Demandeurs d’asile : une distribution de tracts et une pétition

Photo Le Télégramme

La situation des demandeurs d’asile ne s’améliore pas à Saint-Brieuc. Alors que le préfet avait promis de les loger dans des appartements, il est revenu sur sa décision, aucune des associations agréées n’ayant accepté de prendre en charge la gestion du dossier. Les 17 personnes actuellement logées dans une maison appartenant au service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Or cette maison vient d’être vendue, et elle aurait déjà dû être libérée le 31 août. Nous sommes en automne, le froid va arriver rapidement : il est de plus en plus urgent que le Préfet se décide à appliquer la loi. Car c’est bien cela dont il s’agit : la loi exige que les demandeurs d’asile soient loger, et elle précise que ce devoir incombe à l’Etat, et non aux associations ou aux collectivités locales, qui se sont déjà beaucoup investies. Article du Télégramme ici.

Le collectif contre le racisme et pour la solidarité a donc décidé d’alerter le public, en distribuant un tract, samedi 22 octobre, et en faisant signer une pétition que vous pouvez télécharger ici, et dont voici le texte ci-dessous. Il sera possible de signer la pétition en ligne dès maintenant à cette adresse.

Télécharger le tract et la pétition.

« Je veux que d’ici deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir, parce que le droit à l’hébergement, c’est une obligation humaine » N. Sarkozy en décembre 2006

Or à St Brieuc, comme partout en France, des personnes, des familles avec des enfants de quelques mois à
15 ans, que la préfecture a le devoir d’héberger, sont recueillies par les associations et des collectivités depuis le printemps.

Ce provisoire ne peut plus durer (voir dans la presse locale)

Les CADA (Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) ne sont pas des « niches fiscales », or un tiers de leurs moyens financiers a été « raboté ». Pourquoi ? Au nom de quelle humanité ?

NOUS DEMANDONS à tous les citoyens une solidarité active pour faire respecter le droit dans notre département.

  • ENSEMBLE exigeons du préfet qu’il applique la loi qui oblige l’Etat à héberger les demandeurs d’asile.
  • NON à une politique constante de rejet et de mise en accusation de tous les Etrangers ;
  • MÊME DROIT  au logement pour tous, Français comme Etrangers.

Signataires pour le Collectif contre le racisme et pour la solidarité – 12 rue G. Eiffel à St Brieuc :

Asti – Cimade – Dal – La FASELa Pastorale des Migrants – LDH – Secours Catholique – Solidaires – FSU – PCF – UDB – PS –EELV – NPA

Nom & prénom Adresse Signature

Paul Rousseau à l’honneur aux cérémonies de Clichy

Paul Rousseau reçoit la médaille du mérite national du gouvernement algérien des mains de Halim Benatallah, secrétaire d'Etat (photo : blog de Gilles Catoire, maire de Clichy)

Paul Rousseau, cet ancien policier qui a été un des premiers à dénoncer le massacre des Algériens le 17 octobre 1961, était invité aux cérémonies commémoratives de cet événement à Clichy, lundi 17. Il y a reçu la médaille d’honneur de la Ville de Clichy, des mains de son lmaire, Gilles Catoire. Il a également  reçu la médaille de l’ordre du mérite national algérien, qui lui a été remise par Halim Benatallah, secrétaire d’État algérien chargé de la Communauté nationale à l’étranger. En remettant cette médaille à Paul Rousseau, Halim Benatallah a déclaré : « M. Paul Rousseau reçoit la médaille du mérite du gouvernement algérien en reconnaissance du rôle qu’il a assumé. Il figure parmi les héros anonymes de l’époque qui ont soutenu la communauté algérienne et le combat pour l’indépendance du pays. Son rôle a été éminemment important, nous lui reconnaissons un courage exceptionnel » (source : blog de Gilles Catoire, maire de Clichy).

Le quotidien national algérien « Liberté » relate la cérémonie.

Rappelons que Paul Rousseau a présidé la section de la Ligue des droits de l’Homme de Concarneau pendant de longues années. Vous pouvez voir ci-dessous son intervention au cours de la conférence de Michel Tubiana, à Quimperlé, le 14 octobre dernier.

httpv://www.youtube.com/watch?v=Rs3qlIwvQ8o

Paul Rousseau, témoin courageux, militant syndical et ligueur

Son nom ne vous sans doute pas grand chose. Ouest-France lui a pourtant consacré un article, ce jeudi 13 octobre 2011, dans sa dernière page, qui est diffusée dans les 12 départements où il est diffusé.

Paul Rousseau, aujourd’hui âgé de 78 ans, est un ancien policier, qui a été le témoin direct du massacre des Algériens par la police, le 17 octobre 1961, à Paris. « Menacé par ses collègues de soutenir les bougnoules, Paul Rousseau se tait quelques jours. Mais des syndicalistes commencent à parler, des articles paraissent. Paul Rousseau, en tant que délégué du Syndicat général de la police du Xème arrondissement de Paris, adresse alors trois articles aux journaux. Il dénonce à la fois les attentats du FLN contre les policiers (une trentaine de morts en 1961) et les dérapages de la police. Pour ces articles, il est suspendu trois semaines et muté disciplinairement », indique l’article d’Ouest-France, signé Jean-Luc Cochennec.

Le 17 octobre 2011, Paul Rousseau participera à la commémoration de cet événement dramatique (qui avait été piloté par un certain préfet nommé… Papon) sur le pont de Clichy. Il y recevra la médaille d’or de la Ville de Clichy-la-Garenne.

Par ailleurs, Paul Rousseau a été président de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Concarneau jusqu’en novembre 2010. Il avait rejoint la LDH après la manifestation de l’OAS (Organisation de l’armée secrète, qui regroupait des terroristes partisans de l’Algérie française) du 8 février 1962, qui donna lieu aux tristes événement du métro Charonne. Il a également fait partie de ceux qui ont dénoncé les actes de collaboration de Maurice Papon pendant la deuxième guerre mondiale, ainsi que son action en tant que préfet au début des années 1960.

Ci-dessous, deux article écrits par Paul Rousseau pour le journal de son syndicat, le S.G.P. (syndicat général de la police), au moment de ces événement dramatiques au cours desquels la police a souvent été mise à rude épreuve, par tous les protagonistes (OAS, FLN, gouvernement). (Merci à Michelle Daloz, de Quimperlé, pour son aide).

DEFENDRE LA REPUBLIQUE

L’heure de la vérité a sonné… Les policiers parisiens ont refusé et refusent toujours d’être considérés comme faisant le jeu des factions. La décision prise par le Comité de défense, appuyée ensuite par notre commission administrative et nos conseils syndicaux, montre parfaitement le soutien dont bénéficie notre Secrétaire général.

Il n’était pas opportun d’interdire la manifestation du 19 décembre à Paris, alors que la province obtenait une dérogation et voyait se dérouler ces mêmes manifestations sans incident.

Il n’était pas davantage opportun de nous faire heurter contre un peuple soutenant le fond de la politique actuelle du Gouvernement, négociation pour la paix en Algérie et lutte contre l’O.A.S., car la position prise par le Gouvernement risquait de nous faire considérer comme l’avant-garde des factieux, ce qui aurait conduit la Préfecture à une condamnation définitive.

Or, face à ces événements, la seule réponse donnée par les autorités a été les sanctions infligées à notre Secrétaire général.

Camarades, vous devez comprendre qu’un appui total à votre organisation est nécessaire. Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas admettre que de telles mesures soient prises contre vos responsables syndicaux.

Nous devons nous unir pour bien démontrer que nous sommes résolus à défendre le syndicalisme et les institutions républicaines.

Pensez à demain, camarades, si le syndicalisme venait à disparaître, ce serait la fin de vos libertés et il vous faudrait à nouveau marcher comme au temps de l’occupation. Non ! Nous ne pouvons pas accepter la perte de notre syndicalisme !

La population a compris ses policiers, cette population que nous côtoyons chaque jour attend beaucoup de nous, elle nous fait confiance, nous ne devons pas décevoir cette confiance. Fort de notre unité, notre S.G.P. sortira grandi par cette prise de position. Nous devons nous montrer vigilants et prêts à appuyer notre Bureau fédéral dans ses entreprises.

Camarades, le syndicalisme est puissant, il vient de le démontrer, notre avenir est préservé, nous sortirons vainqueurs des épreuves qui nous sont imposées.

Face aux factieux, nous ne devons pas rester muets, notre devoir est de défendre les institutions républicaines, et de combattre pour la République.

ROUSSEAU, Délégué du 10ème

Il faut en finir

par ROUSSEAU, délégué 10ème arr.

Nous en avons assez ! Oui, c’est la phrase courante dans nos services qui est justifiée par le fait que nos camarades tombent presque journellement, les nerfs sont à fleur de peau. Il faut que les autorités supérieures tiennent compte du fait que certains éléments du personnel son actuellement susceptibles d’accomplir des actes regrettables, pour venger les collègues tombés à la suite de lâches attentats.

Le problème est grave, car il est difficile de se conduire en hommes raisonnables lorsque nous subissons et payons les coups d’une politique à laquelle nous n’avons aucune part à prendre.

Mais croyez-vous qu’emprunter le chemin de la violence aidera à résoudre une question dont le Gouvernement cherche encore la solution acceptable.

Le combat nous est imposé par l’adversaire, le Gouvernement doit nous donner les moyens de nous défendre et nous protéger, il doit également penser que la fin de cette guerre serait encore plus sage et que la joie reviendrait dans nos familles.

Nos femmes, nos enfants en ont assez de vivre dans l’angoisse. Les policiers sont des maris et des pères de famille avec des responsabilités morales comme les autres citoyens?.

Nous sommes des hommes conscients de notre tâche pour le maintien de l’ordre et la sécurité, mais nous n’acceptons pas d’être des cibles vivantes.

Camarades du S.G.P., NE VOUS LAISSEZ PAS ALLER à des actes qui ne sont pas en accord avec votre manière de penser, groupez-vous autour de vos cadres syndicaux, agissez comme des homme représentant la justice, et non comme des justiciers? C’est en nous donnant la main dans une même action légale que nous devons faire comprendre à nos responsables gouvernementaux que nous en avons assez.

Chef de l’Etat, Gouvernement, entendez la voix de ceux qui sont chargés de vous protéger.

DES PERES, DES MERES, DES ENFANTS, D’UN SEUL COEUR VOUS ADJURENT D’ARRETER CETTE GUERRE MEURTIERE ET DE NEGOCIER POUR LA PAIX.

La politique de l’immigration tue !

A  la suite de l’incendie du squat de Pantin, dans lequel 6 demandeurs d’asile tunisiens et égyptiens, la Ligue des droits de l’Homme a publié un communiqué :

La Ligue des Droits de l’Homme de Seine-Saint-Denis constate une fois de plus que la politique de l’immigration tue ! Elle appelle au rassemblement de protestation organisé le 30 septembre à 18 h à Pantin devant le squat incendié (M° Hoche – Passage Roche).

L’incendie qui a coûté la vie à six jeunes venus d’Egypte et de Tunisie est à porter au passif d’un gouvernement qui affecte de soutenir les peuples en lutte pour la démocratie, qui affirme vouloir « accompagner, soutenir, aider les peuples qui ont choisi d’êtres libres… », mais qui ferme sa porte à ceux de ces jeunes qui ont choisi l’exil pour tenter de vivre mieux.

Traqués par la police, contraint de dormir dans des squares ou des terrains vagues, privés d’un accès à l’hébergement d’urgence, certains avaient trouvé refuge dans un immeuble muré promis à la démolition. Ils y ont trouvé la mort.

Non, ce ne sont pas les « filières de l’immigration clandestine », comme le prétend le ministre de l’Immigration, qui sont responsables de ce drame, mais bien un déficit d’accueil et de solidarité, et une politique qui veut faire de l’étranger une menace et un bouc émissaire. Le droit d’asile est réduit à la portion congrue, l’accès au séjour pour les malades ou pour les étudiants se restreint, le droit à la vie privée et familiale est battu en brèche pour les étrangers. Même la protection des mineurs isolés peine à s’organiser alors qu’elle relève de la responsabilité des pouvoirs publics.

Mais s’il ne fait pas bon être pauvre et étranger dans ce pays, il ne fait pas bon être pauvre tout court ! L’absence d’un effort national en faveur du logement social, les restrictions drastiques de budget en matière d’hébergement d’urgence et d’action sociale, de santé, et d’éducation pénalisent toujours les plus précaires, quelles que soient leur origine et la couleur de leur peau.

Au lieu de jouer sur les peurs, d’attiser la xénophobie et d’encourager les populismes, la France et l’Europe devraient, non seulement assurer le respect des droits fondamentaux pour tous, français et étrangers, mais jouer la carte de la solidarité, de l’ouverture et de l’accueil, favoriser l’intégration de ces populations jeunes et dynamiques par la formation et le travail. Il y a urgence !

Saint-Denis, le 29 septembre 2011.

Idée fixe : l’UMP veut limiter le droit d’asile

Dessin paru sur le site de la CGT ADDSEA, http://cgtaddsea.wordpress.com/2008/10/

Bruno Le Maire, dans le programme qu’il a présenté devant l’université d’été de l’UMP, propose une nouvelle limitation du droit d’asile. Ce n’est pas une nouveauté, c’est une idée fixe de la droite. Le moyen trouvé : accélérer le traitement des dossiers, pour passer de 18 à 20 mois actuellement à 6 mois. Et derrière cette accélération souhaitée, une idée redoutable : « «Il faut faire en sorte que les demandeurs d’asile n’aient pas le temps de scolariser leur enfants et de trop s’installer» car après il serait d’autant plus difficile de leur donner une réponse négative. Et il sera d’autant plus facile de limiter la mobilisation des association.

Claire Rodier, juriste au Gisti (Groupe d’information et de soutien aux immigrés) a immédiatement réagi à cette proposition, qualifiant le choix d’une norme fixe (durée de traitement des dossiers) « d’absurde ». On peut lire sa réaction, ainsi que celle de la Coordination française pour le droit d’asile (CFDA) dans l’article de Libération paru ce lundi 5 septembre.

Guéant : contrôler le niveau linguistique des candidats à la naturalisation

Libération nous apprend que Claude Guéant souhaite que les étrangers voulant s’installer en France aient une «maîtrise de langue française» comparable à celle «d’un élève en fin de scolarité obligatoire (entretien à paraître mercredi 24 août dans l’Express). Il précise : «Je veux que les connaissances exigées se situent au niveau de celles d’un élève en fin de scolarité obligatoire», soit un niveau de fin de collège. Concernant les naturalisations, «Je viens de signer une circulaire destinée aux préfets pour les guider dans l’instruction des demandes», annonce-t-il, en soulignant que «les conditions de l’assimilation — c’est le mot utilisé par le Code Civil – doivent être étroitement vérifiées».

Faisons un petit test. Imaginons un candidat à la naturalisation qui dirait par exemple :  » Ma détermination n’a rien changé » (comprendre : « ma détermination n’a en rien changé »). Ou : « si y en a que ça les démange d’augmenter les impôts ». Ou encore : «  Mais franch’ment, par moments, on s’demande c’est à quoi ça leur a servi toutes ces années pour avoir autant de mauvais sens ! ».

Poursuivons le test : « on commence par les infirmières parce qu’ils sont les plus nombreux ». Ou :  » comme y’aura l’allongement de la durée de la vie, y’aura de plus en plus de gens qui voudront partir faire des tours en croisière. ». Et une dernière pour le plaisir : « j’préfère qu’vous savez qu’vous soyez avec un actionnaire que vous connaissez ici».

Question : ce candidat pourra-t-il obtenir la nationalité française ?

N.B. Toutes ces citations sont extraites de discours ou de déclarations de l’actuel président de la République…

Allocataires sociaux : Mariani l’a voulu, Bertrand le fait

Communiqué de la Ligue des droits de l’homme :

La Ligue des droits de l’Homme condamne fermement le projet annoncé par Xavier Bertrand, ministre du Travail et de la Santé, de la création d’« un fichier unique des allocataires sociaux avant la fin de l’année », création destinée, selon le ministre, à « renforcer la lutte contre des fraudes sociales ». Cette annonce vise à donner, une fois encore, des gages à la droite populaire, qui en avait fait un de ses thèmes favoris, et au-delà à l’électorat du Front national.

Sous couvert de lutte contre les fraudes, la mesure vise à stigmatiser les plus démunis et les plus faibles comme autant de fraudeurs potentiels, tout en renforçant les instruments d’un contrôle social sans grand rapport avec l’idée de justice sociale, de justice tout court.

Elle s’inscrit enfin dans une dynamique de multiplication de fichiers et dans une logique de leur interconnexion, lourde de périls pour les droits et les libertés tant individuels que collectifs.

Citoyenneté, liberté, psychiatrie : déclaration d’entrée en résistance

Le collectif « Mais c’est un Homme », qui dénonce depuis sa préparation la loi du 5 juillet 2011 relative « aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge » appelle à la résistance contre cette loi.

Lire aussi l’article du Monde consacré à ce problème.

Déclaration du 1er août 2011 du collectif « Mais c’est un homme » :

La loi du 5 juillet 2011 relative « aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge » et ses décrets d’application entrent en vigueur. Le mouvement fort de lutte contre cette loi peut et doit se poursuivre après sa promulgation.

Cette loi, — dans la même veine que celles sur les étrangers, l’immigration, la récidive, la rétention de sûreté, la justice des mineurs, la sécurité intérieure, etc…— participe des atteintes considérables portées aux libertés et aux droits sociaux. Elle organise la surveillance sociale des vulnérables et précaires stigmatisés en « classes dangereuses ». A l’exemple du fichage généralisé de tout fauteur de trouble et mauvais élève potentiel, elle ouvre même un « casier psychiatrique » des « malades mentaux », sans véritable « droit à l’oubli ».

Cette loi est fondamentalement inacceptable car elle impose la contrainte et le contrôle social comme organisation du soin en psychiatrie, de l’hôpital au domicile, sous la nouvelle appellation aberrante de soins sans consentement. La position soignante dans sa qualité relationnelle y est dégradée en « expertise de dangerosité », ce qui aggrave la situation actuelle faite de souffrance psychique et de désillusions dans de nombreuses équipes, avec pour résultat d’amplifier les errements de sens du soin à domicile.

L’« entrée » en observation et soin se fera désormais par une garde à vue psychiatrique de 72 heures, sans même les garanties arrachées récemment dans le cas de la garde à vue policière.

La psychiatrie contemporaine a remis en cause significativement le grand renfermement. Les luttes organisées par les professionnels, les usagers, les militants des droits de l’homme ont obtenu le développement des droits et mis en cause la légitimité de l’enfermement et du statut d’exception du « fou ».

Nous n’acceptons pas que la psychiatrie et la santé mentale soient embrigadées comme faisant partie des polices de la société. Nous récusons la politique de la peur.

Faisant fi de tout débat sur l’obligation de soin et le droit au refus de traitement, le pouvoir impose des dits « soins sans consentement » jusqu’au domicile : assignation à résidence, programme de soins imposé et appelé à fonctionner sur le mode du chantage ou du marchandage, traitements médicamenteux contraints y compris à domicile, géolocalisation, etc… Nous dénonçons l’hypocrisie du législateur et la duperie de la loi : un véritable soin psychique ne peut se concevoir sans le consentement.

A cette orientation répulsive donnée au soin psychiatrique s’adjoignent les effets et conséquences de la logique entrepreneuriale et de la casse du service public. Nous refusons le type de moyens supplémentaires attribués après le discours d’Antony de décembre 2008 pour « sécuriser ». Nous exigeons une orientation et des moyens qui relancent la psychiatrie de secteur, assurent et pérennisent les pratiques fondées sur l’éthique de la complexité, du prendre soin, de l’accueil, de l’hospitalité, du rôle des tiers sociaux et familiaux, de l’accompagnement, d’une réelle réhabilitation, …

Pour en former contours et contenus, nous sommes favorables à un débat national dont l’objet soit :

  • l’abrogation de la loi du 27 juin 1990 et celle du 5 juillet 2011.
  • l’abrogation de la loi du 27 juin 1990 et celle du 5 juillet 2011.
  • La nécessité d’une loi qui en finisse avec l’exception psychiatrique et qui relève du soin psychique bien conçu articulé au droit commun : c’est-à-dire de l’autorisation et du contrôle du juge civil.
  • la mise en chantier d’une loi programmatique pour une psychiatrie démocratique dont l’objet et l’éthique sont proposés dans notre manifeste initial, qui soit à l’opposé des gouvernances de mise au pas gestionnaire dont sont représentatifs les plans de santé mentale actuels et annoncés.

Il nous faut débattre, mais il nous faut également agir. Nous ne devons respecter les lois que si elles mêmes respectent le droit, en l’occurrence les libertés individuelles et l’intimité de la vie privée. La loi, qui dans la tradition est libératrice, est désormais un instrument du contrôle social. Elle formate, arrêtés et certificats à l’appui. La tradition de désobéissance civile, c’est depuis 1789 de s’opposer aux lois, mais c’est aussi désormais de combattre la loi par le droit. L’application servile de la loi ne créerait pas seulement l’injustice ou l’aberration psychiatrique ; elle créerait l’illégalité. La loi est celle d’une majorité conjoncturelle, mais le droit, construit dans le temps, est l’œuvre de tous.

Où allons-nous ? Vers ce qui n’est pas écrit, et seule la radicalité de l’analyse permet de s’extirper des modèles bien-pensants, déjà prêts à nous ensevelir.

Dans l’immédiat et à cette date du Premier août qui marque l’entrée en vigueur de la loi, nous proposons un plan d’action et de résistance éthique :

  • le refus des psychiatres et des soignants, dans la mesure du possible, de mettre en place des mesures de contrainte. Et notamment, le refus des collectifs soignants de tout programme de « soins contraints » à domicile contraires à la déontologie et aux droits fondamentaux. De même, il faut opposer un refus de tout avis médical sans avoir pu examiner le patient.
  • la saisie systématique du juge des libertés, le patient devant être entendu hors visioconférence.
  • Développer l’information, notamment lors des 72 heures, afin que les personnes ne tombent pas dans la trappe psychiatrique que cette loi organise, mais accèdent aux soins psychiques auxquelles elles ont droit.
  • Le soutien des recours et défenses des patients soumis à ces « soins sans consentement », y compris les QPC qui ne manqueront de survenir. La création d’un collectif d’avocats et juristes sera essentielle en ce sens.
  • La construction d’un observatoire national de suivi de l’application de cette loi qui assure le recueil de données, l’alerte aux droits des personnes soumises aux « soins sans consentement », qui rapporte au législateur, au contrôleur des libertés et des lieux de détention, à la commission nationale consultative des droits de l’homme et au public les atteintes aux droits de l’homme et à l’éthique du soin psychique.

Nous sommes et demeurerons mobilisés pour concrétiser une œuvre de démocratie et de professionnalités.

Mais c’est un Homme

Contact: Claude Louzoun: claude.louzoun@wanadoo.fr

Organisations signataires membres du collectif “Mais c’est un Homme”:

Advocacy France, CRPA, La coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et

maternités de proximité, Europe Écologie Les Verts, FASE, LDH, PCF, Parti de Gauche, SUD santé sociaux, SNPES PJJ/FSU, Syndicat de la Magistrature, USP.

Télécharger la déclaration au format .pdf : Declaration_1er_aout_MCUH.

Blog UMP de la 8ème circonscription du Finistère : honteux !

Le Comité régional de la Ligue des Droits de l’Homme dénonce la violence imbécile   des  propos  publiés sur le site de l’UMP de la 8ème circonscription  en réponse à la proposition d’Eva Joly sur le remplacement du défilé militaire du 14 juillet.

Que la proposition d’Eva Joly sur le remplacement du défilé militaire du 14 juillet ait pu susciter des critiques, voire de l’indignation,  rien de plus normal… Nous savons qu’il  en va généralement ainsi de toute proposition nouvelle. Rappelons que le bon fonctionnement de la démocratie suppose le débat contradictoire.

Mais un débat argumenté, courtois et serein !

Sinon on perd de vue l’intérêt général et la confiance en l’homme politique s’émousse, ce dont nous ne faisons  déjà que trop l’expérience, et chaque jour davantage…

La personne qui s’exprime sur le site de l’UMP sous la responsabilité du délégué de circonscription, s’autorise, en usant d’une forme d’humour qui révèle une conception mesquine et une basse pratique de la politique, un dérapage verbal qui la déshonore et déshonore son parti :

  • en attaquant Eva Joly sur ses origines et lui demandant de changer de nom (« permettez-moi de vous suggérer de reprendre votre nom d’origine…Celui de Joly n’étant plus du tout adapté à la situation…nationale j’entends ») et de quitter le pays : « je m’engage à vous payer un billet de char à bœufs ( l’avion pollue trop) pour le pays où vous déciderez de vous établir afin de vous mettre à l’abri de cette funeste date du 14 juillet en France. »
  • en pratiquant un  méprisant amalgame entre syndicalistes, manifestants anti-OGM, homosexuels, délinquants et pédophiles
  • en présentant une image caricaturale de l’Etranger qui n’aurait d’autre objectif que d’« éradiquer peu à peu… nos us et coutumes ».  Etranger  =  avant tout, danger !

Ce type de discours outré, sexiste, confondant argumentation et invective,  ne surprendrait personne s’il apparaissait sur le site d’un parti d’extrême-droite…

Mais il s’agit-là du parti de l’homme qui préside actuellement aux destinées de la République !

Honteux !