On vous fiche, ne vous en fichez pas !

La Ligue des droits de l’Homme vient d’éditer une plaquette, véritable « mode d’emploi » du STIC, ou Système de traitement des infractions constatées, un fichier redoutable qui a déjà bouleversé la vie de centaines de citoyens honnêtes. A télécharger ici.

Vous êtes peut-être fiché(e) au STIC…

Le saviez-vous ?

LE SYSTEME DE TRAITEMENT DES INFRACTIONS CONSTATEES (STIC) : qu’est-ce que c’est ?

Un fichier informatisé qui répertorie des informations provenant des comptes rendus d’enquêtes de police.

II concernait au 1er janvier 2009 (chiffres Cnil):

  • 5 552 313 personnes mises en cause
  • 28 329 276 victimes, pour 37 911 000 infractions

Depuis les chiffres ont encore augmenté !

A QUI SERT CE FICHIER ?

  • Répertorier les personnes mises en cause et les victimes des infractions constatées.
  • Faciliter, pour les enquêtes de police, le rassemblement des preuves des infractions et la recherche de leurs auteurs.
  • Être utilisé pour (loi du 15 novembre 2001) :
    • les décisions d’habilitation des personnes en ce qui concerne l’exercice de missions de sécurité ;
    • les autorisations d’accès a des zones protégées en raison de l’activité qui s‘y exerce;
    • les demandes d’acquisition de nationalité française, délivrance des titres de séjour des étrangers, nomination et promotion dans les ordres nationaux (la loi du 18 mars 2003).

QUI EST RESPONSABLE DU FICHIER ?

La Direction générale de la police nationale (la DGPN) sous le contrôle du Procureur de La République.

LES DONNEES FIGURANT DANS LE STIC

  • Pour les personnes mises en cause : identité détaillée.
  • Pour les victimes 2 identité détaillée et/ou signalement des personnes disparues et corps non identifiés), photographie (personnes disparues et corps non identifiés).
  • Pour les faits objet de l’enquête, les lieux, dates de l’infraction et modes opératoires, ainsi que les informations relatives aux objets, y compris celles qui sont indirectement nominatives.

Les informations sont saisies et codifiées par les policiers ou gendarmes en charge d‘une enquête et comprennent:

Tous indices ou les éléments graves et concordants attestant de la participation à la commission d’un crime, d`un délit ou de certaines des contraventions de 5ème classe concernant le(s) mis en cause et le(s) victimes de l’une de ces infractions.

QUI CONTROLE LE STIC ?

1. Le fichier est sous le contrôle du Procureur de la République. C’est à lui qu’on s’adresse pour le faire rectifier.

II transmet à la Direction de la police générale de la police nationale :

  • les relaxes ou acquittements devenus définitifs pour suppression;
  • les non-lieu ou classements sans suite pour mise à jour et complément;
  • les mesures d’amnistie pour effacement.

Cette transmission ne se fait pas de manière régulière en raison de la pénurie de moyens de la Justice.

Durée de conservation : 5 à 40 ans pour les majeurs mis en cause, 5 à 20ans pour les mineurs, 15 ans maximum pour les victimes.

2. Le droit d’opposition (art. 26 loi 06/01/78) ne s’applique pas. Toute victime peut cependant demander la suppression des données la concernant après condamnation définitive de l’auteur des faits.

3. La DGPN (Art. 10) fait un compte rendu annuel à la Cnil sur la vérification, la mise à jour et l’effacement des données du Stic.

QUI PEUT CONSULTER LE STIC ?

  • Les personnels individuellement désignés et spécialement habilités des services de la police nationale et de la gendarmerie nationale ainsi que les agents des douanes habilités à effectuer des missions de police judiciaire. Au total, des milliers de policiers et gendarmes.
  • Les magistrats du parquet ainsi que les magistrats instructeurs pour les recherches relatives aux infractions dont ils sont saisis.
  • Sous certaines conditions, les personnels investis de missions de police administrative individuellement désignés et spécialement habilités par le préfet.

En décembre 2008, près de 100 000 personnes étaient habilitées à accéder au STIC dans le cadre de missions de police judiciaire, de police administrative ou de fonctions de gestion du fichier.

On comptait en 2009 20 millions de consultations du STIC par an.

ON VOUS FICHE, NE VOUS EN FICHEZ PAS !

COMMISSION NATIONALE DE L’INFORMATIQUE ET DES LIBERTES ET DES LIBERTES

8 rue Vivienne CS 30223

75083 Paris CEDEX 02

Tél:0153 73 22 22 Fax : 01 53 73 22 00

Vous devez adresser à la Cnil un courrier recommandé, indiquant adresse et téléphone, photocopie d’un titre d‘identité en précisant le fichier pour lequel vous demandez que des vérifications soient entreprises.

Vous n‘avez pas à motiver votre demande.

La Cnil ne gère pas les fichiers concernés et n’a donc pas connaissance des personnes qui y figurent.

Le Président désigne un membre de la Commission, magistrat ou ancien magistrat, pour faire les investigations nécessaires, auprès du ministère de l’intérieur.

Si la communication des données ne met pas en cause les finalités du traitement, la sûreté de l’État, la défense ou la sécurité publique, la Cnil vous les communique avec l’accord du responsable du traitement.

À défaut, elle vous informe par courrier qu’elle a effectué les vérifications nécessaires.

Cette procédure est longue car la Cnil a énormément de demandes.

LE STIC EST UN FICHIER DANGEREUX EN TERMES DE PROTECTION DES DONNEES PERSONNELLES ET DE LIBERTES INDIVIDUELLES

  • Parce que ces données ne sont pas facilement accessibles aux intéressé-es.
  • Parce que la mise à jour des données n’est pas contrôlée régulièrement.
  • Parce que les données sont conservées sur une très longue durée (de 5 ans à 40 ans).
  • Parce que de nombreuses personnes peuvent y avoir accès et utiliser les informations alors qu’elles ne sont pas validées.
  • Par les conséquences sociales possibles car il peut hypothéquer la vie professionnelle. Il conditionne souvent un recrutement ou un renouvellement de fonctions. 1 million d’emplois sont concernés.

Informez-vous !

Demandez communication de votre fiche STIC !

 

La démocratie maintenant : appel pour un front républicain

Après avoir publié une lettre ouverte à N. Sarkozy, Pascal Maillard prolonge aujourd’hui sa démarche par un appel qu’il justifie ainsi : « Cet article qui prend la forme d’un appel pour un Front républicain contre Sarkozy et l’extrême droite constitue le prolongement de « Nous n’oublierons pas ! », Lettre ouverte au Président Sarkozy. Il sera suivi d’un troisième volet, à paraître le 1er mai. Ces contributions offertes à Mediapart sont sans lien avec quelque parti politique que ce soit. Il s’agit à chaque fois d’un engagement libre et citoyen. Je dédie ces textes à tous les étudiants étrangers qui ont eu et ont encore à souffrir de la politique d’expulsion voulue par le président Sarkozy et mise en œuvre par son gouvernement ».

Voici cet appel, consultable également ici.

Pétain a multiplié les timbres à son éfigie, tout comme les pièces de monaie

Quelle que soit l’issue du scrutin du 6 mai, la volonté de Nicolas Sarkozy de mener campagne sur le terrain de l’extrême droite et d’en assumer les thèses aura des conséquences majeures sur l’avenir de la démocratie en France et en Europe. Une recomposition profonde du paysage politique est en cours. Elle répond à la volonté du Président qui a dès longtemps fait le choix de suivre la stratégie de son idéologue, Patrick Buisson, et de la nouvelle « famille politique » de l’UMP, les « patriotes » de la Droite populaire (43 élus). Ce choix, nul n’en doute plus aujourd’hui, sera assumé jusqu’à son terme. Les conséquences en seront incalculables s’il n’est pas mis un point d’arrêt à la plus grave dérive idéologique qu’a connue la France depuis 70 ans. La radicalisation à droite du président Sarkozy, encore en exercice, est extrême et sans limites. Elle transgresse toutes les valeurs de la république et appelle en urgence un sursaut démocratique, de tous les républicains, de droite, du centre, comme de gauche. Un Front républicain contre Sarkozy et l’extrême droite, contre l’idéologie d’extrême droite que porte et qu’incarne désormais le président-candidat, est devenu aujourd’hui une impérieuse nécessité.

Tout citoyen, tout observateur, historien ou non, est en mesure de constater que le discours de Nicolas Sarkozy réactive sciemment les principaux schèmes idéologiques des régimes politiques les plus sombres, en particulier le régime de Vichy.

La devise instituée par Pétain, « Travail, Famille, Patrie », et le continu même entre ces trois concepts, ont été placés au cœur des discours des 23 et 24 avril, et repris dans celui du 25 avril. Ces trois discours, extrêmement proches dans leur forme et leur contenu, sont exemplaires de la logique du renversement qui est au cœur de la manipulation qu’entend exercer Nicolas Sarkozy sur l’opinion publique et les français les moins vigilants. Cette manipulation et cette dérive antirépublicaine doivent être vigoureusement dénoncées.

Le danger d’un pouvoir d’extrême-droite en France est aujourd’hui une réalité. L’enjeu n’est rien moins que la survie de nos valeurs démocratiques. Il suffit pour le comprendre d’analyser la rhétorique du président-candidat. Elle est, formellement et explicitement, une rhétorique d’extrême droite, adossée à une idéologie d’extrême droite. L’euphémisme de « droite extrême » n’est plus de mise. Et ce serait une grave erreur d’analyse que de soutenir la thèse selon laquelle Nicolas Sarkozy et l’UMP courent conjoncturellement après les voix du Front National avec seulement une visée électoraliste. La pensée d’extrême droite est structurelle chez Nicolas Sarkozy. Elle fait système. La politique sécuritaire qu’il conduit depuis 10 ans et la xénophobie d’Etat qu’il a mises en œuvre pendant son quinquennat en sont les illustrations les plus fortes. Démonstration en a été faite. Les discours de ces trois derniers jours montrent que le Roi est nu.

Aujourd’hui, en ce début de campagne électorale du second tour, la grossièreté et la radicalité des procédés de la rhétorique sarkoziste n’ont d’égal que sa tentative pour rendre les Français amnésiques. Tout comme sa rage d’être réélu n’a d’égal que sa volonté de conserver une précieuse immunité. Il est donc stratégique que tous les discours de Sarkozy répondent à cette nécessité de faire oublier son bilan, rappelé ici, dans une lettre ouverte. Pour cela Nicolas Sarkozy met en œuvre ce qu’on pourrait appeler un palimpseste des oublis : faire oublier les résultats du premier tour pour faire oublier son bilan politique et derrière celui-ci, toutes les affaires judiciaires qui poursuivront l’ex-président. Alors que la campagne électorale pourrait être centrée sur les affaires, la corruption d’Etat et les conflits d’intérêts qui n’ont cessé de se multiplier – ça viendra peut-être ! -, il s’agit clairement de la propulser, telle une planète désorbitée, dans le trou noir de l’extrême-droite, vers lequel Sarkozy conduit les restes de la droite républicaine, et derrière elle toute une partie de l’opinion publique, en particulier les Français qui ont le plus souffert de la politique conduite ces dernières années.

Le discours du 23 avril commence donc par camper l’image d’un homme seul, devant affronter une multitude d’ennemis : « La campagne du premier tour, nous l’avons faite à 1 contre 9 », proclame-t-il, comme si tous les autres candidats s’étaient ligués contre lui et comme s’il était anti-démocratique de devoir affronter seul son bilan et assumer sa position de sortant. « Contre un système médiatique absolument déchainé », poursuit celui qui omet de dire toute la servilité des grands médias qu’il a annexés depuis 5 ans à son pouvoir ou ses caprices. « Contre les pronostiqueurs, contre les observateurs », ajoute-t-il, stigmatisant ainsi les instituts de sondage et les analystes politiques qui, dans les faits, l’ont bien plus servi que desservi. « Contre la caricature, contre le mensonge », dit encore celui qui ne cesse de pratiquer la caricature et de mentir impunément. Et comme si cela ne suffisait pas, la chute est une hyperbole, toute honte bue : « Aucun président n’avait subi un tel matraquage. Et de fait ils n’ont reculé devant rien, ils n’ont hésité devant aucun mauvais coup, devant aucune manipulation ». Qui donc est le grand Manipulateur ?

Cette ouverture n’a pu tromper que ceux qui auront succombé à la fascination pour le chef ou au leurre des procédés : le mensonge, le retournement des situations, la victimisation et l’érection d’une statue de héros ayant affronté, presque vainqueur, l’adversité du monde politico-médiatique. Derrière cette stratégie rhétorique, dont les procédés sont des archétypes des discours d’extrême droite, se dissimule bien sûr une attaque directe contre la démocratie et son fonctionnement.

Les médias, et d’abord ceux du Service public, sont dans la ligne de mire. Le président de France culture a été attaqué ce jour pour sa supposée partialité. Hier c’était France 2 et

La mention "République Française" a été supprimée. Elle l'a été à nouveau pendant le septennat de Giscard d'Estaing, puis il y a quelques années

France Inter. De fait, les services publics auront été les boucs émissaires de la politique de Sarkozy pendant tout son quinquennat. Dans le discours du 23 avril les médias sont incriminés pour être « de gauche et d’extrême gauche ». C’est sans commentaires. L’on rappellera simplement que la dénonciation « du système médiatique, du système politique » (termes de Sarkozy lui-même le 24 mars sur France TV Info), constitue le fonds de commerce du Front national.

Mais il y a infiniment plus grave dans les discours des 23 et 24 avril. Y sont à l’œuvre une logique d’identification et un associationnisme qui sont directement importés des rhétoriques habituelles de l’extrême droite. Tout d’abord l’identification du chef au Peuple. Sarkozy ne cesse en effet d’identifier son propre sujet, sa propre voix à celle du peuple de France, que la gauche voudrait ignorer et diviser :  « J’ai vu que M. Hollande parlait au peuple de gauche, dit-il. C’est une différence entre nous. Je parle au peuple de France. J’ai vu hier soir qu’il reprochait leur vote à ceux qui ont émis ce vote pour le Front National ».  Outre que c’est inexact, reprocher à François Hollande d’être le diviseur en ne parlant qu’au peuple de gauche procède d’un nouveau renversement : qui a divisé les français toutes ces dernières années? Diviser pour adopter ensuite la figure du rassembleur, telle est la manipulation de celui qui ne cesse de mettre en danger l’unité nationale.

La seconde identification est d’une toute autre portée. Après une série de « nous » en anaphore qui réalisent l’unité des électeurs du Front national et du sujet du discours, Nicolas Sarkozy produit une association-identification, proprement hallucinante, entre la spéculation financière, la bureaucratie et les corps intermédiaires : « nous ne supportons plus les spéculateurs, nous ne supportons plus les bureaucrates, nous ne supportons plus les corps intermédiaires qui veulent tout le temps décider à notre place ». Dans le plus grand amalgame qui défie la raison, l’idéologue expérimentateur construit un monstre de la pensée : la définition d’un ennemi commun, ligué contre le peuple souffrant, et prenant la forme d’un pouvoir oppresseur, pour ne pas dire d’une dictature. Où l’on retrouve les attaques habituelles contre les syndicats. Il est peut être utile de rappeler que l’anti-syndicalisme historique et idéologique est l’une des caractéristiques de l’Italie fasciste et du régime de Vichy.

La suite du discours parachève la stratégie de confusion au moyen du motif de la Frontière, au cœur d’un grand éloge de la Nation et de la Patrie : « Nation et frontière sont des questions inséparables », affirme le président. Parlant des dangers de la mondialisation financière Nicolas Sarkozy produit alors une association entre la finance et l’immigration : « L’Europe qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, c’est fini, l’Europe qui ouvre ses marchés sans contre-partie, c’est fini… ». C’est là certainement le schème le plus grave de la pensée du président, dont on doit rappeler qu’il est encore en exercice. Car associer le monde de la finance à l’étranger, au-delà de la figure de langage qui a pu produire peut-être involontairement cette association, relève d’une pensée qui a marqué les années plus sombres du 20ème siècle.

Enfin, le procédé le plus propre des discours de Nicolas Sarkozy consiste à incriminer systématiquement ce dont il est responsable, ou même ce qui est imputable à son propre bilan et à ses échecs. L’imposture est sans limite et vise à priver ses adversaires politiques des arguments qu’ils sont en droit d’utiliser contre lui :

  • il a aggravé la crise financière : il l’attaque.
  • il est responsable du chômage : il stigmatise l’assistanat et oppose travailleurs et chômeurs.
  • il a développé l’insécurité et il se nourrit d’elle.
  • il exploite les sondages et les rejette.
  • il utilise les médias et les incrimine.
  • il a provoqué et entretenu la montée de l’extrême-droite : il se met à l’écoute des électeurs du Front national et en propage les idées.

En définitive, le manipulateur est un grand autophage : il se nourrit des monstres qu’il a créés. On pourrait rire de ce théâtre de la manipulation s’il n’avait une véritable efficacité sur l’opinion et un pouvoir délétère de division, que symbolise encore cette atteinte inadmissible portée contre la fête du 1er Mai, et dont Laurent Mauduit a justement rappelé la signification historique. Diviser les travailleurs en deux catégories, opposer les travailleurs aux chômeurs, les salariés « sous statut » aux employés du privé, célébrer le « vrai travail » en détournant la journée internationale de tous les travailleurs, c’est inepte, éthiquement inadmissible. Une grave faute morale pour un chef d’Etat en exercice. On est en droit de se demander si derrière le « vrai travail » il n’y a pas l’ombre du « vrai Français ». Oui, « l’ombre de Pétain » est bien inscrite dans les derniers discours de Nicolas Sarkozy. Mais nous ne devons pas oublier qu’il y eut d’autres discours lors de ce quinquennat, tout aussi funestes, Dakar et Grenoble. Nous ne devons pas oublier, ni le sombre été 2010, ni la chasse aux Roms, ni l’odieuse circulaire Guéant contre les étudiants étrangers. Autant de discours et de lois qui ont conduit Nicolas Sarkozy à renier bien des valeurs que des siècles d’humanisme et plusieurs révolutions ont permis de conquérir et de faire vivre. Un homme seul, fût-ce contre tous, ne les fera pas disparaître. Que cet homme ait pu à ce point les avilir le discrédite complément dans sa prétention à occuper la plus haute des fonctions. Nicolas Sarkozy ne peut plus être président.

A l’occasion de cette campagne de second tour, le président-candidat aura donc choisi de jouer son élection sur le tapis de l’extrême droite. Comme trop souvent, il a sacrifié l’intérêt général à son intérêt personnel : être réélu, quoi qu’il en coûte à la République et à ses valeurs. Mais par là-même il aura commis la transgression de trop, la transgression ultime. Non le pacte avec un Front national promis, grâce à ses soins, à un très bel avenir politique. Mais l’inscription dans son discours des schèmes idéologiques de l’extrême droite. Ce n’est pas seulement une rhétorique de l’imposture, d’une violence inouïe, qui est donnée à entendre à tous nos concitoyens, c’est aussi une insulte à la raison, alors même que ce discours se réclame de la raison et du « bon sens ». Et c’est encore et surtout une insulte à la mémoire et à l’histoire de notre pays. Car cette rhétorique de la vérité, identifiée à la parole d’un chef, protecteur et sauveur, n’est pas que le vernis déposé sur une piètre tentative pour faire oublier un  passif très lourd. Elle renoue explicitement avec des forces obscures qui continuent de travailler en profondeur la société française. Elle confronte chacun de nous à l’inadmissible. Et c’est pourquoi tous les républicains authentiques sont aujourd’hui mis devant une lourde responsabilité : accepter l’inadmissible ou le dénoncer. Or, on ne transige pas avec l’inadmissible : certains silences ont valeur de reniement, d’autres sont lamentablement opportunistes, mais tous vaudront approbation devant l’histoire. Un appel et un Front républicain contre la pensée d’extrême droite s’imposent, avant qu’il ne soit trop tard. Si nous capitulons maintenant devant cette idéologie délétère, si l’homme qui la promeut et l’incarne aujourd’hui, Nicolas Sarkozy, devaient être au pouvoir le 6 mai, le pire serait possible. Et le pire est toujours sûr, avec Nicolas Sarkozy.

Il est temps que les Français se réveillent du leurre mortifère du sarkozisme, de ses pièges, de ses manipulations grotesques et ineptes, de son illusionnisme et de son outrance. Il est temps de mettre un terme à cette escalade vers l’inadmissible. Et il est plus que temps que toutes les forces républicaines et sociales, citoyennes et militantes, se rassemblent, le 1er Mai, mais aussi avant et après, et autant qu’il le faudra, pour dire « NON » à la banalisation des thèses de l’extrême droite que des apprentis sorciers cherchent à faire prospérer, ici en France comme dans de nombreux pays européens, ici plus fortement peut-être que dans d’autres pays. Il est impératif enfin – faut-il le redire ? – que nos concitoyens se saisissent de leur bulletin de vote comme d’une arme pour retrouver le chemin de la démocratie dont certains dirigeants politiques de droite, anti-républicains, opportunistes ou corrompus, inconscients, irresponsables ou consentants, sont en train de déliter méthodiquement tous les fondements. Le temps est venu de dire tous ensemble : « La démocratie maintenant ! »

Pascal Maillard

Appel de la Ligue des droits de l’Homme : 1er Mai 2012, manifestons pour la démocratie et le progrès social

(Communiqué LDH)

La mobilisation sociale du 1er Mai de cette année revêt une place singulière en raison du contexte de l’élection présidentielle et des tentatives d’instrumentalisation dont il est l’objet.

Parce qu’elle défend l’idée que les droits sociaux sont indivisibles des droits et des libertés politiques, parce qu’elle pense que la solidarité est une valeur universelle, ici et là-bas, parce qu’elle a la conviction que le dialogue social doit irriguer une démocratie effective et vivante, la Ligue des droits de l’Homme appelle toujours ceux qui vivent et travaillent en France à participer aux défilés syndicaux unitaires.

Cette année plus que jamais, il est important, face aux crises et aux politiques d’austérité, de faire entendre les priorités sociales et les préoccupations des salariés, des demandeurs d’emploi, des jeunes et des retraités ; d’exprimer la défense des droits fondamentaux et des libertés partout dans le monde ; de faire reculer la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme.

De fait, la crise ne peut être le prétexte pour remettre en cause des systèmes sociaux construits sur la solidarité, les libertés publiques, le principe de l’égalité des droits qui fondent notre vivre ensemble.

Tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la Ligue des droits de l’Homme s’est mobilisée contre un gouvernement qui a asphyxié la démocratie, nié les droits, discriminé en fonction d’une origine supposée ou réelle, augmenté les inégalités, attaqué le service public, et enfin, développé un tel sentiment de peur de tous contre tous qu’il a voulu faire des services de la justice et de la police les gardiens de son propre pouvoir.

Persuadée qu’infliger une défaite au candidat sortant ne suffira pas à répondre aux angoisses et aux espoirs que traduit le premier tour des élections présidentielles, la LDH appelle à manifester aux côtés des organisations syndicales qui défileront dans l’unité, et à faire du 1er Mai 2012 un moment d’affirmation de la démocratie et du progrès social.

La Ligue des droits de l’Homme appelle à battre le candidat des droites

La Ligue des droits de l’Homme vient de publier le communiqué suivant, pour le 2ème tour de l’élection présidentielle.

Battre le candidat des droites

La Ligue des droits de l’Homme se félicite du haut niveau de participation au premier tour de l’élection présidentielle. Elle y voit la volonté du peuple français de restituer à la politique son rôle primordial, sans céder aux injonctions de se plier aux intérêts économiques.

La LDH constate l’ampleur du désaveu qui frappe le Président sortant. Ce qui a été sanctionné, c’est un quinquennat au service des puissants, caractérisé par des choix aggravant les injustices sociales, légitimant la xénophobie d’Etat, multipliant les atteintes aux droits et aux libertés, enfermant les citoyens dans une société de surveillance et dans une démocratie limitée. En s’en prenant à tout-va à diverses catégories de la population, parce qu’au chômage, selon leur origine, et même selon leur religion, en désignant des boucs émissaires et en attisant les peurs et les haines, Nicolas Sarkozy a légitimé les idées du Front national, qui s’en trouve plus fort que jamais.

Parce que notre pays ne peut continuer à se livrer, à lui-même, une guerre civile froide, parce que sa défaite est une étape nécessaire, il faut, le 6 mai 2012, barrer la route à Nicolas Sarkozy.

Mais, infliger une défaite au candidat sortant ne suffira pas à répondre aux angoisses et aux espoirs que traduit le premier tour des élections présidentielles. Ce sera au nouveau président de la République d’impulser une autre politique qui, dépassant l’alternance institutionnelle, ouvre la voie à une réelle alternative politique.

Rétablir un fonctionnement démocratique des institutions en supprimant le cumul des mandats, en assurant l’indépendance de la justice et en élisant les membres du Conseil constitutionnel, ainsi que les autres Autorités indépendantes, à une majorité des deux tiers du Parlement.

Bannir la xénophobie d’Etat en régularisant les sans-papiers qui étudient, vivent et travaillent ici, en ouvrant enfin un réel débat sur l’immigration, en accordant aux étrangers non européens le droit de vote et d’éligibilité aux élections locales, et faire reculer le racisme en cessant de stigmatiser des catégories entières de population en raison de leur origine ou de leur religion.

Restituer aux citoyens leurs libertés en réformant profondément la justice pénale, en abolissant les lois d’exception, en rétablissant la justice des mineurs dans toute son exceptionnalité, en limitant les fichiers et leur usage à des fins proportionnées, contrôlables et à la finalité établie.

Reconstruire des services publics qui soient à la disposition de tous et auxquels tous doivent avoir accès, lancer un plan d’action pour l’hébergement d’urgence et le logement social, construire une justice fiscale et sociale qui assure la progressivité de l’impôt et la redistribution des richesses.

Construire une autre Europe, aux institutions démocratiques, dégagée du dogme de la concurrence, et ouverte sur le monde.

La LDH, au cours des mois à venir, portera ces revendications comme autant de conditions nécessaires pour que notre société cesse de produire de l’injustice et de l’exclusion, pour que se construise l’espoir d’une société plus solidaire et plus libre.

 

Une initiative originale : « ma photo pour résister ? OK ! »

La fédération du Nord Pas-de-Calais de la Ligue des droits de l’Homme lance une initiative originale pour résister au discours de l’extrême droite, qui sévit partout en France et particulièrement dans certaines villes, comme Hénin Beaumont. Il s’agit d’envoyer une photo de soi par courrier électronique. L’ensemble des photos recueillies sera rassemblé et monté pour en faire un clip vidéo. On peut, en plus de sa photo, écrire une phrase qui résume en quoi les valeurs de liberté, d’égalité, et de fraternité, qui sont le socle de notre République, sont importantes pour soi. Voici l’appel de la fédération du nord, téléchargeable ici :

MESSAGE  À DIFFUSER LARGEMENT

INITIATIVE UNITAIRE

MA PHOTO POUR RÉSISTER ? OK !

 « Tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droits. »

La Ligue des Droits de l’Homme du Pas-de-Calais et de nombreuses organisations citoyennes, politiques et syndicales d’horizons variés vous invitent à manifester votre attachement à ces valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui, dans de nombreuses villes françaises et notamment sur Hénin-Beaumont, sont gravement menacées par les discours de l’extrême droite.

« Résister se conjugue au présent. » Lucie Aubrac

Comment ?

En figurant sur le clip « Ma photo pour résister ? OK ! ».

C’est très simple : envoyez dès à présent votre photo à l’adresse suivante : maphotopourresister@laposte.net

en indiquant votre NOM, votre prénom, votre statut (militant, dirigeant associatif, citoyen, etc) votre ville et, si vous le souhaitez, une phrase précisant en quoi ces valeurs sont importantes pour vous.

Je dis NON à la haine

Je rejoins la chaîne citoyenne

Je dis NON aux discours d’exclusion

Ma photo est un maillon

Je dis OUI à l’égalité et à la fraternité

Et j’envoie mon portrait !

Merci et à bientôt sur le clip « Ma photo pour résister ? OK ! ».

Interpellation des candidats par la LDH : « Un avenuir incertain pour les enfants et les jeunes ? »

Nous poursuivons la publication des lettres ouvertes adressées par la Ligue des droits de l’Homme aux candidats à la présidentielle et aux législatives. Aujourd’hui :

« Un avenir incertain pour les enfants et les jeunes ? »

La Ligue des droits de l’Homme, signataire du Pacte pour les droits et la citoyenneté, s’inquiète de la place faite aux jeunes dans notre société.

Pour la première fois depuis longtemps, « les jeunes », qui ne constituent pas plus une catégorie homogène que les « vieux », connaissent une entrée dans la vie d’adulte plus difficile que celle de leurs parents. Pourtant, leur parole est peu prise en compte ; à peine sont-ils entendus lorsqu’ils se mobilisent. Le plus souvent, ils sont érigés en «  classe dangereuse ».

Près de trois millions d’enfants vivent dans des familles en dessous du seuil de pauvreté, et près d’un quart des 18-25 ans connaissent des situations de grande précarité, qu’ils soient étudiants, apprentis ou chômeurs. Pour beaucoup d’entre eux, la survie quotidienne, l’accès à l’éducation, aux soins, au logement, à la culture, relève d’un véritable parcours du combattant, indigne d’un pays comme le nôtre.

En matière d’éducation et de formation, il est inacceptable que le poids des origines sociales détermine la réussite scolaire. Ces inégalités ne sont pas le fruit d’un quelconque déterminisme, comme certains sont prêts à l’avancer, mais le fruit d’une politique qui a délibérément mis à mal le service public d’éducation.

L’égalité d’accès de chaque jeune, quelles que soient son appartenance de genre, ses origines sociales ou géographiques, à une formation et une qualification, reste à construire. Or, les enquêtes sur l’emploi montrent que la détention d’un diplôme est la meilleure protection contre le chômage, et que les cent cinquante mille jeunes qui sortent du système éducatif sans diplôme, ni qualification, connaissent les plus grandes difficultés pour trouver du travail. Et, quand elles et ils en ont, ces nouvelles recrues sont trop souvent les premières à subir les revers de la conjoncture économique et les modifications des normes de l’emploi.

Face à cette situation dégradée qui est celle des jeunes, le gouvernement a fait le choix de la dérive sécuritaire, faisant en sorte que chacune de ses nouvelles lois concerne les mineurs d’une façon ou d’une autre, en alignant toujours davantage le droit des mineurs sur le droit des majeurs, jusqu’à frôler sa disparition, pendant que le travail de tous les acteurs de la prévention de la délinquance est systématiquement dénigré.

Pour rompre avec cette situation, la Ligue des droits de l’Homme soutient un certain nombre de propositions qu’elle entend mettre en débat publiquement ; elle souhaite que les candidates et candidats se déterminent sur ces propositions et rendent publics leurs remarques, critiques ou accords.

Six propositions pour l’avenir des enfants et des jeunes :

  • Rendre effectif le droit à l’éducation, par l’accueil de tous les jeunes en âge d’être scolarisés. Programmation accélérée de mesures spécifiques pour les jeunes en situation de handicap, pour les enfants roms, pour les mineurs isolés.
  • Rétablissement et renforcement des dispositifs d’aide aux élèves en difficulté au sein du service public d’éducation et à tous les niveaux de la scolarité.
  • Assurer la formation et la qualification la plus élevée possible pour qu’aucun jeune ne sorte du système scolaire sans qualification.
  • Favoriser le premier emploi pour mettre un terme à la kyrielle de petits boulots, stages et contrats à durée déterminée qui constituent le lot de premières années des jeunes après leur sortie de formation.
  • Sortir les familles de la précarité et assurer une aide financière conséquente aux jeunes en formation.
  • Rétablir l’esprit de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs ; considérer l’enfermement comme l’ultime recours et équilibrer prévention et répression.

Interpellation des candidats par la LDH : « Quelles police et justice au service des citoyen(ne)s ?

Nous poursuivons la publication des lettres ouvertes adressées par la Ligue des droits de l’Homme aux candidats à la présidentielle et aux législatives. Aujourd’hui :

« Quelles police et justice au service des citoyen(ne)s ? »

La Ligue des droits de l’Homme, signataire du Pacte pour les droits et la citoyenneté, s’inquiète des conditions d’utilisation de la police et du fonctionnement de la justice dans notre pays.

Le constat est largement partagé : jamais les rapports n’ont été aussi dégradés entre la police et les populations, entre la justice et les justiciables. Cette situation est en grande partie causée par des conceptions malsaines et inefficaces de l’ordre public, ainsi que par une absence de moyens destinés aux forces de sécurité.

Ainsi, les contrôles d’identité sont souvent l’occasion de comportements discriminatoires de la part des forces de police, et soumettent les personnes à l’arbitraire. La population, singulièrement dans les « quartiers » désignés par le pouvoir politique comme autant de « zones à risques » poussant à un déploiement de violence d’Etat en dehors de toute proportion, a aujourd’hui peur de la police.

Le risque est alors grand de « bavures » policières, qui font rarement l’objet d’une poursuite par citation directe du Parquet, à la différence des autres infractions, générant d’un côté un sentiment d’impunité et, de l’autre, un sentiment d’injustice.

Or, les récentes affaires politico-financières ont démontré jusqu’à la nausée, que le Parquet avait d’étroites relations de dépendance avec l’exécutif. Le résultat en est visible sur la justice des mineurs. Le répressif, sans nier qu’il en faille, l’emporte sur l’éducatif avec une préférence pour les centres fermés pour mineurs.

Dans une inflation législative sécuritaire, les lois préfèrent la sécurité à la garantie des libertés individuelles, telles celles sur la récidive, les étrangers ou sur la rétention de sûreté. Sans oublier que les régimes d’exception créés par les lois antiterroristes renforcent une dérive inégalitaire.

Enfin, conséquence logique, le bilan carcéral est accablant. En 2011, le coefficient d’occupation moyen des prisons est de 122 %, la construction de nouvelles prisons fonctionnant comme un appel à l’augmentation du nombre de détenus.

Pour rompre avec cette situation, la Ligue des droits de l’Homme soutient un certain nombre de propositions qu’elle entend mettre en débat publiquement ; elle souhaite que les candidates et candidats se déterminent sur ces propositions et rendent publics leurs remarques, critiques ou accords.

Huit propositions pour mettre fin à l’arbitraire et libérer la justice :

  • La systématisation d’une remise d’attestation de contrôle d’identité, pour rendre « visible » tout comportement de harcèlement policier.
  • Le rétablissement d’une police de proximité, dans un esprit de service public, de respect des populations et d’authentiques missions de sécurité.
  • L’établissement de procédures strictes et contrôlées d’engagement de la force publique, pour qu’elle soit légitime.
  • La suppression du lien entre le pouvoir et le parquet, et l’assurance de l’exercice plein et entier de l’indépendance de la magistrature.
  • La fin de la surproduction législative sécuritaire par l’abrogation des lois sur la récidive, la rétention de sûreté et le droit des étrangers.
  • La suppression de tous les régimes judiciaires d’exception, parce que nous sommes attachés au principe d’une justice égale pour tous.
  • La priorité aux peines alternatives préparant à une réelle réinsertion ; l’enfermement doit rester l’exception pour mettre fin à la surpopulation carcérale.
  • Le retour à la justice des enfants, issue de l’esprit de l’ordonnance de 1945, pour revenir à un droit pénal des mineurs privilégiant l’éducatif au répressif.

Interpellation des candidats : les questions de la Ligue des droits de l’Homme

Présidentielle, législatives… La LDH veut redonner à l’intervention de la société civile et ses organisations et associations toute sa place.

A cet effet, elle édite des lettres ouvertes d’interpellation et de présentation de ses analyses et de ses propositions.

D’ores et déjà, cinq de ces lettres sont à disposition, sur les cinq thèmes suivants :

  1. Quel état de la démocratie ?
  2. Quelles police et justice au service des citoyen(ne)s ?
  3. Les étrangers comme boucs émissaires ?
  4. Un avenir incertain pour les enfants et les jeunes ?
  5. Plus de sécuritaire, moins de social ?

Ces lettres seront bientôt rejointes par d’autres, sur d’autres thèmes, pour faciliter ce travail d’interpellation de celles et ceux qui briguent l’exercice du pouvoir.

Nous commençons la publication de ces lettres avec aujourd’hui : quel état de la démocratie ?

La Ligue des droits de l’Homme, signataire du Pacte pour les droits et la citoyenneté, s’inquiète de l’état de la démocratie dans notre pays, minée par la dégradation des droits, des libertés, des valeurs républicaines.

Elle constate une grave crise de confiance à l’égard de la représentation politique et de la capacité des forces politiques à servir l’intérêt général et à maîtriser l’avenir. L’abstention croissante en est une manifestation.

Quel état de la démocratie ?

Alors que l’essentiel du pouvoir législatif est concentré à l’Elysée, finissant par déboucher sur une véritable « monarchie élective » sans contrepoids à même de rétablir un équilibre, le Parlement, malgré la révision constitutionnelle décevante de 2008, n’exerce plus qu’à la marge le pouvoir de décider du contenu de la loi.

Le dialogue social est bousculé voire réduit à une formalité, le mouvement associatif sommé de souscrire à une logique marchande d’appels d’offres. Les collectivités territoriales sont menacées d’un retour de la tutelle, privées de l’essentiel de leur autonomie de moyens et de leur capacité à développer leurs propres politiques au-delà de la seule mise en œuvre des décisions du pouvoir central sous forme de dépenses obligatoires.

Dans le système politique français actuel, tous les présents ne sont pas représentés. La crise économique et sociale nourrit depuis plusieurs décennies une véritable crise de confiance. Elle renforce, dans le champ politique, d’anciens mécanismes d’exclusion et de discriminations. Les femmes restent largement exclues de l’exercice du pouvoir et sous-représentées au plan politique. Il en va de même des citoyens dont les origines font la diversité de la société d’aujourd’hui.

Les citoyens qui ne sont pas directement frappés par ces mécanismes d’exclusion ou de mise à l’écart ont le sentiment que leur vote se perd en route. Car les « territoires économiques et sociaux » et les réalités démographiques ne coïncident plus avec les « territoires de représentation élective ». De plus en plus, les décisions touchant au quotidien des habitants (logement, santé, éducation, etc.) ne sont plus prises uniquement par les assemblées élues au suffrage universel direct. Le pouvoir s’est déplacé vers d’autres institutions, non élues directement et moins connues des électrices et des électeurs.

Pour rompre avec cette situation, la Ligue des droits de l’Homme soutient un certain nombre de propositions qu’elle entend mettre en débat publiquement ; elle souhaite que les candidates et candidats se déterminent sur ces propositions et rendent publics leurs remarques, critiques ou accords.

Six propositions pour un sursaut démocratique :

  1. Mettre fin au cumul des mandats entre mandat parlementaire et toute fonction exécutive locale, ainsi qu’au cumul entre fonctions exécutives locales.
  2. Accorder le droit de vote aux élections locales aux résidents étrangers ayant la nationalité d’Etats non membres de l’Union européenne.
  3. Agir pour que les membres du Conseil constitutionnel et des Autorités indépendantes soient désignés par l’Assemblée nationale à la majorité des deux tiers de ses membres.
  4. Réformer le mode d’élection des sénateurs pour rétablir l’égale représentation des citoyens quels que soient les territoires où ils résident dans la République.
  5. Elire toutes les assemblées délibérantes des collectivités territoriales au scrutin de liste et dans des conditions faisant place à la représentation de la diversité des votes émis par les citoyens.
  6. Élire les assemblées délibérantes des intercommunalités au suffrage universel direct.

Hébergement d’urgence : passer de la charité au droit

Une ordonnance  du Conseil d’État du 10 février 2012 (saisi par le DAL), mis en application  à plusieurs reprises par le Tribunal Administratif de Paris, confirme que le Droit à l’hébergement d’urgence s’adresse à toute personnes sans abri, quelle que soit sa situation administrative, que sa mise en œuvre est une obligation de l’État. Selon la loi, toute personne hébergée doit être maintenue jusqu’à une orientation vers un hébergement stable, de soin ou un relogement.

Des associations et syndicats tels que DAL, LDH, Syndicat de la magistrature, Syndicat des Avocats de France, Solidaire, Sud santé sociaux, RESF, ACDL, CAL, CNAFAL, Fondation Copernic,  Union Syndicale de la psychiatrie, Advocacy, …   lancent mercredi 14 mars :

  • un site de ressource juridique, nommé « 115juridique.org« , afin de mettre à disposition de tous des modèles de recours, et des explications sur les procédures à suivre,
  • un appel unitaire soutenant cette initiative et toute action favorisant l’accès à un hébergement stable, sans remise à la rue, des sans-logis (permanences juridiques, téléphone vert …)

Cette initiative vise à lancer en grand nombre des recours en référé liberté qui ouvre l’accès à une procédure gratuite et la plus rapide qui soit en matière de justice administrative, sur le modèle de ceux introduit par le DAL, et de tenir à jour la jurisprudence qui en sortira.

Il s’agit également  de mettre cet outil à la portée de tous,  avant la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives, (qui n’ont jamais été aussi nombreuses dans notre pays), et avant le 31 mars, date de la fin du plan d’accueil hivernal, qui va entraîner la remise à la rue de milliers de sans-abri, ce qui doit  désormais être considéré comme illégal.

Trente organisations veulent « libérer les élections »

La Ligue des droits de l’Homme est associée à l’appel lancé par plus de trente associations : « Libérons les élections ».

« LIBERONS LES ELECTIONS » :

Mode d’emploi pour la mobilisation des réseaux

– Quels sont les objectifs de la dynamique collective ?

– Tous les thèmes peuvent-ils être abordés?

– Comment se mobiliser ?

– Quand se mobiliser?

– Quels moyens ?

Quels sont les objectifs de la dynamique collective « Libérons les élections » ?

  • rendre visible les propositions des mouvements citoyens

Dans le cadre des élections de 2012, plus de 30 organisations, réseaux et plateformes ont décidé de réunir leurs forces, leur diversité et leur créativité pour donner à voir combien les alternatives pour une société plus solidaire existent déjà et comment les organisations/mouvements citoyens en sont porteurs. (Cf. Appel en annexe).

Nous souhaitons les faire connaître :

  • aux militants et sympathisants des autres organisations
  • aux médias nationaux et locaux
  • à tou-te-s les citoyen-ne-s

Ainsi, notre démarche ne vise pas spécifiquement l’interpellation directe des candidats ; en effet nos réseaux/organisations le font déjà en portant leurs propositions dans le cadre de leur propre stratégie de plaidoyer. Nous comptons néanmoins sur le fait que les candidat-e-s aux élections s’intéressent à notre démarche parce que nous aurons réussi à toucher le grand public et les médias.

  • donner envie aux citoyen.ne.s de débattre aussi des questions qui les concernent

Pour les organisations signataires partie prenante de l’initiative collective « Libérons les élections », il est essentiel de lutter contre le sentiment d’impuissance qui gagne de plus en plus de citoyen.ne.s qui ne se sentent pas entendu.e.s, ou qui ne voient pas comment être acteur.rice.s dans notre société. La confiscation du débat public par des cercles étroits de « décideurs », politiques, économiques, financiers ou de médias,… appauvrit en effet la vie démocratique de notre pays. Cette situation met à mal notre capacité à vivre ensemble et favorise les campagnes invitant à la peur de l’autre, à la stigmatisation des plus faibles, des exclus, au rejet des altérités.

Face à ce constat, il est urgent de redonner du sens au politique et d’encourager chacun.e individuellement et collectivement à retrouver le goût de la « chose politique », l’envie de se questionner et de s’investir dans le débat public.

Tous les thèmes peuvent-ils être abordés?

A l’image de la diversité des organisations qui animent cette initiative, ces propositions concernent des domaines très différents. Sans être exhaustive, la liste qui suit recense quelques-uns des thèmes phares de mobilisation de nos réseaux :

  • l’enjeu démocratique : citoyenneté, participation, éducation, enjeux institutionnels, culture, éducation populaire, vie associative
  • les questions de migration, de racisme, d’interculturalité
  • les nouveaux modèles de développement (production, consommation, transport, énergie…) pour assumer les transitions écologique sociale et démocratique
  • la politique étrangère et de coopération de la France, dans une optique responsable, transparente et respectueuse des populations
  • la garantie de l’accès aux droits fondamentaux et aux services publics.
  • la régulation financière et économique : justice fiscale, redistribution, normes contraignantes de responsabilité sociale et environnementale…

Comment se mobiliser ?

  • Mettre en place / rejoindre des dynamiques collectives au niveau des territoires

Bien que cela ne soit pas un « impératif » nous encourageons les acteurs locaux à s’inscrire dans des dynamiques collectives, voire les initier… L’originalité de cette initiative est en effet dans ces passerelles proposées entre des enjeux locaux, nationaux et des enjeux dits internationaux.

  • Favoriser la créativité et l’expression citoyenne

En fonction du public et de l’objectif recherché, différentes formes d’animations peuvent être privilégiées, des plus classiques aux plus originales. Les idées ne manquent pas et nous ferons en sorte qu’elles puissent être mutualisées, notamment sur le site. Nous encourageons les acteurs locaux à privilégier les modes d’animations qui favorisent l’appropriation de l’espace public. Nous pouvons citer d’ores et déjà, à titre d’exemple : le théâtre forum ; les marches ; les murs de parole ; etc.

Pour ce qui est des débats, nous attirons l’attention sur le fait que la qualité d’écoute et du dialogue sera un élément clé. L’émergence des paroles et préoccupations doit constituer le pendant concret de nos souhaits de faire monter la question et les exigences démocratiques. De nombreuses techniques d’animations peuvent être utilisées pour faire en sorte qu’un débat reste constructif et permette à chacun de s’exprimer librement.

  • Et enfin, valoriser le label commun « Libérons les élections »

L’enjeu étant d’élargir la base des participant.e.s et d’accroître notre visibilité, nous proposons la mise en place d’un label commun qui facilitera l’identification des initiatives et leur cartographie. Il montrera que les initiatives/propositions portées par nos réseaux sont complémentaires et participent d’une même vision de la démocratie.

Chaque groupe, collectif ou antenne local des organisations qui ont signé l’Appel peut par conséquent affirmer son adhésion à la démarche collective, en se saisissant du « label » « LIBERONS LES ELECTIONS » : nous invitons les groupes, collectifs ou antennes locaux à inscrire leurs initiatives dans l’agenda commun du site web et à utiliser les supports de communication du label.

Quand mobiliser ?

Bien que la mobilisation ait parfois déjà commencé sur certains territoires, il semble que c’est globalement à partir de maintenant qu’elle va prendre corps et durer jusqu’à la fin des élections législatives.

Voici d’ores et déjà quelques repères qui peuvent aider à définir les choix que vous ferez localement. Les initiatives peuvent en effet s’organiser autour des temps suivants :

Dès maintenant : vous pouvez inscrire vos activités sous le label « Libérons les élections »

  • le 31 mars : un temps fort à Paris et en région

Le détail de cet événement vous sera communiqué ultérieurement mais il est d’ores et déjà acquis que vous pourrez le reprendre localement.

  • avril et mai : le temps de l’élection présidentielle
  • mai et juin : les élections législatives

Quels moyens au service de l’initiative ?

  • Dés maintenant : une adresse mail : mobilisation@liberonsleselections.org
    Le groupe de travail chargé de la mobilisation des réseaux dans le cadre de l’initiative propose la mise en place d’une adresse unique pour toutes les questions que vous pouvez vous posez :  qui contacter localement ? qu’est-ce qui se passe sur mon territoire? Etc.
  • Fin février : un site internet spécial www.liberonsleselections.org
    Destiné à être l’outil principal de la mobilisation, le site permettra aux acteurs d’identifier les personnes référentes des différents réseaux sur leur territoire, de faire connaître leur initiative, de mutualiser les expériences. Il constituera aussi une source d’information sur toutes les propositions des différentes thématiques et répertoriera les initiatives prévues dans un agenda avec géolocalisation des événements.
  • Des supports de communication facilement appropriables par les acteurs locaux : visuel, logo…
  • Une campagne de communication nationale pour faire connaître l’initiative : outils vidéos, relations médias…

En annexe : l’appel « Libérons les élections » et la liste des signataires à ce jour

Libérons les élections

Des alternatives pour réinventer la démocratie

Les élections présidentielles et législatives de 2012 vont être l’occasion de choix majeurs. Le contexte de crise et la gravité des effets sur les citoyens des mesures censées y répondre rendent ces choix aussi difficiles qu’essentiels pour l’avenir, selon qu’ils chercheront ou non à redéfinir les bases de notre contrat social.

Parce que nous sommes des organisations associatives, des réseaux, des collectifs divers, nous ne voterons sans doute pas pour les mêmes candidats. Cette diversité est normale, elle s’inscrit dans la démocratie vivante. Mais nous nous rassemblons dans le refus d’un discours basé sur la peur, prônant des mesures régressives et discriminantes. Nous pensons au contraire que ces élections doivent être l’occasion de proposer une ambition politique et démocratique au pays et à ses habitant-e-s fondée sur la défense et la promotion des droits fondamentaux partout et pour tou(te)s ainsi que des réformes institutionnelles profondes dont notre pays a besoin.

Depuis de trop longues années, les principes de respect de l’altérité et de solidarité sont régulièrement sapés au profit d’un discours qui fait du tout sécuritaire et de la concurrence de tous contre tous le fondement de toute richesse et de la crainte de l’autre le fondement de la vie sociale.

Citoyens en actes, nous ne nous résignons pas à cette conception mortifère des rapports entre les êtres humains. Nous n’acceptons pas que la concurrence soit le seul horizon de nos vies. Nous ne voulons pas que le chacun pour soi détruise la noblesse de l’engagement collectif, pas plus que nous n’acceptons que l’action publique ne se réduise à des mesures sécuritaires ou à l’accentuation des inégalités de revenus et de positions sociales.

Il est possible de vivre bien sur la planète, non pas malgré les autres mais avec les autres, non pas de la spéculation mais de son travail, et sans qu’il ne soit nécessaire pour cela de piller les ressources naturelles et de fouler aux pieds la dignité des personnes.

Nous pensons que la recherche du bien-être peut se passer du moteur de l’avidité et de l’illusion de l’accumulation infinie de puissance et de pouvoir révélée par la crise financière de 2008.

Nous pensons que la conquête des droits fondamentaux n’est pas une option, mais une urgence pour toutes les femmes et tous les hommes partout dans le monde, et que la paix ne peut être garantie sans le respect du droit à l’autodétermination de tous les peuples.

Nous sommes confiants dans l’avenir parce que nous sommes convaincus que nous pouvons faire en sorte qu’il réponde aux aspirations et aux espoirs des peuples. Encore faut-il pour cela promouvoir d’autres politiques que celles qui ont failli. D’autres voies, d’autres expériences sont possibles, sur la base de notre diversité, de nos débats, de nos initiatives.

A cet égard, la discussion, la participation, la recherche du bien commun, sont plus pertinents et plus efficaces que les solutions imposées et les critiques muselées.

Nous pensons que la participation à la vie démocratique ne se résume pas aux échéances électorales mais qu’elle s’exerce aussi au quotidien, par des débats, des propositions d’alternatives et des actions comme celles que nous portons.

Pour le dire et le montrer à l’occasion de ces élections, nous souhaitons organiser des évènements publics visibles et médiatisés pour que le maximum de résonance soit donné aux initiatives issues de la société civile, de manière à ce que nos valeurs et les perspectives qu’elles ouvrent pour nos sociétés soient présentes dans le débat public électoral et ce, en toute indépendance.

Nous appelons toutes les organisations, mouvements, collectifs, réseaux de citoyens qui se reconnaissent dans ces valeurs et cette démarche à nous rejoindre pour la concrétiser.

Signataires au 23 janvier 2012 :

Accueil Paysan, les Amis de la Terre, Fédération Artisans du Monde, ATTAC, CCFD-Terre Solidaire, la Cimade, Colibris, Collectif Citoyen Ile-de-France non-aux-gaz et pétrole de schiste, Collectif des Innovations/Illuminations politiques, Collectif Ethique sur l’étiquette, Comité National de Liaison des régies de quartier, Convergence citoyenne pour une transition énergétique, Convergence nationale défense et développement des services publics, CRID (Centre de Recherche et d’Information pour le Développement), Des Ponts pas des murs, Fondation France Libertés , Fondation Sciences Citoyennes, Ingénieurs Sans Frontières, IPAM (Initiatives pour un autre monde), Ligue des Droits de l’Homme, MES (Mouvement  pour l’Économie Solidaire), Oxfam France, Pacte civique, Peuple et culture, Peuples Solidaires, Récit, Ritimo, Sauvons la Recherche, Secours Catholique-Caritas France, Terre des Hommes France, UJFP (Union juive française pour la paix).