lorsque des Noirs ou des Arabes font le choix de sortir de l’invisibilité et du mutisme afin de décrire la réalité telle qu’elle est – violente, inégale et destructrice – la droite extrême, l’extrême droite ou encore l’État s’emploient à tenter de convaincre l’opinion publique de l’illégitimité de ces discours.

NTM, Sniper, Ministère Amër, Mr. R, La Rumeur, Youssoupha ou Houria Bouteldja sont autant de rappeurs et militants attaqués ces dernières années pour des paroles jugées trop irrévérencieuses. Pourtant, tous n’ont fait que porter publiquement l’expression populaire du rejet des discriminations et de la stigmatisation des quartiers populaires, des Noirs, arabes et musulmans.

En signant cette pétition, nous exigeons que les poursuites contre Saïdou et Saïd Bouamama soient abandonnées. D’accord ou pas d’accord avec les propos et les formulations incriminés, nous défendons leur droit de les tenir. L’extrême droite veut interdire le droit de chanter la révolte, imposons le droit de l’exprimer sans entraves.

Comité de soutien Devoir d’insolence

 

Elie Geffray, prêtre et maire : un homme courageux

Photo Hervé Queillé, Le Télégramme.

Elie Geffray est maire d’Eréac (22) depuis 2008.

Il est aussi prêtre.

Le 8 mai 2012, il avait eu des paroles fortes pour exprimer l’inquiétude que lui causait le score du front national dans sa commune : «  Nous avons été particulièrement complaisants à l’égard de ces thèses. J’ai ressenti comme une humiliation et comme un déshonneur qu’Eréac leur ait accordé 20% de ses suffrages le 22 avril ».

Aujourd’hui, il reprend la parole, dans le quotidien Le Télégramme, sous la plume d’Hervé Queillé,  pour s’exprimer au sujet du projet de loi instituant le mariage pour tous. Non qu’il y soit particulièrement favorable. Mais pour deux raisons essentielles.

La première concerne la fameuse « clause de conscience » que certains élus voudraient introduire dans la loi pour ne pas être contraints de célébrer de mariages entre personnes du même sexe : «Un maire doit appliquer les lois, en vertu du principe de la laïcité, beaucoup trop négligé aujourd’hui. Il n’a pas à faire intervenir ses convictions religieuses dans l’exercice de ses fonctions. Ou alors il démissionne», déclare-t-il.

La seconde, c’est simplement le réalisme : « Imaginez ce que serait la société française si on n’avait pas réglementé le divorce, la contraception ou l’avortement… En Espagne, où le mariage gay existe, c’est plus la crise financière qui perturbe la société que cette question-là. À cet égard, je préférerais que les évêques français mettent plus leur énergie à lutter contre une société qui détruit des familles et supprime toute perspective à la jeunesse qu’à combattre le mariage homosexuel ». Et il conclut : Même si je comprends leurs réticences, il faut une hiérarchie des urgences…». 

Merci, Monsieur le Maire !