La Saga des Contis au Cithéa : Jérôme Palteau en visio-conférence

C’était une première pour le cinéma le Cithéa de Plouguenast, ça l’était aussi pour le mois du film documentaire dans la région, et c’en était une également pour la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme : Jérôme Palteau, réalisateur du film La Saga des Contis n’a pas pu se déplacer pour animer le débat qui a suivi le film. Mais il y a tout de même participé, grâce à une connexion par Skype, retransmise via le projecteur de la salle sur le grand écran. Résultat : remarquable ! Un confort même supérieur pour les spectateurs qui ont bénéficié d’une image certes un peu saccadée (connexion wifi un peu éloignée), mais tout à fait correct, et un son de très bonne qualité.

Une idée à retenir pour vos débats futurs, à condition bien entendu de disposer d’une connexion Internet dans la salle.

Et il aurait été dommage que ce débat n’ait pas pu avoir lieu. Jérôme Palteau a répondu avec intelligence et sensibilité aux nombreuses questions des spectateurs, qui avaient déjà été conquis par la qualité exceptionnelle du film, aussi bien sur le fond que la forme !

Un grand film, que toutes les sections de la Ligue des droits de l’Homme devraient projeter !

 

La Saga des Contis au Cithéa de Plouguenast c’est demain, dimanche 24

L’information n’a pas fait la une des journaux, elle est pourtant d’importance : Xavier Mathieu, figure charismatique de la révolte des Contis, les ouvriers de l’usine Continental de Clairoix contre la fermeture du site pour des raisons de profit des actionnaires, vient de remporter une nouvelle victoire.

Continental tentait de le licencier alors qu’il n’a jamais été réintégré, contrairement à ses collègues représentants du personnel, comme lui, l’inspection du travail vient de dresser un procès-verbal constatant la discrimination dont il est victime de la part de la direction de l’entreprise.

Cela peut sembler anecdotique, mais c’est loin de l’être. Parce que derrière cela, se cache un projet inavoué de la direction, comme l’explique Xavier Mathieu : il s’agit ni plus ni moins de faire disparaître le plus rapidement possible le comité d’entreprise, qui continue de venir en aide aux 500 salariés qui sont toujours à Pôle emploi. « Les autres délégués seront en fin de droits en février. Ils ne seront plus là pour entretenir le lien social. Moi, je pourrai servir de relais pour continuer l’action et ça, la direction ne le veut pas. Elle veut gagner du temps. », explique Xavier Mathieu (Source : Le Parisien et le bulletin du PCF de l’Oise).

Cette victoire intervient plusieurs semaine après une autre : fin août, les prudhommes avaient constaté l’illégalité des licenciements, qu’aucun problème économique ne justifiait, contrairement à ce que prétendait la direction. Et l’entreprise va donc devoir indemniser les salariés licencier beaucoup plus largement qu’elle ne l’avait prévu. Elle a bien entendu fait appel, mais on voit mal comment la justice pourrait contredire cette décision.

Jérôme Palteau, réalisateur du film « La Saga des Contis », que la section Loudéac centre Bretagne projette dimanche 24 novembre au cinéma le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du film documentaire, avec Cac sud 22, sera certainement en mesure de nous donner des informations plus précises sur l’évolution de ce dossier, pendant le débat auquel il participera après la projection en visio-conférence, puisqu’il ne peut pas faire le déplacement.

Cimade 25 : la préfecture d’Ile-et-Vilaine menace l’Etat de droit

Communiqué de la Cimade d’Île-et-Vilaine

La Préfecture d’Ille et Vilaine menace l’État de Droit

Des pratiques inacceptables, inhumaines et dégradantes sur l’accueil, le séjour et les expulsions des étrangers offensent la République. Elles sont quotidiennes à la préfecture de Rennes.

Le 8 novembre 2013, les services préfectoraux d’Ille et Vilaine ont demandé la condamnation de La Cimade pour recours abusif, dans le cadre de sa mission d’aide à l’exercice effectif des droits auprès des personnes retenues au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Rennes Saint-Jacques-de-la Lande. La Cimade n’a pourtant fait que respecter l’objet de cette mission définie par le Ministre de l’Intérieur : accueil, information et soutien des étrangers enfermés dans les CRA pour leur permettre une mise en œuvre effective de leurs droits. La Cimade voit  dans la remise en cause de sa mission par les services préfectoraux d’Ille et Vilaine une tentative d’intimidation inacceptable et une atteinte aux droits des personnes retenues.

Les services préfectoraux nient tout autant les droits des étrangers incarcérés en Ille et Vilaine: l’usage est de ne répondre à aucune demande émanant de personnes détenues, et ce au mépris d’une circulaire conjointe du Ministre de l’Intérieur et de la Garde des Sceaux en date du 25 mars 2013 (téléchargeable ici)

Les conditions d’accueil en préfecture à Rennes se dégradent inexorablement pour atteindre un niveau qui déshonore la République Française. Ces conditions d’accueil sont méprisantes pour le public étranger qui a besoind’accéder aux services préfectoraux pour le renouvellement d’un récépissé, d’une carte de séjour ou pour demander l’asile. Les horaires permettant l’accès au guichet se réduisent de mois en mois et se transforment en un parcours du combattant. Ces personnes ont souvent attendu des heures sous la pluie et dans le froid, quelquefois vainement jusqu’à l’heure de la fermeture, alors qu’elles font la queue depuis la nuit précédente.

Nous constatons que les étrangers accompagnés d’un avocat ou d’un membre d’uneassociation de défense des droits des étrangers ont un peu plus de chance d’être entendus. Ce qui ne les met pas à l’abri d’un traitement méprisant des services préfectoraux. Les refus opposés au guichet, pourtant sévèrement condamnés par le Conseil d’État, sont monnaie courante.

La Cimadedemande que cessent ces pratiques indignes du premier représentant local de l’État. Nous demandons le respect du droit des personnes étrangères et de leurs soutiens quand ils s’adressent aux services préfectoraux d’Illeet Vilaine, conformément à ce que prévoient la Loi et les règlements en la matière.

Dimanche 24 novembre, Le Cithéa à Plouguenast, à 14h30, la Saga des Contis avec Jérôme Palteau

La Saga des Contis, c’est une fresque, cinématographique, réalisée par Jérôme Palteau. Le film, comme son titre l’indique, retrace les années de lutte des salariés de l’usine de pneus Continental, de Clairoix, licenciés par la multinationale dont le seul souci est de faire gagner encore davantage d’argent à ses actionnaires : le motif prétendument « économique » des quelque 700 licenciements a été rejeté par les Prudhommes, qui ont condamné l’entreprise à réintégrer les salariés : elle devra donc les licencier selon la procédure normale, et les indemniser en conséquence. Quand ce jugement est tombé, en août 2013, Xavier Mathieu, le leader charismatique de cette lutte, déclarait : « c’est une victoire, mais c’est une victoire amère »… Et pour cause : on reconnaissait le caractère abusif des licenciements, sans pouvoir les empêcher. Et, ajoutait Xavier Mathieu, le pire dans l’histoire, c’est que malgré les sommes astronomiques que l’entreprise va devoir débourser, l’opération reste rentable pour elle.

À l’heure où certains récupèrent la détresse ouvrière, et réussissent le tour de force de faire défiler  patrons et ouvriers dans la même manifestation, où la peur du chômage est telle que des ouvriers licenciés se font agresser par leurs collègues qui ont conservé leur emploi, la Saga des Contis, malgré l’issue dramatique du conflit, apporte une lueur d’espoir : la capacité de révolte est encore intacte , et la solidarité existe toujours. D’autres informations ici:

Continental s’acharne contre Xavier Mathieu.

680 licenciements annulés par les Prudhommes : la belle victoire des Contis.

Emission Là-bas si j’y suis du 12 septembre 2013, « l’amère victoire des Contis ».

A noter que le film a reçu le prix du film documentaire décerné par le journal La Croix, en octobre dernier (lire ici).

La projection du film sera suivie d’un débat, avec la participation de Jérôme Palteau, réalisateur.

Pratique

Organisé par la section Loudéac centre Bretagne, en partenariat avec le cinéma Le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du film documentaire, organisé par CAC Sud 22 Marc Le Bris, Double Vue, et le Conseil général des Côtes d’Armor.

Au cinéma Le Cithéa, à Plouguenast, à 14h30. Entrée, 4€.

La bande annonce du film.

httpv://youtu.be/btX3Z5D_eEo

La Ligue des droits de l’Homme fait annuler l’arrêté d’Estrosi contre les SDF et les Rroms

La Ligue des droits de l’Homme vient de remporter une victoire importante (quoique prévisible)  contre un des symboles des dérives extrémistes de l’UMP : l’arrêté « antibivouac » pris par le maire de Nice, M. Estrosi, a été annulé par le tribunal administratif. L’ordonnance qu’il a rendue le 14 novembre précise : «  le tribunal a estimé que l’arrêté  » porte aux libertés individuelles une atteinte disproportionnée par rapport au but de sécurité et de tranquillité publiques qu’il vise ».

C’est la Ligue des droits de l’Homme qui est à l’origine de la saisine du tribunal, avec le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), et l’association niçoise ADN (association pour la démocratie à Nice : ils doivent avoir du boulot !).

L’arrêté signé par celui que le Canard enchaîné appelait le « motodidacte » (il a été champion de moto) visait naturellement les SDF, et, bien entendu, les Rroms.

La Ligue des droits de l’Homme de Nice (elle aussi, doit avoir du boulot !) se réjouit naturellement  de cette décision qui, précise-t-elle,  »  est une victoire contre les postures de rejet de l’autre qui tendent malheureusement à devenir l’ordinaire du débat public ».

Savourons cette victoire : ça n’est pas si fréquent !

Nouvelle attaque contre l’aide médicale d’Etat

Crédit photo : photothèque du mouvement social.

Avec les minimaux sociaux qui font de la France un pays d’assistés et qui font l’objet de fraudes insupportables, l’aide médicale d’État (AME) est un des chevaux de bataille de la droite, qui l’accuse de tous les maux et notamment de contribuer à creuser le déficit de l’assurance maladie. Et aucun mensonge, aucune manipulation de chiffre ne sont trop grossiers pour alimenter la xénophobie ambiante.

Le sujet a donc enflammé l’Assemblée nationale mercredi soir. On a pu y voir un député UMP (Claude Goasguen) qui avait en 2011 cosigné un rapport sur le sujet avec un collègue socialiste : les deux élus arrivaient à la conclusion qu’il fallait pérenniser cette aide. On a aussi vu la charmante Mme Le Pen-Maréchal réclamer la suppression pure et simple du dispositif.

L’aide médicale d’État, c’est un dispositif qui permet de soigner les personnes en situation irrégulière. Elles sont en France, qu’on le veuille ou non. Parmi eux, il y a des enfants, des personnes âgées, des gens en bonne santé, des malades… L’immense majorité d’entre eux a fui son pays, généralement pour simplement sauver sa peau, ou pour survivre.

Les soins que leur prodigue la République ne sont pas de la charité : en les soignant, on se préserve nous aussi de catastrophes sanitaires : il s’agit bien d’un problème de santé publique. Le plus connu de ces problèmes, c’est la résurgence de la tuberculose, qu’on croyait avoir disparu, et qui revient depuis plusieurs années, et sous des formes parfois plus résistantes. Ne pas soigner ces personnes, c’est risquer de voir s’installer de nouvelles épidémies, dont nous serions tous victimes. Seuls des esprits étriqués ne peuvent pas comprendre cela.

L’UMP voudrait par exemple, en plus de limité le budget consacré à l’AME, rétablir le « droit d’entrée » que le gouvernement Sarkozy avait instauré, et dont le montant était de 30€. Une somme dérisoire direz-vous. Sauf quand on n’a pas de revenu. Et si on n’a pas de revenu, c’est qu’on n’a pas le droit de travailler. La boucle est bouclée.

Les xénophobes s’en sont donné à cœur joie, avec des mots douteux tels que celui de ce député qui a dit en séance en réponse à un collège qui dénonçait le climat délétère qui s’est installé dans le pays : « Mme Taubira n’est pas à l’AME, donc ne mélangeons pas les sujets ». Pendant ce temps-là, ailleurs, à Rennes précisément, manifestaient leur solidarité avec une fillette géorgienne : le corps médical de l’hôpital de Pontchailloux s’est mobilisé pour que cette gamine qui souffre d’une leucémie et qui est  en France avec ses parents en situation irrégulière, puisse y rester au moins le temps d’être soignée : son retour en Pologne (pays d’entrée de la famille dans l’Union européenne) serait pour elle un arrêt de mort. La préfecture d’Ile et Vilaine semble avoir été sensible à ce mouvement de solidarité : elle a retiré son arrêté d’expulsion (article dans l’édition papier d’Ouest-France du 14 novembre).

 

« Cause commune » projeté lundi 11 à Saint-Connec : à ne pas rater !

Le film « Cause commune » fait partie de la programmation 2013 du mois du documentaire dans les Côtes d’Armor. Il sera projeté lundi 11 novembre à 15h, au bar Le Barésille, à Saint-Connec. La projection sera suivie d’un débat.

La section Loudéac centre Bretagne invite vivement à aller voir ce film, remarquable à plus d’un titre. D’abord, ça n’est pas si souvent qu’on entend parler des Rroms avec bienveillance. Ensuite parce que ce film, c’est avant tout l’histoire du courage politique dont a fait preuve le maire d’Indre, en Loire-Atlantique. Enfin, c’est tout simplement un beau film, qui raconte une belle histoire. En le voyant, on peut se dire, comme Edgar Pisani : « c’est beau la politique, vous savez »…

Voici ci-dessous la présentation que nous en faisions en juin dernier, lorsqu’il a été retenu dans la programmation du mois du doc. En complément du film, vous pouvez utilement visionner la vidéo de la conférence passionnante  « Scolarisation des enfants Rroms et des enfants du voyage », donnée par Jean-Pierre Dacheux, Jean-Yves Varin et Marie-Claude Garcia – Le Quéault pendant les Droits en fête, à La Motte, en mars dernier : les trois intervenants, spécialistes desRrom, rétablissent la vérité sur cette population victime depuis des siècles de discriminations insupportables.

httpv://youtu.be/EyLjjhEBY1k

« Fin 2009, une quarantaine de familles roms, indésirables à Nantes, tractant des caravanes hors d’âge, arrivent à Indre, une petite commune des bords de Loire.
Dès le lendemain, le maire Jean-Luc Le Drenn décide de mettre un terme à ce qu’il appelle « la politique de la patate chaude », en refusant de les expulser à son tour.
Grâce à l’engagement sans faille d’une poignée de citoyens et d’élus mobilisés par ce combat collectif et politique, les familles resteront 18 mois, avant qu’une solution digne et pérenne soit trouvée » (source : http://www.film-documentaire.fr/Cause_commune.html,film,38148.

On pourrait donc accueillir des familles Rroms dans une commune sans qu’il n’y ait une explosion des vols, des viols, du vandalisme… ? C’est un peu ce qu’a prouvé Jean-Luc Le Drenn, maire d’Indre, commune de 4000 habitants en Loire-Atlantique, et son équipe municipale. Le pari était « gonflé », et l’équipe ne s’y était pas trompé : « on va jouer notre mandat là-dessus », avait lancé comme un défi un conseiller municipal de la majorité.

Le film de Sophie Averty est magnifique. Elle ne disposait que de peu d’images de cette aventure : elle a dû avoir recours à des reconstitutions, à l’animation, à l’utilisation d’archives sonores… Son propos est passionnant : comment des gens qui ne sont pas particulièrement militants, se mobilisent presque spontanément pour s’organiser en collectif de soutien à ces familles (une cinquantaine), et ce pendant des mois et des mois ? La personnalité de Jean-Luc Le Drenn y est naturellement pour beaucoup : ce jeune maire a réussi à fédérer autour de lui à la fois élus et simples citoyens. Sans la moindre démagogie, et avec toute la rigueur que supposait une telle action, il a réussi la première étape de ce combat pour la dignité : les familles Rroms sont aujourd’hui logées dans des mobilhomes, répartis sur plusieurs communes (et ce n’est pas le moindre mérite de Jean-Luc Le Drenn d’avoir réussi à les convaincre !). Mais le travail n’est pas terminé : il le sera lorsque les Rroms auront trouvé des emplois stables et qu’ils auront pu être logés normalement. La municipalité d’Indre poursuit donc le travail.

On peut voir des extraits du film sur le site de TV Nantes :

http://www.telenantes.com/Documentaire/Documentaires/2013/03/Cause-commune

http://www.telenantes.com/Toute-l-actu/Infos-debats-territoires/CAUSE-COMMUNE-Indre-aux-cotes-des-Roms-0893

et une interview de Sophie Averty ici :

http://www.telenantes.com/A-la-votre-2012-2013-le-forum/2013/03/A-la-votre-2012-2013-le-forum3/Cause-commune-l-histoire-d-un-engagement-aupres-des-roms

 

La Ligue des droits de l’Homme solidaire des lycéens pour exiger le retour des élèves expulsés

Les lycéens préparent une nouvelle manifestation prévue ce mardi 5 novembre. Aujourd’hui déjà, quelques lycées parisiens étaient mobilisés, et les organisations lycéennes prévoient une semaine d’action avec distribution de tracts. L’objet de leur action est toujours le même : que les lycéens et étudiants étrangers puissent poursuivre leur scolarité et leurs études en France sans être inquiétés. C’est sans doute la première fois qu’un mouvement lycéen se construit sur une revendication qui ne concerne pas directement les intéressés : leur mécontentement concerne d’habitude des projets de réforme de la scolarité ou des programmes. Là, il s’agit de solidarité. C’est d’autant plus remarquable que les médias, depuis plusieurs mois, ne cessent d’évoquer la « dépolitisation » de la jeunesse, son manque d’engagement citoyen, son   attirance pour l’extrême droite, et autres images de ce type. Les jeunes montrent aujourd’hui qu’ils échappent à la xénophobie ambiante qui pollue depuis quelque temps la démocratie française.

La Ligue des droits de l’Homme a rejoint le mouvement initié par le Réseau éducation sans frontières et des syndicats lycéens et étudiants, lui apporte son soutien total, et appelle à participer aux manifestations qui seront organisées. Voici le texte du communiqué commun qui a été publié dans l’après-midi de ce lundi 4 novembre.

Il faut entendre la jeunesse :
retour des expulsés, régularisation !

À l’initiative du Réseau Éducation sans Frontières, des représentants de syndicats lycéens et étudiants, de syndicats de personnels de l’éducation, et d’associations des droits de l’homme ont tenu une réunion unitaire le 28 octobre pour envisager les suites à donner aux inadmissibles expulsions de jeunes scolarisés auxquelles le gouvernement a procédé ces deniers mois.

Pour nous, il est hors de question d’accepter que la scolarité d’élèves soit saccagée par des décisions injustes, arbitraires et brutales. Tout élève doit pouvoir mener sa scolarité à terme, quels que soient sa nationalité, son statut ou celui de ses parents. La disparition d’un élève, capturé dans le cadre scolaire ou ailleurs, est un événement intolérable.

Nous exigeons le retour des élèves expulsés avec leurs familles : de Khatchik, lycéen parisien expulsé en Arménie, de Léonarda avec toute sa famille, expulsées au Kosovo, mais aussi de Cheikh Kouyate, lycéen de Crest (Drome) expulsé au Mali en juin alors qu’il allait passer une épreuve de baccalauréat, de David Victor, élève malgache de BTS au lycée L. Rascol d’Albi expulsé en mai, de Dreini Kalanderi, élève kosovar du lycée d’Audincourt expulsé le 1er octobre, et de tous ceux et de toutes celles qui ont sans doute été expulsés en silence.

Un changement profond de la politique migratoire menée depuis des années par les gouvernements successifs est indispensable.

Nous exigeons un changement  de loi afin que l’expulsion des jeunes en parcours de formation (apprentis, lycéens, étudiants…) ne soit plus possible. Leur régularisation, comme celle des familles d’enfants mineurs, doit être la règle.

Pour atteindre ces objectifs, les syndicats lycéens appellent les élèves à engager l’action dès la rentrée, dans tous les établissements. Des manifestations sont notamment d’ores et déjà prévues le mardi 5 novembre et le jeudi 7 novembre. Les syndicats et les associations représentées apportent leur soutien au mouvement lycéen, et l’accompagneront avec leurs moyens spécifiques.

Nous appelons à manifester massivement avec les lycéen-ne-s.

 

 

 

Jean-François Copé, la main sur le berceau

Ignominie. Ignominieux de ne serait-ce que pouvoir imaginer qu’un enfant qui vient de naître sera apatride.

Incompétence. M. Copé est avocat de profession. On suppose qu’il maîtrise quelques éléments de droit. M. Copé est parlementaire. On suppose qu’il a entendu parler des accords internationaux. Alors que signifie se dernière proposition de supprimer le droit du sol pour les enfants nés en France de parents en situation irrégulière, dont il sait parfaitement qu’elle va à l’encontre des lois françaises, et des conventions internationales signées par la France, et dont la violation mettrait immédiatement la France hors de la communauté internationale.

Mais M. Copé ne va pas jusqu’au bout de son raisonnement. Il n’envisage pas le cas des enfants nés d’un parent étranger en situation irrégulière et d’un parent français : on fait quoi, là ? Il sera à moitié Français ? Les jours pairs ? les jours impairs ?

La Ligue des droits de l’Homme ne pouvait évidemment pas laisser passer ce nouvel appel du pied même pas dissimulé du président de l’UMP au front national. Elle a donc publié le communiqué suivant.

Jean-François Copé, la main sur le berceau

Après l’enrôlement sauvage des petits pains au chocolat, Jean-François Copé lance une OPA sur les berceaux. La Ligue des droits de l’Homme s’oppose avec force à ce retour particulièrement détestable du débat sur l’identité nationale. Lancé par Nicolas Sarkozy pour ne pas laisser au Front national le « monopole » de la nation, rejeté par une opinion publique inquiète de voir ouvrir une boîte de Pandore, ce dont l’extrême droite avait immédiatement fait son miel, le débat ressurgit sous la forme d’une nouvelle provocation qui bénéficie de l’approbation des hiérarques de l’UMP, dont François Fillon, décidément de moins en moins « sectaire ».

Cette sortie a le mérite de clarifier les enjeux : alors que la France se démène dans des difficultés d’ampleur, dans les domaines de l’emploi, de la santé, du logement, alors que l’actualité fait la démonstration de l’inhumanité des lois sarkozystes sur les étrangers et de la stupidité qu’il y a, pour un gouvernement de gauche, à vouloir « bien appliquer » ces mauvaises lois, le premier parti de l’opposition affiche sa priorité : « purifier » le processus de naturalisation, en le débarrassant des enfants nés sur le sol français de parents étrangers en situation illégale. Pour la plus grande joie du Front national, auquel il l’a emprunté.

En inscrivant d’emblée une génération d’enfants dans une situation précaire, en signifiant qu’elles et ils sont aussi indésirables que leurs parents, les propos de Jean-François Copé fabriqueront de futurs apatrides dès le berceau. La LDH rappelle qu’il s’agit d’un extraordinaire mépris de la situation juridique actuelle, et d’une ignorance des conventions internationales ratifiées par la France. Enfin, on ne peut que s’interroger sur l’opportunité de propos qui sont très éloignés des besoins exprimés par les Françaises et les Français, pour peu qu’elles et ils soient interrogés de façon comparative.

L’objectif revendiqué de la « lutte contre le communautarisme » est destiné à engager un processus dont nul ne peut dire à la porte de qui il s’arrêtera. Il vise surtout, encore et toujours, à s’approprier les thématiques de l’extrême droite pour tenter d’en capter l’électorat. Une stratégie dont le Front national n’a eu jusqu’à présent qu’à se féliciter, puisqu’elle n’aboutit qu’à renforcer et ses thèmes, et son enracinement.

La LDH attend de l’opposition parlementaire qu’elle s’honore en désavouant les propos du secrétaire général de l’UMP, tant ils sont éloignés et des valeurs de la République, et des urgences auxquelles se confrontent la plupart de celles et ceux qui vivent et travaillent dans notre pays.

 

Continental s’acharne contre Xavier Mathieu

La section Loudéac centre Bretagne a programmé, pour le dimanche 24 novembre à 14h30, la projection du film « La Saga des Contis » de Jérôme Palteau, au cinéma le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du documentaire. Une projection qui intervient à un moment où le scandale de la fermeture de l’usine Continental de Clairoix (Oise) revient dans l’actualité, pour trois raisons :

  • l’invalidation fin août par les prud’hommes du motif économique de près de 700 licenciements ,
  • l’acharnement de la direction de Continental contre Xavier Mathieu, représentant CGT du personnel (elle veut le licencier une deuxième fois !…)
  • le film a reçu, au mois de septembre, le prix La Croix du film documentaire (lire ici ; nous reviendrons sur ce prix dans un prochain article).

La projection sera suivie d’un débat avec Jérôme Palteau, réalisateur.

La société Continental en veut à Xavier Mathieu, le représentant CGT du personnel de l’entreprise. Non contente de l’avoir licencié une première fois, elle le licencie une seconde fois, alors qu’il n’a pas été réintégré !

L’information n’a pas fait la une des médias : un article dans le Courrier Picard, un autre dans le Répubicain lorrain

Le motif économique du licenciement de Xavier Mathieu, salarié protégé par son mandat syndical, avait été annulé, avec 21 autres licenciements, par le tribunal administratif d’Amiens en février 2013. Mais il n’a pas été réintégré. Il ne comprend donc pas pourquoi on veut à nouveau le licencier, puisqu’il n’a plus de contrat de travail. La direction de Continental conteste la version de X. Mathieu et affirme qu’il a refusé deux propositions de poste : « Je n’ai jamais été réintégré. La preuve, je ne touche pas de salaire, je ne suis jamais convoqué aux réunions du comité d’entreprise et le DRH France a lui-même reconnu que je n’étais pas réintégré. Comment peut-on, dans ces conditions me licencier ? Comment divorcer quand on n’est pas marié ? » déclare Xavier Mathieu au Courrier Picard. Et au Républicain Lorrain, il précise : « C’est du grand n’importe quoi. Je suis venu à Sarreguemines. Je n’ai jamais refusé un poste. Ils m’ont dit que je n’étais pas capable de travailler sur une machine. C’est bizarre. Mes collègues ont été réintégrés à Clairoix. Moi, non. Je paie les pots cassés. »

L’analyse de Xavier Mathieu est simple : il se considère victime de harcèlement, Continental n’ayant sans doute pas « digéré » sa condamnation fin août par le conseil des prudhommes de Compiègne, qui a invalidé le motif économique de près de 700 salariés, leur ouvrant par conséquent droit à des indemnités de licenciement.

Xavier Mathieu ne baisse pas les bras, et envisage de pousuivre Continental en référé pour délit d’entrave à l’exercice de son mandat syndical et discrimination. Car derrière tout cela, il y a de l’argent en jeu. Continental espère pouvoir contraindre Xavier Mathieu à lui « rembourser » plus de 80.000€ d’indemnités. Un moyen efficace pour lui passer l’envie de se bagarrer ?