Non au « mur de la honte » à Calais !

Le nombre de migrants explose à Calais, depuis quelques mois. Comme d’habitude, les politiques, incapables de trouver des solutions pérennes et respectueuses des droits de ces réfugiés, parent au plus pressé, avec des solutions qui n’en sont pas, consistant la plupart du temps à déplacer le problème. Dernière idée : la construction d’un mur, comme l’ont fait les Espagnols à Ceuta et Mellila (lire ici et ). Dans un article consacré à ce problème, le site des Inrocks précise : « Le ministre de l’Intérieur actuel, Bernard Cazeneuve, pressé de trouver une solution, a annoncé l’ouverture en janvier d’un centre de jour – ne passent-ils pas leurs nuits à courir après des camions ? Les associations y voient surtout un moyen de nettoyer le centre-ville. Parallèlement, le ministre de l’Intérieur a passé un accord avec le Royaume-Uni : les Anglais financent à hauteur de 15 millions d’euros la construction d’une palissade infranchissable autour du port de Calais, enjeu touristique et économique. Il ne faut plus voir au journal de 20 heures ces images de centaines de migrants entrant dans le port et donnant corps au fantasme d’invasion lepéniste – que les chiffres infirment »

Le Mouvement Emmaüs, et l’Organisation pouri,e Citoyenneté universelle, auxquels s’est jointe la Ligue des droits de l’Homme et de nombreuses autres associations lancent un appel pour faire échouer ce triste projet.

L’appel est téléchargeable ici, et son texte reproduit ci-dessous.

Douze ans après la fermeture du hangar de Sangatte, la France va-t-elle avoir son Ceuta et Me­lilla à Calais ? Le nombre croissant de migrants, présents depuis plusieurs mois dans le Calaisis, conduit nos gouvernants à franchir une étape dangereuse pour les libertés et le respect des droits des migrants.

Non au « mur de la honte » à Calais !

La légitimité de la présence des migrants est incontestable. Les pays dont ils proviennent – Afghanistan, Erythrée, Irak, Libye, Soudan, Syrie, notamment – en témoignent. Ils fuient la guerre, la répression, la dictature et l’arbitraire à la recherche d’une protection en Europe. Contraire­ment à ce qui est répété inlassablement, y compris au sommet de l’Etat, il ne s’agit nullement d’une « invasion ». Les conditions de survie indignes qui leur sont imposées en France sont into­lérables. Malgré la solidarité des associations locales et la générosité des calaisiens, ils su­bissent l’abandon des pouvoirs publics qui proposent, à la marge, des solutions insuffisantes et n’assument pas leur responsabilité. Des moyens puissants doivent être déployés immédiate­ment pour secourir ces réfugiés qui se sont tournés vers nous. Faut-il attendre les premiers morts de froid dans les jungles de Calais pour déclencher enfin une réelle prise de conscience ?

Une nouvelle escalade dans l’aveuglement est en marche avec la construction d’un mur et le déploiement d’un dispositif sécuritaire de grande envergure à Calais, véritable appareil de guerre contre les migrants, entre la France et le Royaume-Uni. Nous, migrants et organisations de la société civile qui travaillons côte à côte depuis des années, refusons une telle dérive et deman­dons à nos concitoyens de s’y opposer fermement et massivement.

Depuis des décennies, les contrôles renforcés aux frontières, les dispositifs de surveillance, d’in­timidation et de contention, les mesures de déportation des migrants ont totalement échoué, ont coûté très cher et ont surtout provoqué des milliers de morts. Le mur en construction à Calais n’est qu’une nouvelle et triste illustration de cette réponse sécuritaire. Est-ce cela que nous voulons poursuivre, dans une fuite en avant inacceptable et irresponsable ?

En refusant l’asile et l’accueil, c’est la liberté dont nous jouissons nous-même qui est menacée : nous construisons les murs de notre propre prison. De cela nous ne voulons pas ! L’érection de fortifications à Calais doit cesser, et des discussions s’ouvrir sans attendre avec les autorités britanniques pour recevoir les demandes d’asile qui s’adressent à elles (comme cela a été pra­tiqué en 2002, à l’occasion de la fermeture du camp de Sangatte). Avec tous les Etats européens, ou avant eux, la France doit revoir la totalité de sa législation et de sa réglementation en matière d’asile et de migration (dénonciation du règlement Dublin et suppression de Frontex). Elle doit le faire dans le strict respect de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, comme de la Convention de Genève. La France doit enfin réviser sa dangereuse et illusoire conception « nationale » de la migration, totalement inadaptée à la mondialisation des échanges humains et aux drames vécus aux portes de l’Europe. La France doit contribuer, au sein de l’ONU, à promouvoir une nouvelle gouvernance en matière de migration, respectueuse de la li­berté de circulation, des droits enfin reconnus et appliqués pour tous les migrants.

Non au « mur de la honte » à Calais !

Le 18 décembre prochain, Journée Internationale des Migrants, nous, migrants et organisations de la société civile engagées aux cotés des migrants, appelons à une mobilisation d’ampleur, à Calais et partout en France,

► pour dénoncer l’indignité de l’accueil des migrants et exiger, conformément aux propositions des acteurs associatifs, la mise en place d’un dispositif d’accueil réaliste dans le Calaisis ;

► pour refuser la réponse sécuritaire et la construction, en notre nom, du mur de la honte à Calais ;

► pour obtenir de nouvelles politiques migratoires au niveau national, européen et mondial, respectueuses des droits et de la dignité des migrants.

« Mos Maiorum » : la chasse aux migrants est ouverte en Europe !

« Mos Maiorum » : c’est ce nom charmant que les forces de police européennes ont choisi pour désigner l’opération qu’ils vont mener durant 13 jours, du 13 au 26 octobre, contre les migrants. C’est aussi une locution latine qui signifie « mœurs des anciens », « coutume des ancêtres »… Ce n’est évidemment pas cela l’objectif affiché : ces forces disent vouloir s’attaquer aux réseaux mafieux qui organisent le passage des migrants en Europe, en les faisant payer des fortunes pour des voyages à l’issue souvent dramatique. Mais on sait parfaitement que cette opération va finalement être une chasse aux migrants, qui vont une nouvelle fois payer un lourd tribut.

L’association européenne pour la défense des droits de l’Homme, présidée depuis son dernier congrès par le Français Dominique Guibert, ancien secrétaire de la Ligue des droits de l’Homme (jusqu’en 2013), dénonce cette opération, en expliquant ses dangers et ses objectifs réels, bien moins avouable que ceux qu’elle affiche. (Lire aussi l’excellent papier de Claire Richard, publié dans Rue 89 et intitulé « Mos Maiorum : en deux mots, l’Europe fait du sans-papier un barbare ».

Bruxelles, le 15 octobre 2014

13-26 Octobre en Europe : La chasse aux migrants sans papiers ?

Les États membres de l’Union européenne ont décidé de mettre sous pression les demandeurs d’asiles et plus généralement les migrants. L’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme (AEDH) regrette cette double opération de police et de propagande.

Une opération de police. Pendant 13 jours, les forces de police avec l’aide de l’agence Frontex et d’Europol et sous la responsabilité politique du Conseil européen vont procéder à des contrôles de papiers dans l’espace Schengen et aux frontières extérieures de l’Union.

Une opération de propagande. Il est prévu que cette opération de grande envergure intercepte et collecte des données personnelles sur les détenteurs de faux documents, les demandeurs d’asile déboutés mais aussi sur les passeurs. L’AEDH juge profondément choquant de mettre sur le même plan les uns et les autres, tous considérés comme des criminels. Est-ce cela que signifie « mettre fin au drame de la migration » ?

Une semaine après le festival « Sabir » qui a commémoré le drame de Lampedusa d’octobre 2013, un mois après le dernier de ces naufrages meurtriers, au bout du sinistre compte qui fait dire que 3000 migrants sont morts en mer en ces mois de 2014, l’Union européenne reprend la chasse. Et ainsi au lieu de présenter les migrants comme des victimes, la communication utilisée les transforme en autant de dangers. Si ce n’était pas tragique, ce serait une mascarade : appliquer le même but, c’est-à-dire le même traitement aux victimes – les trépassés – qu’aux criminels – les passeurs – témoigne d’une volonté politique qui désigne l’immigration comme un problème dont la solution n’est que répressive.

Quelques jours après la session à Luxembourg du Conseil européen dans sa formation Justice et Affaires intérieures (JAI), l’opération ainsi lancée doit-elle être considérée comme la concrétisation de la politique d’immigration choisie par les gouvernements avec la nouvelle Commission européenne en exécutrice des basses œuvres ? Quoiqu’il en soit, l’information sur la réalité de cette opération est restée extrêmement limitée, à tel point que le Parlement européen n’en a pas été averti et qu’aucune information n’a été présentée sur les suites des interpellations. S’agissait-il d’une opération qui devait rester secrète pour être efficace ? Ce serait la démonstration évidente d’une méconnaissance stupéfiante de la réalité. S’agissait-il d’une opération de propagande qui devait devenir publique pour remplir son office ? Ce serait la démonstration de l’inutilité de ces contrôles. On ne peut que s’étonner du manque de lucidité révélée par les quelques éléments dont on dispose pour en juger. Comment font les passeurs quand ils sont convaincus de l’imminence d’un contrôle ? Soit ils abandonnent les personnes à leur errance, soit ils diffèrent leur « livraison » de quelques jours. Au bout du compte, seuls les passeurs ne sont pas inquiétés et c’est le séjour irrégulier des migrants et des demandeurs d’asile qui est considéré comme un délit criminel, au rebours de la jurisprudence dela Courde Justice de l’UE.

Dans ce contexte l’AEDH maintient que la migration n’est pas un crime et que les demandeurs d’asile et les migrants à la recherche de meilleurs conditions de vie ne sont pas des délinquants. Elles et ils ont des droits! Les migrants ne constituent pas une menace et les réfugiés ne sont pas des envahisseurs. L’AEDH agit pour que leurs droits leur soient reconnus et pour que l’UE organise la politique commune d’accueil digne des principes d’universalité de l’humanité qu’elle prétend défendre.

Najat Vallaud-Belkacem : faire échec au racisme et à la haine (Ligue des droits de l’Homme)

Après Christine Taubira, c’est au tour de Najat Vallaud-Belkacem d’être victime d’attaques racistes d’une rare violence, à la fois de la part de personnalités politiques et de journaux d’extrême droite (minute, valeurs actuelles…).

La Ligue des droits de l’Homme a publié jeudi un communiqué pour dénoncer ces attaques qui ont atteint un degré inquiétant dans l’ignominie.

Les agressions contre Christiane Taubira ont inauguré de façon spectaculaire le retour d’un racisme désinhibé dans le débat politique.

Sa nomination comme ministre de l’Education nationale a littéralement déchaîné, contre Najat Vallaud-Belkacem, un torrent de boue et d’abjections. S’y mêlent, pêle-mêle, le rejet de l’étranger et pire encore, de l’étrangère ou étiquetée telle, la dénonciation de la supposée musulmane, porteuse ou non d’un voile, la haine, enfin, contre la femme de conviction, militante de l’égalité entre femmes et hommes, et aujourd’hui à la direction d’un ministère où sont défendues les valeurs de l’école laïque et républicaine.

Orchestrée par des publications d’extrême droite dont l’éthique est celle du caniveau, cette campagne soulève le cœur de toutes celles et ceux qui ont la démocratie au cœur et partagent une haute idée de la chose publique et du débat qui devrait en être la marque.

La Ligue des droits de l’Homme déplore que, pour la plupart d’entre eux, les responsables de la droite se soient réfugiés dans un mutisme complice qui les amène aux côtés de la droite extrême. Elle salue le courage de celles et ceux qui ont choisi de ne pas suivre ce chemin de honte. Elle assure la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, de sa solidarité face à des propos qui, au-delà de sa personne, visent la République, ses valeurs de fraternité et d’égalité. Elle invite les citoyennes et citoyens à se mobiliser pour faire échec à tout ce qui vise à substituer la haine au débat, la violence à la raison, la xénophobie au vivre ensemble.

 

Lynchage d’un adolescent Rrom : la réaction de Romeurope

Le lynchage d’un jeune Rrom, lundi soir à Pierrefitte-sur-Seine montre l’état de déliquescence dans lequel se trouve la société française. Cet acte immonde soulève deux problèmes :

En premier lieu, celui du racisme et de la xénophobie, que de plus en plus de personnes n’hésitent plus à afficher, n’hésitant pas à passer à l’acte.

En second lieu, mais c’est aussi inquiétant, il soulève le problème d’une frange de la population qui entend « faire justice » elle-même, encouragée par ces politiques qui font la promotion et mettent en place des mesures scandaleuses telles que les « voisins vigilants », qui peuvent devenir des voisins assassins.

Le Conseil national des droits de l’Homme et le collectif Romeurope viennent de publier un communiqué qui dénonce et analyse cet acte :

Les médias rapportent depuis lundi soir le terrible lynchage d’un jeune de 16 ans vivant dans un bidonville de Pierrefitte-sur-Seine (93). Entre la vie et la mort depuis vendredi, cet adolescent aurait été séquestré puis roué de coups par des personnes le soupçonnant d’un cambriolage

Les auteurs de ces actes barbares doivent être identifiés et répondre de leurs actes devant la justice.

Ce fait divers est la terrifiante conséquence de plusieurs années de politiques publiques inefficaces et de prises de paroles d’élus, de représentants de l’État mais aussi de nombreux médias entretenant et surfant sur un climat malsain.

Face aux enjeux posés par la résurgence des bidonvilles dans notre pays, dans lesquels sont cantonnées des familles le plus souvent d’origine roumaine ou bulgare, la réponse n’a été que l’absurde ou l’abject. La destruction continuelle et intensive des bidonvilles ne fait que rendre les difficultés des familles qui y vivent encore plus compliquées à traiter. Cette misère entretenue ne suscite que l’indifférence et fait prospérer un racisme qui touche toute la société française.

Ce drame doit entraîner une prise de conscience ainsi qu’un positionnement clair et différent, au plus haut niveau quant à l’urgence de la mise en place d’une politique radicalement différente pour sortir les familles des bidonvilles et de la misère. Il faut d’urgence poser des actes forts pour arrêter la spirale des violences, sous peine que d’autres drames se produisent. Rien ne peut justifier et encore moins autoriser de tels actes.

Sihem Souïd victime de violentes attaques racistes sur twitter

Le message de Sihem Souïd

Sihem Souïd, le racisme, elle connaît. Fonctionnaire de police, elle en a été victime dans son travail. A tel point qu’elle l’a dénoncé, dans un livre qui a fait grand bruit à l’époque (en 2011), « omerta dans la police », où elle racontait son vécu dans la police de l’air et des frontières.

Cet ouvrage lui a attiré instantanément les foudres du ministre de l’intérieur de l’époque, M. Guéant, (depuis battu, comme son fils, aux législatives et qui vient de subir une longue garde à vue), qui lui a infligé une suspension de 6 mois. Non content de cela, il a porté plainte contre Sihem Souïd pour « violation du secret professionnel ». Bien mal lui en a pris, il a été débouté jusqu’en appel.

Aujourd’hui, Sihem Souïd travaille au ministère de la justice. Et le lundi 26 mai, révoltée par le résultat du front national aux élections européennes, elle a placardé sur la porte de son bureau un message : « Je demande respectueusement aux collègues qui ont mis dans l’urne un bulletin Front national hier de ne plus me faire la bise et encore mieux, ne me dites pas bonjour. Merci de votre compréhension. » Et elle l’a photographiée, et posté sur Twitter…

Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’agressivité de fachos et des racistes : elle a reçu en réponse quantité de twits lui demandant de quitter la France (elle a la double nationalité française et tunisienne) : « si tu n est pas contente retourne chez toi » (orthographe respectée, NDLR) en un des exemples les moins violents. Ce qui ne décourage pas la jeune femme qui twitte alors qu’elle assume totalement ce qu’elle a écrit. Et des messages de soutien commencent à arriver sur son compte.

Cette anecdote (le mot n’est pas franchement bien choisi) montre bien l’état de la France : les facistes et les racistes osent désormais s’afficher, braillent sans honte leurs « idées ».

Ce qui n’empêche pas une frange de la gauche de prétendre que des associations telles que SOS racisme ont contribué à la victoire du front national aux européennes. Ben tiens ! Il faudrait donc courber l’échine devant les racistes ? Si les défenseurs de Dreyfus, les Victor Basch, Francis de Pressensé et les autres l’avaient fait, où en serait-on aujourd’hui ?

En revanche, Valls n’y aurait pas contribué ?

La droite a repris jusqu’à la nausée les thèses du front national dans tous les domaines (les pauvres fraudeurs, les chômeurs fainéants, les Rroms voleurs, le pain au chocolat…). Une certaine gauche, celle de M. Valls, lui a emboîté le pas, comme si pour battre l’adversaire, il suffisait de reprendre ces idées. C’est oublier qu’en général, on préfère l’original aux imitations.

C’est aussi oublié, quoi  qu’en disent certains, que le racisme n’est pas une opinion. C’est un délit. Qu’on le veuille ou non.

Une autre piste permet de trouver des explications au vote du front national : l’adhésion d’une certaine gauche au libéralisme y est aussi pour beaucoup. Il n’est qu’à lire l’ouvrage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, « la violence des riches », pour s’en convaincre.

Le ridicule ne tue pas les fachos

Vu à Béziers...

Le ridicule est moins efficace que le virus Ebola : il ne tue pas. Heureusement pour M. Ménard, nouveau maire de Béziers, qui, soucieux du bien-être de ses administrés, leur interdit d’étendre le linge aux fenêtres des immeubles. Cela aurait de fâcheuses incidences économiques… N’y aurait-il pas un artiste, dans la région de Béziers, pour peindre en trompe-l’œil du linge étendu pour sécher sur les façades des immeubles bittérois ?

Le vieillard Le Pen utilise un autre registre. Il nous y avait habitués. Il compte sur le virus Ebola pour venir à bout de l’immigration qui met notre civilisation en péril : « Mgr Ebola peut régler ça en trois mois », a-t-il déclaré devant des journalistes à Marseille (lire ici), avant bien entendu de brailler comme il sait le faire que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire : « c’était une simple observation », prétend-il… La fille Le Pen va décidément avoir des difficultés à nous convaincre que son parti a changé, et qu’il n’est pas raciste…

Ces premières semaines d’entrée en fonction d’élus municipaux liés au front national sont riches d’enseignement. La perspective d’une victoire aux élections européennes les amène à libérer encore un peu plus leur langage, et à exposer leur véritable nature sans aucun complexe.

Au fait, M. Coppé, si fréquemment « profondément choqué », l’a-t-il été à cette occasion ?

 

Le discours de F. de Pressensé à l’Assemblée nationale après la réhabilitation de Dreyfus

Le colloque organisé par les co-responsables du groupe de travail Mémoire, histoire, archives de la Ligue des droits de l’Homme, Emmanuel Naquet et Gilles Manceron, et consacré à deux figure de l’histoire du XXème siècle disparus il y a tout juste un siècle, Jean Jaurès et Francis de Pressensé, a permis de rappeler les liens d’amitié qui unissaient ces deux hommes, et leur souci commun de faire triompher la justice.

Ci-dessous, voici le discours prononcé par Francis de Pressensé à l’assemblée nationale au moment de la réhabilitation d’Alfred Dreyfus, le 13 juillet 1906. Pressensé était alors député et président de la Ligue des droits de l’Homme (il l’a été de 1903 jusqu’à sa mort en 1914). On est loin des « petites phrases » qui émaillent la vie parlementaire aujourd’hui…

Rappel utile : les vidéos du colloque sont sur cette page.

Messieurs, vous comprendrez que c’est avec émotion que je monte à cette tribune à l’heure actuelle, d’une part pour célébrer avec vous le triomphe de la justice et la clôture judiciaire de cette grande crise, d’autre part pour prendre acte des réparations auxquelles le gouvernement nous a associés en ce qui concerne l’une des plus grandes iniquités qui aient été commises dans les temps modernes, et aussi pour demander au gouvernement s’il ne compte pas donner quelques satisfactions plus amples à la conscience nationale.

Mon émotion est d’autant plus naturelle que je ne peux pas me soustraire à un souvenir. Le jour où nous délibérons, il y a précisément, presque jour pour jour, huit ans que dans cette enceinte même nous assistions, grâce à une défaillance momentanée de l’esprit public, à un triomphe apparent du crime et à une défaite, qui semblait irrévocable, de la cause du droit, grâce à la production d’un faux.

Et aujourd’hui 13 juillet 1906, il y a huit ans jour pour jour que les portes des prisons de la République s’ouvraient devant le colonel Picquart, qui était coupable, lui, d’avoir vu la vérité, d’avoir voulu la dire, de n’avoir pas voulu se rendre complice du supplice d’un innocent, d’avoir découvert un faux et d’avoir voulu le dénoncer au gouvernement. (« Très bien ! Très bien ! »)

II y a quelquefois de ces rencontres, je dirai de ces revanches que la justice nous offre, et il y a vraiment une haute convenance morale que la cour suprême ait fait la lumière définitive, précisément le lendemain de l’anniversaire du jour où nous avions assisté à cette éclipse momentanée de la générosité et de la lucidité du peuple français, qui est en général si épris de droit et de lumière.

Il est aussi tout à fait convenable que nous nous occupions de ces choses à la veille de l’anniversaire du jour où nos pères ont pris la Bastille, non pas assurément pour renverser les pierres d’une forteresse, mais pour détruire un monument qui était pour eux le symbole de l’iniquité, de l’arbitraire et de l’oppression. (« Très bien ! Très bien ! »)

À l’heure actuelle, on peut dire que le drame judiciaire est clos, que le droit a été dit, que l’innocent a recouvré officiellement l’honneur que depuis huit ans il avait reconquis pour tous ceux qui avaient des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

L’artisan sans tache de cette grande oeuvre de justice vient de recevoir le tri¬but du respect, de la reconnaissance, de l’admiration méritée du peuple de France qui va trouver en lui désormais, avec un champion stoïque du droit, un officier de premier ordre qui pourra lui rendre des services incomparables sur d’autres terrains.

Aussi, messieurs, je m’associe avec joie à l’allégresse universelle en ce grand jour. Je salue avec joie l’oeuvre de la Cour de cassation ; je salue avec joie le courage avec lequel cette haute magistrature a su se mettre au-dessus de la tempête d’outrages et de calomnies qui s’était déchaînée sur elle ; elle ne s’est pas préoccupée de ce qui avait été fait ici dans une heure de défaillance ; elle ne s’est pas préoccupée de cette loi de dessaisissement qui ne laissera de souvenir et de trace dans notre histoire que pour flétrir ceux, qui en ont été les auteurs. Je suis heureux également de saluer ceux qui ont été les initiateurs de la seconde révision, monsieur Combes et le général André qui, avec leur loyauté et leur fermeté, ont travaillé efficacement à cette oeuvre de justice. (« Très bien ! Très bien ! » à l’extrême gauche et sur divers bancs à gauche ».)

Je remercie le ministère actuel qui a bien voulu nous offrir ce que j’appellerai «un commencement de réparation », toutes les réparations matérielles qui étaient possibles pour ce qu’avaient souffert d’une part l’innocent, par un supplice sans nom, d’autre part, par une iniquité sans égale, le colonel Picquart…

Malgré cela, messieurs, j’estimerais manquer au premier de mes devoirs, si je me déclarais satisfait à l’heure actuelle, et si je ne posais pas au gouvernement, dès maintenant, les questions qui, j’en suis sûr, sont déjà posées au fond de la conscience de la plupart d’entre vous, et qui monteraient spontanément à vos lèvres si je ne les posais pas moi-même à cette tribune.

Et quand je parle ici, messieurs, j’ai bien le droit de dire que je ne parle pas seulement en mon nom personnel, moi qui me fais honneur, et qui me ferai honneur jusqu’à la fin de ma vie d’avoir pris la place que j’ai prise et d’avoir joué le rôle que j’ai assumé dans ce grand combat. Non ! Je ne parle pas seulement en mon nom personnel ; je sens autour de moi se presser toute la foule de ces grands citoyens qui ont pris parti, eux, dans cette bataille, qui n’ont pas calculé quels en étaient les risques et les dangers, qui ne se sont pas demandé de quel côté étaient les chances -et au début, certes, nous n’avions pas la force, nous étions une poignée d’hommes qui luttions contre une opinion presque unanime. Ils se sont jetés dans la bataille, ce sont eux qui ont contribué le plus efficacement au triomphe du droit. Grâce au sort cruel, ils sont tombés sur le chemin ; ils n’ont pas eu la joie et la consolation de voir le triomphe que nous saluons aujourd’hui et dont ils ont été les bons ouvriers.

C’est leur voix que je voudrais vous faire entendre à la place de la mienne. Je voudrais que ces hommes fussent à la tribune à l’heure actuelle. Ils vous diraient avec éclat, avec force, ce qu’il est indispensable de faire à côté des réparations déjà accordées. Permettez-moi de les rappeler rapidement à votre souvenir.

Ces hommes, c’était tout d’abord Bernard Lazare qui s’était jeté dans la mêlée avec toute l’ardeur de son tem¬pérament chevaleresque et avec sa rai¬son critique formée aux bonnes méthodes scientifiques, nourri du suc des bonnes lettres. (« Très bien ! Très bien! » à l’extrême gauche.) Il eut le courage, il eut l’héroïsme de secouer la consigne et le joug du silence universel, d’attaquer un préjugé unanime.

Avec lui, il y eut Scheurer-Kestner, ce noble enfant de l’Alsace. (Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche.)

À côté de lui était ce grand savant qui s’appelait Grimaux. (Nouveaux applaudissements.) Avec la naïveté, avec la candeur d’un vrai savant, il s’était imaginé qu’il suffisait que la vérité fût démontrée pour qu’elle triomphât ; et il a succombé infiniment moins aux blessures, pourtant bien cruelles, qui furent infligées à ses intérêts et à son coeur, qu’à l’espèce de désespérance qui s’était saisie de lui quand il avait vu la défaillance de la France et quand il avait vu le pays de la Révolution infidèle à ses traditions, à son génie, à sa générosité.

C’était Trarieux, qui nous a montré ce que le culte du droit peut donner d’intuition du juste, et combien la fidélité obstinée et simple à un grand devoir hausse le caractère d’un homme, élargit son esprit et ennoblit sa destinée. (Applaudissements.)

Enfin, il y avait surtout, par-dessus tous, Zola, le grand Zola (Vifs applaudissements à l’extrême gauche et à gauche), Zola, que son amour passionné de la vérité dans tous les ordres avait préparé, prédestiné pour être le serviteur dévoué d’une grande cause. Il n’hésita pas, à la voix de sa conscience, à quitter le calme des lettres sereines, pacifiques, des lettres glorieuses et à se jeter en pleine mêlée. Il n’a pas calculé, quand il a sonné en quelque sorte dans son « J’accuse le boute-selle de cette croisade pour s’y tenir jusqu’au bout au premier rang et pour y porter et y recevoir les coups les plus cruels. (Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche.)

Eh bien ! Ce sont ces hommes que vous devriez entendre à ma place. Ce sont eux qui vous diraient aujourd’hui : « Ah certes ! Nous saluons avec joie la réparation que vous nous offrez pour celui qui, innocent, a souffert si cruellement et si stoïquement à l’île du Diable ; nous saluons la réparation que vous offrez à Picquart, au témoin sans peur et sans reproche de la vérité et de la justice (Nouveaux applaudissements) ; mais cela ne suffit pas, et cela ne peut pas suffire parce qu’il n’y a pas eu seulement ces victimes-là – si dignes d’intérêt qu’elles soient – il y a eu une autre victime, une victime plus grande encore que tous ceux-là : ce fut la France elle-même, la France que l’on a essayé d’égarer, la France que l’on a essayé d’arracher à ses traditions, la France que l’on a essayé de tourner contre son propre génie, la France dont on a essayé de faire un instrument du bas antisémitisme et des crimes du nationalisme.(Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche.)

Messieurs, c’est la France elle-même qui vous dira qu’elle vous demande au nom, je le dirai de la morale publique, autre chose que ce que vous nous offrez. Oh ! Je sais très bien quelle est l’objection qu’on va me présenter tout d’abord ! On va me dire que l’amnistie nous empêche d’exercer des répressions et de faire appel aux justes lois.

Je le sais bien, messieurs, cette amnistie qui aurait singulièrement besoin d’être amnistiée elle-même (Applaudissements sur les mêmes bancs), cette amnistie qui a soulevé dès le début des protestations d’hommes qui n’étaient assurément pas des hommes de vengeance et de représailles, nous interdit à l’heure actuelle de traîner sur le banc des accusés, à la cour d’assises, afin de recevoir la sentence qu’il a méritée, celui qui a accumulé – pour couvrir le crime initial de 1894 – les crimes sur les crimes, celui qui a amoncelé les faux sur les faux, les faux témoignages sur les faux témoignages, les collusions sur les collusions, les forfaitures sur les forfai¬tures. Oh ! Je le sais, nous ne pouvons pas aujourd’hui donner à la France, à cette démocratie, la grande leçon dont elle a besoin, une leçon d’égalité devant la loi. Nous devrions pouvoir lui démon¬trer que, dans ce pays de France, la peine est égale pour les grands et pour les petits criminels ; nous aurions besoin de lui montrer par un fait éclatant que, dans ce pays de France, la justice ne réserve pas toutes ses sévérités implaca¬bles, toutes ses rigueurs impitoyables pour les petits délinquants, pour ceux dont la position même, dont la misère fait l’excuse et la circonstance atténuante, alors qu’elle réserve ses indulgences, ses faveurs, ses complicités pour les grands délinquants, dont la position privilégiée accroît singulièrement la responsabilité et centuple la criminalité. (Applaudissements à l’extrême gauche et sur divers bancs à gauche).

[…]

Je vous ai dit, messieurs, ce que j’avais à dire sur cette grande affaire ; je viens de vous exprimer ma pensée tout entière. Je vous ai dit avec quelle joie j’ai salué l’aube du jour de la justice. Nous y avons travaillé avec énergie et nous avons le droit d’être fiers de l’oeuvre que nous avons faite tous ensemble. Nous n’étions guère plus d’une poignée d’hommes au début, mais nous avons eu foi dans la puissance intrinsèque de la vérité, foi dans la raison et la conscience de la France ; nous nous sommes dit que quand on s’adresse à la raison et à la conscience de la France, on n’est jamais vaincu (« Très bien ! Très bien ! » à gauche) ; nous avons mis au hasard nos libertés, nos intérêts, notre repos, nos vies parfois ; nous avons remporté la victoire ; cette victoire nous voudrions qu’elle fût complète et qu’elle ne fût pas vaine. (Exclamations à droite.)

Oh oui ! Qu’elle ne fût pas vaine pour tant de grandes causes ; que l’arrêt de la Cour de cassation, pris dans toute sa réalité, fût respecté partout, dès le premier jour, et qu’on sentît d’emblée qu’on ne saurait impunément s’y attaquer.

C’est pour cela que je vous demande, encore une fois, messieurs les ministres, si vous consentirez à laisser à l’heure actuelle dans l’année un certain nombre d’hommes à qui votre débile clémence n’aurait fait que préparer à l’aide des armes que vous auriez laissées entre leurs mains, contre nos libertés et nos droits, la revanche de leur personne et de leur cause. Cela, vous ne pouvez pas le vouloir ; cela, la France ne veut pas en entendre parler ; il n’est pas possible que le terme final de cette grande affaire soit un suprême défi jeté à la raison et à la conscience de la France. Or, ce serait bien un défi à la raison et à la conscience de la France, ce serait bien un outrage à la justice que de laisser à une petite bande de malfaiteurs (Exclamations à droite. Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche), oui, de laisser à une petite bande de malfaiteurs le privilège du commandement et la faveur des décorations.

Commémoration de l’esclavage : front national, la dérive antirépublicaine !

Statue d'Alexandre Dumas, né à Villers-Cottrerêts, et dont le père, le général Dumas, est né esclave, et est inhumé dans cette commune.

La Ligue des droits de l’Homme publie, conjointement avec le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98), le Conseil représentatif des Français d’outre-mer (Crefom), le Mrap et SOS Racisme, un communiqué au sujet du refus du maire de Villers-Cotterêts d’organiser la commémoration de l’abolition de l’esclavage (lire également ici).

 COMMÉMORATION DE L’ESCLAVAGE : FRONT NATIONAL, LA DÉRIVE ANTIRÉPUBLICAINE !

Après les déclarations racistes de l’extrême-droite française contre la Garde des Sceaux qui avaient suscité une vague d’indignation et entraîné la marche antiraciste du 30 novembre 2013, voilà que le Front national récidive. Franck Briffaut, nouveau maire (FN) de Villers-Cotterêts, a déclaré le 17 avril à L’Express, qu’il n’organisera pas de commémorations de l’abolition de l’esclavage, rompant ainsi avec une démarche initiée dans sa ville depuis 2006. Pour M. Briffaut, ces commémorations servent à culpabiliser la France à des fins de récupérations politiques, et n’ont aucune sincérité. Il estime que la France n’a pas à se sentir coupable car, dit-il, « nous n’avons rien inventé » et l’esclavage existe encore en Afrique.

Rappelons à cet élu du Front national quelques faits :

Depuis la marche silencieuse du 23 mai 1998, les originaires d’Outre-mer honorent la mémoire de leurs aïeux esclaves tous les 23 mai. Il s’agit d’une démarche essentielle pour la construction citoyenne des descendants d’esclaves. En s’y engageant, ils renouent avec leurs aïeux, rompent avec l’errance identitaire et abandonnent leurs ressentiments au profit de la réconciliation. C’est pourquoi le gouvernement a inscrit le 23 mai au calendrier républicain. Par ailleurs, depuis la loi Taubira qui reconnaît la traite négrière et l’esclavage colonial comme un crime contre l’humanité, la République commémore l’abolition de l’esclavage le 10 mai. Elle honore ici l’avènement de la Deuxième République qui, à la différence de la monarchie, a immédiatement aboli l’esclavage qu’elle considérait comme un crime de « lèse humanité ». Il existe donc aujourd’hui deux dates honorant la mémoire de l’esclavage : l’une célèbre la République et l’autre la démarche citoyenne des descendants d’esclaves. Ne pas célébrer ces deux dates est une atteinte aux idéaux républicains : liberté, égalité et fraternité.

Les propos de M. Briffaut sont dangereux. Car derrière les accusations de « culpabilisation de la République » se cache l’extrême-droitisation dans laquelle le FN veut entraîner notre société. Aujourd’hui l’on s’attaque aux commémorations de l’esclavage, demain à celles de la Shoah.

Après-demain, ceux qui en sont les acteurs seront traités d’étrangers et d’anti-Français.

  • Nous dénonçons ces propos antirépublicains qui portent en eux le germe de la division.
  • Nous demandons au Président de la République que ce soit enfin un décret et non une simple circulaire qui soit le cadre légal des commémorations de l’esclavage
  • Nous prions le gouvernement de rappeler le maire de Villers-Cotterêts à l’ordre afin qu’il organise les commémorations des 10 et 23 mai.
  • Nous demandons aux élus de la République d’organiser dans leurs villes les célébrations des 10 et 23 mai en renforçant leur caractère populaire et fraternel.
  • Nous appelons les humanistes, les démocrates, les républicains à participer massivement à ces commémorations.

Restons vigilants !

Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98), Conseil représentatif des Français d’outre-mer (Crefom), Ligue des droits de l’Homme, Mrap, SOS Racisme

 

 

N’en déplaise à son maire, l’abolition de l’esclavage sera commémorée à Villers-Cotterêts

L’abolition de l’esclavage sera bien commémoré à Villes-Cotterêts, n’en déplaise à M. Briffaut, nouveau maire de la ville natale du général Dumas. Le père d’Alexandre Dumas était né esclave, et depuis la création de la journée de commémoration de l’esclavage, une cérémonie est organisée chaque année à sa mémoire. Ce qui n’a pas l’heur de plaire au nouveau maire. La Ligue des droits de l’Homme entend faire de cette commémoration un moment fort de lutte contre l’extrême droite négationiste.

Coïncidence, ce matin même, M. Mariani, de la tendance « droite forte »,  s’est fendu d’un tweet scandaleux :

#Nigeria.L’enlèvement par secte #BokoHaram rappelle que l’Afrique n’a pas attendu l’Occident pour pratiquer l’esclavage #Déculpabilisation

(copie d’écran ci-contre).

Il est temps que les démocrates, républicains, humanistes, reprennent la main contre tous ces racistes, négationnistes d’extrême droit.

Ci-dessous le communiqué du comité régional Picardie de la Ligue des droits de l’Homme.

Commémoration de l’abolition de l’esclavage10 mai 2014 à 11 H à VILLERS-COTTERÊTS, 41 avenue du général Mangin devant la plaque en mémoire du général Dumas

Le nouveau maire de Villers-Cotterêts, M. Briffaut, perçoit la commémoration de l’esclavage comme une auto-culpabilisation permanente à des fins de récupérations politiques. A ce titre, la municipalité n’organisera pas de commémoration le 10 mai alors que depuis 2007, le préfet de l’AISNE et le conseil municipal célébraient la journée de l’esclavage et son abolition dans cette ville où est enterré le général Dumas, né esclave à Saint-Domingue, et père d’Alexandre Dumas.

La Ligue des Droits de l’Homme de Picardie condamne la décision du maire de Villers-Cotterêts qui par cette position, s’attaque au devoir de mémoire.

Les propos de ce maire FN sont dangereux. Les citoyens et citoyennes de notre pays sont conscients que l’esclavage est un crime contre l’Humanité. La commémoration de son abolition rend hommage aux idéaux républicains : liberté, égalité et fraternité.

A l’inverse, derrière les accusations de « culpabilisation de la République », M. Briffaut s’inscrit dans les discours négationnistes propagés par l’extrême droite.

La ligue des droits de l’Homme de Picardie sera présente à la commémoration de l’abolition de l’esclavage le 10 mai à Villers-Cotterêts. Elle appelle à une forte mobilisation pour une participation citoyenne à cet événement.

Le 5 mai 2014

Mantes-la-ville : Le front national discrimine spécifiquement les Musulmans

Le nouveau maire de Mantes-la-Ville

Le maire de Mantes-la-Ville ne va pas tarder à devenir un habitué de ces colonnes. Après avoir « rayé » la Ligue des droits de l’Homme des associations communales au motif qu’elle est « politisée » (lire ici), M. Nauth, front national, revient sur la décision prise et dûment votée par l’ancien conseil municipal de permettre à l’association des Musulmans de Mantes sud (AMMS) d’acquérir un local leur permettant d’exercer leur culte comme ils l’entendent. Avec des méthodes de sale gosse : plutôt que d’utiliser la voie légale, qui pourrait consister à saisir le tribunal administratif (on comprend qu’il hésite à être désavoué par la justice administrative, puisque tout a été fait dans les règles de l’art), il décide simplement de bloquer le processus en refusant de se rendre chez le notaire signer les derniers documents. Ce faisant, il bloque évidemment la vente du bâtiment que l’AMMS souhaite achetée.

La section locale de la Ligue des droits de l’Homme, qui avait déjà montré sa réactivité en dénonçant l’attitude du maire dès son arrivée à la mairie, vient de publier un communiqué dénonçant cet acte discriminatoire :

Voici à peine un mois que le Front National dirige Mantes-la-Ville, et les manifestations d’intolérance n’ont pas tardé.

Les personnes de culte musulman, devaient avoir droit, comme toute personne d’une autre confession, de disposer d’un local pour pratiquer leur culte et y accomplir les rites.

Article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ».

Toutes, sauf les musulmans à Mantes-la-Ville.

Il avait été prévu par l’ancienne équipe municipale, de vendre à l’Association des musulmans de Mantes Sud (AMMS) les locaux de l’ancienne trésorerie pour en faire un lieu de culte.

Toutes les délibérations autorisant la cession de ce lieu à l’AMMS ont été votées à une très large majorité. L’association des musulmans de Mantes Sud a respecté toutes les obligations légales pour l’achat de ce local.

Comme il était prévu lors de la signature du compromis de vente, la somme nécessaire à la transaction a été déposée chez le notaire qui a convoqué pour le 15 mai 2014 M. le président de la CAMY, M. le Maire de Mantes la Ville et M. le président de l’AMMS.

Or, depuis quelques jours le maire de Mantes-la-Ville, multiplie les déclarations disant son intention de ne pas se rendre chez le notaire, bloquant ainsi le processus de vente.

Cette décision ne peut pas s’expliquer autrement que par la volonté idéologique du maire Front national de discriminer les musulmans.

Nous rappelons que tous les autres cultes présents à Mantes-la-Ville disposent de locaux adaptés à leurs pratiques.

Dans un climat inquiétant et délétère, le maire Front national de Mantes-la-Ville, fait preuve d’un dogmatisme anti musulman, bien loin de ce qu’il a mis en avant lors de son investiture. Lui qui se voulait « le maire de tous les Mantevillois » est, dans les faits, celui qui cherche à détruire le vivre ensemble, en commençant par discriminer les citoyens de confession musulmane.