C’est Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, qui a conclut la journée d’hommage à Victor et Ilona Basch, au lycée qui porte leur nom à Rennes. L’occasion pour lui de regretter, en voyant les lycéens qui avaient assisté pour certains, et participé pour d’autres à cette journée, de ne pas avoir eu l’occasion d’en vivre une semblable pendant sa scolarité.
racisme
Vidéo : Victor Basch, un engagement citoyen, par Edmond Hervé
La section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme a confié à Edmond Hervé, sénateur et maire honoraire de Rennes, le soin d’analyser l’activité militante de Victor Basch, notamment pendant son séjour à Rennes, et en particulier pendant l’affaire Dreyfus. Le militantisme de Basch ne s’arrêta évidemment pas en 1906, avec la conclusion de l’affaire, puisqu’il a continué à militer à la Ligue des droits de l’Homme, dont il est devenu président en 1926. Et il l’est resté jusqu’au 10 janvier 1944, jour de son assassinat par la milice.
L’exposé d’Edmond Hervé, qui a su partager sa passion et son entousiasme, a captivé son auditoire.
Vidéo : l’assassinat de Victor et Ilona Basch, par Pascal Ory
Nouveau volet de la journée commémorative de l’assassinat d’Ilona et Victor Basch par la milice, le 10 janvier 1944 : « l’assassinat », par Pascal Ory.
Historien, professeur à la Sorbonne, Pascal Ory est également, entre autres, l’auteur d’un « dictionnaire des étrangers qui ont fait la France ».
Dans son itervention, il analyse les circonstances et les motifs de l’assassinat, et rappelle un certain nombre de choses, telles que celle-ci : la milice était bien un service de l’état pétainiste, et non une association de militants.
Cliquer sur la miniature pour voir la vidéo.
Vidéo : Victor Basch, « Ligueur, rien que ligueur, depuis toujours et pour toujours », par Emmanuel Naquet
Président de la Ligue des droits de l’Homme de 1926 jusqu’à son assassinat le 10 janvier 1944, Victor Basch a fortement marqué l’association. C’est lui qui a notamment fait entrer les droits économiques et sociaux dans le champ d’activité de la Ligue. Emmanuel Naquet, historien et professeur à Science-po, et coresponsable du groupe de travail « Mémoire, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’Homme, revient en détail sur l’accès de Basch à la présidence de l’association, puis sur ses mandats successifs.
Vidéo : Colette Cosnier redonne sa place à Ilona Fürth, « Madame Victor Basch »
Ilona Fürth, Madame Victor Basch : tout est dans le titre que Colette Cosnier a donné à son intervention, pendant cette journée d’hommage à ce couple qui a été assassiné par la milice le 10 janvier 1944. Ilona Fürth a perdu à la fois son prénom, et son nom : elle est devenue Mme Victor Basch. Ilona a disparu : dans tous les documents officiels elle est devenue Hélène. « C’est comme si on parlait d’Amédée Mozart ! », se révolte Colette Cosnier.
Et pourtant cette femme ne s’est pas contentée d’être une « dame de professeur », destinée à jouer les figurantes dans toutes les cérémonies qui ponctuent la vie universitaire; et elles sont nombreuses. Elle a joué un rôle majeur aux côtés de son mari, dont elle a partagé le destin jusqu’à la mort : quand la milice (Paul Touvier n’était pas loin) est venue chercher son mari, elle a refusé de le laisser partir seul. Elle l’a accompagné, dans la mort.
Une grande histoire d’amour, doublée d’une histoire de militantisme. Un grand moment, dans cette journée d’hommage. Merci, Mme Cosnier !
Vidéo : l’ouverture de la journée de commémoration de l’assassinat de Victor et Ilona Basch
Vendredi 10 janvier 2014 : c’était le 70ème anniversaire de l’assassinat par la milice de Victor et Ilona Basch. La section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme, créée par Victor Basch en 1899, a organisé, au lycée qui porte le nom du couple, une journée commémorative, pendant laquelle plusieurs conférences se sont succédé. La journée a été officiellement ouverte par Jean Chesnais, proviseur de l’établissement, et Daniel Delaveau, maire de Rennes. Cliquer sur la miniature pour accéder à la vidéo de leurs interventions.
Journée Basch : à Rennes, au temps de l’affaire Dreyfus par André Hélard (vidéo)
Première conférence de la journée d’hommage à Victor et Ilona Basch, vendredi 10 janvier à Rennes : « à Rennes, au temps de l’affaire Dreyfus ». André Hélard, spécialiste de l’affaire Dreyfus et de l’histoire de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes, créée par Victor Basch, met sa verve, sa passion et son érudition au service de l’histoire, et le résultat est une nouvelle fois une conférence passionnante. En voici la captation vidéo : cliquer sur la miniature pour la regarder.
La Ligue des droits de l’Homme et les Gens du voyage
Tout d’abord, deux précisions sur des choses lues ou entendues ici ou là :
- Renseignement pris auprès de la mairie de cette ville, il n’y a pas de cimetière pour chiens à Aubervilliers. En revanche, cette ville mène une politique exemplaire pour l’intégration des Rroms (lire ici).
- Missak Manoukian était Arménien, il a suivi une formation de menuisier, a été tourneur, et aussi poète (plusieurs de ses poèmes ont été publiés en 1960 dans un recueil intitulé « la chanson de ma vie »). Même s’il partageait avec elle un immense amour de la liberté, il n’appartenait pas à la communauté des Gens du voyage. Lire l’article que lui consacrent l’encyclopédie Larousse et Wikipédia.
Les problèmes rencontrés par les Gens du voyage sont depuis toujours une des grandes préoccupations de la Ligue des droits de l’Homme. Nous avions par exemple consacré une table ronde, pendant les Droits en fête à La Motte, une table ronde sur la scolarisation des enfants Rroms et de enfants voyageurs, avec trois spécialistes : Jean-Pierre Dacheux, universitaire, Jean-Yves Varin, cinéaste (tous deux membres de la LDH), et Marie-Claude Garcia – Le Quéault (lire ici).
La délégation du comité régional de la Ligue des droits de l’Homme qui s’est rendue à l’aire d’accueil de Cojean le 17 décembre (photo ci-contre) est allée à la rencontre des voyageurs qui y séjournaient. Plusieurs d’entre eux connaissaient très bien un des membres de la délégation, Jean-Yves Varin (au centre sur la photo). Ce cinéaste, président de la section brestoise de la Ligue des droits de l’Homme, a réalisé plusieurs films sur les Gens du voyage, dont « La Roulotte perdue », que nous avons projeté pendant les Droits en fête à La Motte en mars 2013. Voir ici une interview de Jean-Yves Varin par la chaîne Tébéo, et ci-dessous la vidéo de son intervention pendant les Droits en fête.
Spécialiste de la culture tzigane, il organise durant tout le mois de janvier 2014, avec la section brestoise de la Ligue des droits de l’Homme, à la médiathèque de Plouguerneau (29), un festival consacré aux Gens du voyage.
Au programme :
- des expositions : Itinérances en Tsiganie, de Marie-José et Claude Carret, photographes voyageurs, et photographies de Jean-Yves Varin, du 7 au 31 janvier.
- des projections de films :
- Swing, de Tony Gatlif, le vendredi 17 janvier à 20h30
- De la roulotte au parking, de Jean-Yves Varin, et Cause commune, de Sophie Averty vendredi 31 à 20h30, suivis d’une rencontre – débat avec Jean-YvesVarin, Marie-José et Claude Carret.
- Un atelier d’écriture, avec Anne Plihon-Blaise, sur le thème « Roms, tziganes, manouches, apatrides… », samedi 25 janvier de 10h30 à 12h.
- Un concert :Amari Famili, groupe de jazz manouche qui s’était produit aux Droits en fête à La Motte le 31 mars 2013.
Pierre Tartakowsky revient sur la position de la LDH dans l’affaire Dieudonné
Mise à jour le 11 janvier 2014 à 21h54.
Vendredi 10 janvier, à Rennes, a eu lieu, au lycée Victor et Ilona Basch, une journée commémorative, à l’occasion du 70ème anniversaire de leur assassinat, près de Lyon, en 1944.
Coïncidence terrible : la France renoue avec l’antisémitisme, et la veille, le conseil d’Etat a annulé le spectacle de Dieudonné à Saint-Herblain (44).
Fançoise Basch, petite fille du couple, s’est étonnée de la position de la Ligue des droits de l’Homme dans cette affaire : la Ligue s’est en effet opposée à l’interdiction du spectacle : elle aurait préféré des poursuites judiciaires contre Dieudonné, à une interdiction « a priori ».
Pierre Tartakowsky est donc revenu sur la position de la Ligue : la liberté d’expression fait partie des droits fondamentaux, et l’interdiction d’un spectacle ouvre la porte à des dérives dangereuses.
Les événements lui donnent raison : les catholiques intégristes semblent vouloir s’engouffrer dans cette brêche ouverte par l’arrêt du conseil d’Etat. Ça leur irait bien, on s’en doute, de pouvoir faire interdire les films ou les pièces de théâtre qui ne leur plaisent pas, comme la pièce « Golgotha picnic », qu’ils jugeaient « blasphématoire », fin 2011… Et ils savent y faire, en matière de « troubles à l’ordre public » : le seul ordre qu’ils connaissent, c’est le leur. Il est privé. De tout.
Voici la vidéo de l’intervention de Pierre Tartakowsky. A noter que toutes les interventions de cette journée ont été filmées et seront mises en ligne sur ce site au fur et à mesure de l’achèvement de leur montage.
Cliquer sur la miniature pour voir la vidéo.
Le conseil d’Etat maintient l’interdiction du « spectacle » de Dieudonné : une victoire ?
Le juge du conseil d’État vient d’annuler l’arrêt du tribunal administratif : l’interdiction du spectacle est donc maintenue. Cette décision est définitive : il n’y a plus de recours, il n’y aura pas de spectacle ce soir à Saint-Herblain. On peut s’attendre à ce que les décisions concernant les prochains spectacles soient identiques.
Alors ?
Alors, est-ce une victoire de la démocratie ? Personne ne va se désoler de l’interdiction de ce « spectacle ». Mais…
Mais, de victorieux, le pantin devient victime, et politiquement, est-ce beaucoup mieux ?
La véritable victoire, on l’aura remportée quand de 5000 spectateurs il sera passé à une centaine. Et ce ne sont pas des décisions de justice qui le permettront. Une condamnation de l’individu pour ses propos aurait sans doute été plus efficace. Et il est urgent que la République réussisse à lui faire payer les amendes auxquelles il a été condamné.
Lire aussi l’interview d’Agnès Tricoire, avocate, membre de la Ligue des droits de l’Homme.