Alfredo Altamirano, d’origine mexicaine, est arrivé en France il y a dix ans. Il avait alors 17 ans. Il est aujourd’hui photographe, et chef opérateur. Il a signé les images de nombreux films, parmi lesquels « Axelle en hiver » (tourné en partie à Loudéac), « La coccinelle et la souris » (sa filmographie ici).
Mais tout ça, c’était avant. Avant Guéant. Car Alfredo vient de recevoir un arrêté de reconduite à la frontière pour le 28 février.
Marion, son amie, ne comprend pas : « Il est en France depuis bientôt 10 ans, y est devenu un adulte, s’y est formé. Il travaille en tant qu’auto-entrepreneur, paie des impôts, ne bénéficie d’aucune aide ou allocation. Tout ceci est délirant ». Elle ajoute : « cette décision est absurde et motivée hélas par le durcissement des lois en matière d’immigration professionnelle (Circulaire sur l’immigration de Claude Guéant du 31 mai 2011) ».
Marion ajoute : « beaucoup de professionnels du cinéma se mobilisent déjà en nous envoyant des lettres de soutien à joindre au recours (Agnès Varda, Valérie Donzelli, et bien d’autres, …), mais plus nous en aurons, plus nous aurons d’impact. Si vous connaissez des personnes susceptibles par leur fonction ou leur notoriété d’avoir une influence, nous sommes preneurs. Pour toute question, me contacter au 06 81 54 58 28 »
Lire aussi sur le site « Ecran noir » qui explique précisément l’affaire.
Le texte de la pétition, à signer ici :
Pour : Monsieur Besse, chef du 6e bureau de la Préfecture de Police, Direction de la Police Générale, Sous-direction de l’administration des étrangers, Ministère de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration, Monsieur le Préfet de Police de Paris
Nous, citoyennes françaises, citoyens français, demandons le réexamen de l’arrêté préfectoral de reconduite à la frontière de Monsieur Alfredo Altamirano en date du 28 janvier 2012.
Alfredo est un jeune chef opérateur d’origine mexicaine, dont le talent est reconnu par ses pairs dans le milieu du cinéma français et dont la qualité des personnes le soutenant déjà parle d’elle-même :
- Agnès Varda, réalisatrice
- Agnès Jaoui, réalisatrice et comédienne
- Mathieu Demy, réalisateur et comédien
- Valérie Donzelli, réalisateur et comédienne
- Jérémie Elkaïm, comédien
- Caroline Champetier, présidente de l’AFC, association Française des directeurs de la photographie Cinématographique
- Chantal Richard, co-présidente de la Société des Réalisateurs Français
- Michel Andrieu co-président de la Société des Réalisateurs Français
- AOA Association des opérateurs associés
- Christophe Girard, adjoint au Maire de Paris, Chargé de la Culture
- Dominique Païni, directeur de la Cinémathèque Française de 1990 à 2000 et du Centre Pompidou de 2000 à 2005
- Jean-Michel Rey, directeur de la société de production Rezo Films
- Alexandra de Broca, veuve de Philippe de Broca
- Dinara Droukarova, comédienne
- Lucile Hadzihalilovic, réalisatrice
- Bruno Madinier, comédien
- Rebecca Zlotowski, scénariste et réalisatrice
- Jean-Michel Frodon journaliste, critique et historien du cinéma – directeur des Cahiers du cinéma de 2003 à 2009
- Thierry Méranger, critique et rédacteur aux Cahiers du cinéma
Alfredo est arrivé en France à l’âge de 17 ans, il y a passé son bac, fait ses études supérieures en école de Cinéma à Nantes, est auto-entrepreneur depuis 2008. Il se trouve donc ses propres emplois, et génère ses propres salaires et cotisations.
Par ailleurs, il n’a jamais demandé aucune aide, allocation ou chômage.
Il n’a certes pas de revenus réguliers mais ils correspondent à ceux d’un jeune en début de carrière dans l’industrie du cinéma et son parcours est déjà extrêmement prometteur.
Alfredo est à nos yeux aussi français que nous-même. Il a ici ses amis, son couple, une famille d’accueil. Nous sommes fiers de profiter de sa sensibilité, riche du mélange de ses deux cultures française et mexicaine.
Nous citoyennes françaises et citoyens français ne comprenons pas quel bénéfice la France pourrait tirer de son départ et de la perte de son talent.
Nous citoyennes françaises et citoyens français ne comprenons pas quel préjudice sa présence sur notre territoire pourrait nous causer.
Si Alfredo par cette décision, est rejeté de notre état français, alors nous le sommes tous aussi.