13 ans, 2 ans, 3 semaines : leur mère est morte, leur père en rétention

(Nous avions évoqué le décès d’Alta Ming, à Rennes, dans un article précédent.)

C’est la situation monstrueuse que les lois contre les immigrés et l’acharnement des brutes qui nous gouvernent aux Pays-Bas comme en France font subir à trois enfants de 13 ans, 2 ans et trois semaines.

Amarjargal GANAA et Alta MING, un couple de Mongols, demandent l’asile aux Pays-Bas en 2007. Déboutés, ils rejoignent la trop longue cohorte des réfugiés sans papiers. Leur fils Ulaaka (né en 1997) les rejoint. En juillet 2008, nait à Rotterdam un second enfant, Amarbayasqalan. Alta Ming est arrêtée le 25 juin 2010 et placée en centre fermé aux Pays-Bas. Le 28 octobre, le père, Amarjargal GANAA est également arrêté. Enceinte et malade, Alta est libérée le 20 novembre 2010. Les autorités néerlandaises lui donnent 48 heures pour quitter le pays. Amarjargal GANAA est maintenu en rétention pendant que sa femme et ses enfants sont chassés. Ils se réfugient en France, à Rennes, où vit une petite communauté mongole.

Hébergés tant bien que mal par leurs compatriotes, dormant parfois dans la rue, Alta et ses enfants sont brinqueballés d’hébergements d’urgence en hôtels miteux. Elle s’épuise. Le 4 janvier, elle décède à l’hôpital de Rennes, à l’âge de 34 ans. L’enfant qu’elle porte peut être sauvé. Prématuré, il est encore hospitalisé. Les deux aînés sont recueillis provisoirement par une famille mongole sous le contrôle de l’ASE. Le plus grand est scolarisé au Collège des Hautes Ourmes à Rennes.

Leur père, Amarjargal GANAA, a été présenté le 18 janvier à un juge néerlandais qui a décidé la prolongation de sa rétention. Il exige un document attestant la paternité pour le libérer !

Pour l’heure, les documents exigés de façon bureaucratique ne peuvent pas être produits. Mais les enfants, eux, existent bien. Au-delà des vérifications légitimes de l’identité des uns et des autres et des nécessaires précautions, des mesures d’urgence s’imposent. A commencer par la libération du père, Amarjargal GANAA, et l’autorisation de séjour indispensable pour qu’il retrouve ses enfants à Rennes. Avec l’aide et, bien entendu, la vigilance de l’ASE.

C’est pourquoi le Réseau Education sans frontières, la Cimade, le Gisti et le MRAP 35 appellent à un…

Rassemblement
mercredi 2 février à 14 heures 30
devant l’ambassade des Pays-Bas

7 rue Eblé, à Paris 7° (métro Duroc)

Des associations demandent la suspension immédiate de la réforme de l’aide médicale d’Etat (AME)

La loi de finances pour 2011 qui introduit de substantielles restrictions à l’Aide médicale de l’Etat (AME) (1) a été définitivement promulguée le 30 décembre 2010. Ce même jour, a été rendu public un rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS)(2) concluant que la hausse des dépenses de l’AME ne provient pas de fraudes de la part des bénéficiaires. Ce rapport recommande de ne pas instaurer de contribution financière pour avoir accès à l’AME ni d’accord préalable à tous les soins hospitaliers coûteux.
En juin 2010, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot-Narquin évoquait déjà un droit d’entrée pour les usagers de l’AME. Dans cette perspective, en juillet, les ministres de la Santé et du Budget commandaient un rapport conjoint à l’IGAS et à l’IGF(3).
C’est pourtant sans l’expertise de ce rapport que des députés UMP, avec l’avis favorable du Gouvernement et en particulier du ministre de la Santé, ont introduit les restrictions à l’AME dans la loi de finances 2011. Le rapport de l’IGAS-IGF daté du 24 novembre est resté inaccessible pendant toute la durée des débats jusqu’à l’adoption définitive de la loi.
Malgré les demandes de nombreux parlementaires, les ministres de la Santé et du Budget ont ainsi délibérément choisi de ne pas divulguer les conclusions de ce rapport, qui était en leur possession depuis le 24 novembre au moment des débats. Il est vrai que ce rapport balaye clairement les arguments avancés justifiant les restrictions apportées à l’AME en s’appuyant sur des données objectives et actualisées. Il formule même des recommandations inverses aux mesures adoptées par le Parlement.
Roselyne Bachelot, François Baroin, Nora Berra et Xavier Bertrand doivent s’expliquer sur cette dissimulation scandaleuse privilégiant les enjeux électoralistes au détriment de la santé des personnes. Les mesures d’application des restrictions votées doivent être suspendues.
Nous rappelons notre demande d’intégration de l’AME dans le droit commun (couverture maladie universelle – CMU) comme le recommande le rapport.
Contacts Presse :
Didier Maille (COMEDE) 06.82.17.31.25
Solenn Assathiany / Florence Priolet (MDM) 01 44 92-14 32 /14 31
Pierre Carpentier (ODSE) 06.03.85.09.35

Source : http://www.ldh-france.org/IMG/pdf/CP_Rapport_IGAS-IGF_0611_Version_finale.pdf

1 Les associations s’opposent à ces restrictions, voir sur http://www.odse.eu.org/PROJET-DE-LOI-DE-FINANCES-POUR
2 Téléchargeable sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000685/
3 Lettre de mission, 23 juillet 2010, Annexe 1 du rapport

Pôle emploi se moque de Martine Mégret !

La direction de Pôle emploi propose à Martine Mégret un poste d’Employée de Vie scolaire (EVS), à 600 euros par mois, sans formation, pour s’occuper d’un enfant handicapé et, cerise sur le gâteau (nous exigions que le contrat au moins soit de 3 ans) un contrat de seulement un an, renouvelable trois  fois. Ce qui ne donne évidemment absolument aucune garantie de durée!

Martine pour sa part continue d’occuper les locaux de Pôle emploi à Loudéac.

Nous vous tiendrons évidemment au courant des actions qui seront programmées pour soutenir Martine.

Voici, ci-dessous, la lettre adressée par Jean Piétron, délégué CGT de Pôle emploi, au directeur des ressources humaines, et à la directrice régionale de Pôle emploi qui avait brillé par ses déclarations lors de la manifestation à la direction générale le 7 décembre dernier.

Rennes, le 18 janvier 2011

Objet : votre lettre de réponse à Madame Martine Mégret de Loudéac, du 13 janvier 2011.

Monsieur,

C’est avec surprise, pour ne pas dire consternation, que j’ai pris connaissance de la lettre que vous avez transmise à Madame Martine Mégret, ex-agent de l’ANPE puis du Pôle emploi, depuis près de huit années sans discontinuité, à qui vous avez imposé une fin de contrat au 31 octobre 2010, après l’avoir utilisée (gratuitement)(1), sans avoir mené à bien votre mission de réinsertion durant ses contrats successifs au sein des établissements suscités.

Vous le savez, depuis le 1er novembre 2010, sans revenus, elle occupe donc, soutenue par ses collègues, des associations, des élus, la maison de l’emploi de Loudéac. Souci, tout simplement, de son droit le plus absolu à la dignité : » un emploi en CDI, normalement rémunéré au mois (officiellement le SMIC sur un temps plein) ».

Pour rappel, la vacuité de l’action de réinsertion « durant ses contrats » (près de huit années) au sein de l’ANPE et de Pôle emploi, constitue une « dette » de l’établissement vis-à-vis de Madame Mégret, et le bon sens, ainsi que les besoins mutuels, auraient déjà conduit un établissement « exemplaire » (vertu pour le moins élémentaire pour le Pôle emploi) à l’embaucher en CDI.

A contrario et en supplément, votre lettre enfonce le clou de l’indécence en rappelant insolemment, compte tenu de la situation en présence, qu’il n’est pas question de faire travailler Madame Mégret au sein de l’établissement. Un comble alors qu’elle a été utilisée, durant près de huit années, en dépit de la mission qui était impartie à l’ANPE puis à Pôle emploi, à savoir l’aide à la réinsertion par ailleurs, mission qui a été un échec total et pour cause, Madame Mégret était plus utile au sein même de ces structures.

Et voilà que dans votre courrier du 13 janvier 2011, vous lui enjoignez de persévérer dans sa démarche d’emploi avec l’aide de Pôle emploi (alors que durant près de huit années, son utilisation, bien pratique finalement, n’a donné lieu à aucune aide, objet de ses contrats !).

Une inversion des valeurs en quelque sorte. La victime devient coupable et inversement !

Pour ficeler le tout, et cela n’engage que l’auteur de la présente, un emploi à 600 euros par mois (le complément éventuel ex Rac appartient monétairement parlant, à Madame Mégret, salaire différé oblige, différé, donc non inhérent à l’activité éventuelle), confine à la provocation gratuite et indigne.

57 ans, 600 euros de salaire, après s’être vouée corps et âme durant près de huit années à l’ANPE puis à Pôle emploi, qui donc accepterait une telle errance de l’entendement, et de l’esprit tout simplement ? qui plus est, il semble que le contrat proposé à madame Mégret serait d’une durée d’une année ! quelles perspectives jusque 62 ans ?!

La mission de réinsertion qui était dévolue à l’établissement n’était pas du niveau que vous lui assignez. Ce n’est d’ailleurs pas le contenu implicite et explicite du type de contrats que subissait Madame Mégret (CAE notamment).

Je ne vous apprends rien je l’espère, c’est l’emploi « normalement » rémunéré, mensuellement (officiellement le SMIC, je répète), et non un salaire « sous le seuil de pauvreté », qui doit concrétiser la mission du Pôle emploi après tant d’années d’errements constitutifs de la « dette » générée envers Madame Mégret.

Voilà ce je tenais à vous faire part, et je me fais l’interprète, sans aucun doute, de bon nombre de collègues, de sympathisants, d’associations, d’élus vraisemblablement, bref de gens de bonne volonté, des sentiments que génère le contenu de telles missives.

Nous souhaitons votre enracinement dans la recherche de solutions acceptables telles qu’évoquées ci-dessus, nonobstant et conséquemment à la décision éventuelle de Madame Mégret.

Dans l’attente, recevez, Monsieur, mes salutations distinguées.

Pour la CGT Pole emploi Bretagne : Monsieur PIETRON Jean, délégué syndical.

(1) Gratuitement, effectivement, puisque Martine était employée dans le cadre de contrats aidés, financés par l’Etat, et non par le budget de Pôle emploi.

Les oubliés de la République, d’hier et d’aujourd’hui

Après la débâcle de juin 1940, de nombreux combattants de l’armée française sont faits prisonniers. Ceux originaires de la métropole sont expédiés vers l’Allemagne. Ceci est bien connu. Ce qui l’est moins, c’est que les 70000 prisonniers coloniaux sont enfermés en France dans 22 camps (frontstalags) gardés par des sentinelles allemandes, puis, à partir de janvier 1943, par des gardes du gouvernement de Vichy (gendarmes, miliciens….).

A la libération, les retours au pays de ces prisonniers donnent lieu à de nombreux incidents, mortels parfois (des dizaines de victimes à Thiaroye, près de Dakar).

Cette histoire, grandement oubliée ou occultée a été remise en lumière grâce , notamment, à une historienne, ARMELLE MABON.

On apprend entre autres que 400 tirailleurs sénégalais ont refusé d’embarquer à Morlaix  (n’ayant pas reçu leur solde !) et ont été enfermés à TREVE dans un camp abandonné par les militaires allemands (de novembre 1944 à janvier 1945 ?).

Quelques témoignages récents ont été recueillis à Trévé. D’autres devraient encore sortir de l’oubli.

A lire : Prisonniers de guerre « indigènes ».Visages de la France occupée d’ARMELLE MABON  éditions de la Découverte

A voir « Oubliés et trahis. Les prisonniers de la guerre coloniaux et nord-africains ».Armelle Mabon etViolaine Dejoie-Robin, Grenade  Production 53 ‘’

Pour prendre date :

Le samedi 16 avril , la section Loudéac centre Bretagne de la ligue des droits de l’Homme propose , à Trévé , en présence d’ARMELLE MABON la projection du film «  OUBLIES ET TRAHIS », suivie d’un débat.

Vos témoignages et documents divers seront les bienvenus !

Pôle emploi invité à un colloque sur l’emploi des seniors

Que va bien pouvoir dire la directrice régionale de Pôle emploi (Ouest-France du 17 janvier, page 7), au colloque organisé le 18 février à Ploufragan sur le thème : « Comment trouver un emploi après 50 ans ». Lors de la manifestation de soutien à Martine Mégret, à la direction régionale de Pôle emploi à Rennes, le 7 décembre dernier, elle n’avait pas hésité à déclarer : « il n’est pas question pour Pôle emploi d’embaucher des plus 50 ans » !

Une déclaration d’Emmanel Luyindula

Libéré du centre de rétention administrative de Rennes Saint-Jacques mardi en fin d’après-midi, Emmanuel Luyindyla a tenu à être présent, avec son épouse Monika, mercredi soir, à la manifestation de soutien organisée à son intention à Saint-Brieuc. Cette manifestation a été l’occasion pour Eric Deschamps, de la Cimade, de mettre en garde les sans papiers contre les convocations qu’il peuvent recevoir du commissariat de police « pour régulariser leur situation » : arrivés au commissariat ils sont immédiatement conduits au centre de rétention. Il s’agit d’un piège grossier, et en outre parfaitement illégal.

Emmanuel a pris la parole pour remercier toutes les personnes qui l’ont soutenu pendant sa rétention. Son affaire n’est pas terminé : il faut maintenant qu’il obtienne un titre de séjour, comme il en a le droit.

Cliquer ici pour entendre sa déclaration : 2011-01-12 Déclaration Emmanuel

Oubliés d’hier, oubliés d’aujourd’hui, le 16 avril à Trévé

Samedi 16 avril, à Trévé, la section Loudéac centre Bretagne organise une journée intitulée « Oubliés d’hier, oubliés d’aujourd’hui », autour du film « Oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains », écrit par Armelle Mabon, et réalisé par Violaine Dejoie-Robin. Armelle Mabon est également l’auteure de l’ouvrage « Prisonniers de guerre indigènes, visages oubliés de la France occupée ».

Après la débâcle de juin 1940, les combattants de l’armée française sont faits prisonniers. Tandis que les métropolitains partent pour l’Allemagne, les prisonniers coloniaux et nord-africains prennent le chemin des frontstalags, répartis dans la France occupée. En 1941, près de 70000 hommes sont internés dans vingt-deux frontstalags » (source : 4ème de couverture du livre d’Armelle Mabon).

Armelle Mabon poursuit : « En novembre 1944, lorsque les prisonniers de guerre tirailleurs sénégalais ont été invités à quitter la France à Morlaix après, pour certains d’entre eux, 4 ans de captivité en France (et non en Allemagne), ceux qui ont refusé d’embarquer parce que leurs droits d’anciens prisonniers de guerre n’étaient pas respectés, ont été envoyés à Trévé et à nouveau placés derrière des barbelés et gardés par des gendarmes et des FFI. Parmi ces ex prisonniers certains devaient être aussi FFI.
Pour cette raison et d’autres encore gouvernées par la trahison, la France a mis une chape de plomb sur l’histoire de ces prisonniers « indigènes ». Ceux qui ont quitté Morlaix ont été « mitraillés » à Thiaroye proche de Dakar pour avoir là encore réclamé leurs légitimes droits…

Cette journée permettra de découvrir le livre d’Armelle Mabon, et le film qu’elle a écrit et qui a été réalisé par Violaine Dejoie-Robin. Un débat, auquel participera Armelle Mabon, suivra la projection du film.

Nous publierons des informations sur cette journée au fur et à mesure de l’avancement de son organisation.

Prisonniers de guerre « indigènes », Visages oubliés de la France occupée, Éditions La Découverte, 2010, ISBN 978-2-7071-5078-3.

Emmanuel Luyundula a été libéré

C’est confirmé : Emmanuel Luyindula vient de sortir du centre de rétention de Rennes Saint-Jacques d’où il a été libéré en fin d’après-midi.

Il sera à Saint-Brieuc demain et une manifestation sera organisée demain soir, mercredi 12 janvier, à 17h30, place du manège, en haut de la rue Saint-Guillaume. Il s’agit maintenant de faire en sorte qu’il obtienne des papiers.

Mingaltai, trois enfants, demandeuse d’asile, morte d’avoir trop erré

Un drame à Rennes : Mingaltai, trois enfants, demandeuse d’asile, morte d’avoir trop erré.

Une Mongole, mère de deux enfants, est décédée ce lundi à Rennes. Malade et enceinte, Mingaltai a vécu « deux mois de galère » selon ses proches. L’association Droit au logement dénonce le manque de soutien des institutions. Lire l’article complet dans le mensuel de Rennes.