Insulte contre Ch. Taubira : le silence des politiques, l’indignation des artistes

Les réactions politiques avaient tardé, après l’agression verbale raciste dont a été victime Christiane Taubira à Anger il y a quelques jours. On avait davantage entendu le front national exiger des preuves de cette agression. Il a été gâté : le journal Anger Mag Info a diffusé sur son site une vidéo filmée par un amateur avec son téléphone où on assiste de façon très claire à l’agression. Mais la vidéo révèle autre chose : la complicité des adultes autour de la gamine, ce qui contredit l’affirmation des organisateurs de la « manif pour tous » qui considéraient qu’il s’agissait d’un acte isolé. Cette gamine était en fait manipulée par des adultes (on voit la banane circuler de main en main) soucieux, on le sait, de la protection morale des enfants…

Les politiques muets, ce sont les artistes qui se sont exprimés, et leur voix a sans doute plus d’écho que n’aurait eu celles des utilisateurs de la langue de bois.

Vendredi matin, c’est François Morel qui a commencé, avec une chronique remarquable de sensibilité, d’élégance et d’efficacité, dans laquelle il demande à « la petite conne » : « Pour qui la banane ? » Cette chronique a été relayée tout le week-end sur les réseaux sociaux et on ne se lasse pas de l’écouter.

Le musicien Titi Robin, nominé en 2012 aux Victoires de la musique et qui a une quinzaine d’albums à son actif a choisi pour sa part d’écrire une lettre ouverte qui a été publiée dans la presse locale, et que nous reproduisons ici. Une lettre qui, comme la chronique de François Morel, ne se contente pas de dénoncer le fait divers : il l’analyse.

Lettre ouverte

« Permettez-moi de prendre la parole d’une manière personnelle. Je suis né dans un village angevin où on élevait (comme toujours aujourd’hui) des vignes pour élaborer un vin moelleux, généreux, destiné au partage, à l’accueil des visiteurs, aux célébrations familiales. J’ai reçu dans ce village une éducation traditionnelle, riche, que je porte avec fierté, qui m’a permis de voyager et de rencontrer de par le monde des hommes et des femmes avec leurs propres bagages culturels. Nous avons échangé, et ainsi je me suis construit, j’ai grandi, mariant mes racines à celles rencontrées. Comme je savais d’où je venais, je retrouvais toujours ma route. Durant toutes ces années, je suis toujours resté fidèle à ma région. Je l’aime.

Aujourd’hui, je suis blessé, humilié, et en colère. Les paroles et gestes d’une enfant d’une douzaine d’années et d’un notable expérimenté auraient-ils souillé l’air ? Ou bien est-ce le silence et l’apathie qui ont suivi ces événements qui me troublent ? De France et de l’étranger me parviennent des messages : « Que se passe-t-il chez vous ? Pourquoi les gens sont-ils devenus ainsi, en Anjou ? » Dans les rues d’Angers, des gens évoquent leur gêne ou leur honte à voix basse. Je ne pense pourtant pas que nous ayons changé. La lâcheté ou tout au moins le manque de clairvoyance de nos dirigeants (de gauche) comme de leurs collègues dans l’opposition (de droite) encourage certains intellectuels, certains médias et des gens de pouvoir à développer dans le pays une atmosphère profondément malsaine. Il y a là quelque chose de pathologique, la crise encourageant le repli sur soi.

Du coup, cette minorité dans notre société qui a porté et portera toujours en son sein des idées empoisonnées se sent soudain libre de les exprimer au grand air. Notre pays avait connu ce phénomène il y a longtemps. Il y a aujourd’hui comme un relâchement moral nauséabond. Et puis voilà : Une fillette de douze ans peut traiter comme un animal, en rigolant, en l’insultant, devant le public, la presse, et ses parents ravis, une femme d’une grande culture intellectuelle et morale, représentante du gouvernement, car l’enfant a la peau blanche et la femme la peau noire. Un notable d’une ville de la région ironise autour de l’extermination pendant la deuxième guerre mondiale des ancêtres d’une partie, minoritaire, de sa population (qu’on appellera ici Gens du voyage) et se félicite aujourd’hui de les chasser de son territoire. Ces événements sont mis en lumière car ils concernent des personnages publics. Nous devons savoir qu’ils correspondent à la face émergée du problème. Cela signifie que bien d’autres personnes souffrent en silence. Si notre corps social est endormi, affaibli, il importe de réveiller ses anticorps. Il importe aussi de parler fort. Ayons confiance en nos forces, nous devons pouvoir continuer à être fier de qui nous sommes, de nos racines comme de notre hospitalité, qui vont de pair. »
Thierry ROBIN

680 licenciements annulés par les Prud’hommes : la belle victoire des Contis !

Une sacrée victoire pour les « Contis » : le conseil des Prud’hommes de Compiègne vient d’annuler le licenciement de 680 salarié de l’usine Continental de Clairois « pour défaut de motif économique et pour non-respect de [leurs obligations] de reclassement » !L’avocate des salariés, Alexandra Soumeyre précise : « la société a été condamnée à tous les niveaux ». Les licenciements ont eu lieu en 2010, et à l’époque, Continental prétendait qu’ils étaient « inéluctables » : la justice l’a démenti fermement. Les Prud’hommes ont également estimé que Continental n’avait pas respecté un accord signé en 2007 sur le temps de travail, qui prévoyait un retour aux 40h en échange d’une assurance de maintien de l’emploi jusqu’en 2012. Les salariés vont maintenant demander des dommages et intérêts : à ce jour, la moitié d’entre eux n’ont toujours pas retrouvé de travail. Les articles parus sur les sites de Libération et du Monde reviennent en détail sur ce rebondissement.

Xavier Matthieu, représentant du personnel (CGT), aura tout loisir de nous expliquer en détail ce  dernier rebondissement, le dimanche 24 novembre au cinéma le Cithéa de Plouguenast : il participera au débat qui suivra la projection du film de Jérôme Palteau, « La Saga des Contis », qui relate ce conflit qui a duré plusieurs mois. Une date à retenir dès aujourd’hui !

Une belle victoire donc, mais une victoire amère. Comme le souligne Xavier Mathieu dans une interview qu’il a accordée à Libération, ce « jugement prouve que l’usine n’aurait jamais dû fermer ! « 

Le fascisme tue, aujourd’hui encore

Le fascisme tue. On le savait. On l’avait pourtant oublié. L’assassinat d’un jeune homme de 18 ans par une horde de crétins vient nous le rappeler dramatiquement.

Comment cela est-il encore possible aujourd’hui ?

Les flots de haine qui se sont déversés pendant les « manifs pour tous » auraient dû nous alerter davantage. Les groupes fascistes y ont trouvé un terrain d’expression idéal : ils étaient protégés, au milieu de la foule, et pouvaient donner libre cours à leurs idées nauséabondes sans que les autres participants à ces manifestations s’en émeuvent outre mesure. Il y a bien eu quelques semblants de réprobation de la part de « Frigide Barjot », qui n’a pas pu participer à la dernière manifestation en raison des menaces qui la visaient.

Frigide Barjot n’a évidemment rien à voir avec ce meurtre. Mais peut-on impunément lancer des idées haineuses comme l’ont fait tous ces gens pendant plusieurs mois ? Peut-on stigmatiser des groupes d’hommes et de femmes sans que cela ne se retrouve un jour où l’autre ? Il y a une sorte de porosité entre la droite classique et les idées d’extrême droite. Dernier avatar de cette porosité : on apprend que l’attachée parlementaire d’Hervé Mariton, député UMP qui a mené la lutte contre la loi Taubira à l’assemblée nationale est une militante d’extrême droite. « Elle a été l’une des premières à appeler au rassemblement en hommage à l’essayiste d’extrême droite, deux heures après son suicide, le 21 mai » (lire ici). Si les Besson, Hortefeux, Guéant, Buisson, Coppé et consorts ne sont pas mêlés à cet assassinat, ils sont coupables de donner du crédit aux idées de ces groupuscules. Ils en reprennent volontiers quelques-unes à leurs compte : les mois derniers, c’était l’homophobie, on a eu aussi la xénophobie, la chasse aux Rroms, reprise avec zèle par l’actuel ministre de l’intérieur. Dans son rapport moral au congrès de Niort, Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme dénonçait le pouvoir actuel, « contaminé par la peste sécuritaire ».

En avril 2013, trois agressions menées par l’extrême droite ont été recensées : le 7 avril 2013, à Paris, contre un couple gay ; le 17 avril à Lille, contre un bar gay ; le 23 avril, à Lyon, contre des policiers et un photographe de presse. Hier soir, c’est un meurtre qui a été commis (source Rue 89).

La presse présente Clément Méric, la victime, comme un militant d’extrême gauche. Et alors ? Est-ce un crime ? En fait d’extrême gauche, on sait surtout que Clément était un militant antifasciste, qui participait aux actions du groupe « Action antifasciste Paris Banlieue ».

Des manifestations sont organisées dans la journée, à Paris, mais aussi en province : à Quimper, la Ligue des droits de l’Homme appelle à un rassemblement, à 18h30, place Saint-Corentin. A Brest également à 18h30, place de la Liberté.

La fédération de Paris de la Ligue des droits de l’Homme a publié un communiqué et appelé à participer aux différentes manifestations organisées dans la capitale.

De nombreuses voix s’élèvent pour demander la dissolution de ces groupes d’extrême droite.

Lire aussi : Libération, Le Monde,  le blog du parti de gauche, Le Plus du Nouvel Obs, Politis.

Une vague blanche pour la Syrie, 6 rassemblements en Bretagne

En Bretagne, six rassemblements sont prévus dans le cadre du mouvement mondial de solidarité « une vague blanche pour la Syrie » :

  • Saint-Brieuc (22), 18h30, mairie (Ligue des droits de l’Homme) ;
  • Gouarec (22), ATTENTION, le 16mars, 12h30, place du calvaire (Amesty International) ;
  • Brest, devant la mairie, 19h ;
  • Quimper, devant la mairie, 19h (ACAT, Amnesty International) ;
  • Rennes, place de la mairie, 19h (ACAT, Amnesty International, Ligue des droits de l’Homme) ;
  • Saint-Malo, 18h30, porte Saint-Vincent (Ligue des droits de l’Homme).
Voici le communiqué commun publié par l’ensemble des association partenaires du mouvement.

Le 15 Mars prochain marquera les deux ans du début de la révolution syrienne. Le Comité de La Vague blanche, avec le soutien d’Amnesty International France, la FIDH et la LDH, organise ce jour-là un événement inédit, à savoir une manifestation internationale en solidarité avec le peuple syrien : « Une vague blanche pour la Syrie »

Pour briser le silence, pour dire Stop, et faire savoir au peuple syrien qu’il n’est pas seul.

Le principe en est simple : demander aux peuples du monde entier de s’unir au peuple syrien en manifestant à la même heure locale, de 19h à 19h30, un papier ou un tissu blanc à la main, le mot « Stop » écrit dessus.

Se déclenchera ainsi au fil des fuseaux horaires et à travers le monde, une « ola » mondiale de protestation, une immense vague blanche, reprise au fil de la journée par les médias.

Pour la visibilité de la manifestation, le rendez-vous sera donné devant les mairies ou au plus près des mairies. Tout rassemblement sera laissé à l’initiative de chacun sur les lieux de travail ou de loisirs.

Ce soir là, chacun pourra poster sa photo, le mot Stop à la main, sur le site : http://www.vagueblanchepourlasyrie.org, afin de créer une vaste manifestation sur le net et les réseaux sociaux avec notamment une page Facebook dédiée.
Ainsi, chacun pourra participer.

Plus de cinq cents personnalités ont déjà rejoint la « Vague blanche » le 17 Avril dernier (jour anniversaire de l’Indépendance de la Syrie), lors du lancement de ce mouvement au Trocadéro à Paris, et dans plusieurs villes de France. Des milliers de photos ont été postées sur le site.

Aujourd’hui, des relais sont nécessaires aux quatre coins de la planète afin de faire le lien entre toutes les ONG dédiées aux droits de l’homme, et toucher le plus grand nombre : mairies, villes jumelées, monde médical, monde des affaires, monde du spectacle et de l’audiovisuel, réseaux sociaux, personnalités de renom international…

Ainsi, nous faisons appel aux initiatives individuelles, à la société civile, à l’imagination de chacun, pour que de la petite à la plus grande manifestation, les tissus blancs se lèvent partout dans le monde, en une action solidaire libre de toute influence politique, étatique ou partisane.

 Télécharger l’appel commun.

Télécharger le communiqué de presse commun.

 

 

 

8 mars : manifester pour les droits des femmes

Fermetures de centres, délais très longs, refus de certains hôpitaux de le pratiquer : l’interruption volontaire de grossesse, autorisée par la loi, remboursée par la sécurité sociale, est pourtant devenue difficile en France. Si on ajoute à cela le lobbying intense des officines catholiques intégristes pour compliquer le parcours des femmes, on arrive parfois à des situations dramatiques. Aujourd’hui encore, des femmes sont contraintes d’aller à l’étranger, faute de places en France.

Alors, la journée internationale des droits de la femme conserve tout son sens, et on se tromperait lourdement si on pensait qu’il n’y a plus de problème. L’IVG en est une illustration, mais il y a d’autres domaines où les droits et l’égalité des sexes ne fonctionnent pas : les écarts de salaires, les violences conjugales, la discrimination au travail…

Autant d’excellentes raisons de participer demain, le 8 mars, aux manifestations organisées partout en France ! A Saint-Brieuc, dans les Côtes d’Armor, ce sera à 12h30, place Salador Alende. Le collectif d’organisation, auquel participe la fédération des Côtes d’Armor de la Ligue des droits de l’Homme, a publié un tract, téléchargeable ici. Lire également cet article.

 

Contre le licenciement et les poursuites judiciaires à l’encontre des salariés en lutte à PSA Aulnay-sous-Bois

Depuis le 16 janvier, les salariés du l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois sont en grève pour protester contre la fermeture annoncée de leur usine. Un nouvelle fois, le patronat tente de « criminalier » l’action syndicale. Le syndicat CGT de l’usine explique que la direction « se lance maintenant dans la criminalisation de l’action revendicative : Najib Azahriou, Onay Bunul, Salah Keltoumi, Samir Lasri, Agathe Martin et Julien Méléard ont été convoqués pour entretien préalable au licenciement, avec mise à pied conservatoire, et donc sans salaire. Quatre d’entre eux, ainsi qu’Ahmed Berrazzel, Abelghani Gueram et Youcef Zanoune, ont été convoqués à la Sûreté territoriale sur plainte d’huissiers payés par PSA. Tous sont ouvriers à PSA Aulnay depuis des années. Tous sont des militants actifs de la grève : en les visant, c’est la résistance ouvrière que cible la direction ».

Le syndicat lance donc une pétition pour soutenir ces salariés et exiger l’abandon des poursuites engagées contre eux, et Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme en a été un des premiers signataires. Elle peut être signée ici.

Voici le texte de cette pétition :

Depuis le 16 janvier, des centaines de salariés de PSA Aulnay-sous-Bois sont en grève contre la fermeture de leur usine et pour qu’aucun d’entre eux ne se retrouve au chômage. S’inscrivant dans un vaste plan de 11 200 suppressions d’emplois, cette fermeture aurait des conséquences désastreuses pour les 3 000 salariés de l’usine d’Aulnay, pour leurs familles et, au-delà, pour la Seine-Saint-Denis, un département sinistré. Après avoir longtemps menti en niant ce plan de licenciements, la direction de PSA veut aller vite en besogne. Cette grève constitue pour elle un obstacle, qu’elle veut briser au plus vite. PSA s’est engagée dans une stratégie de la tension, renouant avec des méthodes dont Citroën et Peugeot sont coutumières depuis toujours : lock-out, vigiles aux portes de l’usine, mobilisation de cadres et agents de maîtrise d’autres sites pour intimider les grévistes, campagne de presse, etc.

Elle se lance maintenant dans la criminalisation de l’action revendicative : Najib Azahriou, Onay Bunul, Salah Keltoumi, Samir Lasri, Agathe Martin et Julien Méléard ont été convoqués pour entretien préalable au licenciement, avec mise à pied conservatoire, et donc sans salaire. Quatre d’entre eux, ainsi qu’Ahmed Berrazzel, Abelghani Gueram et Youcef Zanoune, ont été convoqués à la Sûreté territoriale sur plainte d’huissiers payés par PSA. Tous sont ouvriers à PSA Aulnay depuis des années. Tous sont des militants actifs de la grève : en les visant, c’est la résistance ouvrière que cible la direction.

Nous ne pouvons rester indifférents ! En criminalisant, en licenciant ces militants, c’est la liberté syndicale qu’on met en cause. Le combat des salariés de PSA Aulnay est juste. Nous exigeons l’annulation des poursuites et des procédures de licenciement contre les militants syndicaux de PSA Aulnay.

 

Mariage pour tous : belle manifestation à Saint-Brieuc

350 personnes à Saint-Brieuc, samedi 2 février, pour défendre le projet de loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe. Non que le projet soit menacé : une large majorité existe à l’assemblée nationale pour qu’il soit voté. Mais l’acharnement dont font preuve ses adversaires doit nous maintenir mobilisés, afin que le gouvernement ne soit pas tenté de faire des « concessions », qui seraient autant de reculs et de renoncements. Ce projet de loi concerne un acte civil, dans lequel religions, foi et croyances n’ont rien à faire. Ce projet de loi concerne des personnes dont les droits sont bafoués : les leur accorder n’en enlève aucun aux hétérosexuels. Ce projet de loi et l’aboutissement d’un long cheminement, qui avait commencé en 1982 avec la dépénalisation de l’homosexualité. Il est bon de se souvenir qu’à l’époque, des personnalités politiques qui sont encore en place avaient voté contre, M. Fillon notamment : ces gens-là considéraient que l’homosexualité devait être punie par la loi ! Ce sont les mêmes qui, aujourd’hui, brandissent des menaces ridicules. Comme l’a dit un député socialiste pendant les débats, en 1981 ils brandissaient la menace de l’arrivée massive de chars russes dans les rues de Paris, aujourd’hui ils attendent avec anxiété l’arrivée de cohortes de chars de la gay pride aux fontières du pays ! Et comme le ridicule ne tue pas, ils s’en donnent à cœur joie, entre mensonges, manipulations, dénis et insultes.

Comme l’a dit un des organisateurs de la manifestions : « nous sommes là pour défendre nos droits, alors qu’on ne devrait pas avoir besoin de le faire ». Par cette phrase, il a résumé l’ensemble du problème : on ne devrait pas avoir besoin de défendre ses droits… Eh bien si, et il faut se rappeler en permanence qu’un droit n’est jamais acquis définitivement. Il faut sans cesse le consolider, se souvenir qu’il peut être menacé. C’est le combat de la Ligue des droits de l’Homme.

Il faut donc rester mobilisés, d’autant que d’autres combats vont arriver rapidement dans le même champ : la procréation médicalement assistée, l’euthanasie… Il faut se souvenir dès maintenant qu’ils seront prêts à toutes les bassesses pour tenter de faire échouer le progrès.

Pendant ce temps là les opposants au projet manifestaient aussi. Ces grands protecteurs des enfants n’hésitent pas à les instrumentalisant, en les obligeant à manifester pour quelque chose qui les dépasse…

 

« Mariage pour tous » : Tous à la manifestation samedi 2, place de la Liberté à St-Brieuc (22)

La façon dont se déroulent les débats sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, à l’assemblée nationale, confirment ce que nous redoutions : l’opposition use et abuse d’artifices réglementaires pour retarder l’adoption de la loi. Ils font des efforts d’imagination impressionnants. Pas plus tard que ce matin, Marc Le Fur, député de la 3ème circonscription des Côtes d’Armor, n’a pas hésité à brandir la menace de hordes d’étrangers homosexuels envahissant la France, fille aînée de l’église, pour venir s’y marier, puisqu’ils n’en auraient pas le droit chez eux…

Tous à la manifestation à Saint-Brieuc

La fédération départementale des Côtes d’Armor de la Ligue des droits de l’Homme appelle à participer à la manifestation en faveur du mariage étendu aux personnes de même sexe samedi 2 février.

Pour la Ligue des droits de l’Homme, « Instaurer le mariage entre personnes du même sexe c’est : la reconnaissance de l’égale dignité des couples et de l’égale dignité de leurs projets parentaux, une protection pour les milliers d’enfants concernés dans le respect des droits de l’enfant, une loi laïque, de liberté et de fraternité, une avancée pour toute la société ».

Lieu modifié

Attention, la manifestation aura lieu samedi 2 février à 15h, place de la Liberté à Saint-Brieuc, et non place du général De Gaulle comme indiqué initialement dans la presse.

Saint-Brieuc : rassemblement samedi 2 en faveur du « mariage pour tous »

Un rassemblement est organisé samedi 2 février, à 15h, devant la préfecture des Côtes d’Armor, à Saint-Brieuc (22), en faveur du projet de loi sur le mariage des personnes de même sexe. Ce rassemblement est organisé par l’association LBGT Armor (Lesbiennes Gays Bis et Trans). Il est soutenu par des partis politiques : parti socialiste, parti de gauche, Europe écologie les Verts, l’UDB, des associations : Ligue des droits de l’Homme, SOS-Homophobie, David et Jonathan, et des syndicats.
Il ne fait aucun doute que la loi sera votée, mais il est important qu’on n’entende pas que les opposants au projet. Leurs efforts semblent bien vains, puisque les derniers sondages font état de plus de 60% d’opinion favorable au projet. Il faut cependant poursuivre la mobilisation, d’autres projets attendent derrière celui-ci et la vieille droite réactionnaire essaiera encore d’arrêter le cours de l’histoire.

Ce dimanche, aller à la manifestation de soutien au projet de loi sur le « mariage pour tous »

Ce dimanche, c’est la riposte des défenseurs du projet de loi sur l’extension du mariage aux couples de même sexe. On parle aussi du « mariage pour tous », expression vivement critiquée par une psychanalyste et historienne, Elisabeth Roudinesco (lire son interview passionnante par les Inroks, ici), qui par ailleurs défend avec force ce projet : elle estime que parler de « mariage pour tous » permet à ses opposants de s’engouffrer dans des fantasmes malsains, tels celui de l’inceste. Les mots sont importants, elle a raison de le rappeler.

La manifestation des opposants avait réuni de très nombreuses personnes. Personne ne le conteste, et espérons que cette vaine querelle des chiffres ne se reproduira pas ce soir. La mise au point de la préfecture de police qui a donné à la presse la possibilité de vérifier ses méthodes de comptage contribuera sans doute à davantage de sérénité sur ce plan.

Mais somme toute, est-ce si important ? Et peut-on vraiment se réjouir qu’une telle foule se soit mobilisée pour empêcher une minorité d’obtenir les mêmes droits que la majorité ? Car c’est bien cela dont il s’agit : les opposants au mariage étendu aux couples de même sexe ne supportent pas que les droits dont ils bénéficient puissent également bénéficier aux homosexuels. Tout en se défendant, bien entendu, d’être homophobes ! alors, on détourne le débat vers l’intérêt « supérieur » de l’enfant. Argument bien fragile, lorsqu’on connaît les familles actuelles, dites « recomposées », où déjà de nombreux enfants vivent avec des parents et beaux-parents homosexuels, hommes ou femmes, et le vivent très bien. Mais c’est un fait, l’argument de l’enfant peut avoir de l’effet sur certains : on touche la corde sensible, même et travestissant la réalité. Et de fait, le débat, s’il a existé (et ce ne sont certainement pas les opposants au projet qui l’ont aidé à exister), sort du rationnel, pour sombrer dans le fantasme, quand ça n’est pas dans le mysticisme : on a entendu de vieilles dames très distinguées rappeler, sans rire, que le diable existe bien, et qu’il est en train de revenir (il s’était donc absenté ?) !

Heureusement, même dans les milieux où prospèrent ces arguments, essentiellement milieux religieux intégristes, et milieu de droite « forte », certains commencent à réagir et à dire « ça suffit ». Tel cet ancien vice-président du Figaro, Philippe Villin, qui n’hésite pas à déclarer : « L’essentiel des leaders de droite est « à côté de la plaque » et « entre dans l’avenir à reculons ». ». Ou encore Aurore Bergé, militante et responsable UMP. Il paraît que de nombreux homosexuels partent aujourd’hui de l’UMP, ne supportant l’atmosphère qui y règne.

Alors, pourquoi aller à la manif aujourd’hui ? Le projet sera adopté, c’est une certitude. Manifestation inutile ? Certainement pas. Il faut encore et encore rappeler tous les arguments qui justifient cette loi : bien que toujours en tête des sondages, l’approbation de ce texte par « l’opinion » a besoin d’être consolidée. Et il faut penser à l’avenir : dans quel climat se dérouleront les premiers mariages ? Quel sera le comportement de certains maires qui n’attendent qu’une chose, en découdre ?

Une dernière chose, mais pas la moindre, ce tweet, découvert ce matin, signé @Nicolasbdf :  » La « tolérance ». Je n’en peux plus de ce mot misérabiliste. Non, je ne veux pas qu’on me tolère. Je veux qu’on me respecte à égalité. »