Son nom ne vous sans doute pas grand chose. Ouest-France lui a pourtant consacré un article, ce jeudi 13 octobre 2011, dans sa dernière page, qui est diffusée dans les 12 départements où il est diffusé.
Paul Rousseau, aujourd’hui âgé de 78 ans, est un ancien policier, qui a été le témoin direct du massacre des Algériens par la police, le 17 octobre 1961, à Paris. « Menacé par ses collègues de soutenir les bougnoules, Paul Rousseau se tait quelques jours. Mais des syndicalistes commencent à parler, des articles paraissent. Paul Rousseau, en tant que délégué du Syndicat général de la police du Xème arrondissement de Paris, adresse alors trois articles aux journaux. Il dénonce à la fois les attentats du FLN contre les policiers (une trentaine de morts en 1961) et les dérapages de la police. Pour ces articles, il est suspendu trois semaines et muté disciplinairement », indique l’article d’Ouest-France, signé Jean-Luc Cochennec.
Le 17 octobre 2011, Paul Rousseau participera à la commémoration de cet événement dramatique (qui avait été piloté par un certain préfet nommé… Papon) sur le pont de Clichy. Il y recevra la médaille d’or de la Ville de Clichy-la-Garenne.
Par ailleurs, Paul Rousseau a été président de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Concarneau jusqu’en novembre 2010. Il avait rejoint la LDH après la manifestation de l’OAS (Organisation de l’armée secrète, qui regroupait des terroristes partisans de l’Algérie française) du 8 février 1962, qui donna lieu aux tristes événement du métro Charonne. Il a également fait partie de ceux qui ont dénoncé les actes de collaboration de Maurice Papon pendant la deuxième guerre mondiale, ainsi que son action en tant que préfet au début des années 1960.
Ci-dessous, deux article écrits par Paul Rousseau pour le journal de son syndicat, le S.G.P. (syndicat général de la police), au moment de ces événement dramatiques au cours desquels la police a souvent été mise à rude épreuve, par tous les protagonistes (OAS, FLN, gouvernement). (Merci à Michelle Daloz, de Quimperlé, pour son aide).
DEFENDRE LA REPUBLIQUE
L’heure de la vérité a sonné… Les policiers parisiens ont refusé et refusent toujours d’être considérés comme faisant le jeu des factions. La décision prise par le Comité de défense, appuyée ensuite par notre commission administrative et nos conseils syndicaux, montre parfaitement le soutien dont bénéficie notre Secrétaire général.
Il n’était pas opportun d’interdire la manifestation du 19 décembre à Paris, alors que la province obtenait une dérogation et voyait se dérouler ces mêmes manifestations sans incident.
Il n’était pas davantage opportun de nous faire heurter contre un peuple soutenant le fond de la politique actuelle du Gouvernement, négociation pour la paix en Algérie et lutte contre l’O.A.S., car la position prise par le Gouvernement risquait de nous faire considérer comme l’avant-garde des factieux, ce qui aurait conduit la Préfecture à une condamnation définitive.
Or, face à ces événements, la seule réponse donnée par les autorités a été les sanctions infligées à notre Secrétaire général.
Camarades, vous devez comprendre qu’un appui total à votre organisation est nécessaire. Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas admettre que de telles mesures soient prises contre vos responsables syndicaux.
Nous devons nous unir pour bien démontrer que nous sommes résolus à défendre le syndicalisme et les institutions républicaines.
Pensez à demain, camarades, si le syndicalisme venait à disparaître, ce serait la fin de vos libertés et il vous faudrait à nouveau marcher comme au temps de l’occupation. Non ! Nous ne pouvons pas accepter la perte de notre syndicalisme !
La population a compris ses policiers, cette population que nous côtoyons chaque jour attend beaucoup de nous, elle nous fait confiance, nous ne devons pas décevoir cette confiance. Fort de notre unité, notre S.G.P. sortira grandi par cette prise de position. Nous devons nous montrer vigilants et prêts à appuyer notre Bureau fédéral dans ses entreprises.
Camarades, le syndicalisme est puissant, il vient de le démontrer, notre avenir est préservé, nous sortirons vainqueurs des épreuves qui nous sont imposées.
Face aux factieux, nous ne devons pas rester muets, notre devoir est de défendre les institutions républicaines, et de combattre pour la République.
ROUSSEAU, Délégué du 10ème
Il faut en finir
par ROUSSEAU, délégué 10ème arr.
Nous en avons assez ! Oui, c’est la phrase courante dans nos services qui est justifiée par le fait que nos camarades tombent presque journellement, les nerfs sont à fleur de peau. Il faut que les autorités supérieures tiennent compte du fait que certains éléments du personnel son actuellement susceptibles d’accomplir des actes regrettables, pour venger les collègues tombés à la suite de lâches attentats.
Le problème est grave, car il est difficile de se conduire en hommes raisonnables lorsque nous subissons et payons les coups d’une politique à laquelle nous n’avons aucune part à prendre.
Mais croyez-vous qu’emprunter le chemin de la violence aidera à résoudre une question dont le Gouvernement cherche encore la solution acceptable.
Le combat nous est imposé par l’adversaire, le Gouvernement doit nous donner les moyens de nous défendre et nous protéger, il doit également penser que la fin de cette guerre serait encore plus sage et que la joie reviendrait dans nos familles.
Nos femmes, nos enfants en ont assez de vivre dans l’angoisse. Les policiers sont des maris et des pères de famille avec des responsabilités morales comme les autres citoyens?.
Nous sommes des hommes conscients de notre tâche pour le maintien de l’ordre et la sécurité, mais nous n’acceptons pas d’être des cibles vivantes.
Camarades du S.G.P., NE VOUS LAISSEZ PAS ALLER à des actes qui ne sont pas en accord avec votre manière de penser, groupez-vous autour de vos cadres syndicaux, agissez comme des homme représentant la justice, et non comme des justiciers? C’est en nous donnant la main dans une même action légale que nous devons faire comprendre à nos responsables gouvernementaux que nous en avons assez.
Chef de l’Etat, Gouvernement, entendez la voix de ceux qui sont chargés de vous protéger.
DES PERES, DES MERES, DES ENFANTS, D’UN SEUL COEUR VOUS ADJURENT D’ARRETER CETTE GUERRE MEURTIERE ET DE NEGOCIER POUR LA PAIX.