Mobilisation pour la relaxe des « cinq de Roanne »

Le journal en ligne Mediapart vient de publier une tribune signée par plusieurs associations (dont la Ligue des droits de l’Homme, par son président Pierre Tartakowsky), organisations syndicales et politiques (liste en fin d’article), pour demander la relaxe des « cinq de Roanne ». Il s’agit de cinq militants syndicaux, qui ont été condamnés en première instance à 2000€ d’amende pour « dégradation ou détérioration légère d’un bien ». Ils vont être jugés en appel, malgré le retrait des plaintes du sous-préfet de la Loire et du député UMP. Il s’agit encore une fois de judiciariser le combat syndical, puisque les faits reprochés se sont déroulés pendant les manifestations contre le projet de réforme des retraites du précédent gouvernement. Lire ici.

Cette tribune, reproduite ci-dessous, est également lisible à l’adresse http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/041012/relaxe-pour-les-cinq-de-roanne

 

 

Relaxe pour les Cinq de Roanne

 Médiapart – 4 octobre 2012

« Les Français ont aussi voulu le changement pour la justice », rappellent treize élus et responsables d’organisations syndicales et politiques (Annick Coupé, Pierre Laurent, Pierre Tartakowsky…) qui demandent « la relaxe pure et simple des “ Cinq de Roanne ”», jugés en appel le 15 octobre prochain, suite à leurs actions pendant le mouvement contre la réforme des retraites en 2010.


Cinq syndicalistes de la CGT, engagés dans le mouvement contre la réforme des retraites de 2010, sont aujourd’hui poursuivis par le procureur de la République, malgré le retrait des plaintes initiales déposées par le sous-préfet de la Loire et le député UMP.

Condamnés en première instance à 2 000 euros d’amende pour « dégradation ou détérioration légère d’un bien » et à l’inscription au casier judiciaire de leur condamnation, ils passent en appel le 15 octobre prochain à 13h30 au tribunal de Lyon. Un appel introduit par le parquet jugeant la condamnation insuffisante.

Le ministère public n’a cure de l’abandon de plaintes et cherche manifestement à faire des « Cinq de Roanne » un exemple, conformément aux conceptions du précédent pouvoir, qui, sous prétexte de remettre en cause le rôle et la place des « corps intermédiaires » dans notre pays, s’efforçait de limiter l’action, l’expression et les libertés syndicales.

Les cinq syndicalistes risquent de payer très cher leur engagement; si la condamnation était inscrite au casier judiciaire, ils encourraient la radiation de la Fonction publique dont tous les cinq sont membres, ce qui constituerait une double peine.

Les Français ont aussi voulu le changement pour la justice. La relaxe des « Cinq de Roanne » est un signal attendu pour en finir avec les attaques répétées contre les militants syndicaux, les poursuites en justice et la tentative de criminalisation des libertés syndicales qui sont les marques du précédent quinquennat.

Les salariés qui ont voulu le changement doivent retrouver la pleine liberté d’agir pour leurs droits.

Cela doit commencer par la relaxe pure et simple des « Cinq de Roanne » !

Signataires :

Gérard Aschieri, président de l’Institut de recherches de la FSU,
Jean Auroux, maire honoraire de Roanne, ancien député de la Loire et président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, ancien ministre du Travail
Annick Coupé, porte-parole nationale de l’Union syndicale Solidaires
Cécile Cukierman, sénatrice communiste de la Loire,
Laure Déroche, maire de Roanne
Jean-Louis Gagnaire, député socialiste de la Loire
Pierre Héritier, vice-président du Forum syndical européen,
Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et sénateur de Paris,
Didier Le Reste, syndicaliste, animateur du Front des luttes,
Joël Lecoq, ancien secrétaire général de la Fédération générale des transports et de l’équipement (FGTE-CFDT),
Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH),
Marie-Christine Vergiat, députée européeenne GUE-NGL,
Louis Viannet, ancien secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT).

Fichage des élèves : danger !

Les section de Clermont-Ferrant et de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme ont réalisé un dossier sur le fichage des élèves, depuis la maternelle jusqu’à l’université. Elle a analysé scrupuleusement la méthode de fichage utilisé, en ayant à l’esprit un fait essentiel : contrairement aux fichiers de police, tels que le Stic (système de traitement des infraction constatées), dont la fiabilité est mise en cause par de nombreux spécialistes, y compris dans la police, le fichage des élèves concerne des enfants, et leur familles.

« Cela change bien des choses », insistent les auteurs de l’étude dans son introduction : l’enfance, « c’est l’âge des essais et des erreurs et, alors que tout change ou peut changer d’un moment à l’autre, catégoriser et coder des informations pour les enregistrer dans des machines pour des années ou des décennies entraine des risques d’interprétation qui peuvent être tout à fait contraires à « l’intérêt supérieur de l’enfant » comme le dit la Convention Internationale des Droits de l’enfants que la France a ratifiée ».

De nombreuses personnes ont dénoncé les risques liés à ce fichage, à commencer par des enseignants, dont certains ont été sanctionnés pour leur refus d’obéir aux consignes de leur hiérarchie.

Cette étude est donc la bienvenue, au moment où un nouveau ministre vient d’arriver : puisse-t-il la lire, et en tirer les conséquences qui s’imposent.

L’étude est résumée dans un document de 4 pages téléchargeable, tandis que l’étude complète est accessible à cette adresse :

http://www.cahiers-pedagogiques.com/blog/lesdechiffreurs/?p=293.

Vers la fin du statut des gens du voyage ?

Jean-Claude Peillex, forain, et l’association France Liberté Voyage, présidée par Milo Delage, ont posé, en juillet dernier, une Question prioritaire de constitutionnalité. Son objet : le « carnet de circulation », carnet anthropométrique imposé par une loi de 1912, puis une autre loi de 1969, aux gens du voyage. Au-delà du symbole discriminant, il y a le contenu du carnet : taille, hauteur du buste, largeur et hauteur de la tête, longueur des bras… autant d’informations ridicules et humiliantes pour son titulaire.

Ce carnet doit être visé périodiquement par la gendarmerie ou la police, et oblige le voyageur à avoir une commune de rattachement. Cette commune de rattachement, le mineur doit la choisir à 16 ans. Mais pour avoir le droit de vote, il faut 3 années de rattachement dans la même commune. Ce qui signifie que les jeunes voyageurs n’ont le droit de vote qu’à 19 ans : une discrimination insupportable.

La QPC déposée par Jean-Claude Peillex et Milo Delage a été examinée le 25 septembre par le conseil constitutionnel, qui rendra sa décision vendredi 5 octobre. Et l’espoir et grand : le défenseur de l’Etat n’a vraiment fait de contre-proposition, se contentant de demander le maintien de la commune de rattachement.

Le 5 octobre 2012 pourrait donc bien être une date historique, supprimant une sorte d’apartheid d’un autre temps dans le « pays des droits de l’homme » !

Le site « dépêches tsiganes » explique en détail le contenu de la QPC, et on peut voir la vidéo de l’audience du Conseil constitutionnel, avec notamment l’excellente plaidoirie de l’avocat représentant Jean-Claude Peillex et l’association France Liberté Voyage à cette adresse :

http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/videos/2012/septembre/affaire-n-2012-279-qpc.115592.html

Don du sang : « Sang » préjugé, je donne pour l’égalité

La LDH et le collectif Tous receveurs tous donneurs appellent le gouvernement à respecter son engagement d’abroger les dispositions de l’arrêté du 12 janvier 2009, aux termes desquelles les hommes ayant eu des relations homosexuelles (HSH) sont exclus de manière permanente du don du sang.

Dans un communiqué du 13 juin 2012, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, s’est engagée à ce que cette politique d’exclusion soit revue, permettant ainsi de mettre fin à une stigmatisation à raison de l’orientation sexuelle : « On peut et on doit revoir cette politique […]. La sécurité doit être assurée, il n’est pas question de prendre le moindre risque en terme de transfusion mais le critère ne peut pas être […] l’inclinaison sexuelle. Le critère de l’orientation sexuelle n’est pas en soi un risque. En revanche la multiplicité des relations et des partenaires constituent un facteur de risque quelles que soient l’orientation sexuelle et le genre de la personne ».

A l’heure où la France manque cruellement de sang, les campagnes de l’Etablissement français du sang se multiplient pour appeler les citoyens à donner le leur. Il est dès lors plus que surprenant qu’une partie de la population se voie toujours refuser la possibilité de contribuer à cet effort national de solidarité.

Aussi, la LDH soutient le collectif Tous receveurs tous donneurs dans son action menée le samedi 30 septembre, à 13h30, place de la Nation, visant à informer les citoyens de notre combat commun et les inviter à signer la pétition de nos deux organisations, qui exhorte le gouvernement à faire cesser cette stigmatisation institutionnelle.

La pétition, a déjà obtenu 2 164 signatures sur le stand LDH Solidays 2012.

Elle est téléchargeable ici. En voici le texte intégral :

SANG PREJUGES, JE DONNE POUR L’EGALITE

En 1983, les hommes ayant eu des relations homosexuelles (HSH) ont été exclus de manière permanente du don du sang, interdiction fondée sur l’idée qu’ils encourent un risque plus élevé d‘être infectés par le VIH. Depuis cette date et ce, jusqu’à l’arrêté du 12 janvier 2009 encore en vigueur actuellement, les « populations a risques » que constituent, selon les textes, les HSH, les prostituées et les toxicomanes, sont soumises à l’interdiction du don du sang au nom du principe de la sécurité transfusionnelle.

Au début des années 2000, des voix se sont élevées contre l‘interdiction visant spécifiquement les HSH en jugeant qu’elle était constitutive d‘une stigmatisation, voire d‘une discrimination à raison de l’orientation sexuelle.

À titre d‘illustration, dans son avis du 24 février 2002, le Comité Consultatif National d‘Éthique (CCNE) se prononce pour l‘ouverture du don du sang aux HSH, en recommandant que :

  • « le futur questionnaire propose par l’établissement français du sang devrait permettre d’évaluer un risque pour un individu en prenant en compte ses conduites plutôt que de porter sur les groupes à risques » ;
  • « Il convient de ne pas transformer ce principe légitime de sécurité en stigmatisation ou en mesure qui peut être considérée comme discriminatoire» ;
  • « Il n’appartient pas non plus à un établissement de transfusion de porter a priori un jugement qui peut être considèré comme stigmatisant.

Dans le même sens, la Halde, dans sa délibération n°2006-17 du 6 février 2006, le Commissaire à la santé de l’Union Européenne, l’Institut de veille sanitaire ou encore monsieur Jacques Hardy, ex-président de l‘Établissement Français du Sang (EFS) se sont prononcés en faveur de l’abrogation de l’interdiction faite aux HSH de donner leur sang.

Par ailleurs, il convient de rappeler que la Commission européenne a adopté la directive 2004/33/CE, le 22 mars 2004, portant application de la directive 2002/98/CE du Parlement européen et du Conseil concernant certaines exigences techniques relatives au sang et aux composants sanguins, qui dispose que seuls «les comportements à risques » , et non les populations à risques », doivent faire l‘objet d‘une interdiction partielle ou totale du don du sang.

À cet égard, un certain nombre de pays européens a d‘ores et déjà aboli l‘interdiction permanente faite aux HSH de donner leur sang, tels que l’Espagne (19 septembre 2005), le Portugal (24 juillet 2007), la Suède (1er mars 2010) et plus récemment la Grande-Bretagne (7 novembre 2011). L‘Italie a été le premier pays européen a inscrire dans sa législation (le 26 janvier 2001) l’interdiction du don du sang pour, non plus « les populations à risques » mais les « comportements à risques «, et ce dans la crainte d‘une éventuelle condamnation de la Cour européenne des droits de l’Homme. En effet, cette dernière avait été saisie d‘une requête déposée par un ressortissant italien dont l’objet tenait à la qualification de l’exclusion du don du sang comme étant une discrimination à raison de l’orientation sexuelle, incompatible avec les stipulations des articles 8 et 14 combinés de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales.

Enfin, il est patent de constater que les critères permettant de détecter, et a fortiori d’écarter, le risque infectieux, sont suffisamment pertinents en l’état pour assurer la sécurité transfusionnelle. Des lors, aucun élément ne justifie le maintien de l’exclusion des HSH dans le circuit transfusionnel.

Nonobstant les revendications tendant à la levée de cette interdiction et le constat d‘une application non-conforme de la directive européenne, ou encore des engagements internationaux souscrits par la France, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Sante, réitère par arrêté ministériel du 12 janvier 2009 fixant les critères de sélection des donneurs de sang l’interdiction du don du sang pour les HSH alors que, le même jour, l’EFS lançait un appel au don motivé par la pénurie de stocks de produits sanguins.

Au regard de l’ensemble de ces éléments, la Ligue des droits de l’Homme exhorte le nouveau ministre de la Sante, Madame Marisol Touraine, à mettre un terme à la stigmatisation, dont les HSH ne cessent de faire l‘objet, en abrogeant l’arrêté qui prévoit l‘exclusion permanente des HSH du don du sang.

Rappelons à cet égard, que la levée de cette interdiction, définie comme une discrimination par Dominique BAUDIS, défenseur des droits, a été portée par François Hollande lors de la campagne des primaires et reprise dans un communiqué du 13 juin dernier par, le ministre de la Santé, duquel il ressort que :

« On peut et on doit revoir cette politique (…). La sécurité doit être assurée, il n’est pas question de prendre le moindre risque en terme de transfusion mais le critère ne peut pas être (…) l’inclinaison sexuelle. (…) Le critère de l’orientation sexuelle n’est pas en soi un risque. En revanche la multiplicité des relations et des partenaires constituent un facteur de risque quelle que soit l’orientation sexuelle et le genre de la personne ».

Aussi, la Ligue dos droits de l’Homme milite pour la sécurité Transfusionnelle en intégrant les conduites à risques et NON  L’ORIENTATION SEXUELLE appelle le ministre de la Santé à en finir avec cette stigmatisation des HSH.

 

 

Sept associations déplorent l’abandon du « récipissé » pour lutter contre le contrôle au faciès

La Ligue des droits de l’Homme, et six autres associations de défense des droits ont publié cet après-midi, jeudi 20 septembre, un communiqué commun qui déplore et dénonce l’abandon par le ministre de l’intérieur de la proposition n°30 du candidat Hollande pendant la campagne pour l’élection présidentielle.

Le scepticisme de Manuel Valls pour réformer les contrôles d’identité est déplorable

Une réforme en profondeur est nécessaire, urgente et réaliste.

Paris, le 20 septembre 2012

Après le discours de M. Valls à l’École Militaire et l’intervention de M. Ayrault, sur RTL, les organisations (Gisti, Graines de France, Human Rights Watch, la Ligue des droits de l’Homme, la Maison pour un Développement Solidaire, Open Society Justice Initiative, le Syndicat des Avocats de France et le Syndicat de la Magistrature) appellent le gouvernement à respecter les engagements pris en matière de réforme des contrôles d’identité. Cette réforme est urgente et nécessaire et, contrairement aux affirmations du ministère de l’Intérieur, est parfaitement réaliste et de nature à améliorer l’efficacité des forces de l’ordre.

Dans sa proposition n° 30, François Hollande s’est engagé à « lutter contre le délit de faciès » dans les contrôles d’identité, grâce à « une procédure respectueuse des citoyens ».

Cet engagement essentiel, à haute portée symbolique, doit nécessairement être mis en œuvre pour faire face au problème des contrôles au faciès. En effet, l’engagement du Président est intervenu après des années, durant lesquelles des organisations nationales et internationales ont publié de nombreux rapports mettant en lumière les dérives des contrôles d’identité en France, y compris le contrôle au faciès.

Ces dérives dégradent la relation entre la police et la population, et provoquent le sentiment pour les victimes de ces contrôles d’être considérées comme des citoyens de seconde zone. En outre, dans de nombreux cas, ils sont attentatoires à plusieurs libertés et droits fondamentaux : liberté d’aller et venir, droit à la sûreté, droit à la protection de la vie privée et à la non-discrimination.

La proposition n° 30 du Président représente un engagement de faire respecter l’état de droit et de rétablir un juste équilibre entre la capacité pour les agents de remplir leurs missions tout en assurant la protection des libertés fondamentales. Il représente aussi un engagement de restaurer la sérénité entre police et population et d’améliorer la sécurité de tous.

La position exprimée par Manuel Valls dans son discours du 19 septembre relatif aux mesures à mettre en place pour mener à bien cette réforme des contrôles d’identité, est particulièrement regrettable et inquiétante. D’autant que cette prise de position intervient après un débat public réducteur focalisant principalement sur les récépissés de contrôle, véhiculant de fausses idées sur ceux-ci et alors qu’aucune expérimentation n’a été menée.

Les expériences réalisées dans d’autres pays ont clairement démontré la possibilité à la fois de réduire la prévalence des pratiques discriminatoires et d’améliorer l’efficacité des contrôles de police. Pour réussir, un fort engagement politique ainsi qu’un ensemble de mesures sont nécessaires.

La délivrance d’un récépissé après un contrôle constitue en effet un élément important d’un dispositif visant à réduire les contrôles au faciès, mais elle ne sera pas suffisante. Une réforme plus globale est nécessaire : réforme de la loi encadrant les contrôles d’identité (article 78-2 du Code de procédure pénale), suivi des contrôles par les superviseurs et cadres policiers, rencontres régulières entre les citoyens/habitants, la police et les élus pour discuter de la pratique des contrôles, formation amenant les agents à réfléchir sur les objectifs des contrôles d’identité et à en user avec discernement.

Au sein d’un tel dispositif, la mise en place des récépissés de contrôle rendra plus transparente la façon dont les contrôles sont effectués, de même qu’elle permettra d’en finir avec la situation anormale qui perdure à ce jour, à savoir l’absence de toute trace matérielle, de tout enregistrement physique des contrôles d’identité. Avec ces documents, conçus pour éviter tout fichage, l’institution policière aura un appui objectif pour démontrer l’absence de discrimination ou de harcèlement dans l’exercice de ses pratiques dans la mesure où lesdits documents pourront confirmer les raisons objectives de chaque contrôle.

Afin de développer un dispositif approprié, il est impératif que les divers acteurs concernés — associations, experts, élus locaux, magistrats et avocats, ainsi que le ministère de la Justice — soient consultés et impliqués.

Nos organisations appellent le gouvernement à respecter l’engagement n° 30 du Président et, sans attendre, à mettre en œuvre une véritable consultation.

 

Sanctionnés après avoir dénoncé un cas d’esclavage dans un hôtel

Le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM) a publié ce communiqué les jours derniers : « Le 13 juillet , le CCEM  a été averti par des employés de l’hôtel Concorde Opéra de la présence d’une jeune femme d’origine éthiopienne enfermée par des clients et victime des mauvais traitements. Elle  été délivrée par la police le soir même et prise en charge par nos soins.

Aujourd’hui, les employés qui ont agi pour sa délivrance ont alerté la presse parce que la direction de l’hôtel leur a reproché leur comportement. Pour nous, cette information donnée par le personnel des grands hôtels est indispensable. Ce n’est pas la première fois que nous sommes avertis ainsi de situations d’esclavage domestique dans de grands hôtels. Nous pouvons ainsi alerter la police qui vient délivrer ces jeunes femmes enfermées, comme ce fut le cas le 13 juillet. Jusque là, les employés n’avaient jamais été inquiétés après coup ».

Il y a en fait deux affaires dans l’affaire.

La première, naturellement, c’est l’histoire désolante de cette jeune Ethiopienne, tenue en esclavage par une famille originaire de Dubaï. Ça n’est pas le premier cas : tous les ans, des scandales éclatent, mettant la plupart du temps en scène des couples riches ayant pignon sur rue. Le récit du calvaire de Z., comme la désigne Libération, nous est fait par plusieurs quotidiens.

Le deuxième affaire, c’est l’attitude de la direction de l’hôtel Concorde Opéra, qui, quand elle a été informée, a reproché aux employés d’avoir donné l’alerte. Le prétexte de la direction : ne pas avoir été informé par les employés avant la police.

Ceux-ci avaient une bonne raison de ne pas le faire : «C’est volontairement que nos délégués n’ont pas averti le directeur de l’hôtel, car ils avaient déjà eu affaire à lui dans un conflit social sévère. Ils craignaient qu’il ne prévienne le client et lui dise de s’en aller.» Le directeur conteste cette version, et parle de « procès d’intention ».

 

Signez l’appel « Rroms : la commune humanité bafouée »

Un collectif de 105 personnalités (liste en bas de l’appel) lance un appel au gouvernement pour qu’il modifie radicalement sa politique  concernant les Rroms, et revienne enfin à ce que sont les valeurs de la gauche, dont il se réclame. La pétition peut être signée en se rendant sur le site « La bande passante« .

Roms : la commune humanité bafouée

Le nouveau gouvernement a choisi la continuité avec l’ancien : la politique d’expulsion des camps de « Roms » étrangers continue de plus belle. Aux mêmes motifs. Avec à peu près les mêmes mots, les mêmes images. Avec les mêmes présupposés et les mêmes conséquences. À commencer par l’ethnicisation de familles issues de lieux et d’histoires multiples, qui ne se reconnaissent pas nécessairement de destin commun, sauf celui auquel on les assigne : le cercle vicieux de la misère et de l’exclusion.

Cela, nous ne voulons, nous ne pouvons pas l’accepter. Il y a deux ans, il importait déjà de se dresser en opposition à la politique de stigmatisation et de persécution menée sous la houlette de Nicolas Sarkozy, dans l’esprit du discours de Grenoble, contre les Roms et les gens du voyage. C’est avec la même détermination que nous nous élevons aujourd’hui contre la politique menée aux dépens des Roms sous la responsabilité du président de la République et de son premier ministre par leur ministre de l’Intérieur.

Manuel Valls renoue en effet avec une rhétorique qui avait mené un de ses prédécesseurs à la présidence de la République, et la République au bord de l’abîme. Or combien sont-ils, ceux qu’on veut expulser? 12 000 ? 15 000 tout au plus ? Sont-ils à ce point une menace pour l’ordre public qu’il faille impitoyablement les déloger sans solution de rechange ?

Si les nouveaux responsables invoquent autant la sécurité que les anciens, ils revendiquent (à l’instar de François Hollande pendant la campagne) un juste milieu entre « fermeté » et « humanité ». Mais qui peut croire que c’est pour leur bien qu’on détruit le lieu de vie de ces migrants ? En tout cas, pas les premiers intéressés. Car ils l’ont vite compris : si l’on se souciait tant de leur bien être, on ne les abandonnerait pas ensuite à leur sort, en oubliant de les reloger. Ils ne font qu’aller un peu plus loin. S’ils parviennent à se cacher, c’est au risque d’être encore plus abandonnés à eux-mêmes et privés des droits sociaux les plus élémentaires. Déplacer ainsi les gens, c’est bien sûr redoubler leur précarité, et faire obstacle à la scolarisation de leurs enfants.

Certes, Jean-Marc Ayrault préconise la concertation. Mais sur le terrain (faut-il s’en étonner ?), ces engagements ne sont pas respectés. Des centaines de familles se retrouvent dans des situations inextricables. À Lyon comme à Lille ou à Marseille ou en région parisienne, le travail des associations de bénévoles a été ruiné en quelques heures. En Essonne, plusieurs expulsions de bidonvilles ont eu lieu sur arrêtés municipaux, sans solution de relogement réel. Dans de nombreux départements, trop de communes tentent de ne pas scolariser les enfants Roms.

La majorité gouvernementale croit-elle donc qu’en agitant les peurs sécuritaires, elle échappera au reproche de « laxisme » ? C’est tout le contraire : dans ce domaine, elle n’ira jamais assez loin. La droite, en attendant peut-être l’extrême-droite, fera toujours mieux, c’est-à-dire pire. La gauche gouvernementale le paiera donc cher, y compris dans les urnes. En tout cas, les sondages suggèrent déjà qu’elle n’y gagne rien – pas plus qu’hier la droite au pouvoir. Seul le Front national pourra récolter les fruits de cette politique.

En outre, les concessions au populisme identitaire et sécuritaire ne feront pas avancer le pays dans sa mobilisation citoyenne face à la dictature des marchés et aux destructions d’emploi, bien au contraire. S’en prendre aux Roms ne suffira donc nullement à gagner les suffrages populaires. Cela ne peut que diviser, affaiblir là où il faut rassembler, agir. Singer la droite ? C’est décidément un mauvais calcul.

Il ne suffira pas davantage de renvoyer cette réalité migratoire à son origine – en l’occurrence la Roumanie, ainsi que la Bulgarie. Comme dans de nombreux pays de l’Europe de l’Est, la violence ordinaire vis-à-vis des « Tsiganes » se poursuit et risque de s’intensifier à mesure que la situation économique se dégrade. En même temps, la légitimation par l’État français de leur caractère indésirable ne peut que renforcer ce racisme.

Surtout, plutôt que de faire peser cette migration sur les gouvernements nationaux d’origine, comme l’a fait le ministre de l’Intérieur, il faut faire valoir une responsabilité de l’Union au lieu de mettre en péril l’idéal européen en la réduisant aux politiques néolibérales sans même la caution des droits de l’homme. Bref, il faut que Viviane Reding, commissaire européenne aux Droits fondamentaux, parle haut et fort comme en 2010, et non qu’elle soit réduite au silence face à l’État français.

Nous ne ressentons pas moins d’indignation qu’alors ; en revanche, notre colère est plus grande. Pourquoi changer de Président, sinon pour changer de politique ? Or plus ça change, plus c’est la même chose : les Roms sont encore et toujours pris pour boucs émissaires. Au lieu de jouer à son tour sur les peurs et les ressentiments, ce gouvernement aurait pu faire le pari des valeurs démocratiques : la liberté et l’égalité, pour les Roms aussi. Nous en sommes loin. Après l’éviction de la droite éhontée, on assiste à l’avènement d’une gauche honteuse.

Aujourd’hui, nous voulons donc interpeller la majorité gouvernementale :

Rien ne vous oblige à ce choix. Il est contraire aux principes que vous revendiquez ; pour autant, il n’est pas davantage dans vos intérêts. Votre responsabilité n’en est que plus grande. Nous vous tenons donc comptables aujourd’hui, comme l’histoire vous tiendra comptables demain, de cette banalisation de la xénophobie et du racisme par l’État français, au mépris des leçons du passé et des menaces qui pèsent sur l’avenir.

Les premiers signataires

Karim Abboub, psychanalyste
Benjamin Abtan, Président du Mouvement Antiraciste Européen EGAM
Michel Agier, directeur d’études EHESS
Eric Alliez, Philosophe, Université Paris 8 / Kingston University
Jean-Loup Amselle, anthropologue
Etienne Balibar, philosophe
Fethi Benslama, Professeur de Psychopathologie
Anne Emmanuelle Berger, professeure de littérature et d’études de genre, Paris 8
Jacques Bidet, professeur émérite à l’Université de PARIS OUEST
Bertrand Binoche, professeur à Paris-I
Luc Boltanski, directeur d’études à l’ehess
Matthieu Bonduelle, président du Syndicat de la magistrature
Frank Burbage, Professeur de philosophie
Alain Brossat, Professeur de philosophie (émérite), Université Paris 8
Cécile Canut, linguiste, Paris Descartes
Alice Cherki, psychiatre,psychanalyste,essayiste
Ariane Chottin, psychologue
Nathalie Chouchan, Professeur de philosophie
Hélène Cixous, Ecrivain
Olivier Clochard, président de Migreurop
Michèle Cohen-Halimi, maître de conférences en philosophie à l’Université de Paris Ouest Nanterre
Patrice Cohen-Séat, Président d’Espaces-Marx
Catherine Coquio, professeure de littérature à Paris-Diderot (Paris 7).
Philippe Corcuff, maître de conférences à l’IEP de Lyon et membre du conseil scientifique d’Attac
Claude Corman, cardiologue
Marie Cuillerai, département de philosophie de Paris 8
Jean-Pierre Dacheux, docteur en philosophie
Françoise Dastur, Professeur honoraire des universités, Archives Husserl de Paris
Marianne Denicourt, comédienne
Ivaylo Ditchev, Professor of cultural anthropology
Suzanne Doppelt, auteur
Stéphane Douailler, Professeur de philosophie, Université Paris 8.
Espaces Marx
Eric Fassin, sociologue , Paris 8
Michel Feher, philosophe, président de l’association cette France-là
Goran Fejic, analyste politique, ancien fonctionnaire international.
Franck Fischbach, Philosophe, Univ. Nice Sophia-Antipolis
Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherches CNRS
Frédéric François, linguiste
Marie Gaille, philosophe, chargée de recherche au CNRS
Patrick Gonin, Enseignant chercheur Université de Poitiers
Elisabeth Gauthier
François Gèze, éditeur
Lisa Ginzburg, journaliste
Alfredo Gomez-Muller, Professeur Université de Tours
Robert Guédiguian, cinéaste
Serge Guichard, Association de Solidarité en Essonne aux Familles Roms.
Jean-Frédéric de Hasque, réalisateur . anthropologue
Chantal Jaquet, Philosophe, professeur à l’université Paris1-Panthéon-Sorbonne
Alain Joxe, ancien directeur d’études à l’EHESS, directeur du CIRPES
Alain Keler, Photographe
Françoise Kerleroux, linguiste, professeur à la retraite, Paris 10 Nanterre
Cécile Kovacshazy, maître de conférences en littérature comparée
Denis Lachaud, écrivain
Thomas Lacoste, cinéaste et éditeur.
Catherine Larrère, Université Paris 1
Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire
Jean-Pierre Lefebvre, Ecole Normale Supérieure
Olivier Legros, MCF Université de Tours et membre Urba-Rom.
Catherine Lévy, sociologue.
Jean-Marc Lévy-Leblond, Professeur émérite de l’université de Nice
Jean-Pierre Liégeois, sociologue
Dani.le Lochak, universitaire, présidente honoraire du Gisti
Isabelle Lorand, chirurgienne, responsable Droits et liberté PCF.
Michael Löwy, directeur de recherches émérite au CNRS, Paris
Seloua Luste Boulbina, Directrice de programme, Collège International de Philosophie
Charles Malamoud, Indianiste, directeur d’études honoraire, Ecole pratique des hautes Études
Philippe Mangeot, enseignant
Nicolas Martin-Granel, chercheur associé à l’ITEM (CNRS/ENS).
Stéphane Maugendre, président du Gisti.
Jacques Message, Chaire supérieure de philosophie (Amiens)
Renée Le Mignot co-présidente du MRAP
Christophe Mileschi, écrivain, italianiste
Ariane Mnouchkine, metteuse en scène
Richard Moyon, Réseau Education sans frontières, RESF
Laurent Mucchielli, sociologue
Jean-Luc Nancy, philosophe
Pap Ndiaye, historien EHESS
Catherine Neveu, Directrice de recherche au CNRS
Gérard Noiriel, EHESS, Paris
Bertrand Ogilvie, professeur de philosophie, psychanalyste, université Paris 8-Saint Denis.
Salvatore Palidda, DISFOR-UNIGE, Universita’ degli Studi di Genova
Claude Pennetier, Directeur du Maitron, chercheur CNRS, Centre d’histoire sociale du XXe siècle
Germinal Pinalie, Revue Classes
Mathieu Potte-Bonneville, Collège International de Philosophie / ENS de Lyon.
Jean-Luc Poueyto, anthropologue, Université de Pau et des Pays de l’Adour.
Vincent Rafis
Isabelle Rèbre, cinéaste
Marie-Joëlle Redor, Enseignant chercheur à l’Université de Caen Basse-Normandie
Judith Revel, philosophe, maître de conférences, univ. paris 1 panthéon-sorbonne
Revue Vacarme
Claire Rodier, vice-présidente de Migreurop
Diogo Sardinha, Directeur de programme au Collège international de philosophie
Pierre Sauvêtre, Doctorant en science politique, chargé de cours à Sciences-Po Paris
Guillaume Sibertin-Blanc, Philosophe
James T. Siegel, anthropologue émérite, Cornell University
Andrée Tabouret-Keller, linguiste
Sébastien Thiéry, politologue
Louis-Georges Tin, président du CRAN
Michel Tort, psychanalyste
Transform!
Eleni Varikas, Professeur émérite, Université Paris 8
Patrick Vauday, Professeur à l’Université Paris 8
Patrice Vermeren, Directeur du département de philosophie, Paris 8
Sophie Wahnich, historienne, directrice de recherche au CNRS
Hugo Haas, architecte, la cigüe

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Mariage homosexuel : « déclaration de guerre » de « l’institut » Civitas

L’automne va être chaud. Les intégristes catholiques de l’institut Civitas déclarent la guerre au mariage homosexuel. Et, par la même occasion, à la possibilité offerte aux couples homosexuels d’adopter des enfants. Sans oublier l’euthanasie ! Pour cela, les intégristes catholiques dégainent (ne riez pas, c’est très sérieux !) la croix, le glaive et le bouclier !

Le mot clé de cette guerre est le lobbying. Civitas invite ses partisans à monter à l’assaut des élus ruraux, notamment les maires, pour les convaincre de la nocivité de ces trois projets inscrits dans les propositions du président de la République pendant la campagne électorale. Et ils espèrent que ceux qui, parmi ces élus, sont adhérents ou proches du parti socialiste, feront pression sur l’état major de ce parti pour qu’il renonce à légiférer (source : journal de 13h, France Inter, samedi 7 septembre).

Le site de Civitas (on ne va quand-même pas vous donner leur adresse !) détaille les arguments qu’il entend développer. Rien de nouveau bien entendu.

Concernant le mariage : il serait contre nature, et les « exigences du lobby homosexuel » « contreviennent à la fois aux lois de Dieu, aux lois naturelles et au simple bon sens le plus élémentaire ». Le mot est lâché : les lois de Dieu. Et tant pis si la France est un Etat laïc. Ce sont les mêmes qui manifesteront contre les « prières de rue » des musulmans, qui n’ont évidemment rien à voir  avec les processions qu’organise l’Eglise dans les villes et les villages. Souvenons-nous qu’il n’y a pas si longtemps (le 6 juillet 2006, au moment de la création de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, la HALDE), un groupe de députés UMP avait tenté de faire adopter un amendement qui affirmait : « (…) En effet, il doit être possible dans le cadre d’un débat démocratique respectueux des croyances religieuses ou engagements philosophiques des uns ou des autres que chacun puisse en toute liberté soutenir son propre point de vue. Par exemple, qu’un chrétien, un juif et un musulman puissent faire valoir l’infériorité morale des comportements homosexuels par rapport à ceux qui fondent le mariage entre un homme et une femme afin de créer une famille au sein de laquelle seront élevés des enfants. » Autrement dit, légaliser l’homophobie… Les lecteurs de cet article résidant dans la 3ème circonscription des Côtes d’Armor (Loudéac – Lamballe) seront intéressés de savoir que cet amendement, déposé par l’inénarable Christian Vanneste, a été signé notamment par son député, M. Le Fur. Le slogan de Civitas : « Aujourd’hui, le mariage homo, demain, la polygamie » !

Concernant l’adoption : toujours les mêmes clichés, ne reposant sur aucune étude sérieuse, sur les supposés dangers qu’un couple homosexuel pourrait représenter pour des enfants. Mais en fait, le principal argument, c’est que l’arrivée sur le « marché » de l’adoption (car c’est bien cela dont il s’agit dans la prose de Civitas) des couples homosexuels, risquerait d’empêcher les couples hétérosexuels d’avoir accès à l’adoption, la « demande » devenant encore beaucoup plus importante que « l’offre ».

Civitas sera évidemment là également pendant les débats sur l’euthanasie, qu’il combat aussi violemment, au nom du caractère « sacré » de la vie. Ce qui n’empêche pas nombre de ces individus d’être favorable à la peine de mort…

Préfecture du Rhône : trop, c’est TROP !

La section Villeurbane Est-Lyon de la Ligue des droits de l’Homme est scandalisée par l’attitude de la préfecture du Rhône, qui souffle le chaud et le froid, en assurant un jour qu’il n’y arait pas d’expulsion pour les familles Roms de Saint-Priest, et procède aux expulsions le lendemain matin, avec une violence inexplicable. Voici le communiqué qu’elle vient de publier.

Trop, c’est TROP !

Pourquoi la préfecture du Rhône, après avoir fait annoncer officiellement par l’association  Médecins du Monde aux familles roms de St-Priest :

  • qu’elles ne seraient pas expulsées
  • mandater cette association pour dresser un bilan sanitaire et des besoins en hygiène qui a été entamé le 27 août, a procédé le lendemain  matin, à 7H15, au réveil brutal des familles  pour leur expulsion du lieu ?

Pourquoi se comporter avec autant de violence, véritable outrage à leur pauvre intimité, et  leur laissant à peine le temps d’emballer leurs pauvres « biens » ?

Pourquoi interdire l’entrée du terrain, à l’association Médecins du Monde, et ne même pas lui permettre d’accompagner une personne totalement désorientée dans cette ambiance,  récupérer ses médicaments ? Ce qui crée une atmosphère extrêmement  inquiétante dans ce genre de situation !

Prendre ainsi en traître cette population : est-ce pour avoir la certitude de pouvoir délivrer un certain nombre d’obligations à quitter le territoire français (OQTF) et ainsi respecter les quotas ! et gaspiller l’argent français dans les « rapatriements » plutôt que dans des mesures d’insertion ?

Est-il tolérable d’écouter comme un mot naturel, familier dans la bouche de ces enfants, l’injonction « dégage » ?

Entendre l’un des hommes clamer : « C’est comme sous Ceaucescu ;  que l’Europe prenne des dispositions ! » ne nous remplit–il pas de honte ?

La Ligue des Droits de l’Homme, dans sa section Villeurbanne-Est-Lyon ( qui comprend St-Priest), ne peut que condamner la politique actuelle conduite par Manuel Valls, qui se situe, hélas, dans la continuation en droite ligne, de celle menée par la majorité politique précédente, pourtant rejetée sans équivoque, par une majorité de français il n’y a que quelques mois !

Manuel Valls n’a–t-il pas déclaré, le 5 juillet : «  les démantèlements doivent se faire en concertation avec les élus locaux et les associations » ? Or, lorsque le représentant de la politique de l’État dans le Rhône, la Préfecture, entreprend d’appliquer la procédure, elle se voit contrainte de la réduire à néant …

Trop, c’est TROP !