11 novembre à Trévé : inauguration de la stèle à la mémoire des tirailleurs sénagalais

La plaque de bronze réalisée par Annie Lagadec

Le 11 novembre 2011, à 11h, Joseph Collet, maire de Trévé, inaugurera la stèle réalisée par Annie Lagadec à la mémoire des tirailleurs sénégalais internés dans un camp de novembre 1944 à février 1945. Ce sera l’épilogue d’une longue aventure, qui a mobilisé la section de la Ligue des droits de l’Homme Loudéac centre Bretagne de janvier à avril 2011.

Tout est parti d’un courrier électronique d’Armelle Mabon, historienne, spécialiste des combattants étrangers de l’armée française  pendant la deuxième guerre mondiale. Elle prend contact avec la section en octobre 2010, et nous signale l’existence, à Trévé, d’un camp où avaient été internés 400 tirailleurs sénégalais de novembre 1944 à février 1945. Ces hommes avaient été faits prisonniers par les Allemands au début de la guerre. Mais les nazis redoutant les maladies et surtout le mélange des races, ces hommes (on estime leur nombre à 70 000) ont été enfermés dans des « frontstallags », installés en France. A la Libération, nombre d’entre eux ont refusé de retourner chez eux : on ne leur avait pas réglé leur solde. Pour beaucoup, l’affaire s’est terminée dans le sang, avec notamment le massacre de Thiarroye, près de Dakar, au cours duquel il y a eu des dizaines de morts. Une partie de ceux qui étaient au frontstallag de Morlaix ont été transférés au camp de Trévé.

La section a alors décidé de faire revivre la mémoire de ces événements, et de janvier à mars 2011, Annie et Noël Lagadec et Jérôme Lucas se sont mis à la recherche de témoins de cette époque. Une trentaine de Trévéennes et Trévéens ont ainsi témoigné de ce qu’ils avaient vécu (lire les témoignages et voir les vidéos ici), et le nombre de témoignages a permis de se faire une idée assez précise de ces événements. Ils ont été rassemblés dans un recueil, intitulé « Nous n’avions jamais vu de Noirs », publié aux éditions Récits.

La conclusion de ce travail a été, outre la publication de ce recueil, l’organisation d’une manifestation publique au cours de laquelle a été projeté le film écrit par Armelle Mabon, « Oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-arfricains ». A cette occasion, Joseph Collet, maire de Trévé, a proposé l’érection, à l’emplacement du camp, d’une stèle à la mémoire de ces soldats. Annie Lagadec, sculpteur, membre de la section, a réalisé la plaque de bronze (vidéo ici) qui sera fixée sur la stèle.

Le texte de la plaque : « De novembre 1944 à janvier 1945, plus de 300 ex-prisonniers de guerre africains ont été internés en ce lieu. Ne percevant pas leur solde, ils ont refusé d’embarquer à Morlaix pour rejoindre leur pays. Le 1er décembre 1944, leurs frères d’armes étant arrivés au Sénégal sur le Circassia furent victimes de la tragédie de Traroye. La population de Trévé se souvient. »

Le monument sera inauguré vendredi 11 novembre, à Trévé, par Joseph Collet, maire, Ronan Kerdraon, sénateur, et en présence d’Armelle Mabon, historienne, et d’Annie Lagadec.

Le bronze de la stèle de Trévé est revenu de la fonderie

Annie Lagadec a réalisé un plaque commémorative à la mémoire des Tirailleurs sénégalais qui ont séjourné au camp de Trévé de novembre 1944 à février 1945. On peut la voir au travail ici, et le dossier complet ici. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

Son travail, réalisé en terre, a été confié à une fonderie, qui en a fait une plaque de bronze. La plaque sera fixée sur un monument, que la municipalité de Trévé va ériger à l’emplacement du camp, et qui sera inauguré le 11 novembre 2011.

C’est le prolongement d’une grande aventure qui a début en janvier dernier dernier. Armelle Mabon, historienne, et ligueuse, nous avait signalé l’existence de ce camp à Trévé. Noël et Annie Lagadec, et Jérôme Lucas ont recueilli les témoignages d’une trentaine de Trévéens qui se souvenaient de ce camp. Ces témoignages, une fois collectés, ont été mis en forme, et rassemblés dans une recueil réalisé par Jérôme Lucas, et édité aux éditions « Récits ». La section Loudéac centre Bretagne, l’association Cac sud 22 – centre Marc Le Bris, et les éditions Récits ont organisé une manifestation à Trévé le 16 avril dernier, au cours de laquelle a été projeté le film d’Armelle Mabon, « Oubliés et trahis », qui relate l’histoire dramatique de ces soldats africains oublié et trahis par la République, à la fin de la seconde guerre mondiale. Le maire de Trévé, Joseph Collet, a alors proposé que la commune érige une stèle sur les lieux du camp, à la mémoire de ces soldats. Elle sera inaugurée le 11 novembre 2011, à l’occasion de la commémoration de l’armistice de 1918.

Annie Lagadec a terminé la stèle à la mémoire des Tirailleurs sénégalais

La stèle réalisée par Annie Lagadec.

Elle apportera son travail à la fonderie lundi 6 juin : Annie Lagadec a terminé la stèle qui sera installée à l’emplacement du camp où ont séjourné, de novembre 1944 à février 1945 les soldats africains qui ont refusé de rentrer chez eux parce qu’ils n’avaient pas touché leurs soldes.

La vidéo montre Annie au travail, et l’évolution de son projet, depuis le dessin jusqu’à son achèvement.

La stèle sera inaugurée le 11 novembre 2011,à l’occasion des cérémonies commémoratives de l’armistice de 1918.

Vous pouvez voir les oeuvres d’Annie sur son site : c’est ici.

La couverture du livre « Nous n’avions jamais vu de Noirs »

Le livre « Nous n’avions jamais vu de Noirs », qui rassemble les témoignages de Trévéens sur le camp des Tirailleurs sénégalais est en cours d’impression. Il est édité conjointement par la Ligue des droits de l’Homme, CAC sud 22 – centre Marc Le Bris, la mairie de Trévé, et il paraît aux éditions « Récits« .

En avant première : la couverture et la 4ème de couverture du livre, qui sortira le 25 mai.

Une stèle en hommage aux Tirailleurs sénégalais du camp de Trévé

Le projet de stèle à la mémoire du camp de Trévé, par Annie Lagadec.

Joseph Collet, maire de Trévé, en avait émis l’idée le 14 avril, après la projection du film écrit par Armelle Mabon, « Oubliés et trahis« , sur l’histoire des prisonniers de guerre coloniaux de la seconde guerre mondiale, qui avaient été rassemblés dans un camp à Trévé, de novembre 1944 à février 1945 : la municipalité va faire ériger une stèle en hommage à ces 300 hommes.

C’est Annie Lagadec, (membre de la section Loudéac centre Bretagne, elle a, avec son mari Noël, retrouvé à Trévé une trentaine de témoins de cet événement) qui va concevoir et réaliser la stèle. Elle a commencé à y travailler. La stèle sera coulée en bronze, et accompagnée d’un texte explicatif gravé lui aussi dans le bronze.

L’inauguration du monument est prévue le 11 novembre 2011, à l’occasion de la cérémonie commémorative de l’armistice.

Marie Créhan, 7 ans en 1944, Le Hinlée

Une employée de chez Madame Martin avait fait la connaissance d’un noir. Quand on allait à l’école, elle nous attendait aux Fontaines du Hinlée. Elle donnait du courrier à Eugène, qui avait la responsabilité de poster la lettre pour Monsieur Baril. C’était Maria, elle devait avoir 20 ans. Je ne sais pas comment elle avait fait sa connaissance. Elle a correspondu longtemps avec lui. Mais je ne sais pas si les lettres arrivaient. Nous, on rigolait avec ça. On était contents de porter les lettres et on avait du plaisir à lire l’adresse.

Nous avons su qu’elle mettait sur l’enveloppe : «  si la lettre n’arrive pas à mon Sénégalais vous allez entendre parler de moi ! »

Jeanine Le Roux, Foeil-Marreuc

Je me rappelle, nous sommes venus de Foeil- Marreuc avec la maîtresse, madame Marie Allain, voir les noirs. Nous étions une quarantaine d’enfants. On était venus à pied, en chantant et en marchant au pas « Sur la route de Louvier » et « Dans la troupe, y’a pas jambes de bois ».

En arrivant, on a vu plein de noirs. Nous ne sommes pas restés longtemps : 10 minutes ou un quart d’heure. On n’a pas dû discuter avec eux parce qu’on ne s’est pas bien approchés !